Bourbaki, vraiment pour comprendre (8)

Bonjour à toutes et tous,

Je me suis essayé aux exercices ayant trait à la section 4 du chapitre III du livre "Théorie des ensembles" de Bourbaki, intitulé "Entiers naturels. Ensembles finis". Autant le cours m'a semblé abordable, autant presque tous les exercices s'y rapportant m'ont posé de (très) gros problèmes, je commence donc par l'exercice 5 p.III-81 (pour les possesseurs du bouquin).

Au préalable, je donne la définition d'une partie libre à laquelle l'énoncé fait référence : "Soit $E$ un ensemble ordonné; on dit qu'une partie $X$ de $E$ est libre si deux éléments distincts quelconques de $X$ sont non comparables (ou incomparables)"

a) $\bullet$ Bien que (et heureusement ! ...) des indications soient données pour conduire la démonstration, il faut tout de même justifier préalablement le fait qu'il existe un élément minimal pour tout $E$ fini $\rightarrow$ cela se démontre par récurrence sur Card(E).

$\bullet$- de façon beaucoup plus annexe et pour les bourbachistes purs : "le plus grand nombre d'éléments des parties libres X ..." signifie chez Bourbaki "le plus grand cardinal des parties libres $X$ ..." sous entendu : $X$ - partie libre de $E$ est un ensemble, et bien juste pour le fun j'ai voulu le démontrer (en utilisant la notion de relation collectivisante et les critères C 51, C52 ou C53 ) mais n'y suis pas arrivé. On pourra en discuter une fois le problème principale résolu, à savoir :

$\bullet$ Comment démontrer que $F = \{ a,s_1,...,s_k\}$ est une partie libre de $E$ ?
J'adopte par commodité, en plus de celles de l’énoncé, les notations suivantes (faites-moi savoir si ça convient) : $s_i = ppe (S \cap C_i)$ pour "$s_i$ plus petit élément de $S \cap C_i$", $s_i \nsim s_j$ pour "$s_i$ non comparable à $s_j$" , alors, selon moi, il s'agit de démontrer
1) $a \nsim s_i$
2) $s_i \nsim s_j$ si $i \neq j$

1) Il est entendu que $a \nsim s_i$ signifie $\lnot (s_i \leqslant a) \land \lnot (a \leqslant s_i)$, $\leqslant$ étant la relation d'ordre sur $E$

1-1 : montrons $\lnot (a \leqslant s_i)$ : $a$ minimal entraîne $s_i = a$ ce qui est impossible car $a\notin E'$ contrairement à $s_i$ !

1-2 : montrons $\lnot (s_i \leqslant a)$ (d'après ci-dessus, il suffit de démontrer $\lnot (s_i > a)$) : à part en déduire (comme $s_i \in C_i$) que $s_i \in U_i$, je ne sais pas conclure

2) Soient $s_t = ppe (S \cap C_t), s_v = ppe (S \cap C_v)$ alors $\exists S_i,S_j$ tel que $s_t = ppe (S_i \cap C_t), s_v = ppe (S_j \cap C_v)$

2-1 : si $i=j$ alors $S_i=S_j$ est une partie libre à $k$ éléments et donc $s_t \nsim s_v$

2-2 : si $i \neq j$ je ne sais pas conclure

Si Thierry, Pierre ou Maxime (ou d'autres ;-)) étaient dans le coin pour me donner une indication (et une indication seulement), ça serait pas de refus (tu)

Cordialement76070

Réponses

  • Tu t'es un peu embrouillé dans ton 1.1 : $a=s_i$ n'est pas impliqué par $a\leq s_i$ et $a$ minimal... c'est plutôt pour $s_i \leq a$ qu'il y a un problème.

    Pour montrer que $a\leq s_i$ n'est pas possible, pense au fait que $s_i$ est dans $S_i$ qui est inclu dans $E'\setminus U_i$: quelle est la définition de $U_i$ ?
  • Je confirme : la démonstration du 1-1 est en fait pour le 1-2 ... !

