Axiomes de Péano

Bonjour,

Ma question concenrne les axiomes de Péano. Après les avoir étudié en me référant principalement au document suivant :

https://lookaside.fbsbx.com/file/axiomes de peano et recurrence.pdf?token=AWy96Ulz_DzZXASCqrVVlfHmvfUovEqo84zNxhA75brOlgg5z_K5VVKhkc5Kmmag7kAZRXR5Q_7dLq6oM4KnI-Q8hfL-vP5_zEt4gcv-6lB6HqY84Qz1O_f2DcziuOI9LC_hZtF6pmBu9bmipYeL1kxD3VWscMtN0MnBB4M7YS6U-JCm3o2_1T1trRlgmQ0AIr4

Je me rends compte qu'il s'agit d'un ensemble de conditions que doit vérifier un ensemble pour "pouvoir être considéré comme l'ensemble d'entiers naturelles" tel qu'on le conçoit intuitivement. Le mot axiome vient (dans ma compréhension) surement du faite que l'existence d'un tel ensemble qui vérifie ces propriétés n'est pas démontrée par Péano. Il ne fait que stipuler son existence. C'est-à-dire l'axiome en tant que telle est l'existence d'un ensemble qui peut être muni d'une certaine application appelée successeur et qui contient un élement qu'on appellera 0 et que ce triplet vérifie trois conditions principales qui sont appelés "axiomes de Péano".

Or, on voit que Von Neuman à réussi à construire l'ensemble IN d'une manière concrète (c'est-à-dire il a construit explicitement un ensemble qui vérifie toutes les conditions de Péano).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Construction_des_entiers_naturels

Ma question est la suivante : pourquoi utiliser le termes "axiomes" pour les conditions fixés par Péano? Si Von Neuman à réussi de construire IN à partir des éléments de la théorie des ensembles sans faire d'hypothèses supplémentaires que celles qui sont déjà comprises dans les axiomes de la théorie des ensembles de Zermelo-Fraenkel à quoi ça nous sert d'élargir la liste des axiomes sachantes que les mathématiciens essayent de le réduire au maximum? Autrement dit, pourquoi parler des axiomes de Péano pour construire le IN si Von Neuman construit le IN on ne se servant que des axiomes de la théorie des ensembles de Zermelo-Fraenkel ?

Je vous remercie d'avance,
Cordialement

Réponses

  • "Que des axiomes de la théorie des ensembles de Zermelo-Fraenkel" : tout est là-dedans; cette deuxième théorie est beaucoup plus forte que l'arithmétique : preuve en est, ZF démontre la cohérence de l'arithmétique.
    Et puis les entiers de Von Neumann sont un modèle des entiers de Peano: il y a bien d'autres modèles de l'arithmétique de Peano, qui sont malgré tout intéressants à étudier. D'autant qu'à l'origine, les axiomes de Peano étaient là car on pensait que tout ce qu'il y avait à dire des entiers devrait pouvoir se prouver avec ça (évidemment ce rêve s'est écroulé avec Gödel).
    Beaucoup de logiciens aujourd'hui étudient spécifiquement les modèles dits "non standards" de l'arithmétique de Peano
  • Maxtimax, en faite ce que tu veux dire c'est que la théorie des Ensembles de Zermello-Fraenkel contient encore plus d'axiomes relatifs à l'arithmétique que ne le font les axiomes de Péano? C'est probablement le cas, mais moi je ne comprends pas pourquoi tu dis ça, parce que l'article wikipédia qui parle des entiers de Von Neuman dis que la seule axiome de ZF utilisée (à part les plus basiques comme l'existence de l'ensemble vide) est l'axiome de l'infini. Est-ce que c'est à ça que tu fait référence en disant que c'est un modèle plus fort? Ou probablement tu veux dire qu'il est possible d'avoir une théorie axiomatique de l'arithmétique sans la construction préalable de toute une théorie axiomatique des ensembles et dans ce cas on a besoin des axiomes de Péano en tant que AXIOMES pour pouvoir construire l'ensemble des entiers naturels?

