Évarhistoire, 1er août 2018

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Réponses

  • Effectivement, et c’est même à l’une de ses publications que la Société doit son tout premier procès, le 2 octobre 1830, deux mois après sa constitution. En l’occurrence pour une affiche appelant au renversement de la chambre des députés. Hubert, président, et Thierry, trésorier, seront condamnés à trois mois de prison -- le début du défilé à Sainte Pélagie de Marrast que tu citais plus haut.

    Dans le cours des débats, Hubert indique qu’il a fondé la Société avec 5 autres personnes, qu’elle comptait de 120 à 130 membres lors de son arrestation (8 septembre) et 350 au jour du procès (2 octobre) : https://www.retronews.fr/journal/la-tribune-des-departemens/4-octobre-1830/1221/2761591/4 et https://www.retronews.fr/journal/le-globe-1824-1832/3-octobre-1830/221/1801587/4.

    Hubert et Thierry ont aussi tous deux leur notice dans le Maitron : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article32564 et http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article38206.

    (Un point omis par ce dictionnaire : Hubert lèguera une partie de sa fortune pour aider les ouvriers à se loger : http://data.decalog.net/enap1/Liens/Gazette/ENAP_GAZETTE_TRIBUNAUX_18550222.pdf.)
  • Avec Hubert et Thierry étaient jugés Joseph Denis David, l’imprimeur de l’affiche, et Jean Louis Pierre Henri Caffin, propriétaire du « manège Pellier », une salle qu’il prêtait à la Société des amis du peuple pour ses réunions.

    Un témoignage (critique) très légèrement antérieur au procès décrit ainsi l’une des sessions du manège Pellier :

    Le manège est divisé en deux parties ; la première est destinée aux curieux, celle du fond aux membres du club, qui sont à peu près au nombre de deux cents. Le privilège s’est glissé jusque chez les Amis du peuple, car s’il y a des chaises pour les sociétaires, on en use sans cérémonie avec les spectateurs qu’on laisse debout. L’enceinte réservée au public était déjà pleine, et la séance n’est point encore ouverte.
    Il v avait là plus de mille auditeurs, serrés les uns contre tes autres, épuisés de chaleur, haletants […].
    Au milieu de ce fracas de voix discordantes, de cette confusion de conversations, l’oreille n’entend d’abord que du bruit ; mais ensuite elle se familiarise avec le tumulte, et dans ce chaos de paroles elle démêle des discours et des répliques, beaucoup de déclamations et quelques raisonnements. Cette assemblée qui vient assister aux délibérations d’un club se divise elle-même en mille clubs divers. Chaque groupe a ses opinions, ses orateurs, ses émotions. On voit les mains s’agiter, les têtes se mouvoir ; on s’insulte, on se salue, on s’appelle ; on se hèle au milieu de cette mer. On cause par cris, on hèle une politesse, on vocifère un bonsoir. La chambre, le gouvernement, le ministère, tout est passé en revue, ou pour mieux dite par les verges, tant les paroles des orateurs sont sévères, tant les esprits sont mécontents (source et totalité ici : https://www.retronews.fr/journal/gazette-de-france/3-octobre-1830/375/1296959/4).

    Caffin a été condamné à une seule modique peine d’amende (15 francs).
  • De la lettre des 36 au premier procès, je détecte encore l’apparition comme membres de la Société d’Armand Marrast, déjà souvent cité dans ce fil, par une lettre publiée par la Tribune du 27 septembre 1830, et de François de Corcelle, par l’évocation de l’un de ses discours, dans la Tribune du 3 octobre : https://www.retronews.fr/journal/la-tribune-des-departemens/27-septembre-1830/1221/2761605/4 et https://www.retronews.fr/journal/la-tribune-des-departemens/3-octobre-1830/1221/2761593/1.

    Parmi les signataires de la lettre des 36, Poubelle n’est pas le préfet hygiéniste qui a donné son nom à un objet du quotidien, mais probablement J. N. Poubelle, « ancien secrétaire particulier de M. Dupont (de l’Eure) » et auteur d’une brochure citant la lettre des 36. À le suivre, il faudrait lire parmi les signataires Flasters au lieu de Flatters, Monteix au lieu de Montieu, Achille Roche au lieu de Rochel V., Laprée Thierry au lieu de Thierry, et Mianné de Saint-Firmin au lieu de Mienné Saint-Firmin : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5546665k/f29
  • En enquêtant sur ces premiers membres de la Société des amis du peuple, je suis tombé sur séance un peu plus tardive, dans laquelle Galois fait une brève apparition. Elle est contée dans un « roman » intitulé Asmodeus at Large, de l’écrivain britannique Edward Bulwer-Lytton, paru un ou deux ans après les faits : https://books.google.fr/books?id=Ra4lAAAAMAAJ&hl=fr&pg=PA42

    La séance, si elle n’a pas été inventée de toutes pièces, est postérieure au 15 juin 1831, date de l’acquittement de Galois dans l’affaire des Vendanges de Bourgogne.

    On lit souvent que Galois a adhéré à la Société le 20 novembre 1830. Je vous défie de trouver un document d’époque prouvant cette affirmation -- car je crois tout simplement qu’il n’existe pas ;)86498
  • Le 20 novembre 1830 correspond simplement à la date à laquelle la Société des amis du peuple adopte un (nouveau ?) règlement. Mais rien ne dit que Galois ait adhéré précisément ce jour-là...

    Pour faire partie de la Société, il faut être parrainé par deux membres, accepté par le « bureau central » et élu au deux tiers des présents lors d’une assemblée d’intronisation ; lors des débats, la parole n’est donnée que par le président et par ordre d’inscription ; sauf exception, les discours écrits sont interdits : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6820p/f55
  • @Olivier: Tu sais peut-être que les blanquistes ont continué à être important dans le quartier jusqu'à la fin du siècle. Le nom du Boulevard ayant conduit lui-même a des péripéties avant d'être accepté. Bref il est probable que la société des amis du peuple ait perduré de manière plus ou moins légale, d'ailleurs je me rappelle vaguement qu'elle a changé de nom quelques années plus tard.
    M.
  • Exact @Mauricio ! Après sa dissolution consécutive aux sanglantes journées de Juin 1832, la Société des amis du peuple a laissé la place à la Société des droits de l'homme : https://fr.wikipedia.org/wiki/Société_des_droits_de_l'homme
  • Du premier procès (2 octobre) aux règlements du 20 novembre 1830, je détecte l’affiliation d’un petit groupe de saint-simoniens -- en (très) gros, les transhumanistes de leur époque : https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-simonisme.

    Par une lettre au Globe suivie d’une déclaration de principes, les huit signataires s’élèvent contre l’information prétendant que nul membre de leur courant ne fait partie de la Société des amis du peuple. Il s’agit de Buchez, Boulland, P. Robert, H. Auger, Lempert, Patin, Belfield et Avril : https://www.retronews.fr/journal/le-globe-1824-1832/10-octobre-1830/221/1802015/4

    Faute de liberté de publication, Auger quittera rapidement la société : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2057969/f408.
  • À cette époque, la Belgique, unie aux Pays-Bas depuis la reconfiguration post-napoléonienne, se lance dans la reconquête de son indépendance. Pour soutenir cette Révolution belge, la Société des amis du peuple dépêche une légion de volontaires. Le 31 octobre 1830, elle est à l’avant-garde d’une attaque lancée contre Oostbourg, qui fera dans son camp huit blessés et surtout deux morts, dont Auguste Caunes (fils). Le drapeau de la Société est touché de dix-neuf balles, dix-sept dans l’étoffe et deux dans le bois : https://www.retronews.fr/journal/le-constitutionnel/8-novembre-1830/22/477115/2.

    Le second mort doit être David : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6820p/f210.

