Pour ou contre la fin du collège unique ?

Voilà, c'est un des nombreux marronniers qui font très souvent partir en HS les sujets et qui par conséquent n'ont jamais de vraie chance de voir la discussion aller sereinement à son terme, donc je me suis dit, pourquoi ne pas créer un sujet sur ce thème ?

En fait, j'avoue que je n'ai pas d'avis sur cette question, d'où cette création. Au départ j'y étais franchement opposé, mais j'en suis moins sûr.
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Réponses

  • Je m'explique.

    Dans le contre, il y a l'idée que l'école est un espace sanctuaire où l'enfant a le droit de faire ses erreurs sans subir de conséquences aussi graves que dans la vie adulte, afin de l'y préparer en douceur. On connaît tous des gens qui ont été mauvais élèves par manque d'intérêt et qui, par exemple, découvrant un professeur qui a fait changer leur vision de la discipline, ont poursuivi dans cette veine des études brillantes etc.

    Un pb de la non-unicité du collège, c'est que ces gens là, mis dans des classes de faible niveau, auraient eu un rythme de travail inférieur à celui des classes de bon niveau, et donc n'auraient jamais pu repasser dedans ( cas où l'on change de classe à chaque matière).

    Un autre problème est plus sociétal, il s'agit de la constitution de classes sociales vivant séparément. Ainsi, même à l'heure actuelle, on sait que les SEGPA sont souvent laissés à part par leurs camarades, par exemple. Mais grosso modo, ça serait créer des distances dans la société de demain (cas où l'on ne change pas de classe à chaque matière), des inadaptations.

    Il y a aussi le problème de l'image que l'enfant se renvoie à lui-même lorsque le système lui annonce qu'il est nul et que son avenir est bien plus restreint en nombre de portes ouvertes.

    D'autres pbs que je vous laisse débattre.

    Après ce qui a commencé à me faire changer d'avis, c'est la pratique du métier d'enseignant. Même si pour moi le vrai pb c'est les valeurs de la société (ça n'engage que moi), je reconnais que l'hétérogénéité d'une classe rend extrêmement difficile de faire cours. Au départ j'accordais une importance toute particulière aux mauvais éléments, j'étais même plus intéressé par leur réussite que pour les bons élèves, parce que c'est limite faire preuve d'humanité au stade d'incapacité de certains. Et puis non seulement au final je n'y suis pas arrivé, mais même quand en terme de gestion de classe c'était vraiment compliqué pour moi, les élèves qui ont toujours été sages, impliqués, avides d'apprendre et confiants dans ma personne étaient les bons élèves.

    Et ces élèves là n'ont pas été récompensés, alors qu'ils le méritaient, alors que eux faisaient tout pour, on (je) donnait à ceux qui faisaient tout contre. Et c'est d'autant plus dommage qu'ils ont des capacités évidentes, qui doivent être travaillées car ils sont de toute évidence l'élite de demain et donc qu'on a besoin, en tant que société, que ces gens là soient bons.

    Le pb c'est qu'à côté tu as ceux qui ne savent pas faire une division, qui ne ramènent pas leur cahier, qui n'ont pas lu leur cours, qui font le bazar et donc à un moment qu'ils ont compris ou non, tu avances quand même sur le programme mais tu resteras toujours au ras du niveau du programme parce que c'est déjà trop dur pour certains.

    Alors on parle de différenciation, càd pendant que ceux qui n'y arrivent pas font 30 fois le même type d'exercice, on peut essayer de trouver des énoncés plus compliqués pour les bons (en tant que stagiaire, ça fait une sacrée charge de travail), OK, mais ça c'est du remplissage quand même. Ils devraient plutôt passer à une notion plus compliquée.

    Et donc clairement, on néglige les élèves qui sont plus méritants, et aussi (j'ai fait un 180° sur ce sujet) plus matures et attachants. Et c'est d'autant plus injuste que eux veulent apprendre, donc on prend leur souhait, et on le réalise mais pour les autres.
  • Il y a une simple vérité du monde réel qu' aucune théorie ou idéologie ne peut nier sans courir le risque de tout casser: on ne peut pas, avec utilité, suivre un cours "avancé" dans une matière hiérarchique, sans en posséder les pré-requis.

    La sagesse populaire appelle ça: on ne peut pas courir sans savoir marcher.

    On ne peut donc pas admettre, dans un cours avancé, une personne qui n'en a pas les pré-requis: si cette personne désire acquérir les connaissances dispensées dans ce cours-là, il faut qu'elle suive d'abord un cours sur les pré-requis et fasse en sorte que ce cours-là aura marché.

    Tout système qui respecte cette propriété des phénomènes d'apprentissage, peut fonctionner, et tout système qui ne le fait pas (comme le système public en France jusqu'en seconde) part en cacahuètes, car essayant de violer une loi de la nature.

    Il y a sans doute mille façons d'inventer des systèmes qui respectent cette règle de base, et cela ne veut même pas nécessairement dire que ce système n'aurait pas, pour une très grande majorité des cas, un enseignement avec "un niveau commun". Seulement, il faut alors accepter que certains mettront 2 ans, et d'autres, 7 ans, pour atteindre ce même niveau, qui reste "unique", et avoir les structures adaptées, et il faudra aussi accepter que certains n'y arriveront pas, malgré tous les efforts qu'on voudrait bien faire.

    La grosse erreur dans tout argumentaire "contre", est une erreur d'inversion de cause et effet. Si une cause A a deux effets, B et C, et l'effet C est indésirable, ça ne sert à rien de vouloir se battre contre l'effet B. C'est pourtant le cœur de tous les arguments contre le respect de la règle de base de ne pas admettre dans un cours, quelqu'un qui n'en a pas les pré requis. Effectivement, la CAUSE A, c'est "manquer les pré requis". Les effets sont B "ne pas admettre cette personne dans le cours", et C "ne rien piger du cours". Ce n'est pas en se battant contre B, que l'effet C va disparaître. Ce n'est pas en admettant cette personne quand-même dans ce cours, qu'il va en tirer quoi que ce soit, et la cause de cela, n'est pas "l'interdiction de participer".

    Pourtant, c'est l'essentiel des discours qui veulent admettre des gens dans des cours dont ils n'ont pas les pré-requis: "sinon ils seront exclus", "ils ont aussi le droit d'apprendre", "ce serait injuste", "que faudrait-il alors en faire" ... Toutes ces remarques ne changent rien au fait que cette personne *ne pourra pas apprendre ce cours", qu'il s'y assoit ou non.

