Enseigner le calcul littéral au collège

Bonsoir,
après une rapide recherche sur le site, je n'ai pas trouvé ce que je cherchais. Je crée donc ce fil sur un chapitre essentiel du cycle 4, dont l'enseignement me semble très difficile. J'ai toujours pensé qu'enseigner le calcul littéral au collège demandait une grande maturité, et qu'il fallait avoir du recul par rapport à des notions purement logiques ou d'informatique théorique pour comprendre le statut de la variable. Je voulais savoir comment vous vous y preniez et si vous aviez des expériences à partager.
Merci à vous,
ignatus.
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Réponses

  • Première chose essentielle : seriner le « quel que soit le nombre y ».

    Ensuite : rappeler que l’on va utiliser des propriétés de l’école primaire (commutativité de l’addition, de la multiplication, associativité,...).

    Une règle : ne rien faire si on ne sait pas pourquoi on a le droit de le faire.

    Je reviendrai plus tard, là je suis à l’apéro.
  • J'enseigne au lycée. Je ne pense pas que le calcul littéral soit si difficile que cela, au contraire. Je n'ai jamais compris l'appréhension de certains enseignants à ce sujet.
    Le calcul littéral, il y a quelques règles, on les applique, on s'exerce beaucoup, et ça rentre même pour un élève moyen à condition qu'il fasse des efforts.
    Pas de problème de français, de dyslexie, de compréhension d'énoncé... J'ai connu beaucoup d'élèves avec de grandes difficultés en résolutions de problèmes, réussir en calcul littéral.

    Le seul problème que je vois au calcul littéral, c'est que les inspecteurs ont mis dans le crâne de trop de profs que c'était mal de faire des gammes, de répéter, pas fun, pas sexy... C'est tout le contraire, l'élève moyen qui peut être en difficulté sur des problèmes, se retrouve en situation de réussite, on applique, on fait on refait, et souvent on finit par y arriver en fait. C'est très rassurant "une mécanique", qui fonctionne.

    Le problème de la bouteille de lait plus bas, me semble bien plus bizarre.


    Edit : Je partage totalement le message de Dom, ci-dessus.
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • Je parage complètement l’analyse de zeitnot
  • Comme Zeitnot, des exercices et encore des exercices, comme au siècle dernier...
    Une playlist de présentations vidéo de programmes interactifs anciens peut-être utiles

    Peu d'échos ici sur de telles propositions vidéos : la révolution de Gütenberg n'est pas finite ?(:P)
  • Entièrement d'accord avec zeitnot et dom
  • Merci pour vos réponses.
    Je n'ai pas particulièrement de crainte à enseigner le calcul littéral, c'est un élément essentiel de mon programme pour faire le plus de démonstrations possibles.
    A vous lire, tout est une histoire de mécanique, de gammes à répéter. Je ne partage pas cette analyse, et je ne me vois pas dire à mes élèves, applique 50 fois la formule, ça va rentrer. La question est plutôt, pour se familiariser avec une certaine abstraction, faut-il répéter énormément un geste, ou faut-il tenter d'expliquer les "choses".
    Je me suis souvent dit que pour bien enseigner le calcul littéral, il fallait bien comprendre la notion de variable, être au clair avec la distinction syntaxe-sémantique.
    On nous demande de développer des automatismes, mais je ne suis pas d'accord a priori pour réduire le calcul littéral à de simples automatismes, même si cela en est une condition nécessaire.
    ignatus.
  • J'ai remarqué que "les problèmes" viennent de deux choses : les conventions d'écritures mal acquises et l'oubli de "faire ce qu'on a le droit de faire et de ne pas inventer".


    Les conventions : il ne s'agit pas de s'exercice sur ces conventions avant de passer à la suite, mais il faut les seriner sans cesse.

    i) la priorité à la multiplication : ce n'est pas "logique" mais c'est décidé et connu (programme 6e-5e), les gamins s'en rappellent mais on leur efface les "$\times$" dans la convention suivante, alors ils ne les voient pas, évidemment...
    C'est une convention assez bien bien assimilée (75% des élèves, à la louche), mais difficilement maîtrisé finalement dès qu'on est en calcul littéral.

    ii) Quels que soient les nombres $a$ et $b$ deux nombres : $ab$ signifie $a\times b$.
    Cette convention est assez bien comprise mais il faut la rappeler pour entendre "ha oui c'est vrai".

    iii) Quel que soit le nombre $u$, $1\times u$ s'écrit plus simplement $u$.
    C'est "évident" mais oublié. C'est gênant pour beaucoup alors que c'est une broutille.

    iv) Quels que soient $a$ et $b$, l'écriture $a+(-b)$ est simplifiée en $a-b$.
    C'est génial car ce truc dit "il n'y pas de "-" mais que des "+" et des $\times$.

    Les propriétés mathématiques :
    Quels que soient les nombres $a$, $b$ et $c$ :

    i) $a+b=b+a$
    ii) $a\times b=b\times a$
    iii) $(a+b)+c=a+(b+c)$
    iv) $(a\times b)\times c=a\times (b\times c)$

    Ces propriétés sont connues mais pas sous cette forme (certains profs "ont peur" de les donner comme ça).

    La propriété de distributivité :
    Quels que soient les nombres $a$, $b$ et $k$ : $k(a+b)=ka+kb$.

    Ils la connaissent mais ne le savent pas. Par exemple, on demande à Robert de calculer $102\times 3$ et dans sa tête, il découpe bien les centaines et les unités pour trouver le résultat.
    La preuve avec les aires est limpides mais "ils n'aiment pas mélanger la géométrie et les calculs".