    PS. Le drapeau était noir et portait la devise « Vaincre ou mourir ». Comme Galois, Caunes fils venait de Louis-le-Grand et avait raté l’entrée à Polytechnique. Il avait d’abord étudié les mathématiques avant de bifurquer vers le droit. Il était dans l’intention « de créer une Géométrie politique et de publier un Recueil d’axiomes girondins » : https://books.google.fr/books?id=IJ41AQAAMAAJ.
  • Nous approchons du 9 décembre 1830, date à laquelle Galois est exclu de l’École normale et se jette à plein dans le militantisme républicain.

    La période est marquée par deux échauffourées liées au « Procès des ministres de Charles X » (des ministres du roi détrôné par la révolution de 1830, capturés durant une tentative de fuite à l’étranger) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Procès_des_ministres_de_Charles_X.

    La seconde et principale aura lieu du 20 au 22 décembre, à l’occasion du procès, et verra l’inculpation consécutive d’un certain Pecheux d’Herbenville, futur adversaire en duel de Galois.

    Mais elle avait été précédée par de premiers troubles, le 20 octobre, alors qu’il était question d’abolir la peine de mort pour les procès politiques. Du point de vue des républicains, la mesure visait à « soustraire de lâches ministres à leur juste châtiment ». La Société des amis du peuple s'organise alors en douze bureaux (un par arrondissement) ouverts de midi à deux heures : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64720296/f26/.

    Cette première échauffourée permet d’identifier deux nouveaux membres de la Société : Louis-François Duez, dit Duez l’aîné, et son frère Charles Duez, dit Duez le jeune, tous deux jeunes avocats, traduits en justice dans des procès différents : http://data.decalog.net/enap1/liens/Gazette/ENAP_GAZETTE_TRIBUNAUX_18310416.pdf (fin p. 1) et http://data.decalog.net/enap1/liens/Gazette/ENAP_GAZETTE_TRIBUNAUX_18310327.pdf (p. 2/4).

    PS. Comme Norbert ou moi le dirons sans doute dans un fil dédié, la deuxième Journée Galois se tiendra le 28 juin prochain à partir de 14h00 en l’amphithéâtre Galois de l’École normale supérieure (45 rue d’Ulm, Paris). Animée par François Sauvageot, elle se composera d’une conférence de Pierre Berloquin intitulée « Mathématiques et émotions », d’une conférence de Fernando Zalamea et Charles Alunni intitulée « Galois chez Grothendieck » et d’une lecture théâtralisée de Marc Soléranski intitulée « Évariste Galois sur scène ». L’inscription est gratuite mais obligatoire : contact@evaristegalois.org. Elle sera suivie de l’assemblée générale de l’Association des Amis d’Évariste Galois, réservée aux seuls membres à jour de leur cotisation : https://www.evaristegalois.org/.
  • Après la condamnation et l’incarcération du premier président Hubert, en octobre 1830, Ulysse Trélat, autre fondateur, prend la tête de la Société des amis du peuple. Il fait partie de la deuxième batterie de l’artillerie de la garde nationale, l’arme lourde de l’époque (canons), une force stratégique pour les révolutionnaires républicains. C’est aussi la batterie de Pecheux d’Herbenville, futur adversaire en duel de Galois.

    Suspectés de tentative de coup d’état lors de la seconde échauffourée liée au procès des ministres, Trélat et Pecheux seront avec d’autres traduits en justice pour « conspiration ». À l’avènement de la république, en 1848, Trélat deviendra ministre des Travaux publics, avec sous sa tutelle les palais de Compiègne et de Fontainebleau, dont Pecheux deviendra administrateur ou régisseur.

    Galois aussi a été artilleur de la garde nationale. Mais dans quelle batterie ? Et à partir de quand ? Croyez-le ou non, mais ce sujet est tout à fait vierge...
  • Duchâtelet, en compagnie de qui Galois sera arrêté le 14 juillet, faisait sûrement partie de la même batterie que Trélat et Pecheux d'Herbenville -- la deuxième, commandée par Joseph Auguste Guinard. C'est lui-même qui le dit, dans une des lettres à son avocat récemment découvertes et évoquées plus haut sur ce fil :
    Duchâtelet a écrit:
    J’étais muni d’un certificat de M[onsieu]r Guinard portant que j’avais fait partie de sa 2e batterie, que j’avais assisté à toutes les manoeuvres et à tous les exercices et que je [m’étais] toujours fait remarquer par mon zèle et mon instruction.
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  • Petit scoop à propos de Pecheux d’Herbenville : il a suivi des cours à Louis-le-Grand, du temps où Galois y était lui-même. En 1826-1827, dans la classe de Véron Vernier (Maths Spé ?). Il venait de la pension Leterrier...87622
  • … belle découverte en effet!!
  • Alors que Galois est renvoyé de l’École normale, en décembre 1830, apparaît sur la scène politique Jules Sambuc, leader étudiant, qui dans une Lettre appelle à fonder « une organisation et un journal, journal qui sera celui de tous les étudiants de France » : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5516001r/f.

    Joignant le geste à la parole, Sambuc jette avec Blanqui et quelques autres les bases d’une Société des écoles, engageant du même coup un bras de fer avec le ministre de l’instruction publique de l’époque, Barthe, pour qui ce projet enfreint la législation en vigueur.

    Le 22 janvier 1831, quelques jours après une grosse manifestation étudiante place du Panthéon, Sambuc est traduit avec quelques camarades devant le Conseil académique qui décide de l'exclure de l’Université. À la sortie du Conseil, le ministre est bombardé de projectiles divers par les étudiants.

    Ces nouveaux désordres provoqueront l’arrestation de Sambuc (et Blanqui...), la saisie de ses papiers, dont son journal intime. Comme celui-ci révélait, dans le cadre d’un autre projet d’association, le début d’une alliance avec Trélat, le président de la Société des amis du peuple, Sambuc sera pris dans le procès pour conspiration évoqué plus haut dans ce fil.

    C’est pour fêter l’acquittement des prévenus à ce procès (et le refus de la légion d’honneur par Raspail) que fut organisé le banquet aux Vendanges de Bourgogne, au cours duquel Galois, poignard à la main, lança son toast régicide.

    Galois avait auparavant participé aux autres évènements, à suivre le rédacteur en chef de la Gazette des écoles, en marge d’une lettre de Duchâtelet :
    Série des événements intermédiaires, auxquels M. Galois déclare avoir pris part : association des étudiants ; lapidation de M. Barthe ; arrestation des membres du comité [provisoire de la Société des écoles] ; saisie du journal Sambuc ; conspiration dite républicaine ; acquittement des prévenus ; banquet Raspail ; poignard Galois (source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9792314p/f3).

    PS. Sambuc finira comme Galois, mort à la suite d’un duel engagé avec un ami politique -- duel aux circonstances plus établies, quoique débattues : https://books.google.fr/books?id=_xU7AAAAcAAJ, https://books.google.fr/books?id=Tx1bAAAAQAAJ&lpg=PA24...87714
  • Outre Ulysse Trélat et Achille Roche déjà répertoriés, les comptes rendus de ce fameux procès de la conspiration de décembre 1830 (ou procès des dix-neuf) permettent de repérer ces nouveaux membres de la Société des amis du peuple : Adam ; Eléonore Louis Godefroy Cavaignac ; Jean-François Danton ; Joseph Auguste Guinard ; Jules Isidore Lebastard ; Pellerin ; Jean Antoine Bernard Anthelme Pointis ; Sterlin ; Vérillon : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64720296 ; https://books.google.fr/books?id=inFTYwG_FDQC...

    Danton porte un patronyme très connu !

