Parties et ensembles

Bonjour à tous :-)

Voilà ma question : toute partie d'un ensemble est-elle un ensemble ?
Je pense que oui puisque les objets d'une théorie des ensembles sont exclusivement des ensembles.
Mais dans ce cas, est-ce qu'on ne peut pas simplifier la formulation du schéma d'axiomes de séparation ?
Bizarrement le sujet n'est jamais abordé...

Merci d'avance !

Réponses

  • Moralement oui, mais l'univers peut ne pas voir certaines parties d'un ensemble $x$ donné. Le schéma de compréhension assure que ces parties ne sont pas des parties définissables.
  • @Adrien : par exemple si tu considères une ultrapuissance de l'univers obtenue à partir d'un ultrafiltre non principal sur $\omega$, tu obtiens un modèle non standard de ZFC, c'est-à-dire que le "oméga" de cet univers-là contient des entiers non standard, i.e. qui ne peuvent pas s'obtenir comme un itéré nième de la fonction successeur à partir de 0.
    Du coup la "collection" des entiers non standard de ce $\omega$-là, qui est une partie de $\omega$ au sens intuitif, n'est pas un ensemble, et même pas une classe définissable.
  • Adrien a écrit:
    Mais dans ce cas, est-ce qu'on ne peut pas simplifier la formulation du schéma d'axiomes de séparation ?
    Bizarrement le sujet n'est jamais abordé...

    Peux-tu préciser ta demande? Là on a l'impression que tu dis la chose (étrange) suivante:

    << on est bien d'accord, msieurs-dames, que l'axiome de séparation est vrai, donc, pourquoi a-t-on besoin de le supposer?>>

    Bien sûr je caricature ton propos, mais comprends que ça n'aide pas à te répondre.

    A noter que ce schéma d'axiomes est quand-même (me semble-t-il) plus célèbre sous le nom "schéma d'axiome de compréhension". J'ai dû googler pour voir que c'était la même chose alors que je suis spécialiste de théorie des ensembles.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Merci pour vos réponses, je crois que je commence à comprendre !

    Donc il peut y avoir des pseudo-parties d'un ensemble qui ne sont pas des ensembles, mais comme elles ne sont même pas définissables (à l'aide d'un prédicat), cela ne pose pas de problème à la théorie, c'est ça ?
    Mais donc si on a un ensemble E (par exemple IR) possédant des pseudo-parties qui ne sont pas des ensembles, alors l'ensemble P(E) comprend des éléments qui ne sont pas des ensembles ?
    Là, ça ne pose pas de problème ?

    Au passage, j'aurais peut-être dû préciser que je suis en bac+1, car à vrai dire je n'ai pas tout à fait compris l'exemple de Martial ::o

    Mais je me demande maintenant si l'axiome du choix peut fournir une de ces pseudo-parties...
    En fait, on ne peut pas savoir quelles pseudo-parties sont de vraies parties en raison de cet axiome, non ?

    J'espère que je ne dis pas trop de bêtises !
  • Désolé christophe c si je ne suis pas clair ^^'
    En fait je me demandais si le schéma d'axiomes de compréhension pouvait s'énoncer "toute partie d'un ensemble est un ensemble" ou si c'est rajouter des axiomes ou des théorèmes que l'on peut démontrer.
    Ah et pour le terme "séparation" j'avais lu ça plusieurs fois sur wikipédia, je pensais que c'était répandu.
  • En fait je me demandais si le schéma d'axiomes de compréhension pouvait s'énoncer "toute partie d'un ensemble est un ensemble"

    Ca ne veut rien dire et tous les objets mathématiques sont des ensembles. Donc non. Le mot "partie" vient après le mot "ensemble", on a juste créé une abréviation :

    <<a est une partie de b>> est une abréviation de << tous les éléments de a sont des éléments de b>>

    Du coup, ce que tu dis, c'est comme si tu disais tout ensemble qui est inclus dans un ensemble est un ensemble.

    Les maths c'est beaucoup plus simple que ça:

    On a décidé que tout objet mathématique s'appelle un ensemble (raisons à détailler, mais ce n'est pas ton problème)

    Ayant dit ça, on n'a rien dit, il fallait donc des axiomes pour travailler. Ces axiomes affirment ce qu'on attend des ensembles. Par exemple, on attend qu'il y a un ensemble vide, donc un axiome ou un théorème va dire qu'il y a un ensemble vide. On attend qu'ayant $a$, il y a un ensemble qui soit $\{a\}$, donc un axiome ou un théorème qui dit il existe x$ tel que tout élément de $x$ vaut $a$ et $a$ est un élément de $x$.

