Indécidabilité ?

2

Réponses

  • Bon, bah, j'ai essayé de tout lire, mais c'est un long fil... Ya l'auteur du fil qui demande une synthèse, je vais essayer plutôt qu'une synthèse (de présenter un peu l'état de l'art concernant les questions abordées).

    1) Effectivement il n'est pas défini de parler de "démonstrations" comme ça à l'état pur. On parle de "démonstration dans avec les axiomes d'une théorie".

    2) Certes, il existe bien une notion de démonstration "sans axiome", mais bon... En fait, même dans ce cas-là, le texte, formel, qui sera écrit utilisera des axiomes appelés généralement "axiomes logiques" (qui sont réputés appartenir tacitement à toute théorie). Depuis que différentes logiques (plus faibles que la logique classique) existent, autant voir même les axiomes logiques comme de banals axiomes

    3) Ce point (3) est très important pour bien comprendre la suite: défais-toi du "préjugé" que (a)"tout ce qui est prouvé est vrai" d'une part et que (b)"tout ce qui est vrai est prouvable". Le petit (a) n'a pas grand sens, mais a tendance à être... vrai. Le petit b est complètement faux. Par ailleurs, "prouvé" ne veut rien dire: il faut dire "prouvé dans telle théorie".

    3.1) Le théorème de complétude (mais qui ne répond pas outre mesure à tes questions "sur le fond") dit: un énoncé qui est vrai dans tous les modèles d'une théorie est démontrable dans la théorie. Et réciproquement. Mais la plupart du temps, les questionnements des gens ne trouvent pas de "réponses" acceptables dans ce simple énoncé. Par exemple, il existe moult modèle de l'arithmétique de Peano qui ne ressemble pas du tout à des ensembles d'entiers au sens intuitif.

    3.2) La fausseté du petit b est "facile" a aborder: pense à la phrase "je suis indémontrable". Modulo n'importe quelle bonne formalisation des concepts de démonstrastion, cette phrase est mathématiquement sensée!!! Et vraie sans être démontrable, semble-t-il...

    4) Effectivement ZF, ainsi que ZFC est une théorie (parmi d'autres) par rapport à laquelles il y a moult énoncés indécidables. De même en ce qui concerne les axiomes de Peano.

    5) Il y a 2 techniques connues pour établir l'indécidabilité d'un énoncé: celle de Godel, qui consiste à fabriquer des énoncés dont "on sait" (ou on croit) qu'ils sont vrais et qui ne peuvent être démontrables: par exemple une traduction correcte de la phrase "je suis indémontrable" en termes arithmétiques. Celle de Cohen (voir mon fil sur le forcing si tu veux t'amuser un peu) qui consiste à fabriquer des modèles de ZFC à partir d'autres modèles de ZFC supposés exister. La méthode de Cohen ne permet pas d'établir l'indécidabilité d'énoncé dits de "bas niveau" (arithmétique, arithmétique du 2nd ordre, etc).

    6) Si une conjecture disant que telle équation diophantienne n'a pas de solution est démontrée indécidable dans une théorie qui permet d'exprimer l'arithmétique alors on peut transformer la preuve en une preuve, dans la même théorie, que l'équation diophantienne n'a pas de solution, et donc la théorie en question sera contradictoire. Car dans toutes les théories bien faites, qui expriment l'arithmétique, si on peut prouver un truc, on peut alors prouver qu'on peut le prouver, et ainsi on aura prouvé que l'inexistence de solution à l'équation en question est décidable et indécidable donc contradiction.

    7) La conjecture de Goldbach, si elle est indécidable, ne pourra jamais être démontrée telle.

    Voilà, j'espère avoir répondu à tes questions.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • merci Christophe (je ne suis pas l'auteur de ce fil).
    mais ton point 6) me semble important ici (il "démontre" d'ailleurs ton point 7)): mais alors la tentative de Cohen (cf plus haut) de démontrer Riemann par l'indécidable est-elle absurde??
    Bruno, merci. Mais peux-tu clarifier ton propos sur Syracuse et vous mettre d'accord sur les énoncés de ce type ?
    merci
  • Logic

    La tentative de Cohen a été de prouver l'indécidabilité de Riemann et non de démontrer Riemann par ce biais.
    C'est Allan Turing qui a évoqué la possibilité que l'indécidabilité de Riemann pourrait induire sa validation.
  • Pour Logic.

    Ce que je dis c'est que l'énoncé de Goldbach s'écrit :
    $$\forall\,p\ \exists\,q\ \exists\,r \cdots$$
    A priori, ce n'est pas parce que $p$ est standard que $q$ et $r$ le sont ; mais dans le cas de l'énoncé de Goldbach, comme $2\,p$ est la somme de $q$ et de $r$ on a : $\max(q,r) < 2\,p$ ; or tout entier majoré par un entier standard est standard.

    Autrement dit, un énoncé commençant par une suite de quantificateurs universels suivie d'une suite de quantificateurs existentiels {\bf bornés} est valide sur les entiers standards dès que sa négation n'est pas déductible des axiomes de Peano.

    Bruno
  • merci à vous, je comprends mieux !
    seulement une question me trotte toujours dans la tête : vous ne semblez pas d'accord sur le fait qu'il existe ou non des énoncés dont l'indécidabilité prouve la vérité dans une théorie NON CONTRADICTOIRE. Car sinon, comment comprendre et défendre des "ruses logiques" comme celles de Turing -qui prouvent un énoncé en montrant que ni lui ni son contraire ne sont prouvables ?
  • salut
    personne ne sait ???
  • Bonjour Logic.