    Pour la démonstration de $\lnot (a\leqslant s_i)$, je ne vois pas bien pourquoi $s_i$ est nécessairement dans $S_i$ ...
    En effet, on a $s_i \in S\cap C_i $, donc $s_i \in S= \displaystyle \bigcup_{j=1}^k S_j$, donc $(\exists j), s_i \in S_j$ et on peut avoir $j\neq i$ , puisque rien n'empêche $S_j$ d'intersecter avec $C_i$ ....
    en effet : $\begin{cases} S_j \subseteq E'- U_j \\ \text{et} \\ U_j\cap C_i = \emptyset \text{ (car } U_j \subseteq C_j \text{ et } (C_i)_{1\leqslant i\leqslant k} \text{ partition de }E' \text{ et } i \neq j \end{cases}$ entraîne la possibilité que $C_i \cap S_j \neq \emptyset$
    :-(
  • PREAMBULE :

    J'aurai pu laisser ce post tel quel, se perdre au fil des pages. Mais dans la mesure du possible, il est logique de terminer ce que l'on a commencé ... en outre, et sans prétention aucune, cela pourra peut-être servir à d'autres qui voudraient s'essayer à l'exercice. L'honnêteté m'oblige néanmoins à dire que je ne l'ai pas trouvé tout seul (en particulier a) : 0) et 1-1) et b) : 1-2) ) j'ai donc (malheureusement) dû m'inspirer de la démonstration publiée dans "Annals of Mathematics" qu'un de mes (très) anciens professeurs m'a gentiment envoyée. Ci-dessous donc, à priori8-), la correction de l'exercice :

    $\bullet$ Définitions, notations et abréviations :
    . $\underset{[1,k]}{\exists}j$ : il existe $j$ dans l'intervalle $[1,k]\hspace{1 cm}$ t.o. : totalement ordonné $\hspace{1 cm} PL(A)$ : partie libre d'un ensemble $A$
    $ppe (A)$ : plus petit élément d'un ensemble $A$
    . Soit $R$ une relation, on notera $R$ (V) pour "$R$ est vraie" (ou "$R$ est un théorème") et $R$ (F) pour "$R$ est fausse" (ou "$\lnot(R)$ est un théorème"...)
    . Ensuite, pour éviter de surcharger les démonstrations en "donc", "si ... alors", etc... , il m'arrivera d'utiliser la notation très personnelle suivante (qui en a déjà déconcerté plus d'un sur ce forum (:D) : $A \underset {P}{\Longrightarrow} B$ qui signifie :" de $A$ je déduis $B$ en utilisant le fait que $P$ est vrai". En particulier, il m'arrivera de symboliser " de $A$ je déduis $B$" par $A\Rightarrow B$
    . De même $\Leftrightarrow$ sera employé pour "est équivalent à".
    . Enfin : $F=P_1+P_2+...+ P_k$ ou $F=\sum_{i=1}^k P_i$ exprimera que $(P_i)_{i\in[1,k]}$ est une partition de $ F$ et donc "$+$" représente une réunion disjointe...

    $\bullet$ Une remarque annexe pour les bourbachistes purs : "le plus grand nombre d'éléments des parties libres $X$" signifie chez Bourbaki :" le plus grand cardinal des parties libres $X$" ... sous entendu : $X$ partie libre de $E$, est un ensemble ! ... et bien juste pour le fun, j'ai voulu le démontrer en utilisant la notion de relation collectivisante et les critères $C 51$, $C52$ ou $C53$ ... mais n'y suis pas arrivé.
    Si quelqu'un peut me donner une indication, je lui en saurai gré
    .
    a)
    $\bullet$ Il s'agit d'appliquer le raisonnement par récurrence sur $Card(E)=n$, ($n$ entier) tel que Bourbaki le fait dans son cours, c'est le critère $C 61$ (p.III-32 ) :

    je définis l'hypothèse de récurrence R(n) : $" \Bigl(Card(E)=n \land max(Card[PL(E)])=k \Bigr) \Longrightarrow$ il existe une partition de $E$ en $k$ ensembles t.o."

