Enseigner en Suisse

Bonjour,
Je suis un nouvel agrégé de mathématiques (promotion 2019), et j'ai demandé un report de stage pour faire 1 an de M2 recherche. Ensuite j'envisage de peut-être partir enseigner en Suisse.

J'aurais du coup quelques questions supplémentaires après avoir parcouru le net à ce sujet. Je sais que les réponses dépendrons du canton, du coup voilà celui où j'envisage d'aller : canton de Fribourg.

Si j'ai bien compris, il est possible de faire reconnaître son diplôme par la Suisse, et ainsi avoir le droit d'enseigner, même si la démarche prend du temps. Mais y a-t-il comme en France deux niveaux de certification (agrégation ou capes) ? Je ne crois pas mais j'aimerais être sûr. Et si non, être agrégé amène-t-il quand même des avantages lors de la reconnaissance du diplôme ?
Ensuite, à quels niveaux peut-on enseigner en Suisse ayant l'agrégation française ? Collège/lycée c'est forcément possible, et je ne crois pas qu'il y ait un équivalent à la prépa CPGE française. Mais à part ça y a-t-il d'autres endroits comme des facs ou des IUT ?
Enfin, est-ce que ça impliquerait que j'abandonne mon agrégation ? Ou bien me sera-t-il possible de revenir enseigner un jour en France si je le désire ?

Voilà merci d'avance :-)

Réponses

  • Bonjour.

    Je ne connais pas le système suisse, peut-être un résident du canton de Fribourg au courant de ces questions pourra-t-il te répondre (tu peux aussi poser cette question sur un forum suisse). Et tu peux déjà chercher toi-même sur Internet.
    Si, après ton report de stage, tu n'effectues pas le stage, ou si tu arrêtes d'enseigner après avoir été stagiaire ou titulaire, tu perds ta qualité d'agrégé : Elle est liée à un emploi, ce n'est pas un diplôme, c'est un mode de recrutement d'enseignants du secondaire. Donc pour revenir enseigner, il faudra repasser l'agreg.

    Cordialement.
  • @Fulgrim, mon ancien chargée de TD avait travaillé en Suisse (pas Genève, mais canton francophone). Elle a BAC + 5 en économie/économétrie et une thèse pas finie. Elle enseignait les maths quelques années dans les collèges/lycées, puis dans les formations pour adultes. Elle m'avait dit qu'il fallait obligatoirement faire le master d'enseignement et stage. Mais c'est bien encadré et payé même en stage (d'après ses dire, mais pour elle c'était en début 2000). Elle est rentrée en France il y a quelques années. Le fait d'abandonner le poste a fait "annulé" son master. Si elle retourne en Suisse, il faut qu'elle reparte de zéro.
    En France elle enseigne les maths comme contractuelle + quelques cours comme vacataires. Le rectorat n'a pas reconnu le diplôme suisse et son expérience.
    Et si non, être agrégé amène-t-il quand même des avantages lors de la reconnaissance du diplôme ?
    Je doute fortement. L'agrégation, et même CAPES, c'est assez atypique et purement français.
    Collège/lycée c'est forcément possible, et je ne crois pas qu'il y ait un équivalent à la prépa CPGE française. Mais à part ça y a-t-il d'autres endroits comme des facs ou des IUT ?
    Non, il n'y a pas de CPGE. Ce sont les enseignants chercheurs qui enseignent en 1 et 2ème année de science. Et en général ils sont très bons. Par contre il y a les formations de types BTS. En tout cas ce que me disait ma chargé de TD. La plus grosse partie du temps, elle enseignait aux adultes. Mais dans les filières courtes uniquement.
  • Ok merci pour vos réponses. Il va falloir que je réfléchisse bien parce que si j'ai bien compris je ne vais pas pouvoir revenir facilement :/
  • @Fulgrim, en tout cas elle dit que c'est très très très bien payé ;-)
  • C'est un bon argument aussi ! ^^

    D'ailleurs il me vient une autre question du coup, car j'envisage aussi de faire une thèse puis enseignant-chercheur si l'occasion se présente.

