Preuves de $\mathbf R$ non compact

Salut,

Même si cela ne sert pas à grand chose, je me suis amusé à lister les différents arguments permettant d'affirmer sur $\mathbf R$ n'est pas compact (pour la topologie usuelle). Ce n'est pas grave si cela utilise quelque chose de beaucoup plus pointu ou qu'on voit après la compacité de $\mathbf R$ dans un cours de topologie, c'est juste pour le fun.

Voici ceux que j'ai trouvés pour l'instant :
1) $(]-n,n[)_{n\in\mathbf N}$ est un recouvrement ouvert de $\mathbf R$ qui n'admet pas de sous-recouvrement fini donc $\mathbf R$ n'est pas quasi-compact.
2) $\mathbf R$ est non borné. Or les compacts de $\mathbf R$ sont exactement les fermés bornés.
3) La suite $(n)_{n\in\mathbf N}\in\mathbf R^{\mathbf N}$ n'admet aucune sous-suite convergente (chacune convergeant vers $+\infty$).
4) L'application $x\mapsto x$ est continue sur $\mathbf R$ et n'est pas bornée donc $\mathbf R$ non compact par le théorème de la borne atteinte.
5) Sachant que dans un espace métrique compact, une suite admettant une unique valeur d'adhérence est convergente, il suffit d'exhiber une suite réelle divergente ayant une unique valeur d'adhérence. C'est le cas de $(u_n)_{n\in\mathbf N}$ définie par $u_{2n}=n$ et $u_{2n+1}=0$ qui diverge et admet comme unique valeur d'adhérence $0$.
6) $x\mapsto x^2$ est continue sur $\mathbf R$ donc serait uniformément continue si $\mathbf R$ était compact (théorème de Heine), or elle est non uniformément continue.

Est-ce qu'il y a d'autres arguments plus exotiques ? Avec la notion de compactifié d'Alexandroff, peut-on faire quelque chose pour construire une absurdité ($\mathbf R$ étant localement compact et non compact) ?

Réponses

  • Pas très exotique : on sait que l'image continue d'un compact dans un espace séparé est un compact.
    Or, l'image de $\mathbb{R}$ par $x \mapsto arctan (x)$ (qui est continue) est $\displaystyle{\left] -\frac{\pi}{2},\frac{\pi}{2} \right[}$ qui n'est pas compact.
  • La dualité de Poincaré pour $\Bbb R$ n'est pas vérifié, donc il n'est pas compact.
  • Autre argument : on peut vérifier qu'un espace $X$ est compact ssi pour tout espace $Y$, la projection $p : X \times Y \to Y$ est une application fermé. Soit l'hyperbole $\{(x,y) \in \Bbb R^2 : xy = 1\}$, sa projection sur $\Bbb R$ est $\Bbb R^*$ et donc $\Bbb R$ n'est pas compact.
  • Bonjour
    Puisque la question est posée…
    Le point à l'infini du compactifié d'Alexandrov d'un compact est un point isolé, donc le compactifié n'est pas connexe.
  • Une autre idée : se servir du théorème de point fixe de Schauder, appliqué à la fonction $x \mapsto x+1$
  • Toujours sur les points fixes : $\R$ est homéomorphe à $]1,+\infty[$ donc il suffit de montrer que ce dernier n'est pas compact. Or $f: \mapsto \ln(x)+1$ est faiblement contractante au sens où pour $x\neq y$, $|f(x)-f(y)|<|x-y|$. Pourtant elle na pas de point fixe : $]1,+\infty[$ n'est donc pas compact, donc $\R$ non plus.
  • Soit $\bf{T}^2$, le tore $(\R /\Z) \times (\R / \Z)$.
    Soit $\mathcal{T}$ la topologie usuelle de $\R$.
    Soit la fonction $f:\R \rightarrow \bf{T}^2$, qui à $x \in \R$ associe $(\overline{x}, \overline{x\sqrt{2}})$.
    Soit $\mathcal{T}_2$ la topologie la moins fine sur $\R$ rendant l'application $f$ continue.
    Alors $\mathcal{T}_2 \subset \mathcal{T}$, et ces topologies sont distinctes. De plus, elles sont toutes les deux séparées.
    Donc $\mathcal{T}$ n'est pas une topologie minimale pour l'inclusion parmi l'ensemble des topologies séparées sur $\R$.
    Donc $\R$ muni de la topologie usuelle n'est pas compact.
  • Cool, cela va me faire des trucs à regarder.

