Appel au débat sur la pédagogie actuelle

Je prolonge mon fil précédent par un appel à débat équilibré sur la pédagogie française actuelle (évitons pédagogisme connoté péj.) appliquée aux maths, rien que ça!

Déf. Pédagogie française actuelle (cf. wikipédia "pédagogisme") :
"Ensemble de méthodes d'enseignement scolaire qui, au motif de l'épanouissement de l'enfant pendant son éducation, préconisent la construction par l'élève lui-même de son propre parcours d'apprentissage. Ainsi le rôle de l'enseignant ne serait plus de transmettre des savoirs déjà constitués, mais d'élaborer une pédagogie permettant à l'élève de redécouvrir par lui-même ce qu'on trouvait auparavant plus simple de lui enseigner directement".

Constats:
- C’est un credo de la FORMATION des enseignants, sans justification claire et sans ouverture sur les autres formes possibles, bref ça nous est imposé.
- Il y a beaucoup de voix CONTRE, assez virulentes, qui dénoncent même une idéologie (cf. le forum, mais une recherche internet donne tout de suite: http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-132345-triomphe-du-pedagogisme-1114203.php)
- et, c'est le plus étonnant, il y a très peu de voix POUR qui s'expriment (cf. ce forum : les CONTRE n’obtiennent pas de réponse quand ils parlent).

Bref, il n'y a pas de débat sur ce sujet (dans la société, en formation des profs, en salle des profs) et il y a grand besoin de débat sur ce sujet (dans la société, en formation des profs, en salle des profs)!

En conséquence, un novice du métier comme moi se demande rapidement : pourquoi cet écart entre le terrain et ce discours assez étonnant au premier abord? ce discours serait-il illégitime?

Moi la seule chose que j’ai trouvé clairement juste, c’est le spiralage : revenir sur un thème à intervalles espacés permet de mieux apprendre, de mieux mémoriser, j'en ai fait l'expérience personnelle, les neurobiologistes semblent d'accord aussi sur ce point.

Le reste, ce sont plus des points d'interrogation, ainsi:
- Réelle utilité des activités introductives ?
- Donner un prétendu sens et une utilité concrète à tout, n'est ce pas en fait tenter désespérement de motiver par tous les moyens? (questions de la discipline comportementale et de la motivation de fond)
- Réelle utilité des tâches complexes vu la faiblesse du niveau ?
- Rendement, réel intérêt des groupes de compétence par rapport à leur coût (assistant pédagogique, etc) ?
- En quoi les TICE font-ils apprendre mieux ?
- Cette méthode n'a-t-elle pas été exagérée? ne devrait-on pas la nuancer? (c'est en fait une sorte de conclusion selon moi)
- Le seul moyen d’apprendre n’est il pas vertical ? (cf. http://www.atlantico.fr/decryptage/et-pendant-que-education-nationale-epuise-en-pedagogisme-chine-utilise-avec-succes-methodes-qui-marchaient-chez-40-ans-jean-paul-2116644.html)

Quelles bonnes âmes du POUR seraient prêtes à apporter leur pierre à l’édifice ici ? (l’idéal serait un IG ou IA-IPR en anonyme…). On pourrait partir de l’état d’esprit qu’au 21ème siècle, les « sciences » de l’éducation devraient pouvoir justifier ces pratiques au quotidien, au-delà de tout aspect politique, sociétal, idéologique qu’elles impliquent, de tout argument d'autorité général genre Vygotski a montré ça...

NB : c’est pas souvent qu’on tente l’impossible ;-); comme a priori ça va faire choux blanc, les moindres contributions sont bienvenues

Réponses

  • Qu'est-ce qui est imposé ? Il n'y a pas une pédagogie, mais des pédagogies. Comme le dit ta définition, c'est un ensemble de méthodes. La principale chose qu'on nous impose, ce sont les programmes (et c'est déjà pas mal !). Dans ta classe, tu gères comme tu veux. Quand l'IPR passe, c'est toujours mieux de faire découvrir à l'élève... Mais bon, c'est pas toujours possible, loin de là !