    Je perds l'agrégation dans ce cas là ? Et ce quel que soit le pays où j'aurais fait de la recherche ?
    Et si je fais juste une thèse pour ensuite directement retourner en dans l'éducation nationale française (en CPGE par exemple), est-ce que j'y ai encore droit même si j'ai fait la thèse en Suisse ?
  • Et le niveau d'exigence est sans commune mesure avec le minable Bac S français....

    Voici un sujet de maturité pour les élèves non scientifiques: https://www.lycee.ch/examens/2019/MAT.pdf

    Le sujet pour les élèves scientifiques: https://www.lycee.ch/examens/2019/MAP.pdf

    L'option complémentaire: https://www.lycee.ch/examens/2019/OC_Math.pdf

    Et les remarquables cours de deux profs du lycée de Porrentruy: http://www.nymphomath.ch/ et http://www.vive-les-maths.net/

    Les attendus concernant l'enseignements des maths: https://www.lycee.ch/math.php.... Là aussi, on est loin des ratiocinations didactico-pédagogos qui plombent l'enseignement des maths en France....

    Si tu as la chance d'enseigner en Suisse, tu peux donc espérer enseigner de vrais maths....nos amis helvètes n'ont pas sabordé leur système éducatif....dommage que Messieurs Blanquer, Torossian et Villani ne se soient pas inspirés de ce remarquable pays auprès duquel nous aurions beaucoup d'autres leçons à prendre (politesse, propreté, discipline, chocolat...)
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Et l'horlogerie !
  • Ahah vaste sujet ! Mais oui effectivement c'est pas nouveau que le niveau n'est plus ce qu'il était. C'est un argument pour partir.
    Ce qui me fait réfléchir en fait, c'est que je n'ai pas envie de ne jamais travailler dans le pays qui a payé mes études. Et puis j'aurais aussi sans doute envie de revenir un jour en France.

    Mais merci pour toutes vos informations en tout cas !
  • en tout cas elle dit que c'est très très très bien payé

    Le salaire d'un coiffeur est de 3000€ par mois mais le coup de la vie y est proportionnel.
    Cependant après toutes les dépenses et impôt il reste10-15 % de plus qu'en France.
  • Le plus délicat en Suisse ce n'est pas de trouver un travail mais de comprendre l'esprit particulièrement "local" et de s'y adapter. Sans cet effort tu vas déchanter et tu auras vite envie de rentrer.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Je confirme, j'ai vécu en Suisse pendant un an, c'était loin d'être évident...
  • C'est-à-dire ?
  • Fulgrim a écrit:
    C'est-à-dire ?

    Le pays est très propre, pas d'ordures sur les trottoirs (on est loin de Paris...), les abribus ne sont ni tagués ni cassés, les gens sont polis....Quand on vient de France, le choc est énorme....(dans le même genre, il y a aussi le Japon)
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Ça ça ne me dérange pas, bien au contraire. Mais ils semblaient décrire quelque chose pour laquelle il est dur de s'adapter. Et ça ne me semble pas particulièrement dur d'être civilisé x)
  • @Ramon Mercader si tu as déjà travaillé et vécu en Suisse tu sais très bien que les réserves de Héhéhé et de moi-même n'ont rien à voir avec le côté propre ou "civilisé" des suisses.

    @Fulgrim je n'ai pas trop envie de développer, je ne te décourage pas, il faut juste savoir que la Suisse est un pays avec des états d'esprits "locaux" très développés et qu'il est difficile de s'y intégrer vraiment. C'est contre intuitif avec l'image d'un pays ouvert à l'international et multiculturel, et cette réalité est peu documentée.
    Donc si j'ai un conseil : ne grille pas ton agrég, prends plutôt une dispo pour essayer.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • J'avoue que je suis un peu surpris : je n'avais jamais entendu quelque chose comme ça à l'égard des suisses. Je préfère prendre une décision en maximisant la quantité d'informations à ma disposition, mais pas grave si vous ne voulez pas développer ^^ je vais suivre le conseil en tout cas et demander une dispo si j'y vais ! :)
  • xax a écrit:
    il faut juste savoir que la Suisse est un pays avec des états d'esprits "locaux" très développés et qu'il est difficile de s'y intégrer vraiment.

