Intégrale fonction étagée positive

Salut,

Soit $(\Omega,\mathcal A,\mu)$ un espace mesuré. Soit $n,p\in\mathbb N^{*}, (a_1,\dots,a_n)\in (\mathbb R_+)^n, (b_1,\dots,b_p)\in (\mathbb R_+)^p, (A_1,\dots,A_n)\in\mathcal A^n, (B_1,\dots,B_p)\in\mathcal A^p$.

J'essaie de montrer que :

$$\sum_{i=1}^n a_i \mathbf 1_{A_i}=\sum_{j=1}^p b_j \mathbf 1_{B_j}\implies \sum_{i=1}^n a_i\mu (A_i)=\sum_{j=1}^p b_j\mu (B_j)$$

Une manière simple de faire ?

Réponses

  • Commencer par montrer que pour tout $r\in \N$ et toute famille finie $(X_1,...,X_r)$ d'éléments de $\mathcal A$, il existe $s\in \N$ et $Y_1,...,Y_s\in \mathcal A$ disjoints, et tels que pour tout $k \in \{1,...,r\}$, il existe $I_k\subseteq \{1,...,s\}$ tel que $X_k = \bigcup_{j \in I_k} Y_j$ (faire une récurrence sur $r$).

    Appliquer ce résultat à $(A_1,...,A_n,B_1,...,B_p)$ et réécrire les sommes ci-dessus avec cette partition (c'est juste de l'interversion d'indices).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Pour le résultat préliminaire, j'ai du mal à montrer l'hérédité. Supposons le résultat établi au rang $r$ et soit $(X_1,\dots, X_{r+1})\in\mathcal A^{r+1}$. Par hypothèse de récurrence, il existe $(Y_1,\dots, Y_r)\in\mathcal A^r$ disjoints tels que $\forall k\in [|1,\dots r|], \exists I_k\subset [|1,s|], X_k=\cup_{j\in I_k} Y_j$.

    Ensuite, comment gérer $X_{r+1}$ ? S'il est disjoint de tous les autre $X_i,i\leq r$, alors il suffit de poser $Y_{r+1}=X_{r+1}$. Mais si ce n'est pas le cas ?
  • J'avais dit
    Moi a écrit:
    pour tout $r\in \N$ et toute famille finie $(X_1,...,X_r)$ d'éléments de $\mathcal A$, il existe $s\in \N$ et $Y_1,...,Y_s\in \mathcal A$ disjoints, et tels que pour tout $k \in \{1,...,r\}$, il existe $I_k\subseteq \{1,...,s\}$ tel que $X_k = \bigcup_{j \in I_k} Y_j$ (faire une récurrence sur $r$).

    Le nombre de $Y_1,Y_2,Y_3,...$ n'est pas $r+1$.

    Par exemple dans le cas d'une famille à 3 éléments $X_1,X_2,X_3$ on peut avoir $7$ ensembles $Y_1,Y_2,Y_3,...Y_7$ (faire un dessin... en tout cas c'est ce qui se passe dans l'approche que j'avais en tête).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • La réponse attendue est celle de Foys (j'imagine). La preuve est là aussi : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fonction_étagée#Intégration_d'une_fonction_étagée

    La réponse perverse c'est de dire qu'on n'a pas besoin de prouver ça pour construire l'intégrale (on peut définir directement l'intégrale comme le sup sur les fonctions étagées inférieures à la fonction positive qu'on intègre, et du coup plus de problème de devoir montrer que l'intégrale d'une fonction étagée ne dépend pas de la représentation choisie), et qu'intégrer l'égalité prouve le résultat :-D Désolé je ne pouvais m'empêcher 8-)
  • skyffer3 a écrit:

    La réponse perverse c'est de dire qu'on n'a pas besoin de prouver ça pour construire l'intégrale (on peut définir directement l'intégrale comme le sup sur les fonctions étagées inférieures à la fonction positive qu'on intègre, et du coup plus de problème de devoir montrer que l'intégrale d'une fonction étagée ne dépend pas de la représentation choisie), et qu'intégrer l'égalité prouve le résultat grinning smiley Désolé je ne pouvais m'empêcher eye rolling smiley

