Le génie est-il nécessaire aux avancées ?
Bonjour à tous,
Le nombre caractère du titre étant très limité, le titre peut sembler flou. C'est en fait une question que je me suis souvent posée : est-il nécéssaire d'être un "génie" pour marquer de son empreinte les mathématiques ? Les plus grands (ou en tout cas les plus célèbres) mathématiciens sont en effet souvent des enfants précoces, semblent être dotés de capacités cognitives bien supérieures à la moyenne et ont une intuition mathématique assez incroyable (je pense par exemple à Terrence Tao diplôme d'un Ph.D à 20 ans, Srinivasa Ramanujan et son sens des mathématiques sans les avoir étudiées, ...).
A-t-on des exemples historiques de mathématiciens ni précoces ni excellents élèves qui à force de travail et d'abnégation (je n'insinue pas que les "génies" ne travaillent pas bien entendu) ont réussi à démontrer des conjectures importantes qui ont fait l'histoire des mathématiques ? Est-ce qu'un étudiant certes bon et passionné mais sans prédispotions peut devenir un grand mathématicien ou ne pourra-t-il prétendre qu'à devenir un "banal" (notez bien les guillemets !) enseignant-chercheur à l'université ?
Le nombre caractère du titre étant très limité, le titre peut sembler flou. C'est en fait une question que je me suis souvent posée : est-il nécéssaire d'être un "génie" pour marquer de son empreinte les mathématiques ? Les plus grands (ou en tout cas les plus célèbres) mathématiciens sont en effet souvent des enfants précoces, semblent être dotés de capacités cognitives bien supérieures à la moyenne et ont une intuition mathématique assez incroyable (je pense par exemple à Terrence Tao diplôme d'un Ph.D à 20 ans, Srinivasa Ramanujan et son sens des mathématiques sans les avoir étudiées, ...).
A-t-on des exemples historiques de mathématiciens ni précoces ni excellents élèves qui à force de travail et d'abnégation (je n'insinue pas que les "génies" ne travaillent pas bien entendu) ont réussi à démontrer des conjectures importantes qui ont fait l'histoire des mathématiques ? Est-ce qu'un étudiant certes bon et passionné mais sans prédispotions peut devenir un grand mathématicien ou ne pourra-t-il prétendre qu'à devenir un "banal" (notez bien les guillemets !) enseignant-chercheur à l'université ?
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Réponses
J'ai l'impression que ce qui est vraiment important c'est de se poser de bonnes questions, d'être suffisamment opiniâtre pour trouver les réponses, d'avoir une bonne culture mathématique et de ne pas avoir peur de mélanger les genres (une bonne idée peut s'appliquer à bien des contextes différents). Donc pour moi, oui, la banalité n'est pas une fatalité pour nous autres mortels.
Comme exemple de mathématiciens, peut-être Andrew Wiles ? Il a bien sûr fréquenté des écoles prestigieuses, mais si j'en crois sa page wikipédia, sa première distinction date de 1988, soit presque dix ans après sa thèse. En particulier, il n'est pas fait mention d'une quelconque récompense aux olympiades internationales pendant sa jeunesse.
Ce qui explique les différences de parcours entre les uns (le "génies selon toi") et les autres ("les banals chercheurs anonymes") sont des facteurs très aléatoires d'environnement, de vie de rencontre, etc. Rien à voir avec des histoires de capacités. Et en fait, ils sont toujours sous-doués, ce qui les amène (comme les aveugles avec l'ouie) à se tourner avec intensité vers leur sphère intime mathématique là où les autres gens la laisse dormir et en friche n'en ayant pas besoin.
Comme le dit seirios, la passion et l'opiniatreté sont les qualités non pas de naissance, mais aiguisées pour des raisons qu'on ne connait pas chez des gens comme Tao etc qui font dans le récit de vie la différence. Un gugus moyen pense (même en arrière-plan) entre 5 et 10 secondes à des maths (scripturalisables**) dans une année. Les gens qui font des découvertes pensent (directement ou en arrière-plan) 11500000 secondes à des maths (scripturalisables) dans une année, autrement dit 2000000 fois plus. On pourrait même s'étonner de leurs très faibles succès à ce stade.
** les surfeurs de montagne de l'extrême font aussi énormément de maths, mais non scripturales, donc ils ne peuvent traduire leurs "découvertes" en textes.
L'exemple assez marquant est l'histoire de la relativité (restreinte et générale). Quand on étudie un peu le truc, c'était dans l'air du temps. Un grand cerveau comme celui d'Einstein a réussi à synthétiser tout ça et à en faire une théorie cohérente, mais je suis sûr que la théorie aurait été développée sans lui, même si ca aurait peut-être pris quelques années voire dizaines d'années en plus.
