Pythagore était-il schizophrène ou plusieurs?

Bonjour à tous.

Pourriez-vous m'éclairer sur ce sujet (sachant que l'unicité de Pythagore est controversée) :

En supposant que Pythagore est unique (ce que relate la plupart des manuels d'histoire, il me semble), comment se peut-il que :

1) Il ait inventé son fameux théorème
2) Il ne croit qu'aux "rapports harmonieux", bref les nombres rationnels
3) Il aurait (d'après ce que j'ai lu) choisi de cacher l'existence de la racine carrée de 2, alors qu'elle découle d'un simple carré de côtés 1x1

Est-ce vraiment une démarche scientifique de sa part ?
J'ai besoin de vos avis.

D'avance merci.

Réponses

  • On ne sait pas et on ne saura probablement jamais.
    Il est possible aussi qu’on attribue à Pythagore un résultat démontré par un membre de sa secte.
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            -- Schnoebelen, Philippe
  • Bonjour,

    Il me semble qu'il n'a pas caché l'"existence" de racine(2), il a juste nié le fait que racine(2) était irrationnel.
  • Il semble très plausible que les pythagoriciens se soient divisés en deux dès le départ: acousmaticiens et mathématiciens. Donc tu trouveras toujours chez les pythagoriciens deux discours qui sont presque à l'opposé l'un de l'autre. C'est d'ailleurs le cas pour d'autres écoles philosophiques postérieures.

    Ensuite tu dois comprendre que l'Antiquité fonctionne pour les attributions l'inverse de nous. Aujourd'hui on dira c'est ma découverte, c'est moi moi. A l'époque, il est beaucoup plus prestigieux de dire c'est Pythagore ou c'est Démocrite. Ca atteste de ton talent, tu as rejoins les grands dans leur pensée.

    D'où l'apparition au cours du temps, de plus en plus de découvertes attribuées aux anciens. Cet état d'esprit perdure à la Renaissance.

    Donc il ne faut pas s'affoler des discours contradictoires qui peuvent apparaître même au cours d'un même texte (par exemple Jamblique). L'histoire de racine de 2 me semble typiquement un ajout pythagoricien de l'époque platonicienne, mais je peux me tromper.

    L'irrationalité est simple pour toi 2 500 plus tard. Elle est à l'époque considéré comme un sujet de haut vol comme l'atteste par exemple Platon dans Théétète.

    La question de plusieurs est par ailleurs pertinente. C'est une pratique courante d'identifier des personnes qui portent le même nom et c'est même utilisé intentionnellement par le pouvoir (pense aux rois Egyptiens!) Ainsi les bios comme Diogène Laërce se terminent souvent par une mise au point: "il y avait aussi un Pythagore qui était ceci un autre qui était cela etc."

    Mauricio
  • SylvainSQY a écrit:
    Est-ce vraiment une démarche scientifique de sa part ?

    Je ne suis pas sûr que ces gens voyaient les choses sous cet angle-là et avaient dans leur vocabulaire un mot qui signifie science avec la même signification qu'on donne à ce mot aujourd'hui.

    Par ailleurs, les gens qui faisaient des découvertes ne s'empressaient pas obligatoirement de les rendre publiques.
    Rappelons nous le : Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre.
    Ce que tu appelles science est probablement pour beaucoup de ces gens une forme d'initiation qui n'a pas vocation à être répandue publiquement, seuls les élus/initiés doivent en connaître. La connaissance est un trésor qu'on ne partage pas avec tout le monde à cette époque-là .

    Un type comme Ramanujan croyait que c'était une déesse familiale qui lui soufflait dans ses rêves le travail accompli qu'on sait.
  • SylvainSQY,

    attention à ne pas regarder la lointaine histoire par le petit bout de la lorgnette. Une chose qu'on apprend maintenant à pas mal de gens (pas tous, et après de nombreuses années d'études) peut être inconnue il y a 24 siècles et très difficile à saisir (*).
    Ton 3 me semble d'ailleurs très sujet à caution. Il n'est pas prouvé que Pythagore ait eu vent de l'existence des irrationnels. Ce qui est vrai, c'est que ça a été vu après sa mort par des mathématiciens non pythagoricien qui en ont fait état pour critiquer la secte pythagoricienne (**). Et des livres entiers d'Euclide sont consacrés à cette question.

    Cordialement.

    (*) lis dans le texte les "éléments" d'Euclide, bien postérieurs à l'époque de Pythagore, pour voir la façon dont on raisonnait à l'époque.
    (**) C'était bien une secte, avec la religion des nombres entiers, qui a perduré pendant des siècles.
  • Je pense aussi à son obsession des "rapports harmonieux des nombres avec les choses" :
    Avec les intervalles entre les notes de musique : FAUX.
    Entre les angles entres planètes pour des prédictions astrologiques : FAUX.

