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Questions sur le métier de professeur.

Bonjour,
Je suis étudiant en M1 de mathématiques et je me pose sérieusement la question de devenir professeur au collège et lycée.
Premièrement je ne songe pas à ce métier comme un choix par défaut, en particulier j'aime profondément les mathématiques et j'aime l'idée d'enseigner les mathématiques.
Deuxièmement je n'ai aucune prétention salariale particulière, un salaire de certifié (même si je compte préparer le concours de l'agreg) me suffirait amplement.
Il reste principalement deux choses qui me font peur et m'empêchent de me décider à faire ce métier, c'est là dessus que j'aimerais avoir un retour.

A-t-on une vraie liberté dans notre manière d'enseigner ? En particulier, jusqu'où peut-on s'écarter des directives officielles sur la manière d'enseigner ? Je ne me vois pas du tout par exemple me servir du manuel de mon petit frère comme support.
J'ai lu récemment le très alarmiste "Le débâcle de l'école : Une tragédie incomprise", dont je partage l'analyse en très grande partie. Cependant il a déjà plus de 10 ans, la situation s'est-elle améliorée ? Empirée ? Peut-on faire le poids en tant qu'individu-professeur ?

Ma deuxième peur concerne le système en général, j'ai un a priori très fort, je pense qu'il est profondément malveillant.
Peut-on attendre un soutien de ses collègues en cas de "dissidence" dans sa manière d'enseigner ? De sa hiérarchie ? Des parents d'élèves ?
Doit-on s'attendre à des foudres de toute part ?

Mon objectif est unique, partager mon amour pour cette discipline, pas faire la guerre à des institutions. En somme est-ce raisonnable d'envisager ce métier en France ?

Réponses

  • Rapidement :
    L’année de stage tu fais ce qu’on te dit (c’est normal ! On te dit comment faire puisque tu ne connais pas le métier : c’est ça être stagiaire).
    Une fois titularisée tu es assez libre.
    Au pire tu peux être embêté par ton Chef d’établissement et par ton inspecteur.
    Tu peux être embêté par des parents aussi.
    Mais ils ne viendront pas à chaque heure, donc tu pourras rester libre la plupart du temps.

    L’École est en décrépitude.
    En fait tout déraille : l’hôpital, la police, le pénitencier. Et il n’y a pas de raison pour que l’enseignement échappe à ce phénomène. Je qualifie même ça de sociétal, de conjoncturel dans la durée.
    Tu sais donc à quoi t’attendre.
    En gros : tu vas essayer de bien faire ton travail mais tu vas te demander pourquoi on t’empêche de le faire bien.
    D’une part, directement avec toutes les nouvelles « innovations » et nouvelles taches (débiles).
    D’autre part, de manière indirecte, pas assez d’heures, pas de moyens efficients, pas de structures pour l’accueil d’élèves particuliers, pas de système coercitif pour que les cours soient sereins.

    Attention !!! Lueur d’espoir, sans ironiser !!!
    Avec tout ce tableau noir (qui est devenu blanc avec des feutres, voire virtuel avec un stylet), tu trouveras quand même des professeurs épanouis, qui aiment ça malgré toutes les embûches, qui résistent et essayent tout de même de proposer de la qualité.

    Remarque : ne pas se méprendre, mon message n’est pas politique, ni idéologique.
    J’ose annoncer qu’il s’agit d’un diagnostic assez « unanime ». Globalement j’entends.
    Des contradicteurs vont sûrement arriver. Et ils auraient raison de me contredire.
  • @ferdinandbardamu, tu dis que l'argent ne compte pour toi et tu penses vivre correctement... Es-tu sûr ? Si tu es célibataire, il y a de fortes chances qu'on t'envoie dans l'académie de Créteil / Versailles. Les prix des loyers sont énormes. Tu vas dépenser plus de moitié de ton salaire en loyer. Il faut y ajouter toutes les autres dépenses. Le temps de trajets domicile-travail peut être 2h-3h aller/retour. Bref... si l'EN avait proposé le salaire de 3000 net, dans j'aurais pu dire que "ce n'est pas grave, je ne fais pas ce métier pour l'argent".
    J'ai lu récemment le très alarmiste "Le débâcle de l'école : Une tragédie incomprise", dont je partage l'analyse en très grande partie. Cependant il a déjà plus de 10 ans, la situation s'est-elle améliorée ? Empirée ? Peut-on faire le poids en tant qu'individu-professeur ?
    La situation s'est empirée. Par exemple au lycée général en seconde, tu peux avoir plus de moitié de la classe qui ne sait pas résoudre $2x-3=1$.
  • FerdinandBardamu:

    Je te conseille de parcourir le fil:
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?18,1872516

    Le fil est un peu touffu je te conseille de commencer par lire:
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?18,1872516,1876804#msg-1876804