    Sinon, pour tes points d'interrogation...
    - les activités "introductives" me permettent de tout faire. Etape par étape, on explique pourquoi il existe des nombres relatifs, on fait différents liens, on met en place les opérations... Après, les exercices d'application, je trouve ça assez bête et méchant même si c'est nécessaire de passer par là. Pour les bons élèves, ça n'a plus aucun intérêt.
    - je dis souvent en début de 4ème-3ème que ce qu'on fait en classe, ça ne leur servira pas. Le sens principal, c'est de bâtir des raisonnements, savoir quand et comment appliquer des règles... Avec les nouveaux programmes, ça risque d'être plus délicat...
    - les tâches complexes apportent un sens concret justement.
    - et je trouve ça génial avec les groupes de bons élèves. Je faisais ça une heure tous les 15 jours en 6ème cette année.
    - les TICE me paraissent essentielles dans la société actuelle. Après, est-ce que ça fait apprendre mieux ? Pas sûr...
  • - Donner un prétendu sens et une utilité concrète à tout, n'est ce pas en fait tenter désespérement de motiver par tous les moyens?
    Il y a une partie de la réponse http://www.atlantico.fr/decryptage/et-pendant-que-education-nationale-epuise-en-pedagogisme-chine-utilise-avec-succes-methodes-qui-marchaient-chez-40-ans-jean-paul-2116644.html :
    L’enfant est une pâte molle, dans laquelle on peut imprimer une foule de connaissances. De surcroît, il est demandeur — en quête de "pourquoi" dès qu’il sait parler —, et désireux de faire plaisir. Et contrairement à une légende entretenue par les plus paresseux des pédagogues, il n’est pas rétif au travail, pourvu qu’on lui en explique les objectifs et l’intérêt. Et il adore rentrer chez lui le soir et étaler ce qu’il a appris pendant la journée — sauf qu’on ne lui apprend littéralement plus rien depuis qu’il est censé être "acteur de son propre savoir", quoi qu’un tel jargon puisse signifie

    Aujourd'hui on fait beaucoup de data maning(et autre nom), facile avec R ou python (http://scikit-learn.org/stable/) très utilisé par les nouvelles technologies (le Big data). Et ce ne sont pas les mathématiques les plus difficiles qui existent mais impossible à mettre en oeuvre sans informatique et inconnu dans l'enseignement.
    Comment les enseignants pourraient agir et réagir dans ces conditions aux questions (et au scepticisme) que se posent les élèves sur le monde qui les entoure?
  • Merci beaucoup pour ton intervention kioups.

    Etonnant, tu n'es pas d'accord avec le constat de base alors? moi j'ai l'impression que le leitmotiv de tout inspecteur est de se dire: "ses élèves sont-ils actifs?" et il veut que tout enseignant se demande d'abord, avant tout et constamment "mes élèves sont-ils actifs?" et on est donc totalement dans cette pédagogie. D'autre part, en formation, le discours est quand même calibré dans cette voie il m'a semblé... j'ai peut être mal compris, mal synthétisé...

    - activité intro: oui, moi j'aime assez, mais c'est artificiel au fond non?
    Exemple (vu fait): si j'introduis les nombres relatifs en disant je coupe la France en deux, au nord il y a les positifs, au sud les négatifs, ça n'apporte rien du tout, mais ça introduit... et tu te trimbales la "comparaison" pourrie toute l'année (vu fait).
    Meilleur exemple: t'introduis les relatifs en disant que ça rend toutes les soustractions possibles, ben là, tu es confronté au problème principal, leur niveau faible et ils vont à 90% rien comprendre, donc tu vas pédaler dans la semoule, perdre du temps, tu vas finir par y arriver mais tu auras bc moins de temps pour la manipulation qui sera pas top et tu aurais peut être mieux fait de dire: bon ces nombres là ça existe, on les manipule de suite, vous y arriverez et ça ira mieux après! c'est pour ça que je demande: efficacité de ces activités intro sachant que le public s'en fout de l'intro, du milieu et de la fin et a un niveau super bas.

