Définition de "fonction" au niveau collège.

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Réponses

  • Du coup $(R,R)$ est une classe de fonctions selon la définition choisie ?
    On y trouve l’identité sur $R$ et la fonction cube sur $R$ ou bien ai-je mal compris ?

    Ça m’évoque naïvement ce que l’on appelait « les courbes paramétrées ».
    Le cercle pouvait être parcouru plein de fois, on ne le voyait pas sur la représentation graphique.
    On ne peut pas deviner non plus le sens de parcours.
    On peut même trouver un cercle à l’arrivée mais construit de manière complètement discontinue.
    Seul l’ensemble image ne suffit pas à savoir de quoi on parle.

    Est-on de cet ordre là ?
  • Je ne vois pas ce que tu veux dire Dom.

    Les ensembles de couples $\left \{\left (t, \left (\cos (t), \sin (t) \right) \right) \mid t \in \left] -\pi, \pi \right [ \right\}$ et $\left \{ \left ( u, \left ( \frac{1 - u^2}{1+u^2 } , \frac{2u}{1+u^2} \right )\right ) \mid u \in \R \right \}$ sont clairement différents (même si leur image s'avère être dans les deux cas le cercle unité privé de $\{(-1,0)\}$).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Oui c’est ça. Ok. J’avais peur d’éteindre la lumière, tu viens de la maintenir :-)

    Par contre la fonction $(R,R)$ dans la dernière acception de ce fil, me trouble l’esprit.
    Je ne l’interprète pas (ça bloque).


    Édit : j’ai très mal lu l’un des messages. Ok c’est bon.
    Ce message avec l’exemple donné à la fin : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?18,1924962,1926552#msg-1926552
    Du coup j’ai pris peur.

    Quand tu écris 32 n’est-ce pas plutôt {32} d’ailleurs ?
    Comme tu ne te trompes jamais...j’essaye d’éclaircir...je vois des ensemble sauf pour 1 et 32... (ou alors 1={$\emptyset$}) ?
  • Bonjour.

    On peut remarquer qu'une grosse part des raisons de choisir telle ou telle définition est de la forme "moi, j'ai appris comme ça" habillé ensuite d'explications adaptées à la définition choisie. Exactement comme dans les discussions sur "fonction vs application". Ce qui s'explique par des usages différents suivant les domaines mathématiques. Et les époques.
    Il serait plus raisonnable d'accepter que ce mot ait plusieurs significations locales (même si ça complique la lecture quand on manque de contexte) et que l'apprentissage en collège ne doit pas masquer cette future diversité.

    Cordialement
  • Fom (édit : je voulais dire Dom) : Foys a décrit une fonction $f$ telle que $f(\emptyset)=32$, $f(\N)=1$ et $f(\R)=\R$.

    S'il fallait rajouter un ensemble de départ, ce serait $\{\emptyset,\N,\R\}$.
  • Ok.
    Tout simplement.
    Merci !

    C’était presque « Fog » du coup pour moi ;-)

    Édit : pas de souci j’avais bien lu cela comme une coquille ;-)
  • Dom a écrit:
    4) $f_{|E}$ est continue. En restreignant, j’ai changé l’ensemble de départ et donc j’ai changé de fonction et j’obtiens une fonction (parfaitement) continue.

    Oui, mais tu as aussi changé l'ensemble de couples. Il y a moins de couples dans $f_E$ que dans $f$. Donc simplement restreindre l'ensemble de couples (que tu dois, je suppose, AUSSI faire pour le triplet, car sinon on tombe sur les bizarreries que j'avais essayé d'illustrer) fait la même chose.

    Restreindre une fonction $f$ à un ensemble qui ne contient pas tout le domaine de $f$ est simple :
    $f_{|E} = \lbrace (x,y) \in f \mid x \in E \rbrace$
  • @kioups
    Sinon, oui, il y a une différence entre la droite et une droite, mais dit comme ça, ça n'a aucun sens. Dire "une droite perpendiculaire à (AB) passant par C", ce n'est pas tout à fait correct parce qu'il n'y a qu'une seule droite perpendiculaire à (AB) passant par C. D'où l'article défini. Il n'y pas d'article défini/indéfini en Russe ?
    Non, il n'y a pas d'articles en russe. Mais il n'y a pas de règles strictes en français non plus. Quand mes encadrants de thèse relisaient mon manuscrit, c'était une bataille d'articles entre les français : le premier remplace "le" par "un", le deuxième le même "un" par "le" :-D
    Si on revient à la géométrie, dire un/une objet/figure me semble bien étrange. Parce que les objets et les figures géométriques vu au collège/lycée ne sont jamais uniques. Par exemple un triangle équilatéral $ABC$ dont $AB=BC=CA=10$ - ce triangle n'est pas unique, il y a une infinité des triangles répondant aux mêmes caractéristiques dans un plan. Et quand on prouve/démontre quelque chose on le fait finalement pour l'ensemble d'objets équivalents. Par exemple, si je demande à 30 élèves de dessiner un triangle $ABC$, on aura 30 différents triangles $ABC$.

    @Dom,
    J’ai été un peu sévère.
    Cette définition me va bien. C’est la meilleure que l’on puisse trouver et elle est sobre, courte et claire.
    Je ne l’ai jamais croisée (on voit partout « de part et d’autre » et « entre les droites »).
    J’avais trouvé jadis quelque chose d’un peu plus compliqué d’ailleurs, inutilement. Le fait de cliver avec les points dans le même demi-plan ou pas est une solution peu coûteuse.
    Remarque : le mot russe pour le cas « non alterne interne » peux-tu l’écrire ?
    En Français on aurait envie de dire « internes-non alternes ».
    Va pour "internes non-alternes". Si je traduit mot à mot de russe en français : "angles intérieurs de même côté" et "angles intérieurs placés en croix".
    Ce manuel, Pogorelov, est un petit bijou : le manuel part de zéro, définit les axiomes d'Euclide et quelques objet dans un langage TRES simple et claire : Histoire de l'enseignement de géométrie dans les différents pays, page 97

    Ma prudence a eu lieu en raison de la première phrase qui parle d’angles formés par des droites. Je me suis dis aussitôt qu’il y avait une ambiguïté (angles de droites modulo $\pi$). Mais c’est une simple phrase, disons introductive, donc elle n’est pas dangereuse, je pense.
    La dernière chose, très anecdotique, étant qu’il y a un « si...alors... » mais, moi-même j’en écris encore des comme ça quand je vais trop vite. Je préfère « signifie que » ou « revient à dire » (d’autres diraient « si et seulement si ») pour avoir l’équivalence.
    C'est ma traduction maladroite, je note les phrases ;-)
  • Vorobicheck et Dom : Dans mon jeune temps, on avait les angles alternes-internes, alternes externes et correspondants. A partir d'un angle sur une des parallèles (et de l'angle opposé) on avait tous ceux qui sont égaux sur la deuxième parallèle.