C'est dans ce sens précis que j'ai répondu. Dans le sens des fêtes populaires, personne ne conteste qu'ils sont des champions parmi les chercheurs.
Mais il est important d'informer les participants du forum qui n'ont pas côtoyé intimement ces grand matheux car même si c'est évident pour ceux qui bouffent à la cantine tous les jours avec eux les gens éloignés ne savent pas qu'ils sont normaux et nlont pas de capacités particulières.
Je n'exagère pas même pour le rubic cube j'ai croise de nombreuses personnes il ya 35-40ans qui croyaient qu'il n'y avait pas de truc et que mon voisin de dortoir qui le pliait en 2mn avait une espèce de surcapacité cérébrale lui permettant au choix d'analyser les 10^474 configuarztions en 1 seconde ou bien d'avoir une sorte de perception quantique parallèle. J'insiste c'est ce que pensent les gens éloignés !!!! Il me semble important de les informer que Tao c'est Batman et non pas Superman.
Pour la relativité restreinte, ça a clairement été le cas. Pour la relativité générale, c'est moins clair. À ce propos, il y a une série sur la vie d'Einstein, qui a été réalisée en partenariat avec National Geographic : Genius. Malgré le titre, je trouve que la série montre assez bien qu'Einstein n'a pas été un génie absolu au sens populaire. Du coup, cela colle assez avec cette discussion.
le génie est bien-sûr nécessaire aux avancées scientifiques
aussi bien en sciences mathématiques, physiques et biologiques qu'en sciences sociales
c'est Laurent Schwartz qui disait que pour faire bouger les lignes en science il fallait être subversif
(lui même l'était et pas seulement en math....) et ne pas subir le conformisme ambiant
seul le génie (à condition d'être stable, ferme et responsable) peut se permettre de perforer les idées reçues
le plus difficile étant qu'il soit reconnu par la communauté scientifique, c'est-à-dire ses collègues, sinon il restera marginal
l'idéal est de dominer pleinement un domaine d'études et de proposer des avancées significatives
l'exemple qui vient à l'esprit est Gauss qui en arithmétique, algèbre, analyse, géométrie et physique dominait son sujet
et qui d'une façon discrète et modeste par des écrits posthumes fit connaître ses idées sur les géométries non-euclidiennes
Boucher de Perthes refusa d'emblée la date biblique de 6000 ans quant à la création du monde
toute sa vie il s'évertua à trouver des traces beaucoup plus anciennes de la présence humaine sur terre
(il est un des fondateurs de la préhistoire)
Darwin connaissait bien les études antérieures des savants sur les origines de la vie
mais il n'hésita pas à bousculer les idées de son temps (le 19ème siècle) encore marqué par les dogmes religieux
Tocqueville avait une bonne formation juridique, qui l'avait ouvert sur les questions sociales et politiques dans son pays, la France
à la demande du roi des Français Louis-Philippe il part pour les Etats-Unis dans les années 1830 étudier le système judiciaire
il en revient avec l'ouvrage "de la démocratie en Amérique" qui dépasse largement les objectifs fixés par le roi
et qui reste l'ouvrage sociologique marquant au 19ème siècle, aux yeux des Européens comme des Américains
Claude Bernard avait une bonne maîtrise des techniques médicales de son temps
il fit faire un progrès significatif avec la médecine expérimentale
qui heurta ses contemporains (y compris son épouse qui finit par divorcer!)
mais qui était sans doute indispensable en terme d'efficacité
cordialement
Le cas de Darwin est peut-être intéressant d'ailleurs. Je ne sais pas s'il avait des capacités intellectuelles "supérieures", mais l'écriture de son traité maintenant devenu célèbre lui a demandé un travail colossal : beaucoup de voyages et d'études minutieuses, notamment sur l'évolution de certains caractères dans des élevages de pigeons.
Le génie est une longue patience, c'est une réflexion de génie pas doué"
Boris Vian, dans "L'arrache cœur".
Et ce n'est pas un détail, ça se voit tous les jours. Par exemple, quelqu'un capable de monter facilement des côtes dans un territoire plein de reliefs pourra explorer bien plus de chemins, donc se perdre, là où l'essouflé n'explorera que les chemins plats. Il se trouve alors que si le graal se trouve au bout d'un des chemins plats, le deuxième le trouvera plus vite.
De même sans référer à l'humain, en maths pures et abstraites, tout théorème est un cas particulier d'évidence et ce qui fait la difficulté de prouver un théorème c'est qu'il est trop cas particulier d'un fait plus général plus facile à prouver. Autrement dit, alors qu'il est trivialement conséquence d'un truc T facile, il est difficile à prouver par les hommes, alors que ces mêmes hommes ne peineraient pas à prouver T sur simple injonction.