Scoop : Jules Ferry et les calculatrices
Un petit nouveau qui n’est pas sans rapport avec CQFD :
[size=small]Note technique 03a pour la Commission Torossian/Villani[/size]
« [size=large]Scoop : Jules Ferry et les calculatrices
ou
Enseignement primaire : Calcul écrit, Calcul mental, Arithmomètre[/size] »
Il s’agit
I) de contrer, avec quelques documents historiques, la doxa dominante qui affirme
- que la question de l’utilisation des calculettes en primaire ne s’est posée qu’à partir de la deuxième partie des années 1970 (c'est-à-dire en gros à partir du moment où sont disponibles à bas coût des calculettes électroniques)
- que « le caractère nouveau » de la présence des calculettes à partir de cette date induit le fait qu’il faut introduire une nouvelle pédagogie du calcul, pédagogie qui était impossible à penser avant cette date et encore plus au XIXème siècle.
- que cette présence des calculettes dans la société – et dans l’école : mais en ce cas y sont-elles venues toutes seules ? – induit le fait qu’elles doivent être utilisées, et de plus massivement, à l’école.
II) de commencer à poser la question « Peut savoir compter … sans savoir compter exactement ? »
III) d’en profiter pour poser deux questions
Question I : Reste donc à traiter un problème récurrent que l’on aperçoit ici en considérant le cas de Jean Martinet qui était incontestablement un grand mathématicien : comment se fait-il que des mathématiciens puissent avancer des positions aussi aberrantes sur l’enseignement primaire et en particulier sur le calcul ?
i) Ma réponse n’est pas de dire : il y a aucun rapport entre les mathématiques et le calcul. Mais je me trompe peut-être.
ii) Cette question n’est pas une question psychologique ou de personnalité et elle doit être traitée avec tout le calme, le tact et la retenue nécessaires, tout en notant bien que ceux qui doivent avoir le maximum de tact et de retenue sont ceux qui occupent les places les plus hautes dans la hiérarchie.
Question 2 : Si l’on s’intéresse à l’origine sociale – c'est-à-dire extérieure aux mathématiques – du mépris du calcul, est-il sans liens avec le mépris de l’intelligence artisanale ? Or ce mépris triomphe entre 1950 et 1970, juste au moment où le chapitre sur l’intelligence artisanale disparait des cours de psychologie. A ma connaissance le dernier « Que-sais-je? » sur l’intelligence qui mentionne l’intelligence artisanale est ce lui écrit par Gaston Viaud en 1964. Il consacre un chapitre à « l’intelligence artisanale de l’homme », entre le chapitre précédent qui traite de « l’intelligence pratique de l’enfant » et le suivant qui traite de « la pensée conceptuelle ».
Bonne lecture.
Fichier complet: lien à la fin de la présentation sur le Blog MD -CQFD https://micheldelord.blogspot.fr/2017/11/scoop-jules-ferry-et-les-calculatrices.html
MD
[size=small]Note technique 03a pour la Commission Torossian/Villani[/size]
« [size=large]Scoop : Jules Ferry et les calculatrices
ou
Enseignement primaire : Calcul écrit, Calcul mental, Arithmomètre[/size] »
Il s’agit
I) de contrer, avec quelques documents historiques, la doxa dominante qui affirme
- que la question de l’utilisation des calculettes en primaire ne s’est posée qu’à partir de la deuxième partie des années 1970 (c'est-à-dire en gros à partir du moment où sont disponibles à bas coût des calculettes électroniques)
- que « le caractère nouveau » de la présence des calculettes à partir de cette date induit le fait qu’il faut introduire une nouvelle pédagogie du calcul, pédagogie qui était impossible à penser avant cette date et encore plus au XIXème siècle.
- que cette présence des calculettes dans la société – et dans l’école : mais en ce cas y sont-elles venues toutes seules ? – induit le fait qu’elles doivent être utilisées, et de plus massivement, à l’école.