    C'est assez peu finalement comme contenu mais c'est dur de se restreindre à cela : ils veulent calculer des trucs même si ce n'est pas autorisé. On doit savoir à chaque étape ce que l'on utilise. C'est un passage difficile.

    Dernière chose : réduire $2x+5x$ est la chose la plus difficile finalement car ça utilise la distributivité.
    Mais il y a une autre méthode, car $2$ et $5$ sont des entiers.
    $2x+3y+5x=x+x+y+y+y+x+x+x+x+x$ et c'est tout de suite plus clair...

    Mon texte est long mais en fait il ne contient pas grand chose.

    Comment faire prendre conscience qu'on ne peut pas réduire $5+2x$ ?
    C'est encore le problème du $\times$ caché...
    Une autre approche est de demander à Gwen de calculer "6 Litres + 3 euros" : si elle bloque, c'est bon signe.

    Comment faire prendre conscience que $6x+(3x+2)$ est un cas simple ?

    Comment faire prendre conscience, à vie, que $6x - (3x + 2)$ est une écriture de $6x - 1\times (3x+2)$ ?
    Délicat, désastreux...et pourtant ça pose des difficultés.

    Quelqu'un à une autre version pour réduire $6x - (3x + 2)$ ?
  • J'écris un nouveau message.

    Des gammes, oui si elles sont bien exécutées. Mais en général, c'est très mal exécuté. Les gamins calculent et calculent encore en faisant n'importe quoi. Ce sont les pires gammes qui existent.
    Personne ne laisserait un gamin qui apprend le piano, jouer n'importe quoi pendant des heures pour lui dire, à la fin de la séance, "c'est comme ça que tu dois poser ta main".
    Ce qui est difficile c'est de les freiner, de les stopper : ARRÊTE !!! QUELLE RÈGLE UTILISES-TU ?

    C'est vraiment le point délicat : pourquoi tu peux faire ça ?
    Sinon, ils prennent le ballon avec les mains, et c'est n'importe quoi (enfin, au foot...).

    C'est d'ailleurs un problème plus général : les maths, c'est "j'applique si j'ai le droit et même si ça ressemble je dois prouver que je peux appliquer sinon...je n'applique pas".
  • Encore une fois je suis entièrement d'accord avec les remarques de Dom. Une bonne idée à mon avis serait de numéroter les quelques règles de calculs et d'obliger les élèves à chaque étape de calculs d'indiquer quel règle précise (en indiquant le numéro) ils utilisent quitte à leur laisser la feuille avec le rappel de ces quelques règles qui sont finalement pas si nombreuses...
  • Ignatus,

    en traduisant simplement ce que tu dis avec un vocabulaire de collégien, c'est "voyons, ces x, a, b,.. dans les calculs de développement, factorisation, ... ce sont des nombres dont on ne dit pas la valeur exacte, contrairement à 2, -5, $\pi$, ...".
    Ça aussi, c'est à répéter mille fois pour que ça dédramatise le calcul algébrique. Mais n'est-ce pas une évidence qu'il faut que le prof rappelle sans arrêt les idées de base de sa discipline ? Ce n'est pas parce que le prof sait ou même a dit que l'élève sait. Et lui faire redire n'est jamais inutile.

    Cordialement.
  • Autre cas de figure..
    Quand les élèves de troisième ou plus factorisent (x+2)^2-9 par [(x+2)+3]×[(x+2)-3] combien ensuite nous sortent que (x+2)-3=-3x-6....là aussi c'est loin d'être évident que si on écrit -3(x+2) alors il s'agit d'une multiplication mais si on écrit (x+2)-3 c'est différent. ..c'est le genre de détail qui flingue régulièrement les calculs des élèves.
  • @Dom :

    << Comment faire prendre conscience, à vie, que $6x - (3x + 2)$ est une écriture de $6x - 1\times (3x+2)$
    Délicat, désastreux...et pourtant ça pose des difficultés.
    Quelqu'un à une autre version pour réduire $6x -(3x + 2)$ ? >>

    Oui, $6x - (3x + 2) = 6x - 3x - 2 = 3x - 2$.

    C'est marrant, on est vraiment tous différents ! Moi, ce que "je sais à vie", c'est que

    A + (B - C + D) = A + B - C + D
    A + (- B - C + D)= A - B - C + D

    En gros, j'efface les parenthèses,

    A - (B - C + D) = A - B + C - D
    A - (- B - C + D) = A + B + C - D

    J'intervertis tous les signes + et - , et j'efface les parenthèses.

    Par ailleurs, ce serait une drôle d'idée de faire intervenir la multiplication par -1 puisque ces relations sont valables dans tout groupe abélien noté additivement.

    @biely, intéressante ta remarque.
  • A propos de faire des gammes n'importe comment. Ça me rappelle un reportage que j'avais vu il y a quelques années. Une personne parlait de ces élèves de maternelle à qui l'on fait écrire et réécrire, en écriture cursive, dès leur quatre ans leur nom sur chaque travail réalisé. (Mes enfants, on fait exactement pareil.)

    Deux ans à écrire son prénom, très tôt c'est formidable non ? C'est une catastrophe, il vaudrait mieux ne rien faire .
    Pourquoi ? Car personne, ne prend le crayon avec l'enfant pour lui montrer dans quel sens on fait un "o", comment en fait un "d", etc. Les habitudes prises sont souvent irréversibles, l'individu fera ses "o" à l'envers toute sa vie !