    Cordialement.
  • Oui, c'était le cas aussi pour moi, en 5e.
    "Alternes-externes" est un terme sorti des programmes.
    Certains profs ne mentionnent pas non plus "correspondants".

    Par contre, j'avais cru pendant un moment (lycée) que l'on n'utilisait "alterne-interne" que lorsque les droites sont parallèles. Chose étrange...

    Patrick :
    Je me suis trompé dans mon exemple d'ailleurs.
    Je voulais dire : $f$ est nulle sur $E=R_+$ et $f = 1$ sur $R_-^*$.
    Ainsi on peut annoncer :
    a)$f$ n'est pas continue sur $E$ (problème à gauche).
    b)$f_{|E}$ est bien continue (sur $E$) (pas de problème à gauche puisque la gauche de $0$ n'existe pas).
  • vorobichek : bien sûr qu'il y a une infinité de triangle équilatéraux, mais quand on considère un de ces triangles ABC, il n'y qu'une droite perpendiculaire à (AB) passant C.
  • Dom a écrit:
    > Patrick :
    > Je me suis trompé dans mon exemple d'ailleurs.
    > Je voulais dire : $f$ est nulle sur $E=R_+$ et $f
    > = 1$ sur $R_-^*$.
    > Ainsi on peut annoncer :
    > a)$f$ n'est pas continue sur $E$
    > (problème à gauche).
    > b)$f_{|E}$ est bien continue (sur $E$) (pas de
    > problème à gauche puisque la gauche de $0$
    > n'existe pas).

    Oui, mais la discontinuité vient du fait que $f$ contient des couples ($\epsilon < 0$, 1) ET des couples ($\epsilon > 0$,0), et ça ne vient pas du fait qu'on ait spécifié un ensemble de départ plus grand que son domaine ou juste égal à son domaine.

    Par exemple, la fonction $\sqrt{x}$ n'est pas plus ou moins continue en 0, si on la considère comme fonction sur $\R$, ou sur $\R^+$.

    Quand on veut distinguer le triplet du graphe, il faut trouver des exemples pertinents où le graphe est le même, mais le triplet est différent, donc où domaine et image sont les mêmes, mais on considère des ensembles de départ et/ou d'arrivée "plus grands" ou non.

    A part, effectivement, de pouvoir dire que "application" et "surjectivité" sont des propriétés intrinsèques à la fonction, et pas une relation entre la fonction (le graphe) et un ensemble spécifique, je ne peux m'imaginer aucune raison pour trimbaler les deux ensembles avec le graphe dans un triplet. Comme j'ai essayé d'illustrer, restreindre une fonction n'est pas un bon exemple, car il modifie aussi le graphe (ou bien, on obtient des bizarreries comme j'ai illustré).

    @gerard0, on est effectivement toujours un peu plus attaché à la façon dont on a appris les choses, mais personnellement, je ne suis pas trop borné à cela. Par exemple, moi j'ai appris la limite qu'on appelle "épointée", on m'a expliqué que maintenant, on ne le fait plus, et je trouve cela en fait une bonne idée de ne plus le faire, même s'il y avait quelques raisons pour considérer la définition épointée, comme par exemple une fonction réelle dont le domaine se limite à $\N$, qui est continue selon la définition non-épointée et qui ne l'est pas selon la définition épointée, quand on veut se rapprocher de "ligne continue". Donc, finalement, la définition non-épointée est peut-être moins intuitive, mais plus logique, après tout. Ça simplifie les choses, même si certains résultats sont moins intuitifs.

    Par contre, pour la fonction "triplet" (dont je n'avais jamais entendu parler avant cette discussion), je ne peux pas discerner le moindre avantage et certaines confusions qui peuvent en résulter.
  • Ok.
    Pour moi, poser $R$ n’est pas possible.
    J’en conviens c’est personnel.
  • @Dom les dénominations des angles sont bien présentes dans les bouquins des années 80 et semblent disparaître dans les premières grandes purges des années 90, tout comme les démonstrations.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Je faisais encore alternes-externes il y a 3 ans (même si alternes-internes et opposés par le sommet suffisent).
  • @Patrick123, comme le sujet du fil semble te tenir à coeur, j'ai envie de te donner mon avis, lequel avis ne vaut pas grand-chose puisque je ne suis ni mathématicien, ni enseignant, ni père, ni mère, ni parent 3, ni, ni, etc !
    Un siècle de mathématiques ensemblistes a évacué les questions philosophiques de définition et d'existence des objets mathématiques.
    Tous les objets mathématiques sont devenus des ensembles,
    les nombres sont des ensembles,
    3 est l'ensemble {{ }, {{ }}, {{ }, {{ }}} (lire ce qu'en pense Paul Benacerraf dans son essai "Ce que les nombres ne peuvent pas être"),
    le couple (a, b) est l'ensemble {{a}, {a, b}},
    un graphe est un ensemble de couples,
    une fonction est un graphe fonctionnel, etc.

    On remarque d'abord que le succès de cette entreprise n'est pas total puisque évidemment, ZFC ne définit pas les ensembles.
    Par ailleurs, voici ce qu'écrivait Bourbaki dans ses "Eléments d'histoire des mathématiques", page 33 :

    "... En d'autres termes, l'essence des mathématiques - cette notion fuyante qu'on n'avait pu jusqu'alors exprimer que sous des noms vagues tels que "reigle générale" ou métaphysique" - apparaît comme l'étude des relations entre objets qui ne sont plus (volontairement) connus et décrits que par quelques-unes de leurs propriétés, celles précisément que l'on met comme axiomes à la base de leur théorie. C'est ce qu'avait déjà clairement vu Boole en 1847, quand il écrivait que la mathématique traite "des opérations considérées en elles-même, indépendamment des matières diverses auquelles elles peuvent être appliquées". ...".

