"Power set axiom"

Bonjour,

J'étudie actuellement le chapitre "Set theory" des cours d'analyse de Terence Tao.
Parmi les exercices, figure notamment celui-ci :
Terence Tao a écrit:
Prove lemma 3.4.9. (Hint: start with the set $\{0,1\}^X$ and apply the replacement axiom, replacing each function $f$ with the object $f^{-1}(\{1\})$.)

Clarifions les choses. :-D Dans son chapitre, Tao propose une version (visiblement présentée de façon pas totalement classique) de l'axiomatique de ZFC. Il énonce notamment :
Terence Tao a écrit:
Replacement axiom. Let $A$ be a set. For any object $x \in A$, and any object $y$, suppose we have a statement $P(x,y)$ pertaining to $x$ and $y$, such that for each $x \in A$ there is at most one $y$ for which $P(x,y)$ is true. Then there exists a set $\{y \; | \; P(x,y) \text{ is true for some } x \in A\}$, such that for any object $z$,
\[ z \in \{y \; | \; P(x,y) \text{ is true for some } x \in A\} \Longleftrightarrow P(x,z) \text{ is true for some } x \in A\]

Power set axiom. Let $X$ and $Y$ be sets. There there exists a set, denoted $Y^X$, which consists of all the function from $X$ to $Y$:
\[f \in Y^X \Longleftrightarrow (f \text{ is a function from $X$ to $Y$}\}\]

Lemma 3.4.9. Let $X$ be a set. Then the set $\{Y \; | \; Y \text{ is a subset of X}\}$ is a set.

Le but est donc de prouver ce dernier lemme à partir des deux axiomes précédents. (Comme tous les exercices du chapitre de Tao,) c'est intuitivement évident, mais pas si simple à écrire. Est-ce que la démarche suivante vous semble correcte, et est-ce qu'elle peut être améliorée ?

1. On considère un ensemble $X$, et $Y = \{0,1\}$. Par le "power set axiom", $\{0,1\}^X$ est bien un ensemble, et contient l'ensemble des fonctions $f : X \rightarrow \{0,1\}$.

2. Soit $A$ une partie quelconque de $X$ : on peut définir la fonction $f_A : X \rightarrow \{0,1\}$ telle que pour tout $x \in X$, $f(x) = 1$ si $x \in A$, et $f(x)=0$ sinon. Mieux :
  • Si $A$ est une partie de $X$, il existe un élément $f \in \{0,1\}^X$ tel que $A = f^{-1}(\{1\})$ : c'est précisément $f_A$.
  • Réciproquement, si $f \in \{0,1\}^X$, alors $f^{-1}(\{1\})$ est par définition une partie de $X$.
Ainsi, les deux assertions « $A$ est une partie de $X$ », et « il existe $f \in \{0,1\}^X$ telle que $A = f^{-1}(\{1\})$ » sont équivalentes.

3. Soit $A \subset X$ et $f \in \{0,1\}^X$. On appelle $P(f,A)$ l'assertion "$A = f^{-1}(\{1\})$". Pour chaque $f$, il y a bien au plus un $A$ (en fait, exactement un $A$) tel que $P(f,A)$ soit vraie. Alors, par l'axiome du remplacement, il existe un ensemble :
\[\mathcal{P} = \{A \; | \; A = f^{-1}(\{1\}) \text{ pour une certaine } f \in \{0,1\}^X\}\]
Et, d'après l'équivalence démontrée en 2. :
\[ \mathcal{P} = \{A \; | \; A \text{ est une partie de } X\} \]
est un ensemble bien définie, ce que l'on voulait démontrer.

Is this correct?

Merci !

Réponses

  • Répondre à "est-ce correct ?" dépend un peu de ce que Tao a fait avant dans le livre (comment sont ses définitions etc. - surtout si tu dis que c'est non-classique).
    Mais en principe oui, ta preuve est correcte.
  • Merci ! (tu)
  • Bonsoir,

    @Milamber : il n'y a rien qui te choque dans la formulation du lemme 3.4.9. ? Voudrais-tu revoir ta preuve du 2, s'il te plait ?

