Singapore Math

Bonsoir
J'ai apporté ma contribution à la question des "Singapour Math" sous la forme d'une lettre ouverte à M. Villani, Torossian , au cabinet du ministre, au responsable de la DGESCO..., lettre intitulée " A propos des Singapore Maths : « Mathématiques de Singapour » et « Singapore Math Inc® ».
Et le texte est à : http://micheldelord.info/singapore01.pdf
Bonne lecture

Michel Delord

Réponses

  • Petits compléments :
    L’adresse du Cockcroft Report : http://www.educationengland.org.uk/documents/cockcroft/cockcroft1982.html

    "Agenda for Action" n'est pas disponible à ma connaissance sur le Net mais j'ai le livre et je scannerai quelques pages... Ceci dit, voici
    le résumé du rapport en huit points
    An agenda for action

    March 23, 1981

    The National Council of Teachers of Mathematics recommends that:
    1. Problem solving be the focus of school mathematics in the 1980s.
    2. Basic skills in mathematics be defined to encompass more than computational facility.
    3. Mathematics programs take full advantage of the power of calculators and computers at all grade levels.
    4. Stringent standards of both effectiveness and efficiency be applied to the teaching of mathematics.
    5. The success of mathematics programs and student learning be evaluated by a range of measures wider than conventional testing.
    6. More mathematics study be required for all students and a flexible curriculum with a greater range of options be designed to accommodate the diverse needs of the student population.
    7. Mathematics teachers demand of themselves and their colleagues a high level of professionalism.
    8. Public support for mathematics instruction be raised to a level commensurate with the importance of mathematical understanding to individuals and society.

    Bonne lecture. MD
  • Commentaire du Monde sur les Singapore Maths ( dans La lettre de l'Education, payante et donc non disponible sur Internet).
    Voilà :

    Le Monde - La lettre de l’éducation
    N°933 /02/11/17
    Extrait
    PÉDAGOGIE
    Cédric Villani missionné sur l'enseignement des maths
    L'annonce par Jean-Michel Blanquer, le 19 octobre, qu'il confiait au mathématicien Cédric Villani, médaille Fields et député LREM, une mission pour améliorer l'enseignement des mathématiques, a fait reparler de la «méthode de Singapour ». Celle-ci doit sa réputation au fait que cette cité-Etat de la péninsule malaise est en tête des classements internationaux en ce domaine. Le ministre de l'éducation souhaite s'inspirer de ce succès. Sans vouloir transposer une « méthode » mais pour, selon ses mots, engager «la même démarche que celle qui a réussi à Singapour ». Cédric Villani, dans sa mission, est accompagné de l'inspecteur général Charles Torossian, tous deux devant remettre leurs préconisations dès la fin janvier 2018. La mission ne devrait pas réécrire les programmes de 2016, que le ministre estime « bons ». C'est en matière de formation des professeurs et de ressources pédagogiques qu'il y aura un « impact », a assuré M. Blanquer. Singapour a commencé la refonte de son enseignement primaire en maths à partir des années 1980, une commission de spécialistes y passant plusieurs années, étudiant les traditions pédagogiques du monde entier afin d'élaborer leur propre approche. Et ce n'est qu'à partir de 1995 que la cité-Etat est montée en flèche dans les classements. Elle a beaucoup investi dans la formation des enseignants. Or, comme l'a souligné le Cnesco (Conseil national d'évaluation du système scolaire) en 2015, la formation des enseignants en maths et sciences est un point faible en France, où 80 % des enseignants du primaire n'ont pas suivi de cursus scientifique dans leurs études.
    La «méthode de Singapour» est aussi une affaire de contrats
    S'il fallait résumer en deux mots la démarche choisie par Singapour dans l'enseignement des mathématiques, ce serait, outre son caractère explicite, le recours au concret et à la manipulation : par le dessin, la géométrie, les objets, afin d'intégrer progressivement l'abstraction Autant de sujets sur lesquels la recherche française n'est pas démunie, même si les spécialistes s'opposent sur des points importants, notamment la question de l'apprentissage simultané du comptage et du calcul, dont une conséquence serait l'apprentissage, également simultané, des quatre opérations. Michel Delord, ex-membre du GRIP (groupe de recherches interdisciplinaires sur les programmes) dont il a été un cofondateur avec son actuel président, le mathématicien Jean-Pierre Demailly, est un partisan connu de cette approche qui, historiquement, était aussi celle de Ferdinand Buisson dans son Dictionnaire pédagogique. Dans une lettre ouverte adressée au cabinet du ministre ainsi qu'à MM. Villani et Torossian, il rappelle que l'on a enseigné en France « les quatre opérations en CP en continu de 1882 à 1970 » et qu'«on ne le fait plus du tout de 1970 à 2017». Il prône l'enseignement d'un « ensemble organisé de connaissances liant les mathématiques et la physique ». Il attire également l'attention sur un aspect qui pourrait compliquer la démarche engagée en France: la «méthode de Singapour » ne désigne pas seulement le nom d'un courant pédagogique, elle est aussi, sous le nom de Singapore Math, une marque déposée de la société Singapore Math Incorporated, créée eni998, et de l'éditeur Marshall Cavendish Education Private Limited, qui détiennent les droits de sa commercialisation dans le monde entier. De ce fait, tout contrat de diffusion de manuels passé avec des partenaires étrangers s'accompagne de conditions impératives contraignant ces derniers, selon des modalités contractuelles qui ne sont pas publiques, à s'aligner sur les versions successives des contenus d'enseignement décidés soit par ces sociétés, soit par le ministère de l'éducation de Singapour. Loin, donc, du dialogue scientifique désintéressé et des pratiques collaboratives ouvertes que l'on prêterait naïvement à une approche pédagogique.
  • Merci pour ces lectures intéressantes.