    Qu'est-ce à dire ?
    Simplement qu'en mathématiques, non seulement il n'est pas nécessaire de définir TOUT ce dont on parle, mais qu'en plus, il est de l'essence des mathématiques de ne pas le faire !

    Alors, plutôt que de matraquer les cervelles de jeunes élèves par des définitions formelles abstraites qui leur passent le plus souvent par-dessus la tête, on pourrait commencer par leur donner des explications simples mais capitales qui pourraient ressembler à ceci par exemple :

    - Tous les objets étudiés en mathématiques ne sont pas définis. Certains le sont à partir d'autres, certains ne le sont pas. Même si on le voulait, on ne pourrait pas définir tous les objets mathématiques (jouer longuement avec l'observation que tous les dictionnaires sont circulaires).
    - On désigne généralement les objets mathématiques par des lettres (parfois par d'autres signes, voire des combinaisons de signes). Contrairement aux usages habituels des langues naturelles, deux lettres différentes peuvent désigner le même objet (c'est cette minuscule information qui n'avait pas été donnée à Jung durant sa scolarité qui l'a empêché de jamais rien comprendre aux maths alors qu'il fut un génie de la psychologie. Lire son autobiographie)

    - Quand on regroupe plusieurs objets par la pensée, on obtient un nouvel objet que l'on appelle ensemble. Les objets regroupés s'appellent les éléments de cet ensemble.
    - Par exemple, N est l'ensemble des nombres naturels. Une droite est un ensemble de points. Qu'est-ce qu'un nombre ? Qu'est-ce qu'un point ? Il n'y a aucune raison a priori de penser que ce sont des ensembles. Ce sont juste des objets mathématiques. Les seules choses importantes à savoir à leur sujet, c'est que le nombre 3 est le suivant du nombre 2 et qu'étant donnés deux points distincts, ils sont les éléments d'une droite et d'une seule, etc. Voilà l'esprit des mathématiques.
    - Etant donné deux ensembles A et B, on obtient un nouvel objet mathématique que l'on appelle fonction définie sur A et à valeurs dans B, qui associe à chaque élément de A un élément de B. Si l'on note par exemple f cet objet et x un élément de A, l'élément associé à x par f se note f(x).
    "Associer" n'est pas un gros mot. Il vient du radical latin "socius", "compagnon. Il veut dire : mettre ensemble, réunir, rapprocher, lier, joindre, attacher, etc.
    Il n'y a rien de compliqué ou de mystérieux dans le concept de fonction. Comme pour le nombre ou le point, il n'y a pas de raison a priori de penser que c'est un ensemble. C'est juste un objet mathématique dont les deux seules choses importantes à savoir sont : deux fonctions définies sur le même ensemble et qui associent à chaque élément de cet ensemble le même objet, sont identiques, et que toutes les fonctions définies sur A et à valeurs dans B forment un ensemble, que l'on note BA.

    Bien entendu, aux élèves qui feraient preuve de curiosité, de goût et de facilité pour le langage des ensembles, il n'est pas interdit d'aller plus loin, et de leur montrer comment peuvent s'exprimer en termes d'ensembles certains objets mathématiques. Mais pour les autres, je suis convaincu que cette démarche ne peut qu'amener confusion et répulsion, et que ce n'est pas trahir l'esprit des mathématiques que d'y renoncer.
  • @ GG:

    Merci de cette réponse, d'ailleurs, je ne sais pas si tu as vu le fil sur mon manuscrit pour le lycée, c'est exactement ce que j'y propose: de construire les mathématiques sur la notion d'ensemble. Si on fait cela, effectivement, il n'y a plus de questions à se poser (ou presque). C'était la voie des "maths modernes".

    Donc, oui, on pourrait revenir à cette façon de faire. Avec moi, mais avec pleins d'autres, cela a bien fonctionné. Mais on l'a enlevé, et autant qu'au niveau du lycée, je crois que c'est une connerie de l'avoir enlevé, pour exactement toutes les raisons que tu cites, je crois que le problème à un plus jeune age est peut-être différent, même si on pourrait essayer de re-passer par là.

    Cependant, cela pose plusieurs problèmes, et le premier, c'est qu'il faut mettre en place un certain édifice dont il n'y a plus aucun contact avec le programme actuel au collège. Alors on va se demander quelle est l'utilité de construire tout un édifice qui ne paie pas tout de suite mais qui demande un effort conceptuel supplémentaire à première vue. Je crois qu'on peut, effectivement, faire cela, mais avec parcimonie. On ne peut plus faire ce qu'on faisait dans les années 70-80, et passer tout son temps à faire de la théorie naive des ensembles. Il faut faire le stricte minimum pour être utile.

    Mais, en plus, je ne suis pas d'accord qu'il ne faut pas "s'imaginer une construction/objet/...." quand on parle d'un objet mathématique. L'être humain, de base, ne fonctionne pas comme ça, et c'est tout un apprentissage de se défaire d'images mentales pour "penser abstrait". Je pense même que beaucoup d'adultes, même professionnels, s'imaginent des choses" quand ils pensent à des objets mathématiques. Ce ne sont pas juste des "chaînes de caractères formels". Ça n'aurait aucun intérêt, de s'amuser avec des règles de transformation de chaînes de caractères seulement.

    Les objets mathématiques représentent une idée, et on les fait correspondre à un objet formel (chaîne de caractères), mais l'objet formel en soi n'aurait pas d'intérêt s'il n'y avait pas une idée autre derrière. L'objet formel est intéressant parce qu'il permet des preuves formelles, mais sans idée correspondante, le pure jeu formel est stérile. Pourquoi s'intéresser à un jeu formel plutôt qu'un autre ?

    D'ailleurs, sans représentation d'une idée non-formelle, on ne pourrait pas l'utiliser pour résoudre le moindre problème. Aucun objet purement formel ne serait plus prône à être utilisé dans un problème qu'un autre. Aucune chaîne de caractères aurait plus de raison de représenter le problème qu'une autre chaîne. Il serait absolument impossible d'utiliser les mathématiques purement formelles pour résoudre le moindre problème "type bac".

