Choix sans l'axiome de fondation.

On suppose tous les axiomes de ZF sauf l'axiome de fondation, et l'axiome du choix.
Soit $R$ une relation binaire quelconque, $B$ un ensemble.
On suppose que pour tout $x\in B$, il existe $y$ tel que $R(x,y)$.

Existe-t-il une fonction $f$ telle que $Dom(f)=B$ et pour tout $x\in B$, $R\big(x,f(x) \big)$?


[size=x-small]Si on disposait de l'axiome de fondation on pourrait considérer pour tout $t\in B$, le plus petit ordinal $\alpha(t)$ tel qu'il existe $y\in V_{\alpha(t)}$ tel que $R(t,y)$ puis construire $f$ dans $\prod_{i \in B} V_{\alpha(i)}$ .[/size]
Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.

Réponses

  • Sa lut foys. De mon téléphone je ne connais hélas pas par coeur la réponse à ta questions n car il y a des tonnes de questions parentes qui ont été traitées avant Cohen (période pré-Cohen) mais n'ont pas été réunies ensuite dans un dico.

    Par contre il faut être ultra formel et bien s'entendre sur la façon do t s'énonce le remplacement sinon la réponse oui n'en est qu'une instance.

    Pour t'apporter un élément de réponse sauce que sans perte de généralité tu peux supposer que ton B est un ordinal et que pour tout y il y a au plus élément x tel que R(x,y) et que pour tout x,y si R(x,y) alors y={y}

    Ce faisant tu pourras te concentrer sur l'essentiel. Tu peux évidemment supposer que B est le plus petit ce auquel cas il est cardinal régulier (et même probablement inaccessible mais faudrait vérifier en détails)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Bonjour Christophe,
    Par relation binaire $R$ je veux simplement dire "formule du premier ordre à deux variables libres écrite sur le langage $\{=,\in\}$". En particulier il n'y a aucune garantie que pour tout $x$, il existe un ensemble $z$ tel que pour tous $y$, $R(x,y)$ si et seulement si $y\in z$.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Lemme de Zorn.
  • @foys: oui j'avais bien compris (enfin, de toute façon, l'autre option, plus générale que $R$ est un prédicat primitif auquel on applique les ZF-schémas, ne semble pas vraiment poser PLUSSSSS de problèmes).

    Pour donner une idée des difficultés que tu soulèves, je formalise ça dans un exercice où tout est précisé:

    On suppose que pour tout entier $n$, il existe $x$ tel que $x=\{x;n\}$. Existe-t-il alors un ensemble $E$ tel que pour tout $n\in \N$, il existe $a\in E$ tel que $a=\{a;n\}$?

    Je le référence dans "il est facile de".
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  • @foys: je ne sais pas si mon choix d'énoncé est idéal dans une optique "prouver que non", c'est à dire prouver qu'on ne peut pas prouver. Mais voici une façon peut-être plus simple de voir que la réponse est "non" à un énoncé assez parent.

    On se place dans un univers vérifiant ZFC qui n'a pas un nombre fini "d'atomes", cad d'ensembles $x$ tels que $x=\{x\}$. Dans cet univers, on prend la collection des ensembles qui n'ont qu'un nombre fini d'atomes dans leur clôture transitive. Il me semble (exercice-question) que cette collection (qui contient bien sûr tous les atomes) :

    1) vérifie ZFC (à vérifier, mais je vois mal comment ce ne serait pas le cas, je détaillerai)
    2) Tous ses ensembles ne contiennent qu'un nombre fini d'atomes.

    En particulier, il vérifie que pour tout entier $n$, il existe un ensemble de cardinal $n$ qui ne contient que des atomes et d'autre part, il vérifie qu'il n'existe pas d'ensemble couvrant la condition précédente, donc donne un CE à ton désir
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  • De mon téléphone : je justifie (1) car ce n'est pas long : seul le schéma de remplacement n'est pas trivial. Mais si (a , R ) est telle que il existe un unique b tel que R(a,b) alors tout atome présent dans la clôture transitive de b est un atome présent dans celle de a.