    J'en rajoute un : $([n,+\infty[)_{n\in\mathbf N}$ est une suite décroissante de fermés non vides de $\mathbf R$. Comme son intersection est vide, $\mathbf R$ n'est pas compact.
  • Bonsoir,
    $\mathbb{N}$ est une partie infinie de $\mathbb{R}$. Elle n’admet aucun point d’accumulation dans $\mathbb{R}$.
    Edit : c’est un autre argument, rien avoir avec ton message où tu utilises $\mathbb{N}$ :-)
  • Bon, j'essaie quelque chose : si $\mathbb{R}$ est compact, alors $\mathbb{R}^\mathbb{N}$ est compact, d'après le théorème de Tychonov. Comme il est compact, il est localement compact. Et donc, d'après le théorème de Riesz, il est de dimension finie, ce qui est absurde.
  • @Georges : la topologie produit n'est pas vraiment la même que la topologie d'une norme; or il me semble que le théorème de Riesz concerne les espaces vectoriels normés (me trompè-je ?)
  • Oui tu te trompes ;-) , tout espace vectoriel topologique (séparé) localement compact est de dimension finie. Les normes n'y sont pour rien.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Au temps pour moi ! Mais c'est bon à savoir (j'y réfléchirai : la preuve que je connais utilise de manière non triviale les normes)
  • Je t'en donne une preuve-sketch pour génie**, vu que tu es un génie :-D


    1/ soit $U$ un ouvert contenant l'origine dont l'adhérence $U^-$est compacte. Soit $V$ un ouvert contenant l'origine tel que $10V\subset U$.

    2/ soit $F$ une partie finie de $U^-$ telle que $\forall x\in U^-\exists y\in V\exists e\in F: x=e+y$

    3/ Le sev $Z$ engendré par $F$ est de dim finie bien sûr, mais surtout, c'est $E$ tout entier.

    3.1/ il suffit de prouver que $U\subset Z$.

    3.2/ soit $w\in U$. Soit $(e_1,s_1)$ tel que $e_1\in F$ et $s_1\in V$ avec $e_1+s_1=w$.
    3.3/ soit $e_2\in F, s_2\in V$ tel que $10s_1 = e_2+s_2$
    etc....


    4/ Je te laisse terminer (il est utile voire indispensable, de réutiliser la compacité de $U^-$ une deuxième fois à la fin)



    ** j'ai déjà raconté sur le forum que les génies n'existent pas, c'est un private joke, max est très fort en maths par contre, et ça m'autorise à parler de manière avachie dans la preuve.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Merci !

    Je rédige ça proprement :

    Soit $O$ un voisinage compact de $0$, $U$ un voisinage ouvert de $0$ inclus dans $O$. Alors $\overline{U}$ est compact. $V=\frac{1}{10}U$ est ouvert car $x\mapsto 10x$ est continue, et $10V\subset U$ (en fait $=$).
    $(x+V)_{x\in \overline{U}}$ est un recouvrement ouvert du compact $\overline{U}$, donc il existe $F\subset \overline{U}$ finie telle que $(f+v)_{f\in F}$ recouvre $\overline{U}$. Par définition, $F$ vérifie ton $2$. Effectivement, $Z=Vect(F)$ est alors de dimension finie et séparé.

    Si $U\subset Z$, alors $Z$ est un sev ouvert, donc c'est $E$ tout entier, et on conclut. Si $u\in U$. On définit par récurrence $e_i, s_i$ tels que $10s_0= u$, et $10s_i = e_{i+1} + s_{i+1}$, $e_{i+1}\in F, s_{i+1}\in V$.