    Plus jeune on est, moins on est d'ailleurs capable de ne pas s'imaginer quelque chose quand on le considère, mais même adulte, on a toujours une "image mentale" en tête. L'image mentale qu'on se fait, cependant, peut aussi bien être "une aide" qu'un élément de blocage pour utiliser l'objet en question. Ce n'est pas possible qu'un jeune élève ne "s'imagine rien" quand il doit manipuler un "objet mathématique", et je suis quasiment sur qu'un adulte, non plus. Mais il faut donc "guider cette imagination" pour qu'elle ne contredise pas les propriétés de l'objet mathématique en question. Si cette imagination marche bien, on peut l'utiliser pour faire le lien entre un problème non-formel, et l'objet mathématique en question.

    Et, justement, la notion d'ensemble fait très bien cette affaire. On peut "s'imaginer" un ensemble, ou se donner l'illusion de s'imaginer" un ensemble. On a donc, en fait, avec un ensemble, "une image mentale" de l'objet. Si on se met en dehors du langage ensembliste, il faut donc trouver d'autres "images mentales" qui ne nuisent pas, mais aident, à considérer la notion en question, et surtout, qui aident à trouver de l'inspiration pour l'utiliser.
  • Patrick123 a écrit:
    Avec moi, mais avec pleins d'autres, cela a bien fonctionné.

    Il faut relativiser. Les lycéens de ta génération (qui est aussi très certainement la mienne, j'ai bientôt 55 ans) représentaient autour de 30% d'une classe d'âge à obtenir le bac (à aller en terminale?). Par ailleurs, ici, tu vas avoir du mal à trouver des gens de cette génération qui vont te dire: cela n'a pas marché sur moi. B-)
    Jamais entendu parler du "biais du survivant"? B-)-
  • @ FdP: oui, ça n'a pas marché pour tout le monde j'imagine. Et je ne propose pas d'y revenir totalement niveau collège. Cependant, cette discussion m'a indiqué que finalement, pour la notion de fonction, la version ensembliste est sans doute bien plus facile et propice à mettre en place que toute "machine", "boîte", ou autre édifice imaginaire, donc un minimum syndical ensembliste reste sans doute utile, mais pas à la dose de cheval d'antan.

    En ce qui concerne ta remarque des nombres de personnes pour qui ça marchait, si on se mettait dans une image médicale, est-ce que le traitement A est préférable au traitement B ?

    Quand on voit le traitement A ("maths modernes") il y avaient des patients qui n'y avaient pas accès, et il y en avaient qui ne guérissaient pas. Mais ce traitement à donné lieu aussi à des guérisons spectaculaires d'une fraction des patients.

    Quand on voit maintenant traitement B ("ce qu'on fait maintenant"), est-ce que les patients s'en sortent mieux en général ? Est-ce que le résultat du traitement B est tellement spectaculairement mieux que le traitement A, qu'il ne faut pas prescrire le traitement A pour personne ?
    Et, est-ce que les patients (même si cette fraction était pas si grande que cela) qui avaient une guérison spectaculaire par le traitement A, s'en sortent aussi bien avec le traitement B ?

    Sans doute qu'il y avaient des patients ayant reçu le traitement A, qui sont morts, et qui auraient eu avantage avec le traitement B. Mais est-ce que le traitement B marche réellement mieux sur eux ? Est-ce que les patients pour qui le traitement A marchait bien, guérissent aussi bien avec le traitement B ? Je crois que, clairement non. Sont-ils suffisamment rares pour qu'on les sacrifie ? Je ne le crois pas non plus.

    Si on considère le groupe 1, les "guérisons spectaculaires sous traitement A" ("les matheux d'antan pour qui ça a bien marché"), et le groupe 2, les "ratés du traitement A, ou ceux qui n'y avaient pas accès".

    Si on considère le groupe X, les "guérisons spectaculaires sous traitement B", le groupe Y, les "survivants corrects avec traitement B", et le groupe Z, les "morts sous traitement B" alors:

    - je pense qu'il y ait très peu de membres du groupe X, et sans doute quasiment tous dans l'intersection de 1 et X. Je pense que, pour ceux pour qui A marchait très bien, qu'ils ont un niveau de maths inférieur en fin de collège (et sans doute au bac) avec traitement B. On peut le rattraper plus tard, bien sûr.

    - Je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup pour qui A était un échec total, mais qui sont spectaculairement bon avec B.

    - je ne sais pas s'il y en a beaucoup plus dans Y que dans 1. Je ne sais pas s'il y en a beaucoup plus qui sortent de collège avec un "relativement bon niveau en maths, inférieur que dans le groupe 1 mais bon quand même". Mais surtout: je ne suis pas sûr que l'intersection de 2 et de Y est tellement plus grand, que l'intersection de 2 et de Z. En d'autres termes, sans doute que ceux qui s'en sortent avec un niveau de maths correct au collège maintenant, auraient bien pu profiter d'avantage du traitement A.

    - je crois qu'il y a beaucoup dans le groupe Z, y compris, une partie du groupe 1. Quand on lit les commentaires d'enseignants, on semble constater que ceux qui sortent du collège, sont majoritairement dans le groupe Z.

    En d'autres termes, le peu de gain du groupe 2 en groupe Y (les "sauvés par traitement B alors que A les aurait achevé"), justifie-t-il le fait d'avoir sans doute diminué le groupe 1 vers un bien plus petit groupe X ?

    Donc, ne peut-on pas introduire un peu de traitement A, pour ceux pour qui cela pourrait marcher ?
  • Bonjour,

    Peut-on raisonner ainsi ? Comme Fdp l'a fait remarquer, la proportion d'une tranche d'âge parvenant au bac est de très loin supérieure à celle d'il y a quelques décennies. Il serait fort étonnant que, "toutes choses égales par ailleurs", tous ces entrants aient une compréhension de la langue et de l'écrit comparable à celle des 30 % ou 40 % les plus scolarisés de la classe d'âge qui les a précédés. Or, justement, l'environnement éducationnel a changé, les choses ne sont pas égales par ailleurs. Les dictées ont disparu, l'enseignement du français a réduit ses ambitions et ses exigences. On ne peut pas, à mon sens, prôner des solutions pour l'enseignement des mathématiques sans tenir compte de ce contexte.

    Amicalement.
  • Bonjour.

    On a une zolie phrase. On débite la zolie phrase. On est content. Et on passe à autre chose.