    Tu me sembles poser le problème de la "vérité" d'un énoncé. Pour être franc, je ne connais (ou n'admet connaitre) que sa déductibilité d'une théorie non contradictoire donnée.

    Bruno
  • Bruno, bonjour.

    Cela a l'air de la réponse la plus "sage" qui puisse être donnée.

    Même si elle laisse les rèveurs, les aventuriers téméraires sur leur faim.

    Selon toi, nous devrions bannir du vocabulaire mathématique les mots "vrai", "faux" ou les expressions "ni vrai ni faux", "vrai ou faux"
    pour les remplacer par "déductible...", "non déductible..." ?
  • Bonjour Jules.

    Quand je cherche à être précis, je préfère effectivement parler de déductibilité.
    nous devrions bannir du vocabulaire mathématique les mots "vrai", "faux" ou les expressions "ni vrai ni faux", "vrai ou faux" pour les remplacer par "déductible...", "non déductible..." ?

    Je laisse à chacun le choix de ses expressions ;).

    Bruno
  • Jules Renucci Écrivait:
    > Selon toi, nous devrions bannir du vocabulaire
    > mathématique les mots "vrai", "faux" ou les
    > expressions "ni vrai ni faux", "vrai ou faux"
    > pour les remplacer par "déductible...", "non
    > déductible..." ?

    Je sais que la question ne s'adresse pas à moi et je ne prétends pas répondre pour Bruno, mais je soutiens néanmoins cette position ; à titre personnel je n'utilise "vrai" et "faux" que pour les modèles, non pour les théories.

    Pour répondre à Logic : par définition, une proposition p est indécidable dans une théorie T si T U {p} est consistante et T U {non p} est aussi consistante. C'est à dire qu'il existe des modèles dans lesquels p est "vrai" et d'autres dans lesquelles non p est "vrai". Pour les modèles le problème est légèrement différent car la théorie d'un modèle est complète, il n'y a donc pas de proposition indécidable pour cette théorie.

    Bruno a fait remarquer que dans le cas particulier de la théorie de Péano un modèle particulier (le modèle standard) était "inclus" dans tous les modèles (je mets "inclus" entre guillemets car une simple inclusion ensembliste ne suffirait pas), ce qui permet pour certains énoncés indécidables dans la théorie de Péano d'affirmer que ces énoncés sont "vrais" dans le modèle standard (voir le post de Bruno pour plus d'explications et un exemple).

    Je vois mal comment une proposition peut être indécidable dans une théorie et "vraie" dans tous les modèles de cette théorie (c'est contraditoire avec la définition), ce qui est par contre possible (mais ce n'est pas le cas de toutes, j'ai donné un exemple) c'est qu'une proposition indécidable dans Péano soit "vraie" dans le modèle standard (exemple de Bruno).

    Je dois avouer que je ne connais pas les travaux de Turing auxquels tu fais allusion (si tu as un lien ...), aurait-il eu des préoccupation constructiviste ?
  • Bruno, que dois-je "déduire" de ce ;) ?

    Tu es le Salomon de ce forum(tu)
  • J'ai l'impression que le forum ne marche pas correctement par moments. S'il y a doublon je le cacherai.

    Pour Mediat.

    Je suis d'accord avec ton usage du terme d'énoncé vrai pour un modèle donné de la théorie ; les jours de pédanterie, j'utilise l'expression "sémantiquement valide" :D.

    Pour Jules.

    Salomon, lui, savait se tenir à ses proclamations. Justement le ";)" signifie que je suis le premier à violer mes principes (mathématiques) si je le juge utile.

    Bruno
  • merci à vous tous d'alimenter ce beau débat !
    Mediat et Bruno, faut-il en déduire que "vrai dans le modèle standard" signifie "vrai dans tous les modèles" puisque ce standard est inclu dans tous les autres ? mais alors, comme pour l'exemple avec Goldbach dans Peano, on arrive bien à une contradiction, puique une indécidabilité dans une théorie prouve un énoncé de cette théorie...
    D'ailleurs, tu sembles dire que l'indécidabilité de Goldbach est possible alors qu'un autre intervenant semblait dire le contraire -sous peine de contradiction d'une théorie.
    Pour Turing, je préfère laisser la parole à Jules s'il a une référence. D'ailleurs ta position Jules sur l'indécidabilité de Syracuse -que tu extrapoles de la position de Turing- n'est pas claire pour moi.
  • Logic Écrivait:
    > merci à vous tous d'alimenter ce beau débat !
    > Mediat et Bruno, faut-il en déduire que "vrai dans
    > le modèle standard" signifie "vrai dans tous les
    > modèles" puisque ce standard est inclu dans tous
    > les autres ?

    J'ai donné l'exemple d'une propriété indécidable dans Peano (donc sémantiquement valide (ça me plait bien :D ) dans au moins un modèle), mais "fausse" (c'est plus court B-)-) dans le modèle standard), si tu prends la négation de cette propriété elle est vrai dans le modèle standard et fausse dans d'autres modèles.

    Intuitivement une propriété peut-être vraie pour tous les éléments standards, cela ne veut pas dire qu'elle est vraie pour tous les éléments de tous les modèles.

