Prof toute la vie

Bonjour,

Je suis dans ce métier, au collège, depuis quelques années, et à force de me battre contre les bavardages incessants et autres comportements inadaptés, pour la première fois la question a germé en moi: allais-je faire ça toute ma vie?

Alors je vous demande, surtout aux expérimentés: comment faites-vous pour durer et être satisfait au jour le jour?

Merci.

PS: le privé, c'est mieux?

Réponses

  • Comme le dit Guy Thomas, il faut faire la leçon buissonnière :

    C'est au numéro trente-deux
    De l'av'nue de la République
    Que j'enseigne aux petits merdeux
    Les théories philosophiques

    Que je traduis le De Bello
    Que je trahis les Phillipiques
    Pour aider les petits salauds
    Les premiers prix de gymnastique

    Je reçois la progéniture
    Du brasseur du primeur en gros
    Je suis le marchand de culture
    L'empêcheur de petits zéros

    Je suis le bon dieu des rombières
    L'ange du baccalauréat
    Le petit besogneux pas cher
    Le pédago petit format

    Pendant que le petit crapaud
    Apprend Caesar pontem fecit
    Qu'il cherche l'ablatif en o
    Qu'il bafouille le prétérit

    J'ai le front contre mon carreau
    Je rêve au loin j'hélicoptère
    J'écoute siffler les bateaux
    Je fais la leçon buissonnière

    C'est au numéro trente-deux
    De l'av'nue de la République
    Au-d'ssus du Café des Flots Bleus
    Que je cingle vers les tropiques

    Et que j'deviens vieillard hideux
    Batelier de la rhétorique
    En aidant les petits merdeux
    A rester des enfants d'bourriques
  • Superbe, Cidrolin !

    sam30, c'est un métier donc il faut savoir se comporter en professionnel. Et c'est cela qui est difficile.
    Dédoubler vraiment sa personnalité "le prof/la personne".
    De plus, on emporte forcément du boulot à la maison (même non "matériel") et donc ça rentre au domicile, ça fait cogiter rien que quand un incident, même bénin, est arrivé le matin.
    Enfin, il faut avoir la tête sur les épaules, ne pas avoir trop de tracas personnels, etc. car en représentation, le moindre point faible te rattrape. Surtout avec "des p'tits cons d'ados".

    Bon, il arrive que des années soient plus difficiles que d'autres et, évidemment, ce sont ces années là qu'on s'interroge. Jamais quand "tout se passe bien".
    Il existe aussi des phénomènes liés à l'établissement, aux niveaux, au public, etc.

    En tous les cas, un petit passage à vide est normal. S'interroger est sain.
    Je n'ai pas de réponses, tu l'as bien vu, mais des éléments à apporter à ta réflexion, j'espère.
  • Merci, ce sont de belles réponses ("j'hélicoptère"!).

    Absolument, on ne s'interroge pas quand ça va bien. Justement, comme à un moment ça allait bien, j'ai monté mes exigences et paradoxalement, c'est ce qui m'a amené à cet état car j'avais alors plus besoin de soutien et je n'en n'ai pas eu: CPE et Direction sont loin, un peu planqués (ils doivent être contents de ne pas être profs!).
  • Sur des classes difficiles, on peut aussi essayer de passer en mode "classe accompagnée" ce qui facilite vraiment la gestion de classe. Franchement j'étais hyper septique mais en allant observer des classes comme ça (même en terminale) ça marchait plutôt bien.
  • En tant que prof, on peut tenter de bouger en lycée voire dans le supérieur. Il y a aussi la possibilité de passer les concours de chefs ou d'IPR (Ramon Mercader t'en parlera mieux que moi).
  • "classe accompagnée", c'est quoi au juste? C'est le première fois que j'entends cette expression.

    "dans le supérieur": vraiment? Ne faut-il pas une thèse?

    PS: effectivement, mais Chef ou Inspecteur, ça ne me tente pas, il me semble que c'est encore plus ingrat avec encore plus de travail.
  • Dans le supérieur, il y a les postes de PRCE ou PRAG, accessibles aux certifiés ou agrégés.
  • L'idée de la classe accompagnée est de donner un plan de travail aux élèves par exemple sur un chapitre, avec des exercices et des activités à faire (certaines obligatoires, certaines facultatives pour les meilleurs, etc) ce qui permet de laisser les élèves bosser en autonomie et on est là pour les aider quand ils bloquent, etc. Ça évite de faire du magistral qui ne marche pas et ça permet que tous les élèves aient à manger selon leur appétit. Tape "classe accompagnée maths" dans ton moteur de recherche favori. Y a des groupes IREM qui bossent sur ce genre de choses.
  • PRAG, ça peut être à plein temps? Je veux dire, peut-on avoir l'équivalent du salaire d'un prof?

