Une question sur les probabilités au collège

Bonjour,

Je me pose une question lancinante depuis que les probabilités sont entrées au collège.

L'exercice typique est de proposer une roue, un dé ou une pièce et de dire, dès la 5ème:

"Si on a eu tel résultat au 1er lancer, a-t-on la même probabilité d'avoir ce même résultat au 2ème lancer?"
Et la réponse institutionnelle est: oui, car l'expérience "n'a pas de mémoire" (cf. d'ailleurs le sujet de Pondichéry 2018 qui est sur un fil ici).

Moi, ça me gêne beaucoup: je pense qu'on peut répondre par oui ou par non, tout dépend le modèle qu'on a choisi. C'est quand même embêtant de dire à nos chères élèves, même si leur niveau est certes faible, qu'on a OBLIGATOIREMENT autant de chances d'avoir un face après 100 faces que d'avoir un face au 1er lancer... ce n'est ni vrai ni faux d'avoir autant de chances, cela ne peut juste pas se trancher, car il n'y a pas de modèle "bon" ou "mauvais", c'est tout le problème des probabilités. Les experts me contrediront si je dis des bêtises.

J'imagine que je ne suis pas le premier à demander cela, mais j'attends votre avis...

Que ce soit clair: ceci est une question pédagogique pour enseigner les proba au collège, une demande aux experts pour disent comment ils voient cela (en prenant en compte, encore une fois, le niveau clairement faible des élèves dans le pays).

Merci!

Réponses

  • C'est la différence entre « après une expérience » et « après 100 expériences ». En fin de collège, tu leur apprendras qu'après 100 expériences qui donnent "face", tu as moins de 5 % de chances de te tromper en affirmant que la pièce est truquée.
  • Non, ce que tu dis n'est pas du tout du niveau 3ème...

    Mais tu ne réponds pas à ma question non plus.
  • Je crois qu'il faut être très clair.
    Ce n'est pas un théorème mais un axiome.

    Pour moi on doit l'annoncer dans la consigne.

    « On suppose qu'à chaque nouveau lancer/tirage les issues sont équiprobables. ».

    La question devient débile ? Oui, quoique...
  • Bonjour Mark Evgenievich.

    Tu as parfaitement raison. La modélisation ne fait pas partie des mathématiques. C'est une étape de la démarche scientifique.
    Tu soulèves une question délicate.
    L'indépendance se définit de façon simple en probabilités, mais ce qu'elle traduit de l'expérience n'est pas clair.

    Un exemple : le sexe des bébés à la naissance. Même si on modélise par une épreuve de Bernoulli avec p (qui dépend de la région du globe...) qui peut dire si cette naissance ne va pas influer sur la suivante.

    Je dis à mes élèves - qui n'en tiennent aucun compte - de bien insister dans leur rédaction s'ils sentent qu'une hypothèse n'est pas bien définie :
    "On va supposer, faute de mieux, que les tirages sont indépendants..."

    Ai-je répondu à ta question ?

    e.v.

    [ pas expert pour deux sous. ]
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Tu as raison, ce genre de choses commencent en seconde avec les intervalle de fluctuation (p. 8 ; ce n'est pas exigible en seconde). Cependant, même sans le théorème de la classe de seconde, on sent bien qu'il y a une différence entre une expérience et cent expériences. C'est pourquoi je ne comprends pas ton objection : pour réfuter l'absence de mémoire de l'expérience après un lancer, tu invoques une situation où il y a 100 lancers.

    De fait, si on a sous la main une pièce qu'on n'a jamais vue et qui vient de donner 100 fois « face », on est en droit de se demander si elle n'est pas biaisée. Le 101e lancer ne permettra pas de décider catégoriquement mais si je dois parier... Si on sait qu'on a une pièce « honnête » et un lanceur qui n'est pas particulièrement habile (il ne sait pas prévoir) ni malhabile (il ne fait pas que laisser tomber la pièce depuis une même position), on se dit simplement qu'on vient de vivre un événement rare. Mon pari ne sera peut-être pas le même (en tout cas, la probabilité que j'estime de le gagner n'est pas du tout la même). Les deux situations sont différentes – et la propriété des intervalles de fluctuation explique en quoi elles le sont.