    Il "faut" partir du bon univers initial mais ça c'est vraiment facile (les mauvais sont rares :-D ) ie où les atomes sont indiscernables (de sorte que n'importe quelle permutation des atomes induit un isomorphisme de l'univers tout entier.
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  • Ah oui précision quand même : j'ai prouvé qu'on ne peut pas satisfaire ton désir.
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  • Euh... je vois mal pourquoi il n'existe pas de fonction $f$ de domaine $B$ telle que pour tout $x$ on ait $xRf(x)$ (d'ailleurs tu prends qui pour $R$ et $B$?).
  • Ah oui je vois.
  • R(x,y) : = [ x est un entier naturel et y ne contient que des atomes et card(y)=x]

    L'univers qui contrarie le désir de foys a la propriété que tout ensemble ne contient qu'un nombre fini d'atomes. De plus l'univers tout entier lui en contient une infinité.
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  • Ce fil donne l'occasion de vanter NGB: En effet cet axiome peut être modifié légèrement de manière à obtenir une version platoniquement satisfaisante de l'axiome du choix accompli: il suffit de dire que tout gros ensemble se surjecte sur l'univers (des petits ensembles). Rappel :<< x est petit>> abrége << il existe y avec x dans y>> et gros := non petit.
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  • Je détaille encore plus étant sur un pc. Soit un univers contenant une infinité d'atomes indiscernables (ie toutes les suites finies et injectives d'atomes ont le même ensemble vérité étendu aux formules à paramètres dont aucun ne rencontre les images directes des suites). On prend le sous-univers W constitué des ensembles dont la clôture transitive ne contient qu'un nombre fini d'atomes. Alors W vérifie ZFC.

    C'est évident pour l'axiome de la paire, le schéma de compréhension, l'axiome de l'union (l'union de A a presque la même CT que A lui-même), l'axiome de l'infini (qui dit que IN existe).

    Pour l'axiome des parties, si $x$ est inclus dans $E$ et est un atome alors $x\in E$, donc CQFD

    Reste le schéma de remplacement. On dispose de $R$ (faisant intervenir un nombre fini de paramètres) et de $A$ tels que $\forall x\in A\exists ! y: R(x,y)$ et on veut prouver que $B:=\{t\mid \exists x\in A: R(x,t)\}$ n'a qu'un nombre fini d'atomes dans sa clôture transitive. Il suffit de prouver que les atomes de sa CT sont tous des atomes de la CT de $A$. Soit donc $z$ un atome de la CT de $B$. Si $z$ n'est pas dans la CT de A alors on peut le remplacer par n'importe quel autre atome qui n'est pas dans la CT de $A$ obtenant ainsi qu'en fait tous les atomes sont dans la CT de $A\cup B$.
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  • Merci Christophe pour ces précisions.
    Bon il s'avère in fine que j'aurai quand même besoin de l'axiome de fondation (le but était de comprendre pourquoi IST est une extension conservative de ZFC: au bout du compte le schéma de réflexion sert).

    Le résultat est quand même choquant (considérer le nombre de fois où on dit que "onchoisit pour tout $x$, $a_x$ tel que ...")
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • @foys : pour ta remarque finale, en général on sait borner les $y$ tels que $R(x,y)$, et donc même sans fondation on s'en sort très bien. J'imagine mal l'axiome de fondation servir à des "maths usuelles" (i.e. non théorie des ensembles)
  • En effet. Même sans fondation, on peut faire la construction de la hiérarchie de Von Neumann (simplement ça ne sera pas l'Univers entier), et tous les objets des maths usuelles y vivent, donc pas de souci.
  • @foys. Je ne me rappelle pas le titre mais il y a un livre grand public où la preuve est détaillée en annexe.
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  • Coucou,

    L'autre axiome du choix : http://www.numdam.org/article/RHM_2002__8_1_113_0.pdf
    L'axiome d'antifondation : http://www.math.uni.wroc.pl/~pkowa/slides/viale.pdf
    L'axiome de forcing : http://www.math.cornell.edu/~justin/Ftp/Raach_notes.pdf

    La théorie de la carte: de la bien-fondation à l'antifondation figure en document joint.
  • lool Romyna, merci (au nom de tous) pour les liens. Quelques précisions:

    1) le premier ne traite aucunement d'un "autre axiome du choix" (le titre est trompeur), mais juste des explorations minutieuses qu'on obtient en passant en logique intuitionniste.