    Je n'avais pas vu que M. Blanquer avait donné une mission si spécifique à MM. Villani et Torossian et qu'il connaissait déjà les "impacts" de leur futur rapport... Dans l'hypothèse où c'est ce vers quoi nous nous dirigeons, je ne comprends pas bien comment on pourrait instaurer la méthode de Singapour ou tout autre méthode d'enseignement sans changer certains programmes.
    Plus généralement, les problèmes de l'instruction publique sont trop complexes pour être appréhendés avec des œillères ; on a déjà suffisamment de soucis de cohérence dans l'EN. J'espère que le rôle de nos deux mathématiciens ne se limitera pas à recommander la nouvelle tablette.
  • Bonjour,
    Merci beaucoup pour ces textes. L’article de la lettre de l’éducation semble une expression fidèle de la pensée de M Delord à laquelle on ne peut que souscrire.

    Je me jette à l’eau. Pour l’avenir, voici ce que je crois avoir compris.
    Il y a en effet deux types de problèmes :
    A Les programmes
    B Les enseignants et leurs conditions d’exercice

    A1)
    M Blanquer dit qu’il ne veut pas s’attaquer aux premiers, mais c’est pourtant ce qu’il fait lorsqu’il déclare qu’il faut introduire les 4 opérations dès le CP. Peut-être, en s’inspirant de Singapour, M Villani pourra lui faire rajouter qu’il faut enseigner les mathématiques à l’école de façon concrète, c’est-à-dire en s’appuyant sur des supports matériels (et non numériques) et le calcul dimensionnel.

    A2)
    Concernant l’autre extrémité du spectre, au lycée, la solution à la baisse de niveau (préoccupante pour les professions scientifiques) serait la recréation d’une série C, avec un programme spécifique en maths et en physique dès la première. Ce n’est pas le chemin que l’on prend.

    En revanche on pourrait y arriver par un autre chemin. Les travaux sur la réforme du bac, devraient selon la presse conduire à la fin des sections générales et à un choix à la carte des matières et peut être aussi de leur niveau. Espérons alors qu’à côté d’un cours de première de maths « allégées » (en ambition, correspondant aux classes actuelles de L et ES), il y aura à la fois un cours de maths « normal » (correspondant à la section S) et un cours de maths « renforcé » (correspondant à l’ancienne section C). Idéalement il faudrait faire la même chose pour la physique. Espérons que M Villani saura faire valoir des arguments dans ce domaine.


    B Concernant les enseignants, il y a aussi deux sous-problèmes :

    B1)
    Les professeurs des écoles dont le niveau mathématique devra être développé. La mission de M Villani sera alors de dire à quelle condition, on pourra s’appuyer utilement sur les IREMs (dont c’est normalement le rôle). C’est-à-dire dans quel sens ceux-ci devront évoluer.