    PS:
    Chose promise, chose due. ;-)
  • Merci pour vos précieux retours.
    Dom, j'ai l'impression donc que ça conforte certaines de mes inquiétudes, mais c'est très justement la marge d'espoir évoquée à la fin que je vise. Dois-je entendre qu'il y a une place suffisamment grande pour quelqu'un qui souhaite faire autrement ? Je ne suis pas de nature à me laisser faire mais je ne prétends pas non plus pouvoir supporter une position inconfortable psychologiquement pendants des dizaines d'années, ou du moins m'y habituer n'est pas un souhait. Bien sûr je ne parle pas des difficultés inhérentes au métier de prof', les élèves difficiles etc ... mais plutôt des évènements qui gravitent autour et qui font passer la tâche de "difficile" à "pas du tout épanouissante".

    vorobichek, je pense être capable de supporter cela, j'ai déjà eu une petite expérience du monde du travail, plus particulièrement du monde du travail payé au SMIC, un salaire de prof' tel qu'il apparaît sur les grilles de salaires me conviendrait. À propos du niveau des élèves, quand on en arrive à la situation que tu évoques, à quoi ressemble une année scolaire ? Il y a moyen de faire progresser significativement ou on ne peut que constater les dégâts ?

    Edit : Merci Fin de Partie je vais lire ça attentivement.
  • FerdinandBardamu: les loyers sont vraiment chers en région parisienne. Probablement de 1/3 à 2/3 de ton salaire vont partir en loyer si tu vis seul (et tu paies des impôts ne l'oublie pas).
  • Le passage par Paris est inévitable ?
    Mon premier vœu porterait plutôt sur Nancy-Metz, sinon en province.
  • En ce moment encore, l’agrégation (interne ou externe) permet d’être un peu moins embêté par l’institution.
    Je tiens ça de témoignages seulement, au doigt mouillé.

    Commencer certifié, se forger une position « oui, je suis vraiment fait pour ça », puis passer l’agrégation interne (si elle existe toujours) peut être un projet.
    Bien entendu on peut aussi se retrouver dans un collège d’une petite ville de province où la situation n’a rien à voir avec ce que je décris plus haut.
  • @ferdinandbardamu, j'ai vécu avec 600-700 €/mois en IdF (dont 200 € pour le loyer après APL) et je ne suis pas morte. Mais c'était pendant mes études il y a plus de 10 ans. Je pense qu'aujourd'hui avec une telle somme tu ne trouves rien pour te loger... et tu n'auras pas droit aux APLs. Et après, être un professeur pour vivre dans une chambre de bonne ou dans un taudis ? Et quoi encore ?

    Tu commences avec environ 1500 euros net me semble-t-il. Il faut 900-1000 euros pour un petit appartement décent (30-40m²). Le reste : les impôts, électricité, téléphone, internet, nourriture... Peut-être il est possible d'avoir un HLM...
  • Vorobichek: si tu habites dans ta voiture ou sous un pont, voire dans une tente Quechua plantée dans le no man's land qu'on trouve à certains endroits du périphérique parisien (c'est une réalité hélas) tu ne paies pas de loyer du tout. B-)-
    Quand tu gagnes 1500 euros + net, je pense que ton droit aux APL doit être riquiqui voire nul.
    Vorobichek a écrit:
    Peut-être il est possible d'avoir un HLM...
    Si tu peux patienter 20 ou 30 ans. :-D

    NB:
    L'expression HLM a disparu sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
  • Quel beau métier professeur !
    (contrepèterie bien connue).
  • > Peut-être il est possible d'avoir un HLM...


    > -Si tu peux patienter 20 ou 30 ans. :-D
    Peut-être est-il intéressant de rappeler qu'il existe des appartements réservés aux fonctionnaires et qu'il faut en faire la demande auprès de la préfecture du département d'affectation.

    J'en ai été l'heureuse bénéficiaire , affectée en juin, appartement en septembre dans un immeuble de 3 étages qui avait une dizaine d'années. Il faut juste donner pas mal d'énergie pour poser et faire suivre la demande.
  • J’ai entendu parler de ça.
    En effet une amie en à bénéfice je crois...
    Je n’ai aucune idée du nom de ce dispositif ni de comment chercher...
  • Cela date de quelques années, mais je crois qu'après m'être renseignée auprès d'une mairie, celle -ci m'a suggéré d'appeler la préfecture. Mais le dossier était à faire sur place (mais peut-être que maintenant il y a une partie numérique), Melun est juste très facile d'accès :-P
    Je pense qu'un certain nombre d'informations se trouvent ici
  • @VDM, intéressant... mais à combien est le loyer ?
  • Dans le début des années 2000, j'avais un F2 de 54 m² avec place de parking en sous sol pour environ 450€ charges comprises : nous étions deux et j'étais le seul salaire.
  • Intéressant. Pour ce prix là à Rouen droite aujourd'hui tu as un studio de grosso modo la moitié de surface.
  • Quand je vois qu'à côté d'Angers, il y a des T3 pour 600 €. Vraiment pas le même monde...
  • GabuzoMeu (tu)
    L'humour nous sauvera.
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