    Je n'ai jamais été vraiment d'accord avec l'état d'esprit du deuxième article qui apparait comme un accident collatéral de l'obligation qu'ont les chercheurs de publier des choses de plus de 5 lignes. Mais l'honnêteté commande de dire que l'unicité ne devrait presque jamais (ou le moins possible) avoir le statut d'axiome. On a deux parties, une "honnête" et une qui est de l'hyperextensionalité:

    2.1) Affirmer que pour tout couple $(E,R)$, il existe une fonction $\phi$ de domaine $E$ telle que pour tout $x\in E: \phi(x)=\{\phi(y) \mid y\in E\wedge (x,y) \in R\}$ relève de l'habituelle et normale approche platonicienne du monde mathématique (censé faire exister tout ce qui est "possible"). On n'aurait JAMAIS dû considérer cet axiome comme optionnel et lui substituer l'axiome de fondation (qui, rébus, est aux probas ce que la sigma-additivité est à la théorie de la mesure, donc illégitime)

    2.2) Affirmer ce que j’appellerais l'hyper-extensionalité: deux ensembles dont les graphes canoniques qui dessinent l'appartenance dans leur clôture transitive ne peuvent être différents que si lesdits graphes ne sont pas isomorphes. Cet axiome est difficile à légitimer (mais pas plus difficile à légitimer que l’extensionnalité elle-même, qui permet d'obtenir toutes les maths en admettant la logique linéaire seule (et la compréhension bien sûr, mais celle-ci n'est pas vraiment "un axiome", c'est plus une règle de langage)

    3) Je ne vois pas trop ce que tu veux apporter en postant un article (le 3ième) sur PFA (assez mal rédigé d'ailleurs en ce qu'il ne semble pas vraiment préciser de manière VEDETTE ce que veut dire "forcing propre"**, ce qui est fort dommage. On dirait un truc qui imite les manuels scolaires: d'abord des exemples, puis l'information importante en petits caractères)


    ** une algèbre de Boole complète est propre quand elle n'ajoute de club dans aucun ensemble ordonné de la forme $(T,\subset)$ où $T$ est l'ensemble des parties dénombrables d'un certain ensemble. Formellement un stationnaire reste stationnaire dans l'extension générique***, il ne devient pas non stationnaire. (Un stationnaire est un ensemble qui rencontre tous les clubs).

    *** l'extension générique $V^B$ d'un univers est l'univers obtenu en remplaçant $\{vrai; faux\}$ par l'algèbre de Boole complète $B$. Les éléments de $V$ y sont bien sûr présents comme fonctions de codomaine $\{0_B;1_B\}$, mais il ya tout plein de "nouveaux" ensembles, ie l'univers a été élargi.

    Mais que vient faire l'axiome du choix dans cette galère ? :-D (Seule Romyna a la clé secrète)
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  • foys a écrit:
    le but était de comprendre pourquoi IST est une extension conservative de ZFC

    Je ne sais jamais si quand un auteur dit "ZFC", il met ou pas AF dedans, du coup, l'énoncé du théorème m'est ambigu. Par contre, plusieurs choses à propos d'IST:

    1) il est intéressant d'en chercher une preuve syntaxique (celle que tu évoques est sémantique)

    2) L'ensemble vérité de l'univers est définissable avec "std" (exercice que j'ai déjà corrigé sur le forum), sauf cas pathologiques.

    On a donc un "entre deux" intéressant.
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  • oups, j'ai oublié de dire dans ma réponse à Romyna que PFA n'est pas un axiome acceptable (de mon point de vue) même s'li a été très en vogue, car il implique que $card(\R)=\omega_2$, ce qui est "irraisonnable".

    Le cardinal de $\R$ doit être suffisamment grand pour que sans sigma-additivité, on ne puisse avoir une proba non nulle de gagner au jeu des boites que j'ai déjà décrit (or avec $\omega_2$, on gagne avec 2 boites seulement et en 3 coups seulement avec proba $\geq 1/8$, ce qui est "complètement opposé à l'idée qu'on se fait de $\R$).