    Tu dis qu'il n y a pas que les entiers de Von Neuman comme modèle pour les entiers de Péano. Mais ces modèles là sont toutes des modèles construites d'une manière concrète. Je n'ai rien contre les hypothèses définies par Péano pour un modèle des entiers, je suis tout-à-fait convaincu, ce que me dérange c'est cette appellation "axiomes de Péano". Une axiome pour moi c'est quelque chose d'indispensable, mais qu'on arrive pas à démontrer. Alors que dans le cas des entiers, un ensemble concret à été construit dans le cadre de la théorie axiomatique la plus répondue dans les mathématiques, donc à proprement parler les axiomes de Péano ne sont plus les axiomes si on se met dans ZF. Ce qu'on devrait dire à la place que l'ensemble des entiers naturels tel qu'il a été définie par Péano EXISTE dans ZF et la preuve a été fournie notamment par Von Neuman. C'est-à-dire que dans ZF on a pas besoin d'introduire les axiomes de Péano en tant qu'axiomes pour construire l'arithmétique, elle se construit sans axiomes supplémentaires à partir des autres briques élémentaires de ZF comme l'existence de l'ensemble vide, opération union des ensembles, axiome de l'infini, etc.

    Donc en découle à mon avis la conclusion suivante, soit l'expression "axiomes de Péano" est un abus de langage, soit on conserve cette appellation pour le cas d'une théorie axiomatique autre que ZFC qui ne contient pas en elle même suffisamment d'éléments pour construire l'arithmétique sans l'introduction des axiomes supplémentaires. Cependant je ne vois pas l'intérêt d'une théorie pareille.

    Maxtimax, je m'excuse pour mes intervention amateur au cas ou je dis des conneries, donc corrige mon raisonnement car j'arrive vraiment pas à organiser tout ça dans ma tête.

    Je te remercie d'avance,
    Cordialement
  • Non ce que je veux dire c'est que ZF est capable d'interpréter Peano, mais pas inversement. En fait ZF prouve la cohérence de Peano, mais si Peano est cohérente, elle ne prouve pas la cohérence de ZF.

    C'est que le mot "axiome" a en fait un autre sens, il a changé de sens (à peu près au XXè siècle); ce n'est pas "quelque chose qu'on n'arrive pas à démontrer": un axiome c'est maintenant une formule qu'on utilise avec d'autres pour prouver des théorèmes. Il s'ensuit alors que toute structure, tout modèle où les axiomes sont vérifiés, vérifie aussi les théorèmes.
    Ainsi les axiomes de Peano ne sont pas les "choses à propos des entiers qu'on admet sans les démontrer"; ce sont des propriétés qu'on utilise pour démontrer des choses: en particulier les théorèmes de l'arithmétique sont vrais dans n'importe quel modèle des axiomes.
    En particulier, Peano n'a jamais défini un ensemble des entiers naturels ! C'est de là que vient ta confusion je pense: il a donné une liste de propriétés qui, selon lui, caractérisent les entiers.
    Seulement il s'avère que ces axiomes ne peuvent caractériser une unique structure et ça mène à beaucoup de structures d'entiers dits "non standards". Mais il n'est pas question d'avoir "démontré l'existence des entiers que Peano postulait".

    Ensuite, je me répète, mais ZF est une théorie bien plus forte que la théorie de Peano! On veut pouvoir étudier Peano sans ZF...
  • Je te remercie pour ta réponse Maxtimax. Je comprends mieux maintenant. La principale source de l'ambiguïté pour moi venait du sens qu'on donnait au mot "axiome". N'ayant jamais vraiment étudié les fondements j'ignorait son sens "contemporain".

    Par contre ta réponse m'a fait penser à deux nouvelles questions :

    1) Tu dis qu'il y a des "structures non standards d'entiers". Non standards par rapport à quoi? Par rapport à la construction de IN de Von Neuman? Du moment que toutes ces structures d'entiers répondent aux conditions de Péano pourquoi ils seraient moins standards que d'autres. Vu que de toute manière, du moment que n'importe quelle structure qui respecte les axiomes de Péano se comporte exactement comme les entiers (et donc peut être considéré comme IN).

