Connexe, mais pas connexe par arcs

Pouvez-vous me trouver d'autres exemples (simples, de préférence) de parties connexes, mais pas connexes par arcs, dans $\mathbb{R}^2$ ou $\mathbb{R}^3$ pour rester vraiment simple ? Je connais cet exemple comme tout le monde, mais j'aimerais quelque chose de "moins pathologique" si ça existe.

Réponses

  • Soient $a,b$ deux réels avec $b$ non nul, tels que $\frac{a}{b}$ est irrationnel. Soit $p: \R^2 \to \R^2 / \Z^2$ la projection canonique (on met la topologie finale sur le quotient et la structure de groupe quotient). Soit $f:t \in \R\mapsto (at,bt)\in \R^2$. Il est bien connu que l'image de $p\circ f$ est dense dans $\R^2 / \Z^2$.

    La magie est la suivante:
    Le complémentaire $X$ de $p \circ f(\R)$ dans $\R^2 / \Z^2$ est connexe, mais non connexe par arcs.

    La connexité est facile: on prend $q$ dans le complémentaire et on constate que $X$ est entre le connexe par arcs $\{q+p\circ f (s) \mid s \in \R\}$ et son adhérence $\R^2 / \Z^2$.
    La non connexité par arcs est astucieuse: considérer $x,y \in X$ et $\gamma: [0,1] \to X$ continue telle que $\gamma(0) = x$ et $\gamma(1)=y$. Vu que $p$ est un revêtement, on peut relever $\gamma$ (il est de la forme $p\circ \delta$). Que se passe-t-il alors?
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Bonjour,
    Je connais un autre exemple dans $\mathbb{R}^2$ : $\displaystyle\{(0,0)\} \cup [(0,1),(1,1)] \cup \left[\bigcup_{n\in\mathbb{N}^*} [(1/n,0),(1/n,1)]\right]$. Ça ressemble un peu à un peigne. Le point $(0,0)$ ne peut pas être atteint par un chemin depuis un autre point. Mais j'ai peur que tu trouves que mon exemple est pathologique... (peut-être à raison)
  • Un exemple très simple est donné par la spirale $t \mapsto \left(\frac{\cos t}{t}, \frac{\sin t}{t}\right)$ à laquelle on a ajouté le point $(0, 0)$ (l'adhérence de la spirale quoi).
  • Bah, écoute... si la plupart des contrexemples sont pathologiques ou abstraits, ça justifie qu'on utilise beaucoup la connexité par arcs pour prouver la connexité !

    Foys : je vais avoir besoin de temps pour décrypter ton exemple (je pense que tu surestimes mon niveau)

    EDIT : Merci Poirot, c'est plus abordable ça :-D
  • Mais @Poirot, $\gamma_t : x\in [0,\frac1t]\mapsto (x\cos( \frac1{x}), x\sin(\frac1{x}))$ est un chemin continu qui relie $(0,0)$ à $\left(\frac{\cos t}{t}, \frac{\sin t}{t}\right)$, non ? Donc la spirale n'est-elle pas connexe par arcs ? Ou alors j'ai fait une erreur...
  • Si bien sûr ça marche, j'avais une autre idée en tête, je vais y réfléchir.
  • Dans le style spirale, on a l'adhérence de l'ensemble des $\left((1+\frac{1}{t})\cos t, (1+\frac{1}{t})\sin t\right)$ ($t>0$). Mais ça ressemble beaucoup au truc avec la courbe de $\sin(\frac1x)$.
  • Sinon, on a l'épigraphe de $f:x\mapsto \left\{ \begin{array}{l} \frac1q \text{ si $x$ est rationnel de forme irréductible }\frac{p}q \\ 1 \text{ sinon} \end{array}\right.$ union l'axe des abscisses (mes exemples ont tendance à tomber dans une pathologie de plus en plus profonde :-D).
  • Le compactifié de la longue droite est connexe mais non connexe par arc. Pas sûr que ce soit moins pathologique ceci dit.
  • Ben, c'est ce que je disais... si les exemples même intuitifs sont pathologiques, ça prouve que la connexité par arcs est pratique. J'essaierai d'en faire un ou deux parmi ceux-là, pour m'entraîner.
  • Poirot, votre exemple m'a fait pensé à un exemple de mon cours sur le même sujet. Il y a apparament tout simplement le graphe de la fonction sin(1/t): $f:(0,1) \rightarrow \mathbb{R}^2$, $t \mapsto \left(t,\sin\left(\frac{1}{t}\right )\right)$.