    Sa démarche me parait totalement irrationnelle (désolé pour le jeu de mots, c'était tentant ;-) )

    Je garde tout de même un profond respect pour son fameux théorème.

    Même si j'en arrive à douter qu'il vienne vraiment de lui ou de sa secte...
  • Il était connu avant, Pythagore est censé en avoir donné une preuve géométrique.
    Attention, l'attribution du nom de Pythagore à ce théorème est très française. Il porte d'autres noms dans d'autres pays.
    [edit : Cette phrase est fausse, merci maths Coss de me l'avoir fait remarquer]
  • gerard0
    Ah merci !
    Ma question initiale vient d'un débat avec une "historienne" qui m'a dit : révise tes cours d'histoire avant de contester l'unicité de Pythagore !
    MDR
    Merci à tous pour vos réponses éclairées, je me sens moins bête ;-)

    [Inutile de reproduire le message précédent. AD]
  • Lucas écrivait : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?17,1734522,1734548#msg-1734548
    [Inutile de recopier un message présent sur le forum. Un lien suffit. AD]
    Il aurait cherché jusqu'à la fin de sa vie les entiers a, b tels que a/b = racine de 2 ?
    Je ne me souviens plus si c'est pas Archimède qui aurait fait la fameuse démonstration par l'absurde...
  • @SylvainSQY: le mieux pour toi serait un peu de lecture.
    L'irrationalité comme je te l'ai dit est signalé par Platon, puis par Aristote et la démonstration moderne est donnée, avec son langage géométrique, par Euclide. Je n'ai pas le souvenir de texte d'Archimède où il en parle.
    M.
  • La schyzophrénie en tant que phénomène multi-générationnel, fait le lien entre discontinuité et découpe de Pythagore :

    Je reviens à Pythagore et à la découverte des nombres entiers… à la notion que l’univers est fait de nombres – non pas de quantités mais de nombres. Vous comptez en nombres, ce sont réellement des configurations. Au quatorzième siècle, des hippies parcouraient l’Europe avec des monocordes, démontrant que les harmoniques étaient un principe de l’organisation du monde. Il existe toute une série de pathologies, incluant la schizophrénie, cette dernière étant dans mon jargon, liée à l’altération d’une configuration. Mais la déformation d’un pattern est encore toujours une configuration. Et de l’autre côté, il y a ce concept de la dégénération des ressources vers une sorte d’état de faiblesse.
  • 2500 ans après les faits, spéculer sur la santé mentale de Pythagore sur la base de racontars, est-ce une démarche scientifique?
  • @Shah d'Ock

    Dans ma question il y a écrit "ou plusieurs". Ce qui est une seconde alternative.
  • J'aime bien ton humour.
  • Shah d'Ock a écrit:
    2500 ans après les faits, spéculer sur la santé mentale de Pythagore sur la base de racontars, est-ce une démarche scientifique?

    Parmi tous les Pythagore il y en avait bien un qui était sain mentalement non ? X:-(
  • Le théorème de Pythagore géométrique lui était à mon avis inconnu, ce qui l’intéressait plutôt c’était sa variante purement numérique : l’étude des triplets pythagoriciens. Pour ce que j’en sais, ils étaient arithméticiens, pas géomètres.
    De même, le théorème de Thalès (nommé ainsi en France) était inconnu de Thalès qui a plutôt démontré des théorèmes sur les triangles isocèles (angles égaux équivaut à côtés égaux) ou à l’angle inscrit à un triangle rectangle (qui porte le nom de théorème de Thalès en Allemagne).
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            -- Schnoebelen, Philippe
  • Arobase Fin de Partie, permet-moi de te poser la quastion suivante: selon toi, l'Esprit Saint est-il sain d'esprit?
  • Shah d'Ock: Le saint esprit il est dans la tête de qui?

    Autrement cela ressemble au sourire du chat du Cheshire:
    On a déjà vu un chat sans sourire mais jamais un sourire sans chat.
  • Edit : Supprimé car HS.
  • Il y a une boutade selon laquelle un schizophrène, c'est quelqu'un qui n'a que deux personnalités.

    Il est bon de rappeler que la schizophrénie comme l'autisme, ce n'est pas, en général, un super-pouvoir et encore moins un signe d'élection.
    C'est, comme toutes les maladies, un handicap.
    ...
  • @Paul Broussous

    Dommage que vous vous soyez engouffré dans une simple boutade basée sur des croyances populaires.
    Je sais bien que la schizophrénie n'est pas un dédoublement de personnalité (mon fils est psychiatre).
    L'essentiel de ma question n'était pas là. Il concernait plutôt l'incohérence entre le théorème et les croyances entre rapports harmonieux des nombres de la part de Pythagore, ou bien de son école. D'où mon allusion (au second degré) aux personnalités multiples.