    2) Cette question est plus fondamentale. Est-possible de construire une théorie des ensembles au sein de laquelle on arrive à construire l'ensemble des entiers naturels (c'est-à-dire l'arithmétique) sans considérer une axiomes qui n'est la spécialement que pour les entiers comme l'axiome de l'infini? C'est-à-dire est-ce que l'existence des entiers (dans la compréhension de Péano) peut-il découler implicitement des axiomes les plus basiques comme par exemple l'existence de l'ensemble vide, etc. A-t-on forcement besoin d'ajouter des axiomes à une théorie des ensembles pour pouvoir construire IN? Au vu de la formulation du théorème d'incomplétude de Gödel (dont je ne connais que l'énoncé lu sur wikipédia) j'ai l'impression que la réponse sera "non". On doit absolument ajouter des axiomes qui en plus rendront cette théorie incomplète. Que pense-tu de ça? Je pose cette question juste pour savoir si la construction de IN est un sujet réellement important en mathématiques ou bien juste une formalisation des puristes comme par exemple la construction des nombres complexes comme R^2.
  • Bonjour meus9,
    1) Supposons |N donné a priori comme l'ensemble des entiers qu'on manipule depuis tous petits.
    On a coutume de penser que cet objet, muni de la constante zéro, de l'application successeur et des opérations + et x, vérifie les axiomes de Peano.
    Il est alors "facile" de montrer qu'il existe une méga-pelletée de structures du type (M,0,S,+,x) qui vérifient les mêmes axiomes de Peano.
    Chacune de ces structures peut être ordonnée en posant a <=b ssi il existe c tel que a+c=b.
    On démontre alors que chaque modèle M commence par une "copie" de |N, suivie de tout un tas de saloperies qu'on appelle des entiers non standards.
    Ces modèles sont "non standard" pour plusieurs raisons, la plus facile à comprendre étant qu'ils ne sont pas "bien ordonnés", c'est-à-dire qu'ils ne vérifient pas l'énoncé : "toute partie non vide de M possède un plus petit élément".
    Démonstration : Soit T la collection de tous les éléments non standard de M.
    Si T avait un plus petit élément, soit a :
    a n'est pas égal à 0 car 0 est standard, donc a admet un prédécesseur b.
    Comme b est plus petit que le plus petit entier non standard il est standard, donc son successeur a l'est aussi, contradiction.
    Maintenant, faisons de la théorie des ensembles. L'ensemble oméga que tu as évoqué ci-dessus, qui est la définition des entiers au sens de ZF (et dont, au passage, on ne peut démontrer l'existence que modulo l'axiome de l'infini) est bien un modèle de Peano, mais tu n'as aucun moyen de savoir si ce modèle est standard ou non. C'est ça le problème.
    D'un mathématicien à l'autre il y a essentiellement 2 façons de régler ce problème :
    a) Soit tu rajoutes un axiome pour t'assurer que le modèle obtenu est bien standard.
    b) Soit tu te fixes une bonne fois pour toutes un modèle (V, appartient) de ZF, et tu décides que le oméga de ce modèle servira d'ensemble des entiers naturels.
    Après, quand tu considères un autre modèle, disons V', de ZF, tu peux te poser la question de savoir si V' est standard ou pas, sous-entendu par rapport à V.
    Je ne sais pas si mon explication est très claire, mais Christophe et Maxtimax compléteront si besoin est.
    Martial
  • 2) Là, c'est plus délicat.
    En gros c'est un peu l'histoire de l'oeuf et de la poule.
    Comme tu as pu le constater, dans la liste des axiomes de ZF tu as 2 schémas d'axiomes (compréhension et remplacement).
    Chacun de ces axiomes s'écrit "pour toute formule phi du langage ensembliste, blablabla".
    Or, c'est quoi une formule ensembliste ? C'est un mot écrit avec un nombre fini de symboles fixés au départ, et respectant certaines règles.
    Donc pour définir inductivement la notion de formule tu as besoin de faire de la récurrence sur un ensemble |N donné "a priori".
    Mais on peut quand même aller un peu plus loin : une fois énoncés tous les axiomes (et schémas d'axiomes) de ZF, tu disposes de l'ensemble oméga, et tu peux toujours reconstruire l'ensemble des formules en faisant cette fois ta définition inductive sur oméga.
    Problème : comme tu ne sais pas si oméga est standard ou pas il se peut que certaines de tes formules soient de longueur infiniment grandes "vues de l'extérieur". Auquel cas tu vas désormais travailler dans une théorie ZF+, qui comporte strictement plus d'axiomes que ZF.
    Je crois hélas que ce problème n'a pas de solution satisfaisante.
    Comme tu le dis toi-même, les théorèmes de Gödel ont "flingué" le programme de Hilbert, qui consistait à construire tout l'édifice mathématique (et à démontrer sa cohérence) à partir d'un nombre fini d'axiomes ou de préceptes.
    C'est ainsi.
    Martial
  • Je précise pour 1) qu'ils ne se comportent justement pas comme les entiers de Von Neumann. C'est uniquement sur quelques aspects basiques (exactement les théorèmes de l'arithmétique de Peano) qu'ils se comportent pareil : les théorèmes de Gödel reposent notamment sur ce fait là. Par exemple, il y a des modèles d'entiers qui pensent qu'il existe une preuve finie de l'incohérence de l'arithmétique (si l'arithmétique est cohérente)
    Ensuite pour 2) oui; il faut rajouter un axiome de type "infini". Par exemple, ZF-infini + "non infini" est bi-interprétable avec Peano, et donc ne peut pas prouver sa cohérence (sauf si elles sont incohérentes)
  • Concernant ta question 2 du post http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?16,1663856,1665588#msg-1665588 elle n'est pas vraiment précise.