    D'une façon plus générale, le théorème de Gödel dit que l'arithmétique de Peano n'est pas complète (il dit même plus que cela), il existe donc des propositions vraies dans le modèle standard (puisque sa théorie est complète) qui ne sont pas des théorèmes de la théorie de Peano, donc qui sont fausses dans d'autres modèles.
  • Logic, je n'ai rien à ajouter à ce qu'écrit Médiat.

    Bruno
  • Je cite les propos de Marcus du Sautoy que j'évoquais ci-dessus :


    > Voici l’intégralité de la citation prise dans le
    > livre de Marcus du Sautoy, page 311 :
    >
    > « Si Cohen a le même succès et démontre que
    > l’hypothèse de Riemann est indécidable à partir
    > des axiomes des mathématiques, il aura prouvé que
    > l’hypothèse est en fait vraie !
    > Si elle est indécidable, alors, soit elle est
    > fausse et nous ne pouvons le démontrer, soit elle
    > est vraie et nous ne pouvons le démontrer. Mais si
    > elle est fausse, alors un zéro doit échapper à la
    > droite critique, un zéro que l’on peut utiliser
    > pour prouver qu’elle est fausse. Elle ne peut être
    > fausse sans que nous ne puissions le démontrer.
    > Par conséquent, la seule façon qu’a l’hypothèse de
    > Riemann d’être improuvable est d’être vraie, mais
    > nous ne pouvons toujours pas démontrer que tous
    > les zéros se situent le long de la droite. Turing
    > fut l’un des premiers à entrevoir la possibilité
    > d’une confirmation aussi étrange de l’hypothèse de
    > Riemann. Mais rares sont ceux qui croient que
    > c’est avec des ruses logiques de cette nature que
    > l’on réussira à résoudre le huitième problème
    > d’Hilbert. »

    J'aimerais simplement que Mediat, Bruno, et d'autres me disent simplement s'ils contestent ces propos qui, je le redis, émanent d'un spécialiste, professeur à Oxford et qui intervient au Collège de France.
    J'en profite pour, à nouveau, recommander la lecture de son ouvrage "La symphonie des nombres premeirs"
  • Jules, pour élaborer une réponse à ta question il faut analyser très sérieusement la citation. Une question : as-tu la date de parution du livre ? En effet l'apparition du forcing a provoqué bien des illusions dans les années 60.

    Ceci dit, j'y vois déjà un point douteux :
    Mais si elle est fausse, alors un zéro doit échapper à la droite critique, un zéro que l’on peut utiliser pour prouver qu’elle est fausse.

    Il faut donner un nom à ce zéro, on change donc de langage... Bref, ce n'est pas aisé de prendre partie de façon rationnelle sur ce jugement.

    Bruno
  • Bruno, voici les référence du livre en question :

    Publié aux Editions Héloïse d'Ormesson
    Traduit avec le concours du Ministère de la Culture et de la Communication
    dans le cadre du Fonds Jules Verne
    Traduit de l'anglais par Raymond Clarinard
    Titre original : The Music of de Primes
    Marcus du Sautoy 2OO6 Traduction française 2005

    Ont partcipé à la lecture et aux corrections :

    Leonard Aldeman, Sir Michael Berry, Enrico Bombieri, Paula Cohen,Jon Keating, Jeff Lagarias, Hugh Montgomery, Ron Rivest etc

    cordialement,
  • Jules Renucci Écrivait:
    > > . Mais
    > si
    > > elle est fausse, alors un zéro doit échapper à
    > la
    > > droite critique, un zéro que l’on peut utiliser
    > > pour prouver qu’elle est fausse. Elle ne peut
    > être
    > > fausse sans que nous ne puissions le démontrer.

    réponse:
    ce raisonnement est archi faux car justement c'est indécidable.

    il peut exister, sans que nous puissions le prouver ou l'inverse;

    donc on pourrait tout aussi bien dire que c'est indécidablement faux ou vrai !

    la seule façon d'aller plus loin serait de dire que jusqu'a la limite x c'est vrai! et qu'au delà de ctte lim x c'est indécidable!

    comme d'ailleur pour syracuse!



    > > Par conséquent, la seule façon qu’a l’hypothèse
    > de
    > > Riemann d’être improuvable est d’être vraie,

    non car avec de tel argument l'indécidabilité devient fausse!

    le fait de montrer que c'est indécidable c'est que l'on a trouvé des arguments pour dire justement que l'on ne peut démontrer cette conjecture.
    Mais au moins cela à le merite de la considérait vraie jusqu'a x donc de pouvoire l'utiliser jusqu'à cette limite, c'est tout, donc pour linstant il n'existe pas de zéro qui ne se situent pas le long de la droite.

    > mais
    > > nous ne pouvons toujours pas démontrer que tous
    > > les zéros se situent le long de la droite.
    > Turing
  • non lg, dans ce cas précis, c'est jules qui a raison. L'hypothèse de Rieman est prouvablement équivalente à un énoncé qui affirme qu'une certaine équation diophantienne n'a pas de solution (je ne sais plus où je l'ai lu, mais je parierais gros). De même en ce qui concerne Syracuse.

    L'indécidabilité (dans une théorie respectable) des énoncés du genre "il n'existe pas de solution à telle équa diophantienne" implique leur vérité.

    Soit E une équation diophantienne: soit n un uplet d'entiers solution de E. L'énoncé "n est solution de E" est prouvable et il implique "il existe une solution pour E", qui donc est aussi prouvable.