    Cordialement,

    Thierry
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Bonjour,
    Effectivement, je me suis fait la même remarque pour la formulation du lemme par Tao (si on parle bien de la même chose) : "the set [bidule] is a set", c'est curieusement tourné.
    Qu'est-ce qui te parait incorrect dans la preuve du 2. ? (Je relis, mais je ne vois pas de problème évident)
  • Bonjour,

    Je suis heureux que tu aies relevé ce qui ne va pas, ce qui ne tiens pas la route. Comment le formulerais-tu autrement ?

    Tu écris :
    Ainsi, les deux assertions « $A$ est une partie de $X$ », et « il existe $f \in \{0,1\}^X$ telle que $A = f^{-1}(\{1\})$ » sont équivalentes.
    Penses-tu que ta démonstration soit, à ce point, complète pour affirmer ce qui précède ? Du point de vue métamathématique, il manque quelque-chose dans ta démonstration qui peut faire toute la différence, au point de convaincre un mec aussi chiant que moi (il en existe d'autres :)).

    Cordialement,

    Thierry
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Merci pour ton retour !

    Pour la formulation du lemme... j'imagine qu'on pourrait dire quelque chose du genre « Soit $X$ un ensemble. Alors il existe un ensemble $P$ formé par la collection (je n'ose pas répéter l'ensemble, justement) des parties de $X$, i.e. $P = \{Y \: : \; Y \text{ est une partie de X }\}$ est un ensemble. » ?

    Pour le point 2., ce n'est pas loin d'être une colle... Tu veux peut-être parler de l'unicité de $f_A$, ou en tout cas d'une histoire d'unicité ?
    (En fait c'est une démonstration un peu piégeuse, puisqu'on y établit sans le dire une bijection entre l'ensemble des parties de $X$ et l'ensemble $\{0,1\}^X$... sauf que justement, on ne peut pas le dire comme ça puisqu'on ne sait pas encore que l'ensemble des parties de $X$ est un ensemble. En me relisant, j'imagine effectivement qu'il faut causer de l'unicité, sans quoi les deux ensembles pourraient avoir des nombres d'éléments différents. Mais je me plante peut-être totalement. :-D)
  • La meilleure manière de le reformuler est certainement "il existe un ensemble dont les éléments sont exactement les parties de $X$".

    Pour la suite, je ne suis pas sûr de ce qu'entend Thierry, en principe tu n'as pas à montrer l'unicité de $f_A$ puisque tu appliques le schéma de remplacement. J'attends de voir ce qu'il racontera.
  • Bonjour,

    Je reprends ton texte légèrement modifié.

    Soit $X$ un ensemble. Pour toute partie $P$ de $X$, la fonction $1_P$ définie par\[1_P(x)=\left\{\begin{array}{llllll}1&\text{si }x\in{}P\\0&\text{sinon.}\\\end{array}\right.\]quel que soit $x\in{X}$, appartient clairement à $\{0,1\}^X$. Cela dit, soit $A$ un ensemble.
    • Supposons que $A$ soit une partie de $X$. D'après ce qui précède, il est clair que $A=1_A^{-1}(\{1\})$, avec $1_A\in\{0,1\}^X$, de sorte que l'existence de $f \in \{0,1\}^X$ telle que $A = f^{-1}(\{1\})$ est bien assurée.
    • Réciproquement, supposons l'existence de $f \in \{0,1\}^X$ telle que $A=f^{-1}(\{1\})$. Par définition de $f$, $A$ est bien une partie de $X$.
    Ainsi les deux assertions « $A$ est une partie de $X$ » et « il existe $f \in \{0,1\}^X$ telle que $A = f^{-1}(\{1\})$ » sont-elles bien équivalentes.

    Vois-tu ?

    Bien cordialement,

    Thierry
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • C'est subtil, mais je vois effectivement ! ;-) Merci pour la remarque !
  • Moi je ne vois pas, je veux bien une explication ...
    À part si c'est un point de rédaction (qui me semble peu nécessaire à ce stade) :-S
  • Bonjour Maxtimax,

    J'espère que tu vas bien. Je te rappelle ce que l'initiateur voulait prouver, à savoir l'équivalence des assertions « $A$ est une partie de $X$ » et « il existe $f \in \{0,1\}^X$ telle que $A = f^{-1}(\{1\})$ », la lettre $A$ figurant dans chacune d'elles. Je te propose à présent la partie du raisonnement de l'initiateur qui m'intéresse :
    1. Si $A$ est une partie de $X$, il existe un élément $f \in \{0,1\}^X$ tel que $A = f^{-1}(\{1\})$ : c'est précisément $f_A$.
    2. Réciproquement, si $f \in \{0,1\}^X$, alors $f^{-1}(\{1\})$ est par définition une partie de $X$.