    Par récurrence immédiate on montre que pour tout $k$ $u= \displaystyle\sum_{i=1}^k 10^{1-i}e_i + 10^{1-k}s_k$.

    $10s_k \in 10V \subset U \subset \overline{U}$. Soit $I$ un ensemble préordonné filtrant et $\varphi: I\to \mathbb{N}$ une application croissante cofinale. Alors $(10s_{\varphi(i)})_{i\in I}$ est un filet à valeurs dans $\overline{U}$ donc il existe un ensemble préordonné filtrant $J$ et une application $\psi: J\to I$ croissante cofinale telle que $(10s_{\varphi(\psi(j))})_{j\in J}$ converge dans $\overline{U}$, disons vers $s$. Alors $10^{1-\varphi(\psi(j))}s_{\varphi(\psi(j))}$ converge vers $0$.

    Supposons alors que $10^{1-k}s_k$ ne converge pas vers $0$. Il existe donc un voisinage $W$ de $0$ tel que $I=\{n \in \mathbb{N} \mid 10^{1-k}s_k \notin W\}$ soit cofinal. On applique ce qui précède à ce $I$ et à l'inclusion $I\to \mathbb{N}$ pour obtenir notre $J$ et $\psi: J\to I$: on obtient une absurdité. Donc $10^{1-k}s_k \to 0$ quand $k\to \infty$.

    Donc $\displaystyle\sum_{i=1}^k 10^{1-i}e_i\to u$ quand $k\to \infty$. J'aimerais alors dire que $Z$ étant de dimension finie, il est fermé dans $E$, mais là j'utilise des normes donc je ne sais pas si c'est vrai en général. Un petit tour en ligne m'annonce que c'est vrai; mais qu'il faut montrer que deux topologies séparées sur un espace vectoriel de dimension finie sont équivalentes. ça m'embarquerait loin, non ? (une fois qu'on a ça, la preuve devient facile : $\R^n$ est complet pour l'uniformité usuelle, donc $Z$ l'est aussi, donc il est fermé dans $E$)

    En admettant ça, $u\in Z$, et donc $U\subset Z$, on a fini. Y a-t-il plus simple (ou plus joliment formulé) pour montrer que $10^{1-k}s_k \to 0$ ? (d'après ta remarque concernant la compacité de $\overline{U}$ christophe, la réponse serait non ? )

    PS: je suis d'accord pour les génies, il est important que les gens soient au courant que ça n'existe pas

    PPS : en y repensant, ça doit pas être si compliqué de montrer l'unicité de la topologie séparée sur $\R^n$, par récurrence; le cas $n=1$ a l'air relativement simple de tête (mais bon je ne l'ai pas écrit) et le $n\to n+1$ me semble pas trop compliqué...
    Après réflexion je confirme qu'avec un peu de connaissances sur les formes linéaires (vraiment très peu) et en traitant le cas $n=1$ à la main, on s'en sort très bien
  • Je suis un peu pressé, j'avais déjà échangé avec remarque et d'autres sur ce ressenti. Hélas, je n'ai jamais fait l'effort de regarder en détails:

    pour moi (ça ne change rien pour $\R$ ou $\C$), ce n'est pas la complétude du corps qui joue, mais le fait que tout ultrafiltre qui ne converge pas a son image par la fonction inverse qui converge vers 0, et dans ce cas, dim finie => fermeture est très rapidement prouvé.

    Bien des gens m'ont dit que la complétude du corps*** suffit, je les crois, mais n'ai jamais regardé ou testé.

    *** sans parler du fait que parler d'un corps (non a priori doté d'un $x\mapsto |x|$ à valeurs dans IR), complet force à choisir entre l'en doter ou se renseigner sur ce que veulent les auteurs ou le contexte ou utiliser sa structure uniforme de groupe topologique..
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @max, je reviens sur notre échange en faisant tout, rapidement, en ANS (c'est rapide mais formel au moins, ce n'est pas un "sketch").