    Il y a une différence entre un bon modèle et un mauvais modèle : un bon (mauvais) modèle, c'est un modèle que l'on peut confirmer (réfuter) par l'expérience en la répétant un assez grand nombre de fois pour que les théorèmes de régularisation s'appliquent (loi des grands nombres et écart à la moyenne prédit par la propriété des intervalles de fluctuation). Et si on ne peut pas répéter l'expérience, eh bien...

    Après, ce que je dis sur les probabilités est à prendre avec la plus grande prudence (ou à rejeter).
  • Bonjour Taimanov.

    La question de savoir si une pièce donnée a autant ce chances de tomber sur pile que sur face est loin d'être évidente (il y a des pièces truquées) et pas du tout mathématique. Mais dans la modélisation des jeux de lancers de pièces, pour les pièces qui sont dans nos porte-monnaies, l'hypothèse d'équiprobabilité fonctionne bien, ce qui est même surprenant, les pièces ayant des faces dissymétriques. Tu peux le tester en classe, ou en exercice à la maison, en faisant lancer 50 fois 2 pièces par certains élèves (voire tous). Je le faisais faire à mes élèves de BTS, ils étaient toujours surpris par les différences entre nombre de pile et nombre de face, et aussi parce que le nombre de PF était bien supérieur au nombre de PP. Toutes choses faciles à expliquer avec le modèle équiprobable.

    Quant à "l'exercice typique" dont tu parles, je ne connaissais pas, et ce n'est pas une question de probas. Donc on peut parfaitement s'en passer. A plus haut niveau, l'hypothèse "iid" (indépendantes et identiquement distribuées) est généralement dans les exercices sur les répétitions d'expériences.
    Par contre, des débats sur la pertinence du modèle, sur ce qui se passe quand la pièce a donné successivement PFPPP, avec l'idée fausse du "rattrapage" (pourquoi ces 4 pile contre 1 face ne seraient-ils pas un rattrapage d'un déséquilibre précédent ? Et à partir de quel décalage y a-t-il rattrapage ?), sur le fait qu'on est dans l'approximatif, comme quand on dit qu'un champ fait 200 m de longueur, ... ne sont pas superflus, même s'il n'est pas nécessaire d'y passer un long temps.

    Et tout ça n'a rien à voir avec le niveau des élèves, qui savent très bien calculer leurs "chances" dans une loterie simple.

    Cordialement
  • taimanov a écrit:
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?18,1659394,1659394#msg-1659394
    [Inutile de recopier le message initial. Un lien suffit. AD]

    Bonjour,
    Il y a deux situations (et deux questions) différentes ici.

    1°) On lance une pièce dont on sait qu'elle est "équilibrée", elle tombe 100 fois sur face et on se pose la question "quelle est la probabilité que la pièce tombe sur pile au prochain lancer?"

    2°) On lance 100 fois une pièce dont on ne sait rien (ou plutôt dont on souhaite vérifier qu'elle est équilibrée): si la pièce tombe 100 fois sur pile, est-elle équilibrée? on est dans le cadre d'un test d'hypothèse (et dans cet exemple, vraisemblablement l'hypothèse de la pièce équilibrée va être rejetée).
    Noter qu'ici le risque de première espèce (la probabilité que sous l'hypothèse d'équilibre la proportion empirique dépasse une certaine valeur définie à l'avance, amenant à rejeter ladite hypothèse) ne s'interprète pas comme la "probabilité que la pièce soit truquée".

    Ce ne sont pas les mêmes problématiques.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Je pense qu'on veut les emmener gentilment vers la construction d'un arbre. Est-ce que si le problème disait:"on a lancé 100 fois une pièce et obtenu successivement PFPFPF..." tu te poserais la même question?
  • Dans la description de @Foys, c'est de la première dont il s'agit en général dans les exercices, comme notamment le sujet cité (DNB PONDICHERY 2018).