    Quand j'étais gamin d'ailleurs, on avait un dessin sur un tampon par élève qui nous représentait, je crois que j'avais le bateau. Un coup tampon au-dessus du porte-manteau, un coup de tampon sur chaque dessin, chaque travail, chaque truc réalisé
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • Si l'enseignement du calcul au primaire est en miettes, je ne vois pas comment celui du calcul littéral au collège pourrait fonctionner.
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?18,1791742

    Si un élève a besoin d'une calculatrice pour calculer $5 \times 1$, vous allez vraiment arriver à lui faire comprendre pourquoi $2x + (6x+7)=9x+7 8x+7$ ?
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • @Foys : Surtout si on doit d'abord expliquer ce qu'est l'anneau nul. ;-)
  • @gai requin: si L'EN veut encore booster les scores de réussite au brevet, les calculs dans l'anneau nul sont une possibilité à envisager pour les prochains programmes X:-(
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Pour l'instant le brevet c'est ça :

    https://www.apmep.fr/IMG/pdf/Brevet_metropole_Reunion_28_juin2018.pdf

    le seul calcul littéral demandé est de montrer que $(4+x)^2-x^2=2(4x+8)$. Ce type de calcul a déjà été demandé plusieurs fois lors des brevets précédents. Pourtant, moins d'un élève sur deux obtient la moyenne aux épreuves écrites. Mais c'est pas grave, la note du brevet se décompose ainsi :

    400 points évaluation du socle commun
    300 points épreuves écrites (math, français, histoire-géographie, sciences et technologie)
    100 points oral.

    L'oral est généralement surnoté. L'évaluation du socle commun est une note attribuée à la tête du client par le collège de l'élève.
  • @GG
    Je suis d’accord avec ce que tu dis (en gros « quelle idée de faire intervenir le -1 ? »).

    Les démonstrations de ce que tu me proposes ne sont pas si simples, curieusement.
    Enfin, c’est limpide bien entendu mais ça coince quand même.
    Doit-on ajouter des propriétés ou bien en utiliser une connue ?
    C’est un tout petit dilemme...

    Puis la recette « j’efface les parenthèse et change les signes » est désastreuse sauf si on se la fabrique soit-même.
    Un exemple : 6-(3+(-2)-(-1)) ou encore 6-(-2x3+5)
    Je sais que tu vas me dire qu’avant « d’effacer et de changer les signes » il faut réduire l’intérieur.
    Pour le premier cas, ça marche si on ne change que les signes et pas les opérations (dans ce que tu proposes, on change bien les signes car on a effacé l’opération « + »). C’est ma lecture...
    Dans le second cas, l’élève change tous les signes dont celui de chaque facteur et ça foire. Il prend le ballon avec les mains.

    C’est marrant car moi aussi je sais tes égalités « à vie » mais je suis incapable de me souvenir après quel niveau je les ai acquises.
    En 5e, juste avec des relatifs (et ainsi avec le groupe des nombres) ou plus tard avec la nouvelle loi, et l’anneau des nombres ?

    Mais je vais réfléchir encore à cette histoire « d’opposé de la somme ».
  • JLT vient d'expliquer une bonne partie du problème. Inutile de savoir faire ces calculs pour avoir son Brevet. Du coup ( on peut les comprendre) les profs rechignent souvent à faire le sale boulot c'est à dire de faire et refaire encore et toujours du calcul littéral, développements, factorisations, fractions, etc car cela "ennuie" les élèves et les profs....même les programmes indiquent que si les calculs ne sont pas triviaux on pourra utiliser par exemple un logiciel de calcul formel ce qui n'incite pas à l'entraînement.
    Il y a 30 ans un élève de troisième mauvais en calcul littéral était largement meilleur que les têtes de classe aujourd'hui dans ce secteur. Les élèves ne sont pourtant pas plus idiots aujourd'hui mais je me souviens que l'on nous faisait "manger" des développements, factorisations etc très régulièrement et que l'on nous donnait des devoirs à la maison sur ces domaines . Actuellement on donne parfois des problèmes intéressants dans des devoirs à la maison où il y a souvent des calculs ou des équations à résoudre que les élèves sont incapables de faire tout seuls, du coup c'est papa maman ou autre qui s'y collent...quel est l'intérêt? Aucun à mon sens, on met la charrue avant les boeufs.
    Il n'y a pas de mystère dans ce domaine, seul un entraînement très régulier permet de progresser et oui l'élève peut prendre du plaisir à faire une factorisation ou une résolution d'équation en 3, 4 ou 5 étapes mais à la condition qu'il comprenne ce qu'il fait.
    Le côté ingrat de cette affaire c'est que même si on déclare ce domaine priorité absolue les progrès et les efforts des élèves seront peu visibles dans un premier temps ce qui peut être décourageant car faire 3 grosses fautes par lignes de calculs ou 1 seule petite erreur revient à la même chose...:c'est faux.
    Je fais souvent la comparaison avec l'apprentissage d'une langue étrangère. Si vous voulez apprendre le russe il faut d'abord notamment se tartiner toutes les déclinaisons des six cas, on souffre , ce n'est vraiment pas fun mais ensuite on a les clefs pour construire correctement ses phrases et petit à petit le plaisir arrive et lorsque le vocabulaire est suffisant on peut, à force de travail (plusieurs années) lire du dostoievski dans le texte...dans ce domaine des langues étrangères il y a aussi des adeptes de la méthode "intuitive" ,pas de grammaire, le "apprendre comme un enfant" avec le sous entendu "sans efforts" etc..sauf que si cette méthode peut faire illusion dans un premier temps , lorsque le niveau augmente, en général c'est la catastrophe.
    p.s.
    Pour le -(A-B) j'explique aussi que le - signifie -1×(A-B) ce qui a en plus l'avantage que l'élève n'oublie pas de mettre le -1 dans des factorisations du style (x-2)^2-(x-2)
  • Pour la question de droit, je suis plus nuancé. On a le droit d’écrire ce qu’on veut en maths, vrai ou faux, encore faut-il distinguer les deux.
    On pourrait changer les règles mais il faudrait que ça soit clair aussi pour le lecteur.
    Foys a écrit:
    Si un élève a besoin d'une calculatrice pour calculer $5 \times 1$, vous allez vraiment arriver à lui faire comprendre pourquoi $2x + (6x+7)=9x+7 8x+7$ ?