    Pecheux d’Herbenville, comme d’autres inculpés, ne sont pas formellement identifiés comme membre de la Société, même s’ils l’étaient probablement, d’où leur absence de la liste.
  • La Société des amis du peuple est espionnée par la police dès 1830, suite à l’impression de l’affiche appelant à renverser la chambre des députés qui entraînera son premier procès. Divers rapports, très précieux pour l’histoire de la Société, ont subsisté. L’un d’entre eux détaille ainsi la composition du bureau renouvelé le 27 novembre 1830 : « Trélat, président ; Teste, Buchez vice présidents ; Plaigniol [Plagniol], Rittier [Rittiez] secrétaires ».

    Il précise que ce jour-là a été également admis à la Société « Arago, directeur du Vaudeville », soit Étienne Arago, frère du savant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Étienne_Arago.

    PS. À vendredi IRL à l’ENS pour ceux qui viendront à notre Journée Galois !87924
  • Bref, j’ai beau scruter, je ne vois pas plus de Galois à la Société des amis du peuple en 1830 que de beurre en broche. Ni même de Raspail (notoirement membre à partir de 1831) ou Blanqui. Voici un récapitulatif des 70 membres répertoriés à ce jour, avec première indication de leur activité, et lien biographique pour les plus connus :
    • Adam, [Jacques François ?] ; propriétaire ; témoin au procès pour conspiration en avril 1831 ; Affiliation ; Ref ;
    • Aling ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Arago, Étienne Vincent (Estagel, 9 février 1802 - Paris, 7 mars 1892) ; directeur du Vaudeville ; admis à la Société des amis du peuple le 27 novembre 1830 ; Affiliation (27 novembre 1830) ; Wikipedia ; Maitron ; Oeuvres ; Ms ;
    • Auger, Hippolyte Nicolas Just (Auxerre, 25 mai 1797 - Menton, 5 janvier 1881) ; fait partie du groupe de saint-simoniens se réclamant de la Société des amis du peuple dans une lettre publiée par Le Globe en octobre 1830 ; écrit au duc d’Orléans en qualité de membre ; cesse d’en faire partie peu après selon ses Mémoires ; Affiliation 1 ; Affiliation 2 ; Wikipedia ; Maitron ; Oeuvre ; Ref ;
    • Avril, Gustave Constant Félix (Nanterre, 15 février 1810 - Paris, 6 janvier 1874) ; fait partie du groupe de saint-simoniens se réclamant de la Société des amis du peuple dans une lettre publiée par Le Globe en octobre 1830 ; Affiliation ; Maitron ;
    • Baboul, E. ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Belfield ou Belfield-Lefèvre, Henry ; fait partie du groupe de saint-simoniens se réclamant de la Société des amis du peuple dans une lettre publiée par Le Globe en octobre 1830 ; Affiliation ; Oeuvre 1 ; Oeuvre 2 ;
    • Blanchand ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Bonnias, Henri (Salon de Provence, 30 septembre 1800 - Paris, 2 octobre 1852) ; membre de la commission et signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; demande sans succès à rétablir la publicité des séances de la Société le 4 décembre 1830 ; se prononce le 11 décembre 1830 sur la nécessité de se rendre en masse au convoi de Benjamin Constant ; Affiliation ; Wikipedia ; Maitron ; Biographie ; Oeuvre ; Ref 1 (5 décembre 1830) ; Ref 2 (13 décembre 1830) ;
    • Bossel ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Boulland, Jean-François Auguste (Metz, 1799 - Paris, 24 juillet 1859) ; Affiliation : https://books.google.fr/books?id=vqzyhvH3Rs0C&pg=PA86 ; Ref : http://data.decalog.net/enap1/liens/Gazette/ENAP_GAZETTE_TRIBUNAUX_18310406.pdf ; Affiliation ; Maitron ; Oeuvre ;
    • Bourgouin ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Buchez, Philippe Joseph Benjamin (Matagne-la-Petite, 31 mars 1796 - Rodez, 11 août 1865) ; fait partie du groupe de saint-simoniens se réclamant de la Société des amis du peuple dans une lettre publiée par Le Globe en octobre 1830 ; désigné vice-président de la Société le 27 novembre 1830 ; Affiliation 1 (27 novembre 1830) ; Affiliation 2 ; Wikipedia ; Maitron ; Oeuvre ;
    • Caillard ; se réunit habituellement avec les frères Duez et d’autres membres de la Société au 72 rue Saint-André-des-Arts pour diriger les troubles dans le quartier pendant le procès des ministre en décembre 1830 ; Affiliation (21 et 23 décembre 1830) ;
    • Caunes ou Caunes fils, Auguste (Paris, 22 mars 1809 - Oostbourg (Hollande), 31 octobre 1830) ; membre du bataillon dépêché par la Société des amis du peuple pour aider à l’indépendance de la Belgique ; mort à Oostbourg le 31 octobre 1830 ; Affiliation ; Maitron ; Biographie ;
    • Caunes ou Caunes père, Auguste Élisabeth (Ginestas, 3 janvier 1785 - ) ; l’un des fondateurs de la Société des amis peuple ; président du 12e bureau en 1830 ; publie dans la brochure de la Société du 31 août 1831 sa plaidoirie lors d’un procès pour délit de presse ; l’un des membres chargé de créer des sections d’ouvriers en novembre 1831 ; prévenu et acquitté dans le procès du droit d’association de décembre 1832 ; Affiliation ; Maitron ; Ref 1 ; Ref 2 ; Ref 3 ( [24 novembre 1831]) ; Ref 4 ;
    • Cavaignac, Éléonore Louis Godefroy (Paris, 31 mai 1800 - 5 mai 1845) ; capitaine en second de la seconde batterie de l’artillerie de la garde nationale ; accusé d’avoir comploté contre l’état du 20 au 22 décembre 1830, acquitté le 15 avril 1831 ; Affiliation ; Wikipedia ; Biographie 1 ; Biographie 2 ; Biographie 3 ; Oeuvre ; Ref ;
    • Corbiot ou Corbiau, Joseph Eustache (Évreux, 25 mars 1792 - Alger, 8 avril 1872) ; lieutenant d’infanterie ; colonel en second du bataillon de Belgique ; se réunit habituellement avec les frères Duez et d’autres membres de la Société au 72 rue Saint-André-des-Arts pour diriger les troubles dans le quartier pendant le procès des ministre en décembre 1830 ; cité au procès de Duez aîné le 15 avril 1831 ; Affiliation (21 et 23 décembre 1830) ; Maitron ; Ref 1 ; Ref 2 ;
    • Corcelle, François de ou Francisque de (Marcilly, 2 juin 1802 - Paris, 3 septembre 1892) ; présent à la Société le 10 septembre 1830 ; s’y adresse le 22 septembre ; l’a quittée au 3 octobre 1830 ; Affiliation 1 : Affiliation 1 (10 septembre 1830) ; Affiliation 2 ; Wikipedia ; Oeuvre ; Ref ;
    • Courrent ; avocat ; membre de la commission et signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ; Oeuvre ? ;
    • Danton, Jean François (Tarbes, c. 1803 - ) ; rédacteur à la Tribune ; l’un des fondateurs de la Société des amis du peuple ; accusé d’avoir attaqué un garde national le 25 septembre 1830 lors de la fermeture du manège Pellier et acquitté ; Affiliation ; Maitron ; Ref ;
    • Dardonville ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • David ; un David est signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; un David volontaire au bataillon de Belgique meurt à Oostbourg le 31 octobre 1830 ; Affiliation 1 ; Affiliation 2 ;
    • Delaunay, Victor Célestin (Lisieus, 22 décembre 1796 - Paris, 5-6 juin 1832 ? ) ; l'un des fondateurs de la Société des amis du peuple ; signataire de la lettre collective du 6 août 1830 ; prévenu au procès des quinze en janvier 1832 ; Affiliation ; Maitron ; Ref ;
    • Delormel ou Delormel-Dumont, Z. ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ; Ref ;
    • Denuelle ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Desrouzières ; demande sans succès à rétablir la publicité des séances de la Société le 4 décembre 1830 ; Affiliation (5 décembre 1830) ;
    • Duez ou Duez aîné, Louis François ; avocat ; membre dès septembre 1830 ; colonel ou payeur du bataillon de Belgique ; demande sans succès à rétablir la publicité des séances de la Société le 4 décembre 1830 ; président du 12e bureau ; soupçonné de complot contre l’état et excitation à la guerre civile en décembre 1830 ; jugé et acquitté les 16 et 17 avril 1831 ; Affiliation ; Maitron ; Ref 1 (5, 21 et 23 décembre 1830) ; Ref 2 ; Ref 3 ;
    • Duez ou Duez jeune, Charles Séraphin (c. 1803 - ) ; avocat ; prononce un discours devant la Société à la mi-septembre 1830 ; demande sans succès à rétablir la publicité des séances de la Société le 4 décembre 1830 ; condamné à un an de prison pour non révélation de complot le 27 mars 1831 ; Affiliation ; Maitron ; Ref 1 (5 décembre 1830) ; Ref 2 ; Ref 3 ;
    • Dumont, A. ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Flatters ou Flasters ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation 1 ; Affiliation 2 ;
    • Flotard ou Flottard, Jacques Thomas (Vire, 1797 - Paris, 28 février 1872) ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; présente devant la Société le 11 décembre 1830 un rapport sur la situation de la France qui excite des discussions vives ; Affiliation ; Maitron ; https://data.bnf.fr/fr/10269984/jacques-thomas_flotard/ ; ref (13 décembre 1830) ;