    Etc, etc.

    Quand tu as une phrase $A$ avec une lettre $x$ dedans, et que tu as un ensemble $b$ tu as un axiome qui dit que $\{x\mid x\in b$ et $A \}$ existe.

    Si tu veux, on aurait pu, mais on ne l'a pas fait, prendre la notation avec les crochets et dire la chose suivante:

    $$\forall t: [(t\in \{x\mid Phrase(x)\})\iff (Phrase(t))]$$

    du coup, on a plutôt privilégié d'affirmer un certain nombre d'axiomes faisant que ces $\{x\mid blabla\}$ existent.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Merci pour votre réponse. Effectivement, dans la définition d'une partie, on exige que ce soit un ensemble...
    Je change donc ma question.
    Une collection d'objets dont tous les éléments sont éléments d'un ensemble est-elle un ensemble ? Si oui, cet ensemble peut-il être décrit par un prédicat ?
    (Alors certes, je ne suis plus en théorie des ensembles mais en théorie des classes...)

    Le schéma de compréhension (ou même celui de remplacement) n'est-il pas trop restreint ?

    Est-ce qu'il n'y aurait pas par exemple des pseudo-parties de IR (des classes dont les éléments sont dans IR) impossibles à décrire ?

    En fait j'ai l'impression que pour prouver qu'une classe est un ensemble, on doit pouvoir la décrire, mais si l'on ne peut pas, alors ce n'est pas un ensemble ?

    Merci de m'éclairer :-)
  • Non pas forcément. Mais tu prends le problème à l'envers. L'axiome demande qu'AU MOINS celles qui sont définissables soient des ensembles. Il se trouve juste que comme on parle il n'est pas possible d'écrire un axiome qui concerne quelque chose qu'il est impossible d'évoquer avec des mots. Mais par la suite on a découvert que c'était largement très puissant déjà. Au ne limitation n'est volontaire . Elles sont toutes "subies"

    De mon téléphone
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • D'accord, je vois.
    Merci bien !
  • @Christophe : au sujet du schéma de "séparation".
    Effectivement, certains auteurs privilégient ce terme.
    En général ils commencent par démontrer que le schéma de compréhension global (celui qui dit que pour toute propriété P il existe un ensemble dont les éléments sont exactement les trucs tels que P(x)) est contradictoire, puis ils annoncent qu'on va maintenant utiliser un schéma de compréhension "restreint", celui qui impose que tous les x se baladent dans un ensemble A préexistant.
    Du coup la propriété P "sépare" les éléments de A en 2 catégories, ceux qui vérifient P(x) et les autres.

    @Adrien : Tu as bien fait de ne pas dire que tu étais en bac +1, sinon je ne t'aurais pas parlé d'ultrafiltres, et c'eût été dommage.
    Mais une simple recherche google devrait te permettre d'en apprendre un peu plus.
    En tapant "théorème de Los" tu découvriras ce qu'est une ultrapuissance, et tu comprendras pourquoi ça vérifie les mêmes énoncés au 1er ordre que le modèle de départ.
  • Merci Martial!
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Adrien : Soit $U$ un ensemble muni d'une relation binaire $\epsilon$. On appelle les éléments de $U$ des zensembles (avec un z). Si $V$ est une partie de $U$ (c'est-à-dire que $V$ est un ensemble, dont tous les éléments sont éléments de $U$), on dit que $V$ peut être vu comme un zensemble s'il existe $v$ tel que pour tout $a\in U$, $a \in V$ si et seulement si $a\epsilon v$.

    On suppose l'axiome de zcompréhension qui dit que pour toute phrase $P$ qui s'écrit avec des $\forall$, $\exists$, $\epsilon$ et avec une variable libre $x$, et pour tout $b \in U$, l'ensemble des $a \in U$ tels que $P(a)$ et tels que $a \epsilon b$ peut être vu comme un zensemble. On le note $\{a\epsilon b \ \vert \ P(a)\}_z$.

    Alors démontrons que la partie $U$ ne peut pas être vue comme un zensemble.

    Supposons le contraire. Alors il existe $u$ tel que pour tout $a \in U$, $a \epsilon u$. Posons à présent $c := \{a \epsilon u\ \vert \ non( a \epsilon a)\}_z$. $c$ est un zensemble d'après l'axiome de zcompréhension.
    A-t-on $c \epsilon c$ ? Si oui, alors $non(c \epsilon c)$, ce qui est absurde. Et sinon, c'est que $c \epsilon c$, ce qui est absurde aussi.