    J’ai vu un élève de cinquième faire ça… il y a vingt ans.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • @biely, j'aurais dû écrire A + ( (B) - (C) + (D) ) = ... et dire : j'efface les parenthèses extérieures bien sûr ! :-)
  • Merci pour toutes ces remarques.
    Personnellement, j'ai le sentiment que pour faciliter l'apprentissage du calcul littéral, il faut leur faire comprendre ce qu'est une variable. Je leur ai "expliqué" que c'était une grandeur avec un ensemble de valeurs. Je ne sais pas si c'est mathématiquement juste, mais cela n'a aidé en rien les élèves.
    Je n'ai peut-être pas assez insisté sur les simplifications d'écriture, et les priorités opératoires. J'ai eu tendance, ici, à tout ramener au fait qu'on ne pouvait pas ajouter des pommes avec des poires.
    Dans mon passé de collégien, je n'ai eu aucun mal à manipuler des "x", mais dans le supérieur, avec la construction des polynômes, j'ai eu du mal à comprendre le statut de l'indéterminé X. J'ai l'impression que pour la plupart des collégiens, manipuler des lettres est très problématique, et comme ils sont mal à l'aise avec ce fait, ils se bloquent sur les formules qu'on peut leur montrer. En ce sens, je pense que c'est une bonne réaction. Je leur donne raison de ne pas appliquer "bêtement" des calculs s'ils ne comprennent pas ce que c'est que ce "x". J'ai essayé de les familiariser avec la nécessité du calcul littéral avec les exercices classiques du programme, c'est-à-dire de petits algorithmes de calculs avec une entrée variable, ou des situations de la vie courante qui se ramènent à des algorithmes de calculs, lorsqu'il faut déterminer quelle formule est la plus avantageuse.
    Ce travail préliminaire n'a malheureusement pas été couronné de succès. Lorsqu'il a fallu vraiment passer au calcul littéral sans support intuitif, j'ai constaté que le "x" leur semblait toujours aussi problématique.
    En résumé, il me semble qu'avant d'effectuer des gammes, les élèves doivent effectuer un saut qualitatif dans l'abstraction pour comprendre le statut de la variable. J'ai essayé de leur faciliter ce saut avec un support intuitif au départ, mais malheureusement, cela n'a fonctionné que pour les meilleurs.
    ignatus.
  • Je pense qu'un élève, même de CM2, n'aurait pas de mal à comprendre que si $a=2$ alors $a+1=3$. Ce qui pose plus de difficultés, c'est de quantifier correctement les variables. On voit encore dans le supérieur des variables qui apparaissent sans qu'elles aient été introduites par un "soit", ou bien des formules dont on ne sait pas si ça doit être précédé d'un $\forall x$ ou d'un $\exists x$.
  • @JLT
    Il y a un saut qualitatif, il me semble, entre dire si a = 2, alors a + 1 = 3, et manipuler l'expression a + 1, sans affectation de valeur pour a.
    ignatus.
  • On peut préparer les écoliers en écrivant les unités dans les calculs.
    $2 m + 3 m = 5 m$, $2 m \times 3 m = 6 m^2$.

    Avec des collégiens, face à $2 x + 3 y + 2,8 x$ on peut s'il est vraiment récalcitrant lui proposer oralement :
    $2$ mètres $+ 3 € + 2,8$ mètres.

    Ou d'autres choses avec des litres et des chats ou je ne sais quoi.

    Mais une fois fait, il ne faut pas se détourner des maths "grâce" (à cause !) des chats et des litres.
    Il faut revenir aux fondamentaux.
    Ici, c'est de la distributivité, on factoriser par $x$, ou par mètres dans mon exemple.
  • @ignatus : je réagissais à la question «qu'est-ce que $x$ ?». Je ne pense pas que ça pose un problème philosophique, un élève ne devrait pas avoir de mal à comprendre que $x$ représente un nombre.
  • @JLT : sauf que je ne suis pas sûr que "x" représente un nombre. En tout cas, si tu as lu ce que j'ai écrit plus haut, ce n'est pas comme ça que je le leur ai présenté. Néanmoins, je suis d'accord pour dire, en première approximation, que c'est une bonne chose si les élèves comprennent cela, c'est d'ailleurs comme ça que je l'avais compris dans mon passé de collégien.
    ignatus.
  • «Représenter» n'est certes pas un terme mathématique, mais quand on dit $\forall x\in \R$ ou $\exists x\in\R$, il y a bien $x\in\R$, donc on dit bien quelque part que $x$ est un nombre.
  • @ignatus