    En ce qui concerne l'énoncé strictement fidèle de Rieman (sans parler d'un équivalent), effectivement, il me semble qu'un zéro en dehors de la droite critique entraine la prouvabilité de l'existence de ce zéro. Ce n'est pas du tout évident*, certes, mais je crois que c'est connu.

    *D'une part c'est un nombre complexe pas forcément accessible exactement au langage, d'autre part, quand bien même, il y a un petit travail à faire pour montrer que "c'est un zéro": compte-tenu de l'énoncé de Rieman, il me semble que sa complexité est inférieure à "pour tout entier n il existe un entier p tel que (n,p) est solution de E" (E étant une équation diophantienne bien choisie au départ). Faudrait demander ça au spécialistes du forum, il doivent savoir
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • christophe chalons Écrivait:
    > non lg, dans ce cas précis, c'est jules qui a
    > raison. L'hypothèse de Rieman est prouvablement
    > équivalente à un énoncé qui affirme qu'une
    > certaine équation diophantienne n'a pas de
    > solution (je ne sais plus où je l'ai lu, mais je
    > parierais gros). De même en ce qui concerne
    > Syracuse.

    ce qui sous entend: que si on arrivait à démontrer l'indécidabilité cela laisserait supposer la conjecture vraie sans pour autant la démontrer!

    >
    > L'indécidabilité (dans une théorie respectable)
    > des énoncés du genre "il n'existe pas de solution
    > à telle équa diophantienne" implique leur vérité.
    >
    >
    > Soit E une équation diophantienne: soit n un uplet
    > d'entiers solution de E. L'énoncé "n est solution
    > de E" est prouvable et il implique "il existe une
    > solution pour E", qui donc est aussi prouvable.

    ok

    >
    > En ce qui concerne l'énoncé strictement fidèle de
    > Rieman (sans parler d'un équivalent),
    > effectivement, il me semble qu'un zéro en dehors
    > de la droite critique entraine la prouvabilité de
    > l'existence de ce zéro. Ce n'est pas du tout
    > évident*, certes, mais je crois que c'est connu.
    >
    oui d'accord pour l'existence du zéro,
    mais pas pour la supposition : existe t'il un zéro....? cela n'entraine pas la prouvabilité de l'existence de ce zéro ou la non existence de ce zéro,
    et dans ce cas:
    cette supposition n'a pas lieu d'être,

    du fait que justement il existerait: l'énoncé : n est solution de E, donc il 'existe une solution....etc



    . Faudrait demander ça au spécialistes du
    > forum, il doivent savoir
  • bonjour,
    Christophe comment peux-tu être si sûr que Golbach ne peut être prouvée indécidable et traduite en équation diophantienne sans solution ? Toi et Bruno devriez peut-être vous mettre d'accord sur ce point.
    Lg, j'imagine mal un énoncé à la fois indécidable dans une théorie, impossible à démontrer faux quelque soit la machine utilisée ou le temps choisi, et pourtant impossible à démontrer vrai dans cette théorie si ce n'est "vrai jusqu' àun point et indécidable au-dessus"...
    Jules, comment peux-tu affirmer si sûrement que Syracuse soit vraie si indécidable au vu des difficultés dont parlent nos intervenants ?
    Il me semble que ce qui nous agite n'est autre que la définition originale de Godel de l'indécidabilité : nous aurions du mal à nous imaginer qu'une phrase comme "je suis démontrable" soit vraie dans tous les modèles sans être démontrable...et ceci est une source constante de confusion !
  • pardon je voulais bien sûr dire "je suis indémontrable". Ainsi Godel aurait en quelque sorte démontré cette phrase...sans la démontrer ??!!! le principe des "ruses logiques" y est tout entier...
  • Logic Écrivait:
    > bonjour,

    > > Lg, j'imagine mal un énoncé à la fois indécidable
    > dans une théorie, impossible à démontrer faux
    > quelque soit la machine utilisée ou le temps
    > choisi, et pourtant impossible à démontrer vrai
    > dans cette théorie si ce n'est "vrai jusqu' àun
    > point et indécidable au-dessus"...

    je veux dire par là que jusqu'a une limite connue ces conjectures sont vraies: il n'y a pas de contre exemple!
    donc si on arrivait à montrer qu'elle sont indécidable, c'est bien au dessus de ces limites connues sans contre exemple.


    > Jules, comment peux-tu affirmer si sûrement que
    > Syracuse soit vraie si indécidable au vu des
    > difficultés dont parlent nos intervenants ?

    dans un sens il a raison, c'est ce que ma répondu christophe; syracuse est pour linstant vrai jusqu'a une limite et si il montrait que cette conjecture est indécidable cela aurait la même équivalence que si elle était vraie. ce ne serait pas pour autant un théorème, ce que n'a pas dit jules.

    Si Syracuse était faux, il existerait une suite d'entiers B, multiples de 3 qui tend vers l'infini et qui serait prouvable.
  • que si on arrivait à démontrer l'indécidabilité cela laisserait supposer la conjecture vraie sans pour autant la démontrer

    Non: on peut prouver* que indécidabilitéprouvable implique prouvabilité de la conjecture!

    Et donc, on peut prouver que la conjecture ne peut être prouvée indécidable dans le sens qu'on peut prouver le théorème suivant dans l'arithmétique de Peano:

    Si l'indécidabilité de la conjecture de Goldbach est prouvée alors 0=1 (autrement dit "tout")

    *dans les théories convenables.

