Quel éditeur ?

Bonjour,

j'ai le projet d'écrire un livre d'algèbre "de base", couvrant le programme de L3 et de M1.

L'objectif est double: couvrir le programme d'algèbre de base niveau L3/M1, et proposer également des choses un peu plus approfondies/originales pour les candidats à l'agrégation interne ou externe, pouvant être utilisés comme développement.

La rédaction de ce livre allant me demander beaucoup de temps et d'efforts (même si quasiment les 2/3 tiers sont déjà écrits),
j'aimerais que la diffusion de ce bouquin soit la plus large possible en termes de nombre d'exemplaires, et que sa durée de vie soit la plus longue possible.

J'hésite quant au choix de l'éditeur. Dans les éditeurs en France, plusieurs me viennent spontanément à l'esprit : Calvage et Mounet, Ellipses et Dunod.

J'ai déjà travaillé avec C&M, qui m'a donné entièrement satisfaction à tous points de vue, mais j'hésite encore un peu à cause de ce que j'ai mentionné plus haut, car c'est une petite maison d'édition.


Je voulais savoir si certains d'entre vous avaient eu l'occasion de travailler avec Dunod ou Ellipses, et ce qu'il avait pensé de la qualité du travail éditorial.

Les questions précises que je me pose, pour un bouquin de ce genre (qui fera je pense 400 pages A4)

- nombre d'exemplaires édités

- pourcentage pour les droits d'auteurs

- prix de vente

et surtout

- qualité du travail éditorial: relecture de la version finale par des referees avant publication, mise en page, qualité du produit fini etc...

Je vais évidemment contacter les éditeurs directement, mais je voudrais également les avis des auteurs , et des lecteurs avisés, qui seront probablement plus objectifs .

(Il me semble que j'avais vu passer des choses à ce sujet sur ce forum, mais je ne retrouve plus le fil)

J'attends vos avis/commentaires/suggestions avec impatience.

Réponses

  • j'avais fait un bilan, il y a quelques années mais je ne retrouve pas les chiffres exacts. Je procède de mémoire en réflexions et données.

    Chez les gros éditeurs, le % auteur est de l'ordre de 7,5%; chez des petits comme C&M tu dois pouvoir aller jusqu'à 10 ou 12%

    Le tirage est fixé par le marché: des annales prépas, c'est 1000-1500 exemplaires; un tout-en-un c'est au moins 2000. Un livre universitaire sera surement moins tiré qu'un tout en un (peu de public et encore moins d'acheteur); un livre universitaire qui n'est pas un tout en un se vend moins bien qu'un tout en un.
    Ca doit changer si tu tapes aussi CAPES/AGREG.

    Le prix de vente est fixé indépendamment de l'auteur et dépend de nombreux détails importants (la reliure et la qualité du papier notamment). Ce n'est pas parcequ'un livre est moins cher qu'il est mieux vendu.

    Relecture: inconnue chez la plupart des éditeurs (deux contrexemples chez Ellipses)

    Je ne sais pas si tu le mets dans la catégorie "éditoriale" mais il faut déjà que l'éditeur accepte ton projet tel quel alors qu'il a peut-être déjà des livres sur le meme secteur (Escofier chez Dunod, Ramis-Warusfel-Moulin chez DeBoeck...). Si tu n'as travaillé que pour C&M, sache que cette maison ne fonctionne pas comme les autres: la plupart du temps: on te donne une pagination stricte (m*16 pages), un format précis et on ne te laisse pas de choix sur la pagination/le format des pages/la diffusion/le tirage... Par ailleurs, la maison d'édition décide (sans ton avis) d'un éventuel retirage (et cela devient de plus en plus rare) ou d'une diffusion électronique.

    Grosso modo, n'en demande pas trop car c'est un secteur de niche et ne compte pas gagner beaucoup.
  • Il est bien clair que je ne compte pas devenir multimillionnaire en publiant un livre de maths (ce sera mon 4ème, donc j'en sais quelque chose). ça ne me dérange pas non plus que l'on m'impose une pagination et un format précis.


    Ce qui m'importe, c'est d'une part, la durée de vie de l'ouvrage et d'autre part une modeste rétribution (qui sera ce qu'elle est, certes), mais à la hauteur de l'effort fourni pour écrire un ouvrage de la meilleure qualité possible.

    Disons que je n'ai pas envie de passer plusieurs années à peaufiner un bouquin et que la qualité du produit fini soit bâclée, ou que le livre ait une durée de vie beaucoup trop courte, surtout que cela sera un bouquin de cours destiné à un public large (L3/M1/Prepa Agreg).
  • Comme je le disais, tu n'auras jamais la main sur la technique du livre chez un grand éditeur (donc la réédition c'est peu crédible si le livre n'est pas un succès rapidement).