    Maxtimax, voudrais-tu me dire en quoi (II.) impliquerait « $A$ est une partie de $X$ » ? Ce n'est pas comme si l’initiateur avait écrit ceci : si $f \in \{0,1\}^X$, alors $A=f^{-1}(\{1\})$ est par définition une partie de $X$.

    Bien cordialement,

    Thierry
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Oui donc c'était bien une question de rédaction ok, à Milamber de voir si c'est quelque chose qui l'intéresse.
    A noter qu'en maths, les arguments sont très rarement complets - en particulier la lectrice doit combler quelques trous (et c'est pour ça qu'un même argument sera présenté différemment à des audiences différentes). Ici, le texte de Milamber était (à mon sens) tout à fait clair
  • @Maxtimax : le texte rédigé par Milamber était clair, mais explicitement incomplet. Contrairement à ce que tu affirmes, ce n'est ni à un lecteur, ni à une lectrice, ni à moi de combler les trous. Serait-ce une nouvelle façon de "faire des maths" (sic) ?
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Bien sûr que si, c'est comme ça qu'on fait des maths depuis tout le temps. La quasi-totalité des textes deaths sont incomplets.
    Sinon j'attends encore que tu m'écrives un texte formel et complet pour l'énoncé en question :-D
  • @Maxtimax : là, je suis complètement largué. C'est quoi un "texte death" ? :-S
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Thierry Poma a écrit:
    Maxtimax, voudrais-tu me dire en quoi (II.) impliquerait "$A$ est une partie de $X$" ?

    Qui a dit que (II.) impliquerait "$A$ est une partie de $X$" ?!
    Ce qu'on veut, c'est que (II.) montre que l'assertion "il existe $f \in \{ 0, 1 \}^X$ telle que $A=f^{-1}(\{ 1\})$" implique l'assertion "$A$ est une partie de $X$", et tel est bien le cas.
  • De maths* pardon pour la coquille.
  • Thierry: ta position me parait difficilement tenable. Tout texte de mathématiques a des imprécisions, des points de détails laissés (explicitement ou, comme dans ce cas, implicitement) au lecteur. Même Bourbaki fait ça (par exemple, en laissant des corollaires sans preuve, laissant au lecteur le soin de faire le lien avec les énoncés précédents). Je pense que les quelques membres du collectif (je compte au moins trois médaillés Fields) seraient ravis d'apprendre qu'ils ne font pas des maths.
  • @Chat-maths : c'est vraiment mal me connaître que d'écrire ce que tu écris concernant le collectif Bourbaki et son traité de Mathématique. Ceux qui me connaissent savent ce que j'en pense réellement. D'autre part, ce que tu évoques n'a rien à voir avec ce que j'ai écrit plus haut. Je préfère ne pas m'étendre trop longtemps sur le sujet.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Effectivement, je ne te connais pas ni ce que tu penses de Bourbaki, désolé si j'ai insinué que tu penses autre chose que ce que tu en pense.

    Je réagissais simplement à ta remarque comme quoi ce n'est jamais au lecteur de parfois avoir à combler les trous d'un texte mathématique: si dans un monde idéal où tous les textes mathématiques sont parfait et complets c'est peut-être vrai, la réalité est autre, et c'est je pense que c'est ce que Maxtimax entend lorsqu'il dit que c'est toujours comme cela qu'on a fait des maths.

    Je pense aussi qu'il n'est pas utile de plus s'étendre là dessus et je te propose d'en rester là.
  • Chat-maths a écrit:
    Thierry: ta position me parait difficilement tenable. Tout texte de mathématiques a des imprécisions, des points de détails laissés (explicitement ou, comme dans ce cas, implicitement) au lecteur. Même Bourbaki fait ça (par exemple, en laissant des corollaires sans preuve, laissant au lecteur le soin de faire le lien avec les énoncés précédents).
    Absolument tout est justifié dans Bourbaki sauf des trivialités que le lecteur peut combler lui-même.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
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