    B2)
    Pour les professeurs de lycée et collège, trop peu nombreux et peut-être trop peu formés, dans son interview dans Le Monde M Villani parle de la nécessité de les augmenter par rapport à leurs collègues des autres matières. Il a raison. Le différentiel pour être efficace devrait être d’au moins 20% à mon sens. Cela coûtera cher, peut-être faudra-t-il en échange obtenir d’eux qu’ils acceptent d’enseigner en parallèle, au collège, la technologie et la physique, ce qui a mes yeux n’aurait que des avantages.

    En effet au collège, les maths ont deux pieds : l’un concret et il serait renforcé par cette réforme ; l’autre abstrait, qui devient progressivement prépondérant et se dégage du premier. Et comme le disait N El Karoui, à F Culture la semaine dernière, « l’abstraction est l’école de la liberté ».

    Cordialement
  • Bonsoir

    Je vous remercie de ces réponses car j'étais un peu inquiet par l'absence de réactions à ces textes qui me semblaient pourtant apporter un certain nombre d'informations peu connues. Je suis en train d'écrire une série de textes ( appelés "Note technique 01", etc.) , ce qui me prend un peu de temps et m’empêche de participer au débat pour le moment . Mais dès que je trouve un créneau, je réponds.
    Ceci dit le titre de la première Note technique sera

    Note technique 01-a pour la Commission Villani/Torossian
    Petite partie de chasse au plurium interrogationum :
    Enseignement explicite / enseignement implicite, le sens des mots.


    ou, en supprimant la ligne qui fait un peu snob, simplement :

    Note technique 01-a pour la Commission Villani/Torossian
    Enseignement explicite / enseignement implicite, le sens des mots.


    MD
  • Bonjour,

    N'étant pas enseignant et donc pas rompu aux difficultés pédagogiques, il me vient tout de même une réaction à cette présentation.
    Puisqu'il s'agit de préparer le travail d'une commission, ne serait-il pas utile d'introduire les divers points en termes d'actions à mener, plutôt qu'en terme d'analyse intellectuelle ? Ou les deux, la première pouvant faire l'objet d'un sous-titre ?
    Par exemple pour ce premier point "améliorer la clarté de l'exposé", "en finir avec les implicites", réduire l'implicite"...?
    Cela serait moins jargonnant et plus accessible à des non professionnels de l'enseignement, que sont en très grande majorité les députés.
  • Bonjour à tous,

    il faut y mettre le prix, mais je vous conseille de visiter Singapour. C'est un paradis fiscal très agréable mais très aseptisé, essentiellement habité par des quasi-milliardaires. La Suisse et Paris 16 sont des zones de non droit à côté. Ne jetez pas pas votre chewing gomme dans la rue à Singapour, l'amende est coton.

    J'avoue ne pas bien comprendre toute cette médiatisation autour de "la méthode de Singapour". La "méthode française" marcherait tout aussi bien à Singapour que "la méthode Congolaise" ou que "la méthode groenlandaise". Il n'y a pas de "méthode de Singapour".

    Bonne soirée. Talal
  • Bof bof bof pour singapoure... d'accord pour la propreté et le sentiment de sécurité dans la rue, mais c'est une ville affreusement laide (architecture contemporaine), peu praticable pour la marche ce qui est quand même un comble pour une si petite ville et avec une banlieue autrement moins tentaculaire et ingérable que celle de paris .. En dehors des quartiers pour riches résidentiels à l'est derrière marina east ou le tout petit quartier historique noyé dans les buildings avec les petites maisonnettes un peu moche collé à downtown, pour le reste prend n'importe quel bâtiment de paris qui soit pas moderne, fous-le là-bas et ça devient un monument national. En ville moderne moche asiatique et où on peut lécher le sol sans choper le typhus ou marcher la nuit habillé en dragqueen sans se faire égorger je conseille plutôt la corée du sud ou le japon.

    EDIT: ahaha pardon, en fait je suis tellement à cran sur l'architecture contemporaine que j'ai machinalement compris ton paragraphe dans le sens que singapour est une ville super que c'est vraiment un endroit à visiter alors que tu conseilles juste de la visiter sans préciser que tout est génial justement, comme je conseillerais de visiter londres pour pleurer devant le massacre des architectes après la WW2 ou aubervilliers pour sentir ce que ça fait d'avoir réellement une chance sur 30 de mourir.
  • Bonjour,

    d'accord avec toi pour Tokyo, je pense que c'est assez connu d'ailleurs, mais ton affirmation peut sous-entendre que ce ne serait pas le cas à Singapour alors que ce n'est pas ce que tu as voulu dire, semble-t-il.