    Alors, si on veut un système dont le but est que les gens *apprennent* des choses, il faut inventer quelque chose qui respecte cette règle. Comment on le fait, c'est autre chose: "redoublements", "vitesses différentes", "options différentes", "voies différentes avec passerelles", "enseignement individualisé", ... comme on veut.

    Ce qui ne peut pas marcher, c'est le système actuel, où, pendant 9 ans de suite, on "fait un cours commun" à une vitesse commune, et, indépendamment de la façon dont il a été acquis ou non, "on passe au suivant". C'est sûr que ça ne peut que foirer, et l'expérience à grande échelle en est faite et est assez concluante.

    Pour "forcer" ce qui ne peut pas marcher, la "solution" semble être: enlever les cours hiérarchiques avancés *pour tout le monde*, et ne pas faire autre chose que des cours de débutants, ou des cours non-hiérarchiques pendant toute cette période. On fait donc, façon de parler, 9 ans de suite un CP, ou on fait des cours non-hiérarchiques, qui sont donc des "énumérations de faits divers indépendants" sans pré-requis. L'expérience faite à grande échelle semble aussi pointer partiellement dans cette direction.

    Donc, si "collège unique" veut dire, on y admet tout le monde sans tenir compte des pré-requis, et on fait ça de façon commune à un rythme commun dans un temps commun, ça ne peut que dysfonctionner. Si on dit "avoir un système en amont qui fait en sorte que une grande partie des élèves finit par avoir les pré-requis, et qui se donne, individualisé, pour tout le monde, tous les moyens, et tout le temps, pour atteindre un niveau commun", c'est faisable en principe, pour une grande majorité (jamais pour tout le monde).
  • Salut Superkarl, je comprends tes interrogations. Après le collège unique n'est pas d'actualité. Donc tout ce qui sera dit, écrit, ici sur le forum, ne fera strictement rien bouger de toute manière sur ce sujet.
    Même si je finis par être convaincu par la fin ou pas, du collège unique par les messages de trois pages des uns et des autres, ça n'aura pas la moindre conséquence. Je ne remets pas en cause ton sujet, ni vois surtout aucune agressivité de ma part contre toi. Mais on va avoir pour la n-ième fois les mêmes arguments qui ne déboucheront sur rien, avec qui plus est des gens qui n'ont strictement rien à carrer de ce qu'écrivent les autres, qui sont juste là pour réciter leur litanie. Bref, je suis blasé. ;-)
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • Bonjour Superkarl,
    comme tu le dis c'est un marronnier. Je vais cependant sacrifier à l'exercice. Essayons d'être méthodique.

    1) Le problème de la classe unique, n'est pas être un problème en "tout ou rien", cela se grade.
    Il n'y a plus de classe unique en seconde. Personne n'envisage d'y renoncer au CM2.
    C'est donc au collège que se passe quelque chose qui pourrait amener à y renoncer de façon anticipée.
    Le phénomène sous-jacent est que le développement des élèves les amène à se différencier progressivement, jusqu'à un point où il n'est plus possible de leur faire le même cours. Ce développement est spontané, il est dans la nature humaine. Il touche toutes les disciplines, mais pas de façon uniforme (en français et en sport par exemple). C'est pourquoi dés la seconde et à l'exception autrefois des 3 jours de l'armée, les élèves finissent par suivre des cursus différents.
    En retour, il est bon qu'une classe ait une tête et une queue et personne n'envisage des classes totalement homogènes (combien de niveau faudrait-il d'ailleurs?)
    Lorsque les différences sont trop grandes un professeur, malgré sa bonne volonté, n'arrive plus à suivre correctement tous ses élèves.
    Si tu es professeur de collège, tu finis par avoir une idée précise du moment où la différenciation des classes devient nécessaire : est-ce en 6ème, en 4ème ou en 2de ?

    2) Le problème du socle commun est un problème lié mais distinct
    Si l'on différencie en classes de niveaux, très vite il n'est plus possible de proposer un examen terminal unique à tous les élèves. Cela reste possible seulement si l'examen suit d'assez près la différenciation et surtout si la classe des "moins bons" a un horaire renforcé dans la matière considérée.
    Nous avons actuellement choisi un socle commun en fin de 3ème, cela reste possible avec une classe de niveau en 4ème, mais seulement avec des horaires renforcés.
    Une classe de niveau dés la 6ème imposerait comme on l'a vu historiquement, un socle commun en fin de 5ème au plus tard.

    Il ne faut pas d'ailleurs s'illusionner sur le progrès que constitue un socle commun retardé (fin de CM2 autrefois, fin 3ème aujourd'hui, fin Tle dans l'esprit de certains syndicats) : le niveau effectif atteint reste peu ou prou le même, seuls l'âge auquel on l'atteint et le montant financier qui y est consacré varient.

    3) La question de la justice sociale est difficile car idéologique
    Il y a deux conceptions de cette justice qui s'excluent :
    * Pour les uns, cette justice ne sera atteinte que lorsque tout le monde aura les mêmes revenus et les mêmes connaissances (avec des métiers différents toutefois, les uns seront pilotes de ligne et les autres gardiens d'immeubles). Ceux-là ne tolèrent dans les différences de formations que le libre désir des élèves.
    Pour être atteint ce système nécessiterait :
    - un gigantesque système de "busing" pour homogénéiser socialement et culturellement chaque établissement scolaire
    - l'interdiction de l'enseignement privé
    - la séparation "à la spartiate" des élèves de leurs parents
    - une égalité rigoureuse des revenus des acteurs économiques
    - etc...
    * Pour les autres, cette justice peut être atteinte dés que les enfants de milieux modestes ayant les goûts et les capacités pour, ont la possibilité de s'élever socialement.
    Pour être atteint ce système nécessite:
    - qu'il y ait partout la possibilité d'apprendre si l'on est doué.
    Et c'est tout.
    Cette dernière condition est rendue impossible par le collège unique, car il existe des différences sociales et culturelles entre les collèges, du fait de la ségrégation géographique de notre société. Cela fait que dans un système de collège unique les enfants non doués de milieux favorisés, sont scolairement avantagés par rapport aux enfants doués de milieux modestes.
    En outre, le collège unique a amené à un baisse du niveau scolaire général (pour garder un enseignement homogène), incitant les familles qui le pouvaient à prendre le relais. Lorsque l'école n'enseigne plus, ce sont les familles qui le font, ce qui favorise également la reproduction sociale.
    C'est ce que je résume par la formule "le collège unique a tué l'ascenseur social".