    Le contexte est un evt séparé $E$ sur un corps topologique $L$ qui contient $\Q$ comme sous-corps.

    1/ Soit $K$ compact inclus dans $E$ et $n$ un entier supergrand. Alors $\forall u\in K: (1/n).u$ est superproche de $0_E$.

    2/ Soit $L$ un corps topologique séparé (et commutatif). Sauf erreur de ma part (ce fut dans mon passé un sujet de jouissance), s'il contient $\Q$ (comme sous-corps) et est muni d'une norme, alors $L\in \{\R;\C\}$. Autrement dit, évoquer des histoires de complétude quand on a une norme, c'est un peu suranné. C'est le théorème de Gelfand Mazur (qui dit ça, sauf erreur), et c'est à l'holomorphisme près plutôt facile à capter sans stylo.

    3/ Je donne une preuve courte que tout sev de $E$ qui est de dim finie est fermé, sous l'hypothèse que tout voisinage de $0_L$ a un complémentaire relatviement compact:

    3.1/ soit $u$ std et $x_1e_1+..+x_ne_n$ superproche de $u$. Alors deux possibilités se présentent:

    3.2.1/ il y a un $a_1$ std, superproche de $x_1$, de sorte que $x_2e_2+..+x_ne_n$ est superproche de $u-a_1e_1$ et.. récurrence.. gagné.
    3.2.2/ l'inverse $r$ de $x_1 $ est superproche de $0$, auquel cas $e_1$ est superproche de $x_2e_2+..x_ne_n$ et .. récurrence.. $e_1\in Vect(e_2,..,e_n)$, contradiction quand les $e_i$ forment une libre.

    4/ Toujours sous l'hypothèse que $L$ est comme en (3), je donne un epreuve du théorème de Riesz:

    4.1/ Soient $V\subset U\subset K$ tels que: $10V\subset U\ni 0_E$ avec $U,V$ ouverts et $K$ compact.
    4.2/ Soit $F\subset $ fini tel que les $e+V$ quand $e$ parcourt $F$ recouvrent $K$
    4.3/ L'argument que je t'ai donné montre que tout vecteur $u\in U$ adhère*** à $G:=Vect(F)$, qui est de dim finie, donc $U\subset G$ et $dim(G)$ fini, donc $E=G$ a une dim finie.

    *** ça provient du point (1): il y a un $n$ supergrand, un élément $w\in K\cap G$ tel que $n(u-w)\in K$, donc $u-w$ est superproche de $0_E$.


    Une fois ça dit, et certes il ne s'agit que de ma présentation personnelle, et je suis à la bourre au taf en ce moment donc peu dispo, mais je ne rencontre pas dans ces histoires d'intervention (sa suffisance ou sa nécessité) de la complétude du corps, et peut-être de manière plus gênante, dès lors qu'on a supposé qu'un espace est loc-compact, ses droites le sont, donc le corps l'est.

    Après, je suis + ou - preneur d'une preuve qu'un evt séparé sur un corps topologique complet a tous ses sev de dim finie fermée, car ce n'est pas la complétude, mais une autre propriété dont je me sers pour avoir ça (et on note que la totalité tient en quelques lignes).
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Je ne comprends pas ton 2/; quid de $\Q[\sqrt{2}]$ ?
  • Si pour 2) Christophe voulait peut être ajouter complet pour la norme ? Je crois que ça marche.
  • De mon téléphone. Pardon j'ai tapé vite il y a des coquilles. Pour (2) prendre IR et non pas IQ. Pour (3) j'ai oublié "image par la fonction inverse du" .... est relativement compacte. Je reparcourrai soigneusement d'un pc
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • J'en profite pour donner une preuve ANS de (1). Soit $e$ un réel superproche de $0$ et $K$ un compact. Soit $x\in K$. Il existe un $a\in K$ std tel que $x$ superproche de $a$. Donc $ex = e(x-a) + ea$ est superproche de $0_E$.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
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