    Tu ne seras jamais payé à la hauteur de l'effort fourni pour écrire; regarde le nombre de vacations, de jurys (et le temps passé en famille) que tu peux faire dans le même temps. Tel que je lis ton projet, il s'agit plus d'une question d'ego que d'argent (au sens envie de faire une oeuvre).

    Les mots "public large" ne sont pas adaptés à ton projet: il y a peu d'étudiants en M1 (et tous ne prennent pas de cours d'algèbre; et chaque prof d'amphi conseille ses classiques ou polys) et il n'y a plus d'étudiants pour l'agreg.

    Comme je ne pense pas qu'il y ait une forte demande (ni des éditeurs, ni des étudiants) et que tu ne t'inscriras pas dans une collection étoffée (condition d'une grande visibilité; regarde chez Eyrolles ou Gibert le peu de place réservée aux livres de maths: cette semaine: un présentoir Yellow sales, un présentoir prépa, un présentoir Maths pour l'ingénieur et rien d'autres hors rayonnage), je ne suis pas sûr que tu sois en position de force pour négocier auprès d'un grand éditeur ou que cela t'ouvre grand les portes d'un réseau de distribution.
  • La grande diffusion, ça passe par la traduction en anglais, non ?
  • Alors, mon ego va très bien et n'a pas besoin d'être flatté par la création d'une oeuvre, merci ...et surtout que la préparation d'un n-ième livre de maths, ça ne serait pas très satisfaisant de ce point de vue, comme tu l'as si justement fait remarquer.

    En fait, je me suis rendu compte que les polys que j'avais préparés pour mes cours étaient encore intensivement utilisés par les agrégatifs deux ou trois ans plus tard, et on m'a plusieurs fois encouragé à les faire publier. Je me suis donc dit que cela valait peut-être le coup de le faire, après les avoir remaniés et bien étoffés.

    Merci donc d'éviter les procès d'intention à mon encontre.


    Quant au public large: un bouquin utilisable par les étudiants de L3, de M1 et d'agreg, pour moi c'est un public "large", en ce qui concerne un bouquin de maths pures. Tout est relatif ;-)

    Après, je suis d'accord avec Jer Anonyme: si je veux une diffusion très large, il faut taper dans les éditeurs internationaux et traduire ça en anglais, ce qui n'est pas dans mes projets pour l'instant.

    Je n'ai pas non plus l'intention de "négocier" face aux géants éditoriaux, tel Don Quichotte se battant contre les moulins à vent.

    J'aimerais simplement avoir des renseignements pour comparer les éditeurs, et choisir celui qui me semble convenir le mieux pour ce projet, point barre Ton premier message a d'ailleurs répondu de manière tout à fait satisfaisante à quasiment toutes mes questions.

    Néanmoins, et c'est un point pour lequel j'attends des commentaires, je me pose surtout des questions sur la qualité du produit fini chez les gros éditeurs comme Dunod ou Ellipses.

    Il me semblait avoir lu sur ce forum (mais je ne sais plus où), qu'elle n'était pas toujours au rendez-vous. J'aimerais donc savoir ce que les uns et les autres en pensent (autre que les avis des éditeurs concernés), en particulier ceux qui auraient publié chez eux ou utiliseraient leurs ouvrages régulièrement.

    Malgré ce qui a pu transparaître dans mes messages, je compte privilégier la qualité à la quantité, si je ne peux avoir les deux.
  • Désolé si je t'ai blessé mais quand j'ai parlé d'ego, je pensais surtout à "pour satisfaction personnelle". Il y a déjà beaucoup de livres sur le marché dont des très bons non réédités donc pas vraiment un besoin indispensable d'un nouveau livre de cours.

    Si je parlais de négociations, c'est parceque tes idées sur la qualité et la durée sont loin d'être monnaie courante et qu'il faudra convaincre un éditeur d'investir sur ce projet (tu auras face à toi des gens qui ont un plan de rentabilité dans lequel la réédition n'est pas quantifiée par exemple).

    Pour les éditeurs, je ne veux pas dire du mal mais il est clair que certains éditeurs publient trop sans réel suivi des bouquins (qui n'a pas reçu les mails/courriers de Corinne Baud ou Brieuc Benezet) et avec des reliures rapidement cassées. Un petit tour en BU et tu verras les livres cassés ou détruits (regarde en premier cycle pour voir ce que donnent les livres utilisés).

