1er théorème d'incomplétude et dictionnaire

Il est évident que dans un dictionnaire, il existe au moins un mot dont on ne peut donner la définition. N'y a-t-il pas une grande similitude avec le 1er théorème d'incomplétude de Godel ?
Cordialement.
Jean-Louis.

Réponses

  • Salut Jean-Louis,

    Je vois ce que tu veux dire mais non, ça c'est le paradoxe de Berry : aussi gros que soit un dictionnaire il y aura toujours au moins un entier qui n'est pas définissable en moins de 40 mots.
    Soit $n$ le plus petit tel entier.
    $n$ est donc "le plus petit entier qui n'est pas définissable en moins de 40 mots".
    Et cette phrase définit parfaitement $n$...
  • Non, le théorème que tu évoques n'a jamais eu d'audience historique et relève de la philosophie. Cr'est celui qui dit:

    "même si T me donne une preuve de la consistance de T, je ne pourrai pas en être convaincu"

    Cet argument, parfaitement valable, n'a hélas, par sa subtilité pas passé le niveau de bruit de l'époque. Et pas longtemps au même moment, Godel découvrait la même chose à haut bruit, à savoir

    "si T me donne une preuve de la consistance de T, je sais même carrément que T est contradictoire"

    Il existe une même différence entre le fait que tout jeu est déterminé prouvé par:

    à chaque coup $x$, la stratégie $f_x$ qui le bat en répondant $f_x(x)$ me donne en fait une seule et même stratégie

    $$g: x\mapsto f_x(x) $$

    qui bat tout le monde, donc "philosophiquement", je sais que je ne recontrerai jamais de jeu non déterminé


    plutôt que prouvé par les différentes preuves habituelles bien connues

    :-D j'en sais quelque chose puisque j'ai prouvé seul Godel sans savoir que ça existait et prouvé d'autres trucs en utilisant la philosophie pour intuiter puis en cherchant "techniquement" une preuve formelle SEULEMENT ENSUITE (les passages de 1 à 2) ci-dessus (je ne me lasserai jamais du mélange de ridicule et de comique décontractant que ça a de se vanter)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Jean-Louis, tu parles d'un dictionnaire de Français par exemple?
    Car la on est sur Mars lol.

    De mon point de vue, un dictionnaire est l'apologie de la complétude dans le sens oú il est écrit spécialement pour donner une définition à un mot. Un peu comme Th(N).
    La polysémie d'un mot est plus le genre de chose qui me gène.
  • Il me semble bien quand même que dans un dictionnaire de n'importe quelle langue, il y a bien un mot au moins dont la définition n'est pas dans le dico. C'est évident ou je me plante grave??? Et Martial, je ne crois pas que ce que je dis ait à voir avec Berry. Je dis simplement que à un moment tu tournes en rond dans tes définitions et un mot sera admis non défini.
    Merci à tous, il y a de quoi réfléchir.
    Jean-Louis.
  • À mon niveau proche du pétrole...
    Tu veux parler d’être défini sans un autre mot non défini peut-être ?
    Tu veux parler de ne pas être confronté à des définitions circulaires ?

    [Thks AD]
  • Si vous avez un bouquin où les abréviations suivantes sont convenues au début du livre (étant donné une chaîne de caractères S):
    "DS":= "la chaîne SS apparaît dans le livre" (deux copies de ladite chaîne S mise côte à côte);
    "NS" := "le contraire de S est vrai"

    Alors le livre en question ne contient pas toutes les phrases vraies, ou alors il en contient une fausse (NDND n'apparaît pas dans le livre ou bien elle est fausse).
    Source: Smullyan.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Oui Dom tout à fait!
    Jean-Louis.
  • @axexe : la polysémie est certes gênante mais ce n'est pas le seul obstacle. On pourrait très bien inventer une langue dans laquelle chaque mot écrit aurait une signification et une seule, mais cela ne résoudrait pas le problème.

    @Jean-Louis : sorry, j'avais mal compris ta question.
    A mon sens, toute langue possède forcément des termes primitifs. La rédaction d'un dictionnaire est un exercice un peu idiot : l'auteur sait très bien qu'il y a plein de mots qui ne peuvent pas être définis par des mots plus simples, mais comme la règle du jeu stipule que tout mot écrit doit être défini quelque part, il contourne le problème en employant des définitions circulaires.
    En fait, c'est un peu comme si tu voulais écrire toutes les maths en démontrant tout mais sans poser un seul axiome.
  • Oui t'as raison Martial, la différence entre mon dictionnaire et les maths, c'est qu'en maths on pose quelques axiomes alors qu'avec le dico on part de rien.
    Bonne journée.
    Jean-Louis.
  • Pour rebondir et parler d'autre chose à laquelle je me suis intéressé.

    Pour les dictionnaires et le langage, il semble évident qu'il y aura une multitude de cycles dans le graphe dirigé qui a pour sommets les mots et des flèches allant d'un mot à ceux de sa définition....donc énormément de définitions récursives infondées.

    J'avais donc il y a quelques années imaginé une langue où les définitions deviennent inutiles car la syntaxe d'un mot contient sa propre définition.
    La sémantique codée dans la syntaxe...encore du Gödel ça !

    On peut imaginer une structure arborescente ensembliste. Un arbre, c'est un graphe connexe sans cycles...ça tombe bien !

    Ainsi un mot $Mx$ où $M$ est un mot et $x$ est une lettre (ou une syllabe) désigne une précision de la notion désignée par $M$.
    On choisi $x$ de sorte à produire des analogies avec d'autres notions de l'arborescence.