    Remarque: d'une manière encore plus générale, si quelqu'un arrive, non pas, à prouver l'indécidabilité de (par exemple) Goldbach, mais à donner des arguments laissant penser qu'elle l'est dans n'importe quelle "bonne" théorie, alors ces mêmes arguments attestent de sa... vérité!

    En effet, comme j'ai déjà dit ci-dessus: si un entier (plutôt un uplet d'entiers) n vérifie P(n)=0, où P est un polynome à coef dans Z à plusieurs variables, alors l'énoncé (2)"il existe x P(x)=0" est prouvable dans l'arithmétique.

    Contraposée: si (2) n'est pas prouvable dans l'arithmétique alors l'énoncé "non(2)" est vrai.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Contraposée: si (2) n'est pas prouvable dans l'arithmétique alors l'énoncé "non(2)" est vrai.
    Si je comprends bien, c'est à dire si "vrai" dans cette phrase veut dire "vrai dans le modèle standard de l'arithmétique", alors ceci est un cas particulier (plus simple) de ce que disais Bruno dans un post précédent, ai-je bien compris ? Si oui, je trouve ce genre de phrase, hors contexte (ici le contexte est fixé par la phrase précédente, dans laquelle on comprend bien que entier signifie entier standard) bien dangereuse, différents échanges sur ce fil l'atteste.
  • effectivement Mediat, je sens aussi un malaise (le même que toi ?) : peux-tu préciser ce que tu entends par "dangereux" ?
    merci
  • Merci christophe pour ces précisions et explications.
  • Ca devient compliqué: bon je t'avoue, je n'ai pas lu le fil vraiment...

    L'association f entre un entier solution de l'équation diophantienne E et une preuve de l'existence de cette entier est mécanique, prouvable et plutôt simple (primitive récursive, voire polynomiale au sens de la théorie de la complexité)

    Par ailleurs il faut distinguer "preuve" humaine (disons) et preuve comme suite de symboles, elle-même définie dans l'arithmétique (par exemple avec le théorème chinois) bref...

    En tout cas, même dans un modèle non standard de l'arithmétique, contenant une solution non standard à l'équation E (disons Syracuse ou Golbach pour fixer les idées), il y aura une "preuve non standard" (en tant que suite de symboles) que cette entier existe.

    Je ne sais pas quel était le problème initial, mais tu as raison de dire qu'il faut être pointilleux si on veut s'enfoncer dans le débat. Il n'en rest epas moins vrai que l'état des lieux de comptoir à vins suivant est "le bon":

    Si tous les contre-exemples à Golbach sont non standards alors Goldbach est vraie. et aussi

    Pour les humains, sur le fond, bref... essentiellement, l'indécidabilité de goldbach (ou Syracuse) ne peut pas être prouvée sans entrainer de contradiction dans des théories raisonnables. (Puisqu'elle entraine sa vérité)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Pour Jules Renucci.

    1°) La date de parution de l'ouvrage prouve qu'il ne date pas de la période où le forcing semblait un jouet merveilleux. L'assertion de Marcus du Sautoy n'est donc certainement pas le fruit d'un enthousiasme excessif.

    2°) Le nom de Cohen fait penser irrésistiblement au forcing, mais celui-ci n'a rien à faire en tant que tel dans cette histoire, donc j'ai déraillé sur ce point.

    3°) Tel qu'il est exposé dans ce sujet, l'argument me semble douteux : en fait, nous n'avons pas de modèle standard des nombres réels donc "vrai" et "faux" me paraissent assez hypothétiques.

    4°) Les arguments mis en avant par C.C. sur l'équivalence entre l'énoncé de l'hypothèse de Riemann et l'existence de solutions d'une équation diophantienne ouvrent des espaces où je me sens totalement incompétent. Donc la validité de mon doute s'arrête là. Désolé.

    Bruno
  • Logic a écrit:
    effectivement Mediat, je sens aussi un malaise (le même que toi ?) : peux-tu préciser ce que tu entends par "dangereux" ?
    Bonsoir Logic,
    Je veux dire dangereux à cause de l'ambiguité entre déductibilité et vérité (entre syntactique et sémantique), à titre personnel je considère que la question "Est-ce que la géométrie euclidienne (en tant que théorie) est vraie" n'a pas de sens (ce qui a du sens c'est de se demander si elle est consistante), est-ce que l'on se demanderait si la théorie des ordres totaux denses est vraie ?

    Mais aussi à cause de la confusion entre la vérité dans un modèle (Bruno va plus loin que moi sur ce point :)-D), et une vérité extra-mathématique ; j'accepte le vocabulaire de la vérité pour un modèle, car celui-ci est un "monde possible" de la théorie, mais je reconnais qu'il y a aussi un risque.
  • Bonsoir à tous

    Je cite ici un extrait d'un papier de Jean Paul DELAHAYEdont vous pouvez trouver l'intégralité sur le site " Interstices"
    Citation :

    "Prenons, pour le montrer, le cas simple de la conjecture de Goldbach : Tout nombre pair à partir de 4 est somme de deux nombres premiers. Si elle est fausse, c'est qu'il y a un nombre pair dont aucune décomposition sous forme de sommes de deux nombres ne comporte deux nombres premiers. Si un tel nombre existe, alors ce résultat d'arithmétique émentaire est toujours découvert par un système intéressant. Donc si une théorie montre que Goldbach est indécidable, alors elle montre qu'on ne peut trouver aucun nombre pair qui ne soit pas somme de deux nombres premiers, et donc elle démontre Goldbach.

