densité de cos(n²)

Bonjour,

Je bloque sur un exo depuis un petit moment et j'aimerais avoir quelques pistes
Comment montrer que $\{ \cos(n²) \mid n \in\N \}$ est dense dans $[-1;1]$ ?
J'ai essayé sans succès de me ramener à la densité de $\{ n²+2k\pi \mid n, k \in \N \}$ dans $\R$. Je n'arrive pas non plus à utiliser la caractérisation séquentielle de la densité.
Je ne sais pas si la résolution est accessible pour un élève de spé.

Merci d'avance pour vos réponses.

Réponses

  • Il suffit de montrer que $\frac{n}{\pi}$ est irrationnel

    [La case LaTeX. AD]
  • Je pense que tu fais référence au résultat sur les sous-groupes additifs de R qui dit que le sous groupe de (R,+) engendré par a et b est dense dans R ssi a/b est irrationnel. Or ici {n²+2kpi} n'est pas un sous groupe de R donc je ne peux pas utiliser ce résultat à moins que tu veuilles parler d'autre chose ..
  • je tenterai de montrer quelquechose de plus fort (peut être complètement faux), du genre que $\{ n^2 \}$ est équidistribué modulo $2 \pi$. Il faudrait pour cela montrer que pour toute fonction $\2 pi$ périodique, disons continue, on ait:
    $\displaystyle \lim_{n \to \infty} \frac1 n\sum_1^n f(k^2) = \int_{[0;2 \pi]} f(x) dx$
    Par densité des polynôme trigonométrique, il suffit de montrer que pour tout entier $m \geq 1$:
    $\displaystyle \lim_{n \to \infty} \frac 1 n \sum_{k=1}^n \exp(i m k^2) = \int_{[0;2 \pi]} \exp(i m x) dx = 0$
    ce qui semble assez probable non ?

    Comme Borde l'explique sur ce fil:
    \lien{http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?4,402079,402135#msg-402135}
    on peut trouver de bonnes majorations pour la somme $\sum\limits_{k=1}^n \exp(i m k^2)$, ce qui permet de conclure normalement..

    [Activation du lien. AD]
  • Je crois avoir une autre solution :
    Soit $k \in \N,\ k \geq 1$.
    Soit l'ensemble $\{(2n,2*2n,\ldots ,k*2n) \in (\R/(2\pi\Z))^k\mid n \in \Z \}$.
    Il est dense dans $(\R/ (2\pi \Z))^k$, donc on peut choisir $n$ tel que
    $1+2*n \in\ ]\frac{1}{2k};3\frac{1}{2k}[*2\pi$ dans $\R/(2\pi\Z)$
    $2^2+2*2n \in\ ]3\frac{1}{2k};5\frac{1}{2k}[*2\pi$ dans $\R/(2\pi\Z)$
    $\ldots$
    $k^2+2*kn \in\ ](2k-1)\frac{1}{2k},(2k+1)\frac{1}{2k}[*2\pi$ dans $\R/(2\pi\Z)$
    donc $n^2,(n+1)^2 = n^2+1+2*n,\ldots,(n+k)^2 = n^2+k^2+2kn$ sont bien répartis et $k$ est quelconque.
    Donc $n^2$ est dense dans $\R/(2\pi\Z)$
  • Merci beaucoup pour vos réponses.
    Est ce que le fait que $\{(2n,2*2n,\ldots ,k*2n) \in (\R/(2\pi\Z))^k\mid n \in \Z \}$ soit dense dans $(\R/ (2\pi \Z))^k$ est évident car ce n'est pas clair pour moi?
    merci.
  • Oui, tu as raison. C'est faux.
  • Soit $X$, l'ensemble des $n^2$ dans $\R/(2\pi\Z)$.
    Soit $Y$ son adhérence.
    $(n+1)^2-n^2=2n+1$ qui est dense dans $\R/(2\pi\Z)$.
    Donc $X-X$ est dense dans $\R/(2\pi\Z)$.
    Donc $Y-Y=\R/(2\pi\Z)$.
    Si $\mu(Y)=0$, il me semble que $\mu(Y-Y)=0$ aussi.
    Ce qui donnerait $\mu(Y)>0$.
    Et $Y$ est stable par multiplication par $4$, car si $k$ est un carré, $4k$ aussi.
  • Peux tu préciser la signification de µ s'il te plait?
    Merci.
  • $\mu$ est la mesure de Lebesgue.
    Mais ce que j'ai écrit est sans doute faux.
    Il faudrait du renfort ;-)
    Dans quel livre as-tu trouvé cet exercice ?
  • En fait c'est un prof de spé qui a émis l'idée que la densité de cos(n²) était plus "technique" que celle de cos(n), je me suis dit que ca se tentait ...
    C'est plus difficile que je ne le pensais ..
  • Modulo $2\pi\Z$, la suite $n^2$ admet un point d'accumulation $\ell$. Soit $n_i^2 \rightarrow \ell$ dans $\R/(2\pi\Z)$ avec $n_i \rightarrow \infty$ dans $\N$.

