No more lost in translation

Bonjour,
En géométrie élémentaire, il me semble qu'on démontre toujours la commutativité du produit des translations en s'appuyant sur la règle du parallélogramme. En cherchant une preuve plus directe, j'ai trouvé ceci (en notant CAB l'unique demi-tour et TAB l'unique translation appliquant A sur B) :

TBC $\circ $ TAB = TAC = CBC $\circ $ CAB = CBC $\circ $ (CAC $\circ $ CAC) $\circ $ CAB = TAB $\circ $ TBC

1° Est-ce correct ?
2° Connaissiez-vous cette preuve, l'aviez-vous déjà rencontrée dans la littérature ?

Réponses

  • Bonjour.

    Tel quel, non; mais j'ai eu l'occasion dans mon jeune temps, et avec une excellente classe de troisième, d'étudier les isométries directes du plan, en les ramenant à des composées de symétries axiales. Puis j'ai évidemment utilisé cela en première S dans l'étude systématique des déplacements. Tout ça sans avoir l'impression d'innover (souvenirs de mes années de lycéen ?).
    Comme toujours, cela dépend des axiomes et théorèmes déjà connus. En première S, les vecteurs étaient "classiques", la commutativité de la composition des translations quasi évidente.

    Cordialement.
  • Comme Gérard0, je suis déjà tombé sur de telles décompositions, plutôt avec des réflexions.

    S'il s'agit de demi-tours, c'est sans doute qu'on est dans l'espace. En fait non, puisqu'il n'y aurait qu'un seul demi-tour qui envoie un point $A$ sur un point $B$ – je préfère alors le terme de symétrie centrale.

    Est-ce qu'il va de soi que la composée de deux symétries centrales est une translation ? En tout état de cause, la relation $T_{AB}=C_{BC}\circ C_{AB}$ me semble être essentiellement la propriété de la droite des milieux dans un triangle, qui est l'ingrédient de base pour définir les vecteurs et leur addition. Ainsi, je n'ai pas l'impression que la preuve soit foncièrement différente. C'est d'ailleurs bien normal puisqu'un vecteur est (le graphe d')une translation, comme l'a fait remarquer Foys il y a peu.
  • Merci gerard0 et.Math Coss.
    J'ai effectivement omis de préciser le contexte dans lequel je me plaçais, basé sur la symétrie axiale.
  • Bonjour GG,

    Tu devrais clarifier ce que tu racontes. Pour le moment, c'est recouvert par un épais brouillard.
    Tu es dans le plan euclidien ? Que désigne exactement ton $\mathcal C_{AB}$ ? Tu as parlé de demi-tour, tu parles maintenant de symétrie axiale. Qu'est-ce que c'est exactement ?
    Si c'est la symétrie axiale qui échange $A$ et $B$, c.-à-d. la symétrie par rapport à la médiatrice de $[AB]$ (en supposant $A$ et $B$ distincts), alors le composé $\mathcal C_{BC}\circ \mathcal C_{AB}$ n'est une translation que si $A,B,C$ sont alignés ; sinon c'est une rotation dont le centre est l'intersection des médiatrices de $[AB]$ et $[BC]$.
    Donc, de quoi parles-tu exactement ?
  • Salut GBZM !
    Merci d'avoir prêté attention à mon intervention. Ça m'a encouragé à rassembler mes esprits et à prendre du temps pour rédiger ce qui suit.

    Dans son beau livre sur "L'enseignement de la géométrie", Gustave Choquet exposait plusieurs axiomatiques possibles du plan euclidien dont l'une particulièrement simple et élégante, et j'avais la faiblesse de croire qu'elle était connue de tous et familière, et à laquelle on se référait implicitement dès que l'on parlait de géométrie élémentaire, erreur d'autant plus compréhensible que c'est celle, à peine modifiée, qui m'avait été enseignée dans ma lointaine jeunesse.

    Elle part des concepts premiers de points, de droites (munies chacune de deux relations d'ordre total opposées), et de distance. Quelques axiomes classiques d'incidence, d'ordre (dont une variante de l'axiome de Pasch), l'axiome des parallèles, l'inégalité triangulaire stricte, l'axiome du report de la distance sur une demi-droite, et la clé de voute de la présentation, l'axiome du pliage, parfaitement intuitif : pour toute paire de demi-plans opposés, il existe au moins une isométrie de l'un dans l'autre laissant fixes les points de la frontière.