    1) J'initialise la récurrence en montrant que R(0) est vrai, avec R(0) : $" \Bigl( Card(E)=0 \land max(Card[PL(E)])=k \Bigr) \Longrightarrow$ il existe une partition de $E$ en $k$ ensembles t.o." :

    . $k$ sera supposé $\neq 0$... par conséquent, si $\Bigl(Card(E)=0\Bigr)$ (V) alors $\Bigl(max(Card[PL(E)])=k\Bigr)$ (F)

    . et donc : $\Bigl( Card(E)=0 \land max(Card[PL(E)])=k \Bigr)$ (F)

    . enfin comme $A$ (F) entraine $(A \Rightarrow B)$ (V) pour tout $B$, on en tire $R(0)$ (V) $\hspace{1 cm} $ CQFD

    Remarque : A ce stade, et pour une approche moins logique et plus intuitive, on aurait pu "démarrer" la récurrence non pas à $0$ mais à $k$ pour ensuite appliquer le critère $C 61 - 2)$ du cours. En effet, d'après l'énoncé on doit avoir nécessairement $n\geqslant k$. On initialise alors la récurrence en démontrant que $R(k)$ est vrai, c'est à dire que : "$Card(E)=k \land max(Card[PL(E)])=k \Longrightarrow$ il existe une partition de $E$ en $k$ ensembles t.o." (V)
    .Or le membre à gauche de l'implication signifie : $E$ est un ensemble de $k$ éléments dont la plus grande partie libre a $k$ éléments
    .donc tous les éléments de $E$ sont non comparables
    .donc les sous-ensembles t.o. de $E$ sont réduits à 1 seul éléments, et il y en a $k \,\, !! \hspace{1 cm} CQFD$



    2) Montrons : $\Bigl(n \,\, entier \land R(n)\Bigr) \Rightarrow R(n+1)$ avec

    R(n+1) : "$ \Bigl(Card(E)=n+1 \land max(Card[PL(E)])=k \Bigr) \Rightarrow$ il existe une partition de $E$ en $k$ ensembles t.o."

    $\bullet \, n \text{ entier } \underset {prop.1, p.III-31} {\Longrightarrow} n+1 \text{ entier } \underset {Card(E)=n+1} {\Longrightarrow} E$ fini $\underset{\text{ E est ordonné}}{\Longrightarrow} E$ admet un élément minimal...

    Bien que ce soit affirmé d'emblée dans l'énoncé, la dernière implication mérite une démonstration, et cela se fait par récurrence sur $Card(E)$ en prenant pour hypothèse de récurrence H(n): "Card(E)=n $\Rightarrow E$ admet un élément minimal" :

    * c'est trivial si $Card(E)=0$.
    En effet : Card(E) = 0 $\Rightarrow E=\emptyset$ et comme "$a\in \emptyset$" (F) on a toujours : "$(a\in \emptyset \land x \leqslant a) \Rightarrow x=a$" (V)

    ** montrons $\Bigl( n \text{ entier } \land H(n)\Bigr) \Rightarrow H(n+1)$ :

    Soit $F$ tel que Card (F) = n+1, cela entraîne $F=F'\cup \{x\}$ avec $x\notin F' \land Card(F')=n$, par conséquent (par H(n)) $F'$ admet un élément minimal "$m$" $\rightarrow$ plusieurs cas:

    a) $m$ et $x$ non comparables : alors $m$ minimal dans $F$

    b) $m$ et $x$ comparables $\rightarrow$ 2 sous cas :

    b1) $\, m\leqslant x$ : alors $m$ minimal dans $F$

    b2)$ \, m\geqslant x$ : soit alors $z\in F$,

    on a : $z\leqslant x \Rightarrow \begin{cases} z=x \\ \text{ou}\\ z \neq x \Rightarrow z \in F' \Rightarrow (z<x\leqslant m \land z \in F') \Rightarrow (z< m \land z \in F') \rightarrow \text{ : impossible par définition de m !} \end{cases}$