    Une autre méthode est: on montre un aspect de la question. Et on mesure comment cela a marché auprès des élèves de la classe. Puis on montre un autre aspect de la question. Puis on mesure à nouveau. Et ainsi de suite, itérativement.

    Cela oblige à se demander qu'est-ce que l'élève est supposé savoir faire après avoir été joli-phrasé. Un premier objectif semble être "on n'écrit pas $f(x)$ tant qu'il y a un doute sur l'unicité de cet objet". Si l'on utilise le "processus/procédé/programme" comme analogie, l'unicité ne vient pas de l'analogie. L'unicité vient de ce que l'on a décidé que c'était dans la définition.

    C'est ainsi que l'un des points clef de la norme IEEE-754 est d'imposer que $(x,y) \mapsto x+y$ soit enfin une fonction c'est à dire donne en tout temps et en tous lieux le même résultat (une fois choisi un mode de représentation). C'est reproductible non pas parce que c'est un processus, mais parce que cela a été fait pour (et parce qu'il a été prouvé que l'implémentation était correcte).

    Une autre question intéressante est "qui cause de quoi". Par exemple, il y a des contextes où $y=ax+b$ utilise simultanément (x,y) qui cause d'un point précis, et (a,b) qui cause d'une droite précise et où le "=" cause de "le point est ou n'est pas sur la droite". Il y a d'autres contextes où $y=ax+b$ cause du fait que $y$ est l'objet obtenu par le procédé $x\mapsto ax+b$.

    Dans un cas on a un point et on veut ses propriétés. Dans l'autre, on a une propriété, et on veut les points qui vont avec. Dans les deux cas, on a un problème à résoudre, et on se bouge les fesses pour trouver l'outil qui va bien. La difficulté n'est pas de dessiner ou non une patate autour de $x\mapsto ax+b$ "pour en faire un graphe sagittal", elle est de passer de contempler à faire.

    Cordialement, Pierre.
  • @ felix: dans l'analogie médicale, il est rare de modifier un traitement *systématiquement* en un autre, tel qu'il sacrifie ou il rend moins bon la guérison des patients qui trouvaient bon profit dans l'ancien traitement, simplement parce qu'il y ait espoir que le nouveau traitement puisse guérir certains pour qui l'ancien ne marchait pas, sans que ce soit un succès phénoménal. Il faut que le nouveau traitement soit vraiment spectaculaire, pour qu'on puisse envisager, statistiquement, de sacrifier quelques patients qui profitaient beaucoup de l'ancien traitement et qui vont moins bien guérir avec le nouveau.

    En d'autres termes, je ne suis pas sûr qu'il y ait aujourd'hui, en nombre absolu, même avec un influx plus important, beaucoup plus d'élèves qui sortent du collège avec un niveau correct en maths, qu'il y avaient des élèves qui sortaient d'un niveau correct voire très bon, avant.

    Encore autrement: si on parlait des 30%, et maintenant on va même aller à 100%, est-ce qu'il y ait vraiment 2 ou 3 fois plus d'élèves "à bon niveau en maths" qui sortent du collège, qu'avant ? Est-ce que des 70% des "oubliés" d'antan, on a pu récupérer une fraction du même ordre de grandeur que dans les 30% qui y étaient déjà ?

    @pldx1: oui. Mais il faut encore avoir sous la main des façons de présenter la question, qui n'embrouillent pas.
  • Dans les années 70, 100% d'une classe d'âge allait au collège.
    Pas dans les mêmes classes, mais en collège avec des programmes similaires (CES ou CET)
  • Mathurin:

    Et on retrouvait en seconde* ceux qui ne s'étaient pas complètement noyés dans le programme de mathématiques (et qui maîtrisaient le mieux la langue française, au moins écrite).

    Dans les années soixante dix (au moins vers la fin de la décennie) on réorientait les élèves: fin cinquième me semble-t-il me rappeler (ils n'allaient donc pas en quatrième et en troisième) et à la fin troisième (c'est ce dont je me souviens). On pouvait se débarrasser de certains élèves et ils se retrouvaient en lice pour un CAP puis un BEP éventuellement et après, au turbin !

    *: Et à la fin de la seconde, hop, on se délestait encore de certains élèves qui allaient en BEP.
    (c'est ce qui est arrivé à ma soeur).
    L'enseignement général était comme un bateau duquel on ne cessait de jeter des passagers à la mer pour l'alléger. :-D
  • Fin de partie a écrit:
    Il faut relativiser. Les lycéens de ta génération (qui est aussi très certainement la mienne, j'ai bientôt 55 ans) représentaient autour de 30% d'une classe d'âge à obtenir le bac (à aller en terminale?). Par ailleurs, ici, tu vas avoir du mal à trouver des gens de cette génération qui vont te dire: cela n'a pas marché sur moi. cool smiley
    Jamais entendu parler du "biais du survivant"? smoking smiley
    Aujourd'hui tout le monde a son bac mais moins d'un 1% des élèves sait ce que veut dire le mot "fonction" et peut résoudre autre chose que des exos de maths types énoncés avec des phrases dont les mots sont toujours dans le même ordre et où seules les valeurs numériques changent. Peut-on appeler ça un succès?
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Foys a écrit:
    mais moins d'un 1% des élèves sait ce que veut dire le mot "fonction"

    Il faudrait que tu dises tout d'abord par ce que tu entends par le verbe savoir.
    Si c'est être capable d'aligner dix mille lignes de définitions préalables pour pouvoir enfin définir ce qu'est une fonction alors tu peux remplacer $1\%$ par $0\%$. Et si on accepte ce sens pour le verbe savoir on peut même penser que le nombre de profs du secondaire qui savent ce qu'est une fonction est proche aussi de $0\%$. Tu peux m'inclure dans les gens qui ne savent pas ce qu'est une fonction: je ne suis pas capable de formaliser cela en dix mille lignes qui vont faire consensus dans la communauté des logiciens.
  • Fin de partie a écrit:
    > L'enseignement général était comme un bateau
    > duquel on ne cessait de jeter des passagers à la
    > mer pour l'alléger. :-D

    La question est simplement: y a-t-il tellement plus (en nombre absolu) qui "arrivent à bon port" en ce qui concerne le niveau de mathématiques réellement maîtrisé sur ce gros paquebot avec tout le monde, maintenant, que le bateau allégé d'antan ? Est-ce qu'en nombre absolu, il y en a maintenant autant, voire plus:
    1) qui ont une excellente maîtrise de notions mathématiques avancées
    2) qui ont un bon niveau de maîtrise de mathématiques "classiques"
    3) qui se débrouillent bien en utilisant des maths

    que d'avant ?

