Épreuves indépendantes

Bonjour
Je cherche une définition rigoureuse de la succession de deux épreuves indépendantes.
Je m'interroge sur celle-ci.

"Définition : On considère une expérience aléatoire constituée d'une succession de deux épreuves.
Si les événements associés à la deuxième épreuve sont indépendants des événements associés à la première épreuve, on dit qu'il s'agit d'une succession de deux épreuves indépendantes."

Sachant que $\Omega=E\times F$ est un espace produit et que quand je parle d'évènements associés à la première épreuve je parle d'évènements du type $A=A_1\times F$ où $A_1\subset E$.
Est-ce rigoureux ?
Après je ne définis pas l'espace produit, je ne parle pas d'espace produit, je me place au niveau de la première EDS maths.
Après la définition je mets une propriété.

"Propriété : On considère une expérience aléatoire constituée d'une succession deux épreuves indépendantes.
Cette expérience aléatoire peut être modélisée par un arbre à deux niveaux où :
le premier niveau est constitué d'événements relatifs à la première épreuve;
le deuxième niveau est constitué d'évènements relatifs à la deuxième épreuve;
et les branches du deuxième niveau sont pondérées par des probabilités non conditionnelles."

Je ne suis vraiment pas sûre de cette présentation, c'est pourquoi je vous demande votre avis.

Réponses

  • Pourquoi dans le sous-forum " Pédagogie, enseignement, orientation'" ???
  • C'est peut-être parce que bulledesavon se demande comment présenter ces contenus à sa classe.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Effectivement,

    mais comme il y avait deux questions de probas, et que la précédente ne parlait pas du tout de pédagogie, j'ai bêtement copié le même message.
  • La notion d'indépendance de variables aléatoires en maths est problématique (indépendamment de problèmes de pédagogie).
    Soient $(E,\mathcal A)$ un espace mesurable (i.e. muni d'une sigma algèbre). Une information (ou plutôt le manque d'information) sur un objet (inconnu) $x$ appartenant à $E$ est modélisée habituellement par une mesure positive $P_x$ sur $(E,\mathcal A)$ telle que $P_x(E)=1$, dite "probabilité" et exprimant la plausibilité que le dit objet soit dans telle ou telle partie de $E$.
    D'ailleurs le sujet principal du discours probabiliste est cette mesure elle-même et non $x$ (une fois que vous savez tout sur $x$ ça n'a plus aucun sens de parler de proba; c'est pour ça que les joueurs de poker/backgammon malheureux ne retiennent pas l'attention avec leurs jérémiades à base de "c'est injuste/truqué, ces suites de mains n'avaient que 0.1% de chance d'apparaître": le discours probabiliste ne s'applique pas au passé déterminé).

    Si $(E,\mathcal A)$ et $(F,\mathcal B)$ contiennent des "objets inconnus" $x,y$ et que l'on considère que (la plausibilité de) l'appartenance éventuelle de $x$ à une partie (mesurable) quelconque de $E$ n'est pas affectée par ce qui arrive à $y$, on choisit de représenter l'information manquante sur le couple $(x,y)$ par un produit de mesures (et on parle "d'indépendance mathématique"). Autrement dit pour tous $U\in \mathcal A$ et $V\in \mathcal B$, $P_{x,y} (U \times V)=P_x(U)\times P_y(V)$.

    Cependant on peut exhiber des cardes assez simples où ce choix est justifié (je ferai un autre post je pense).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Le chapitre sur l'indépendance et en particulier la succession d'épreuves indépendantes précède le chapitre sur les variables aléatoires. Lorsque l'on définit la succession d'épreuves indépendantes, les élèves ne savent pas ce qu'est une variable aléatoire, on ne parle donc pas de variables aléatoires. Pour moi, au niveau de la première, voilà ce que je comprends : Si $P(A_1\times A_2)=P_1(A_1) P_2(A_2)$ où $P_1$ une loi de probabilité sur $E$ et $P_2$ une loi de probabilité sur $F$ alors on dit que les épreuves sont indépendantes.
  • Je crois que le problème que tu vas rencontrer, c'est le produit cartésien d’événements, qui est sans doute inconnu, sauf si ce concept a été vu. On peut le contourner en définissant tout de suite l'univers comme décrivant la double épreuve (qui est donc, sans le dire, le produit cartésien des univers de chaque épreuve). On peut alors parler des "événements liés à l'épreuve 1 quel que soient les résultats de l'épreuve 2" et "les événements liés à l'épreuve 2 quel que soient les résultats de l'épreuve 1". (on définit donc, sans l'écrire, $U = U_1 \times \Omega_2$ un événement du type I et $V = \Omega_1 \times V_2$ du type II ). Alors, on dit que l'épreuve 1 est indépendante de l'épreuve 2, si pour tout événement de type I U, et pour tout événement de type II V, on a: $P(U \cap V) = P(U) P(V)$.

    C'est alors une généralisation de la notion d'événements indépendants: on dit que l'épreuve 1 est indépendante de l'épreuve 2, si tous les événements type I (donc associés à l'épreuve 1 uniquement) sont indépendants de tous les événements de type II.

    C'est encore un exercice du genre "l'art de ne pas utiliser les bons mots et de le dire quand-même" :-D

    Mais l'idée derrière est bien sûr qu'une probabilité, c'est une façon de décrire ce qu'on ne sait pas. Deux épreuves sont alors indépendantes, si le fait ou non de connaître quelque chose concernant le résultat de l'épreuve 1 ne change pas du tout notre ignorance concernant les résultats de l'épreuve 2 et vice versa. Ce qu'on apprend du résultat de l'épreuve 1, ne nous apprend strictement rien sur les résultats de l'épreuve 2, et vice versa.
  • L'évènement $U\cap V$ est égal à l'évènement $U_1\times V_2$ ?