    Si tes polys sont bien utilisés tant mieux, ça changera du livre de Madère qui est un des seuls empruntés massivement dans la bibliothèque d'agreg :-S
  • Comme tu le sais, j'ai co-écrit un livre d'intégration et de probabilités, publié chez Ellipses il y a bientôt 3 ans.
    On a été très content de la liberté qui nous a été donnée sur le contenu et le nombre de pages.
    Quant à la qualité de l'objet fini, on est aussi très contents. Bien qu'on les utilise tous les deux beaucoup, nos exemplaires restent en très bon état. C'est vrai qu'Ellipses a publié des bouquins de qualité très médiocre à une époque, mais je pense que ce n'est plus vrai.
    En revanche, pour la promotion, ils sont clairs dès le début, c'est à toi de faire la promo. D'ailleurs quand tu proposes ton projet, une des choses qu'ils demandent, c'est comment tu envisages la promo. Ensuite, comme cela a été dit, c'est un éditeur qui publie beaucoup, donc très concrètement, sur les rayonnages des librairies, ton livre va être en concurrence avec les petits nouveaux de l'éditeur, problème que tu auras moins avec un éditeur qui publie moins de titres.
    Si ton livre se vend bien, tout va bien, sinon il va vite disparaitre des rayonnages. C'est peut être moins grave aujourd'hui avec la vente par Internet, mais il faut le savoir.

    Par ailleurs, concernant le public, attention aux effets d'optique. Les gens qui te connaissent qui te disent qu'ils aimeraient voir ton bouquin publié, ce sont des étudiants d'agreg. Par contre, ceux qui ne te connaissent pas, et vont acheter ton livre, ce sont plutôt les L3/M1. Pourquoi ? Tout simplement parce que sur l'agreg, il y a une grosse force d'inertie dûe au fait que les prescriptions viennent des biblios des plans que les étudiants récupèrent
  • Si c'est pour que le livre coûte 40 euros en librairie, et que tu n'aies que 7,5% dessus, autant mettre le .pdf sur ton site perso et demander 3 ou 4 euros via Paypal, non ?
  • @Editeurs: désolé si j'ai mal pris ton message, je suis un peu fatigué en ce moment :-)

    @alea: merci d'avoir soulevé le point de la promo, que je n'avais pas envisagé. J'avoue que pour mon dernier bouquin, C&M avait fait une bonne pub (enfin je crois) et que je n'avais pas eu à m'en charger moi-même.

    @Wopwopwop: certes, mais le but est aussi que les agrégatifs puissent l'utiliser. Les polys ne sont pas/plus acceptés.

    Et un livre en dur, c'est quand même plus pratique pour étudier (enfin, moi je trouve).

    En tout cas, merci à tous pour vos messages, qui ont le mérite de me donner matière à réflexion.
  • Bonjour Greg,
    tu oublies Vuibert comme éditeur. Pour ce qui me concerne, j'ai publié chez Masson, qui a passé la main à Dunod, Edp Sciences, puis chez Vuibert. Je n'ai pas trop vu la différence. Effectivement, on ne devient pas riche, mais je ne pense pas que cela soit le but.
    Question tirage, je pense que Calvage et Mounet serait un bon choix car ils sont biens connus par les matheux et font du beau travail.

    Bonne journée.

    Jean-Etienne
  • Si c'est pour un petit tirage tous les ans (typiquement les élèves d'une prépa agreg), peut-être peut-on envisager un éditeur à la demande ?
  • Sans vouloir polémiquer, j'ai tout de même de C&M l'image d'une collection un peu élitiste, qui s'adresse plus à un public éclairé (universitaires; profs de prépas; normaliens) qu'à la masse des étudiants. Après, c'est une question de choix de cible, mais je dois bien dire que je n'ai jamais vu de C&M dans les mains de mes étudiants (même si je fais la pub du Choimet-Queffelec).
  • j'ai fait le test Gibert bleu aujourd'hui: le livre d'aléa n'est plus en rayon, le livre de GreginGre non plus d'ailleurs. Essentiellement aucun livre en dehors de Springer et des livres pour premiers cycles (et encore surtout des tout-en-un [quel pluriel?] et des recueils d'exos) n'est mis en valeur.

    Parmi les éditeurs vus mais non cités dans la discussion:
    Pearson
    De Boeck
    Cassini
    Cepadues

    Pour une minuscule maison d'édition, CM semble avoir quand même un bon rayonnage (même si je n'ai pas vu de nouveauté).
  • Voici des pourcentages de droits d'auteur lus sur des contrats (il s'agit de pourcentage sur le prix hors taxe des exemplaires vendus donc pas les services presse ou les exemplaires d'auteur) et soumis aux prélèvements sociaux (TVA, AGESSA, CG et RDS: presque 10% de prélèvement). A se partager entre les co-auteurs s'il y en a

    Vuibert (sur deux contrats de période différente mais deux ouvrages de même catégorie)
    7,5% jusqu'au 2000 puis 9%

    Vuibert (sur un autre contrat mais récent)
    7% jusqu'au 1500 puis 8,5%

    Pearson (sur un seul contrat ancien)
    7%

    Springer (sur deux contrats de droit US)
    12% jusqu'au 1500 puis 15%

    Pas eu l'occasion de voir les contrats d'autres maisons (mais il me semble que des petites maisons Cassini, C&M, H&K... paient mieux). Il serait bon de demander à Rached Meimné... s'il est encore sur le forum.
    N'hésitez pas à compléter en demandant autour de vous...