    Donc on peut choisir $n_1,\ldots,n_k$ avec $|n_i^2-\ell|< \frac 1 k$ et $\frac{n_{i+1}}{n_i} > k$.
    $\{(2n_1 t,\ldots,2n_k t)\in (\R/(2\pi\Z))^k \mid t \in \Z \}$ a pour adhérence
    $E=\{(2n_1 t,\ldots,2n_k t)\in (\R/(2\pi\Z))^k \mid t \in \R \}$.

    Et à mon avis la distance d'un point de $(\R/(2\pi\Z))^k$ à $E$ est plus petite que $\frac{2\pi}{k}$ vu que $\frac{n_{i+1}}{n_i} > k$.

    Donc il existe $t \in \Z$ tel que la distance de $(2n_1 t,\ldots,2n_k t)$ à $(\frac{2\pi}{k},\frac{4\pi}{k},\ldots,2\pi)$ est plus petite que $\frac{2\pi}{k}$
    Donc $(t+n_i)^2-t^2 = n_i^2+2n_i t$ est à peu près égal à $\ell +\frac{2i\pi}{k}$ donc
    les $(t+n_1)^2,\ldots,(t+n_k)^2$ sont bien répartis.
  • Romain R : As-tu été convaincu par la preuve que je t'ai donnée ?
    Ca semblait correct et si tu as besoin de plus d'explications, n'hésite pas ...
  • Merci en fait je ne comprends pas très bien le lien entre densité et équirépartition, est-ce une équivalence ?
    Sinon le reste de la démonstration est clair.
  • Salut,

    Non, l'équirépartition est bien plus forte (on peut être dense mais mal réparti).

    Une suite $(a_n)$ de points de $\R / 2 \pi \Z$ est équirépartie si pour tout "intervalle" $I$ de $\R/2 \pi \Z$ le nombre moyen de points $a_n$ qui sont tombés dans $I$ converge vers la longueur relative de $I$ : $\frac{1}{N} \mathrm{Card} \{ n \leq N \, | \, a_n \in I\} \to \frac{1}{2 \pi} \ell(I)$. Dire que $(a_n)$ est dense revient à dire que pour tout $I$ tel que $\ell(I)>0$ il y a au moins un $a_n$ dans $I$.. avec ça tu devrais faire le lien facilement.
  • non, l'équi-répartition est bien plus forte que la densité. Une suite $u_k$ est équirépartie dans $[0;2 \pi]$ si pour tout $a< b$ :
    $\lim\limits_{n \to \infty} Card(k: k \leq n \textrm{ et } u_k \in [a;b]) = \frac{b-a}{ 2 \pi} = \frac{1}{2 \pi} \int_{[0;2 \pi]} 1_{[a,b]}(x)\mathrm dx$

    Comme tu dois le savoir, il suffit de montrer que pour toute fonction continue $f$ (où même de classe $C^{\infty}$):
    $\lim\limits_{n \to \infty} \frac 1 n \sum\limits_{k \leq n} f(u_k) = \frac{1}{ 2 \pi} \int_{[0; 2 \pi]} f(x) \mathrm dx$
    et même encore mieux, par densité des polynômes trigonométriques, il suffit de montrer que pour tout $m \geq 1$ :
    $\lim\limits_{n \to \infty} \frac 1 n \sum\limits_{k \leq n} \exp(i m u_k) = 0$

    Or on sait qu'il existe une constante $0<\alpha_m< 1$ telle que :
    $\sum\limits_{k=1}^n \exp(i m k^2) = o(n^{\alpha_m})$
    d'où la conclusion.
  • Merci beaucoup à vous deux
    Ca me semble plus clair maintenant, même si je ne pense pas que j'aurais pu le trouver tout seul.
  • Je dirais même plus: on a un théorème (théorème de Van der Corput je crois) qui dit que si pour tout h entier strictement positif la suite (u_(n+h)-u_n) est équirépartie alors la suite u_n est équirépartie (tout ça modulo 1). On en déduit aisément la densité de {cos(n^k)} dans [-1,1] pour tout entier k>=1.
  • A propos de ces théorèmes, on pourra jeter un coup d'oeil ici \lien{http://www.math.tau.ac.il/\~{}rudnick/dmv/baxa.ps}

    [Activation du lien. AD]
  • Le document fourni par Alekk est à conserver.

    A noter pour les amateurs de théorie analytique des nombres : le {\bf lemme 5} (appelé inégalité de Van der Corput) est un élément vital de ce que l'on appelle maintenant la {\it théorie des paires d'exposants}. En particulier, ce lemme implique le {\it procédé A} de Van der Corput, permettant, à partir d'une paire d'exposants donnée, d'en déterminer d'autres. La sommation de Poisson fournit le {\it procédé B}, et les combinaisons des deux procédés donnent des paires d'exposants de plus en plus précises.

    C'est cette technique qui a été utilisée des années 30 à nos jours dans les problèmes suivants :

    (i) Problème des diviseurs de Dirichlet,
    (ii) Problème du cercle de Gauss,
    (iii) Théorème de Piatestki-Shapiro,
    (iv) Problème des entiers $k$-libres et $k$-pleins,
    (v) Nombre de groupes abéliens d'ordre donné
    (vi) Problème de diviseurs généralisés,
    etc.


    Borde.
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