Connexité du plan privé de contractiles

Bonjour à tous,

J'essaye de démontrer l'assertion suivante (sans savoir si elle est vraie) :

Soient $n \in \mathbb{N}$ et $X_1, ..., X_n$ des compacts contractiles deux à deux disjoints de $\mathbb{R}^2$.
Alors $\mathbb{R}^2 \backslash (X_1 \cup ... \cup X_n)$ est connexe par arcs.

Une définition possible d'espace contractile est la suivante :
On dit que $X$ est contractile s'il existe $x \in X$
et s'il existe $R : [0;1] \times X \rightarrow X$ une application continue telle que
$R(0,.) = Id_X$ et $R(1,X) = {x}$

J'essaye d'utiliser le fait que le plan privé de $n$ points est connexe par arcs,
qui intuitivement est un énoncé très proche de celui que je veux montrer,
mais j'ai du mal à rendre cette intuition rigoureuse.

Merci de votre aide

Réponses

  • Je ne vois pas immédiatement comment faire de manière élémentaire (il est tard :-D), mais la dualité d'Alexander montre qu'au moins, c'est vrai.
  • Une idée en passant :

    Comme $X_1, \ldots, X_n$ sont contractiles, l'application de contraction $\mathbb{R}^2 \to \mathbb{R}_2 / \bigcup\limits_{i=1}^n X_i$ est une équivalence d'homotopie. Maintenant, la compacité de $X_1, \ldots, X_n$ doit permettre d'identifier $\mathbb{R}_2 / \bigcup\limits_{i=1}^n X_i$ avec $\mathbb{R}^2$ privé de $n$ points. Finalement, on regarder le $H_0$ pour conclure.

    Bien sûr, il y a des détails à justifier. Cela étant dit, j'ai l'impression qu'il y a un argument plus simple, je vais y réfléchir un peu.

    Edit : En fait, il n'est pas nécessaire de comprendre $\mathbb{R}_2 / \bigcup\limits_{i=1}^n X_i$ globalement, ce qui semble délicat. Il suffit de partir d'un segment de droite entre deux points dans $\mathbb{R}^2$ et de regarder ce qu'il advient dans $\mathbb{R}_2 / \bigcup\limits_{i=1}^n X_i$. Mais l'intersection entre $X_i$ et un segment est sous-segment fermé, donc l'image dans $\mathbb{R}_2 / \bigcup\limits_{i=1}^n X_i$ d'un arc entre deux points dans $\mathbb{R}_2 \backslash \bigcup\limits_{i=1}^n X_i$ reste un arc.
  • 1. Ca se rétracte par déformation sur le plan privé de $n$ points donc sans perte de généralité tu peux supposer que les X_i sont des points.
    2. Si tu prends deux points A,B l'ensemble des points C tels que les segments [A,C] est un ouvert dense non vide et de même pour [B,C].
    3. L'intersection de deux ouverts denses est un ouvert dense.
    Bon dimanche,
    M.
  • Seirios : il y a plusieurs points qui me semblent délicats. À commencer par ton équivalence d'homotopie - déjà le quotient n'est pas celui que tu voulais écrire j'imagine (celui-là a peu de chances d'être équivalent à $\mathbb R^2$ !), et ensuite si on le corrige pour être celui auquel tu penses certainement, il y a un argument supplémentaire de type "cofibration" à donner.

    Ensuite, ton quotient, comment peut-il être équivalent à $\mathbb R^2$ et identifié à $\mathbb R^2$ privé de $n$ points ?

    Et dans ton edit, un segment intersecté avec $X_i$ peut ne pas être un sous-segment.

    Mauricio : tout est dans ton 1, et cela rejoint un peu ce que je dis plus haut : il faut le justifier et ça ne parait pas évident sans hypothèse de type "cofibration". Peut-être peut-on la déduire (rétract par déformation d'un ouvert euclidien peut-être ?) ? En tout cas il faut quelque chose
  • Merci pour vos réponses.


    Maxtimax :
    Je ne connaissais pas la dualité d'Alexander.
    En me renseignant un peu, je suis tombé sur la version avec les nombres de Betti (où on ne s'intéresse qu'aux rangs des groupes d'homologie).
    Si je ne me trompe pas, il suffirait d'avoir que le nombre de Betti de dimension 1 de $\bigcup\limits_{i = 1}^n X_i$ soit 0.
    Cela semble vrai, mais j'aurais dit que c'était également le cas si les $X_i$ étaient seulement supposés simplement connexes compacts et deux à deux disjoints.
    Or je crois qu'avec la simple connexité, mon assertion devient fausse (voir "cercle polonais" sur wikipedia, qui, si j'ai bien lu, est simplement connexe mais pas contractile, et où intuitivement, le plan privé de cet ensemble n'est pas connexe par arcs).
    Donc je me trompe quelque part, mais je ne vois pas où. Un coup de main serait le bienvenu.