    Bref, la morale de l'histoire c'est que du point de vue de $U$, $U$ n'est pas un zensemble (et j'ai même envie de dire que $U$ n'est pas vu, du point de vue de $U$, comme un vrai objet mathématique). Par contre, de notre point de vue, $U$ est bien un ensemble. C'est un peu une histoire de poupées russes !

    En tout cas, à chaque fois que tu lis ou entends "partie de", il faut traduire par "ensemble dont tous les éléments sont dans", sauf éventuellement si tu suis un cours de théorie des ensembles où parfois, il est implicite que "partie" ou "ensemble" désignent des choses dans la grosse poupée russe ou dans la petite, et dans ce cas il faut prendre des précautions.
  • Attention Georges, tu confonds le problème des classes propres et celui des parties "manquantes"; ça n'a pas grand chose à voir.

    Avec un peu plus de bagage, l'exemple de Martial, mais aussi des exemples donnés par le forcing montrent que la réponse qu'Adrien attend sûrement est "non", moralement. Au sens où, en reprenant les conventions de Georges, il est parfaitement possible que $U$ se comporte exactement comme un univers des ensembles, et $x\in U$, il y ait des ensembles $y$ tels que pour tout $z\in y, z\in U$ et $z\epsilon x$ (donc $y$ est inclus dans $x$), mais tel que $y$ ne soit pas un zensemble, i.e. $y\notin U$. Cela revient à dire qu'il manque à $U$ des parties de $x$; $U$ ne voit pas toutes les parties de $x$: certaines parties d'un zensemble ne sont pas des zensembles (EDIT : enfin mieux, tel que il n'existe pas de $\tilde{y}\in U$ tel que pour tout $z\in U, z\epsilon \tilde{y}\iff z\in y$)

    En fait ce que le forcing nous dit d'un certain point de vue, c'est que ça arrive toujours. J'ai l'impression que c'est plus ça qu'Adrien veut entendre
  • @Max : Ben vu que je ne connais pas assez le forcing, j'ai voulu montrer ma culture autrement :-D Sérieusement, je suis si loin de la plaque ? Je trouvais que ça faisait un exemple simple de "truc qui n'existe pas mais que si on prend du recul on peut tout à fait dire qu'il existe".
  • Bah ça correspond à ce que t'as mis entre-guillemets; mais la non existence du machin en question n'a pas la même raison : la non existence de $U$ du point de vue de $U$ c'est une impossibilité logique, pas juste un "il s'avère que". Alors que le manque de parties d'un ensemble qui est dans l'univers (par exemple de parties de $\omega$) est un "il s'avère que ces parties ne sont pas dans l'univers mais on peut éventuellement les rajouter"

    Et aussi, la non existence de l'univers (du point de vue de l'univers) n'est pas la non existence d'une partie d'un élément de l'univers
  • Ok. Bon ben cet été je vais essayer d'apprendre le forcing !
  • Tu n'as pas besoin du forcing pour comprendre l'idée, tu peux commencer par regarder l'exemple de Martial pour voir des "parties manquantes"
  • Adrien étant en L1, j'ai plutôt l'impression que ses interrogations sont un peu langagières (il se demandait pourquoi prendre en axiome un truc intuitivement vrai :-D ) , même si bien sûr, on voit le sentiment platoniciennement désagréable qu'il y a à se dire qu'on ne dispose de rien du tout dans le langage ne serait-ce que pour "faire le voeu" que P(IN) soit plein (c'est la terminologie traidtionnelle)

    Bon, cela dit, le forcing n'est pas l'idéal pour un platonicien, car il va dans l'autre sens (il dit "cherchez pas, c'est jamais plein") et en plus il y va exagérément (et pour réussir ça, il prend toujours exprès le mauvais chemin, par exemple si tu forces sur l'ordre des énoncés du langage de Peano ordonné par implication prouvable par Peano, il ne proposera JAMAIS RIEN d'autre que des modèles de l'arithmétique ayant des entiers infinis)

    Un classique, c'est plutôt de dire que l'ensemble des réels définissables avec des mots est une partie dénombrables de IR que l'univers ne force pas à exister tout seul.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @Christophe :
    "Un classique, c'est plutôt de dire que l'ensemble des réels définissables avec des mots est une partie dénombrables de IR"
    Jusque là je te suis.

    "que l'univers ne force pas à exister tout seul".
    Qu'est-ce que tu entends par là exactement ?

    Bonne nuit

    Martial
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