    (**)La "vraie" théorie mathématique naturelle est contradictoire (et donc nous livre IN :-D, comme et car elle nous livre tout ce qu'on veut), elle est juste une mise en explicite de ce que nous faisons avec les mots, ainsi que notre tendance à abréger.

    (**) Sa contradiction provient du fait que quand tu abrèges par $a$ l'adjectif $x\mapsto non(x(x))$, tu obtiens l'égalité $a(a)=non(a(a))$.

    Les entiers viennent beaucoup plus en aval, comme phénomène émergent dans la théorie légèrement rabotée pour ne pas permettre le "problème" (**). Il n'y a donc rien de fait exprès pour qu'ils aient été découverts (avant ils étaient inventés), puisque dans la théorie bridée, ce sont juste les ordinaux qui ne contiennent que $\emptyset$ comme ordinal limite.

    Le bridage de la théorie naturelle ayant été pas trop méchant, il se trouve que lesdits ordinaux forment un ensemble. Mais en fait, c'est juste que "la collection des entiers" n'a pas été interdite par le bridage, et non que cette collection ait été "inventée ad hoc".
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Christophe, est-ce que tu peux me donner le nom du paradoxe que tu viens de citer?

    Sinon si j'ai bien compris, ce que tu veux dire, c'est que ZFC est une restriction de la théorie naïve des ensembles. ZFC restreint la théorie des ensembles dans le sens où tous les ensembles ne sont plus permis. Dans ce sens, l'axiome de l'infini, veut juste dire que l'ensemble qu'on obtient à partir de l'ensemble vide et l'application de l'opération successeur (l'ensemble des entiers de Von Neuman) peut exister (ctd [c'est-à-dire ?] ne fait pas partie des ensembles bannies). Dans ce sens, pour toi il n y pas eu vraiment de nouveaux axiomes et l'introduction des entiers n'a rien de particulier.

    Mais dans ce cas, Christophe, pourquoi le théorème d'incomplétude de Gödel s'applique du moment qu'un système axiomatique permet de définir une arithmétique et pas avant ? Ça veut dire à mon sens que permettre l'existence de l'ensemble IN introduit des chose bizarres dans la théorie des ensembles. D'un autre côté, il y le problème soulevé par Martial (ctd [c'est-à-dire ?] le fait qu'on a implicitement besoin d'un ensemble "naturel" des entiers rien que pour définir les formules les plus basiques).

    [Inutile de reproduire le message précédent. AD]
  • Je vous remercie tous pour vos réponses. Je comprends mieux le sujet, maintenant.

    J'ai envie de me mettre aux niveau sur cette problématique. J'ai derrière moi une prépa MP et trois années d'école d'ingénieurs.

    Pourriez-vous, s'il vous plait, énumérer pour moi l'ensemble de sujet que je dois étudier pour me mettre au point sur les problématiques de la logique, fondement des mathématiques et l'informatique théorique.

    Je peux moi même en citer quelque uns :

    -Théorie des ensembles ;
    -Logique ;
    -Lambda Calcul ;
    -Automates, etc.

    Mais j'imagine que cette liste n'est pas exhaustive.

    Ce que je voudrais avoir c'est plus un arbre généalogique des sujet relatifs au fondements et l'informatique théorique. Ca me permettra de bien étudier ce sujet.

    Si, possible j'aurais aimé avoir des références bibliographiques pour aborder ces sujets. J'ai une préférence pour les livres qui me permettront d'aborder la problématique dans son contexte historique (par exemple comprendre comment la théorie axiomatique des ensemble naquit du programme de Hilbert et des travaux de Cantor-Frege).

    Je vous remercie, d'avance !
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