    Dans l'analogie médicale, est-ce que le nouveau traitement guérit autant de personnes spectaculairement ? Correctement pour qu'ils puissent encore vivre décemment ? que avec l'ancien traitement, livré à moins de patients ?

    Ce n'est pas pour dire qu'il faut socialement "revenir en arrière", mais c'est pour dire que l'ancien traitement avait quand-même des avantages pour certains, qu'ils perdent dans le nouveau traitement, et qu'il convient donc de proposer, ne serait-ce individuellement.

    L'argument "ça ne marche pas pour Jean", n'est pas un argument pour dire "il ne faut pas le donner à Pierre".
  • Fin de partie a écrit:
    > Il faudrait que tu dises tout d'abord par ce que
    > tu entends par le verbe savoir.

    Le minimum, pour pouvoir dire qu'on "sait de quoi on parle" quand on utilise un terme, consiste à pouvoir, avec quasi-certitude, décider si un cas particulier est couvert ou non par ce terme, et de se rendre compte éventuellement qu'il y ait une difficulté quand il y a un cas limite, et pourquoi. C'est une condition nécessaire, mais pas suffisante. Ceci est généralement le cas, pas seulement en mathématiques. Si on utilise des mots dont on ne peut même pas dire si un cas particulier est couvert ou non par ce mot (ou s'il y a une hésitation particulière et pourquoi), alors on bavarde dans le flou.

    Si je dis "chien", et je ne sais pas si, quand on me montre une poule, c'est un chien ou pas, alors je ne sais pas ce que veut dire, "chien", pour caricaturer à l’extrême.

    Remarque la grande analogie avec la notion d'ensemble (:P)
  • pldx1 a écrit:
    C'est ainsi que l'un des points clef de la norme IEEE-754 est d'imposer que $(x,y)\mapsto x+y$ soit enfin une fonction
    Pourquoi "enfin"?
    Au passage j'ai cherché la mention de $ceci \mapsto cela$ sur la page wikipédia de "norme IEEE-754" sans la trouver, quant au site de IEEE, sa page dédiée affiche
    Buy this standard
    ce qu'évidemment je ne vais pas faire (payer pour recevoir des injonctions B-) . Ils se croient assez désirables pour ça peut-être).

    En plus si on impose ça et si l'on en croit la présentation simplifiée de wiki, on devra aussi autoriser les réponses d'élèves contenant $\frac{1}{0}=NaN$ (chose contre laquelle les pédagogistes sont les premiers à hurler au passage).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Patrick123:

    Je n'ai pas de doute que si on jette suffisamment de gens par dessus bord du bateau de l'enseignement général secondaire au collège, au lycée on peut faire les cours de mathématiques en Chinois et à la fin de la terminale on peut se permettre de faire un peu de cohomologie galoisienne.* :-D


    *: c'était une plaisanterie récurrente de la part d'un de mes condisciples quand j'étais étudiant à Orsay.
  • GG a écrit:
    Un siècle de mathématiques ensemblistes a évacué les questions philosophiques de définition et d'existence des objets mathématiques.
    Tous les objets mathématiques sont devenus des ensembles,
    Les mathématiques ensemblistes n'ont pas évacué ces questions, elles les ont résolues, parfois en quelques lignes.
    GG a écrit:
    - On désigne généralement les objets mathématiques par des lettres (parfois par d'autres signes, voire des combinaisons de signes). Contrairement aux usages habituels des langues naturelles, deux lettres différentes peuvent désigner le même objet
    Second/deuxième; pain au chocolat/chocolatine; Soetoro/Obama; scapula/omoplate (d'ailleurs les médecins sont pénibles avec leur vocabulaire à eux).
    En maths les lettres sont des noms, la seule nouveauté étant cette construction grammaticale sophistiquée résumée sous le vocable de "variable liée" (elles sont toutes éliminables via les combinateurs S,K dont je parle dans un message plus haut).
    GG a écrit:
    - Tous les objets étudiés en mathématiques ne sont pas définis. Certains le sont à partir d'autres, certains ne le sont pas. Même si on le voulait, on ne pourrait pas définir tous les objets mathématiques (jouer longuement avec l'observation que tous les dictionnaires sont circulaires).
    L'emploi des notions premières des différentes théories mathématiques est régi par des axiomes livrés explicitement, et ce dès l'introduction de la Géométrie d'Euclide. C'est vrai dans Peano, dans les théories des ensembles, dans les théories des types.

    La correction des textes mathématiques est arbitrable par une machine une fois mise sous un format convenable puisque notamment des logiciels de vérification de preuve existent (HOL/COQ/Mizar/Lean etc). Ceci impose l'élimination de tout flou dans les raisonnements.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • FdP,
    on retrouvait davantage en seconde que 30%.
    Le BEPC concernait environ 80% d'une classe d'âge (pas 100%, il est vrai).
    Mais il est vrai qu'il y avait un palier d'orientation en fin de 5ème, qui menait vers le CET.
    petite histoire du collège unique

    rapport sénat
  • Fin de partie a écrit:

    Je veux simplement dire que maintenant, il n'y a sans doute pas beaucoup plus de survivants que d'antan. On n'a sauvé personne de plus (ou pas beaucoup de monde). Mais on a sérieusement baissé le niveau que pouvaient atteindre une bonne fraction d'eux.

    Dans l'analogie médicale : il y en a moins, maintenant, qui ont eu une guérison spectaculaire. Mais il n'y en a pas beaucoup plus qui "survivent moyennement". Par contre, on a prescrit de nouveaux médicaments à beaucoup plus de personnes. Contrairement à d'antan, ou on distribuait les cachets avec parcimonie, maintenant on arrose tout le monde de pilules, et socialement, c'est bien, ça.

    Alors, est-ce une si mauvaise idée de permettre à la vente privée, les anciens traitements ?
  • Patrick123 a écrit:
    Mais on a sérieusement baissé le niveau que pouvaient atteindre une bonne fraction d'eux.