    Et là vient le moment où on veut montrer que l'intégrale est additive ($\int f +\int g = \int f+g$) et c'est le drame 8-)
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Pour être franc ce que tu me dis me surprend. Je n'ai pas le livre auquel je me réfère sous la main (http://www.iecl.univ-lorraine.fr/~Olivier.Garet/livre.php) mais je suis assez confiant qu'on y démontre toutes les propriétés de l'intégrale (et bien sûr la linéarité) sans passer par ce lemme (et en définissant l'intégrale directement comme je l'ai expliqué). Je peux me tromper néanmoins, tu me mets le doute ...
  • Non mais en fait le problème est plutôt de dire, si $f$ est une fonction étagée, qui est justement $\int f$.
    Qui est $\int \mathbf 1_ {A\cup B}$ quand $A,B$ ne sont pas disjoints?
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Comme je le disais (trop succinctement), on définit directement l'intégrale d'une fonction positive $f$ comme $$ \int f = \sup_{\sum\limits_k a_k 1_{A_k} \leq f}\ \sum_k a_k 1_{A_k}$$ de mémoire (les $a_k$ sont positifs, la somme est finie, et $(A_1,..,A_n)$ est une partition mesurable) c'est-à-dire le sup sur toutes les fonctions étagées inférieures à $f$ de l'intégrale comme on la connaît. A noter qu'on prend des fonctions étagées sur des partitions (mesurables), donc nul problème des ensembles non disjoints. (A noter que cette définition marche aussi avec $f$ non mesurable, sauf qu'on va bien sûr démontrer les propriétés de l'intégrale que pour $f$ mesurable)

    Sauf que cette définition ne requiert pas de prouver que deux fonctions étagées égales ont même intégrale.

    Ensuite on démontre toutes les propriétés de l'intégrale (et là je ne me souviens pas qu'on ait besoin du lemme dont il est question ici), et à la fin la linéarité permet facilement de prouver que $\int \sum_{k} a_k 1_{A_k} = \sum_k a_k \mu(a_k)$.
  • C'est précisément le chapitre offert sur la page web du premier auteur :-D
    On commence par en montrer une forme faible: $\int (f+1_A)\ d\mu=\dots$, puis Beppo Levi, et seulement alors on passe à la linéarité.
  • Donc tu confirmes aléa que mes souvenirs sont bons ? :-P J'avais peur de trahir ton chapitre vu que j'ai pas accès au bouquin là où je suis B-)-

    Edit : la définition que j'ai donnée est légèrement différente, mais je crois que c'est équivalent, aléa se restreint directement à l'inf de la fonction sur chaque $A_i$, d'où l'intérêt d'avoir une partition.
  • Je confirme; ce n'est pas dit exactement comme ça, mais c'est équivalent: on prend pour $a_k$ l'inf de $f$ sur $A_k$.
  • Oui c'est ce que je viens de remarquer, je venais d’ajouter cette remarque en edit. Merci de ta confirmation (même si le chapitre est dispo, c'est toujours mieux quand l'auteur en question confirme ce que j'en avais retenu :-D)
  • Je montre l'énoncé que j'ai cité par récurrence, ce n'est pas très long.
    Le cas $r=1$ est évident. Supposons le cas $r\geq 1$
    Soient $X_1,...,X_{r+1}\in \mathcal A$ et $s\in \N$,$Y_1,...,Y_s$associés à $X_1,...,X_r$ par l'hypothèse de récurrence.
    Alors on peut poser pour tous $k \in\{1,...,s\}$, $Z_{2k}:=Y_k \cap X_{r+1}$, $Z_{2k+1}:=Y_k \backslash X_{r+1}$ et $Z_{2s+1}:= X_{r+1} \backslash \bigcup_{j=1}^s Y_j$. Alors:

    (I) les $Z_i$ sont distincts deux à deux (soient $i\neq j$, si $j=2s+1$ alors $Xi\subseteq \bigcup_{i=1}^s Y_i$ alors que $Z_{2s+1}$ est contenu dans le complémentaire de cet ensemble, sinon $i=2k$ et $j=2k+1$ avec $k\leq s$ ou vice-versa: et alors $Z_i\subseteq X_k$, $Z_j\subseteq X_k^c$, ou alors $i \in \{2p,2p+1\}$ et $j\in \{2q,2q+1\}$ avec $p\neq q$ et alors $Z_i\subseteq Y_p$, $Z_j \subseteq Y_q$ et $Y_p \cap Y_q=\emptyset$).