    Poser une question n'est en rien une tentative de désinformation.

    Mais merci pour la leçon sur la schizophrénie, il me semble qu'il s'agit ici d'un forum sur les mathématiques et non pas sur la psychiatrie.

    Je vous laisse à vos comportements de donneur de leçons.

    Salutations.
  • Paul Broussous a écrit:
    Non pas pour des raisons de discrimination à l'égard des personnes soufrant de ce handicap, mais plutôt parce que ça entretient la croyance/désinformation que la schizophrénie aurait quelques choses à voir avec un supposé syndrome de personnalités multiples. Ce genre de vision des choses n'est pas constructif pour l'intégration des handicapés mentaux dans notre société.

    Si tu embauches une personne avec personnalités multiples c'est tout bénéf' t'en paie une seule et ils sont plusieurs à travailler pour un seul salaire. X:-(

    Blagues à part, je souscris à ce que tu écris. Je n'ai pas de personne souffrant de schizophrénie dans mon entourage mais j'ai une amie qui souffre de TOC (troubles obsessionnels compulsifs). Une autre maladie qui peut être terriblement handicapante et qui te complique affreusement la vie dans tous ses aspects.
  • STOP
    Le sujet de cette discussion est sur Pythagore et pas sur la schizophrénie.
    Restons dans le thème initial, sinon je me verrais obligé de cacher tout ce qui s'en écarte.
    AD
  • Shah d'Ock a écrit:
    2500 ans après les faits, spéculer sur la santé mentale de Pythagore sur la base de racontars, est-ce une démarche scientifique?

    Voilà une excellente remarque.

    Gérard le dit également, en substance et avec d'autres mots : il n'est pas licite de raisonner sur un personnage d'une antiquité aussi éloignée comme s'il était contemporain et que nous en sachions assez sur lui pour nous poser les bonnes questions et proposer des réponses pertinentes. On est à peu près assuré de la réalité historique de Pythagore. Mais il est difficile, pour ne pas dire impossible, de lui attribuer des paroles précises. Il était essentiellement le fondateur et le gourou d'une secte, mystique, religieuse, puis politique, qui instaurait les lois de la ville de Crotone, en Italie du sud. L'enseignement de ce gourou était secret et passait par un cercle de proches avant d'être délivré à la masse des disciples. C'est une raison suffisante pour dénuer toute pertinence à la question de la supposée schyzophrénie de sa part. La réponse à la question initiale serait donc : plusieurs. Mais pas dans le sens de plusieurs personnages, plutôt dans celui d'un personnage unique dont l'enseignement à été diffusé par un collectif.

    Ce que nous voyons maintenant comme des productions scientifiques et mathématiques de leur part avait en fait une composante mystique primordiale. Et ce que nous appelons théorème de Pythagore était connu et pratiqué par les Babyloniens un millénaire plus tôt. Mais son application au triangle rectangle isocèle a conduit à la crise des irrationnels, qui mettait à bas la philosophie de base de la secte : tout est nombre, on peut tout quantifier avec des nombres entiers ou leurs rapports entre eux, donc avec des nombres rationnels. La légende dit que cette découverte était tellement dérangeante qu'ils ont massacré celui d'entre eux qui en était l'auteur.

    Spéculer sur l'unicité et la non-contradiction de la pensée d'un personnage nimbé d'une telle aura de mystère ne peut en aucun cas relever d'une démarche scientifique, comme le dit Shah d'Ock.
  • AD a écrit:
    Le sujet de cette discussion est sur Pythagore et pas sur la schizophrénie.
    Ah bon, cette discussion a un sujet?
  • @Félix

    "Spéculer sur l'unicité et la non-contradiction de la pensée d'un personnage nimbé d'une telle aura de mystère ne peut en aucun cas relever d'une démarche scientifique, comme le dit Shah d'Ock."

    Jugement ni structuré, ni argumenté.
  • Et portant les deux paragraphes qui précèdent cette phrase argumentent à foison, avec un raisonnement structuré. Si tu préfères rester sur une démarche vouée à l'échec, juger de la psychologie d'un personnage dont on ignore tout, plutôt que réfléchir aux données et aux arguments qu'on t'apporte, tu ne feras que tourner en rond sur ton idée fixe sans fondement. Seul.
  • @Félix

    Ainsi soit-il.
    Amen.
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