    • Foleu ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Fuzé ; demande sans succès à rétablir la publicité des séances de la Société le 4 décembre 1830 ; Affiliation (5 décembre 1830) ;
    • Gaillardette ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Gouin ; se réunit habituellement avec les frères Duez et d’autres membres de la Société au 72 rue Saint-André-des-Arts pour diriger les troubles dans le quartier pendant le procès des ministre en décembre 1830 ; Affiliation (21 et 23 décembre 1830) ;
    • Grand, P. ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Grouy ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Guinard, Joseph Auguste (Paris, 29 septembre 1799 - Villepreux, 6 juin 1879) ; capitaine de la seconde batterie de l’artillerie de la garde nationale ; accusé d’avoir comploté contre l’état du 20 au 22 décembre 1830, acquitté le 15 avril 1831 ; Affiliation ; Wikipedia ; Maitron ; Ref ;
    • Hubert, Jean Louis (Paris, 23 février 1787 - La Varenne Saint-Maur, 29 juillet 1849) ; ancien notaire ; président et signataire de la lettre du 6 août 1830 ; inculpé dans le procès de l’affiche, et condamné le 2 octobre 1830 à trois mois de prison ; lègue une partie de sa fortune au logement des ouvriers ; Affiliation ; Maitron ; Procès affiche ; Ref ;
    • Langlois, V. ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Lapuez ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Lavoray ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Lebastard, Jules Isidore (c. 1806 - ) ; architecte ; maréchal des logis de la troisième batterie de l’artillerie de la garde nationale ; arrêté le 22 décembre à la tête d’un attroupement en marche vers le Louvre ; accusé d’avoir comploté contre l’état du 20 au 22 décembre 1830, acquitté le 15 avril 1831 ; Affiliation ; Maitron ; Ref ;
    • Lempert ; fait partie du groupe de saint-simoniens se réclamant de la Société des amis du peuple dans une lettre publiée par Le Globe en octobre 1830 ; Affiliation ;
    • Leroux, Jean Baptiste Principe (4 février 1790 - ) ; notaire ; sort avec Danton lors de la séance de la Société du 25 septembre 1830 et témoin à son procès en avril 1831 ; prononce un discours virulent devant la Société le 18 décembre 1830 ; Affiliation ; Ref 1 ; Ref 2 ;
    • Marrast, Armand Marie François Pascal (Saint-Gaudens, 5 juin 1801 - Paris, 10 mars 1852) ; mentionne sa qualité de membre de la Société dans une lettre écrite au rédacteur de chef de la Tribune publiée le 27 septembre 1830 ; propose avec succès le 5 décembre 1830 de « faire admettre aux séances suivantes, au moyen de cartes qui seraient délivrées, deux personnes non sociétaires avec chacun des membres de la société » ; Affiliation ; Wikipedia ; Maitron ; Biographie ; Oeuvre ; Ref 1 (5 décembre 1830) ;
    • Mianné de Saint-Firmin ou Mienné Saint-Firmin ; signataire de la lettre du 6 août 1830 sous le nom Mienné Saint-Firmin ; [secrétaire de la commission des récompenses nationales] ; Affiliation 1 ; Affiliation 2 ; Oeuvre ;
    • Monteix ou Montieu ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 sous le nom Montieu ; Affiliation 1 ; Affiliation 2 ;
    • Parent ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Patin ; fait partie du groupe de saint-simoniens se réclamant de la Société des amis du peuple dans une lettre publiée par Le Globe en octobre 1830 ; Affiliation ;
    • Pellerin ; témoin au procès pour conspiration en avril 1831 ; Affiliation ; Ref ;
    • Plagniol, Eugène ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; désigné secrétaire de la Société le 27 novembre 1830 ; Affiliation 1 ; Affiliation 2 (27 novembre 1830) ; Maitron ; Oeuvre ;
    • Pointis, Jean Antoine Bernard Anthelme (Balesta, c. 1807 - Balesta, 29 décembre 1882) ; étudiant en médecine quand il est membre de la Société des amis du peuple, relevant du 12e bureau ; accusé et acquitté le 15 avril 1831 d’avoir provoqué en décembre 1830 à la guerre civile ; Affiliation ; Oeuvre ; Ref ;
    • Poubelle, [Jean Nicolas] ; [ancien secrétaire particulier de M. Dupont (de l’Eure)] ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ; Oeuvre ;
    • Rattier ou Rittiez ? ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Rheville, A. ; secrétaire et signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Rittiez, François (ou Jean François) (Verdun, 18 mai 1803 - Paris, 12 novembre 1870) ; avocat ; désigné secrétaire de la Société le 27 novembre 1830 ; témoin au procès de Duez l’aîné le 15 avril 1831 ; témoin au procès des quinze ; son nom amputé de certaines lettres se lit dans les publications de la Société ; prévenu au procès du droit d’association ; historien de la Société ; Affiliation 1 (27 novembre 1830) ; Affiliation 2 ; Wikipedia ; Biographie ; Oeuvres ; Oeuvre 1 ; Ref 1 ; Ref 2 ; Ref 3 ;
    • Robert, P. ; fait partie du groupe de saint-simoniens se réclamant de la Société des amis du peuple dans une lettre publiée par Le Globe en octobre 1830 ; Affiliation ;
    • Roche ou Rochel, Achille (Paris, mars 1801 - Paris, 14 janvier 1834) ; homme de lettres ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 (sous le nom de Rochel V.) ; assiste Trélat à son procès pour conspiration en avril 1831 ; Affiliation 1 ; Affiliation 2 ; Maitron ; Biographie ; Oeuvre ; Ref ;
    • Rouen dit Rouen aîné, Pierre Isidore ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ; Maitron ;
    • Sellice ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Sterlin ; médecin ; témoigne au procès pour conspiration en avril 1831 ; Affiliation ; Ref ;
    • Sèves ; se réunit habituellement avec les frères Duez et d’autres membres de la Société au 72 rue Saint-André-des-Arts pour diriger les troubles dans le quartier pendant le procès des ministre en décembre 1830 ; Affiliation (21 et 23 décembre 1830) ;
    • Teslin, V. ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; Affiliation ;
    • Teste, Charles Antoine (Bagnols-sur-Cèze, 27 mai 1783 - ) ; assiste à la réunion du 30 juillet 1830 chez le restaurateur Lointier ; auteur selon Auger d’une motion visant à interdire la publication par des membres sans l’aval d’une commission ad hoc « chargé de se rendre à Bruxelles pour juger par lui-même de la conduite tenue par la légion à la solde de la société et de l’accueil que cette troupe avait reçue en Belgique » ; désigné vice-président le 27 novembre 1830 ; témoin au procès de Duez l’aîné le 15 avril 1831 ; Affiliation 1 (28 novembre 1830) ; Affiliation 2 ; Affiliation 3 ; Maitron ; Oeuvre ; Biographie ; Ms 1 ; Ms 2 ; Ref ;
    • Thierry ou Laprée Thieery, Evan Riphée (Metz, 8 septembre 1794 - Paris, 28 octobre 1862) ; avocat ; signataire de la lettre collective de la Société des amis du peuple du 6 août 1830 ; trésorier en septembre 1830, inculpé dans le procès de l’affiche, et condamné le 2 octobre 1830 à trois mois de prison ; Affiliation 1 ; Affiliation 2 ; Procès I ; Maitron ;
    • Trélat, Ulysse (Montargis , 13 novembre 1795 - Menton, 29 janvier 1879) ; l’un des fondateurs de la Société des amis du peuple ; membre de la commission et signataire de la lettre collective du 6 août 1830 ; président de la Société (élu ou réélu le 27 novembre 1830) succédant à Hubert ; prononce un discours sur la tombe de Benjamin Constant le 12 décembre 1830 ; artilleur dans la seconde batterie de la garde nationale commandée par Guinard et Cavaignac ; accusé d’avoir comploté contre l’état du 20 au 22 décembre 1830, acquitté le 15 avril 1831 ; Affiliation 1 ; Affiliation 2 ; Affiliation 3 (27 novembre 1830) ; Affiliation 4 ; Wikipedia ; Maitron ; Biographie ; Oeuvres ; Ref ;
    • Vernhe ; se réunit habituellement avec les frères Duez et d’autres membres de la Société au 72 rue Saint-André-des-Arts pour diriger les troubles dans le quartier pendant le procès des ministre en décembre 1830 ; Affiliation (21 et 23 décembre 1830) ;
    • Vérillon, Jacques Germain ; négociant ; entre difficilement à la Société des amis du peuple avant de témoigner contre elle au procès pour conspiration en avril 1831 ; Affiliation ; Ref.
  • Je trouve paradoxalement que Galois aurait fait partie en 1830 d’une autre société politique, Aide-toi et le ciel t’aidera, elle aussi très ouverte aux républicains : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aide-toi,_le_ciel_t%27aidera_(soci%C3%A9t%C3%A9)