    Il s'ensuit $x$ est minimal dans $F \hspace{1 cm}$ CQFD

    *** On applique alors $C61$ pour conclure la démonstration...


    $\bullet$ Il vient donc $E= E'\cup \{a\}$ avec $a \notin E'$, ou de manière équivalente: $E'=E-\{a\}$ et $Card(E')=n$

    Par hypothèse, il existe une partition de $E'$ en $k$ ensembles $C_i$ totalement ordonnés, c'est à dire : $E'=\underset{1\leqslant i \leqslant k}{\cup} C_i $ et $ C_i \cap C_j=\emptyset, \underset {i \neq j}{\forall (i,j)} \in [1,k]^2$

    . On considère alors $U_i =\{x\in C_i \,|\, x>a \} \subseteq C_i$, et en posant $S_i= PL(E'-U_i)$ on montre: $\underset{[1,k]}{\exists}j \,,\, \underset{E'-U_j}{\forall S_j} \,,\, \Bigl(Card[S_j]\leqslant k-1 \Bigr)\hspace{1 cm} (\alpha)$

    La démonstration de ($\alpha$) se fait par l'absurde, suivant les indications données par l'énoncé :

    . supposons : $\underset{[1,k]}{\forall}j \,,\, \underset{E'-U_j}{\exists S_j} \,,\, \Bigl(Card[S_j]> k-1 \Bigr)$ c'est-à-dire : $\underset{[1,k]}{\forall}j \,,\, \underset{E'-U_j}{\exists S_j} \,,\, \Bigl(Card[S_j]\geqslant k \Bigr)$ c'est-à-dire : $ \underset{[1,k]}{\forall}j \,,\, \underset{E'-U_j}{\exists S_j} \,,\, \Bigl(Card[S_j] = k \Bigr)$ (car par hypothèse : $k$ est le plus grand nombre d'éléments dans une partie libre de $E'$, donc : $Card(S_i)\geqslant k \Leftrightarrow Card(S_i)= k$)


    On considère $S=\underset {1\leqslant i\leqslant k}{\cup} S_i$ et $s_i = ppe(S\cap C_i)$ pour $1\leqslant i\leqslant k$

    . Supposons prouvées : l'existence des $s_i$ et l'assertion " $F = \{ a,s_1,...,s_k\}$ est une partie libre de $E$ "

    Alors comme $Card(F)=k+1$ et $k+1\neq k$ (puisque $k$ entier), il y a contradiction avec le fait que $k$ est le plus grand nombre d'éléments d'une partie libre de $E$ !

    CQFD


    $\bullet$ On a donc la partition suivante : $E=E'\cup\{a\}=U_j\cup[E'-U_j]\cup\{a\}=[U_j\cup\{a\}]\cup[E'-U_j]$

    - $U_j\cup\{a\}$ est t.o. (puisque $U_j \subseteq C_j$ qui est t.o. et de plus $x>a$ pour tout $x$ dans $U_j$)

    - Par hypothèse de récurrence et d'après $(\alpha) : E'-U_j$ est partitionné en $k-1$ ensembles totalement ordonnés $P_i \,,\,1\leqslant i \leqslant k-1$

    Par conséquent $E$ est partitionné en $k$ ensembles totalement ordonnés

    CQFD .....


    Il reste maintenant à démontrer :

    0) Existence des $s_i$ :

    . ($R_1$): Si $\alpha,\beta$ sont des éléments distincts de $S_i$ alors il existe $t,u (t\neq u)$ dans $[1,k]$ tels que $\alpha \in C_t$ et $\beta \in C_u$.
    En effet : $\alpha,\beta \in E'$ et comme les $(C_i)_{1\leqslant i \leqslant k}$ forment une partition de $E', \alpha,\beta$ sont nécessairement éléments des $C_i$. De plus si $ \alpha,\beta \in C_i$ alors, $C_i$ étant t.o. , $\alpha$ et $\beta$ seraient comparables $\rightarrow$ contradiction car $\alpha,\beta \in S_i$ !