    Il me semble que la question peut être traduite par l'expérience théorique suivante :

    " On lance plusieurs (plusieurs est un euphémisme, certes) fois la pièce 101 fois, et on s'intéresse aux jets qui ont donné 100 P d'abord. Doit-on prévoir davantage de (PP...P)P ou davantage de (PP...P)F ? "

    Je ne sais pas si ça aide ou si ça embrouille.

    De toute manière, si cette satanée pièce est équilibrée, on peut admettre qu'elle le reste après chaque lancer : c'est ca qui n'est pas dit mais qu'il est raisonnable de supposer, non ?


    Pour répondre sur la réponse "académique" (t'es sûr d'ailleurs ?) : ce n'est pas une bonne formulation. C'est du Audiard, dans ce contexte (collège), et même si j'adore ce dialoguiste, il n'a rien à faire ici.
  • Bonjour,

    Merci de vos réponses intéressantes!

    Oui, je leur ai fait le lancer de 1000, que dis-je 10 000, que dis-je, à leur demande, 1 000 000 de pièces en classe en quelques secondes (Scratch).

    Je ne parlais pas du cas de la pièce truquée même si ce que vous voulez peut être dire, c'est que la réalité est toujours truquée, que la pièce, la roue ou le dé ne sont jamais parfaits. Ca, je le suppose négligeable.

    Je pensais vraiment aux situations d'avoir un 6 après un 6 aux petits chevaux, ou gagner à l'euro million après avoir déjà gagné à l'euro million. Et dans ces situations, cela me gêne de dire aux élèves: la probabilité est la même... encore une fois, mais je pense que tout le monde est d'accord ici, ce n'est ni vrai ni faux. La grosse difficulté est donc de ne pas dire de "mensonge" déguisé mais perceptible par les élèves sans parler vraiment de modèle, car, en fait, ils ne comprennent pas ce qu'est un modèle au collège (il y a la compétence "modéliser", mais bon...).

    En conclusion de tout ça, voilà le discours que je leur tiens: "Ce qu'on va dire au collège, c'est que l'expérience n'a 'pas de mémoire'; mais dans des classes supérieures, peut être au lycée, vous serez éventuellement amené à utiliser d'autres modèles, qui donneront une façon de voir un peu différente, et donc une conclusion un peu différente. C'est une autre façon de voir, il n'y a pas de façon de voir meilleure qu'une autre, elles sont différentes, mais l'autre est plus compliquée. Nous utilisons donc pour commencer ce modèle 'sans mémoire' au collège, et si vous arrivez à faire les calculs avec celui-là, cela correspond à ce qu'on attend de vous".

    Etes-vous finalement d'accord avec cette présentation?
  • Je ne suis pas sûr de bien comprendre ta question. Je lance un dé équilibré à 6 faces une première fois, puis une deuxième fois. Quelle modélisation "avec mémoire" peux-tu me proposer ?

    Globalement les élèves sont invités à manipuler certains objets (ou notions) mathématiques bien avant d'en connaître une construction formelle (comme les nombres, par exemple). Dans le cas précis des probabilités au collège on commence par des choses simples, et d'ailleurs même au lycée on reste sur des expériences aléatoires basiques, soit sans mémoire (lancer de dé ou de pièce, tirage avec remise) ou avec mémoire (tirage sans remise). Mais comme partout en maths il y a des implicites, des résultats admis, etc.
  • Non, je ne suis pas d'accord avec ta présentation. Pour le coup, ça me gêne que ça te gêne de dire qu'on a moins (ou plus ?) de chances de tirer un 6 après un 6 aux petits chevaux si on fait les hypothèses habituelles (dé non pipé, jets « sincères » donc indépendants les uns des autres).