    C’est ce qu’indique Joseph Bertrand, dans un témoignage souvent cité sur ce fil :
    Bertrand a écrit:
    Un des frères de mon père, le docteur Stanislas Bertrand, qui jamais n'étudia les mathématiques, a vécu dans l'intimité de Galois. Il le rencontrait, en 1830, tantôt dans les bureaux du journal la Tribune, tantôt dans les réunions secrètes de la Société « Aide-toi, le ciel t'aidera », ce qui les conduisit à s'asseoir ensemble sur les bancs de la police correctionnelle. Quinze ans après, mon oncle, venant me voir, me trouva causant avec un jeune homme qu'il semblait regarder avec attention et écouter avec étonnement. Il me dit le lendemain : « J'ai éprouvé hier une véritable émotion, j'ai cru pendant un quart d'heure voir et entendre Évariste Galois. » Il avait vu et entendu M. Charles Hermite.

    Mais la mémoire de Bertrand (ou de son oncle) est-elle fiable ? Et de quels bancs de la police correctionnelle parle-t-il ? Du procès de Galois pour port illégal d’uniforme en 1831 avec Duchâtelet ? Stanislas Bertrand aurait été jugé sur une autre affaire le même jour ?88094
  • Si d’aventure vous connaissiez un producteur que la création d’une pièce de théâtre à dominante mathématique n’effraierait pas, vous pourriez lui suggérer de prendre contact avec notre association : https://www.evaristegalois.org/, contact@evaristegalois.org

    Lors de notre dernière assemblée générale, il y a une dizaine de jours à l’ENS, nous avons assisté à la « lecture en espace » d’une pièce sur Galois, dont tous les actes ont été chaleureusement applaudis par la petite centaine de personnes présentes.

    Le texte, de Marc Soléranski, est porté par une brillante troupe de comédiens professionnels, comprenant Charlenry Tricoire dans le rôle d’Évariste. Sa production se heurte à la triste réputation dont souffrent encore les mathématiques…

    PS. En photo, le résultat d’un duel au téléphone portable en coulisses avec Stéphanie, alias Carole Reppel-Baele. Je n’ai pas visé la tête, sciemment (par respect du droit à l’image, n’ayant pas demandé l’autorisation à l’intéressée).88160
  • Or donc Trélat succède comme président de la Société des amis du peuple à Hubert, condamné à trois mois de prison le 2 octobre 1830 pour l’affiche appelant à renverser la chambre des députés ; la Société qui avait tenu séance publique au manège Pellier jusqu'au 25 septembre les tient ensuite de façon privée (ou secrète) au Tivoli d’hiver, 45 rue Grenelle Saint-Honoré ; elle traverse comme je l’ai dit les évènements de la fin de l’année, ce qui nous mène en 1831…

    En janvier, elle connaît des problèmes de trésorerie du fait « du peu d’empressement que les honorables membres mettent à payer leur cotisation mensuelle ».

    Elle est surtout infiltrée par les « carlistes », partisans du retour de Charles X, le roi chassé par la révolution de 1830… Une commission d’épuration est formée le 4 janvier, qui aura prononcé l’exclusion d’une quarantaine de membres à la fin du mois.

    Je sais tout cela par les rapports de police qui détaillent, parfois jour par jour, l’activité de la Société...88256
  • Quelle confiance accorder aux informateurs de la police ? Les mouchards sont-ils professionnellement consciencieux ? Les soi-disant infiltrés ne sont-ils pas en réalité dépêchés par la Société des amis du peuple pour intoxiquer les autorités ?

    En ce début d’année 1831 au moins, la police est certainement très bien informée… En rendant compte de la séance du 2 février, elle indique que le président en titre a dignement accueilli son prédécesseur, Hubert, tout juste libéré, en lisant le discours que ce dernier avait prononcé devant ses juges, que ce discours devait être publié par la Tribune mais que ce journal s’y était refusé, et qu’en conséquence la Société cherchait à se doter de son propre organe de communication…

    Si je sais la police bien informée, c’est que la Société publiera bientôt le discours de l’ancien président Hubert, dans une brochure contenant en outre un extrait du procès-verbal de la séance. Globalement conforme au rapport de police, ce dernier précise que « la Société des amis du peuple suppléera à la publicité des séances par des publications patriotiques », et qu’elle constituait une commission de publication à cette fin. Aussitôt dit, aussitôt fait : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55267587/f2.
  • À propos de rapports de police, je peux déjà annoncer qu’il en a existé un sur la mort de Galois. Le préfet Gisquet le mentionne en marge d’un bulletin plus général, daté du 31 mai 1832, adressé au ministre de l’intérieur : « Mort de Legallois [...] des rapports spéciaux et des renseignements particuliers ayant été fournis à Son Excellence, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de les reproduire dans ce rapport général. »

    (L’orthographe des noms propres n’était pas aussi fixée au XIXe qu’aujourd’hui ; Gisquet écrit aussi Legallois pour Galois dans ses Mémoires : https://books.google.fr/books?id=uD4nArAT_coC&pg=PA171.)

    Ce rapport éclairerait sûrement les circonstances du duel... Il paraît avoir été écrit et non oral, mais a-t-il été conservé et quelqu’un sur cette Terre saura-t-il un jour le retrouver, voilà ce que j’ignore encore...88488
  • Wow, si on pouvait voir ce rapport...