    Et c'est tout, et c'est parfaitement rigoureux. Comme le disait Choquet, "le choix doit se porter sur une axiomatique simple, aux axiomes forts, c'est-à-dire donnant très vite accès à des théorèmes non évidents, et intuitifs, c'est-à-dire traduisant des propriétés de l'espace qui nous entoure faciles à vérifier".

    On montre immédiatement que cette isométrie, unique, se prolonge au plan, c'est la symétrie axiale. Elle est involutive, laisse fixes les points de la droite et eux seulement, et c'est la seule isométrie, avec l'identité, à laisser fixes les points de la droite.

    Une droite invariante par une symétrie par rapport à une droite et distincte de cette droite est dite perpendiculaire à cette droite. Il en résulte toutes les relations élémentaires entre parallélisme et orthogonalité.

    Soient a et b deux droites perpendiculaires concourantes en O et C le produit Sb $\circ $ Sa des symétries axiales par rapport à a et b.
    C laisse O fixe, et c'est le seul point fixe (un point de a fixe par C est aussi sur b, et un point fixe par C hors de a aurait la même image distincte de lui par Sa et par Sb , ce qui n'est pas possible).
    Soit P un point quelconque, a' et b' les droites passant par P et respectivement parallèles à a et b, a" et b" les images de a' et b' respectivement par Sa et Sb. a" et b" se rencontrent en Q. a' et a" sont perpendiculaires à b, et b' et b" sont perpendiculaires à a. Il s'ensuit que C échange a' et a", ainsi que b' et b", et donc aussi P et Q. Cela signifie que C est involutif. Le milieu de PQ est fixe, c'est donc O, et l'on voit que l'isométrie C est indépendante du choix de a et b.
    On l'appelle demi-tour (ou symétrie centrale si l'on n'aime pas les tours et détours autour d'un point) de centre O. Il (ou elle, c'est le dernier moment pour moi de me conformer aux diktats orwelliens de la bien-pensance) laisse fixes les droites passant par O et conserve donc la direction des droites). Il est clair qu'étant donnés deux points P et Q quelconques, il existe une unique symétrie centrale appliquant P sur Q, notée CPQ.

    On appelle translation le produit Sb $\circ $ Sa de deux symétries axiales par rapport à deux droites parallèles a et b.
    Les translations coïncident évidemment avec les produits de symétries centrales :
    Sb $\circ $ Sa = (Sb $ \circ $ Sc) $\circ $ (Sc $\circ $ Sa) avec c perpendiculaire à a et b,
    CQ $\circ $ CP = (Sb $ \circ $ Sc) $\circ $ (Sc $\circ $ Sa) avec c passant par P et Q, a perpendiculaire à c en P, b perpendiculaire à c en Q

    Une translation Sb $\circ $ Sa autre que l'identité n'a aucun point et laisse fixes les droites perpendiculaires à a et b, et elles seulement. Ces droites sont aussi celles qui joignent un point à son image. Elles ont donc même direction.
    En tant que produit de deux symétries centrales, une translation conserve la direction des droites.

    Etant donnés deux point P et Q quelconques, il existe une (T = CQQ $\circ $ CPQ) et une seule translation qui applique P sur Q : supposons P et Q distincts, et soit U une translation qui applique également P sur Q. T et U appliquent un point A hors de PQ sur un point B situé à la fois sur la parallèle à PQ menée depuis A, et sur la parallèle à PA depuis Q. On a donc T(A) = U(A). Le même raisonnement appliqué à A et B à la place de P et Q montre que T(C) = U(C) pour un point de PQ. Ainsi T = U. On note TPQ la translation qui applique P sur Q.

    Le produit de deux translations est une translation : TBC $\circ $ TAB = (CBC $ \circ $ CBB) $\circ $ (CBB $\circ $ CAB),
    Sa $\circ $ Sb est la translation réciproque de Sb $\circ $ Sa,
    le produit des translations est commutatif :
    TBC $\circ $ TAB = TAC = CBC $\circ $ C AB = CBC $\circ $ (CAC $\circ $ CAC) $\circ $ CAB = TAB $\circ $ TBC.

    Les translations forment donc un groupe abélien.

    Voilà. Tout ceci n'est naturellement qu'un radotage de vieux, mais c'était juste pour avoir le plaisir esthétique (pervers ?) d'écrire les cinq dernières lignes :-)
  • Merci de ta réponse. Je n'attendais pas tout ce discours. "On est dans le plan et $C_{AB}$ est la symétrie centrale qui échange $A$ et $B$" aurait suffi à m'éclairer, vois-tu ?
  • :-) Cet épais brouillard m'a fait peur !
  • bon, on retourne la sphère en la définissant ?

    S
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