Quasi-intersection infinie

Bonjour à tous,
Soient $x$ et $y$ 2 parties infinies de $\omega$.
On dit que $x$ est presque inclus dans $y$ si $x-y$ est fini.
Soient maintenant $F$ une famille de parties infinies de $\omega$, et $x$ une partie infinie.
On dit que $x$ est une quasi-intersection de $F$ si $x$ est presque inclus dans $X$ pour tout élément $X$ de la famille $F$.

Exercice : Montrer que si $U$ est un ultrafiltre non principal sur $\omega$, alors $U$ n'a pas de quasi-intersection infinie.

Ça doit être trivial, mais je n'arrive pas à démarrer.

Merci d'avance

Martial

Réponses

  • Soit $A$ une partie infinie de $\omega$ et $\mathcal U$ un ultrafiltre non principal sur $\omega$ tel que pour tout $M\in \mathcal U$, $A\backslash M$ est fini.
    Pour tous $X\in \mathcal U$, $A=(A \cap X) \cup (A \backslash X)$ et donc $A \cap X$ est de complémentaire fini dans $A$. Comme $A$ est infini, l'ensemble des parties de $A$ de complémentaire fini dans $A$ est contenu dans un ultrafiltre de $A$ qu'on va noter $\mathcal V$. L'ensemble $\mathcal F$ des parties $E$ de $\omega$ telles que $E\cap A \in \mathcal V$ est alors un filtre contenant $\mathcal U$, mais aussi tous les éléments de $\mathcal V$. Ainsi, $\mathcal F = \mathcal U$ et $\mathcal V\subseteq \mathcal U$. Donc pour tout $V\in \mathcal V$, $A\backslash V$ est fini et donc l'ensemble des parties cofinies de $A$ est un ultrafiltre de $A$ (ce qui est faux car il existe des parties infinies de $A$ de complémentaire infini).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Merci bien, Foys.
    Finalement c'était moins trivial que ce que j'imaginais.
    Mon but était de donner un contre-exemple au fait qu'il peut exister des familles de parties infinies de $\omega$, ayant la puissance du continu, vérifiant la pif et n'ayant pas de quasi-intersection infinie.
    Cela montre au passage que l'invariant cardinal traditionnellement noté $\mathfrak{p}$ existe, et qu'il est inférieur ou égal à $2^{\aleph_{0}}$.
    Encore merci pour ton aide
  • @Martial si À est presque inclus dans son complémentaire c'edt fini et sinon il est dans ton ultrafiltre et tu le partionnes en deux parties infinies pour une contradiction de mon téléphone du métro
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Bonjour,

    Tu as un téléphone du métro qui est contradictoire ?
    Il faut décrypter !!

    Cordialement,

    Rescassol
  • ;-D :-D Merci Rescassol, je réécris ça bien, car je viens d'arriver sur mon pc. Je voulais bien entendu dire "envoyé de mon téléphone, et en plus dans la cohue du métro".

    Soit $E$ un ensemble infini $W$ un ultrafiltre non principal sur $E$ et $A$ une partie infinie de $E$.

    Soient $\{P_1,P_2\}$ une partition en deux parties infinies de $A$. Tu as donc la partition $L:=\{P_1,P_2, E\setminus A\}$ de $E$ en trois éléments.

    $A$ n'est presque inclus dans aucun de ces 3 éléments, et pourtant $W$ en contient un des 3 comme éléments.


    Je pense que Martial sera content (et qu'il l'aurait été même avec la preuve d'une ligne précédente, il avait probablement oublié l'intersection non vide entre $L$ et $W$, ce sont des choses qui arrivent)

    edit: j'imagine que foys a écrit la même chose avec un peu plus de "signes futuristes" :-D , je n'ai pas trop le temps de lire en détails, je lui fais confiance, c'est un grand homme ;-).
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @Rescassol : mdr !

    @Christophe : Joli !
    En fait j'avais tout simplement oublié que si une réunion finie de machins est dans un ultrafiltre, alors au moins l'un des machins est dans l'ultrafiltre.

    Foys est effectivement un grand homme, mais sa preuve n'est pas la même que la tienne. Il utilise la maximalité de l'ultrafiltre, alors que tu utilises de façon cruciale le fait que si un truc n'est pas dans l'ultrafiltre, alors son complémentaire y est.