    Qui est ce "Son Excellence" ? Le Président du Conseil ? Alors c'était Casimir Perier https://fr.wikipedia.org/wiki/Casimir_Perier#Président_du_Conseil_(13_mars_1831_-_16_mai_1832)
  • Son excellence désigne le ministre de l’intérieur, Montalivet, chef du préfet de police, Gisquet.

    Si le rapport a été conservé, il se trouverait en toute logique dans la sous-série F/7 des Archives nationales : https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_04/c614xe16ig4-rrwgxjnagi01.

    Si une copie avait été réalisée avant expédition, elle se trouverait aujourd’hui quelque part au Pré Saint-Gervais : https://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr/Nous-connaitre/Services-et-missions/Service-de-la-memoire-et-des-affaires-culturelles/Les-archives-de-la-prefecture-de-police.
  • Des « Rapports particuliers », comme celui dont je joins la photo, plus spécifiques que les « Bulletins de Paris » comme celui montré cinq messages plus haut, ont bien été conservés. Pas dans la sous-série F/7 comme je le pensais, mais en F/1. Ici dans le carton F/1a/361/3... qui ne contient malheureusement pas le rapport sur la mort de Galois.

    Hon, hon...88708
  • On trouve même quelques notes directes d’espions, comme dans le carton F/1c/I/33...88856
  • Le titre même de ce fil rappelle qu’il a tout juste un an. En le lançant, j’avais dans l’idée d’identifier précisément les condisciples de Galois en Maths spé à Louis-le-Grand, en commençant par ceux qui avaient intégré l’X. Bah je ne suis pas rendu...
  • À propos d’École polytechnique, pour se faire une idée du destin possible de Galois s’il n’en avait pas raté l’examen d’entrée en 1829, une première idée consiste à regarder la carrière professionnelle de ceux qui l’ont réussi. Mais cela nous entraînerait encore bien loin ;) Une seconde idée consiste tout simplement à regarder le « service » (ou corps) que ces élèves ont intégré à l’issue des deux années de scolarité proprement dite. Et cette donnée se trouve très facilement sur les registres matricules : https://bibli-aleph.polytechnique.fr.

    Sur les 105 élèves de la promotion 1829, 61, soit une grosse majorité, ont versé dans l’artillerie ! Les autres se répartissent pour 19 élèves dans le génie militaire, 11 dans les ponts et chaussées, 3 dans les mines, 2 dans la marine, et 9 ont connu un parcours plus singulier (tabacs, hydrographie...).

    Ainsi, sur un plan bêtement statistique, Galois serait devenu artilleur… Ce qu’il est d’ailleurs devenu, hors du contexte polytechnicien, dans la garde nationale...

    PS. Connaissant la grande affaire militaire du temps, ce Galois potentiel aurait probablement fini haut gradé après avoir gagné ses galons sur la conquête de l’Algérie. Ça fait un peu bizarre à dire à notre époque, mais bon…
    PPS. À la réflexion, il serait plus probablement mort en héros au cours d’une mission désespérée.
  • Quant à l’École préparatoire/normale, voici encore un petit mystère qui la concerne. Dans sa biographie classique, Dupuy éclaire le renvoi de Galois en publiant partiellement une lettre d’un condisciple, condisciple qu’il n’évoque qu’ainsi : « [lettre ] communiquée par le fils de cet élève, M. L., normalien lui-même ». Voyez : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Dupuy_-_La_vie_d'Évariste_Galois.djvu/68.

    Saurez-vous retrouver qui était ce condisciple ? Pour ma part, je ne sais trancher entre deux noms qu'avec un peu de foi en l'être humain [Edit : En fait, non, pas besoin de foi].

    Je vais sans doute avoir du mal à me connecter dans les jours qui suivent, mais à une revoyure sûrement...
  • Bonjour,


    Mon arriière-arrière ... grand-père maternel, Jules-Etienne FORGEOT; a été condisciple de Galois à LLG et a intégré l'X.
  • @Bernard DAVOUS

    Oui, ton aïeul a intégré l’X en 1828… J’espère ne pas te décevoir, mais s’il était peut-être à Louis-le-Grand en même temps que Galois, il ne l’était sûrement pas en Math spé avec Richard comme l’indique sa page Wikipedia -- puisque Galois a suivi ce cours en 1828-1829. Cela dit, il y avait bien un Forgeot cette année scolaire là. Peut-être Edme Louis Auguste Forgeot, qui a intégré l’X en 1830 ? (Et qui aurait donc réussi le concours au second coup ou plus.)89584
  • Bonjour,


    Oui, je comprends !


    Un grand merci pour ces recherches !
  • Alors qui est donc le condisciple mystère à l’École normale, auteur de la lettre sur le renvoi de Galois que Dupuy déclare « communiquée par le fils de cet élève, M. L., normalien lui-même » ?

    Objectivement, la formulation est doublement ambigüe : d’abord parce qu’on ne sait si M. L. désigne l’élève ou le fils de l’élève, ensuite parce qu’on ne sait si M. désigne Monsieur ou l’initiale du nom ou prénom de l’auteur en question.

    Si vous avez foi en l’être humain, vous penserez peut-être qu’un auteur aussi sérieux que Dupuy ne saurait avoir été ambigu : en conséquence, M. désigne sûrement Monsieur et L. l’initiale du nom de famille commun à l’élève et au fils de l’élève.

    Si vous êtes un homme de terrain tout cabossé, vous penserez peut-être que l’humain se trompe partout et tout le temps : en conséquence, il faut aussi viser les patronymes des condisciples de Galois qui commencent par la lettre M.

    Deux méthodes s’invitent alors naturellement à l’esprit : la laborieuse et la plus habile.

    La première consiste à recenser les condisciples de Galois, et à extirper parmi les 69 noms obtenus ceux qui commencent par L ou M :
    Lafaist dit Lafaye, Pierre Benjamin
    Lassasseigne (ou Delassasseigne), Jean Nicolas
    Laurent, Nicolas
    Léger, Henry Paul
    Lemaire, Hector Léopold
    Martin, André Jules François
    Martin, Pierre
    Masson, Antoine Philibert
    Mermet, Alexandre Christophe
    Monin, Henri Louis
    Montonnier, Charles François
    Moreau, Marie François Gaspard Félix
    Morelle, Auguste François
    Morren, Jean François
    Mouillard, Alexandre

    Après avoir laissé de côté le groupe des M dont aucun des prénoms ne commence par L, il reste à repérer les élèves dont un enfant a aussi été normalien, aidé par exemple du moteur de recherche de l’annuaire des anciens élèves : https://www.archicubes.ens.fr/lannuaire.

    La méthode plus habile consiste à d’abord lire la lettre en question : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Dupuy_-_La_vie_d'Évariste_Galois.djvu/68.

    L’auteur fait allusion à une autre lettre, signée par lui et d’autres condisciples, dans laquelle il se désolidarise de Galois, destinée à paraître dans la Gazette des écoles. Et effectivement parue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9792447d/f2.

    Les signataires se divisent en deux groupes : les témoins des faits, comme l’est visiblement notre auteur, et les autres. Parmi le premier groupe, seuls deux portent un patronyme commençant par L ou M : Lafaist (dit Lafaye) et Monin.

    Enquête faite, tous deux ont eu un enfant normalien : George Lafaye et Hippolyte Monin.

    Mais les prénoms d’usage des Monin normaliens (Henri et Hippolyte pour les deux cités) ne commencent pas par L.

    Je dis donc que le témoin mystère est Lafaist dit Lafaye, Pierre Benjamin !89656
  • Pour en revenir à la Société des amis du peuple, alors qu’elle décide de pallier le caractère privé de ses séances par des publications, apparaît un nouveau membre, aujourd’hui parmi ses plus célèbres : Raspail.

    Cet hygiéniste républicain a fait l’objet d’une thèse récente : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01513545.