    - tâche complexe: interrogation fondamentale, alors moi j'entends et je constate sur les productions "monsieur, c'est trop dur" et les collègues aussi je crois. Donc pareil, vu leur niveau, est-ce adapté de leur faire faire ça? c'est un peu paradoxal tu n'es pas d'accord? c'est comme si je ne savais pas passer la 2ème et tu me demandes de faire un rallye automobile, en m'autorisant tout, y compris presque un pilote, je serais pas motivé, car je saurais qu'au fond je suis incapable de faire les trucs de base... donc que ça n'aurait aucun sens pour moi de mettre schumacher aux commandes!

    - TICE: ok totalement d'accord, en maths, il me semble que les TICE entravent l'abstraction justement, et moi je ne m'en servirai jamais pour apprendre un cours!! mais je n'ai aucune compétence pour aller plus loin sur ce sujet.

    - I y aussi cette interrogation: pourquoi les élèves ne redemandent que des calculs basiques, des tâches super simples? cela ne discrédite-t-il pas cette pédagogie basée sur les choses compliquées? encore une fois, cette pédagogie est super en université sûrement, pour un public motivé avec de bonnes bases, mais là...

    @soleil_vert: euh pas trop compris, je parle plus du collège en fait.
  • pourquoi les élèves ne redemandent que des calculs basiques, des tâches super simples?
    Les vilains élèves qui veulent se racrocher à quelque chose de concret (une note!) et qui ne comprennent pas l'utilité du verbiage (dont il font l'objet)!
    @soleil_vert: euh pas trop compris, je parle plus du collège en fait.

    La citation est bien pour le collège et le lycée, l'exemple donné vise la fin de lycée et premier cycle d'université.
    Si c'est le terme datamining qui n'est pas compréhensible alors j'ai raison : c'est utilisé partout et surtout dans l'informatique, ne nécessite pas des maths très difficile et bizarrement inconnu des enseignants!
  • Je suis plutôt d'accord avec le fait que tous les élèves doivent travailler. Par contre, il y a beaucoup de manières, de pédagogies pour y arriver. Que l'élève découvre les choses par lui-même, c'est bien joli mais pas souvent possible.

    Pour les nombres relatifs, l'exemple nord-sud est clairement inutile. Parler des températures, des ascenseurs ou des comptes bancaires, c'est tout de suite plus efficace.

    Les tâches complexes, faut pas en abuser de toutes façons. Comme je te dis, une fois tous les 15 jours avec mes 6èmes l'an dernier. Avec les 3èmes, c'était plutôt en DM et avec mes 5èmes, en travail de groupe ou en DM (pas souvent avec eux, trop pénibles).
  • - Sur l'activité de l'élève, il y a ce message marquant issu de ce fil_récent:
    dnart a écrit:
    J'ai souvent eu l'impression que deux heures à écouter sagement m'apportaient plus qu'une journée à me crever sur un livre


    Moi en athlétisme, on m'a dit qu'il y avait plusieurs façons d'apprendre, et que voir un gars passer des haies, ça pouvait vachement aider à l'apprendre... bref tout ça pour dire que cette pédagogie, les inspecteurs, la formation, me semblent caricaturaux sur cela.

    - ton ""trop pénibles" est fatidique: justement, les tâches complexes, on nous a dit que c'est pas pour les bons, c'est pour les autres, les trop pénibles... donc tu tends aussi à penser que c'est trop inadapté pour eux? bizarre quand même de justifier les tâches complexes par le fait de ne pas en faire beaucoup, tu vois ça me convainc pas trop ;-)

    Après, je crois qu'on bloque sur le constat initial quand tu dis qu'il n'y a pas une pédagogie imposée... il faudrait des hiérarchiques pour nous répondre en fait.

    Merci beaucoup de tes réponses.
  • Autant je reste persuadé que les tâches complexes apportent du concret, autant je m'en passerais volontiers ! J'essaie juste d'apporter un point positif, c'est pas pour ça que je cautionne !
  • Les IPR se doutent bien de ce qui se passe dans la classe lorsqu'ils ne sont pas présents : les traces écrites des élèves, les énoncés de DS et l'extrait de cahier de textes leur donne toutes les infos pour juger du travail du prof. Dans mon académie, on pousse au maximum les idées de l'IUFM et on ne veut pas juste un saupoudrage.