    La connexité suit de la continuité. Je n'ai pas tout compris à la preuve de mon cours sur la non-connexité par arcs, j'ai oublié de poser la question, mais je peux envoyer le scan par mp si intéressé.
  • @Code_Name : Oui, c'est l'exemple le plus courant. Homo Topi l'a évoqué dans le premier message. Et j'ai l'impression que, malgré sa réticence initiale, c'est le plus simple dont on dispose (ce qui expliquerait pourquoi il est enseigné).

    @Corto : Homo Topi s'était limité aux parties de R² ou R³. Si on s'aventure dans les espaces topologiques, on doit pouvoir trouver plein d'autres exemples. J'en propose un : la topologie codénombrable sur un ensemble indénombrable.
  • Oui, justement, je voulais un truc facile à visualiser. Si c'est difficile à trouver (à part le sinus), je devrai faire sans :-D
  • Ok j'ai raté la partie "dans $\R^2$ ou $\R^3$". L'exemple de la longue droite est quand même sympathique (avis personnel), l'espace est connexe : on se le représente bien en un seul morceau. Par contre il n'est pas connexe par arc parce qu'il est <<trop long>> et qu'on ne peut pas le recouvrir par $\R$. Côté simplicité cet exemple a aussi l'avantage d'être de dimension 1.

    Bon, voici un deuxième exemple, dans $\R^2$ cette fois ci. Le tipi de Cantor est un sous ensemble qui est connexe mais pas connexe par arc. C'est toujours pathologique. De façon assez amusante la non connexité par arc vient du fait que les seuls chemins du tipi sont des chemins constants.

    Foys : Soit $x \in X^C$, un chemin $\gamma$ inclus dans $X^C$ et passant par $x$ est en fait forcément inclus dans $X+x$. On en déduit qu'il n'est pas possible de relier par arcs $x$ et $y$ si $x+X \neq y+X$.
  • Ils sont quand même difficiles, ces exemples, pour moi. Je les regarderai de plus près à un autre moment. Merci de me les avoir donnés, en tout cas !
  • En fait la plupart des parties de $\R^n$ avec $n>1$ choisies "au hasard", mais "denses dans un connexe" en quelque sorte sont connexes mais pas connexes par arcs. Cela provient qu'il y a peu d'arcs, MAIS peu d'ouverts pour séparer des parties "trop aléatoires". Toute ensemble compris entre un connexe et son adhérence est connexe, mais alors imagine la difficulté qu'il y a à circuler continument sur la frontière.

    Si tu te cantonnes aux parties régulières (qui disons sont localement connexes par arcs), la non connexité par arcs provient du côté "trop long" de la partie connexe concernée, comme par exemple $(x\mapsto \sin(1/x)) \cup AxeOrdonnées$. C'est un peu une tautologie d'ailleurs :-D (vue que localement "on peut", c'est que "c'est trop long").
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Calli
    Modifié (October 2023)
    J'ai pas trop l'impression que ce soit le côté "trop long" qui pose problème. Par exemple, la spirale dont a parlé Poirot a une longueur infinie (*) et pourtant l'origine est accessible par des arcs (cf. ceci et cela). Je me l'explique par le fait que $[0,1[$ est homéomorphe à $\mathbb{R}_+$.
    Le problème avec $\sin\big(\frac1x\big)$ c'est plutôt que l'arc devrait tellement osciller qu'il en devient non continu.
    On rencontre un autre problème avec ce peigne : si on veut atteindre $(0,0)$ par un arc, il faut à un moment prendre un virage dans l'une des branches du peigne ; mais peu importe ce moment, ce sera toujours trop tôt.

    (*) En faisant un calcul "à la physicienne", la longueur de $\{(t\,\cos(\frac1t) , t\,\sin(\frac1t)) \mid t\in\,]0,1]\}$ est $$\int_0^1 |\mathrm{d}( t\,e^{\mathrm{i}/t} )| = \int_0^1 \left|\frac{\mathrm{d}}{\mathrm{d}t} t\,e^{\mathrm{i}/t} \right|\,\mathrm{d}t = \int_0^1 \left|\left(1-\frac{\mathrm{i}}t\right) e^{\mathrm{i}/t} \right|\,\mathrm{d}t \geqslant \int_0^1 \frac1{t}\,\mathrm{d}t =\infty$$Édit : J'ai corrigé une erreur de calcul.
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