II) de commencer à poser la question « Peut savoir compter … sans savoir compter exactement ? »
III) d’en profiter pour poser deux questions
Question I : Reste donc à traiter un problème récurrent que l’on aperçoit ici en considérant le cas de Jean Martinet qui était incontestablement un grand mathématicien : comment se fait-il que des mathématiciens puissent avancer des positions aussi aberrantes sur l’enseignement primaire et en particulier sur le calcul ?
i) Ma réponse n’est pas de dire : il y a aucun rapport entre les mathématiques et le calcul. Mais je me trompe peut-être.
ii) Cette question n’est pas une question psychologique ou de personnalité et elle doit être traitée avec tout le calme, le tact et la retenue nécessaires, tout en notant bien que ceux qui doivent avoir le maximum de tact et de retenue sont ceux qui occupent les places les plus hautes dans la hiérarchie.
Question 2 : Si l’on s’intéresse à l’origine sociale – c'est-à-dire extérieure aux mathématiques – du mépris du calcul, est-il sans liens avec le mépris de l’intelligence artisanale ? Or ce mépris triomphe entre 1950 et 1970, juste au moment où le chapitre sur l’intelligence artisanale disparait des cours de psychologie. A ma connaissance le dernier « Que-sais-je? » sur l’intelligence qui mentionne l’intelligence artisanale est ce lui écrit par Gaston Viaud en 1964. Il consacre un chapitre à « l’intelligence artisanale de l’homme », entre le chapitre précédent qui traite de « l’intelligence pratique de l’enfant » et le suivant qui traite de « la pensée conceptuelle ».
Bonne lecture.
Fichier complet: lien à la fin de la présentation sur le Blog MD -CQFD https://micheldelord.blogspot.fr/2017/11/scoop-jules-ferry-et-les-calculatrices.html
MD
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Réponses
Vous avez raison de souligner que les calculatrices sont anciennes et qu’elles ont été historiquement rejetées, car « la calculatrice est une boîte noire qui ne permet en aucune manière de comprendre les calculs qu’elle effectue ». Et qu’il n’y a pas de mathématiques sans calcul !
C’est pour cela qu’il me semble qu’idéalement la progression devrait être la suivante :
- Ni calculatrice, ni téléphone à l’école
- Calculatrice simple (4 opérations) et téléphone simple (non smartphone) au collège
- Calculatrice programmable et smartphone au lycée.
Et encore le passage à la deuxième étape devrait être conditionné à la maîtrise réelle des 4 opérations en calcul mental.
Je nuancerais votre propos concernant le boulier, très utilisé dans l’océan indien, dont l’usage ne nuit pas à la maîtrise du calcul et notamment du calcul mental (parce que l’on comprend les calculs effectués). Cf : irem de la réunion http://irem.univ-reunion.fr/spip.php?article292
Enfin, puisque vous citez la collection Delfaud et Millet (publiée par Hachette à ma connaissance et non par Hatier), permettez-moi de joindre la table des matières de l’ouvrage de classe de fin d’études de 1947. Elle illustre ce qu’était le souci des « mathématiques concrètes » de l’enseignement primaire. Souci qui ne serait peut-être pas déplacé (à côté de préoccupations plus élevées, si possible, en algèbre et géométrie) dans les classes de 6ème et 5ème de nos jours.
Cordialement
La règle à calcul a mis du temps à devenir un outils du lycéen : https://www.britannica.com/topic/slide-rule#ref81001
C'est une bonne idée de montrer certains algorithmes comme CORDIC aux étudiants!
Au lycée les calculatrices devraient être graphiques pour que les étudiants (en math) puissent étudier les champs de vecteurs, les équadiff, les courbes paramétrées...
Quand aux smartphones ce ne sont que des espions qui servent à faire des selfis! Mais il est vrai que les TI et HP sont disponibles sur beaucoup de smartphones.
Heu, pas de téléphone obligatoire au lycée. Si c’est pour entendre des bruits de pet ou de boîte à meuh en classe, non merci.
Par ailleurs, une calculette programmable coûte assez cher comme ça alors que certains élèves n’ont même pas les moyens de petit déjeuner.
-- Schnoebelen, Philippe