    Si tu acceptes un ordinateur comme un générateur aléatoire, tu peux faire l'expérience suivante sur un grand nombre de tirages :
    • regarder, pour chaque sortie de 6, la fréquence de sortie d'un 6 au coup suivant ;
    • la comparer à 1/6 ;
    • constater que le fait de savoir qu'on vient de tirer un 6 ne donne aucun avantage pour prédire le coup suivant : qu'il n'est ni plus probable, ni moins probable qu'un 6 suive un 6 ou qu'un autre chiffre suive un 6.
    Voici un code en Python.
    def tire(n=5):
         N = 10**n
         L = [randint(1,6) for _ in range(N)]
         six = len([l for l in L if l==6])
         sixsix = len([k for k in range(N-1) if L[k]==6 and L[k+1]==6])
         print "Pourcentage de 6 : %s" % (six*1./N*100)
         print "Pourcentage de 6-6 parmi 6-x : %s" % (sixsix*1./six*100)
    
    Quelques résultats :
    >>> tire(3)
    Pourcentage de 6 : 17.4
    Pourcentage de 6-6 parmi 6-* : 21.2643678161
    >>> tire(4)
    Pourcentage de 6 : 17.05
    Pourcentage de 6-6 parmi 6-* : 17.1260997067
    >>> tire(5)
    Pourcentage de 6 : 16.836
    Pourcentage de 6-6 parmi 6-* : 16.9042527916
    >>> tire(6)
    Pourcentage de 6 : 16.6416
    Pourcentage de 6-6 parmi 6-* : 16.6816892606
    
    (Tu vois les fluctuations diminuer quand le nombre de tirages augmente, conformément au théorème de la limite centrale.)

    Bien sûr, cette expérience est hypocrite puisque « l'aléa » d'un ordinateur n'est pas aléatoire et il est programmé pour qu'il n'y ait pas de corrélation statistiquement (trop) repérable entre un tirage et le suivant.
  • C'est bizarre, Taimanov, que tu passes tant de temps sur la modélisation probabiliste. Passes-tu autant de temps sur un exercice d'algèbre à support concret à justifier l'usage momentané d'un modèle physique ?
    Le modèle d'équiprobabilité pour les pièces courantes fonctionne parfaitement, c'est connu. De même que le reste des applications courantes des maths à la réalité.

    Cordialement.
  • @taimanov, je pense qu'il est maladroit de te lancer dans ce laïus. La pièce n'est qu'un prétexte pour commencer à formaliser cette "1 chance sur 2". Dans le cadre mathématique, on se place dans le cas le plus simple: pas de défaut, pas de trucage, pas de tricheur. Encore une fois, si tu changes la présentation de ton exercice: On lance successivement 101 pièces et les 100 premiers lancers ont donné P. Pour quelle raison la 101ème devrait donner presque sûrement P?
    Ensuite tu veux leur expliquer que ce sera différent plus tard. Non ce n'est pas le cas tant que tu fais "probabilités". Ça l'est dans le cadre statistique si après un grand nombre de lancers observés, tu prends pour probabilité la fréquence calculée.
  • > Ce qu'on va dire au collège, c'est que l'expérience n'a 'pas de mémoire'

    Bah il y a pas que au collège, à tous les niveaux ce sera vrai. Et surtout dans la vraie vie! Et comme l'a dit Gérard, tes élèves le savent très bien.
  • Je précise : je conteste "l'expérience n'a pas de mémoire".
    Je pourrais le dire, mais en précisant que l'on vulgarise (métaphore, Audiard, etc.).
    Dire par écrit que "l'expérience est indépendante de la précédente" est quand même plus rigoureux, sur une copie.
  • Une probabiliste entre à l'Académie des sciences et elle commence par jeter des pièces de monnaies, comme taimanov.
  • J'aborde justement ce chapitre en 4ème. Personnellement, j'ai simplement dit "le deuxième lancer ne dépend pas de l'issue premier donc les probabilités ne changent pas". Je leur ai dit oralement que la notion d'indépendance est une notion rigoureuse en théorie des probabilités. Cela dit "je casse les couilles avec mes trucs de merde", comme me l'a gentiment signalé ce matin l'une de mes "élèves".
  • OK merci.

    Bon, gerard0, ça représente juste une phrase ou deux que le leur lance en 5ème (car l'étude des probabilités commence bien en 5ème) quand on dit "l'expérience n'a pas de mémoire", expression, je suis d'accord avec ev (et peut être roumegaire), qui, en réalité, ne veut rien dire selon moi, sinon parler mathématique c'est à dire les issues sont indépendantes, et que je n'emploie jamais au collège (SchumiSutil: oui, leur vocabulaire est réduit!). Mais cette discussion m'intéressait de la faire ici.

