Séminaire saisonnier: printemps 2009 ou le Journal de Liouville — Les-mathematiques.net The most powerful custom community solution in the world

Séminaire saisonnier: printemps 2009 ou le Journal de Liouville

Séminaire saisonnier : printemps 2009 ou le Journal de Liouville

Ce séminaire s’adresse à toutes celles et ceux qui s’intéressent (au moins un peu) aux journaux mathématiques, des objets fondées dans le premier tiers du XIXe en Europe. Il y aura quatre séminaires par an, un pour chaque saison. La force d’un séminaire par voie électronique est sans commune mesure avec un séminaire « classique » où les contraintes de temps et d’espace sont prédominantes.

Le premier séminaire saisonnier que nous proposons est, date oblige (C’est aujourd’hui, ce 24 mars, le Bicentenaire de Liouville) consacré au Journal de Liouville. En 1836, dans des conditions assez méconnues, le jeune Joseph Liouville (il a 27 ans) lance le Journal de mathématiques pures et appliquées. Dès son lancement la publication est connue sous le nom de Journal de Liouville dans le milieu des savants. En 1856 – Liouville dirige la rédaction depuis vingt ans déjà – revient sur les circonstances de la création :

« J’ai fondé ce Journal à une époque où les moyens de publication pour les jeunes géomètres étaient beaucoup moins nombreux qu’aujourd’hui. On avait, il est vrai, le Journal de M. Crelle et celui de l’École polytechnique ; mais la Correspondance de M. Hachette, les Annales de M. Gergonne, le Bulletin des Sciences de M. Férussac, etc., avaient depuis plusieurs années cessé de paraître. Notre premier numéro a été celui de janvier 1836 ; et ce n’est que six mois après, au deuxième semestre, que l’Académie des Sciences a imaginé ses Comptes rendus, imités ensuite par la plupart des Sociétés savantes. » [Journal de mathématiques pures et appliquées, II, 1 (1856), v-vi].

Ce Journal est numérisée sur Gallica (de 1836 à 1935 sauf 1870). Il existe encore aujourd’hui. Une étude lui a été consacrée [Duvina, 1994] et l’un de nous se consacre à son étude depuis quelques années.

Ce séminaire est fait pour échanger autour des premiers pas de la presse mathématique en général, autour du Journal de Liouville, aujourd’hui.

Pour chauffer une salle, rien de tel que quelques intégrales :

A Toul en 1867, Liouville prépare son cours du Collège de France et s’intéresse aux intégrales [Bibliothèque de l’Institut de France, MS 36 33 (12)] :
\begin{center}
$\displaystyle A=\int_0^1 \frac{\ln(1+x)}{1+x}\,\mathrm dx \qquad ; \qquad B=\int_0^1 \frac{\ln(1+x)}{1+x^2}\,\mathrm dx$
$\displaystyle C=\int_0^1 \frac{\arctan(1+x)}{1+x}\,\mathrm dx \qquad ; \qquad D=\int_0^1 \frac{\arctan(1+x)}{1+x^2}\,\mathrm dx$
\end{center}
Saurez-vous aider le professeur Liouville ? Si vous avez depuis toujours une question sur le Journal de Liouville et que vous n’avez jamais osé la poser, cette discussion est là pour cela ?

Norbert Verdier & Christian Gérini, ce 24 mars 2009.

Bibliographie :
Duvina Sylvain
1994. « Le journal de mathématiques pures et appliquées sous la férule de J.Liouville (1836-1874) », Sciences et techniques en perspective, 28 (1994), 179-217.]
Le prochain séminaire, celui d’été, sera consacré aux Annales de Gergonne. En attendant place à Liouville et à son légendaire optimisme : n’écrivait-il pas en mars 1861 : « L’hiver a été mauvais et le printemps n’est pas bon. » [Bibliothèque de l’Institut de France, MS 36 27 (3)].