    En conclusion, je suis partisan d'une classe de différenciation en 4ème, qui ne soit cependant pas un palier d'orientation.

    Cordialement
  • Mathurin, il y a d’autres conceptions de la justice sociale : le monde politique n’est pas séparé entre les libéraux et les communistes.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Pauvre modération.
    Comme d’hab’ le vendredi soir...(ou le samedi matin)

    Bon courage.
  • Nicolas,
    les vrais libéraux se moquent de la justice sociale (qu'il y ait reproduction sociale ne les gêne en rien).
    Sinon, sens toi libre d'exprimer tes conceptions, mais je crois que tu vas retomber sur un des deux systèmes que je propose.
    Cordialement
  • Mathurin a écrit:
    les vrais libéraux se moquent de la justice sociale (qu'il y ait reproduction sociale ne les gêne en rien).

    Tu te trompes complètement. Les libéraux ont une conception morale de la vie en société, qui passe par la liberté des échanges mais pas seulement. Évidemment, le libéralisme pur aboutit au contraire de ce qu’ils espéraient : le défunt fil sur la modélisation des inégalités l’a illustré mathématiquement, une légère culture historique l’illustre factuellement.
    Tu confonds libéraux et propriétaristes (ou capitalistes si tu préfères).
    Sinon, sens toi libre d'exprimer tes conceptions, mais je crois que tu vas retomber sur un des deux systèmes que je propose.

    Eh non.
    Quant au collège unique, je ne sais pas. J’y vois du pour (de la discrimination sociale officieuse) et du contre (de la discrimination sociale officielle).
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Superkarl,
    pour revenir à ton propos:
    - la possibilité de revenir dans la classe des bons, existe dans le système que j'ai proposé (un palier différenciant mais non orientant à l'entrée en 4ème), mais pas après le brevet (ou très difficilement). Après il existe la formation permanente des adultes.
    - le sentiment d'infériorité serait réduit si les classes différenciées étaient sur trois matières seulement : maths, français et sport (ce dernier cas pour que ce ne soit pas systématiquement les mêmes élèves qui soient dans la classe des "bons").

    Cordialement
  • Deux très bons constats de SuperKarl et de Patrick123. Tout est dit. La démonstration que le collège unique ne peut pas marcher est faite.
    Je cite, parce que une telle vérité, ça mérite d'être dit et répété :
    Patrick123 a écrit:
    On ne peut donc pas admettre, dans un cours avancé, une personne qui n'en a pas les pré-requis: si cette personne désire acquérir les connaissances dispensées dans ce cours-là, il faut qu'elle suive d'abord un cours sur les pré-requis et fasse en sorte que ce cours-là aura marché.

    Tout système qui respecte cette propriété des phénomènes d'apprentissage, peut fonctionner, et tout système qui ne le fait pas (comme le système public en France jusqu'en seconde) part en cacahuètes, car essayant de violer une loi de la nature.
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • Lourran,
    sauf que c'est très bien d'être rigoureux sur les pré-requis, mais cela conduit au redoublement généralisé.
    Si cela marchait cela se saurait.
    Je ne dis pas qu'il faut l'interdire, il en faut une dose, mais cela ne suffit pas à régler le problème de l'hétérogénéité d'une classe à partir de la 4ème.
    Lorsque 80% des effectifs d'un collège seront en 6ème (car n'ayant pas le niveau pour rentrer en 5ème), on aura bien avancé.
    Il faut bien trouver le moyen d'accompagner les élèves.
    Cordialement
  • Quand 10% de la classe ne sait pas lire et que le programme du moment affiche "fonctions trigonométriques" qu'est-ce que vous faites? Le programme ou autre chose?

    Le collège unique pénalise tout le monde, les bons élèves qui ne suivront pas de cours de qualité et les mauvais qui ne sont pas à leur place. C'est de l'équité de façade.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Foys,
    autre chose clairement.
    J'accompagne (hors cadre scolaire) des élèves de terminale S qui ne savent pas calculer (ils ne savent pas placer les parenthèses, ne connaissent rien aux racines carrées, ni aux inéquations), je leur enseigne le programme de 3ème de mon époque, pas la dérivation. (J'essaierai de leur faire apprendre par coeur le corrigé du bac de l'an dernier.) Je compte sur leur prof pour qu'ils aient de toute façon le bac.J'espère leur être utile pour plus tard.
    Si tu as une meilleure idée...
  • Cela va être encore une discussion interminable centrée sur l'école comme si la société autour n'existait pas, comme si ce qui se passait en dehors de l'école n'avait aucune influence sur l'école, comme si les décisions prises pour l'école n'avaient pas de conséquence sur la société.

    Une fois qu'on a viré les 70% d'élèves de collège qui ne peuvent pas se hisser au niveau des 30% autres (qui réussissent le mieux à l'école) que fait-on d'eux? On les laisse tenir les murs de leur immeuble, on les met au fond d'une cale de galère avec des rames entre les mains pour accélérer la transition écologique? On fait quoi d'eux*? Cordialement.


    NB:
    Les êtres humains ne sont pas des petits robots qui ne savent pas ce que sont la colère et l'espoir.

    *: Pitié, ne me dites pas que l'enseignement professionnel va tout régler.
    On n'a pas besoin de 300 000 plombiers en France.
  • Fin de partie, les 70% d'illettrés que tu maintiens artificiellement à l'école ne deviennent jamais cadres/académiciens ou que sais-je, ils quittent l'école avec un bac+machin embelli (dont la société remet de plus en plus en cause la valeur réelle) et vont vers des carrières qui étaient celles des gens qui autrefois quittaient l'école à 13 ans.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Passer de 20% de bacheliers à 80% n'a jamais fait passer la société de 20% à 80% de cadres.