    Comme le remarque son auteur, Jonathan Barbier, Raspail a évoqué sa participation à la Société des amis du peuple dans deux publications : ses Lettres sur les prisons de Paris (1839) et son Almanach pour 1872 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6481116w/f312 et https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k887146f/f149.image.

    Il apparaît que la seconde est en fait un extrait remanié d’un mémoire manuscrit beaucoup plus long, conservé aux Archives départementales du Val-de-Marne sous la cote 69 J 59.

    Et c’est dans ce mémoire que je trouve la date la plus précise de l'entrée de Raspail dans la Société, dans la seconde quinzaine de mars 1831, « quelques jours » après avoir publiquement refusé la légion d’honneur :
    Raspail a écrit:
    Je vous ai déjà dit que le 13 mars 1831, je recevai du cabinet du ministre de l'Intérieur ma nomination, signée du 12 mars, de chevalier de la légion d'honneur. On peut voir dans la Tribune du 18 mars, dans le National du 20 et dans le Corsaire du 21 etc. la lettre plus que raide par laquelle je répondis à ce qui me paraissait une insulte très grave à mon caractère républicain.
    Quelques jours après, je fus nommé membre de la Société des amis du peuple et ensuite son président.
    89724
  • Raspail a laissé des témoignages importants sur Galois, avec qui il a été détenu à Sainte Pélagie. Des passages de ses Lettres sur les prisons de Paris sont à ce juste titre souvent cités par les biographes du mathématicien : https://books.google.fr/books?id=CrEUAAAAQAAJ&pg=PA250&q=galois.

    Pour la petite histoire, Raspail avait d’abord écrit Léonard au lieu d’Évariste. C’est ce qu’il apparaît sur le manuscrit de ces Lettres conservé à la bibliothèque Inguimbertine à Carpentras (Ms 2730, 2).

    (Léonard Galois était un contemporain alors beaucoup plus connu qu’Évariste.)89780
    89782
  • Comme l’ont remarqué bien des biographes, les témoignages de Raspail doivent être reçus avec précaution. D’abord parce que la communication politique s’affranchit facilement de la stricte objectivité des faits, ensuite parce que les hommes politiques aiment volontiers tirer la couverture à eux, et dans ce cas précis parce que Raspail présentait des traits paranoïaques : il a d’abord été persuadé que les cadres historiques de la Société des amis du peuple (Hubert, Trélat, Cavaignac…) travaillaient en sous-main pour la police, avant de les accuser de comploter pour porter les jésuites au pouvoir.

    Nonobstant toutes les informations sont bonnes à prendre. Le mémoire inédit de Raspail dont je parlais deux messages plus haut contient un passage sur le toast régicide de Galois au banquet des Vendanges de Bourgogne. Je la recopierai le prochain coup...
  • @Olivier

    Je suis alle a APHP hier.

    Galois avait ete le dernier parmis les cinq patients admits a 30 mai 1832. Le page suivant de la registre est pour la journee suivante. Donc la version qu'il avat ete trasporte a l'Hopital Cochin vers 18h00 est plus credible (c'est aussi la version que c'etait un officier qui l'avait decouvert...).

    Sur la registre des deces, il etait bien mort a 10h du matin (31 mai). La copieur s'etait trompe de la journee (il pensait que c'etait 1 juin donc Galois est dans la liste des morts du Juin).

    On remarque que "Beauvais" s'ecrit "Bauvais" dans la registre des entrees, mais pas dans la registre des deces.

    Et c'est quoi s'ecrit a la 10eme colone de la registre des entrees? C'est le lieu de la naissance. Je dirai que ca ressemble a "a Paris" mais...89880
    89882
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  • @anqian

    Fine observation ! Avec le recul, la confiance dans l’heure donnée par les journaux (9h30 du matin) était entamée par le fait qu’ils se trompaient déjà en déclarant Galois mort le jour même de son admission. Et 18h00 est en gros compatible avec 22h00, heure d’entrée qui se déduit du rapport d’autopsie...

    Difficile de croire dans ces conditions que le duel se soit tenu dans les brumes du petit matin…

    Penses-tu que cet « ancien officier » qui aurait apporté le blessé puisse être en réalité l’un des témoins du duel ? Sachant que les deux adversaires étaient tous deux anciens artilleurs de la garde nationale, que Pecheux (et probablement Galois) était de la deuxième batterie, l’idée viendrait alors de se tourner vers la hiérarchie de cette unité. Dans l’ordre décroissant de commandement : Guinard (Joseph Auguste), capitaine ; Cavaignac (Éléonore Louis Godefroy), capitaine en second ; ensuite, je ne sais pas...

    Oui, c’est « à Paris » qui se lit dans la colonne du lieu de naissance, petite approximation pour Bourg-la-Reine. Et tu as vu que Galois est bien domicilié au 6 et non au 16 de la rue Saint Jean de Beauvais ;)

    PS. Les Amis de Galois se réunissent en principe le 20 septembre ; on devrait y parler de tes deux lettres qui n'en font qu'une et du projet de virée sur les manuscrits.
  • Sachant que les deux adversaires étaient tous deux anciens artilleurs de la garde nationale, que Pecheux (et probablement Galois) était de la deuxième batterie, l’idée viendrait alors de se tourner vers la hiérarchie de cette unité.

    Grâce à toi, je viens de me découvrir un point commun avec Galois. Moi aussi j'ai été de la deuxième batterie d'un régiment d'artillerie. B-)-
  • @Fdp Summum du cool !(:D
  • @Olivier

    D'abord je pense que j'ai compris d'ou vennait cet histoire des brumes du petit matin. Si tu parlais de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours, il y a une expression chinoise qui peut mieux exprimer la situation: "yi e chuan e", "par erreur transmettre erreur" si on le traduit mot a mot, ou bien "une fausse information qui est mal compris encore une (ou plusieurs) fois".

    On voit bien comment le message court sur la Tribune 1 juin 1832 avais ete fabrique: le 31 mai, un journaliste avait recu l'info de la part de l'hopital Cochin que Galois etait mort le 10h du matin, et qu'il etait mort peu de temps apres l'entree. Alors notre journaliste se disait sans confirmation: peu de temps avant 10h, ca serait 9h30.

    Soixantaine d'annees apres, Dupuy ecrivais la biographie. Il savait que Galois etait transporte a l'hopital au 30 mai; il voulait que ca soit plus precis. Il avait trouve ce message sur la Tribune et l'avait accepte, donc c'est 9h30; sans remarquer que c'etait 9h30 du 31 mai, d'apres la Tribune (et il donnait explicitement la Tribune comme reference au bas du page 250 de la biographie). Mais si Galois etait transporte a 9h30 du 30 mai, le duel devrait donc obligatoirement se passer dans les brumes du petit matin...

    Quant a cet "ancien officier", je crois qu'il existait. Il etait assez probable qu'il avait trouve un paysan pour l'aider de transporter Galois a l'hopital. Je crois que Alfred etait un des contributeurs importants de la note sur le Pittoresque: tu as remarque qu'elle donne 26 octobre comme la date de naissance de Galois, petite detaille donnee probablement par Alfred; le portrait avait ete fait a 1848, la meme annee de l'apparition de la note (et specialement pour la note probablement). Mais surtout cet "ancien officier", d'ou vennait cet info? Alfred etait le seul avec Evariste quand celui-ci etait mort. C'etait tout naturel qu'il demandait, a l'hopital ou meme a Evariste lui-meme, la circonstance de l'entree de l'hopital. J'ai mal a imaginer qu'il n'avait pas fait ca! Une chose est presque sur qu'il avait lu la note, avant sa publication, et qu'il avait tout droit de la corriger, surtout sur cette detaille de "ancien officier".

    Tu me demande si cet ancient officer etait l'un des temoins du duel. A present, je n'ai pas d'argument pour ou contre. Ca pourrait etre qqn qui passait par hasard l'environnement. Mais ca pourrait bien aussi l'un des temoins; il ne disait pas qu'il l'etait quand il emmenait Galois a l'hopital, bien sur.