    Pour moi, « une grandeur avec un ensemble de valeurs », c'est du charabia. Quel problème y a-t-il à dire que $x$ représente un nombre, qu'on ne connaît pas forcément de manière précise ? En géométrie, on raisonne bien sur des figures dont on ne connaît pas nécessairement les dimensions exactes, non ?
  • En fait, pour modérer ce que je viens de dire, je ne sais pas.
    Dans mon expérience personnelle, j'ai "appris" le calcul littéral tout seul en essayant de résoudre des énigmes mathématiques qui faisaient appel à une mise en équation. J'ai apprivoisé le "x" en me disant qu'il représentait un nombre que l'on ne connaissait pas, l'inconnue. Et je m'en suis sorti en gardant cette idée en tête. Sauf que mathématiquement, cette idée est fausse. La lettre en tant que variable n'est pas la même chose que la lettre en tant qu'inconnue que l'on cherche à calculer.
    Le problème qui se pose alors est, comme pour celui du fil sur la définition des fonctions, comment donner du "x" une représentation qui ne soit peut-être pas mathématiquement juste, mais suffisamment correcte pour permettre d'acquérir la bonne abstraction le moment venu.
    Dans mon expérience personnelle de collégien, cette représentation du "x" comme un nombre que l'on ne connaît pas m'a posé un problème quand il s'est agi de comprendre le statut de l'indéterminée "X" des polynômes. Je vous avouerai qu'aujourd'hui encore, je ne suis pas au clair sur cette distinction. Pour distinguer polynômes de fonctions polynomiales, on parle de morphisme d'évaluation.J'aurais tendance à dire que l'indéterminée "X" représente une variable sans type donné, et que le petit "x" représente une variable dans un type donné, ce que j'ai appelé une grandeur.
    ignatus.
  • Les gamins savent dès le primaire que « longueur fois largeur » est bien un nombre produit de deux autres.
    Et il n’y a pas d’indéterminés. Et ils savent qu’on ne multiplie pas des mots.

    On pourrait éventuellement pinailler sur le fait que ce sont des longueurs physiques et non des nombres mais je crois que ça passe tranquillement, sans émotion.
  • Bonjour Dom,

    je te remercie pour ta contribution active à ce fil.
    La raison d'être de ce fil est qu'il y a un réel problème dans l'enseignement du calcul littéral, et c'est pourquoi les enseignants du collège rechignent à l'enseigner, car ils savent que pour beaucoup d'élèves, c'est un véritable carnage. Les élèves ont peur de l'apparition de ce "x" dans des expressions littérales, du coup, ils se bloquent, et n'acceptent pas de faire des gammes sur des formules qu'ils ne comprennent pas.
    Encore une fois, l'exemple que tu utilises, Dom, comporte un support intuitif. Cela ne pose pas de problèmes à la plupart des élèves. Mais dis-leur maintenant que "x" représente une grandeur, sans préciser laquelle, avec un ensemble de valeurs, et même des intervenants sur ce fil parlent de charabia.
    Personnellement, ma compréhension de ce qu'est une variable n'est pas claire, et j'aimerais en savoir plus.
    Le problème méthodologique que j'ai posé est celui de donner une représentation de ce qu'est une variable qui rassure les élèves, et leur permette de manipuler le calcul littéral sans états d'âme, mais qui leur laisse ouvert la possibilité de comprendre plus tard ce qu'est l'indéterminée X des polynômes, sans que la représentation qu'on leur donne au collège constitue un obstacle épistémologique pour la compréhension de l'indéterminée. Ou alors, faut-il accepter de construire pour déconstruire après ?
    Après tout, on nous demande jusqu'au lycée de nous appuyer sur les propriétés intuitives de l'espace pour enseigner la géométrie. Il y aura une révolution de pensée dans le supérieur quand les étudiants seront amenés à comprendre qu'il y a plusieurs types d'espace. Est-ce-que l'on doit comprendre l'enseignement du calcul littéral dans le même esprit ?
    ignatus.
  • Je suis d'accord pour dire que c'est quelque chose de facile. La peur actuelle vient du fait que les enfants n'ont pas appris et n'ont pas pratiqué la calcul littéral.

    @ignatus, pourquoi tu veux parler des variables? "Variable" vient du vocabulaire des fonctions, ainsi que les notations $x,y$. Avec le calcul littéral on peut justement "additionner" les pommes et les ballons. Par exemple Tomas achète pommes et ballon qui coûte à l'unité 0,3 euros et 5 euros respectivement. On pose $a$ le nombre de pommes achetées et $b$ le nombre des ballons achetés. Thomas a dépensé $0,3a+5b$ euros.

    Combien de temps comptes consacrer au calcul littéral? Pour avoir une idée de progression "optimal", regarde les manuels de Lebossé-Hemery ou les autres vieux manuels.
  • Ok, ignatus.

    Je ne pense pas qu'il faille parler de variable, ni de grandeur.

    La lettre $x$ désigne un nombre dans ce contexte.

    Attention, je suis d'accord pour dire que tout cela passe mal, je ne le nie pas.
    Pour cela, je prie tous les professeurs de 6e d'écrire dans les cahiers, au moment opportun :

    Propriété : quels que soient les nombres $a$ et $b$, $a\times b=b\times a$.
    Et toutes les autres propriétés mathématiques du même type.

    On peut expliquer bien sûr. Certains vont redire "j'comprends pas m'sieur", plusieurs fois.

    Je crois que la pratique des lettres doit se faire tôt pour ne plus y être allergique.

    Un autre éclaircissement déjà testé :
    Dis-moi Robert, pense à un nombre mais ne me le dis pas.
    Dis-moi Josiane, pense à un nombre mais ne me le dis pas.
    Personne ne connaît vos nombres, mais on peut en écrire la somme.
    Je note $a$ le nombre choisi par Robert et $b$ celui de Josiane.
    La somme, c'est bien $a+b$. Je ne la connais pas non plus. Mais je sais l'écrire, grâce aux lettres.

    En gros ce n'est qu'un exercice de communication : on écrit un truc abstrait, mais on l'écrit quand même.

    On entend parfois un "ha d'accord" au loin, c'est Sylvie qui s'était réveillée au début de l'histoire "Dis-moi Robert". Ouf !Elle n'a rien loupé.
    Il faut bien préciser ensuite que cet exercice oral avec Robert et Josiane, ne sert à rien du tout. Que c'est pour l'exemple. Que c'est artificiel.
    Il me semble que ça peut éclairer : ce sont des choses vraiment simples (bien entendu qui passent mal...).