    Et puis ils nous tiennent à la gorge avec l'avancement. Je ne veux pas ramener à l'argent mais il se trouve que l'on en a besoin pour vivre (si si). La différence de traitement sur une carrière entre un enseignant qui passe tous ses échelons à l'ancienneté (et qui ne bénéficiera sûrement pas de la hors-classe) et quelqu'un qui au contraire passe tout au grand choix et qui obtient la hors-classe est énorme !

    Pour référence voici mes calculs basés sur les salaires nets d'un enseignant dans le privé sous contrat n'ayant pas d'heures supplémentaires, n’étant pas professeur principal et résidant en zone 3 (sans indemnité), le tout sur 35 ans de carrière. J’inclus la différence avec la carrière à l’ancienneté.


    Certifiés :
    - Carrière à l'ancienneté :
    1328,54 x 3 + 1479,59 x 9 + 1631,69 x 12 + 1679,16 x 30 + 1726,67 x 42 + 1759,52 x 42 + 1861,80 x 42 + 1993,31 x 54 + 2124,79 x 60 + 2289,15 x 66 + 2457,18 x 60 = 845 513,43 € ($\Delta = 0$)

    - Carrière au choix (sans HCL) :
    1328,54 x 3 + 1479,59 x 9 + 1631,69 x 12 + 1679,16 x 30 + 1726,67 x 36 + 1759,52 x 36 + 1861,80 x 36 + 1993,31 x 48 + 2124,79 x 48 + 2289,15 x 54 + 2457,18 x 108 = 866 442,99 € ($\Delta \simeq 21~\text{k€}$)

    - Carrière au choix (HCL e5 au passage à l’échelon 11) :
    1328,54 x 3 + 1479,59 x 9 + 1631,69 x 12 + 1679,16 x 30 + 1726,67 x 36 + 1759,52 x 36 + 1861,80 x 36 + 1993,31 x 48 + 2124,79 x 48 + 2289,15 x 54 + 2608,21 x 36 + 2796,29 x 36 + 2955,57 x 36 = 902 030,07 € $\Delta \simeq 56,5~\text{k€}$)

    - Carrière au grand choix (HCL e3 au passage à l’échelon 9) :
    1328,54 x 3 + 1479,59 x 9 + 1631,69 x 12 + 1679,16 x 24 + 1726,67 x 30 + 1759,52 x 30 + 1861,80 x 30 + 1993,31 x 30 + 2248,98 x 30 + 2398,73 x 30 + 2608,21 x 36 + 2796,29 x 36 + 2955,57 x 108 = 950 615,91 € ($\Delta \simeq 105~\text{k€}$)

    - Carrière au grand choix (HCL e1 au passage à l’échelon 7) :
    1328,54 x 3 + 1479,59 x 9 + 1631,69 x 12 + 1679,16 x 24 + 1726,67 x 30 + 1759,52 x 30 + 1861,80 x 30 + 2099,24 x 30 + 2248,98 x 30 + 2398,73 x 30 + 2608,21 x 36 + 2796,29 x 36 + 2955,57 x 108 = 953 793,81 € ($\Delta \simeq 108~\text{k€}$)


    Agrégés :
    - Carrière à l'ancienneté :
    1438,12 x 3 + 1646,33 x 9 + 1839,90 x 12 + 1975,05 x 30 + 2102,88 x 42 + 2219,76 x 42 + 2373,16 x 42 + 2562,55 x 54 + 2769,77 x 60 + 2955,57 x 66 + 3099,68 x 60 = 1 067 297,55 € ($\Delta = 0$)

    - Carrière au choix (sans HCL) :
    1438,12 x 3 + 1646,33 x 9 + 1839,90 x 12 + 1975,05 x 30 + 2102,88 x 36 + 2219,76 x 36 + 2373,16 x 36 + 2562,55 x 48 + 2769,77 x 48 + 2955,57 x 54 + 3099,68 x 108 = 1 091 828,01 € ($\Delta \simeq 24,5~\text{k€}$)

    - Carrière au choix (HCL e5 au passage à l’échelon 11) :
    1438,12 x 3 + 1646,33 x 9 + 1839,90 x 12 + 1975,05 x 30 + 2102,88 x 36 + 2219,76 x 36 + 2373,16 x 36 + 2562,55 x 48 + 2769,77 x 48 + 2955,57 x 54 + 3099,68 x 48 + 3327,23 x 12 + 3459,95 x 12 + 3638,21 x 36 = 1 118 268,93 € ($\Delta \simeq 51~\text{k€}$)