    Mais les deux preuves sont instructives, je vais me coucher moins c... que je ne me suis levé
  • @Christophe : plus j'y pense et plus je trouve ta preuve percutante. C'est souvent comme ça : c'est simple comme bonjour, mais encore fallait-il y penser...
  • @Martial: j'ai 5mn pour en profiter pour faire quelques commentaires, car il n'y a pas de magie. La "courtitude" de ma preuve vient de points*** soigneusement planqués (plus précisément admis), car je te connais et que nous avons fait les Go et Millault à quelques reprises.

    La "longuitude" :-D de la preuve de foys vient de sa de plus en plu systématique volonté de produire des preuves qui passeraient le péage des vérifieurs automatiques logiciels.

    Pour les béotiens, je rappelle ce que sont filtres et ultrafiltres (sans preuve).

    Soit $E$ un ensemble et $F$ une partie de $E$.

    $<<F$ est un filtre$>>$ abrège $<<$ toute intersection finie d'éléments de $F$ est un élément de $F$ et pour tous X,Y si X est dans $F$ et X inclus dans Y alors Y est dans $F>>$

    $<<F$ est un ulfiltre$>>$ abrège $<<F$ est un filtre, il ne contient pas l'ensemble vide comme élément et tout filtre qui le contient strictement contient l'ensemble vide comme élément$>>$


    On a le théorème (quasi-évident) que: $F$ est un ultrafiltre ssi en plus d'être un filtre, il rencontre toute partition finie de $E$

    [small]*** par exemple l'existence d'une partition de $A$ en deux parties infinies, l'admission de ce que je sais que tu sais (si on te le rappelle en 1/10 de seconde) sur les ultrafiltres.[/small]
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @Christophe : merci pour ces précisions.

    J'en profite pour préciser qqch pour les néophytes.
    Le fait qu'on puisse partitionner n'importe quel ensemble infini $A$ en 2 parties infinies est certes trivial, mais suppose l'axiome du choix dénombrable (ce qui ne pose pas de problème ici, puisque quand on parle d'ultrafiltres on suppose toujours AC "plein pot", sinon on ne peut rien faire).
    En effet, on utilise $AC_{\omega}$ pour prouver que tout ensemble infini contient une copie de $\omega$. (La question de la réciproque étant a priori un problème ouvert, c'est la question 1081 ou 1082 posée par Christophe dans un autre fil).
    Une fois qu'on sait ça le résultat est trivial : on partitionne $\omega$ entre pairs et impairs, on transpose ça dans $A$ via l'injection, et on fourre les éléments du complémentaire là où ils veulent bien aller.
  • @Martial: sans AC (général ou dénombrable) que veut dire "infini"?

    Dans ZF vanille: si $A$ est un ensemble tel qu'il existe $f:A\to A$ injective mais non surjective, on considère $i\in A \backslash f(A)$ et on définit par récurrence $x_0:=i$ et $x_{n+1}:=f(x_n)$. Alors $x$ est injective.
    (soit $m:=\min \{p\in \N \mid \exists q> p; x_p = x_q\}$; soit $p$ tel que $m<p$ et $x_m=x_p$; alors $p>0$ donc soit $n\in \N$ tel que $n+1=p$, i.e. $f(x_n)=x_p=x_m$. Alors $m\neq 0$ car $x_0=i\notin f(A)$. Donc $m=r+1$ avec $r\in \N$; donc $f(x_r)=x_{r+1} = x_m = x_p = f(x_n)$. Donc par injectivité de $f$, $x_r=x_n$ avec $r<m$ et $r<n$ ce qui contredit la minimalité de $m$)

    On a donc $B:= \{x_{2n} \mid n \in \N\}$ et $A\backslash B$ (contenant $\{x_{2n+1} \mid n \in \N \}$) partition en ensembles infinis.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • @Foys : je suis d'accord avec toi (je suppose que ZF vanille désigne ZF sans aucune forme de choix).
    Mais là tu prends comme définition : un ensemble $A$ est fini si toute injection de $A$ dans $A$ est bijective, et infini dans le cas contraire (c'est la définition de Dedekind, à peu de choses près).

    Moi j'appelle ensemble infini un ensemble qui ne peut pas être mis en bijection avec un entier (c'est la tradition de ZF).

    Et justement, modulo AC-dénombrable, les deux définitions sont équivalentes.