    Cela s'appelle parler pour ne rien dire....tout pays est doté "d'états d'esprits locaux très développés".....celui qui lit cela ne reçoit aucune information précise...
    Liberté, égalité, choucroute.
  • @Ramon Mercader : maintenant je suis sûr que tu n'es jamais allé en Suisse (ou vraiment pas longtemps) :-)
    Fulgrim expose des questions sur un choix professionnel qui pourrait l'amener à renoncer à l'agreg, je lui indique simplement que la Suisse est un peu moins idyllique qu'il n'y parait, que certains aspects pourraient le rebuter et qu'il pourrait être tenté de revenir en France. Et donc je lui conseille simplement d'utiliser une disposition de la fonction publique qui lui permettrait de faire un essai sans risque.
    Je n'appelle pas ça parler pour ne rien dire ....
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • xax a écrit:
    maintenant je suis sûr que tu n'es jamais allé en Suisse

    ERREUR !!!!
    xax a écrit:
    je lui indique simplement que la Suisse est un peu moins idyllique qu'il n'y parait, que certains aspects pourraient le rebuter

    C'est vraiment très flou....développe un peu....@Fulgrim cherche des renseignements plus précis...
    C'est aussi très subjectif...ce qui rebute certains peut convenir à d'autres.....
    Liberté, égalité, choucroute.
  • "ou vraiment pas longtemps" ?
    Aussi tu as quand même un état d'esprit (c'est pas un reproche) qui pourrait t'amener à apprécier l’Helvétie :-) Voire Singapour !
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Je connais bien Singapour...j'apprécie l'ordre et la propreté qui y règnent....en outre ce micro état possède un des meilleurs enseignements secondaire des mathématiques au monde....
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Oui j'ai passé mes vacances avec un couple d'expat, en sus d'un meilleur programme, le boulot des enseignants est exceptionnel, il passent leur temps à se demander comment faire progresser les élèves et lever les blocages.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Ce que j'ai ressenti en Suisse est qu'il y a une énorme dissociation entre sphère publique et sphère privée (intime). Mes collègues étaient cordiaux, polis, aimables et ça se passait très bien sur le plan professionnel mais je n'ai jamais réussi à développer des relations autre que pro, mes seuls amis étaient des étrangers...

    J'étais nouveau là-bas, je ne connaissais personne, et pourtant jamais un suisse ne m'a proposé d'aller boire un verre ou de diner quelque part (et encore moins chez lui/elle...), contrairement à d'autres nationalités.

    Même dans mon labo qui était assez important, il n'y avait jamais rien d'organisé (pots, repas, activités annexes, etc.), même des choses informelles. Pourtant ce n'était pas le budget qui manquait...

    Je ne pense pas que ce soit de la xénophobie ou des mauvaises intentions, ce n'est juste pas dans leurs habitudes.

    Je connais pas mal de français qui ont ressenti cette barrière infranchissable de la sphère privée chez les suisses...
  • @Héhéhé, tu as juste découvert ce que être étranger dans un pays européen. C’est strictement pareil en France pour les étrangers. En 18 ans une seule française m’a invité chez elle spontanément, alors qu’on ne se connaissait depuis une heure. Les étrangers ne font d’ami au travail en France. Pour avoir la vie sociale il faut participer à une association, c’est l’endroit où on a le plus de chance de trouver un ami. Le degré d’ouverture dépend des régions. Les français qui ont vécu longtemps à l'étranger sont beaucoup plus ouverts.
  • C’est très juste.

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