    La massification des diplômes a été perçue comme un cadeau social parce qu'un diplôme contient la promesse implicite d'une carrière future heureuse. Tu donnes le diplôme à tout le monde et cette promesse devient du pur vent. Ce qui est infernal est que les gens ont cru qu'on pouvait donner généreusement ça en faisant fi des notions les plus basiques d'inflation. Tu donnes un million à tout le monde? Ton loyer et le prix ta baguette de pain explosent.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Foys:

    Mais jusqu'à encore récemment, les gens qui obtenaient le diplôme du BAC n'étaient pas discriminés sur l'endroit où ils avaient obtenu leur diplôme.
    Par ailleurs, l'exclusion sociale , qu'elle soit économique ou pas, n'est pas une source d'épanouissement pour ceux que cela frappe. Les gens intègrent douloureusement dans leur tête cette exclusion.
    Je veux bien comprendre qu'un principe de réalité est nécessaire (tu as de mauvais résultats à l'école tu ne peux pas devenir médecin ou ingénieur) mais de là à constituer un système institutionnel qui organise cette exclusion on est dans autre chose.
  • @Mathurin: le "redoublement" n'est peut-être pas la bonne solution pour ceux qui n'ont pas les pré-requis, mais en fait, c'est une autre question, d'ordre "technique/pédagogique": la question qui se pose, est alors: quelqu'un qui vient de finir un cours, et on constate qu'il n'a pas marché (qu'il n'atteint pas un niveau de compréhension et de dextérité que ce cours aurait dû procurer, de telle façon qu'il n'a donc pas les prérequis pour "la suite", même "avec du mou"), est-il alors propice:
    a) de REFAIRE le même cours ? Ça peut marcher si c'était juste une question de rythme.
    b) en faire un autre, spécialement pour ceux qui n'ont pas compris l'autre ? Par exemple, dans des petites classes, en cours individuel, etc... ?

    Le "redoublement" est la solution "bête et méchante" au constat "ça n'a pas marché du premier coups". Dans la mesure où ceux qui sont dans ce cas sont relativement minoritaires, on peut peut-être investir d'avantage dans un système de rattrapage un peu plus intelligent ?

    Je crois d'ailleurs que le principe "ne pas aller à la suite si le pré-requis n'y est pas" est même valable en primaire, mais en primaire, il y a une sorte de "rattrapage par orthophoniste" parfois :-D

    Je crois qu'on peut inventer des systèmes autres de "rattrapage" que le "redoublement".

    Et puis, il faut aussi accepter que certains n'y arriveront pas, et qu'il faut leur présenter alors quelque chose qui a plus de chances de marcher.
  • Patrick123,
    on n'est pas très loin.
    Si le nombre est faible (quelques pourcents), le redoublement peut être adapté.
    Si cela atteint 20%, il faut une classe spéciale avec des horaires spéciaux.
    Le problème est que cela empêche très vite le "socle commun" en fin de 3ème.
    Très vite cela devient de l'orientation et non plus seulement de la différenciation.
    D'où mon idée de commencer en 4ème et pas en 6ème.

    Après, le choix du "socle commun" en fin de 3ème est un choix sociétal dû au refus du travail des adolescents, il n'a rien d'intéressant d'un pur point de vue "scolaire" (le niveau atteint est globalement le même).

    Cordialement
  • Mathurin a écrit:
    J'accompagne (hors cadre scolaire) des élèves de terminale S qui ne savent pas calculer (ils ne savent pas placer les parenthèses, ne connaissent rien aux racines carrées, ni aux inéquations), je leur enseigne le programme de 3ème de mon époque, pas la dérivation.

    Ces élèves n'ont rien à faire en TS....certains d'entre eux auraient probablement dû être réorientés en fin de 3ème vers un apprentissage....
    Tout cela montre bien l'ineptie du système actuel (merci Haby, Meirieu, Jospin, Allègre, Châtel, Peillon, NVB, Blanquer.....).
    En réalité, beaucoup de ces élèves ne doivent leur présence en TS à une surnotation démagogique en physique et en SVT voire en maths....Il suffit pour cela de lire les témoignages de @SchumiSutil et de @Badiste 75 qui montrent clairement que de nombreux profs de maths de seconde vivent dans le monde des bisounours....

    Mais chez EDNAT, le pire, c'est ce qui vient après....
    Si cela continue, en 2035 des candidats au CAPES de maths auront peut-être recours aux services de @Mathurin pour apprendre à maîtriser ce qui était jadis enseigné en 4ème-3ème.....

    Il faut en finir avec le système actuel et réinstaurer des paliers d'orientation en 5ème puis en 3ème....Tout le monde n'est pas apte ou n'a pas envie de suivre de longues études....
    On ne peut pas faire entrer une tonne de patates dans un sac de 50 kg.....

    Dans de nombreux pays d'Europe, le lycée ne concerne que 30% d'une classe d'âge.....En Allemagne, en Suisse, en Finlande, les fillières d'apprentissage débouchent sur de vrais emplois....Pourquoi sommes nous incapables de mettre cela en place en France ????? Seules des raisons idéologiques et bienpensantes peuvent expliquer cela.....
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Je n'aime pas de discuter de ce sujet avec les français... parce qu'ils sont fatalistes et ne croient pas du tout en intelligence des enfants. C'est cela le vrai problème du collège unique à la française et du système éducatif français dans sa globalité. Relisez vos messages, pas un seul ne s'est demandé si l'élève qui a échoué était intelligent ou non, si cet élève a échoué parce qu'il a suivi un mauvais enseignement. Cela fait aussi écho à la discussion dans le fil voisin sur la lecture au CP : "100% élèves lecteurs en fin de CP c'est impossible".

    Je ne suis pas "pour" ou "contre" le collège unique, parce que pour moi c'est une question absurde du même niveau que le choix entre "un logement gratuit tout confort près de travail" (1) et "un logement gratuit de 8m² sans sanitaires à 100km de travail" (2). Le collège unique est la situation (1) et le collège non unique la situation (2).

    Mais je comprends qu'il est difficile pour vous de concevoir cette autre réalité. Vous n'avez pas passé par le collège unique qui fonctionne, moi si. Je suis née dans un pays de 290 millions d'habitants qui a réussi de passer de 70% analphabètes en 1920 à moins de 32% en 1960 (presque uniquement les personnes âgés) et le collège unique (jusqu'à 2nd). Oui, vous évoquez des bonnes questions et vous exposez des réels problèmes d'hétérogénéité et des pré-requis. Mais la solution n'est pas dans le fin du collège unique, mais comment faire pour que cela fonctionne sans baisser le niveau.

