Règle du parallélogramme et espace normé

llèBonsoir,
J'ai quelques doutes à propos de cette démonstration.
1. Comment est-ce que l'on peut montrer pour les nombres entiers ? J'ai pensé à l'induction mais je ne saurais pas comment faire.
2. Pourquoi on remplace $z=0$ et après $y=y+z$ ? Je vois le but de le faire mais je ne comprends pas l'idée principale.
3. Pourquoi on écrit $\gamma^2\psi(x, \displaystyle{\frac{\beta}{\gamma}}y)$ ?


Un espace normé $\mathbb{X}$ est euclidien si et seulement si pour tout $x, y\in\mathbb{E}$,
$\|x+y\|^2+\|x-y\|^2=2(\|x\|^2+\|y\|^2)$
Prouver le théorème au cas où $\mathbb{K}$ est réel.


Démonstration:
L'implication à droite est triviale.

Voyons l'autre implication. Suppossons que la norme $\|\cdot\|$ vérifie la règle du parallélogramme. Voyons la fonction

$\psi(x, y)=\displaystyle{\frac{1}{4}}(\|x+y\|^2-\|x-y\|^2)$

définissant un produit interne de sorte que $\psi(x, x)=\|x\|^2$. Il est inmédiat que

1. $\psi(x, x)=\|x\|^2$, donc il s'agit d'un nombre réel non négatif et il ne s'annule qu'en $x=0$.
2. $\psi(x, y)=\psi(y, x)$.

Il faut étudier les deux autre propriétés. Grâce à la règle du parallèlogramme, nous pouvons écrire

$\|x+y\|^2+\|x+z\|^2=\displaystyle{\frac{1}{2}}(\|x+y+x+z\|^2+\|y-z\|^2)$

$\|x-y\|^2+\|x-z\|^2=\displaystyle{\frac{1}{2}}(\|x-y+x-z\|^2+\|z-y\|^2)$

et si nous soustrayons les égalités, nous obtenons

$\|x+y\|^2+\|x+z\|^2-\|x-y\|^2+\|x-z\|^2=\displaystyle{\frac{\|2x+(y+z)\|^2-\|2x-(y+z)\|^2}{2}}$.

Alors

$\psi(x, y)=\displaystyle{\frac{1}{4}}(\|x+y\|^2+\|x+z\|^2-\|x-y\|^2+\|x-z\|^2)

=\displaystyle{\frac{1}{8}}(\|2x+(y+z)\|^2-\|2x-(y+z)\|^2)=

\displaystyle{\frac{1}{2}}(\|x+\displaystyle{\frac{1}{2}}(y+z)\|^2-\|x-\displaystyle{\frac{1}{2}}(y-z)\|^2)=

2\psi(x, \displaystyle{\frac{1}{2}}(y+z))$.

Si nous remplaçons $z=0$, nous avons l'égalité

$\psi(x, y)=2\psi(x,\displaystyle{\frac{1}{2}}y)$ ~~ $\forall y\in\mathbb{E}$.

Si nous changeons $y=y+z$, nous obtenons $\psi(x, y+z)=2\psi(x, \displaystyle{\frac{1}{2}}(y+z))$ et la deuxième égalité de l'expressin de $\psi(x, y)$ nous donne

$\psi(x,y)+\psi(x,z)=\psi(x, y+z)$.

Maintenant, montrons que $\psi(x, \alpha y)=\alpha\psi(x, y)$ ~~ $\forall\alpha\in\mathbb{R}$

Si $\alpha=\displaystyle{\frac{\beta}{\gamma}}$ est rationnel, alors

$\gamma^2\psi(x, \displaystyle{\frac{\beta}{\gamma}}y)=\psi(\gamma x, \beta y)=\beta\gamma\psi(x, y)$, d'où$\psi(x, \displaystyle{\frac{\beta}{\gamma}}y)=\displaystyle{\frac{\beta}{\gamma}}\psi(x, y)$.