    - Carrière au grand choix (HCL e3 au passage à l’échelon 9) :
    1438,12 x 3 + 1646,33 x 9 + 1839,90 x 12 + 1975,05 x 24 + 2102,88 x 30 + 2219,76 x 30 + 2373,16 x 30 + 2562,55 x 30 + 2769,77 x 30 + 2955,57 x 30 + 3099,68 x 48 + 3327,23 x 12 + 3459,95 x 12 + 3638,21 x 120 = 1 204 938,03 € ($\Delta \simeq 137,5~\text{k€}$)

    - Carrière au grand choix (HCL e1 au passage à l’échelon 7) :
    1438,12 x 3 + 1646,33 x 9 + 1839,90 x 12 + 1975,05 x 24 + 2102,88 x 30 + 2219,76 x 30 + 2457,18 x 30 + 2612,36 x 30 + 2769,77 x 30 + 2955,57 x 30 + 3099,68 x 48 + 3327,23 x 12 + 3459,95 x 12 + 3638,21 x 144 = 1 296 269,97 € ($\Delta \simeq 229~\text{k€}$)
  • Mais je n'ai jamais dit qu'ils ne se doutent pas de ce qu'il se passe réellement, ce sont des personnes intelligentes, ils savent très bien cela ou ils font mine de ne pas le savoir. Tout est intentionné sur ce sujet.

    Par contre, ils imposent cette pédagogie sans trop en discuter me semble-t-il, et c'est ça le débat, parce que justement, elle est tout sauf évidente au collège avec le niveau et la motivation de nos élèves...

    Bon alors si j'ai bien compris, personne de POUR n'a répondu... c'est bien ce que je craignais. :-(
  • Pour moi, on est plus de l'ordre de la croyance que d'une vérité scientifiquement établie. Ce que je constate empiriquement c'est que par exemple aux USA où l'on se préoccupe du bien-être des élèves (ils ont par exemple abandonné l'écriture cursive parce que c'était trop dur), le niveau des élèves baisse sur les critères qui sont pour moi importants : culture générale, persévérance et goût de l'effort. En France en particulier, je ne pense pas qu'en remplissant de moins en moins les têtes on gagne en qualité. Et puis cette idée folle selon laquelle il ne faut apprendre que des choses utiles, ça transforme des citoyens éclairés en petits soldats serviles. Alors oui c'est bien plus facile de faire des activités quand il n'y a plus rien au programme mais est-ce qu'on y gagne au change ?
  • Les "pour" ont probablement un peu honte donc s'expriment peu: on est à une date où le désastre qu'ils ont provoqué est évalué et déploré.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Et puis cette idée folle selon laquelle il ne faut apprendre que des choses utiles, ça transforme des citoyens éclairés en petits soldats serviles.

    Je reste perplexe devant ce genre d'affirmation, l'enseignement a par définition l'objectif d'enseigner des choses utiles!
    Le problème en france depuis 40 ans, c'est l'impossibilité d'évoluer une fois sur une voie impossible de changer... tout le système est basé sur la selection mais avec un manque d'information pour les élèves et de formations dans ces conditions maintenir le niveau est impossible.
    on est à une date où le désastre qu'ils ont provoqué est évalué et déploré

    Pour eux, c'est champagne : rien ne semble pouvoir arreter ni même ralentir cette grande extinction de l'enseignement.
    Reste la question pourquoi baisser le niveau et à qui celà profite?
  • soleil-vert : a écrit:
    l'enseignement a par définition l'objectif d'enseigner des choses utiles !

    Je reste à mon tour perplexe devant cette "définition" ! J'ai toujours agi en pensant que l'objectif de l'enseignement était de fournir des références culturelles et de former l'esprit analytique afin de préparer des citoyens. Evidemment, cette forme d'enseignement a été mise à mal avec la diffusion des idées toutes faites par divers moyens.