    Si je calcule bien, ça fait 1,56 euros pour un livre de 22euros (livre prix au hasard sur Amazon: Madère analyse et taux de 7,5%). Imaginons un objectif de 1000 ventes donc 1560 euros de revenus brut, soit 1404 euros net. Pas une misère mais par rapport au temps d'écriture, d'édition et de relecture du livre ça fait peu (beaucoup moins que la plupart des jurys de concours).
  • Professeur Rectangle écrivait : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?11,920691,921043#msg-921043

    Effectivement. Mais c'est un peu dommage de n'écrire que pour dix lecteurs.
    Le problème des éditeurs à la demande, c'est que ces livres n'entrent pas simplement dans les bibliothèques universitaires.
    Pour les éditeurs classiques, même si tu ne vois pas la pub de tes livres dans ton programme télé, tu peux être à peu près sûr qu'ils rentrent dans la plupart des BU.
    Et à l'heure d'Amazon Premium, avoir des délais d'impression, c'est pas top...
    Bref, l'édition à la demande est une solution très tentante pour le porte-monnaie de l'auteur, comme celui du client, mais en terme de diffusion, ça fait un peu peur. Est-ce qu'il y a des gens qui ont essayé ici ?

    Pour l'instant, si le but est de maximiser le nombre de lecteurs, indépendamment de l'argent engrangé, la meilleure solution me semble être de diffuser la version papier par un éditeur classique, mais de conserver les droits électroniques. Mais bien sûr, dans ce cas le pourcentage sur les ventes papiers est revu à la baisse.
  • Bonjour,

    quelques remarques:

    ne pas faire un bouquin trop gros (comme le Ramis-Warusfel-Moulin cité plus haut) .
    L'idéal pour moi étant le Louis Comtet d'analyse combinatoire.

    bien soigner la typographie et la taille des caractères.

    envisager sérieusement la réédition, ne serait-ce que pour corriger les erreurs ou les coquilles.

    donner beaucoup d'exemples, de figures et des corrigés d'exercices.
    Le pire étant certains livres de géométrie sans aucune figure.

    bien cordialement

    kolotoko
  • kolotoko a écrit:
    envisager sérieusement la réédition, ne serait-ce que pour corriger les erreurs ou les coquilles.

    Je rappelle que ceci n'est pas du ressort de l'auteur. Beaucoup de gens ont vu leur livre épuisé non réédité car l'éditeur ne veut pas prendre de risque. Voici une illustration:
    1. Le projet est bon et l'éditeur propose un relativement gros tirage (disons à 4 chiffres)
    2. Les premières ventes sont bonnes (sans être exceptionnelles)
    3. Au bout d'un an, il y a des retours librairie (ce qui a été mis en rayon et qui revient invendus) ou/et des précommandes de libraires en baisse
    4. Le livre continue de se vendre gentiment avec deux pics par an au moment des débuts de semestre
    5. Au bout de 4 ans, les ventes mensuelles sont stables à un niveau bas (de l'ordre d'une grosse centaine par an) et le livre devient épuisé
    6. L'auteur demande la réédition mais l'éditeur refuse car:
      • pour rentabiliser l'impression, la diffusion (voire de la remise en page si l'auteur veut effectuer des modifications), il faut un tirage conséquent;
      • sous l'hypothèse de ventes au rythme actuel (hypothèse généreuse), il faut 10 ans pour écluser un gros tirage (avec ce que ça implique comme coût de stockage);
      • la décision a été soumise au conseil d'édition et celui-ci a préféré des projets plus récents (qui feront de nouveaux achats de BU alors qu'une réédition n'en fera pas).

    Cette illustration ne correspond ni au best-sellers ni aux (nombreux) livres qui finissent au pilon (c'est d'ailleurs un gros paragraphe de tous les contrats: les conditions de rachat par l'auteur des livres au pilon). Essentiellement, les éditeurs font des "plans" sur 3 ou 4 ans.
  • voici le sommaire du livre que j'ai fini d'écrire. que me conseillez vous ?
    sommaire du Tome 1 des bases
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.