Comme les fonctions $\|x+\alpha y\|$ y $\|x-\alpha y\|$ sont continues au $\alpha$, la définition de $\psi$ nous assure que $\psi(x, y)$ est une fonction continue de $\alpha$. Par conséquent, si $\alpha$ est irrationnel et $\{\alpha_n\}$ est une suite de rationnels tendant vers $\alpha$, on vérifie que

$\psi(x, \alpha_ny)\rightarrow\psi(x, \alpha y)$ ~~ et ~~ $\psi(x, \alpha_ny)=\alpha_n\psi(x, y)\rightarrow\alpha\psi(x, y)$, d'où $\psi(x, \alpha y)=\alpha\psi(x, y)$.

QED

Réponses

  • On a un espace normé, et l'on veut prouver que la norme provient d'un produit scalaire.
    L'idée principale, c'est de se dire que si cette conclusion est vraie, alors ce produit scalaire sera : $ \psi(x, y)=\displaystyle{\frac{1}{4}}(\|x+y\|^2-\|x-y\|^2)$.
    Il faut donc prouver que le $\psi(x, y)$ ainsi défini est bilinéaire.
    On démontre d'abord : $\psi(x,y+z)+\psi(x,y-z)=2\psi(x,y)$.
    Il en résulte : $\psi(x,u+v)=\psi(x,u)+\psi(x,v)$. Comme $\psi(...,...)$ est symétrique, on a la bi-additivité.
    Il reste à prouver la seconde propriété de bilinéarité, soit $\psi(x,\lambda y)=\lambda \psi(x,y)$ pour $\lambda$ réel.
    La bi-additivité implique déjà cette égalité pour $\lambda$ rationnel, et on passe des rationnels aux réels par la densité de $\mathbb Q$ dans $\mathbb R$.
    Telles sont à mon avis les idées directrices de cette démonstration.
    Bonne journée.
    Fr. Ch.
  • Merci !

    Mais pourquoi est-il possible passer aux réels grâce à la densité de $\mathbb{Q}$ dans $\mathbb{R}$ ?
    Pour prouver ce théorème pour les nombres entiers, ne faut-il pas le prouver par induction ? Je ne vois pas ce pas.
  • Une application $f :E \rightarrow \mathbb R$ est dite additive si : $\forall x \in E, \forall y \in E, f(x+y)=f(x+y)$.
    Une telle application est nécessairement $ \mathbb Q$ -linéaire, c'est-à-dire elle vérifie : $\forall x \in E, \forall \lambda \in \mathbb Q, f(\lambda x)=\lambda f(x)$.
    Ceci se démontre successivement pour $\lambda =0$, $\lambda =-1$, $\lambda \in \mathbb N$, $\lambda \in \mathbb Z$, $\lambda \in \mathbb Q$.
    Bon courage.
    Fr. Ch.
  • Donc ici, une fois prouvé : $ \forall x \in E,\ \forall y \in E,\ \forall z \in E,\ \psi(x, y+z)=\psi(x,y)+\psi(x,z)$, il en résultera :
    $ \forall x \in E,\ \forall y \in E,\ \forall \lambda \in \mathbb Q,\ \psi(x, \lambda y)= \lambda\psi(x, y)$.
    Ensuite on passera à : $ \forall x \in E, \ \forall y\in E,\ \forall \lambda \in \mathbb R,\ \psi(x, \lambda y)= \lambda\psi(x, y)$ avec la densité de $\mathbb Q$ dans $\mathbb R$ et la continuité...
    Bonne nuit.
    Fr. Ch.
  • Pas de réponse, pas de nouvelles, bonnes nouvelles.
    Alors, quelques remarques.
    Ce théorème est très beau, et l'on voit qu'il n'est pas évident, soit dit pour ceux qui semblent imaginer qu'en mathématiques tout devrait aller de soi. Justement, je le répète, nous nommons ceux qui ont trouvé ce que d'autres cherchaient : c'est le théorème de Fréchet-Jordan-Von Neumann :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Identité_de_polarisation
    http://www.math.lmu.de/~michel/jordan-von_neumann_-_parallelogram_identity.pdf
    Attention, ce Jordan n'est pas notre Camille Jordan (1838-1922), successeur de Galois, ni l'Allemand Wilhelm Jordan (1842-1899), inventeur de la réduction des matrices, c'est l'Allemand Pascual Jordan (1902-1980), co-auteur avec Von Neumann de l'article de 1935 dont j'ai donné le lien.
    Bonne journée.
    Fr. Ch.
  • Merci beaucoup pour votre aide ! Et oui, c'est très beau le théorème.
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