    Exemples nuls mais qui parlent. Je donne la traduction entre parenthèse...c'est pas une définition :

    B (le corps humain)
    BA (la tête)
    BAN (le nez)
    BANO (la narine)
    BI (le tronc)

    et on peut faire des analogies entre les branches de différents mots. Par exemple :

    C (une maison)
    CA (le toit de la maison)
    CAN (la cheminée)
    CANO (le trou de cheminée...LOL)

    Je sais, c'est un peu ambitieux de se lancer dans cette idée. Mais c'est une de mes utopies de trouver un langage universel reposant sur des mathématiques consistantes. On sait que les mathématiciens se regardent souvent le BINO...devinez ce que c'est ?;-)

    Le but étant d'avoir un langage simple, sans avoir recours à des définitions et compréhensible à tous niveaux de complexité.

    Si on voit le mot CANORIMAPUK....seuls les deux ou trois grands experts du ramonage comprendront...mais les autres peuvent comprendre qu'il s'agit d'un truc à propos du trou de cheminée....c'est déjà pas mal...non ? LOL

    Quel est la longueur des mots dans cette langue ?

    Il y a environ 32000 mots en français et on peut en considérer 100000 si on évite les doubles sens.
    Des mots d'au plus 5/6 lettres suffiraient largement à tout couvrir puisque $20\times 5\times 20\times 5\times 20=200000$.

    Ce serait marrant de générer automatiquement cette langue à partir d'un dictionnaire en les formant à partir des définitions.
  • Bonjour,

    @serge burckel
    Il me semble que les langues construites "Ygyde", "Ro" et "aUI" sont du genre que tu décris.
  • Merci @rondo...je ne connaissais pas ces langues. Le "Ro" semble être le plus proche de ce que j'imaginais.
  • @ Jean-Louis.

    Il me semble que tu décris le paradoxe de Quine.

    Dans le dictionnaire de l'Académie Française, les mots "ensemble" et "collection" jouent au ping-pong.

    Pour éviter ce paradoxe, je ne vois que la solution d'un dictionnaire en expansion permanente. Chaque fois que tu cliques sur un mot inconnu par le dictionnaire, le coquin te génère une entrée avec toute une flopée de nouveaux mots pour le définir.

    Bonne journée.

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Cher(e) ev, je ne crois pas. Je veux simplement dire que tu prends un mot quelconque, et tu regardes les définitions des mots qui forment sa définition....En répétant l'opération, j'ai le sentiment qu'il y aura quelque part un mot pas défini. Mais j'ai pas creusé ça en fait.
    Cordialement.
    Jean-Louis.
  • @Jean-Louis : une boucle entre plusieurs mots se définissant les uns les autres produit en particulier des mots non définis.
  • @ Jean-Louis.

    Pas d'ac. Si tu prends le dictionnaire minimal

    ensemble : collection.
    collection : ensemble.

    Tous les mots sont définis.

    Même chose avec

    mot : mot.

    Plus petit, c'est le dictionnaire vide.


    Quine dit qu'il y a au moins un mot non défini dans au moins une définition, ou bien il existe un cycle qui aboutit à une autoréférence.

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • e.v. Mais c'est une arnaque, tu définis ensemble par un mot défini lui-même par ensemble!
    Et oui je suis d'accord avec ce que tu dis que Quine dit...
    Poirot. oui je crois que je peux être d'accord. Mais mon idée initiale était "n'y a-t-il pas de ressemblance entre ces phénomènes et le premier théorème d'incomplétude de Godel?
    Bonne soirée.
    Jean-Louis.
  • Une arnaque ? Où ça une arnaque ?

    On est dans le forum de logique oui ou non ?

    amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Eh oui, et la Logique n'est-elle pas la plus grande arnaque en sciences ? Ne savait-on pas raisonner avant de formaliser. Bon, je plaisante, prenez ça au 4ème degré !!!
    Bonne soirée.
    Jean-Louis.
  • Faut se rappeler que la logique n'est pas une arnaque, mais l'étude des arnaques (au sens étendue de "ce qui va faire changer, par un texte, quelqu'un d'avis, Dieu et la Nature compris")
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Jean-Louis: les manuels de grammaire française sont rédigés en français et pourtant ils restent compréhensibles.
    La logique est l'étude du langage mathématique avec des outils mathématiques, au même titre que la grammaire est l'étude réfléchie de la langue française, exprimée à l'aide de cette dernière.

    La compréhension de la logique passe d'abord par une prise de distance par rapport au langage. Sans cette prise de distance, rien n'est possible.

    Il faut voir $A\Rightarrow B$ comme une suite de symboles et non pas comme un truc qui incarne spontanément et magiquement un lien (causal ou autre) entre des objets $A$ et $B$. La logique étudie notamment l'ensemble des suites finies de tels symboles. Une suite finie de symboles n'est rien d'autre qu'un truc écrit sur du papier etc.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Exemple soit $X$ un ensemble muni d'une loi de composition interne $*$ (on notera $pq$ au lieu de $p*q$; rien n'est supposé sur $*$ pour l'instant et surtout pas l'associativité).

    Si $A$ est une partie de $A$ on note $T(A)$ l'intersection de toutes les parties de $B$ de $X$ contenant $A$ et telles que pour tous $x,y\in X$, si $x\in B$ et $x*y \in B$ alors $y\in B$.

    Soient $S:= \left \{ (x(yz))((xz)(yz)) \mid x,y,z \in X \right\}$ et $K:= \left \{ x(yx) \mid x,y \in X \right \}$.

    exo: soit $Y$ une partie de $X$ contenant $S\cup K$ et $a,b\in X$. Montrer que $b \in T \left (Y \cup \{a\} \right)$ si et seulement si $ab \in T(Y)$.

    A suivre ...
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
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