    Pour la classe accompagnée, merci, je vais regarder ça. Mais ça me semble nécessiter énormément de photocopies, non?
  • Oui, ça peut être à plein temps (ça l'est même généralement). Je crois que le salaire est globalement un peu plus bas (moins de primes diverses et variées) pour au moins autant de taf.
  • sam30 pas nécessairement, ca peut être très bien un plan de travail qui fait référence aux exos du bouquin.
  • J'imagine qu'en tant que PRAG, on a l'avantage de ne pas avoir de gestion de classe à faire, ce qui représente le problème principal des profs (me semble-t-il).

    Pour la classe accompagnée: tu fais en groupe? Je ne peux pas imaginer faire ça en individuel...
  • A toi de voir les modalités il n'y a pas qu'une seule façon de faire.
  • Bonjour Sam30.

    Ne pas rêver sur le travail de prag, ce sont les mêmes qu'en lycée qu'on a en face !
    Généralement, un prag est bien plus impliqué dans la vie de l'établissement qu'un prod de lycée dans son lycée, les établissements universitaires étant gérés principalement par les enseignants. C'est cependant l'un des intérêts de ces postes, pour qui ne se contente pas de "faire cours".
    En recherchant avec le mot clef "prag", tu devrais trouver une bonne centaine de fils sur le sujet sur le forum.

    Cordialement.
  • oui, prof à vie ? moi aussi je pose cette question, depuis plusieurs années déjà..

    il faut remarquer qu'un prof à la possibilité de faire ce métier TOUTE SA VIE
    or je crois que là ce n'est pas bon pour la santé
    je te le dis carrément il faut changer ça
    car cela peut développer un sentiment d'être emprisonné
    peut-être qu'on ne se poserait même pas la question, ou différemment,
    si ce n'était pas le cas

    ensuite eh bien moi perso j'essaie de faire avec mes élèves un maximum ce qui me plait
    car ça se transmet le plaisir
    or il y a tellement de trucs dans les bouquins qui sont pas intéressants du tout..
    alors je fais des trucs persos, comme tout le monde sans doute,
    mais depuis peu j'y passe bcp de temps,
    en essayant de faire en sorte que ça soit le mieux possible,
    je suis au mot près, à la virgule près
    je passe des heures sur une feuille A4
    je les fais relire aux collègues etc
    d'ailleurs si tu as des corrections/amélioarations/autres idées etc
    pour ce robot je suis preneur
  • @Ludwig
    Ah ça c'est certain, avec scratch on s'éclate. ..pas grave si les élèves se vautrent ensuite au lycée.Le rôle d'un prof il me semble c'est pas seulement de se faire plaisir, de faire des exos amusants mais de fournir des bases solides pour que les élèves puissent continuer les mathématiques dans les meilleures conditions.
    Scratch et les rotations cela me donne de l'allergie.
  • tu as pris le temps de lire mon activité ?
    j'en doute, car sinon tu aurais à quel point elle est importante
    et à quoi elle peut ouvrir

    (aux fractales par exemple)
  • Partie 3 question 2), je vois plusieurs mots minimaux.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Il y avait un exercice sur les "mots" dans un exercices des Olympiades (pour les séries ES et techno). Ca donnait effectivement de jolies fractales.

    biely : que ça te plaise ou non, on a des directives, des programmes à suivre (plus ou moins). L'algo en fait partie (que ça nous plaise ou pas...)
  • oui merci Nicolas je vais corriger ça
    Le flocon de Koch au collège :
    Koch.pdf 245.3K
  • @sam30 bon courage avec les réforme tous ca, ca va être chaud
  • @kioups
    Imaginons un instant: vous n'enseignez plus que des algorithmes en cours de "mathématiques" rebaptisé "Smachin" (au rythme où ça va cette hypothèse n'est pas totalement farfelue dans le futur...). Vous faites quoi? vous obtempérez docilement ou vous refusez en disant: désolé j'enseigne les mathématiques car à la base je suis formé pour cela et rien d'autre?
    Je ne suis pas du tout contre la programmation, bien au contraire même, mais seulement dans le cadre d'une spécialité choisie et avec des enseignants formés uniquement pour cela.
    On voit bien ce qui est en train de se profiler tout doucement à l'horizon: on va demander aux profs sous couvert de formations diverses et d'"ouverture d'esprit" d'être le plus flexible possible, par petites touches qui deviendront de plus en plus grosses. Flexibilité, le mot à la mode...c'est à dire à mes yeux, au niveau de l'enseignement, de s'éparpiller au lieu de se concentrer et au lieu d'accepter de faire moins mais beaucoup mieux on va encore nous faire croire que l'on va faire beaucoup plus en quantité (mais en négligeant la qualité...), flexibilité qui sera d'ailleurs ensuite très pratique pour faire de la contraction d'effectifs. Fabriquer une usine à gaz est très pratique pour un jour...dégazer...
    Je suis peut-être trop pessimiste ou médisant mais j'ai trop entendu ce genre de petite musique qui arrive pour ne pas dresser l'oreille et me méfier...(et je ne parle pas du monde de l'enseignement sur ce coup)
    Que l'on soit bien clair: mon discours ne vise pas du tout à discréditer les profs en disant : ils sont incapables de se former etc...(même si je pense qu'enseigner une autre discipline ne se fait pas en un coup de baguette magique) mais bien d'avertir de l'engrenage vicieux qui pourrait s'amorcer.
    @sam30
    En général au niveau de la discipline le privé est quand même mieux que le public (je dis bien en général) et c'est d'ailleurs le seul point où le privé ( je ne parle que des "sous contrat") a un avantage car pour la qualité de l'enseignement j'ai envie de dire que c'est très dépendant de l'établissement: il y a du bon voire très bon et du très mauvais (et attention à ne pas se fier uniquement sur le taux de réussite pour faire le classement)
    et comme le dit Dom : s'interroger est sain, c'est plutôt le contraire qui serait inquiétant.
  • Merci pour vos réponses (mais si ça a tendance à digresser, comme toujours).