    . ($R_2$): Du fait que $S_i$ possède $k$ éléments, il découle aussi que $S_i$ a exactement un élément dans chacun des $C_j, (1\leqslant j\leqslant k)$ et donc en particulier $ S_i \cap C_i \neq \emptyset$

    . Il s'ensuit que pour chaque $C_i \,,\, S\cap C_i \neq \emptyset \, \, \Bigl($en effet : $S\cap C_i = (\underset {1 \leqslant i \leqslant k} {\cup} S_i) \cap C_i = \underset {1 \leqslant i \leqslant k}{\cup} (S_i\cap C_i) \neq\emptyset \Bigr)$, de plus $C_i$ étant fini, $S \cap C_i$ est fini et admet donc un ppe : $s_i \,! $

    CQFD


    1) $F = \{ a,s_1,...,s_k\}$ est une partie libre de $E$.

    1-1) $a \nsim s_i$

    $\bullet$ Bien entendu on a : $\lnot (s_i \leqslant a)$ (V)
    En effet, par l'absurde supposons $s_i \leqslant a$ alors $a$ minimal entraîne $s_i = a$ ce qui est impossible car $a\notin E'$ contrairement à $s_i$ !

    $\bullet \bullet$ montrons : $\lnot (a \leqslant s_i)$ (V)

    . D'après ($R_2$), il découle que $s_i$ minore chacun des éléments $t_v$ de $S_v \cap C_i , (1 \leqslant v \leqslant k)$, et en particulier $s_i\leqslant t_i \longrightarrow$ on aurait donc : $a\leqslant s_i\leqslant t_i $ c'est-à-dire $a\leqslant t_i \hspace{0.5 cm} (*)$

    . Or $t_i \in S_i \cap C_i \Longrightarrow t_i \in S_i \Longrightarrow t_i \in E'-U_i \Longrightarrow t_i \notin U_i \underset {t_i \in C_i}{\Longrightarrow} \lnot (t_i \geqslant a)$ ce qui contredit $(*)\,\, ! \hspace{0.5 cm}$ CQFD

    De $\bullet$ et $\bullet\bullet$, on déduit le résultat $\hspace{4 cm}$ CQFD


    1-2) $s_i \nsim s_j$ si $i \neq j$ (on démontrera par exemple $\lnot(s_i \leqslant s_j)$ , le cas $\lnot (s_j \leqslant s_i)$ étant symétrique...).

    . Par l'absurde, supposons donc $s_i \leqslant s_j$. Comme $s_j$ minore exactement un élément de chaque $S_r$ ($1\leqslant r \leqslant k$), $s_j$ minore en particulier un élément "$\alpha$" d'un sous-ensemble $S_t$ dans lequel $s_i$ est aussi un élément, et on a alors $s_i\leqslant s_j \leqslant \alpha$.

    . Mais on ne peut avoir $s_i \leqslant \alpha$ car $s_i$ et $\alpha$ sont $2$ éléments de $S_t$ qui est une partie libre $\longrightarrow$ contradiction !

    CQFD


    b) On suppose $E$ quelconque, il s'agit de démontrer :

    $\exists k\,,\, \Bigl(k \text{ entier } \land k=max [PL(E)] \Bigr) \Longrightarrow \exists (P_i)_{i\in [1,k]} \, ,\, \Bigl( E=\displaystyle\bigcup_{i=1}^k P \,\land P_i \text{: t.o. } \,\land \, (i \neq j \Rightarrow P_i \cap P_j =\emptyset) \Bigr)$.

    Cela se fera par récurrence sur $k$ ... On prendra comme hypothèse de récurrence , $F$ étant un ensemble quelconque,

    $(H_{k-1}) : \Bigl(k-1=max [PL(F)] \Bigr) \Longrightarrow \exists (M_i)_{i\in [1,k]} \, ,\, \Bigl( E=\displaystyle\bigcup_{i=1}^k M_i\,\land M_i \text{: t.o. } \,\land \, (i \neq j \Rightarrow M_i \cap M_j =\emptyset) \Bigr) \hspace{1cm}(V)$.