    Bruno
  • Vraiment je ne crois pas à la thèse du complot. Petit à petit les choses ses sont dégradés par démagogie, incompétence des politiques, désintérêt de leur part, évolution globale des mentalités, fin de l'autorité etc...La thèse de cc est très vraisemblable sur la question, il l'a exposée maintes et maintes fois. L'explosion du numérique, la facilité qu'il apporte sur tout en l'absence d'efforts, tout cela n'a pas aidé.
    L'histoire des dirigeants des grandes sociétés de technologies numériques qui inscrivent leurs enfants dans des écoles sans une goutte de technologie, même si elle a été souvent citée par un polémiste sulfureux est tout de même significative.
  • "En effet, pour juger pleinement des possibilités d’un élève, il faut le mettre dans une situation non réceptive, mais active, il faut faire appel à son initiative, à son esprit d’entreprise individuel. Or cela n’est guère concevable dans le cadre d’une théorie « utile », dont tous les éléments, fixés par leur utilité technique ultérieure, sont enseignés dogmatiquement, et où la vertu scolaire par excellence est l’assimilation, la mémorisation rapide et correcte des données. De ce point de vue, seules les théories qui présentent un aspect ludique ont vertu pédagogique, et, de tous les jeux, la géométrie euclidienne, qui se réfère constamment à un donné intuitif sous-jacent, est le moins gratuit, le plus riche en signification." (R.Thom)
  • J'ai toujours agi en pensant que l'objectif de l'enseignement était de fournir des références culturelles et ...

    C'est ce que l'on dit, mes souvenirs des cours d'histoire sont dans ce sens mais il y avait peu de réflexion (fallait finir le programme) et pas d'approfondissement.
    Quand aux maths à part les grecs il n'y avait pas vraiment de références culturelles pendant les cours de lycée ni de fac. C'est dommage!
    de former l'esprit analytique afin de préparer des citoyens.

    Une vie de citoyen à travailler 45 ans sans avoir de retraite!
    Evidemment, cette forme d'enseignement a été mise à mal avec la diffusion des idées toutes faites par divers moyens.

    Je suis d'accord, mais l'un de ces moyens est l'enseignement lui-même comme je le dis plus haut l'enseignement est incapable de s'adapter.
    Vraiment je ne crois pas à la thèse du complot. Petit à petit les choses ses sont dégradés par démagogie, incompétence des politiques, désintérêt de leur part, évolution globale des mentalités, fin de l'autorité etc...La thèse de cc est très vraisemblable sur la question, il l'a exposée maintes et maintes fois.

    C'est pour cela que je n'emploie pas les mots complot, autorité, démagogie.
    On voit quand même l'intérêt financier des éditeurs de livre, de calculatrice, de cours particuliers et surement d'une partie de l'enseignement nationnal.
    L'explosion du numérique, la facilité qu'il apporte sur tout en l'absence d'efforts, tout cela n'a pas aidé.

    On retombe sur l'incapacité d'adaptation, paradoxe de notre époque où l'on peut trouver beaucoup plus d'informations pertinentes qu'il y 80 ans mais dont le niveau (moyen de notre époque) est plus faible.

    @enrouement quand j'ai lu :
    Or cela n’est guère concevable dans le cadre d’une théorie « utile », dont tous les éléments, fixés par leur utilité technique ultérieure, sont enseignés dogmatiquement, et où la vertu scolaire par excellence est l’assimilation, la mémorisation rapide et correcte des données.

    j'ai pensé à l'enseignement des maths modernes depuis les années 1960.
  • Je comprends que c'est un débat éculé qui vous déséspère depuis longtemps, je suis désolé d'avoir remis le couvert et d'essayer d'être apolitique. Peut être que les POUR sont inaccessibles au débat parce qu'il y a eu trop de virulence contre eux?

    D'autre part, je souhaitais revenir à un truc positif, j'ai trouvé une méthode active pour l'université, je ne sais pas si cela se fait en France? cf. active_learning_felder.
    C'est peut être une meilleure façon d'introduire "positivement" cette discussion, c'est à dire: comment cela est-il sensé être faisable en France en REP+?

    - une autre question de fond: cette pédagogie est peut être très adaptée en EPS, bien adaptée en sciences-physiques, mais pas si bien adaptée aux Maths? je veux dire, qu'ils s'attaquent à des tâches complexes alors qu'ils savent pas leurs tables de multiplication, ni calculer, le bon sens indique que c'est bizarre quand même éducativement.