Réponses

  • Bonjour,

    $\displaystyle \int \frac{\ln(1+x)}{1+x}\,\mathrm dx \qquad = \frac{(\ln(1+x))^2}{2}$
    donc $\displaystyle A= \frac{(\ln(2))^2}{2}$

    Bonne journée.
  • Merci Bernard d'avoir débloqué le compteur. Une intégrale en moins, un problème en plus: dans une question posée hier ou avant hier à propos de Vecten. Voici ce qu'écrivait Liouville dans un de ses carnets (appartenant encore à un descendant direct de Liouville) :

    Liouville annote un problème résolu par Vecten dans les Annales de Gergonne en 1810-1811 (premier tome des Annales) : « Deux villes se trouvent situées d’une manière connue d’un même côté d’un canal rectiligne. On veut établir un pont sur ce canal et construire une route de communication de ce pont aux deux villes pour l’usage desquelles il est destiné. Rendre la longueur totale un minimum. »

    Le jeune Liouville ne cesse d'annoter sur des centaines de pages les articles et questions publiées dans la presse mathématique (Annales de Gergonne, mémoires de l'Académie de Saint-Pétersbourg, ...). Avant d'être ce qu'on sait de lui, il a été un "lecteur très attentif des autres".

    Amicalement. N!
  • C'est, sauf erreur de ma part, Coriolis qui écrit le premier article du premier numéro du journal de Liouville (sur un moyen de tracer les courbes définies par une équations différentielles, ce qui conduit à un "intégraphe").
    A.Moatti
  • Tu as raison Alexandre. Coriolis dit même qu'il a fait construire un intégraphe et qu'il serait dans les collections de l'Ecole polytechnique. Mes démarches auprès de l'école n'ont rien donné. Plus d'intégraphe de Coriolis. Peut-être auras-tu plus de chance? C'est aussi le dernier article dans le Journal sur les intégraphes. Amicalement. N!
  • Bonjour

    Il me semble que pour la C, le résultat fait intervenir la constante $G$ de Catalan et les polylogarithmes d'ordre 2.
  • Bonjour,

    Je me permets de vous écrire car je m'intéresse à la famille Liouville, qui a joué un rôle non négligeable auprès de plusieurs artistes du XIXe siècle. Ce fut le cas notamment pour Rodin, qui est mon sujet de prédilection puisque je suis l'un des conservateurs de son musée.

    Je pense que ce Joseph Liouville, dont le Journal est l'objet de votre article, est un parent de Henri Liouville, député de la Meuse, ami de Gambetta. Sa femme tenait un salon très couru des républicains, que Rodin fréquentait également. Il noua grâce à M. et Mme Liouville des relations importantes pour sa carrière. J'ajoute que leur fils, le Dr. Jacques Liouville, fut un biologiste et océanographe reconnu ( http://www.israbat.ac.ma/IMG/pdf/Liouville.pdf )

    Vous évoquez de descendants directs de Liouville, et cela m'intéresse beaucoup : ils pourraient bien détenir des archives relatives à Henri Louville et sa femme, peut-être des lettres de Rodin...

    Cordialement,
    François Blanchetière

    [Activation du lien. AD]
  • Cher monsieur;

    Merci de votre message. Il s'agit effectivement de la famille. Henry Liouville est le neveu de Joseph Liouville, le mathématicien. Joseph a beaucoup aidé Henry pour le "lancer" professionnellement. Je prends contact avec vous directement. Bien à vous. Norbert Verdier.
  • Bonjour à toutes et à tous;

    C'est avec plaisir que je vous invite à :

