La règle et le compas au collège

Bonjour,
Page 242 du livre Démontrer pour comprendre (éditions ellipses) il est écrit que "Le moyen le plus efficace pour réaliser des figures de façon précise est d'utiliser la règle (non graduée) et le compas".
N'est-ce pas là exagéré ? Est-il moins précis par exemple d'utiliser l'équerre pour tracer un angle droit?
S'agit-il simplement d'une formulation habile pour contourner la difficile référence aux nombres constructibles ?
Peut-on expliquer davantage, et simplement, aux collégiens, l'intérêt des constructions à la règle et au compas seuls ?

Réponses

  • Les constructions avec règle et compas sont étudiées depuis l'antiquité et encore enseignées au siècle dernier(:P)

    Une étude de la duplication du cube où on passe des courbes des anciens à la géométrie du collège d'aujourd'hui
  • Est-il moins précis par exemple d'utiliser l'équerre pour tracer un angle droit?
    Non, il y a des équerres très précises utilisées tous les jours pour tracer des angles droits parmi les menuisiers/ébénistes ou pour construire des pièces mécaniques diverses et variées. Tu noteras d'ailleurs que, puisque la règle et le compas permettent de faire des angles droits, toute la précision des compas et des règles se retrouve directement dans celle des équerres.

    Autre remarque, s'il faut tracer un polygone régulier à 17 côtés je préfères pouvoir utiliser une règle graduée ou un rapporteur + calculatrice plutôt que de me limiter à la règle et au compas et je suis presque certain d'être plus précis qu'en n'utilisant que la règle et le compas.
    S'agit-il simplement d'une formulation habile pour contourner la difficile référence aux nombres constructibles ?
    Je ne pense pas, et si c'est le cas je la trouve assez maladroite à vrai dire.
    Peut-on expliquer davantage, et simplement, aux collégiens, l'intérêt des constructions à la règle et au compas seuls ?
    C'est une vraie question. Je crois qu'au début (disons la Grèce antique) le choix du compas et de la règle non graduée viennent de considérations techniques (c'est très simple de faire un compas très précis par exemple) mais aussi de considérations philosophiques. Il ne faut pas oublier que les anciens considéraient pas mal d'autres méthodes de construction : Règle seule, règle et empant, règle et compas à point sèche, règle graduée et compas... mais visiblement la règle non graduée+compas était considérée comme la plus "pure".

    Aujourd'hui si on utilise encore la règle non graduée et le compas en cours de math je pense que c'est pour deux raison principales :
    -une tradition de plus de 2000 ans
    -cela donne un bon cadre pour créer plein de petits problèmes qui permettent de cultiver le raisonnement mathématique et géométrique des élèves.
  • 1) Prendre une feuille blanche.
    2) Tracer un rectangle en faisant les angles droits à l’équerre.
    3) Tracer un rectangle en faisant les angles droits sans l’équerre mais avec le compas (méthode collégienne « de la médiatrice » par exemple).

    Je suis convaincu que le rectangle « 3) » est plus ressemblant à un rectangle que le rectangle « 2) ».


    Remarque : au lycée, il est déjà impossible que les trois quarts de la classe sachent tracer proprement une droite passant par deux points représentés par deux croix. Même parmi ceux qui auront le matériel.
  • Bonjour.

    les anciens grecs considéraient que les figures les plus pures (*) étaient le segment de droite (prolongeable aussi loin que nécessaire) et le cercle. D'où la vogue des constructions "par droite et cercle", qu'on traduit de façon trop concrète par "à la règle et au compas". La règle et le compas ne sont pas des outils mathématiques, mais des instruments de tracé de figures géométriques (**) avec pas mal de défauts. L'intérêt de savoir faire des figures très précises a bien disparu depuis les logiciel de DAO, puis de croquis mathématiques genre Géogébra. Et comme on ne fait plus de géométrie descriptive, c'est inutile d'y passer trop de temps. La géométrie étant "l'art de raisonner juste sur des figures fausses" (***), la précision du tracé à la main avec outils devient sans grand intérêt.

    Cordialement.

    (*) idées, au sens de Platon
    (**) représentations de situations géométriques.
    (***) pour les figures fausses, j'étais doué, moi qui, en lycée, était incapable de tracer une droite à la règle ...
  • @ gerard0 : inutile de passer trop de temps à ces constructions certes, mais y passer juste une peu de temps, non ce n'est sûrement pas inutile. Et c'est même très formateur. Tracer une ligne droite à la règle par exemple, n'est-ce pas là un premier contact avec l'idée de continuité ? J'ai tendance à penser que les deux clics dans GGB, ceux-là même qui affichent cette droite, ont tendance à faire disparaître l'idée de cette droite.
  • Je m'interroge quant à moi sur ce que les profs doivent faire si l'on choisit de sacrifier des choses sur l'autel de l'utilité.

    Pour revenir au tracé à l'équerre, c'est justement dans les cahiers d'école que les résultats sont les moins précis.
    En effet, les segment courants mesurant moins de 10 cm, l'équerre se pose de manière imprécise (essayer avec un segment de 3,5 cm...) sans parler du fait qu'il ne faut pas utiliser "le coin" de l'angle droit si l'on veut quelque chose de propre.
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