    Sais-tu que, enfin parait-il, la France est le seul pays où il y a, comment dire, une organisation, un plan, un projet urbain, pour aménager les villes. Ce que tu dénonces pour Singapour est en fait dénonçable pour n'importe quel pays sauf la France d'après ce que de nombreux voyageurs m'ont indiqué. Les grandes villes du monde se construisent un peu aléatoirement, li n'y a pas d'urbanisme contrôlé.

    Bon, cela dit, ce n'est pas le sujet du fil. Pour ce qui est de l'enseignement, je réitère mon étonnement devant ce genre de chimère que je trouve irrespectueuses envers le public: prendre un pays qui n'existe pas vraiment, des chiffres qui ne veulent rien dire et inventer de toute pièce "nous allons suivre la méthode de ce pays".

    C'est presque incroyable quand-même qu'on ose faire ce genre de chose sans avoir peur de se faire ridiculiser par le premier reporter venu. J'avais déjà vu passer ce genre de procédé dans le passé quand des publicistes essayaient de faire croire que "l'école norvégienne" (ou finlandaise, je ne sais plus) marchait bien... sans préciser ce que sont ces petits pays (quelques arrondissements bourgeois, sans problème, de Paris réunis, avec en supplément la Nature et l'espace).

    Ce qui est notable aussi est que les personnes qui montent ces publicités ne choisissent pas Monaco, la Vatican, Chypre ou la Suisse, et je soupçonne que c'est parce que c'est tout simplement trop près de nous géographiquement.

    cordialement,
    Talal
  • J'achève le hors-sujet promis mais je suis comme un enfant avec ce sujet, dès que j'en entends parler je saute sur l'occasion :-D

    Pour rebondir sur le cas "de la France" en fait c'est assez vrai que pour la plupart des villes en Europe en tout cas, y a toujours le modèle: on construit dans les remparts en augmentant la densité jusqu'à ce qu'on puisse reculer les remparts et recommencer (Paris fait pas l'exception au moins jusqu'à Louis XIV pendant un temps mais surtout haussmann) et les tentatives "d'uniformisation architecturale" étaient plutôt à l'échelle de rues/quartiers ou village mais pas à l'échelle d'une grosse ville.

    Le fait que la France soit tres vite centralisée + grosse tradition architecturale a peut-être aidé à uniformiser plus que la moyenne mais LE truc qui fait l'exception parisienne surtout c'est haussmann et une fois le projet lancé c'est vrai que pas mal de villes françaises ont suivi le principe mais je pense qu'il y a plus une exception "parisienne" que française. Je pense (je suis pas sûr mais j'ai de bonnes notions de géo et je trouve aucun contre-exemple immédiatement) que c'est la seule ville qui a bénéficié d'un relooking total à une si grosse échelle (je parle pas de construire des kms de barres en beton au pif le long des lignes de grue et même là avec les 60´s et tout je suis pas sûr qu'on ait battu haussmann). De 1853 à 1870 il a rasé la ville sauf quelques quartiers centraux (dont le marais est je dirais le plus gros rescapé) et sorti des immeubles, tous du même style (style néoclassique "à la française" avec balcon filant, toit mansardé en ardoise+zinc etc) par paquets de plusieurs dizaines de milliers quitte à tout refaire pour que son boulevard soit "bien dans l'axe" :-D

    Au final le paris actuel est à 60% haussmannien et c'est sans compter qu'après qu'on l'a foutu à la porte en 1870 on a continué certes avec plus de libertés de construire dans le même style (en tout cas pas de difference choquante) jusqu'à quasiment les années 20 (la rue du 4 septembre est le premier exemple qui me vient à l'esprit). En plus l'haussmannien se confond bien avec le style restauration (et c'est normal c'est dans la continuité) ou le style classique, Louis XIV etc alors qu'à Londres qui a connu des grosses restructurations à l'époque victorienne le style jure déjà plus avec le bâtiment anglais en brique donc Paris c'est vraiment le meilleur exemple de ville "uniformisée" à très grosse échelle.
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