    Un de vous évoque plus les élèves qui arrivent au collège/lycée ne sachant pas lire ou ayant des énormes difficultés. Hélas oui, c'est de plus en plus fréquent. Mais est-ce la faute des élèves? Ou c'est la faute d'une méthodologie peu efficace et la diminution des aides? Par exemple, notre chère président Sarkozy a bousillé RASED par sa réforme en 2009. Si avant un PE pouvait demander à RASED une aide pédagogique pour l'élève, aujourd’hui c'est plus difficile. Parce que les effectifs ont passé de 7500 Option E (aide pédagogique) avant reforme à 4500 en 2013. Alors que entre temps on a réduit drastiquement le redoublement et en toute logique on aura du augmenter les effectifs pour l'aide.
  • Vorobichek a écrit:
    Je suis née dans un pays de 290 millions d'habitants qui a réussi de passer de 70% analphabètes en 1920 à moins de 32% en 1960 (presque uniquement les personnes âgés)

    Merci Staline !!!!!!!
    J'imagine que dans l'Union Soviétique des années 50-60-70, l'ordre, la discipline et le mérite règnaient à l'école.....Les méthodes ultradémagogiques qui ont coulé le système éducatif français n'étaient certainement pas les bienvenues.....
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Ramon : pourquoi parler de surnotation ? Un gamin peut avoir 8 de moyenne générale en 3ème, s'il demande à aller en seconde, il ira en seconde. Et rebelote en seconde, on veut le réorienter en bac pro ou en 1ère techno. Et on le retrouve en 1ère générale... J'en ai quelques-uns qui tournent à 6 de moyenne en TS et ils auront je ne sais comment leur bac. Bon, par contre, ils n'auront pas d'orientation...

    Mais bon, c'est moi le prof, je fais avec...
  • Vorobichek:

    Vous avez commencé par mettre hors d'état de nuire tous les profiteurs qui avaient mis en coupe réglée le pays (avant 1917). C'est un préalable pour que les gens reprennent le contrôle sur la marche de la société.

    Le contexte socio-économique n'est pas le même qu'aujourd'hui.
    Si en France le modèle de réussite n'était pas l'héritier qui a fait prospérer son héritage ou le footballeur professionnel peut-être qu'il y aurait un cadre psychologique qui serait plus favorable à la culture et à la connaissance.

    On a l'impression en France que tout ce qui ne sert pas à se remplir les poches est inutile et futile*.
    (la connaissance et la culture sont considérées comme futiles)

    *: ou c'est un truc de vieux, quelque chose qui vous occupe quand vous êtes retraité.
  • Kioups a écrit:
    Ramon : pourquoi parler de surnotation ?

    Des moyennes de classe de 14 sont monnaie courante en SVT et en physique...d'où passage en TS....
    Des moyennes de classe de 15 en anglais sont fréquentes (cela laisse sceptique quand on voit le niveau de langue des jeunes français....)
    Des moyennes de classe de 14 en français ne sont pas rares (comment cela est-il possible quand on connait le piètre niveau d'expression orale et écrite des lycéens ????)

    Tout cela montre clairement que le système éducatif français est pourri....Il faut détruire EDNAT et remettre à l'honneur l'Instruction Publique !!!!
    FDP a écrit:
    Vous avez commencé par mettre hors d'état de nuire tous les profiteurs qui avaient mis en coupe réglée le pays (avant 1917).

    Et heureusement après 1917, tous les dirigeants soviétiques étaient des modèles de probité et d'intégrité......
    Vraiment n'importe quoi !!!!!
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Des moyennes de classe de 15 en anglais sont fréquentes (cela laisse sceptique quand on voit le niveau de langue des jeunes français....)

    Certains commencent à briser le tabou...

    https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/baccalaureat-pour-l-avoir-en-anglais-il-faut-un-niveau-de-fin-de-5eme-dit-un-professeur-7799846560

    Bientôt on pourrait peut être dire qu'on peut avoir le bac S en pensant que la solution de l'équation $2x = 0$ est $x = -2$...
  • @SchumiSutil

    On peut être reçu au CAPES de maths en étant incapable de faire un raisonnement par récurrence ou un raisonnement par l'absurde....

    On peut être reçu à l'agrégation externe de maths en étant incapable de redémontrer sans aide que si r est un entier naturel non nul, alors: $ \sum_{n > r} \frac{1}{n^2} \leq \frac{1}{r}$....ainsi que tu nous l'avais raconté il y a quelques mois...

    Merci pour ta video qui montre clairement que mes propos sont exacts....n'en déplaise à la police de la pensée !!!!!!
    Liberté, égalité, choucroute.
  • @Ramon Mercader, les élèves des pays de l'Europe de l'est sont en général dans le top des disciplinés (comme les asiatiques... et les américains. oui oui!). Sauf que cette discipline n'est pas imposée. Comme c'était une vision opposée du "monde capitaliste", toute punition a été bannie de l'école dans les années 30. Et la relation élève-professeur est bienveillante (attention je ne parle pas de "bienveillance" à la française). La dernière enquête PISA donne des stats intéressantes pour la France, qui explique en partie l'échec du système actuel : café pédagogique. En tout cas l'exemple réel montre que c'est possible. Tu as parlé de la discipline : oui, c'est un problème. Mais au lieu de l'ignorer et ne rien faire il faut se poser la question de comment changé les choses. Que faut-il faire pour que les élèves français soient plus disciplinés?
    Les méthodes ultradémagogiques qui ont coulé le système éducatif français n'étaient certainement pas les bienvenues.....
    En faite si. :-D A la même époque, 60-70, l'URSS a tenté de reformer l'enseignement de maths pour faire des maths modernes. Kolmogorov était à la tête de la reforme. La géométrie euclidienne a été remplacé par une géométrie non euclidienne (translation et cie). J'ai le manuel... c'est quelque chose. Très intéressant pour les mathématiciens et les étudiants en maths fonda. Mais... inabordable par les élèves. Les définitions changeaient comme ceci (ma traduction) :
    Droite - pas de définition formelle, une page d'explications très claires (ensemble des points, infinité etc.).

    Quelle que soit la droite, il y a des points appartenant à cette droite et des points qui n'appartiennent pas à cette droite.

    Par deux points on peut passer une droite et une seule.

    De trois points appartenant à une droite, un et un seul se situe entre les deux autres.