    Colloque LIOUVILLE (1809-1882): vendredi 29 janvier 2010 à l’École polytechnique

    Avec un léger retard sur le bicentenaire de sa naissance, la SABIX, en partenariat avec l’université Paris-Sud 11 (GHDSO & IUT de Cachan) & Nouvelles mémoires (www.nouvelles-memoires.fr), organise un colloque autour de la vie et de l'oeuvre de Joseph Liouville (X 1825). Ce colloque est centré sur l'importance de ses travaux en mathématiques pures et appliquées (physique et astronomie) et sur le Journal de mathématiques pures et appliquées, qu’il fonda et dirigea pendant presque quarante ans. Il a ainsi été l'un des premiers à étudier les écrits d'Evariste Galois qu'il publia en 1846. Un bulletin spécial de la SABIX (Société des Amis de la Bibliothèque de l'Ecole polytechnique) est actuellement sous presse et des documents manuscrits viennent d’être cédés aux archives de l’École par un arrière-arrière-petit -fils de Liouville : Michel Drouineau.
    Rendez-vous vendredi 29 janvier 2010, 9 heures à l'amphithéâtre Becquerel à coté de la bibliothèque de l'École. Durée : la matinée. Entrée libre.

    Avec des interventions de Bruno Belhoste, Christian Gérini, Alain Juhel, Jesper Lützen & Michel Mendès-France.

    Pour davantage d’informations, vous pouvez contacter: Alexandre Moatti (alexandre.moatti@mines.org) ou Norbert Verdier (norbert.verdier@u-psud.fr).
    Pour échanger autour de Liouville, son Journal et son œuvre :
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?17,501465

    Source image amphi Becquerel : http://www-gusg.aristote.asso.fr/lib/exe/fetch.php/public/seminaire/2008-juin-02.jpg
    14393
  • pour en savoir plus sur le colloque Liouville à l'X, voici un lien :

    http://www.sabix.info/article-bicentenaire-de-joseph-liouville-x1825--42703409.html

    A noter la procédure de pré-inscription. Amicalement. N!
  • A Monsieur François Blanchetière, conservateur au Musée Rodin.

    Je tombe par hasard sur votre échange avec Mr Norbert Verdier sur la parenté entre le mathématicien Joseph Liouville et le député de la Meuse, Henri Liouville.

    J'en retiens que vous vous intéressez à la famille Liouville, car vous espérez que des descendants (je cite) "pourraient bien détenir des archives relatives à Henri Liouville et sa femme, peut-être des lettres de Rodin."

    La grand-mère de ma femme avait épousé en seconde noce le fils d'Henri Liouville. De l'héritage de sa grand-mère ma femme détient toujours quelques oeuvres d'art provenant de la collection d'Henri Liouville ainsi que des archives familiales intéressantes, où se trouve, si mes souvenirs sont bons, un échange épistolaire entre Henri Liouville et Rodin.

    Henri Liouville, comme vous le soulignez, s'est intéressé à plusieurs artistes du XIXème siècle et plus particulièrement aux artistes originaires du département de la Meuse, dont il était député, tels que Jules Bastien-Lepage, Léonide Marchal, etc., mais il avait également noué des relations d'amitié avec des artistes de la capitale, comme Rodin, dont il fréquentait l'atelier et Dalou, qui avait éxécuté son buste en bronze.

    La femme d'Henri Liouville était une artiste amateur de talent dans divers domaines . Sa belle-mère, Augustine Durvis était la fille du grand collectionneur de tableaux Laurent- Richard. Née parmi les oeuvres d'art, elle avait organisé un véritable atelier familial et sa fille avait gardé cette tradition. Cordialement, Ronald Wright.
  • Cher monsieur Wright;

    Merci beaucoup pour ces précisions qui vont intéresser au plus haut point Mr Blanchetière. Bonne journée & bien à vous. Norbert Verdier.
  • ... et je rajoute une question: avez-vous dans la famille des archives concernant Jacques Liouville (le fils d'Henri); il a dirigé l'Institut chérifien de Rabat, constituant sans doute le premier institut de recherches au Maroc. Je vous remercie. Merci & à très bientôt. NV
  • Deux bonnes nouvelles :
    1. La France n'a pas commis que des mauvaisetés dans son empire colonial.
    2. Norbert est encore d'active.
    Bonne journée.
    RC
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.
Success message!