    $\bullet \,$ Démontrons $H_1$:
    L'hypothèse traduit que les parties libres ont un seul élément, autrement dit : tous les élément de $F$ sont comparable entre eux et donc $F$ : t.o. $\longrightarrow$ il s'ensuit que la famille $(M_i)_{i\in [1,k]}$ est bien réduite à un seul élément $\hspace{1cm}CQFD$

    $\bullet \,$ Considérons $(H_{k-1})\,\,$ (V) , et supposons démontrées les 2 assertions:
    1) Il existe $C_0$ maximal fortement liée
    2) toute partie libre de $E-C_0$ a, au plus, $k-1$ éléments

    . Alors, par $(H_{k-1})$, on déduit que $E-C_0$ admet une partition en $k-1$ ensembles t.o. $L_i$, et donc: $E=C_0 + \displaystyle\sum_{i=1}^{k-1} L_i \,\,$ (on notera $+,\displaystyle\sum$ : des réunions disjointes)

    . De plus, $C_0$ est t.o.
    En effet : Soient $x,y \in C_0$. Considérons une partie finie $V$ de $E$ contenant $x$ et $y$.
    $C_0$ fortement liée $\Rightarrow \{x,y\} \in C_0\cap V \subseteq W_j,\,\, W_j$ étant un ensemble t.o., élément d'une partition $(W_i)_{i\in[1,r], r\leqslant k}$ de $V \Longrightarrow x$ et $y$ : comparables
    CQFD

    . On a donc bien une partition de $E$ en $k$ ensembles t.o. $\{C_0,L_1,L_2,...L_{k-1} \}$, ce qui revient à dire que l'on a démontré $(H_{k})$ !

    . On applique alors $C61$ pour conclure $\hspace{3 cm} CQFD$


    Il reste donc à montrer:

    1) Il existe une partie $C_0$ fortement liée maximale

    . L'ensemble $\Lambda$ des parties fortement liées est non vide puisque tout singleton $\{a\}$ est fortement lié.

    Démonstration : Par hypothèse, les parties libres de $E$ ont au maximum $k$ éléments, par conséquent toute partie finie $T$ de $E$ possède à fortiori des parties libres comprenant, au plus, $k$ éléments. Par a), il s'ensuit que $T$ possède une partition de $r (r\leqslant k)$ sous ensembles t.o. $M_i$, et on a $\{a\} \cap T = \begin{cases} \emptyset \\ \lor \\ a \text{ (si } a \in T) \end{cases} \Rightarrow \begin{cases} \emptyset \subseteq M_i , \, \underset {[1,r]}{\forall} i \hspace{0.5cm} (\emptyset \text{ est inclus dans n'importe quel ensemble ...)} \\ \lor\\ \underset {[1,r]}{\exists} i , (a \in M_i) \text{ et donc } \{a\} \subseteq M_i \end{cases} \Longrightarrow \underset {[1,r]}{\exists} i \,,\,\{a\} \cap T \subseteq M_i \hspace{1.5 cm} CQFD$

    . $\Lambda$ est de caractère fini (def 2, III-34)

    Démonstration : il s'agit de montrer ($A$ fini $\subseteq B$ fortement lié) $\Longleftrightarrow A$ fortement lié
    - Soit $F$ partie finie quelconque de $E$, alors $B$ fortement liée $\Longrightarrow \exists (P_i)_{i\in I \text{ fini}}$ partition de $F \land \underset {I}{\exists} j$ tel que $ F\cap B \subseteq P_j$
    - Or : $F\cap B \subseteq P_j \underset{A\subseteq B}{\Longleftrightarrow} F \cap (A\cup \complement_B A) \subseteq P_j \Leftrightarrow \Bigl( (F \cap A) \cup (F \cap \complement_B A)\Bigr) \subseteq P_j \Rightarrow F \cap A \subseteq P_j \Rightarrow A$ fortement lié $\hspace{1 cm}$ CQFD

    . Par conséquent, par III-35 - Th. 1, $\Lambda$ admet un élément maximal $C_0 \hspace{3 cm}$ CQFD


    2) toute partie libre de $E-C_0$ a, au plus, $k-1$ éléments :