    (II) pour tout $i\in \{1,...,r+1\}$, $X_i$ est union de $Z_j$. en effet, (noter que $Y_k=Z_{2k} \cup Z_{2k+1}$ pour tout $k\leq s$)
    (II.1)si $i \leq r$, il existe (hypothèse de récurrence) $J\subseteq \{1,...,s\}$ tel que
    $X_i=\bigcup_{j \in J} Y_j=\bigcup_{j \in J} Z_{2j} \cup Z_{2j+1}$
    (II.2) cas où $i=r+1$
    $$\begin{align}X_{r+1} & = \left (X_{r+1}\backslash \bigcup_{k=1}^s Y_k\right) \cup\left ( X_{r+1} \cap \bigcup_{k=1}^s Y_k \right ) \\
    & = Z_{2s+1} \cup \bigcup_{k=1}^ s \left(X_{r+1} \cap Y_k \right) \\
    & = Z_{2s+1} \cup \bigcup_{k=1}^ s Z_{2k}.
    \end{align}$$.
    D'où le résultat (et du coup $s$ va plutôt être égal à $2^r-1$).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • En fait je viens de parcourir le lien indiqué plus haut et l'auteur utilise une approche assez différente de la mienne (je n'avais jamais vu cette façon de faire), mon reproche était excessif du coup.

    Cela étant soit $X$ un ensemble, $\mathcal B$ une algèbre de parties de $X$ (une partie de $\mathcal P(X)$ stable par union finies, passage au complémentaire et contenant $\emptyset$). Soit $(M,+)$ un monoïde abélien et $:m:\mathcal B \to M$ une fonction telle que $m(\emptyset)=0$ et $m(A\cup B)+m(A \cap B)=m(A)+m(B)$ pour tous $A,B$ dans $\mathcal B$ (ou de façon équivalente: $m$ est additive).
    Alors il existe une unique fonction(*) $I:\mathcal E\to M$ telle que $I(f)+I(g)=I(f+g)$ pour tous $f,g \in \mathcal E$ et $I(\mathbf 1_A)=m(A)$ pour tous $A\in \mathcal B$ (où $\mathcal E$ désigne le plus petit ensemble de fonctions de $X$ dans $M$ stable par somme et contenant les fonctions caractéristiques d'éléments de $\mathcal B$).


    Ca vaut le coup de garder ce résultat sous le coude pour les théories de l'intégration (parfois très exotiques certes) que vous pourriez inventer.

    Faudra que je retrouve un super lien où l'auteur envisage des combinaisons linéaires d'indicatrices de parties convexes de $\R^n$ et traite la fonction caractéristique d'Euler comme cas particulier d'une intégrale (!).

    [size=x-small](*) bien sûr $M$ peut être un espace vectoriel et $I$ une forme linéaire. Les énoncés s'adaptent sans problème au niveau de généralité qu'on veut[/size]
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?12,1632032,1633950#msg-1633950 : Ça me paraît inutilement long et compliqué par rapport au premier lien que j'ai donné.
  • :-D
    Tous les goûts sont dans la nature.
    Moi je dis juste qu'on peut casser les $X_i$ en petits morceaux tous disjoints, après il reste la finition propre à faire.
    Peut-être que sur ce dernier point on peut faire plus court que ce que j'ai fait (je ne sais pas).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Bien sûr. Mais je comparais à ça : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fonction_étagée#Intégration_d'une_fonction_étagée
    Si le lien s'affiche mal, il s'agit de la démonstration dans la section "Intégration d'une fonction étagée", qui me paraît complète à première vue.
  • Ah je pensais que tu parlais de l'extrait du livre d'Olivier Garet.
    Ok!
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Ah non, ça c'est le deuxième lien :-D Et ce n'est évidemment pas plus simple de construire toute l'intégration sans ce lemme pour reprouver ce lemme. C'est pour ça que j'ai dit que c'était une réponse "perverse", même si parfaitement juste.

    En suivant ton idée de partitionner en ensembles disjoints, je trouvais juste que le lien https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fonction_étagée#Intégration_d'une_fonction_étagée semblait plus direct que ta méthode, mais j'ai pas regardé en détails.
  • Dans la démonstration du lien, je ne comprends pas le passage "chaque $A_k$ est la réunion de ceux pour lesquels $\epsilon_k=1$" qui me laisse perplexe :-S74496
  • C'est bon, mais par contre, je ne comprends pas pourquoi :


    Ou plutôt, je n'arrive pas à le démontrer.74498
  • C'est bon j'ai trouvé.
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