Faisceau-ification

Bonjour ,

Je m'intéresse au procédé qui consiste à partir d'un faisceau $\mathcal{F}$ sur un espace $X$ (fixé), d'obtenir un espace étalé $p: F\to X$ à partir de ça, puis d'en déduire $\mathbf{a}(\mathcal{F}) := \Gamma(-, F)$ le faisceau des sections de $p$. Ce procédé est détaillé dans le poly que GBZM a, à plusieurs reprises, transmis sur le forum (ici par exemple).

Je note en particulier, pour $s\in \mathcal{F}(U)$, $s(U):= \{i_{U,x}(s), x\in U\}$ où $i_{U,x}: \mathcal{F}(U) \to \varinjlim_{V\ni x} \mathcal{F}(V)$ est l'injection canonique, sachant que cette limite est par définition la fibre en $x$ de $F$, aussi notée $F_x$ ($p^{-1}(x)$)

Alors on obtient facilement un morphisme $\eta^\mathcal{F}: \mathcal{F} \to \mathbf{a}(\mathcal{F}) = \Gamma(-, F)$ qui, en $U$, envoie $s\in \mathcal{F}(U)$ sur $(p_{\mid s(U)} )^{-1}$ (on voit assez facilement, si je ne me trompe pas, que $p$ est un homéomorphisme lorsque restreint à $s(U)$, d'image $U$ - c'est la preuve que $F$ est bien un espace étalé) - de plus $\eta^\mathcal{F}$ est naturelle en $\mathcal{F}$

Je voudrais prouver que cette transformation naturelle est universelle, au sens où toute transformation naturelle $\delta : \mathcal{F}\to \mathcal{G}$, $\mathcal{G}$ un faisceau, se factorise de manière unique par $\eta^\mathcal{F}$ (en fait le but est de prouver que cette construction est un adjoint à gauche de l'inclusion des faisceaux dans les préfaisceaux: $\mathbf{a}\dashv Inc$).

J'ai déjà prouvé que lorsque $\mathcal{F}$ est un faisceau, $\eta^\mathcal{F}$ est bijective, donc étant donnée une telle $\delta$ je sais quelle tête le morphisme factorisant doit avoir (si je note $\mathbf{a}$ le foncteur qui à $\mathcal{F}$ associe $\Gamma(-,F)$ j'ai envie de prendre $(\eta^\mathcal{G})^{-1}\circ\mathbf{a}(\delta)$ ($(\eta^\mathcal{G})^{-1}$ étant bien définie par ce que j'ai dit juste au-dessus, car $\mathcal{G}$ est un faisceau); on obtient alors que $(\eta^\mathcal{G})^{-1}\circ\mathbf{a}(\delta)\circ \eta^\mathcal{F} = \delta$, simplement par naturalité de $\eta$.

Mais je ne sais pas prouver l'unicité: cela revient essentiellement à prouver $\eta^\mathcal{F}$ est un "épimorphisme pour les faisceaux", i.e. si $\\mu\circ \eta^\mathcal{F} = \mathbf{a}(\delta)\circ \eta^\mathcal{F}$ alors $\mu= \mathbf{a}(\delta)$.

C'est un passage qui n'est pas détaillé dans le poly de GBZM en question, qui dit simplement que ce foncteur est bien l'adjoint à gauche de l'inclusion, mais sans le justifier: est-ce évident, si oui, pourquoi ? Sinon, auriez-vous des idées ? Déjà, est-ce du abstract nonsense ou est-ce spécifique aux faisceaux ? (Par là j'entends: si j'ai une sous catégorie $j: \C\to \mathbf{D}$, un foncteur $b:\mathbf{D}\to \C$, une transformation naturelle $\eta: id_\mathbf{D} \implies j\circ b$ telle que $\eta\circ j : j \simeq j\circ b\circ j $, alors $b\dashv j$ ? Je n'ai pas l'impression que ce soit le cas..)

Réponses

  • Après reconsidération de la chose, il se peut que ça soit en fait du abstract nonsense en rajoutant la propriété suivante: $\eta^{\mathbf{a}(\mathcal{F})} = \mathbf{a}(\eta^{\mathcal{F}})$ (dans la version abstract nonsense c'est $\eta_{j\circ b(A)} = j\circ b(\eta_A)$; et je dois rajouter que $\C$ est pleine; i.e. $j$ est pleinement fidèle)

    Mais il faut encore vérifier que la propriété en question est vraie pour mes préfaisceaux, et finalement ça revient à faire des calculs
  • Bon après avoir mangé et m'y être remis j'ai vu qu'on avait effectivement la relation que j'ai indiquée, et donc le problème se réduit à du abstract nonsense après quoi c'est réglé !

    Pour l'égalité en question, si je prends $U$ un ouvert de $X$, et $s\in \mathbf{a}(\mathcal{F})(U)= \Gamma(U,F)$ alors $\mathbf{a}(\eta^\mathcal{F})_U(s) = et(\eta^\mathcal{F})\circ s$ où $et$ est le foncteur qui à un préfaisceau associe l'espace étalé associé. Sauf que dans mes constructions j'avais vu que c'était bien $et(\eta^\mathcal{F})$ qui réalisait un isomorphisme d'espace étalés entre $F$ et l'espace étalé associé à $\Gamma(-, F)$, et donc que $et(\eta^\mathcal{F})\circ s$ était précisément $(p_{\mid s(U)})^{-1}$, soit $\eta^{\mathbf{a}(\mathcal{F})}(s)$, d'où l'égalité pour chaque $s$, d'où sur $U$, pour tout $U$, d'où finalement l'égalité.
  • La vraie question, c'est comment traduire en français le mot "sheafification", je me trompe?
  • Une étude étymologique de la question suggèrerait "fascisation",
    Mais ça n'est pas politiquement correct;
    On pourrait lors penser à "afaiscement",
    Mais, à la demande d'un utilisateur dont le pseudo est un calembour visqueux,
    Évitons les jeux de mots vaseux;
    Il reste bien "faisceallisation",
    Mais c'est moche.

    Encore une fois, une fois de plus,
    C'est l'algèbre ovine - évoquée dans un fil qui a été, pour une raison que la raison ignore, fermé - qui donne la solution:
    Partant d'un amas de laine fraîchement tondue, le mettre en faisceau, c'est le...
    Défriser!
    La traduction exacte du "sheafification functor" devrait donc être "foncteur défrisant".
  • @Shah : Bonne remarque en effet. J'avoue ne pas avoir mieux que "foncteur défrisant" qui me vienne à l'esprir (mais quid de "the sheafification of this presheaf" ? "Le défrisement de ce préfaisceau" ? "Défrisage" ?)
  • On parle habituellement de "faisceautisation" d'un préfaisceau.
    On peut aussi parler simplement du faisceau associé à un préfaisceau et du foncteur "faisceau associé".
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.