    Autre exemple plus "mathématique" :
    Les trois points A, B et C sont alignés dans cet ordre.
    On dessine le schéma, on note $x$ entre A et B et on note $y$ entre B et C.
    On peut demander, "mais alors, combien vaut la longueur entre A et C" ?
    Des réponses justes vont arriver et des "j'comprends rien j'suis nul en maths" aussi.

    Remarque : pour les longueurs, les notations AB et BC sont loin d'être acquises par contre, c'est pour cela que placer des lettre sur les segments me semble plus simple que de proposer l'exercice en disant "Bah evidemment AC = AB + BC" et se méfier de cette (fausse) relation de Chasles qui peut faire des dégâts (les gamins oublient que les points doivent être alignés, dans le bon ordre).
  • Je me demande aussi si le fait d'appeler presque systématiquement x (ou a) toute variable ne rend pas les choses un peu effrayantes au début .
    Pourquoi ne pas utiliser np (pour nombre de pommes) et no (pour nombre d'oranges) par exemple .
  • @ignatus,
    Si j'écris : soit a le nombre réel 1, et b le nombre réel 2, je me place dans un contexte où j'ai introduit deux constantes (ou paramètres), à savoir deux lettres désignant deux objets déterminés, les réels 1 et 2, respectivement.
    Dans l'expression "x2 + ax + b", qui est une expression polynomiale (en x), la lettre "x" est une variable, c'est-à-dire une lettre désignant un objet arbitraire, en l'occurrence dans ce contexte, une nombre réel arbitraire.
    Si j'écris maintenant
    Soit f : R $\rightarrow $ R
    x $\mapsto $ x2 + ax + b,
    j'ai défini un élément de l'ensemble P des fonctions polynomiale de R dans R, désigné par la constante "f".
    L'expression "f(x)" contient la variable "x", mais n'est pas polynomiale. On a bien entendu
    f(x) = x2 + x + 2 pour tout réel x.

    Dans l'anneau R[X] des polynômes sur R à une indéterminée X (i.e. les suites de réels à support fini), la lettre "X" est une constante, qui désigne le polynôme (0, 1, 0, 0, ..).
    L'expression polynomiale X2 + aX + b contient trois constantes et aucune variable. Elle désigne le polynôme (2, 1, 1, 0, 0, ..).
    Il y a un unique isomorphisme $\varphi $ : R[X] $\rightarrow $ P vérifiant
    $\varphi $(X) = x $\mapsto $ x et
    $\varphi $(t) = x $\mapsto $ t pour tout réel t.
  • @Dom : Ta solution consiste donc à familiariser les élèves au plus tôt avec l'usage des lettres.
    Pour ma part, j'ai l'impression que l'on devrait nous donner des cours sur la construction de l'abstraction chez les collégiens. La 4e est connue pour être un moment de rupture pour les élèves par rapport à l'exigence d'abstraction. On nous demande de légitimer l'utilité de cette abstraction par la résolution de nombreux problèmes. Je ne sais pas si c'est suffisant pour arriver à concevoir l'expression littérale pour elle-même, mais c'est évidemment une bonne exigence.
    Cela ne répond pas au problème que j'ai soulevé, et cela en pose un autre : est-ce- que les élèves de 6e sont suffisamment mûrs pour que l'on utilise des lettres, même à petite dose ? Restituer les formules de calculs de périmètres et d'aires à ce niveau est déjà ambitieux, même avec le support intuitif géométrique.

    @vorobichek : J'ai consacré beaucoup de temps, sans doute trop, au calcul littéral, car j'ai expliqué aux élèves que c'était le moyen d'exprimer la généralité nécessaire pour produire des démonstrations.

    @GG : Il me semble qu'il y a une erreur dans l'écriture de ton dernier polynôme. J'aurais dit (b, a, 1, 0,...).
    Je crois connaître la construction usuelle formelle des polynômes.
    Je ne comprends pas ton morphisme d'évaluation. J'aurais parlé d'unique morphisme d'algèbre tel que (0, 1, 0, 0,...) s'envoie sur x.
    Lorsqu'on parle de l'indéterminée X, tu as raison de souligner qu'il s'agit d'une constante, mais c'est une constante particulière qui porte en elle tous les types de variables possibles, à travers les morphismes d'évaluation.
    Je ne sais pas si j'ai saisi la notion d'indéterminée, mais si je pose ça comme objectif, quelle représentation donnée à "x" pour faciliter la compréhension de cette abstraction ?

    ignatus.
  • Oui, balancer des lettres très tôt me semble vraiment une bonne idée.
    Je le redis à nouveau : longueur $\times$ largeur ne gêne plus du tout !

    Je reviens sur cette notion d'indéterminée. Je n'y crois pas.
    Je veux dire que la lettre est vraiment un nombre au collège.

    Ou alors, j'ai deux approches : l'une avec un nombre, l'autre avec une unité de mesure.

    1) Approche avec des nombres connus mais pénibles à écrire.
    Par exemple, on pourrait faire tout un tas de calculs avec $\pi$.
    On peut aussi arbitrairement proposer : "dans cet exercice, $x$ est le nombre $0,12345678910111213141516...$" c'est à dire qu'on colle (concaténation) les entiers non nuls dans l'ordre, indéfiniment, dans la partie décimale.
    Pour se simplifier les écritures, on note $x$.
    On peut proposer des nombres "plus simples" comme $\frac{1}{3}$ dont l'écriture décimale est bien connue mais impossible à écrire.