    On peut avancer le même raisonnement sur la conjecture de Riemann RH : si on démontrait qu'elle est indécidable vis-à-vis d'un système intéressant, on aurait démontré qu'elle est vraie (autrement dit, il n'y a pas d'espoir, même à long terme, qu'on se retrouve dans la situation de HC). Pour P non NP, rien de tel, et même si aujourd'hui on a repere une serie d'obstacles sur le chemin d'une preuve que cet énoncé est indécidable relativement à un système fort, on pourra peut-être y arriver, auquel cas se posera alors vraiment la question de l'adopter comme nouvel axiome. Autrement dit : il est encore moins justifié
    d'adopter P non NP comme axiome que RH."


    http://interstices.info/probleme-np
  • Merci Mediat pour ces précisions.
    les nouvelles références apportées par Jules -dont je ne connaît toujours pas les convictions à ce sujet- semblent pourtant remettre en question les dires de C.C sur la déductibilité dans une théorie d'un énoncé indécidable- ici Goldbach et Syracuse.
    D'ailleurs je me demande si à la base le théorème de Godel n'est pas lui-même une ruse logique -la première peut-être - pour affirmer une phrase comme "je ne suis pas démontrable"... sans vraiment la démontrer !! qu'est-ce-qui nous empêche de transformer son raisonnement en démonstration de cette phrase-la rendre déductible- et donc de nous contredire ?
  • Logic,

    Pour compléter : ce que je voulais dire par "dangereux" est parfaitement illustré par le texte de Jean Paul DELAHAYE cité par Jules Renucci.
    Donc si une théorie montre que Goldbach est indécidable, alors elle montre qu'on ne peut trouver aucun nombre pair qui ne soit pas somme de deux nombres premiers, et donc elle démontre Goldbach.
    Puisque cette phrase qui se présente comme un paradoxe (si je peux démontrer que je ne peux pas démontrer telle propriété, alors j'ai démontré cette propriété), alors que ce n'est un tour de passe-passe, la formulation rigoureuse serait :
    Donc si une théorie contenant l'arithmétique de Peano montre que Goldbach est indécidable, alors elle montre qu'on ne peut trouver aucun nombre entier standard pair qui ne soit pas somme de deux nombres premiers standard, et donc elle démontre Goldbach pour le modèle standard.
    Et adieu le paradoxe qui n'était qu'apparent (et à nouveau : cf. Bruno).
  • en d'autres termes, quand je dis Godel a démontré "je ne suis pas démontrable", ces deux "démonstrations" ne sont-elles pas hierarchisées, avec "prédominance" de la première ? Godel ne démontre t'il pas au fond que la contradiction est toujours inhérente aux modèles ??
  • merci Mediat, nos messages se sont croisés. Je constate pourtant que les intervenants se divisent en deux : ceux qui pensent que Goldbach et Syracuse ne peuvent être indécidables, et ceux -comme toi- qui pensent le contraire. Un accord est-il possible ?
    ensuite il me semblait que Godel avait démontré "je ne suis pas démontrable" pour tous les modèles ?? non ? alors comment traduirais-tu cette phrase à son tour ?
  • ...autrement dit DE QUELLE MANIERE Gödel l'a-t-il démontrée, est-il sorti de la théorie de départ ?
  • Je constate pourtant que les intervenants se divisent en deux : ceux qui pensent que Goldbach et Syracuse ne peuvent être indécidables, et ceux -comme toi- qui pensent le contraire. Un accord est-il possible ?
    Je ne crois pas que le "désaccord" soit si profond, tout le monde, je pense, est persuadé que si Goldbach est indécidable, alors elle est vraie dans le modèle standard, la seule différence, c'est que je me refuse à l'écrire "si Goldbach est indécidable, alors elle est vraie", car hors contexte, ce n'est qu'un oxymore.

    (Pour mémoire : la version "si Goldbach était indécidable, alors elle serait vraie dans tous les modèles" serait une demonstration (si c'était prouvé, ce qui n'est pas le cas) par l'absurde que Goldbach n'est pas indécidable)

    Une tentative d'explication de cette différence peut tenir dans la différence entre un logicien (et un modèle-théoriste en particulier pour qui tous les modèles ont droit de cité) et un théoricien des nombres uniquement intéressé par le modèle standard (du coup, pour lui, ce modèle va sans dire)
  • Médiat, bonsoir :

    Tu aurais dû citer entièremeent Delahaye notamment la phrase qui précède à savoir :
    "Si un tel nombre existe, alors ce résultat d'arithmétique émentaire est toujours découvert par un système intéressant. Donc si une théorie montre que Goldbach est indécidable, alors elle montre qu'on ne peut trouver aucun nombre pair qui ne soit pas somme de deux nombres premiers, et donc elle démontre Goldbach."

    Il me semble que le "donc" est justifié par la phrase qui précède.
  • Etonnant tout de même que Delahaye confonde entiers et entiers standard, non ?! ..
  • Pardon,

    entiers standards, pas standards?