    Et je suis tres heureux pour ce 6 rue Saint Jean de Beauvais. Galois devrait bien etre la quand il ecrivait ses lettres au 29 mai! Car ca ne s'inventait pas s'il ne residait pas la reellement. Si l'adresse sur la registre etait 16 rue Saint Jean de Beauvais, ou rue des Bernardins, ou rue Broca, ca serait different; Galois pourrait les donner au lieu de sa vraie residence (par exemple chez un ami), pour eviter un certain ennui. Je vais proposer a mes amis chinois amateurs de mathematiques cet adresse comme un lieu de pelerinage quand ils visiteront Paris :-)
  • @anqian

    L’expression en français serait peut-être « Ajouter l’erreur à l’erreur » ?

    Pour l’ancien officier qui serait témoin du duel, je vois au moins cet argument qu’un témoin n’est pas censé abandonner l’un des adversaires blessé sur le terrain. L’un des témoins a donc dû participer au transfert à l’hôpital. Peut-être comme tu le remarques en allant quérir le premier paysan venu (et sa charrette pour allonger le blessé), une configuration qui a le mérite de réconcilier les deux témoignages (officier et paysan), en apparence contradictoires...

    Sur un autre fil, @cidrolin avait déjà lancé l’idée de monter un Galois Tour. Je crois même que c’est la première discussion à laquelle tu as participé ;) : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?17,1799020,1799020#msg-1799020.

    Sauf omission lui, @Fin de partie et toi y recensaient -- je remets dans l’ordre à peu près chronologique et d’abord dans la numérotation des rues de l’époque quand je la connais facilement ; elle a pu changer depuis :
    • 16, rue Saint-Jean-de-Beauvais (maison familiale à Paris) ;
    • Lycée Louis-le-Grand ;
    • 5, rue de la Sorbonne (cours public d’algèbre supérieure) ;
    • 8, rue de Limoges (coutelier Henry), aujourd’hui 28, rue Debelleyme (@cidrolin) ;
    • rue du Faubourg-du-Temple (banquet des Vendanges de Bourgogne) (@Fin de partie) ;
    • rue du Puits-de-l'Ermite/rue de la Clef (prison Sainte-Pélagie) ;
    • 16, rue des Bernardins (domiciliation à la seconde arrestation) ;
    • 86, rue de l’Oursine (Lourcine, etc.), aujourd’hui 94, rue de Broca (Maison de santé Faultrier) (Infantozzi) ;
    • 6, rue Saint-Jean-de-Beauvais (dernière domiciliation) ;
    • Étang de la Glacière (lieu du duel), aujourd’hui cité Floréale (@anqian) ;
    • Hôpital Cochin ;
    • Cimetière du Montparnasse.

    @tous : Quoi d’autre ?
  • Et voici le témoignage inédit de Raspail sur le banquet des Vendanges de Bourgogne auquel je faisais allusion plus haut. Il est spécialement dédicacé à @Cidrolin, qui a plusieurs fois évoqué le sujet.

    Raspail écrit plus d’une quinzaine d’années après les faits ; quoi qu’il en dise, le banquet célébrait aussi l’acquittement de Cavaignac et Trélat (et Pecheux d’Herbenville !) au procès pour conspiration :
    Raspail a écrit:
    Dans le même mouvement, les patriotes me votèrent un banquet de 150 personnes pour mon refus de la croix d'honneur. En arrivant à la table, je fus fort surpris de trouver à côté de moi le Godefroi Cavaignac, le Trélat, etc. qui n'avaient pas été invités et qui venaient prendre leur part de la fête, et presque en face de moi le nommé … [Laissé en blanc par Raspail OC] qui avait accepté la croix d'honneur que j'avais refusée, pour avoir été mis à Poissy avec Magalon ; c’était là tout son mérite, qui faisait dire au directeur de la porte St Martin au sujet de l’une de ses pièces : « Ce brave homme a plus de prison que d’esprit » ; il aurait pu ajouter, et plus de libertinage que de prison. Il venait là pour jeter une goutte de désordre dans l’unanimité des suffrages qui m’étaient accordés ; on écouta son toast, et l’on en rit lorsque tout à coup on en entend un autre, tout à fait au bout de la table : « À Louis-Philippe ! » À ce mot un tumulte inexprimable a lieu, chacun se disait celui-ci est trop fort, à la porte ! à la porte ! lorsque du même coin de la salle plusieurs voix s'élèvent : mais silence, attends donc ! On remarque alors debout le jeune infortuné Gallois qui, un poignard à la main à la place d'un verre, articulait d'une voix distincte « À Louis-Philippe s'il trahit ses serments ! » Ce toast fut couronné des applaudissements de toute la salle à l'exception de … [laissé en blanc par Raspail OC], le décoré, et d'Alexandre Dumas et de son compagnon l'acteur qui se hâtèrent de passer par la fenêtre et de disparaître au pas de course, craints du danger d'être pris. Le tout cependant continua à se passer de la manière la plus tranquille.

    Quelqu’un saura-t-il donner le nom laissé en blanc par Raspail de celui qui porte (selon lui) un juste toast avant Galois ?

    PS à @anqian : Je devrais t'écrire bientôt ;)90294
  • Dingue et tu peux rappeler où se trouve ce document, c'est écrit quelque part en haut, mais où?
  • Archives départementales du Val-de-Marne, 69 J 59, Société des amis du peuple, f. 4 !
  • et le contexte dans lequel ce texte a été rédigé?

    Par ailleurs est-ce que tu penses que le club de l'ABC des misérables peut avoir un quelconque rapport avec
    la société des amis du peuple? Dumas était proche de Hugo à certains moments de sa vie...
  • Le contexte n’est pas très clair... Le mémoire a sûrement été rédigé après la révolution de 1848, à laquelle il fait allusion, peut-être durant la Deuxième République, peut-être à l’occasion d’une séance d’une descendante de la Société des amis du peuple, le Club des amis du peuple. Quelques extraits remaniés ont sûrement été publiés par Raspail dans son Almanach pour 1872 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k887146f/f8. Il cherche apparemment à régler ses comptes avec d’anciens amis, notamment Cavaignac (et surtout pour être franc à dresser une histoire de la Société dans laquelle il se donne le beau rôle et tire la couverture à lui).

    Oui, la Société des amis du peuple a notoirement servi de modèle aux amis de l’ABC des Misérables. Et comme tu le sais sûrement la grande scène d’action finale, sur les barricades, se déroule lors des très réelles journées d'insurrection des 5 et 6 juin 1832, quelques jours après la mort de Galois...
  • Oui ça je sais très bien et ça ne m'a pas échappé d'autant plus (où ai-je lu ça?) que l'insurrection aurait pu avoir lieu à l'issue des funérailles de Galois. Mais la relation ABC <-> amis du peuple c'est juste parce que lisant les misérables on a l'impression qu'Enjolras est une sorte d'anti Galois: heureux en amour, polytechnicien (si ma mémoire est exacte) et qui meurt sur les barricades.

    Bref l'ABC c'est juste une intuition ou bien c'est plus que ça?

    M.
  • C’est plus qu’une intuition ! Je ne me souviens plus des détails du parcours d’Enjolras, mais cet Ami de l’ABC est un républicain révolutionnaire, et, dans la réalité, les Amis du peuple constituaient alors la principale force républicaine révolutionnaire. Ce qui établit un lien naturel entre ABC et SAP. D’autant que le mot « Amis » est commun à l’appellation des deux mouvements. On peut aussi soupçonner que la dénomination « Amis de l’ABC » renvoie à des préoccupations éducatives, préoccupations éducatives précisément défendues avec vigueur par les Amis du peuple -- Raspail notamment, puisqu’on en parle ;)
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