    C'est étonnant que vous ne parliez pas des probabilités conditionnelles, car c'est cela qu'il y a derrière.

    Si j'ai 100 fois pile d'affilée, vous pensez vraiment qu'il y a une probabilité de 1/2 d'avoir pile au 101ème lancer?
    Moi, je pense qu'il n'y a pas de réponse: tout dépend du modèle qu'on choisit, "avec mémoire" ou "sans mémoire"...

    En fait, l'expérience sera "sans mémoire" au collège... car on l'a modélisée comme telle! Répondre qu'elle est sans mémoire, c'est faire croire qu'on conclut alors qu'en fait on pose le modèle. J'ai aussi porté cette discussion car les manuels scolaires ne me semblent pas clairs sur cela, même si, j'en conviens largement, c'est une subtilité stratosphérique pour des 5ème.

    Me trompe-je?

    NB: @Schumi Sutil: sympa, ils sont directs! (à mon avis, tu dois trop essayer de faire des maths, des vrais).
  • Bonjour.

    "Si j'ai 100 fois pile d'affilée, vous pensez vraiment qu'il y a une probabilité de 1/2 d'avoir pile au 101ème lancer? " Tu mélanges encore réalité ("j'ai 100 fois pile d'affilée") et probas pures. D'autres ont déjà répondu à cette question en évitant de confondre situation statistique et exercice de collège/lycée.

    Lance des pièces, et si tu obtiens une fois 100 pile d'affilée, reviens nous dire (*)

    Cordialement.

    (*) il m'est arrivé une fois, en jouant aux cartes, de voir un tirage "incroyable". Ça ne m'a pas empêché de continuer à jouer aux cartes pendant 50 ans.
  • Je ne comprends toujours pas : si tu lances une pièce "qui va bien" (équilibrée, etc.) alors clairement la probabilité d'obtenir pile au 101e lancer est de 0,5. Sinon tu fais de l'échantillonnage ou de l'estimation (on n'en parle pas au collège et finalement peu au lycée).

    J'ai l'impression que ce qui te gêne c'est de dire aux élèves qu'on lance n'importe quelle pièce et qu'elle se comporte comme cela (suivant ce modèle). Mais ce n'est en général pas ce qu'on leur dit : on leur précise bien les propriétés de la pièce qui font qu'elle se comporte comme on a modélisé. Cela me paraît être une étape importante de l'introduction des probabilités au collège : bien expliquer les conditions (en général de mise en place de l'équiprobabilité). Le dé est équilibré, les cartes sont indiscernables, etc.

    Au bout d'un moment on fait des exercices en manipulant ces objets "qui vont bien" sans répéter nécessairement toutes les conditions, ou en insistant sur les conditions qu'ils ne vérifient pas (par ex tirage avec remise comme contre-exemple de la loi binomiale).
  • Je maintiens que la probabilité conditionnelle est formalisée mathématiquement comme nous le savons, mais que des élèves de 5ème peuvent la considérer intrinsèque au modèle... ou pas.

    Donc pile sachant qu'on a eu 100 fois pile peut ne pas être la même probabilité que pile au 1er lancer.

    Et je dis même qu'on ne peut pas trancher: les deux visions sont justifiables a priori, en tout début d'étude des proba.
    C'est tout ce que je dis.

    Et je le dis car ça me gêne que les manuels imposent une vision "sans mémoire" plutôt qu'une autre "avec mémoire".
    C'est tout ce qui me gêne.
  • Il est vrai que si l'on lance une pièce 100 fois et que l'on obtient pile, alors on a plus de chance de la lancer d'une certaine façon qui fait que la probabilité d'obtenir pile est beaucoup plus forte que d'obtenir face, plutôt que d'être tombé sur la configuration parmi les $2^{100}$. Donc si l'énoncé dit simplement "on lance une pièce", il y a matière à interprétation.
  • Elle note à chaque fois le résultat sur un coin (c'est le cas de le dire (:-)), mais en très petit, alors on ne le voit pas!
  • Bon, allez, on change :

    On choisit cent pièces, toutes équilibrées, et une autre, la cent-unième.
    On les numérote, et on les lance, une par une.