    S
  • GG a écrit:
    Etonnant tout de même que Delahaye confonde entiers et entiers standard, non ?! ..
    Je ne crois pas qu'il les confonde, je crois qu'il fait un abus de langage (assez habituel, Girard fait le même, et ce ne sont pas les seuls) qui, hors contexte, peut être très mal compris (Je dois avouer que la forme paradoxale est tellement tentante que je ne serais pas étonné que cet abus de langage soit parfois volontaire (il s'agit d'un procès d'intention, j'en ai bien conscience, j'ai exprimé une autre explication, ci-dessus, hier à 20h47)).
  • bonjour

    citation: Mediat

    (Pour mémoire : la version "si Goldbach était indécidable, alors elle serait vraie dans tous les modèles" serait une demonstration (si c'était prouvé, ce qui n'est pas le cas) par l'absurde que Goldbach n'est pas indécidable)

    tout à fait d'accord avec ce raisonnement et on en revient bien au point de départ :
    Syracuse est vrai jusqu'à une limite finie donc standard mais si elle est indécidable elle ne peut donc être vraie dans le modèl non standard, sinon elle est démotrée vraie pour les deux modèls et par conséquent l'indécidabilité n'a plus lieu d'être ..non ?
  • Et bien je ne pensais pas que ma question susciterait tant d'intérêt ^^

    Mais j'en suis ravi, continuez même si je ne comprends pas tout, j'en apprends beaucoup en vous lisant (surtout Médiat et Bruno, Médiat que je vois déjà très souvent sur FSG ^^).

    Evitez juste de vous prendre la tête pour ça ;)

    Merci
  • Salut Helloworld et merci pour ce post, j'apprend aussi beaucoup même parti de presque rien ! c'est quoi FSG ??
    Pour mediat, quelle est la différence exacte entre entiers et entiers standards ?
    par ailleurs lg, tu sembles relancer la question de l'indécidabilité de Syracuse et Goldbach : mais pourquoi "vrai dans tous les modèles" conduit-il à une contradiction ?
    la phrase "je ne suis pas démontrable" n'es-elle pas aussi "vraie dans tous les modèles " ??
  • Pour Logic.

    Un énoncé E "vrai dans tous les modèles d'une théorie" alias "universellement valide dans tout modèle de la théorie" est déductible de cette théorie.

    En effet, d'après le théorème de complétude du calcul des prédicats du premier ordre (ouf) toute théorie non contradictoire admet un modèle.

    Donc si "T et (non E)" n'a pas de modèle, alors "T et (non E)" est une théorie contradictoire et, d'après le théorème de raisonnement par l'absurde, l'énoncé E est déductible de T.

    Revenons à la phrase "je ne suis pas démontrable", si elle était vraie dans tous les modèles, elle serait démontrable (:P) !

    Bruno
  • Mediat, bonjour.

    Dans ton message du 2/11 à 4h31 tu parles "d'abus de langage" à propos de Delahaye et de Girard(je suppose que tu fais allusion à Jean Yves Girard)
    Je peux ainsi considérer que tu fais le même reproche à Marcus du Sautoy dont j'ai donné la citation.
    Je connais surtout JP Delahaye et j'ai peine à croire qu'il puisse se livrer, de surcroit volontairement, à des abus de langage. Sa précision et même sa méticulosité sont connues.
    Quand au livre de Marcus du Sautoy il a reçu le soutien de mathématiciens de la taille de Bombieri, Montgomery et d'autres.

    Penses-tu sérieusement que des mathématiciens d'un tel poids se livreraient volontairement à des abus de langage uniquement dans le but de ruser avec la logique? Je pense que c'est leur faire un mauvais procès et que la meilleure formule eut été de ta part : "Je ne comprend pas la position de X ou de Y ..."

    Cela étant dit, appliquant la formule à moi-même et supposant une très grande compétence de ta part dans le domaine de la logique, j'avoue ne pas comprendre.

    je pense que trop de logique peut tuer la logique. Certains parmi les mathématiciens détestent les paradoxes et passent leur temps à essayer de les réduire alors que souvent ils sont indécidables et peut-être, après tout, indispensables.
  • Jules Renucci a écrit:
    Penses-tu sérieusement que des mathématiciens d'un tel poids se livreraient volontairement à des abus de langage uniquement dans le but de ruser avec la logique? Je pense que c'est leur faire un mauvais procès et que la meilleure formule eut été de ta part : "Je ne comprend pas la position de X ou de Y ..."
    J'avoue ne pas bien cerner où tu veux en venir, dans le post que tu cites j'ai écrit :
    Médiat a écrit:
    (Je dois avouer que la forme paradoxale est tellement tentante que je ne serais pas étonné que cet abus de langage soit parfois volontaire (il s'agit d'un procès d'intention, j'en ai bien conscience, j'ai exprimé une autre explication, ci-dessus, hier à 20h47)).
    J'ai mis en gras les passages qui, me semble-t-il, auraient dus t'apporter les explications nécessaires sur ma position.
  • Logic a écrit:
    Pour Médiat, quelle est la différence exacte entre entiers et entiers standards ?
    Il y a plusieurs définitions, plus ou moins faciles à manipuler :
    Intuitivement les entiers standards sont ceux que l'on utilise habituellement ($ \mathbb{N} $)
    On peut aussi dire que les entiers standards sont les éléments de l'ordinal $ \omega $
    On peut aussi dire que c'est le modèle (il n'y en a qu'un à isomorphisme près) de la théorie du second ordre où on remplace dans l'axiomatique de Peano, le schéma de récurrence par (N représente l'univers du modèle) :
    $ \forall A \subset N (0 \in A \wedge \forall x \in N ( x \in A \Rightarrow s(x) \in A ) \Rightarrow A = N $.
    Ou encore que c'est un modèle isomorphe au monoïde libre à un générateur

    etc.
  • Le fil est très long, je n'ai pas tout lu.