    - et si vous avez des docs qui justifient le POUR, je suis preneur mais j'imagine que c'est dur à trouver aussi.
  • - une autre question de fond: cette pédagogie est peut être très adaptée en EPS, bien adaptée en sciences-physiques, mais pas si bien adaptée aux Maths? je veux dire, qu'ils s'attaquent à des tâches complexes alors qu'ils savent pas leurs tables de multiplication, ni calculer, le bon sens indique que c'est bizarre quand même éducativement.

    Il n' a pas d'homogénéité en math, car le niveau n'est pas corrélé à l'avenir de l'élève.
    On peut être bon au collège/lycée et ne pas pouvoir suivre la fac ou simplement faire autre chose, mais l'inverse est possible un "faible" niveau en math peut être du à une inadéquation de l'élève ou un manque de maturité et celui-ci peut avoir d'excellent résultat plus tard.
    C'est beaucoup plus marqué en math que dans les autres matières il me semble.
    Le second problème c'est la durée (en année et en volume horaire hebdommadaire) nécessaire pour apprendre des maths à des classes non homogénes.
    En physique on peut arriver à un résultat satifaisant sans avoir besoin de maths compliqués.
    En math il faut préparer les élèves à des maths plus abstraites que la majorité ne fera pas (les TS sont une filiére généraliste de nos jours) tout en essayant de maintenir dans la moyenne une classe. C'est faire le grand écart. Après c'est évident que les maths seront toujours décriées car elles ne satisfont personne.
  • soleil-vert : a écrit:
    mais il y avait peu de réflexion (fallait finir le programme) et pas d'approfondissement.

    Parce qu'actuellement, bien sûr (:D !
    Une vie de citoyen à travailler 45 ans sans avoir de retraite !

    Cela n'enlève rien à la validité de l'objectif. Peut-être qu'avec un peu plus de culture les citoyens détecteraient les cuistreries des politiciens !

    Bruno
  • Bonjour,

    Une petite remarque : la pédagogie "actuelle française" n'est ni actuellen, ni française. Les âneries de l'élève au centre sont nées dans les années 20 aux États-Unis. On ne disait pas "élève au centre" mais "teach the child, not the subject", et les IUFM s'appelaient "education schools". En 1980, la France a cru bon de copier l'Amérique dans ce qu'elle a de pire, comme toujours. Pour de plus amples informations, voir http://michel.delord.free.fr, notamment les articles :
    "Huile de ricin et Coca-Cola : aux sources troubles de la pédagogie de projet" et "Sciences de l'éducation : survol".

    Cordialement,
    Icônoclaste
  • Peut-être qu'avec un peu plus de culture les citoyens détecteraient les cuistreries des politiciens !
    Moi qui croyais que les gens allaient à l'école obligatoire pour apprendre et donc augmenter leur culture... On m'aurait menti !?

    Pour rire un peu : http://www.speechi.net/fr/index.php/2015/06/01/nagea-vaallo-en-pateaugie/
  • Est ce que l'école n'est pas simplement le lieu où l'on transmet le savoir de la civilisation???
  • bonjour,

    tâche complexe = exercice difficile ?

    Si quelqu'un peut éclairer ma lanterne sur ce terme, que je ne comprends peut-être pas vraiment.

    Cordialement.
  • Il te faudrait une année pleine de formation pour ingurgiter ce terme très précis dans la démarche actuelle de collège!

    En gros, c'est une tâche qui utilise des ressources externes et internes, qui peut se faire idéalement par plusieurs méthodes, plus ou moins artisanales, et qui a souvent un caractère concret (ex: choisir le camping qui va être le moins cher, on te donne les deux campings, tu dois calculer, sachant que tu es une famille avec un chien, etc).

