Penrose, A la recherche des lois de l'univers

On a déjà parlé de ce livre sur le forum, j'ai bien envie de l'acheter. Est-ce que ceux qui l'ont déjà lu sont satisfaits?
Ma seule crainte: il rappelle beaucoup de notions de mathématiques ce qui ne m'intéresse pas (je connais ou bien je préfère un livre de maths). Je suis intéressé par les passages sur la liaison avec la physique comme les hyperfonctions en physique, etc...

Réponses

  • Franchement, achète-le!

    Dès les premiers chapitres, il parle pas mal des connexions entre maths et physique. De plus, il exhibe une approche des maths très personnel, et ne fait qu'assez peu de démonstrations, mais donne plutôt des "raisons de croire" à telle ou telle assertion puis développe et rebondit sur d'autres notions avec des arguments en général assez convaincant ce qui permet d'avoir des sortes de pseudo-preuves intuitives.

    La quantité de maths couvertes est hallucinante (en analyse) et rien que pour ça il constitue un très bon livre.

    La physique y est omniprésente. Pour une discussion sur la MQ ses 2 premiers livres étaient plus profonds (mais consacrés à ça!), encore qu'on trouve dans celui-ci l'argument GHZ prouvant irréfutablement la non-localité quantique et, jointe à la relativité, son "irréfutable indétermination" (beaucoup de gens croient, à tort, que les incertitudes de Heisenberg suffisent à expliquer l'indéterminisme quantique)

    Avec la relativité générale, il jongle avec les variétés différentielles.

    Evidemment, il consacre ses derniers chapitres à un combat un peu "perdu d'avance" et se gourre un peu sur la TQC (mais c'est pas bien grave)

    Comme il est un des rares (en 2008) à refuser encore les mondes parallèles (impliqués prouvablement par la MQ) il développe des arguments assez détaillés qui utilisent beaucoup de maths dans le but de démontrer que "la réduction du paquet d'onde" est bien réelle et "gravitationnel".

    Enfin, il présente "sa théorie" des twisteurs qui, parait-il est intéressante en soi (Etienne Klein m'a dit que grâce à elle on peut ramener les équations (nom donné à des axiomes plutôt analytiques de la physique sur leurs espaces de plus en plus abstrait) à des équations tout bêtement algébriques).

    Donc, à priori, il y a un vrai contenu, même si le livre comporte quelques inexactitudes (forcément présentes dans ce genre d'ouvrage lourd):

    * il confond la décohérence avec "une tentative d'interprétation" de la MQ (alors qu'il s'agit d'un outil purement technique permettant d'expliquer pourquoi les mondes ont du mal à communiquer entre eux, autrement dit d'un outil qui permet de se passer de l'hypothèse dite "de réduction du paquet d'onde")

    * des inexactitudes sur la TQC
    * des erreurs de frappe (très peu nombreuses).
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Bonsoir

    cela me rappelle que je comptais acheter ce livre.
    Pour les guillemets, encadrant, raisons de croire, j'aimerais bien un petit exemple, parce que lorque j'avais lu "Zéto l'infin et l'esprit humain" (de mémoire, je suis pas sur) du même auteur, et de choisir tel modèdle de géométrie pour des raisons d'esthétique, pour le coup je n'avais pas été convaincu.

    Ce serait chouette que vous parliez sieur Christphe Chalons dans un monologue bien à vous, comme le fil sur le forcing, de ces mondes parallèles, dans la catégorie logique.

    S
  • Euh, je ne suis pas spécialiste mais je ne crois pas que l'existence des mondes parallèle soient ni prouvés par la MQ, ni acceptés unanimements...
  • Bon , je vais acheter ce livre aussi. J'en achète peu en ce moment, ça va me faire de saines lectures.:)
  • Dans ses ouvrages "les ombres de l'esprit" et "zéro, l'infini...", RPenrose n'est effectivement pas convaincant (même si on lit en détails ses arguments) parce qu'ils les repose sur des axiomes dont il n'a hélas pas conscience qu'ils sont pas si sûrs que ça.

    Son principal axiome: il existe une théorie T absolue dont se servirait les êtres humains pour accepter ou refuser que quelque chose est un théorème de maths. Après quoi, il essaie d'établir que T:
    1) n'est pas récursive (en cela il est assez convaincant pour les néophytes en logique et surement pour certains logiciens)
    2) n'est pas contradictoire (il n'est pas convaincant)
    3) commune à tous.

    Il essaie aussi de justifier un peu l'existence de T, mais en enlevant la poésie, ça donne: "enfin, voyons, vous voyez bien qu'on est tous d'accord"

    De toute façon son intention, en plus, n'est pas de prouver que T existe, mais simplement de justifier que nous ne sommes pas réductibles à des robots.