    L'égalité $P(U\cap V)=P(U)\times P(V)$ est une hypothèse de modélisation ? Mais elle peut se "vérifier" en répétant un grand nombre de fois l'expérience et en calculant les fréquences d'occurence des évènements en question ?
  • @ bulledesavon:

    Si $U = U_1 \times \Omega_2$ et $V = \Omega_1 \times V_2$, et on assume bien sûr que $U_1 \subset \Omega_1$ et $V_2 \subset \Omega_2$, alors $U \cap V = U_1 \times V_2$.

    Car si (a,b) appartient à U, a appartient à $U_1$ et b appartient à $\Omega_2$.
    Si (a,b) appartient à V, a appartient à $\Omega_1$ et b appartient à $V_2$

    Si (a,b) appartient à $U \cap V$, alors a appartient à $U_1$ et b à $V_2$ et donc (a,b) appartient à $U_1 \times V_2$.

    Si (a,b) appartient à $U_1 \times V_2$ alors (a,b) appartient aussi bien à U que à V et donc à leur intersection.

    Si $P(U \cap V) = P(U) P(V)$, alors on dit que les événements U et V sont indépendants par définition d'indépendance d'événements.

    On peut maintenant, c'est la question du fil, introduire la définition de l'indépendance des épreuves. Ta définition était bonne, mais elle utilisait le produit cartésien. J'ai proposé une façon de le dire sans utiliser le produit cartésien explicitement, et j'ai montré que c'était équivalent.
  • Patrick123, je suis d'accord que l'égalité $P(U\cap V)=P(U)P(V)$ ne fait pas apparaître le produit cartésien; sauf que ce qui précède cette égalité, à savoir pour tout $U=U_1\times \Omega_2$ et pour tout $V=\Omega_1\times V_2$, fait par contre bien intervenir le produit cartésien.
    Du coup votre proposition n'est pas utilisable en l'état en première EDS maths.
  • Bonjour Bulledesavon.

    Il m'est arrivé (en BTS "textile" je crois), de faire cela "avec les mains" : On définit les probas conditionnelles, d'abord sur un univers fini avec équiprobabilité (on change de loi de probabilité quand on calcule P(B/A) puisqu'en fait, on ne s'intéresse plus qu'à ce qui se passe dans A, d'où la formule), et on généralise (par extension, on définira P(B/A) par la formule ..). Puis l'idée intuitive de "indépendante" donne P(B/A)=P(B) et la définition de l'indépendance, qu'on écrit "en ligne" pour pouvoir accepter le cas P(A)=0.
    Enfin, je ne définissais pas "épreuves indépendantes", mais c'était en fait implicite que les événements de la première épreuve étaient indépendants de ceux de la deuxième.

    Faut-il vraiment creuser plus en première ? Si tu n'es pas dans un grand lycée parisien ou de grande ville de province où on ne fait jamais le programme, ce n'est pas utile, tu perdras du temps sans bénéfice pour les élèves. Ils auront bien le temps de voir l'axiomatique des probas dans le supérieur. Et auront une bonne idée des principales difficultés des notions de base (genre différence entre P(A/B) et P(A et B)).

    Cordialement.
  • @ bulledesavon:

    Non, il ne faut pas dire explicitement que $U = U_1 \times \Omega_2$, je l'ai écrit seulement pour faire le lien avec la définition que tu avais écrit.

    Je reprends ce que j'avais dit, mais cette fois, sans faire référence à ta notation.

    1) on considère l'univers comprenant les deux "épreuves" ensemble. Un événement quelconque peut donc librement "mettre une condition sur le résultat de l'épreuve 1 et/ou le résultat de l'épreuve 2".

    2) on *définit* un événement "de type I" comme un événement qui ne met aucune condition particulière sur le résultat de l'épreuve 2, mais seulement, éventuellement, sur le résultat de l'épreuve 1. C'est juste "un genre spécial d'événement".

    3) on *définit* un événement "de type II" comme un événement qui ne met aucune condition particulière sur le résultat de l'épreuve 1, seulement, éventuellement, sur le résultat de l'épreuve 2. C'est un autre genre spécial d’événement.

    Par exemple, épreuve 1: Jean jette un dé. Épreuve 2: Marie choisit une boule dans un sac avec des boules rouges, vertes et noires.

    "Jean jette un nombre pair et Marie tire une boule rouge" est un événement "générique", ni de type I, ni de type II.

    "Jean jette un nombre pair" est un événement de type I: on n'exige rien concernant Marie.

    "Marie ne tire pas une boule verte" est un événement de type II: on n'exige rien concernant Jean.

    4) les épreuves sont indépendantes, si chaque événement de type I est indépendant de chaque événement de type II.

    Donc, si pour tout U événement de type I, et pour tout V événement de type 2, on a: $P(U \cap V) = P(U) P(V)$.
  • Dans l’esprit du lycée, je dirais que $A$ est indépendante de $B$ si la connaissance de la réalisation de $B$ n’influe pas sur la probabilité de $A$. C’est à dire $P_B(A)=P(A)$ ce qui revient à $P(A \cap B)=P(A)P(B)$.
  • @philou22: oui, mais ce que tu donnes, ce sont des événements indépendants. Alors qu'ici, on veut parler d'épreuves indépendantes.
  • Le résultat d’une épreuve n’est pas un événement ?
  • Oui, mais une épreuve représente beaucoup d'événements.

    Une épreuve, c'est : je jette un dé. Un événement, c'est "le résultat de cette épreuve est un nombre pair". Un autre événement est "le résultat de cette épreuve est plus petit que 4". Etc...
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