    Seirios :
    Qu'est-ce que tu appelles l'application de contraction ? Est-ce qu'elle serait plutôt définie sur $\mathbb{R}^2 \backslash \bigcup\limits_{i = 1}^n \{x_i\}$ (où les $x_i$ sont choisis comme points où chaque $X_i$ est contracté) ? Auquel cas est-ce que tu as mis des $/$ à la place des $\backslash$ ?
    J'avais aussi eu l'idée de prendre un segment, et de contourner les $X_i$ là où ça les intersecte. Le problème est que je ne voyais pas comment définir rigoureusement cette application de contraction dont tu parles.
    Je bloquais parce que les définitions me donnent l'impression que la contraction fait glisser les $X_i$ vers les $x_i$, et pas réellement que l'espace entier est froissé pour faire une réelle contraction (en espérant que ce soit compréhensible).


    Mauricio :
    J'ai aussi du mal avec ton point 1. En effet, l'hypothèse que les contractiles sont des compacts (de mon premier post) me semblait jouer un rôle important et je ne vois pas où elle apparaît dans ton raisonnement.
    Par exemple, si on prend $X_1$ un cercle privé d'un point et $X_2$ ce point.
    Alors $X_1 \cup X_2$ est un cercle, donc $\mathbb{R}^2 \backslash \{ X_1 \cup X_2\}$ n'est pas connexe par arcs.
    Pourtant $X_1$ et $X_2$ sont des contractiles disjoints.
  • Oui vous avez raison, il faut utiliser des arguments homologiques.
    M.
  • @Maru: Sauf erreur de ma part, En utilisant Mayer-Vietoris tu obtiens bien que le $H_1$ de ta réunion est nul. Il faut regarder les détails avec le contre-exemple du cercle ci-dessus (toujours ces problèmes d'intérieur et d'adhérence).
  • Maru : la dualité d'Alexander requiert une hypothèse sur les $X_i$ : il faut que $\bigcup_{i=1}^n X_i$ soit localement contractile, ce qui est ici évidemment le cas, mais ce n'est pas le cas du cercle polonais : c'est là que ça ne marche pas.
    Du coup l'argument du $H_1$ marche tout à fait, il n'y a aucun souci.
  • Ok, j'essaye d'écrire une preuve complète, merci de m'indiquer s'il y a un problème.

    On montre le résultat par récurrence sur $n$. On a $X_1$ connexe, donc le théorème d'Hurewicz donne $H_1(X_1) \simeq \pi_1(X_1) = \{ 0 \}$, d'où le cas $n=1$.
    Soient $A = \bigcup\limits_{i = 1}^n X_i$ et $B = X_{n+1}$, qui sont deux ouverts de $\bigcup\limits_{i = 1}^{n+1} X_i$.
    On a donc $A \cap B = \emptyset$ et $A \cup B = \bigcup\limits_{i = 1}^{n+1} X_i$.
    Par le théorème de Mayer-Vietoris, la suite suivante est exacte :

    $H_1(\emptyset) \rightarrow H_1(\bigcup\limits_{i = 1}^n X_i) \oplus H_1(X_{n+1}) \rightarrow H_1(\bigcup\limits_{i=1}^{n+1} X_i) \rightarrow H_0(\emptyset)$

    Par récurrence, on peut écrire $0 \rightarrow H_1(\bigcup\limits_{i=1}^{n+1} X_i) \rightarrow 0$.
    Finalement, on a $H_1(\bigcup\limits_{i=1}^{n+1} X_i) = \{ 0 \}$.
    D'où par dualité d'Alexander : $H_0(\mathbb{R}^2 \backslash \bigcup\limits_{i=1}^{n+1} X_i) \simeq \mathbb{Z}$. C'est-à-dire $\mathbb{R}^2 \backslash \bigcup\limits_{i=1}^{n+1} X_i$ est connexe par arcs.
  • Ok, mais pourquoi ton contre-exemple (cercle) ne contredit-il pas dans cette démonstration?
  • Comme l'a très bien dit Maxtimax :

    Maxtimax écrivait : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?14,2092108,2092544#msg-2092544
    [Inutile de recopier un message présent sur le forum. Un lien suffit. AD]

    Dans la dernière ligne de mon dernier post, j'utilise l'énoncé :
    Soit $X$ un compact localement contractile de $\mathbb{R}^2$ alors $H_1(X) \oplus \mathbb{Z} \simeq H_0(\mathbb{R}^2 \backslash X),\ $
    avec $X = \bigcup_{i=1}^n X_i$.
  • Oui mais ce n'est pas tout il y a aussi M.-V.
  • Maru : je pense que Mauricio se référait à l'exemple du "vrai" cercle, pas celui du cercle polonais.
    Mais celui ne marche pas non plus effectivement car bien sûr $H_1(I\sqcup \{*\}) \not\cong H_1(I)\oplus H_1(\{*\})$, où $I$ désigne le cercle privé d'un point.
    Bien entendu, ma conclusion que $H_1(\bigcup_{i=1}^n X_i) = 0$ utilisait aussi que les $X_i$ sont compacts disjoints, et donc séparables par des ouverts; en particulier cette union disjointe est une union disjointe au sens topologique, ce qui permet bien de déduire $H_1(\bigcup_{i=1}^n X_i ) \cong \bigoplus_{i=1}^n H_1(X_i) = 0$ (par Mayer-Vietoris, ou preuve par "évidemment"; c'est en effet bien plus simple que M-V dans ce cas spécifique)
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