    Sur un bateau où il y a plus de passagers que de cabines si on se donne comme règle que tous les gens présents à bord doivent dormir dans une cabine, il faut nécessairement entasser des gens dans les cabines et quand on entasse trop de monde à un endroit, on augmente le risque d'être réveillé par les ronfleurs.
    L'autre solution est de balancer assez de gens par dessus bord pour qu'il reste exactement le même nombre de gens que de cabines.
    Ceux qui restent pourront paisiblement dormir sur leur deux oreilles pendant que d'autres seront probablement en train de se noyer au milieu de l'océan.
    Si on oublie l'aspect moral, il faut que le capitaine du bateau et l'équipage décident la règle qui va être suivie et probablement faire face à la fronde de ceux qui sont promis à boire le bouillon si la deuxième règle est mise en place.
    Et accessoirement il faut décider, le cas échéant, qui on balance par dessus bord (l'expérience montre que c'est la partie facile du problème à résoudre). :-D
  • Utiliser les termes « se débarrasser » ou « jeter par-dessus bord » est aussi démagogique que d’utiliser les termes « réorienter » ou « leur trouver une voie personnalisée ».

    Aujourd’hui, on se débarrasse des gens à la fac.
    Quel meilleur monde.

    Ça y est, c’est cuit, la discussion va s’arrêter.
  • C'est un sujet très intéressant et très révélateur sur l'état actuel de l'enseignement aussi, j'ai beaucoup appris, merci d'avoir initié le fil Patrick.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • "Une fonction est une classe d'équivalence de processus".

    Petits zenfants, répétez la zolie phrase. Et notez bien dans votre cahier que d'autant plus c'est absurde, d'autant plus on voit la main de Dieu: "credo quia absurdum" disait Tertullien.

    Cordialement, Pierre.
  • @Foys. Démontrer que la machine à récurrer est strictement plus puissante qu'une machine à pythonner est une chose. Mais il n'en résulte pas qu'un programme écrit pour la machine à récurrer ne serait pas un programme. Exemple:
    let rec homo (b[i]::[/i]ordinal)[i]::[/i]ordinal:=
    global a[i]::[/i]ordinal; 
       if b=0 then return 0;;
       if is_suc(b) then return homo(prec(b)) + a;;
       return sup( map(homo, a)) 
    end function;
    

    est le programme qui calcule la fonction $b\mapsto ab$ .

    Cordialement, Pierre.
  • Dom a écrit:
    Aujourd’hui, on se débarrasse des gens à la fac

    On fait du calcul intégral, et beaucoup de mathématiques en fac' de socio' ou d'histoire-géo'?

    La fac' ne dispense pas un enseignement général à proprement parler.

    On a eu une piqûre de rappel récemment sur le fait que l'espérance de vie d'un individu est corrélée à sa profession (ou sa non-profession).
    Mon analogie de mettre les gens par dessus bord, les exclure de l'enseignement général, n'était pas si mauvaise que ça après tout. :-D

    Pldx1:
    Ta critique est faible et je n'ai pas caché que c'était une analogie méta-mathématique.
  • « l'espérance de vie d'un individu est corrélée à sa profession ».
    On en fait même un critère de pénibilité.

    Mais dis-moi, regarde-t-on leur manière de vivre, l’hygiène alimentaire notamment ?
    Est-ce lié à sa profession de manger un grec chaque jour ?
    Est-ce lié à sa profession de se coucher très tard pour se lever très tôt ?
    Est-ce lié à sa profession de ne pas se préoccuper de son hygiène dentaire ?
    Est-ce lié à sa profession de boire beaucoup d’alcool ?
    Est-ce lié à sa profession de fumer un paquet de cigarettes par jour ?
    Est-ce lié à sa profession de regarder NRJ12 ou Arte ?

    Les alcooliques cadres (oui, oui, ça existe !) ont-ils une bonne espérance de vie ?


    La corrélation existe bien. Mais tu sais aussi qu’on peut corréler des choses entre elles sans que ce soit pertinent.

    Je me suis fait avoir, je te réponds.
  • @Fdp je ne suis pas sûr que ce soit très pertinent d'éviter de donner des concepts importants, par contre on n'est pas obligé de poser des examens infaisables comme on l'a déjà vu pour le bac dans les années 70.
    On peut faire un peu le parallèle avec l'enseignement du français, par exemple en poésie, jadis il y avait un répertoire particulièrement intéressant et riche qui n'existe plus. Ce qu'on apprend est assez indigent.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Fin de partie a écrit:
    >
    > Sur un bateau où il y a plus de passagers que de
    > cabines si on se donne comme règle que tous les
    > gens présents à bord doivent dormir dans une
    > cabine

    L'analogie du bateau marche moins bien que mon analogie médicale, car sur un bateau, tout le monde est sensé arriver au même endroit, alors que ce n'est pas ce qui est fait. L'analogie du bateau fait croire que certes, on va moins loin, et le voyage est moins confortable qu'avec le "yacht de luxe" qui emmenait quelques "riches" très loin dans un confort scandaleux, mais au moins il emmène tout le monde. Alors que non, il n'emmène pas tout le monde, loin de là. Il y en a beaucoup qui "prennent le bateau" mais n'arrivent jamais au port, même dans ce voyage plus modeste, et les profs de lycée pleurent avec ceux qui sont emmenés par ce gros bateau. Il n'emmène pas beaucoup plus de monde que les "riches d'antan" jusqu'au port, et en plus, il les dépose beaucoup moins loin.

    Mais en plus, cet argument n'en est pas un pour la thèse qu'il est sensé soutenir: "il ne faut pas donner les éléments qu'on donnait avant à aucun collégien, ça ne sert à rien". Visiblement, certains allaient très loin quand on leur donnait ce qu'il ne faudrait pas leur donner. Et ce n'est même pas établi que ceux à qui ça n'apportait rien, vont plus loin maintenant qu'ils en sont débarrassés.
    > L'autre solution est de balancer assez de gens par
    > dessus bord pour qu'il reste exactement le même
    > nombre de gens que de cabines.

    Ceci ferait croire que c'est une question de places ou de moyens. Ce qui n'est pas vrai. Ce n'est pas plus cher d'enseigner en donnant les bonnes définitions et le cadre, qu'en se taisant là dessus.

    Mais encore, la question n'est pas là. La question est: ne serait-il pas profitable pour certains, qu'on leur explique avec les bonnes définitions et tout ça, et puisque pour des raisons X Y et Z, dont on se tape, et sur lesquelles on ne peut de toute façon rien, on ne le fait pas sur le gros bateau, on peut peut-être le faire à coté ?