    Si quelqu'un demande je redécrirai le jeu des boites.
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  • Euh, je crois connaître ton jeu des boîtes, pourtant je ne vois pas le lien !
  • De mon téléphone : c'est une variante (tres legere) de mon jeu habituel Bob propose à Léa 2 (par exemple) boites fermées chacune contenant un élément de E. Léa peut ouvrir une boite et doit faire un pari sur celle restée fermée de la forme "elle contient un élément de A (Léa choisit le A qu'elle veut). Si Léa gagne son pari la partie continue et Bob propose à nouveau deux boites fermées contenant chacune une élément cette fois ci DE A. Et ainsi de suite. Quand A (le A d'un tour concerné) est fini Léa gagne définitivement la partie. Il se trouve que pour omega2 Léa a une strategie lui garantissant 1 chance sur 8 de gagner en 3 coup
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  • @GA: on peut varier le nombre de boites fermées présentées par Bob, par exemple, au premier coup 10, au deuxième coup 100, au troisième coup 1000, etc. Il est presque évident comme conséquence de l'axiome du choix que pour tout ensemble $E$, Lea a une random-stratégie telle que pour tout entier $n$, elle a une proba $>1/8$ de ne pas avoir encore perdu à l'étape $n$ d'une part et, d'autre part, d'imposer que DANS TOUS LES CAS la partie se termine en temps fini, avec Lea qui gagne si elle n'a pas perdu avant terminaison.

    Une affirmation qui me parait raisonnable est de dire que $\R$ ne doit pas faire mieux que "cette limitation générale". Autrement dit, le cardinal de $\R$ est un ordinal complètement inatteignable, sauf à user du vrai et platonicien axiome de l'ensemble des parties. En particulier, ce n'est** ni un cardinal singulier, ni un cardinal successeur, ni un cardinal "proche" des premiers cardinaux que sont $\omega_1, \omega_7, \omega_{\omega_1}, etc$.

    De toute façon, la grande blessure de la science formelle*** (ie des maths fonda), c'est qu'il n'est pas possible d'avoir à la fois la complétude et la liberté pour une même structure raisonnable, et en particulier, aucun univers ne parvient à contenir tous les réels de manière "vraiment convaincante" (ie il existe une séquence $\alpha \in Ordinaux\mapsto P_\alpha$ de formules écrites avec les entiers comme seules variables propositionnelles, le connecteur $\to$ et la possibilité de conjoncter n'importe quel ensemble de formules et qui est telle que pour tout couple d'ordinaux $(a,b) $ avec $a<b: P_a\to P_b$ est un théorème (de logique minimale) et $P_b\to P_a$ n'est pas un théorème de logique classique, ce qui signifie que l'univers rate tous les réels (attribution de valeurs vrai/faux aux variables) qui sont modèles de $P_b\wedge non(P_a)$ dès lors que $a,b$ sont assez grands

    *** il faudrait d'ailleurs que je pense à ouvrir un fil pour demander qu'on collecte les (rares!!!) exceptions à ce phénomène, qui sait, certaines pourront peut-être être palpitantes?

    ** A ce propos les blagues**** de H.Woodin sont sympathiques et ultratechniques, mais il faut se rappeler que ça reste des blagues (assumées comme telles par HW lui-même). Je m'étonne qu'avec le temps, ce souvenir se soit estompé et qu'on voit des auteurs en parler comme si c'était sérieux :-S Pourtant HW n'avait pas ménagé ses efforts pour mettre en garde.

    **** quand il fait semblant de se livrer à "l'enquête du siècle" sur l'énigme policière non résolue "l'hypothèse du continu est-elle vraie?"
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  • avant de me déconnecter, j'en profite pour poster ce petit exercice illustrant la blessure que j'ai évoquée ci-dessus. Un anneau de Boole est un anneau vérifiant $\forall x: x^2=x$. Il est dit complet quand l'ensemble de ses idéaux principaux ordonné par inclusion est complet en tant qu'ordre, ie toute intersection d'idéaux principaux est un idéal principal

    Prouver que si $A$ est de Boole, complet et libre (parmi les anneaux de Boole) alors $A$ est fini.
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