Expérience cruciale

Bonjour,

Je me permets de lancer un sujet ici : quelle a été votre première joie mathématique ?

Question corollaire : pensez-vous qu'éprouver une intense satisfaction à l'exercice de la mathématique (réflexion, apprentissage, résolution d'un problème, ...) puisse "convaincre" un apprenant qu'il y a dans cette pratique une chose tout à fait passionnante, et puissante ?

Je me souviens de l'expression de professeurs qui parlaient de théorèmes ou de résultats "puissants". Cela donnait du piment, de la chair à certains énoncés, que donc j'apprenais plus facilement.
Je me souviens aussi de démonstrations laborieuses, par exemple de la démonstration du théorème de la base incomplète, faite pendant une durée me paraissant infinie pour moi simple étudiant par mon professeur (je crois bien que le prof nous avait prévenu que la démonstration allait durer un bon moment). Mais quelle satisfaction d'avoir pu écrire une démonstration structurée, si belle et si longue.

Autre question corollaire : ne pensez-vous pas qu'être exigeant et présenter des démonstrations ou des résultats ardus (mais puissants) pourrait motiver les élèves ? Plutôt que de les noyer dans une soupe de notions dont, inconsciemment, ils sentent bien qu'elles ne sont que des rafistolages (je pense à des interventions régulières qui accréditent l'usage des TICE en "remplacement" pour les élèves "en difficulté").

Autre autre question corollaire : est-ce que désirer procurer des joies mathématiques chez les élèves relève de la folie ou de l'endoctrinement, selon vous ?

Je pose la question car, la mouvance "matérialiste-socio-pragmatique" actuelle, selon laquelle toutes les matières apprises devraient servir à quelque chose qui se rapproche d'un "métier", nous éloigne radicalement de l'objet même de l'apprentissage : le plaisir, la joie. Et, selon moi, cette mouvance est idéologique et endoctrinée. Alors je me pose la question : qui est le plus endoctriné : celui qui veut donner de la joie aux apprenants ou celui qui veut des apprenants en prise immédiate et constante avec l'employabilité ?

Réponses

  • Bonjour,
    Ma première joie mathématique a été en cinquième de prouver tout seul les critères de divisibilité par 7, 11 et 13 trouvés dans un livre de mes grands-parents (le "mémento-larousse" des années 30).
    Je connaissais déjà la preuve du critère de divisibilité par neuf (appelé la "preuve par neuf"), vue en classe.

    Je voyais que j'étais capable de prouver des choses, de réussir un défi que je m'étais donné à moi-même.

    cordialement
  • La vraie première, pour moi c'était en CP. Les restes des mathématiques modernes ont fait que les premières heures de mathématiques furent consacrés à la découverte de différentes bases de calcul, et également à des additions dans ces différentes bases. J'ai adoré. Et je n'ai pas compris pourquoi ma mère passait son temps à critiquer alors que c'était si amusant et si intéressant.

    Après à mon avis, la joie peut provenir d'une démonstration, mais pour beaucoup d' élèves au collège ou même en seconde, le formalisme est difficile, donc cela leur reste inaccessible. Par contre, résoudre tout seul un problème (ou avec peu d'aide), c'est aussi une source de joie. Et c'est plus accessible, pour peu que le problème soit bien posé. Comprendre une notion, aussi : le fameux : ah, j'ai compris!

    L'approche purement pragmatique, je n'aime pas trop, sauf si c'est lié à un vrai projet concret des élèves (par exemple un projet mené avec une autre matière et notamment des matières techniques...). Les histoires d'échelle pour Pythagore, c'est franchement téléphoné...

    Et sinon, la fameuse joie, elle ne sera évidemment pas obtenue par les mêmes choses si l'on est en 6ème ou en Terminale S, le niveau d'exigence du professeur (et de l'élève!) non plus. Mais je pense que c'est indispensable à l'élève de pouvoir éprouver du plaisir à apprendre, découvrir ou trouver par soi-même, au moins de temps en temps.
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