Le constructivisme en mathématiques

Bonjour à tous,

Je recherche un bon livre sur le constructivisme en mathématiques : son histoire, ses différents courants (finitisme, intuitionnisme, etc.), ce qu'il est possible de faire et de ne pas faire. En somme, j'aimerais avoir une vue d'ensemble, principalement historique et épistémologique. Quelqu'un aurait-il ça sous la main ? Les quelques références que j'ai pu trouver sont plutôt anciennes, et je ne voudrais pas passer à côté des développements récents.

Réponses

  • Bonsoir Seirios,

    On trouve pas mal de choses sur [la page d'Henri Lombardi].
  • Merci, je vais y jeter un coup d'œil et voir se je peux y trouver mon bonheur.
  • Salut Seirios

    Tu peux peut-être consulter la page de Thierry Coquand in http://www.cse.chalmers.se/~coquand/ pour te donner des idées. Tiens un truc amusant, directement consommable (?), Tiling rectangles in http://www.cse.chalmers.se/~coquand/tile.ps. Peut-être que tu connais ce truc ``Tiling rectangles'' ?

    Il y a aussi la page de Fred Richman in http://math.fau.edu/richman/ Son livre ``A course in constructive algebra'' (avec Mines et Ruitenberg) a été traduit récemment par Henri Lombardi.

    Dans un autre domaine, la Topologie Algébrique, il y a Francis Sergeraert in https://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~sergerar/ Jette un oeil sur ``Talks''. Cf aussi https://arxiv.org/pdf/math/0111243.pdf

    Quand tu auras lu tout cela, peut-être que tu pourras nous raconter des choses ? De mon côté, je ne sais pas trop ce que c'est les ``Maths constructives''. J'ai cru comprendre qu'il m'arrivait d'en faire mais je ne le crie pas sur les toits (je n'ai pas envie que l'on me jette des pierres).
  • Les mathématiques constructives consistent à toujours livrer un $t$ explicite tel que $P$ quand vous affirmez qu'il existe $t$ tel que $P$.

    Anti-exemple: il existe $t\in \{0,...,9\}$ apparaissant une infnité de fois dans le développement décimal de $\pi+e$.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Anti-anti-exemple : $\pi + \mathrm{e} = 5.8598744820488384738229308546321 + \Delta$, où $\Delta < 10^{-31}$. (:P)
  • Claude Quitté a écrit:
    Tu peux peut-être consulter la page de Thierry Coquand in http://www.cse.chalmers.se/~coquand/ pour te donner des idées. Tiens un truc amusant, directement consommable (?), Tiling rectangles in http://www.cse.chalmers.se/~coquand/tile.ps.

    Il y a aussi la page de Fred Richman in http://math.fau.edu/richman/ Son livre ``A course in constructive algebra'' (avec Mines et Ruitenberg) a été traduit récemment par Henri Lombardi.

    Dans un autre domaine, la Topologie Algébrique, il y a Francis Sergeraert in https://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~sergerar/ Jette un oeil sur ``Talks''. Cf aussi https://arxiv.org/pdf/math/0111243.pdf

    Merci pour ces pistes, je vais regarder tout ça attentivement.

    J'avais espéré trouver une synthèse, plutôt que des références techniques sur chaque domaine, mais il semble bien qu'il va falloir me résigner à mettre les mains dans le cambouis !
    Claude Quitté a écrit:
    Peut-être que tu connais ce truc ``Tiling rectangles'' ?

    J'ai déjà rencontré ce problème, mais pas du point de vue constructif. Je me rappelle avoir lu ce document, rassemblant quatorze solutions du problème : certaines solutions sont vraiment intéressantes.
    Claude Quitté a écrit:
    Quand tu auras lu tout cela, peut-être que tu pourras nous raconter des choses ?

    Il ne faudra pas être pressé alors :-D

    Ce qui m'intéresse surtout, c'est de comprendre pourquoi il n'est pas raisonnable de se limiter aux objets que l'on sait "construire". Après tout, c'est une réponse légitime à la crise des fondements. Pourtant, ce n'est pas la voie qui a été suivie ; il doit donc y avoir quelque chose de plus subtil là dessous, et j'aimerais comprendre. D'après ce que j'ai lu, il y a déjà des choses très intéressantes à faire sur la "construction" des nombres réels.
  • Foys a écrit:
    Les mathématiques constructives consistent à toujours livrer un $t$ explicite tel que $P$ quand vous affirmez qu'il existe $t$ tel que $P$.

    Justement, que veut dire "explicite" ici ? Qu'est-ce qu'un réel "explicite" ? Ça ne me semble pas évident du tout. D'ailleurs, il n'y a sans doute pas qu'une seule manière de répondre à cette question. Moralement, on aimerait l'encoder par un nombre fini de caractères, par exemple par une machine de Turing qui engendre son développement décimal, mais attrape-t-on vraiment tous les réels "raisonnables" de cette manière ?
  • J'en prends bonne note, merci.
  • Concernant les objets "non constructibles" (peu importe ce que ça veut dire) en mathématiques, leur existence est une énième conséquence de l'argument diagonal.

    Soient $(D^1_n)_{n\in \N}$ une famille de parties de $\N$ (mettons) et $(D^2_n)_{n\in \N}$ une famille de parties de $\N^2$ (qu'on va appeler respectivement -noms de baptême- "parties constructibles de $\N$" et "parties constructibles de $\N^2$). On suppose qu'il existe une application de $\N$ dans lui-même notée $n\mapsto n^*$ et telle que pour tous $p,q\in \N$, $p\in D^1_q$ si et seulement si $(p,p)\in D^2_q$.

    Alors l'ensemble des couples $(m,n)\in \N^2$ tels que $m\notin D_n$ n'est pas constructible.
    En effet, dans le cas contraire, soit $k\in \N$ tel que cet ensemble soit égal à $D^2_k$.
    Si $k^*\in D^1_{k^*}$ alors $(k^*,k^*)\notin D^2_k$ et donc $k^* \notin D_1{k^*}$.
    Si $k^*\notin D^1_{k^*}$ alors $(k^*,k^*)\in D^2_k$ et donc $k^* \in D_1{k^*}$.

    On obtient donc une contradiction.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Je ne suis pas sûr de saisir l'idée que tu veux transmettre. L'existence d'ensembles non constructibles en mathématiques disons "classiques" est plutôt claire. Par exemple, on peut la voir comme une conséquence de la non dénombrabilité de $\mathbb{N}$ : puisqu'écrire un nombre fini d'instructions avec un alphabet fini ne crée qu'une quantité dénombrable de sous-ensembles de $\mathbb{N}$, il doit y en voir qui ne sont pas constructibles, quelque soit la définition "raisonnable" de constructible prise.

    La question qui me semble intéressante est la suivante : si l'on pense les mathématiques constructives comme strictement incluses dans les mathématiques classiques, y a-t-il des objets ou arguments en mathématiques classiques qui doivent être dans n'importe quelle théorie mathématique "raisonnable" mais qu'on ne peut pas trouver pas en mathématiques constructives ? Ça me semble être une question fondamentale.
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