Des chiffres ou des lettres

Titre du dernier chapitre du livre Demeure, de François-Xavier Bellamy (Grasset, 2018).

Extrait (pages 254-255) :

Pour retrouver le contact avec nos propres vies, il faut retrouver le sens de l'unique qui ne cesse de les traverser et de les animer : il faut donc retrouver le sens des mots. Car le mot exprime ce que son objet a de singulier, de différent de tous les autres ; contrairement au chiffre qui rend tout commensurable, le mot montre l'irremplaçable. Aucun compte ne peut traduire ce qu'il y a d'inestimable dans la réalité vécue : seule la langue en est capable, et en particulier cet usage de la langue qui renonce par principe à toute tentation de maîtrise technique, utilitaire, intéressée - à tout calcul sur les choses : la littérature et la poésie.
Entendons-nous bien : il ne s'agit pas ici d'idolâtrer la lettre et de mépriser le chiffre. Il y a de la mauvaise littérature, et bien des calculs nécessaires. Mais dans un monde gagné par l'omniprésence du numérique, et la dilution de la parole, il me semble que la véritable urgence politique est dans la résurrection du langage : il nous faut retrouver ensemble le sens du réel, et cela suppose que nous retrouvions ensemble le sens des mots. Cela revient à dire - et il n'y a rien là d'abstrait, en fait - que la véritable urgence politique est, en réalité, poétique.

Réponses

  • J’ai du mal à croire ce type qui croit que 3=1 quand il cause de mathématiques (et de politique) mais ce n’est que mon avis.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Ce type est le roi des mots passants. (Ils ont oublié un accent dans le titre du livre) B-)-
  • En juillet 2015, alors en vacances en Vendée chez mes parents,
    et à lecture du journal LE UN (Macron, un philosophe en politique),
    je déclarais, en tartinant de confiture mon bout de pain :
    tiens ben voilà notre prochain président.

    Le bon sens paysan - qu'il n'est pas possible ici ou ailleurs de remettre en cause -
    m'avait immédiatement recadré :
    il est trop jeune ! il n'y connais rien !
    c'est qui ??

    J'étais pourtant sérieux, et l'histoire avec un petit h m'a depuis donné raison.

    Aujourd'hui je dis que Bellamy sera notre prochain président.
    Comment ça c'est évident ?
  • [ @Ludwig Bravo pour ta prédiction ; à l'époque, ce n'était pas évident.

    Macron a été fait en grande partie par les médias (il donnait bien en couv'). Ils voulaient de la nouveauté pour vendre / faire de l'audience, Macron tombait pile poil. Il n'a sorti un programme qu'au dernier moment, exactement comme pour les européennes (ben oui, c'est du foutage de g., mais si ça a marché une fois et si tout le monde s'en fout, pourquoi ne pas retenter, hein ? Et les médias de masse adorent les philosophes. ]

    En tout cas, si Bellamy croit que « [le] chiffre (...) rend tout commensurable », c'est qu'il n'a peut-être pas assez étudié les philosophes de l'Antiquité — je veux dire, les difficultés rencontrées par les pythagoriciens. Ou alors, il confond chiffre et nombre...
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