    En fait, je vais vous surprendre (Dom, biely): quand on parle de ce sujet aux collègues prof, peu défendent ce métier, ils sont nombreux à parler de reconversion, ou à ne pas croire ni en l'Education Nationale ni en la société actuelle, aux générations qui arrivent. Tout cela pour dire qu'à mon avis, il ne faut plutôt pas se poser la question que je pose sur ce métier. C'est un peu ma conclusion de ce fil: fais ce que tu peux, ce que tu aimes (cf. Ludwig) mais ne pas relever la tête pour se demander où on va. Choisir sa forme d'acceptation (désenchantée, illusionnée) mais accepter.

    Un peu comme si on se posait la question du sens de notre vie, de l'existence: il vaut mieux faire sans cette question pour "mieux" vivre.
  • Biely : ça ne me dérange pas de faire de l'algo si j'ai passé un concours où l'algorithmique avait sa place. C'était le cas quand j'ai passé le CAPES et les agregs (externes comme internes). Donc bon...
    D'accord avec le reste, mais on n'a pas vraiment toujours le choix...
  • Python va être sportif en classe entière en seconde.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Ca me parait irréalisable. Chez nous, on n'a pas d'heures dédoublées cette année. L'algo/programmation se limite à la calculatrice. Je sors d'une journée de formation, pas très utile pour moi mais bon. Pour les collègues, c'est désormais clair, pas de dédoublement, pas de Python. On verra ce que dira la direction... Prochaine étape : découverte de la SNT... J'ai hâte...
  • kioups a écrit:
    Je sors d'une journée de formation, pas très utile pour moi mais bon.

    Mais dis-moi, tu débutes en fait ? (:P)

    Une plaisanterie gratuite, rien de plus.
  • J'en ai plusieurs d'ici la fin de l'année, j'espère apprendre quelque chose ! Bon, j'ai quand même passé la journée à faire du Python, j'ai bien avancé dans le projet Euler, toujours ça de pris !
  • Ha oui. C’est uniquement pour ça que ça peut servir : dégager du temps pour bosser sur des logiciels, s’initier au LateX, etc. Les choses qui demande des créneaux de deux ou trois heures que les profs n’ont plus : sauf le WE ou sur les temps déjà libérés.
  • Ben... quand on est prof , le WE ça sert entièrement à corriger des copies. Comme chaque autre jour de la semaine.
    C'est ça l'immense avantage d'être PRAG au lieu de prof dans le secondaire : on bosse moins et on est payé plus.
    Par contre, il est quand même délicat d'évoquer ce statut dans ce type de discussion, étant donné que, de nos jours, il est impossible d'accéder à un poste de ce calibre sans avoir un curriculum vitae (et un piston) hors du commun.
    Évidemment il y a, encore au dessus, le statut de prof en CPGE qui dépasse de mille lieues tous les autres statuts.
    Mais c'est un autre débat.
  • Kholles a écrit:
    C'est ça l'immense avantage d'être PRAG au lieu de prof dans le secondaire : on bosse moins et on est payé plus.
    Tu es prag ?

    L'expérience de la plus part des prag est exactement le contraire : On bosse plus, et vu le taux des heures complémentaires, on gagne moins que dans le secondaire (*).
    Par contre, la qualité du travail et le fait d'être autonome en équipe de département est un grand plus.
    Je suis passé de 20 à 25 h par semaine (14h de cours) à 35 à 40 de présence en cours, TD, TP, bureau et réunions. Sur une période plus longue (réunions avant la rentrée, recrutement de chargés de TD, bilans et réorganisation début juillet). Mais je ne serais retourné en lycée pour rien au monde !

    Cordialement.

    (*) sans compter quelques pertes de promotion d'échelon au détachement dans le supérieur (que j'ai évité par hasard, pour ma part)
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