    Par contre, il m'a semblé voir une confusion importante: personne n'a dit que Goldbach ou Syracuse ne peuvent être indécidables.

    On a juste dit que leur indécidabilité implique leur vérité.

    Le théorème est le suivant: si l'énoncé "la conjecture de Goldbach est indécidable" est prouvé dans une théorie T "correcte" (par exemple, Peano, ou ZF ou ZFC)) alors la théorie T est contradictoire.

    Il se peut par contre tout à fait que la conjecture de Goldbach (ou autre de ce genre) soit indécidable.

    Ensuite, il faut être attentif à "de quoi on parle". Par exemple, un entier n non standard contre-exemple à Goldbach donne lieu à une "preuve" (non standard) de "non(Goldbach)", preuve qui consiste juste à rédiger le "constat" que n est un contre-exemple.

    Pour autant, un entier non standard n contre-exemple à goldbach suppose qu'on s'est placé dans un modèle de l'arithmétique (par exemple), que ce modèle contient un sous-ensemble A non plein d'entiers contenant 0 et stable par successeur, et que n n'est pas dans A, et que n n'est pas somme de 2 nombres premiers dans ce modèle. La "tradition populaire" (enfin du peuple logique) étant de dire que A contient tous les entiers standards (et peut-être plus!!!).

    Pour "les êtres humains" l'existence d'un tel entier, dans un tel modèle n'est pas une réfutation acceptable de Goldbach.

    Notez aussi une chose peu souvent mise en avant et pourtant banal. Il existe des preuves de choses qui sont fausses, dans la mesure où le mot "preuve" est défini correctement dans un modèle de l'arithmétique: dans tous les modèles contenant des entiers non standards de l'arithmétique, il existe une preuve (non standard) dont la conclusion est FAUSSE. Par exemple: prenez un entier non standard écrit sous la forme (1+1+1+1...+1) et prouvez qu'il est standard de la manière suivante:

    1 est standard, donc 2 est standard, donc 3 est standard, .... donc (1+1+1..+1) est standard.

    A propos de la phrase P:="je suis indémontrable": comme l'a rappelé Bruno, il existe des modèles où elle est fausse. Ces modèles contiennent une "preuve" de P.

    De toute façon cette phrase n'a de sens que si vous précisez le sens que vous donnez au mot "démontrable". En maths, seul le mot "démontrable dans la théorie T" a un sens. La phrase P telle quelle est en quelque sorte une phrase dynamique qui change de sens avec le changement de sens du mot "démontrable".

    Un aspect méconnu est très excitant des astuces Godélo-cantoriennes (mais méfiez-vous, il sont tous les 2 devenus très malheureux et se sont laissés ou fait mourir) est le théorème suivant, qu'on peut résumer en des termes non politiquement corrects:

    Au fond, il existe des choses prouvées et fausses de quelque manière qu'on s'y prenne (et pourtant ça n'a pas l'air trop dangereux pour la science d'ignorer ce point)

    Preuve: soit I l'énoncé "tout ce qui est prouvé est vrai" (en apparence, I parait être difficile à construire mathématiquement, mais en fait c'est juste de la logique du second ordre, associée (c'est là le "problème") à un prédicat "prouvable": $\forall X D(X)\to X$)

    Soit P la phrase "mon contraire est démontrablement impliqué par I"

    Supposons I et P, alors "I implique nonP" est prouvé (puisque P) et d'après I, I implique nonP, et donc non P et donc contradiction. Donc I implique bien nonP. Le raisonnement ainsi produit devrait être considéré comme une preuve du fait que I implique nonP et donc une preuve de P. Et, finalement, une preuve de nonI.

    La seule chose que je puisse évoquer comme justification de ce que je vais dire maintenant est mon expérience de la logique (c'est un témoignage, rien de plus):

    * il existe des preuves (non standards) de choses fausses, ces preuves sont autant des preuves que les entiers non standards d'un modèle sont des entiers pour le modèle.

    * il existe un argument dynamique (celui que je viens d'écrire avant les "étoiles") qui conduit à la conclusion que selon toute vraisemblance il n'y a pas d'absolu: plus une preuve est subtile, plus elle pourrait être un "empaquetage" d'une preuve plus directe, concrete (mais plus longue) dont la conclusion est fausse***. Tout se passe un peu comme si le chemin qui mène du sûr au sûr que non était connexe et que la mégalomanie de certains axiomes nous rapprochent d'une frontière (qui n'existe pas, puisque connexité) entre les 2 territoires.


    *** par exemple, il y a besoin d'un acte de foi supplémentaire pour croire que si ZFC démontre que telle équation diophantienne a une solution alors "elle en a vraiment une". Un truc amusant, mais qui paralyse vite les ordinateurs est la tentative de cerner la croissance de la fonction suivante: à chaque preuve DANS ZFC dont la conclusion est "telle equa E dioph a une solution" associer le premier uplet solution dans l'odre lexicographique de E


    Pour illustrer tout ça, les participants à ce fil vont se régaler de l'exercice suivant:

    On définit la fonction d'Akcermann A de la manière suivante (procedure récursive):

    A(0,n):=n+1 pour tout n entier
    A(n+1,p+1):=A(n,A(n+1,p))

    Il est bien connu que le calcul A(n,p) se termine pour tout couple (n,p).

    Prouvez que A(100,100) est standard de chez standard!

    Conclusion: il ne faut pas abuser du mot "standard".
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.