    Un segment est une partie d'une droit et se compose de tous les points de cette droite situés entre les deux points données. Ces deux points sont appelés les extrémités du segment. Quand on dit ou écrit "segment $AB$, cela signifie qu'il s'agit du segment avec des extrémités aux points $A$ et $B$.
    Le point $C$ se situe entre les points $A$ et $B$, si la somme de la distance $AB+BC$ est égale à $AC$.

    Un segment $AB$ c'est un ensemble des points compris entre les points $A$ et $B$.

    Une droite $AB$ est un ensemble obtenu en combinant le segment $AB$, l'ensemble des points $C$, tels que $B$ se situe entre $A$ et $C$, et l'ensemble des points $D$, tels que $A$ se situe entre $B$ et $D$.

    Un vecteur (translation parallèle), défini par une pair $(A,B)$ des points distincts, est une transformation plane dans laquelle chaque point $M$ est "mappé???"... en faite je ne sais pas comment traduire la définition, mais il y a surement "équipolant", "application", "image" et tout le patata.
    En lisant la troisième définition, j'ai mal à la tête et je comprends rien :-D

    En algèbre, c'était aussi "maths moderne". Pour plus d'histoire, lire cette page avec google translate concernant la reforme : lien vers page google translate.

    Comme en France, cette folie est tombée à l'eau. Mais contrairement à la France, le pays a décidé de revenir vers une pédagogie plus classique. L'article est intéressante, parce que les résultats et les réactions sont identiques à ce qu'on observe en France. Par exemple, ils se sont inquiétés rapidement de l'image des maths dans la société et que la reforme allait ternir cette image et créer la méfiance, ainsi que l'élitisme que risquait créer cette reforme. Tient tient tien... cela vous dit quelque chose? ;-)
  • Un témoignage de prof de collège que j'aime bien. Ça commence à dater et c'est un peu long, mais c'est intéressant.
  • Ramon, le plus triste, et en cela Vorobichek n'a pas tort, c'est qu'ils progressent, ils apprennent. J'ai l'impression (sûrement fausse) d'être le premier à leur expliquer la manipulation des racines carrées et l'usage des parenthèses. Avec des exercices intensifs.
    Mais en TS c'est un peu tard!

    Il y a certainement beaucoup qui pourrait être fait au collège, même en gardant la structure de collège unique (auquel il vaudrait mieux par ailleurs renoncer pour permettre la gestion de classe), mais il faudrait pour cela augmenter les horaires (j'avais 6h de français en 6ème). Et diminuer les horaires des matières non fondamentales (franchement l'histoire des arts ... et même la physique en 6ème ...).

    Cordialement
  • @FdP,
    On a l'impression en France que tout ce qui ne sert pas à se remplir les poches est inutile et futile*.
    (la connaissance et la culture sont considérées comme futiles)
    Oui, il y a de ça. Par exemple la demande actuelle de faire la deuxième spé maths light en 1ière pour les élèves dont la future formation probable n'est pas CPGE/Licence scientifique. Pourquoi? C'est une perte d'argent si un matheux fasse des maths et puis devient un artisan boulanger???
    Vous avez commencé par mettre hors d'état de nuire tous les profiteurs qui avaient mis en coupe réglée le pays (avant 1917). C'est un préalable pour que les gens reprennent le contrôle sur la marche de la société.
    C'était plus complexe. Dans cette histoire, les profiteurs étaient Lenine et Staline. Leur partie n'était pas du tout populaire d'où la guerre civile entre les "blancs" et les "rouges". Lénine a profité de l'anarchie qui régnait dans le pays.
  • Merci Guego.
    Je vis exactement la même situation cette année avec une classe de 2nde, même si pas dans un lycée défavorisé, si ce n'est qu'aucun de mes "Mohammed" n'a encore agressé de "Majid".

    La seule solution que j'ai trouvée, essayer de donner du travail d'approfondissement à ma "Mamadou" la plus douée (mais j'ai visé trop haut puisque j'ai essayé de la lancer sur le niveau junior d'animath, mais sans aide elle se décourage, donc je vais revoir le niveau des fiches que je lui donne), et surtout consacrer l'heure hebdomadaire d'AP aux quelques "Mamadou" et "Mohammed" de la classe ; ils ont enfin compris que ce n'est pas une punition, mais un espace de liberté d'apprentissage, un temps pour eux où ils peuvent poser des questions sans être moqués.

    Je pense que cette problématique du collège unique est en train de gangrener aussi la classe de 2nde, et d'autant plus que, sous prétexte de la réforme du lycée et des emplois du temps compliqués qu'elle impose, cette année les classes ont été constituées par options : d'un côté les classes binationales et les classes euro ou à options, et d'un autre côté les classes de ceux qui ignoraient que dans le lycée de secteur pour petre dans une classe correcte il fallait choisir une option.

    J'ai renoncé à reprendre la main sur la totalité de la classe, et ne cherche plus actuellement qu'à "sauver" les élèves sérieux, qu'ils soient doués et prévoient la spé maths ou en difficulté avec un projet de bac techno.

    Mon collègue d'histoire-géo au conseil de classe du 1er trimestre l'a exprimé ainsi : "je suis désolé, mais je ne peux pas leur faire un cours de CM1 et le programme de 2nde"...
  • @Mathurin
    Ramon, le plus triste, et en cela Vorobichek n'a pas tort, c'est qu'ils progressent, ils apprennent. J'ai l'impression (sûrement fausse) d'être le premier à leur expliquer la manipulation des racines carrées et l'usage des parenthèses. Avec des exercices intensifs.
    Mais en TS c'est un peu tard!
    J'avais la même impression avec mes étudiants, BAC ES, en cours de Proba-stats. Je partais de zéro (la matière le permet), comme s'il n'avaient jamais vu ces choses au lycée, et cela fonctionnait très bien. Ils comprennent des choses non évidentes... mais semblent découvrir qu'on peut faire $\frac{1}{6}+\frac{3}{4} = \frac{2+9}{12}$ au lieu de $24$ comme dénominateur commun. Ils savent résoudre un problème en posant un système d'équations linéaires, parce que j'ai expliqué... mais savent pas le résoudre, parce que j'ai pensé qu'ils devaient le savoir en L2. Certains se souvenaient du cours de L1 avec les matrices et faisaient les opérations sur les lignes sans grand succès. Alors que la technique la plus simple, on exprime un inconnu en fonction de l'autre, leur est méconnu. :-(
    Et les mathématiciens de la fac me disent : il faut alléger ton programme, bah tu vois, ce sont des non matheux. Bah non, je ne vois pas!