    2) Approche avec des unités (là, la lettre n'est pas un nombre)
    Comme je le disais avant, on peut imposer les unités.
    Dans mon coffre j'ai 2 L d'eau, 25 € et 6 m de fil. On note : 2 L + 25 € + 6 m le contenu du coffre.
    Dans l'autre coffre, on a 6 L d'eau, 17,50 € et 4,5 cm de fil. On note 6 L + 17,50 € + 4,5 cm le deuxième contenu.
    On réunit tout : écrire le contenu.

    Bon, j'ai glissé un problème de conversion m/cm, mais c'est à dessein "on n'ajoute pas n'importe quoi".

    C'est très "écolier" mais ici, l'abstraction est le fait d'écrire un calcul qui correspond à "une somme de choses qui ne s'ajoutent pas".
  • @ignatus,
    @vorobichek : J'ai consacré beaucoup de temps, sans doute trop, au calcul littéral
    Trois-quatre mois? Deux-trois semaines? "Beaucoup" c'est trop subjectif. Quand je regarde les manuels français, les exercices sont trop faciles et trop typés. On utilise les mêmes lettres, les puissances ne vont pas au delà de 3.
    Si je prends l'école russe, elle consacre 60-70 leçons de 45 minutes à l'apprentissage du calcul littéral. Par exemple une leçon entière est consacrée à la multiplication des monômes. Avec les exercices d’entrainement comme $3 e^2 f^6 \times 4 e^3 f^3 g^5$. Une fois appris, le calcul littéral est utilisé de façon continue jusqu'à la fin du lycée.
    j'ai expliqué aux élèves que c'était le moyen d'exprimer la généralité nécessaire pour produire des démonstrations.
    On peut aussi dire que c'est un moyen pour écrire plus rapidement.
  • À mon avis la question essentielle est "À QUOI ÇA SERT ?"
    C'est éminemment problématique de faire des gammes qui ne mènent nulle part..

    Avoir une formule la plus simple possible est déjà une réponse à cette question.
    Comme pour ce problème par exemple, faisable en quatrième :
    calculer le périmètre de la coupole ovale au tiers (une courbe formée de 4 arcs de cercle).
    La réponse : 2piR/3 + 2piR /3 + 2pi(2R)/6 + 2pi(2R)/6 = 8piR/3.

    Su l'idée de variable, l'IREM paris nord propose sur GGB des exercices intéressants :
    exercice 1
    exercice 2
    exercice 3
  • Ha ! Par contre là, je ne suis pas d'accord.

    Je suis clair pour des questions rhétoriques : je me fous de la question "à quoi ça sert ?" (même si je sais, mais je le garde en secret).
    En effet, ça sert au sens propre, pour quelques problèmes, mais ça sert aussi pour le cerveau (hum, c'est dit très grossièrement, pardon), j'en suis certain. L'abstraction, en général, dans toutes les disciplines, est salutaire.
    Je n'ai pas de source là-dessus d'ailleurs.

    Bon, cela dit, je veux bien être minoritaire sur cet aspect.
  • enseigner le calcul littéral au collège sans montrer à quoi ça sert c'est juste impossible
    il faut partir des problèmes
    les problèmes, toujours les problèmes
    rien d'autre ne tient la route

    sinon vous pouvez essayer.. mais je vous souhaite bien du courage
  • Des problèmes avec un vrai enjeu et pas téléphonés, c’est-à-dire avec une vraie situation réaliste ?
    J’ai toujours été dubitatif devant un problème dont on ne sait pas d’où sortent le modèle ni les constantes du modèle, par exemple soit un prix de revient égal à une fonction polynôme du troisième degré. Moui, pourquoi ? Et pourquoi quand on dérive (pour avoir le prix marginal), la dérivée colle pile poil avec des valeurs qui marchent pile poil ? Pourquoi dériver d’ailleurs puisque la quantité est discrète (mieux encore quand les quantités sont de 2 à 12) ?
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • @Ludwig
    C'est bien en partie à cause du raisonnement de Ludwig "On met la charrue avant les boeufs" que l'on arrive à cette catastrophe en maths en France que tout le monde constate...désolé, pour résoudre un problème, la plupart du temps il faut manier des calculs , mettre en equations et les résoudre etc...actuellement un élève moyen de troisième a un niveau minable dans ces domaines alors quel intérêt d'essayer de traduire un énoncé si l'élève ensuite est bloqué au premier calcul, à la première equation...
    Sur ce point on a suffisamment de recul pour dire que cette méthode ne fonctionne pas. D'abord la maîtrise des bases, des gammes et ensuite on applique sur des problèmes mais pas le contraire.
    C'est tout à fait possible d'enseigner le calcul littéral au collège, il suffit de le vouloir ce qui n'est pas votre cas.
  • J'ai fait du calcul littéral de la mi-janvier à la mi-mars, en comptant les vacances bien sûr, sans aborder les équations et inéquations, mais simplification d'écriture, développement, factorisation et réduction.

    Pour ce qui est de la question "A quoi ça sert ?", je suis d'accord pour motiver l'utilisation du calcul littéral. C'est bien parce qu'on en a eu besoin qu'on l'a inventé. C'est peut-être là qu'un peu d'histoire des maths pourrait être intéressant : l'invention de l'algèbre par les arabes en utilisant des méthodes géométriques, le travail de l'école italienne qui s'émancipe de la géométrie, ce qui lui permet de résoudre les équations de degré 3 et 4, puis l'école française avec Viète et surtout Descartes.
    Par contre, donner des exemples qui nécessitent d'utiliser une lettre n'empêche pas qu'il faudra quand même à un moment un certain degré d'abstraction pour comprendre une expression littérale de manière autonome. Les Grecs n'ont jamais réussi, ou voulu plutôt, dégager l'abstraction nombre et se sont toujours référés à des proportions liées à des grandeurs. L'abstraction nécessaire ici est du même ordre.