    La non récursivité de T lui est utilie dans ce but, et il voue (à juste titre) aux géménies la thèse qu'il attribue à l'IA (intelligence artificielle) que nous serions simulables par des robots

    En ce qui concerne la partie MQ de ses 2 premiers livres, il l'appelle en renfort pour dire: vous voyez, le libre-arbitre et la conscience rencontrent de nouveaux domaines physiques pour être mieux compris, qui s'opposent aux pâles allégations "informatiques" de l'IA.
    Euh, je ne suis pas spécialiste mais je ne crois pas que l'existence des mondes parallèles soit ni prouvés par la MQ, ni acceptés unanimements...

    Là, c'est un panier de crabes. J'ai découvert récemment que j'étais bien naif: je croyais que c'était plus controversé que ça et qu'il existait encore bcp de physiciens pour s'opposer à cette idée (Penrose s'y oppose sincèrement, mais a le mérite de dire "je ne veux pas, point"). Une discussion avec Etienne Klein (qui s'affiche vaguement dans le camp de ceux qui "ne croient pas aux mondes parallèles") m'a éclairée: l'affaire est totalement différente et presque devenue "religieuse".

    En fait, tous les physiciens qui peuvent construire une opinion grace à leur bonne maturation des concepts quantiques "y croient" mais refusent absolument de l'exprimer de cette façon! Pour eux, c'est absolument "tarte à la crème" de dire les choses comme ça, et (paradoxalement) absolument désuet de ne pas l'avoir compris depuis longtemps (sous-entendu, leur existence) et d'en parler avec un certain infantilisme.

    Mais il y a un malentendu et énormément de mauvaise foi dans cette démarche: les gens, dans leur écrasante majorité, n'y croient pas et n'ont même pas eu l'occasion de "se demander".

    Donc quand un physicien dit "c'est bon, on le sait depuis longtemps, pas la peine de choquer la population", en plus d'être cynique, il est très malhonnête vis à vis de ses (non)pairs (les gens qui ne font pas de physique).

    Le prétexte de classer la question dans "la philosophie" fait le reste du travail. Du coup des gens comme David Deutsch et d'autres "pissent dans un violon" quand ils essaient de trouver des arguments frappants, car ils enfoncent des portes ouvertes sans le savoir.

    Le seul scandale dans toute cette réalité sociologique est l'étanchéité d'une spécialité à l'autre. La courbe de physiciens qui "y croient" est proportionnelle à l'inverse de l'exponentielle de leur proximité avec le quantique. Et ceux qui "connaissent la réponse" ont comme priorité de ne surtout pas voir cette différence entre eux et les autres.

    Bien évidemment, prouver "l'existence des mondes parallèles" est un non sens mathématique, puisqu'il s'agit d'un slogan "tarte à la crème" (S) et la question n'est pas là. On pourra toujours répondre à quelqu'un arrivé à la conclusion P (une phrae exprimée dans le langage rigoureux de la sience objective) à la suite d'un raisonnement irréfutable, que P--->S n'est pas un fait démontré et ne peut être qu'un dogme.

    Cependant, sachez qu'il n'y a même pas matière à un quelconque travail de réflexion, car, en quelque sorte c'est... une évidence. Je veux dire par là que P n'est pas un théorème, mais bêtement la conjonction des axiomes de la MQ et de la relativité restreinte. Ces points n'étant pas "d'aujourd'hui", tous les spécialistes de la physique les ont "digérés depuis longtemps et ne souhaitent pas les discuter.

    Pour essayer, donc de vous convaincre... qu'ils sont convaincus (mais ils ne le diront jamais d'une manière qu'ils considèrent infantile), j'aurai donc recours à un argument "sociologique":

    Renseignez-vous un peu et découvrez que l'implication suivante n'est pas admise que par les incompétents en physique:

    A--->B

    avec A:=il n'y a pas de réduction du paquet d'ondes
    B:=les mondes parallèles existent.

    Ca, même Penrose vous répondra qu'il vote "oui" (et c'est le plus farouche opposant).

    Tout revient donc à "prouver" A.

    Quelle est l'orientation qui dépense le plus d'énergie actuellement (en dehors de la théorie des cordes, qui les admet comme une trivialité)?

    Réponse: l'informatique quantique et la décohérence.

    Que permet la décohérence?
    D'expliquer et de comprendre pourquoi nous avons l'illusion qu'il y a une réduction du paquet d'onde qui permet aux mesures physiques d'apparaitre très vite comme calculables comme si on avait affaire à des probabilités normales.
    Et elle y arrive avec beaucoup de succès.

    Quelle est le problème ouvert fondamental le plus important (en dehors de la physique "appliquée" et des délires sur la grande unification)?