    P.S. excusez moi, je n'aime pas résoudre les maths sur l'ordinateur... parce que je fais des erreurs bêtes. Erreur corrigé...
  • @Guego, un texte intéressant. L'auteur décrit bien le collège français, mais, à mon avis, ne pose pas les bonnes questions. Je vois 3 problèmes qui ont mené cette classe à l'échec entre début 6e et début 3e :

    1) De nombreuses punitions à l'efficacité zéro. La gestion et la mise en place de ces punitions sont lourdes et demandent du temps. Les punitions créent une ambiance malsaine d'Alcatras.

    2) Absence de soutient et de remise à niveau en début 6e. Les élèves avec des lacunes sont abandonnés.

    3) Notation inefficace dans le cas des lacunes lourdes qui ne fait que décourager les élèves. L'auteur dit que c'est un message tacite des professeurs "t'es nul!" envers ces élèves. Mais... il y a des professeurs qui le dise à haute voix ce qui est pour moi "faute grave".

    Et si au lieu de renoncer au collège unique, on penserait à combattre ces 3 problèmes? Vous allez me dire, m'est c'est ce que l'EN fait et cela ne fonctionne pas!!! Déjà l'EN le fait en partie et le fait mal. C'est la fameuse tendance française de changer sans changer.

    Pour le point 2) SNALC a proposé une bonne solution : collège modulaire où les élèves faibles suivent les cours de rattrapage en français et maths à la place de quelques cours peu importants. Pour le point 1) je pense qu'il faut tout simplement arrêter avec les punitions. De tout façon cela ne fonctionne pas, le monde ne s’écroulera pas! On garde le mot dans le cahier et convocation des parents, c'est tout. Par contre l'école primaire doit enseigner la discipline aux élèves... et aux parents. Pour le point 3) une note "non acquis" au lieu de "0/20-10/20" et cette note doit être rattrapable. Et aussi plus de notes dans le trimestre/semestre. C'est-à-dire instaurer un minimum syndical (10-15) pour chaque matière afin d'éviter les abus de certains professeurs.
    C'est le draft des propositions, tout cela est bien discutable...

    @Laurette,
    La seule solution que j'ai trouvée, essayer de donner du travail d'approfondissement à ma "Mamadou" la plus douée (mais j'ai visé trop haut puisque j'ai essayé de la lancer sur le niveau junior d'animath, mais sans aide elle se décourage, donc je vais revoir le niveau des fiches que je lui donne)
    J'ai le même problème. A mon avis, on ne peut pas lancer animath avant de pailler aux lacunes du collège (nombres, PPCM/PGCD, algo de décomposition en facteurs premiers, calcul littéral, puissances, racines carrées, équations et fonctions). Par exemple, donner à votre élève le cours du manuel de Lebossé sur les monômes/polynôme et le calcul littéral en demandant de faire des exos de ce livre. Votre excellent élève ne va pas s'ennuyer! Il y a aussi le cahier de vacance LLG pour les 2nd : par ici. Autrement dit, aller au dela du programme de collège en approfondissant les choses.

    Si l'élève écrit "je teste, je vois" au lieu des "soit $a \in \mathbb{R}$, il faut donner le vocabulaire mathématique.
  • Guego a écrit:
    Un témoignage de prof de collège que j'aime bien. Ça commence à dater et c'est un peu long, mais c'est intéressant.

    Ce témoignage me fait penser à deux chansons écrites vingt-cinq ans avant, une de Renaud et une de Gérard Manset.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Guego, un très beau texte qu'il faudrait faire lire au MEN, M Blanquer.

    Cordialement
  • Ramon : Et alors ?? Pourquoi parler de surnotation quand, et ce quelle que soit la moyenne (j'ai toujours du mal à comprendre comment des profs de maths ne pigent pas qu'une note est relative et pas absolue), malgré les avis des profs, les familles peuvent pousser à ce que leur gamin fasse un bac S (par exemple).
  • Bonjour,

    En lisant ce fil, je réalise que je dois beaucoup à ma prof de math de seconde et de première.

    Après m'être fait jeter de deux collèges en quatrième et troisième pour indiscipline, j'ai fait sport étude foot en seconde et première : cours le matin, foot tous les après-midis. Le niveau était homogène en foot (le bahu recrutait 15 élèves sur un quart de la France) mais en math le niveau n'était pas aussi homogène...

    J'avais donc 20/20 aux exos au premier trimestre de seconde. La prof de math n'a pas aimé ça : 'personne ne doit avoir 20/20'.

    Elle ajoutait donc un exercice de plus à ne faire que quand tous les autres ont été traité (j'étais le seul à m'y frotter). Elle me notait sur tous les exercices. Moyenne 16/20, puis 18/20... alors en première elle a rajouté dès le début deux exercices : moyenne 16/20.

    J'ai quitté sport étude pour des études générales... puis classes prépa... puis grande école.

    Faire progresser chaque élève me semble tellement évident que le collège unique est une belle connerie. Un gâchis. Une honte.
  • kioups a écrit:
    Ramon : Et alors ?? Pourquoi parler de surnotation quand, et ce quelle que soit la moyenne (j'ai toujours du mal à comprendre comment des profs de maths ne pigent pas qu'une note est relative et pas absolue), malgré les avis des profs, les familles peuvent pousser à ce que leur gamin fasse un bac S (par exemple)

    Peut-être parce que si les notes étaient plus basses, certains parents auraient mieux conscience qu'il n'est pas raisonnable que leur rejeton fasse un bac S. Si je ne connaissais rien aux maths de lycée mais que mon enfant avait 15 de moyenne en maths je ne comprendrais effectivement pas pourquoi les profs voudraient l'empêcher de faire un bac S. Toujours en n'y connaissant rien, s'il avait 8 en maths je comprendrais que ce ne semble pas raisonnable.

    Le surnotage joue pour beaucoup dans le fait que certains parents poussent pour aller outre l'avis des profs. Le surnotage joue pour beaucoup aussi dans le fait que le niveau des bacheliers est de plus en faible et que beaucoup d'élèves qui avaient des notes correctes en lycée se rétament dans l'enseignement supérieur : étant surnotés, les élèves ne se rendent pas compte que leur niveau n'est pas suffisant pour leurs ambitions.