    Enfin, j'insiste sur cette notion de variable, car elle est explicitement mentionnée dans le programme ( ou plutôt les documents qui l'accompagnent sur eduscol), par distinction avec l'inconnue, qui intervient dans les équations. Tantôt, la lettre est utilisée pour désigner une grandeur qui varie, tantôt elle désigne un nombre inconnu. Cette distinction me semble importante à faire comprendre aux élèves.

    ignatus.
  • @biely : c'est surtout l'autre méthode (des gammes sans pbs) qui ne fonctionne pas
    j'ai fais ça 10 ans je sais de quoi je parle
    et elle ne marche pas en 3 minutes top chrono (comme quoi je suis vraiment con il m'a fallu 10 ans pour le comprendre..)

    qd je dis il faut partir des pbs, je ne veux pas dire - pas forcément - les faire résoudre aux élèves directement
    mais plutot leur dire : voyez cette solution là, elle est super, mais vous ne pouvez pas l'obtenir sans savoir faire certains calculs,
    et je maintiens qu'il faut aussi les faire chercher sur des problèmes dont on sait à l'avance qu'ils ne trouveront pas la réponse (quoique des fois on est surpris)
    il faut créer une tension, seule possiblité de gravir la marche
  • Certains vont peut-être grogner mais on peut aussi commencer des équations avant l'artillerie "calcul littéral".
    C'est faisable.

    Il faut savoir défendre cela si un IA-IPR décide de faire du zèle.

    On a un avantage réel : on cherche un nombre et l'idée de l'écrire avec une lettre est pratique.

    Puis, lors du calcul littéral, la lettre est peut-être moins mystérieuse.

    Seule chose difficile à défendre : $2x + 1,8x$ est difficile à réduire sans la distributivité tandis que $2x + 3x$ se réduit par définition de la multiplication.

    On peut se sortir du guêpier en passant tout en dixième, peut-être.

    Edit : assez d'accord avec le dernier message de Ludwig.
    Proposer des situations, résolubles ou non.
    Aussi des situations pour écrire des périmètres ou aires ou autres (somme des angles) avec des lettres.
  • @ludwig
    Bien entendu qu'il faut faire comprendre que les gammes sont utiles pour ensuite résoudre des problèmes. Passer son temps à faire des gammes et seulement des gammes n'a pas vraiment de sens (et encore) mais il faut d'abord maîtriser ses bases avant de s'attaquer aux problèmes et tant que ses bases ne sont pas là il est inutile de passer à l'étape suivante. Actuellement qu'est ce qui se passe? Même dans les sujets de terminale S on multiplie les "on admet que" sur la moindre question un peu "technique" alors qu'un élève maîtrisant ses bases serait tout à fait capable de calculer une dérivée, de mettre sous le même dénominateur, puis de factoriser le numérateur d'abord par un facteur en commun puis une identité remarquable (pour donner juste un exemple). Actuellement on multiplie les béquilles tant les lacunes se multiplient et l'élève est incapable seul de faire un problème de A à Z justement à cause de ce manque de maîtrise des bases de calculs qui remonte au collège.
    Quand vous dites "voyez cette solution là, elle est super, mais vous ne pouvez pas l'obtenir sans savoir faire certains calculs,
    et je maintiens qu'il faut aussi les faire chercher sur des problèmes dont on sait à l'avance qu'ils ne trouveront pas la réponse " c'est quoi le but? De juste leur montrer le corrigé ou de les frustrer car ils seront incapables de résoudre le problème?
    Cela fait plus de 20 ans que je constate que cette méthode ne fonctionne pas et quand elle "fonctionne" c'est uniquement parce qu'une aide extérieure vient remettre les choses dans l'ordre.
    Effectivement vous créez une tension, celle de dégoûter les élèves des mathématiques une fois arrivés au lycée tellement leurs lacunes seront nombreuses et quasiment irrattrapables pour beaucoup. Tant que l'on aura pas compris que savoir sur le bout des doigts des " développer, factoriser, simplifier, le tout avec des fractions" est indispensable, on ira dans le mur et cette maîtrise ne s'acquiert pas en un ou deux mois de cours mais au minimum en une année de pratique.
    Bon j'arrête là, désolé de monter dans les tours , je vais prendre une tisane..:)o
  • ah moi aussi je viens de prendre une tisane

    évidemment qu'il faut maitriser certains calculs de base je ne dis pas le contraire
    je sais bien que c'est nécessaire
    mais ce que je dis c'est que cette bonne maitrise est IMPOSSIBLE
    si on ne part pas un petit peu des problèmes
    ou alors ce sera des règles à la con qu'on (concon :-))
    applique sans rien comprendre

    du vent quoi

    et c'est justement pour ça qu'ils arrivent au lycée sans savoir faire quoi que ce soit

    donner des problèmes insolubles c'est bon pour la santé
    ça évite de faire croire qu'on peut tout résoudre déjà,
    et ça installe une tension, une différence de potentiel,
    un noeud,
    que seul le calcul littéral permet de dénouer

    ça ne les dégoute pas (faut pas en donner trois par semaine aussi..)
    mais un de temps en temps ça remet les choses en place,
    et en perpsective
    fixe un cap, montre un horizon
  • @biely :

    « Si j’avais fait le lycée tel qu’il est aujourd’hui, je n’aurais probablement pas continué en mathématiques. »
    Wendelin Werner
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
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