    Par l'absurde, supposons : $\exists A, \,\Bigl(A=PL(E-C_0)\, \land \, Card(A)>k-1 \Bigr)$

    . $Card(A)>k-1$ entraine $Card(A)\geqslant k$

    Or $k=max [PL(E)]$ entraîne $k=max \Bigl( Card [PL(E)-C_0]\Bigr)$ et donc : $Card(A)\leqslant k$

    Il s'ensuit $Card(A)=k $ et par conséquent $A=\{a_1,...,a_k\}$

    . $C_0$ fortement liée maximale $\land \,\underset{ [1,k]}{\forall} i,\, (a_i \notin C_0) \Rightarrow \underset{ [1,k]}{\forall} i,\,\Bigl( \Theta_i = C_0 \cup \{a_i\}\text{ non fortement liée}\Bigr)$

    $ \Leftrightarrow \underset{[1,k]}{\forall} i,\, \exists F_i, \, \Bigl[F_i \subseteq E \, \land \, F_i$ fini $\,\land \, \forall (T_j)_{j \in [1,r],r\leqslant k}$ partition de $F_i$ avec $T_j$ t.o. $\,\land\, \underset{[1,r]}{\forall} j,\, (F_i\cap\Theta_i \nsubseteq T_j)\Bigr]$

    Note : la dernière équivalence ci-dessus signifie que les éléments de $F_i \cap \Theta_i$ ne peuvent pas être, tous à la fois, contenus dans un seul élément $T_j$ de la partition}

    . ($R_3$) Une remarque importante: $\underset{[1,k]}{\forall} i\, ,\, (a_i\in F_i)$
    En effet : si $a_i \notin F_i$ alors $F_i\cap \Theta_i = F_i \cap [C_0 \cup \{a_i\}] = F_i \cap C_0$, et alors par définition de $C_0 : \exists (U_j)_{1 \leqslant j \leqslant r \leqslant k}$ partition de $F_i \land \underset{[1,r]}{\exists} q \, ,\, (F_i \cap C_0 \subseteq U_q) \longrightarrow$ contradiction ! $\hspace{1 cm}$ CQFD

    . On considère alors $F=\displaystyle\bigcup_{i=1}^k F_i \,. \,F$ contient donc $a_1 , a_2, \dotsc, a_k$ et $F$ est fini en tant que réunion finie d'ensembles finis (cela se démontre par récurrence à l'aide de l'exercice 1) du même chapitre

    . Or : $F \text{ fini } \underset{\text{def. de } C_0} {\Longrightarrow} \exists (P_i)_{1\leqslant i \leqslant r \leqslant k} \text{ partition de } F$ en sous ensembles t.o. $\land \underset{[1,r]}{\exists} n \,,\, (C_0\cap F \subseteq P_n)$

    . Comme $a_1 , a_2, \dotsc, a_k$ libres et que $(P_i)_{1\leqslant i \leqslant r \leqslant k}$ est une partition de $F$ en sous-ensembles t.o. : $\underset{[1,k]}{\exists} m \, ,\, (a_m \in P_n)$ (en raisonnant comme dans la remarque $R_3$ , on a même $r=k \,\,$ ! )

    . En notant $P'_i = F_m \cap P_i$, on a $F_m = P'_1 + P'_2 + \dotsb + P'_k$ (partition de $F_m$)

    . Alors $F_m\cap C_0 = (F_m\cap F) \cap C_0 = F_m \cap (F \cap C_0) \subseteq F_m \cap P_n = P'_n$

    Mais comme : ($a_m \in F_m \land \ a_m \in P_n) \Rightarrow a_m \in P'_n$, il s'ensuit que $\Bigl( (F_m \cap C_0)\cup a_m \Bigr) \subseteq P'_n \Longleftrightarrow \Bigl( F_m \cap (C_0 \cup a_m) \Bigr) \subseteq P'_n \Longleftrightarrow F_m\cap \Theta_m\subseteq P'_n$ (élément d'une partition de $F_m) \longrightarrow$ contradiction !

    CQFD
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