    Démontrer un théorème qui expliquerait l'accord intersubjectif (qui fait que les gens sont d'accord sur ce qui leur arrive), sans avoir recours à une négation de la MQ.

    L'accord intersubjectif serait une trivialité dans un monde unique (à part les fous, les autres seraient d'accord sur les faits) et n'aurait pas besoin d'être "résolu".

    Si "nonA" est une illusion, c'est donc A est crue par les physiciens (non seulement crue, mais de mieux en mieux compris), sinon pourquoi se décarcasser à comprendre que "nous ayons l'impression de nonA". Rappel: nonA:="réduction du paquet d'onde is real"

    Pourquoi faire tant d'efforts de recherches pour comprendre pourquoi nous avons l'impression de vivre dans un monde unique s'il était encore envisagé que ça puisse être un axiome de la théorie?

    Et puis finalement, voici un argument logique et non sociologique, mais qui hélas n'est pas connu par les physiciens: il s'appelle lemme d'interpolation

    Il dit: si on peut prouver H--->K alors il existe une assertion M telle que H--->M et M--->K soit 2 théorèmes et tels que M ne contiennet que des mots non logiques qui soient utilisés dans H et dans K.

    Si vous réécrivez proprement H et K de manière que H soit la conjonction des axiomes de la MQ et de manière que K soit "les lois de la nature sont indéterministes" (la preuve de ça est irréfutable et connue), en mettant éventuellement dans K quelques hypothèses qui permettent le passage, et en particulier, le principe de réduction du paquet d'onde, (plutôt que les laisser en occurence positive dans H), vous obtenez un énoncé M qui affirme l'existence de "réalités" différentes (qui méritent amplement le nom "tarte à la crème" de mondes parallèles)

    En bref: vous ne lirez probablement pas de sitôt qu'ils existent, parce que les physiciens considèrent que c'est trop trivial et trop religieux pour que ça vaille le coup de publier une pareille fadaise. Autrement dit: comme les profs d'ici n'écrivent pas u=u dans une preuve qu'ils font au tableau, ce "dogme" n'est pas dit car "il ne le mériterait pas".

    Vous n'en serez "avertis" que si quelques labos parviennent à recevoir des cartes postales d'un monde d'à côté.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Quelques exemples (parce que parler dans l'abstrait):

    Situation: un bonhomme (Maurice, jprends un prénom au hasard) qui a face à lui un couloir et qui veut se rendre à l'autre bout du couloir.

    une poutre étroite et verticale est placée de telle manière qu'il devra la contourner (abscisse de la poutre 5, ordonnée y)

    Maurice est en (0,1) le couloir est un rectangle de coins (0,1); (0,5); (10,0);(10,5)

    Maurice va de (0,1) en un certain (10,z) et contourne la poutre.

    Prenez l'ensemble T des histoires possibles, sous une même condition initiale concernant Maurice. Il existe y1 et y2 superproches tels que dans un histoire Maurice franchit l'abscisse 5 en dessous de la poutre dont l'ordonnée est y1, et dans l'autre, il franchit l'abscisse 5 en dessus de la poutre dont l'ordonnée est y2.

    Quelles conclusions tirez-vous de l'hypothèse que pour chaque y, il existe une seule histoire avec la poutre en (5,y)?

    Que Maurice a su "distinguer" 2 positions distantes de 10^(-1000) avec ses tendres organes et sa vue qui baisse?

    2e exemple: la lumière obéit au principe de Fermat. Elle va d'un chemin à un autre en prenant (localement) le chemin qui lui permet de faire le parcous le plus rapide possible. Selon les milieux traversés, sa vitesse change en fonction des ces milieux. Mettez plein de milieux entre son point d'émission et son arrivée, de manière à lui rendre la vie difficile, et demandez-vous comment elle fait pour "respecter" le principe de Fermat (je veux dire, formalisez précisément le problème en terme de logique). Elle voit l'avenir (pour savoir que oh lala, juste avant le point d'arrivée ya un "barrage" (un milieu dans lequel elle circule très lentement qui, si elle y était arrivée, elle aurait échoué à respecter Fermet)?

    L'exemple le plus édifiant est <a href="http://www.logique.jussieu.fr/~chalons/z022008/prmpres.htm">le suivant</a> hélas, il nécessite une certaine patience, parce que je n'ai pas pu le rendre moins abstrait.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Bonjour Christophe,

    J'ai acheté sur votre conseil le Le Bellac, de MQ. Pour mes week-end de loisir (si peu nombreux !).

    Comment par ailleurs se porte la Physique théorique française ? Y a-t-il à Paris ou Strasbourg des Penrose ?
    Ou peut-être un Penrose chti ?
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