    Donc il n'y a pas de souci, il suffit de se mettre d'accord sur la terminologie.
  • D'accord. Cela étant, pour un ensemble $X$ muni d'un bon ordre, ces deux définitions vont être équivalentes sous ZF (car $\N$ s'injecte dans $X$ ou bien $X$ s'injecte sur un segment initial strict de $\N$ i.e un ordinal fini). C'est ce qui se passe dans le présent fil pour une partie $A$ de $\omega$ sauf erreur d'interprétation (si $\omega = \N$).
    Au passage ma preuve utilise AC (en fait: le théorème d'existence des ultrafiltres plus fins qu'un filtre donné), celle de Christophe non (il se contente de partitionner l'ensemble de départ).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Sous le même thème, on peut poser des questions qui me semblent nettement plus difficile.

    Tout d'abord, les 2 choses suivantes sont triviales: une famille disjointe de parties de IN est dénombrable. Une famille presque disjointe (l'intersection de deux membres est finie) peut très bien avoir le cardinal de IN^IN, comme le montre l'ensemble des ensembles de débuts de mots infinis (composés de 0 et de 1).

    Entre les deux, il y a, pour chaque entier $k$, la question de construire de grosses familles d'ensembles inclus dans IN dont l'intersection 2 à 2 des membres ont un cardinal $\leq k$. Dans le passé j'ai surement lu des trucs là dessus, mais j'ai oublié les réponses. Même avec $k:=1$.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Soit $n$ est un entier et $\mathcal X$ un ensemble de parties de $\N$ telles que pour tous $F,G$ distincts dans $\mathcal X$, alors $F\cap G$ a au plus $n$ éléments. Montrons que $\mathcal X$ est dénombrable par récurrence sur $n$.

    Si $n=0$ On va dire qu'on sait faire (voir posts plus haut).
    Si $n\geq 1$, soit $\mathcal F$ l'ensemble des parties finies non vides(*) de $\N$.
    Alors $\mathcal F$ est au plus dénombrable; si $A\in \mathcal F$, soit $\mathcal X_A:= \{B \in \mathcal X \mid A\subseteq B\}$. Alors $\mathcal X \subseteq \{\emptyset\} \cup \bigcup_{A \in \mathcal F} \mathcal X_A$. Il suffit donc de montrer que pour tout $A\in \mathcal F$, $\mathcal X_A$ est au plus dénombrable.
    Soit donc $B$ dans $\mathcal F$. Soit $y\in B$ par (*). Alors pour tous $F,G \in \mathcal X_B$, $(F\backslash \{y \}) \cap (G\backslash \{y \})$ est de cardinal inférieur à $n-1$. Donc $\left ( H\backslash \{y \}\right )_{H \in \mathcal X_B}$ est au plus dénombrable (par hypothèse de récurrence). Donc $\mathcal X_B$ est au plus dénombrable et le résultat visé suit puisque $F \in \mathcal X_B \mapsto F \backslash \{y\}$ est injective (pour tout $K\in \mathcal X_B$, $B\subseteq K$ donc $y\in K$ donc $K = (K\backslash \{y\}) \cup \{y\}$).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • On peut améliorer cette preuve (virer $\mathcal F$ et dire que $\mathcal X \subseteq \{\emptyset\} \cup \bigcup_{p\in \N} \mathcal Y_p$ où $\mathcal Y_p = \{F\in \mathcal X \mid p \in F\}$).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Super FOYS a parlé !!!!! ;-)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @Christophe et Foys : ma rolepa ! J'étais sur le point de demander à la communauté une référence sur la question de Christophe, et Foys m'a coupé l'herbe sous les pieds.
    J'avoue que j'ai un peu du mal avec ces trucs hyper-combinatoires.
    Déjà que j'ai du mal avec les invariants cardinaux, j'ai compris (à peu près) a, b, p et t (j'ai la rame de mettre les lettres en gothique, mais tlm a compris). Je crois que je vais temporiser pour les autres, il paraît qu'il y en a plus que de lettres de l'alphabet.
  • D'une manière générale, à moins que foys ne nous sidère d'un coup, je pense qu'étant donné trois cardinaux $a,b,c$, l'énoncé suivant $R(a,b,c):=$

    il existe une partie $X$ de $P(b)$ telle que $card(X)=c$ et $\forall u,v$ dans $X$ qui sont distincts, $card(u\cap v)< a$

    n'est pas très facile à décider. Par exemple, prendre $(a,b,c) := (\omega_0, \omega_1, \omega_2)$.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • christophe c a écrit:
    D'une manière générale, à moins que foys ne nous sidère d'un coup,
    Je ne suis pas du tout disponible ce week-end ...
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • @Foys : "Je ne suis pas du tout disponible ce week-end ..."

    OK, permission accordée.
    Réponse détaillée souhaitée au plus tard le 31 janvier.

    P.S. : Je plaisante, oeuf corse
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