    Par ailleurs, une note a quand même vocation à être plus absolue que relative, même si c'est évidemment impossible. Initialement, les notes ont pour but de montrer comment se situe dans l'élève dans son apprentissage. Donc, toujours théoriquement, un 12 en maths en première S devrait être une indication du niveau de l'élève et ce indépendemment de l'établissement dans lequel il est. Bien sûr qu'il n'est pas possible que ce soit le cas, mais les différences d'un 12 à l'autre devraient être minimes : disons qu'un 12 ne devrait varier qu'entre 10 et 14. Le fait qu'un 12 puisse signifier 5 ou 17 selon l'établissement dans lequel on est n'est effectivement pas normal.
  • Dans l'esprit des élèves un 14 ou un 15 est une bonne note.....l'aspect relatif est totalement éludé.....
    J'ai souvenance d'un prof de SVT dont la moyenne de classe était de 15 et qui atribuait comme appréciation: "Ensemble fragile" à des élèves qui avaient 16....Cela n'avait évidemment aucune crédibilité.....
    Mettre 15 à des élèves qui méritent au mieux 7 ou 8 est criminel car cela les berce d'illusions funestes.....mais il semblerait que de nombreux profs achètent ainsi la paix sociale avec la bénédiction des proviseurs et des zadjudants pédagogiques régionaux....
    Les @SchumiSutil et les @Badiste 75 qui ont le courage et la sincérité de ne pas mentir en affichant les prix réels, sont une espèce en voie d'extinction.....

    Aujourd'hui, le jour des résultats du Bac, les mentions TB concernent parfois jusqu'à 30% d'une classe et leurs profs se rengorgent comme des paons en se disant dans leur for intérieur "Qu'est-ce-que je suis bon !!!!! Tous mes élèves ont une mention !!! Je vais être bien vu et l'horizon vers la orklasss se dégage"......puis trois ou quatre mois plus tard, on apprend qu'une fraction non négligeable des mentions B ou TB du Bac est totalement larguée en L1 et a abandonné des études commencées en septembre....
    Humainement, l'effet est désastreux...mais Monsieur @Kioups est content de lui-même car 95% de ses élèves de Terminable ont eu le Bac.....HAKUNA MATATA !!!!!!
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Bah non, je ne m'en réjouis pas du tout.... Et malheureusement, j'ai des moyennes assez désastreuses en seconde comme en TS. Mais je ne vois pas le rapport avec la semoule...

    Je ne suis pas dans les cours de mes collègues de SVT ou anglais (au passage, il est très facile de trouver les barèmes pour les E3C...).

    Et je répète : des gamins à 8 de moyenne générale en 3ème peuvent se retrouver en TS tout en maintenant cette moyenne... Que des profs surnotent, c'est une chose, mais c'est loin d'être le seul problème...
  • J'ai un collègue de maths qui surnote pour acheter la paix sociale. Les collègues ne sont pas dupes (notamment en SVT ou SPC où ils sont bien loin des 15 de moyenne...), ils poussaient à ne pas faire S et on retrouvait quand même les gamins en S en septembre. La chute était brutale. Heureusement, certains avaient le réflexe de se réorienter assez vite... Maintenant, avec la disparition des filières, on a encore moins notre mot à dire...
  • Payer avec de la fausse monnaie finit toujours très mal....EDNAT me fait penser à la République de Weimar.....Bientôt, on verra des moyennes de classe de 2000000000000000000000000000000 et les bonnes zâmes démagogopédagogos nous dirons: "Vous voyez bien que le niveau monte !!!!!"
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Je viens de relire le texte de Michel Segal.

    Comme souvent, on reproche beaucoup au vilain collège unique, mais pour l'école primaire, c'est silence radio.

    Cela contredit mon expérience de père d'élève.
  • @gimax, il y a aussi le passage de collège vers lycée. Au collège un élève a 17/20 de moyenne, au brevet il a 80/100 ... et en seconde les notes chutent. Que doivent penser les parents? Ils pensent que c'est la faute du prof de lycée...


    @Ramon,
    Aujourd'hui, le jour des résultats du Bac, les mentions TB concernent parfois jusqu'à 30% d'une classe et leurs profs se rengorgent comme des paons en se disant dans leur for intérieur "Qu'est-ce-que je suis bon !!!!! Tous mes élèves ont une mention !!!!"......
    En soi, pourquoi pas! Même si c'est 50% des TB pourvu que les notes disaient vrai.
    et trois ou quatre mois plus tard, on apprend qu'une fraction non négligeable des mentions B ou TB du Bac est totalement larguée en L1 et a abandonné des études commencées en septembre....
    En Licence général (excepté double Licence), les B sont rares et les TB quasi inexistants. En général c'est 80-90% de L1 avec au plus Bac général mention AB.
  • aléa,
    il faudrait en dire plus.
  • Ramon : ah ben, je suis complètement d'accord...
  • Vorobitchek a écrit:
    En soi, pourquoi pas! Même si c'est 50% des TB pourvu que les notes disaient vrai.

    Malheureusement, la plupart de ces mentions sont bidons et ne reflètent pas le niveau réel de ces bacheliers.....
    Cela montre que le Mur de Berlin n'est pas encore tombé chez EDNAT....on y pratique toujours le culte des statistiques bidonnées.....mais cela n'aura qu'un temps....Un jour prochain, il faudra payer l'addition d'un demi-siècle d'impéritie...

    Désolé d'être politiquement incorrect, mais je trouve désastreux et minable de faire croire à certains élèves qu'ils seront médecins ou vétérinaires alors qu'ils peuvent au mieux prétendre à devenir clown d'hôpital ou toiletteur pour chien....
    Liberté, égalité, choucroute.
  • @mathurin: ce serait bien long.
    - sorties nombreuses et chronophages
    - manque de travail donné à la maison (heureusement qu'il y a maman qui donne du travail en plus)
    - projets clinquants et chronophages (genre on fait un film...)
    - enseignement de l'orthographe parcellaire
    et avec tout ça, le RASED bousillé par Sarkozy, comme indiqué par Vorobichek.
    Par contre, grand retour de la morale à l'école.
    Avec des idées éminents sympathiques et que j'approuve (tolérance, égalité des sexes, écologie).
    Mais le temps n'est pas extensible à l'infini.
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