    La raison justement, n'étant pas "ça ne marche pas, pour personne". Ni "on sait mieux le faire maintenant pour la vaste majorité des élèves, donc ces vieilleries, oui, c'était sympa, mais on fait tellement mieux maintenant".
    > Ceux qui restent pourront paisiblement dormir sur
    > leur deux oreilles pendant que d'autres seront
    > probablement en train de se noyer au milieu de
    > l'océan.

    Là aussi, l'analogie médicale est plus pertinente: il ne faut pas culpabiliser parce qu'un traitement marche pour soi, alors qu'un autre ne en guérit pas. Il n'y a rien d'immoral dans "se soigner". S'il y a un traitement qui marche pour toi, ce n'est pas immoral de l'utiliser pour se guérir, même si ce même traitement ne guérit pas tout le monde. Surtout si on vous propose un autre traitement qui marche moins bien pour toi, et qui ne fait pas de miracles en général non plus.

    On est très loin maintenant, qu'il faut appeler à la moralité, quand la question est, s'il peut être pertinent et si cela pourrait aider certains de donner des définitions de certaines notions mathématiques au collège et quelle serait la meilleure façon de s'y prendre 8-)

    Ce que je retiens de cette discussion, c'est simplement qu'il ne faut pas essayer d'éviter à tout prix la bonne définition avec les bons concepts, et qu'il faut, effectivement, introduire le minimum de "Bourbakisme", aussi au collège, sans trop de zèle, mais juste ce qu'il faut, pour faire ça. C'est bien, j'ai appris quelque chose, car j'allais m'embourber dans des machines, et des boites noires et des trucs comme ça, ce qui rend, finalement, les choses bien plus compliquées, que de dire "une fonction, c'est un ensemble de couples".
  • pldx1 a écrit:
    > "Une fonction est une classe d'équivalence de
    > processus
    ".

    C'est effectivement l'idée sous-jacente de "boîtes noires qui agissent de la même façon", et cette idée est, effectivement, comme tu le dis si bien, bien plus complexe à saisir que "un ensemble de couples". C'est ce que ce fil m'a appris. On laisse tomber les machines, les boîtes et toussa. Une fonction, c'est un ensemble de couples. Tellement plus simple, finalement.
  • Dom a écrit:
    > « l'espérance de vie d'un individu est
    > corrélée à sa profession ».

    Idéalement, il faudrait définir l'age de retraite d'une personne en fonction ( ;-) ) de l'age de son décès :-D
  • Oui. C’est simple.
    D’ailleurs certains profs de collège proposent les notations ensemblistes dans quelques exercices.
    Une accolade ouvrante, des choses, une accolade fermante.
    Là encore, n’est-ce pas simple comme usage ?

    Pour les probabilités, qu’est-ce que c’est commode !

    Par contre ils ne vont pas (enfin, je n’en ai pas vu) jusqu’à des intersections ou des réunions.

    Insérer ça dans les programmes ne ferait pas de mal et serait peut-être même vu comme ludique par les élèves.
    Ludique sans que ce soit fait pour !
  • @Foys,

    Les mathématiques ensemblistes n'ont pas évacué ces questions, elles les ont résolues, parfois en quelques lignes.

    Qu'est-ce alors qu'un ensemble ?
  • Patrick123 a écrit:
    Ceci ferait croire que c'est une question de places ou de moyens. Ce qui n'est pas vrai. Ce n'est pas plus cher d'enseigner en donnant les bonnes définitions et le cadre, qu'en se taisant là dessus.

    Donc tu proposes de faire un enseignement qui sera compris, un peu, beaucoup par 30% d'une classe et tu fais quoi des autres dont on ne peut pas se débarrasser ? Ou bien...
    Comme je l'écrivais plus haut, décider qui on balance par dessus bord est toujours aisé. :-D

    PS:
    L'école n'enseigne rien qu'elle n'est pas susceptible d'évaluer par des notes. Ces notes ne sont pas sans importance (et elles prennent de plus en plus d'importance avec le bachotage permanent qui est en train de se mettre en place dès la classe de première). Si on se donne un programme ambitieux, on se donne aussi les moyens d'évaluer par les notes ce qu'ont appris les élèves. B-)-
  • « L'école n'enseigne rien qu'elle n'est pas susceptible d'évaluer par des notes. »

    Comment peux-tu envoyer une telle affirmation que je n’ose qualifier tellement plein de registres sont possibles ?

    Existe-t-il une chose qui n’est pas évaluée par une note ? Une lettre ? Une case smiley ? Un oui ou un non ou « en cours d’acquisition » ? C’est quoi « évaluer sans note » ?

    Ha encore piégé : mais c’est presque la dernière car jamais deux sans trois.
  • Dom:

    Je me souviens très bien que j'étais interrogé, à l'occasion, en 6ème/5ème uniquement sur des notions ensemblistes.
    Le prof' s'était fatigué pendant des heures à nous expliquer cela, il entendait bien nous le faire payer si je puis dire, à sa manière*, et pour contenter l'institution. A coups de notes.

    *: Je détestais mon prof' de sixième/cinquième de mathématiques. Un type que je jugeais brutal et insensible.

    PS:
    J'ai déjà à maintes fois dit ce que je pensais des notes (même si j'en donne à l'occasion).
    Il y a un secret médical , il devrait y avoir un secret des notes obtenues: pas de communication hormis à l'élève intéressé(e)
  • Ok.
    De nos jours, contenter l’institution, c’est donner du sucre et applaudir.
    Ceux qui font ça ne sont pas détestés et sont jugés non brutaux par les élèves.
    Enfin, pendant leurs pubertés...

    À long terme, ceux qui découvrent ce qu’on leur a fait, ont une haine assez sévère envers l’institution (car par maturité ils comprennent que ça ne vient pas essentiellement du prof).
    Omar Sy dont je ne suis pas fan (mais que j’en trouve pas antipathique non plus) et dont il est évident qu’il ne représente pas tout le monde l’avait dit en gros avec un phrase du genre « on nous a menti ».

    Bon, je suis sorti du sujet.
    Je crois qu’il est bon que je quitte cette discussion.
    Ma foi elle fut intéressante malgré le côté marronnier.
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