    Vois-tu où je veux en venir ?

    Je crois qu'il faut dire aux élèves que c'est la même expérience.

    Remarque : parfois, dans les jeux de société où il fallait deux dés, que faisait-on quand on en avait perdu un seul ?
  • @taimanov : j'imagine que d'un point de vue pédagogique l'idée d'insister sur des expériences indépendantes au départ (au collège) est que la plupart des gens (et des élèves) pensent justement "intuitivement" qu'elles ne sont pas indépendantes quand elles le sont (sinon les casinos auraient fermé depuis longtemps). C'est justement pour combattre ce sentiment qu'on insiste d'abord sur le fait que oui, il y a toujours 1 chance sur 2 au 101e lancer "malgré" le résultat des 100 premiers lancers. Et au lycée on se pose des questions quand on obtient 100 fois pile d'affilée.
  • @SchumiSutil et @roumegaire :
    taimanov a parfaitement raison de souligner l'importance de cette "hypothèse" faite sur les lancers successifs d'une même pièce (ou de quoi que ce soit), à savoir l'indépendance des différents lancers entre eux.
    C'est bel et bien une hypothèse que l'on fait puisque, sans cette hypothèse, rien ne nous permettrait de savoir si les lancers successifs s'influencent entre eux.

    Le fait que l'on puisse "faire le test" ne joue en rien dans l'affaire. On a choisi justement cette hypothèse parce qu'elle semble coller à l'expérience.
    Cependant, il me semble important de noter que ce n'est pas "faire des mathématiques" que de dire "l'expérience est sans mémoire" : cette étape fait partie de la modélisation de l'expérience comme il a été dit de nombreuses fois.

    Et d'ailleurs, cela n'a rien à voir avec le fait que la pièce (ou le dé) soit équilibrée ou non... (roumegaire et gerard0 ont insisté plusieurs fois sur ce fait).
    Si on a un dé équilibré à 6 faces numérotées 1,1,1,2,2,3 la probabilité à chaque lancer d'obtenir 2 vaudra 1/3... à condition de supposer l'indépendance des lancers.
    Pour répondre à l'interrogation de SchumiUtil : on pourrait imaginer un système électronique interne au dé qui fasse qu'il retombe systématiquement sur une face différente des précédentes tant qu'il n'a pas atteint les 6 faces puis qu'il se réinitialise.
    (A vrai dire, j'ai même en tête un exercice où l'on se retrouve avec une somme de variables de Bernoulli qui sont toutes de paramètre 2/3... mais dont la somme n'est pas du tout binomiale !)

    Cependant, c'est une notion certainement bien compliquée pour des collégiens et il est sans doute plus facile de la passer sous le tapis en disant clairement dans l'énoncé : "on supposera que pour chaque lancer, le dé a autant de chances de tomber sur chacune de ses faces".
    La plupart du temps, c'est uniquement la force de l'habitude et la flemme de tout préciser qui font écrire simplement "on lance un dé équilibré plusieurs fois".

    De toute façon, quel que soit l'âge des élèves à qui l'on dit la phrase : "vous apprendrez plus tard que...", ils entendront : "vous n'avez pas besoin de savoir que ..."
  • @Dom, c'est l'exemple que je prenais...

    @Taimanov, il est clair que l'embrouille est dans ta tête. Après, tu peux maintenir ce que tu veux. Un dernier point de vue: si tu fais construire l'arbre de 101 "étages" aux élèves, à partir de quel étage tu leur expliques que la probabilité est 0,5 mais en fait ça devrait être 0,51 parce qu'il y a eu plein de "piles" avant?
  • Au temps pour moi 8-)
  • ... mais je ne te grondais pas. Je ne lis pas toujours tout moi non plus.
  • Un petit dernier pour la route: tu jettes un milliard de fois la pièce. Il y a une forte probabilité qu'il s'y trouve une suite de 100 piles. Quelle est la probabilité que le lancer suivant donne pile?
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.