    Il faut comprendre à ce charabia: l'élève a un ou plusieurs documents devant lui, et il doit les prendre en compte à sa façon (ressource interne = ses connaissances, ses compétences). La question est quelque part, mais parfois l'énoncé est dense donc l'élève doit aussi savoir repérer l'énoncé parfois. Bref tu travailles tout de front: compréhension écrite, prise d’initiative, calculs, sens des calculs, rédaction... Par exemple, si tu veux insister sur le raisonnement, tu autorises la calculatrice (et si tu veux qu'il sorte quelque chose, tu autorises la calculatrice toujours mais là je suis médisant). Ça se fait en groupe car c'est trop dur sinon. Ils conseillent 2 à 3 tâches complexes par trimestre, ça peut durer 2h ou plus, enfin ça explose le cours traditionnel. Ils disent qu'on peut même le faire comme introduction à un chapitre. C'est un truc clé qui est sorti de PISA apparemment car nos élèves savent pas prendre des initiatives...

    Mais souvent les élèves te disent "monsieur, c'est trop dur", quand ils font un truc souvent c'est n'importe quoi et leur faire faire à la calculatrice tous les calculs qu'ils savent pas faire (et censés de leur niveau) est vraiment très étrange... (mais ils sont souvent tellement démotivés qu'ils ne font même pas les calculs à la calculatrice, mais là je suis encore trop médisant).
  • Je suis sorti de l'IUFM, il y a déjà trop longtemps ! Merci beaucoup pour ta réponse, taimanov.
    Sinon, c'est écrit officiellement quelque part (programme de collège ?) cette définition de tâche complexe ?

    (Je me fais inspecter cette année (lycée), il faut que je me tienne au courant ! B-) )
  • En cherchant sur internet, tu trouves tout de suite:
    http://eduscol.education.fr/cid51827/temoignage-mise-en-oeuvre-dans-la-classe.html

    Mais attention, cela s'applique-t-il au lycée?
    Pas trop sûr, mais non je crois. Un formateur disait que faire des travaux de groupe au lycée n'est presque pas possible vu le nombre d'élèves. Je ne sais pas combien ils sont au lycée mais en REP+ c'est de l'ordre de 22.
    Il faut absolument que qqn d'autre que moi te confirme ça quand même!!

    PS: j'ai toujours trouvé que ça discréditait pas mal cette approche "tâche complexe, travail en groupe,..." de ne pas la reconduire au lycée et à l'univ, mais c'est un autre débat très compliqué, je me cantonne au collège!
  • On lycée on tourne facilement à 35 par classe.... B-)

    [small](Moi je m'attelle à ma tâche complexe annuelle, mettre les élèves au travail, les intéresser, leur faire aimer les maths, gérer l'hétérogénéité, etc). C'est déjà pas si mal. :) [/small]
  • Tout ça est rien que de la faute des élèves. C'était le bon temps quand il n'y avait pas le collège unique. :-D

    Les mathématiques ne servent à rien pour une majorité de gens.

    A chaque fois que je rencontre des gens dans un cadre amical et que je leur parle de mon parcours scolaire et un peu professionnel, inmanquablement ils m'expliquent comment ils étaient nuls en mathématiques (ce n'est pas nécessairement une forme de snobisme qu'on voit chez certaines personnes) mais la plupart sont bien intégrés professionnellement dans la société donc leur nullité en mathématiques n'a pas été un handicap.

    Tout ça pour dire que dans ce débat la conclusion, selon moi, sera inmanquablement: la solution est de cesser d'accepter n'importe qui dans les classes de mathématiques ou une variante approchante.
  • A chaque fois (... inutile de recopier le message précédent in extenso. jacquot) leur nullité en mathématiques n'a pas été un handicap.

    Les maths n'interviennent pas dans les relations sociales, c'est pas un scoop.
    Tout ça pour dire que dans ce débat la conclusion, etc.

    Cela ajoute deux problèmes :
    - les élèves qui ont du potentiel en math mais ne le savent pas car ils ne sont pas dans un système leurs permettant de progresser.
    - c'est une vision du passé où les études déterminaient tout le restant de l'existence, de nos jours il faut aller vers une formation permanente.
    Les mathématiques ne servent à rien pour une majorité de gens.

    Et la science en général ne pése plus très lourd : http://www.speechi.net/fr/index.php/2013/07/31/ce-que-le-joueur-dechecs-dedgar-poe-nous-apprend-sur-la-revolution-numerique/ (quand je parle de bigdata dans http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?18,1133929,1133965#msg-1133965 c'est bien la même chose que dans l'article).
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