Preuves par récurrence

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Réponses

  • Chaurien a écrit:
    qui se fonde sur l'inégalité : $\ln(1+x)\leq x$. C'est une inégalité de convexité,

    Avant $\ln(1+x)\leq x$ (ou $\exp(x)\geq 1+x$ sur laquelle s'appuie la fameuse preuve de Polya), il y a l'inégalité de Bernoulli qui est purement algébrique et qui contient cette force.
  • Chaurien a écrit:
    L'inégalité de Bernoulli, en dépit de sa simplicité, est vraiment très utile.

    Oui ! Pour tout entier $n\geq 1$ et tout réel $a>-1$, $(1+a)^n\geq 1+na$, c'est très fort !

    Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi dans le programme de TS il est écrit "pour $a$ réel strictement positif et tout entier naturel $n$" : on perd tout !
  • @Chaurien : Pour une référence, c'est mentionné dans "Inequalities" de Hardy-Littelwood-Polya et c'est fait complètement ici.
  • Soit $f\colon\N\to\N$ strictement croissante, telle que $f(2)=2$ et telle que :$$\forall(m,n)\in\N^2,\kern0.5em f(m\times n)=f(m)\times f(n).$$ Montrer que, pour tout entier naturel $n$, $f(n)=n$.
  • J'ai retrouvé de mémoire la méthode que j'évoquais pour la démonstration par récurrence « banale » de l'inégalité des moyennes arithmétique-géométrique (voilà que je me mets aussi aux qualificatifs !). On suppose que l'inégalité est vraie pour $n$ nombres réels positifs et l'on considère la fonction $x \mapsto f(x)=\frac {a_1+a_2+...+a_n+x}{n+1} -(a_1a_2...a_nx)^{\frac1{n+1}}$. En dérivant la fonction $f$ on voit qu'elle admet un minimum pour $x=(a_1a_2...a_n)^{\frac1{n}}=g$. L'hypothèse de récurrence dit que $a_1+a_2+...+a_n \ge ng$, et l'on en conclut, pour tout $x>0 $ : $f(x) \ge f(g) \ge 0$.
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
  • Une petite infidélité à la récurrence, pour rappeler une démonstration de l'inégalité des moyennes arithmétique-géométrique, rencontrée dans un livre de Lefébure de Fourcy, dont on parle dans le fil sur Galois.
    Pour deux réels $x_1$ et $x_2 $ distincts il est bien clair que : $x_1x_2<(\frac {x_1+x_2}2)^2$.
    Soit un entier $n \ge 2$ et un réel $S>0$. Soit $K$ l'ensemble des $(x_1,x_2,...,x_n) \in \mathbb R^n$ tels que $x_i \ge 0$ et $x_1+x_2+...+x_n=S$. Si le produit $x_1x_2...x_n$ admet un maximum sur $K$, ce ne peut être en un point où l'un des $x_i$ serait nul, car ce produit prend des valeurs $>0$, et ce ne peut être en un point où deux des $x_i$ seraient distincts, car alors en les remplaçant par leur moyenne arithmétique, on augmenterait strictement le produit. Ce maximum ne peut donc exister qu'en un point $(x_1,x_2,...,x_n)$ où tous les $x_i$ sont égaux, et donc égaux à $\frac Sn$, point unique. Ce qui prouve que $x_1x_2...x_n \le (\frac {x_1+x_2+...+x_n}n)^n$, égalité si et seulement si les $x_i$ sont tous égaux.
    À cette démonstration incomplète du brave Lefébure de Fourcy, j'ajoute que l'existence de ce maximum sur $K$ est assurée car $K$ est compact et l'application $(x_1,x_2,...,x_n) \mapsto x_1x_2...x_n$, de $ \mathbb R^n$ dans $ \mathbb R$, est continue, ce qui permet de conclure.
    J'avais parlé à ce propos « du bon usage des théorèmes d'existence » car c'était un exemple d'une situation où si l'on sait qu'un extremum existe, alors il devient facile de le déterminer.
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
  • @Chaurien :
    Merci d'avoir pris le temps de lire ma preuve.
    Cordialement.
  • Mais de rien, Nahar, j'ai toujours plaisir à prendre connaissance d'une idée mathématique nouvelle pour moi.
    Bien cordialement,
    Fr. Ch.
  • Fait "arithmético-géométrique" : si $a$ et $b$ sont des réels strictement positifs et $n$ un entier naturel non nul, le terme de rang $n$ de la suite géométrique $(u_n)$ de premiers termes $u_0=a$ et $u_1=b$ est supérieur ou égal au terme de rang $n$ de la suite arithmétique $(v_n)$ de premiers termes $v_0=a$ et $v_1=b$, ce qui s'écrit :$$a\times\left(\frac ba\right)^n\geq a+n(b-a).$$ C'est une conséquence de l'inégalité : pour tout réel $x>-1$, $(1+x)^n\geq 1+nx$, en prenant $x=b/a-1>-1$ et en multipliant par $a>0$, ou encore de l'inégalité : $b^n-a^n=(b-a)(b^{n-1}+\cdots+a^{n-1})\geq na^{n-1}(b-a)$ qu'il suffit de diviser par $a^{n-1}>0$.

    Ainsi, pour tout entier naturel non nul $k$ et tous réels $a$ et $b$ strictement positifs, $$\frac{b^k}{a^{k-1}}\geq kb-(k-1)a.$$ On en déduit l'inégalité arithmético-géométrique : pour tout entier naturel non nul $n$ et tous réels strictement positifs $a_1,\dots,a_n$, notant $G_k$ la moyenne géométrique des réels $a_1,\dots,a_k$ pour tout $1\leq k\leq n$ et posant $G_0=1$, $$\frac{1}{n}\sum_{k=1}^n a_k=\frac{1}n\sum_{k=1}^n\frac{G_k^k}{G_{k-1}^{k-1}}\geq \frac{1}n\sum_{k=1}^n kG_k-(k-1)G_{k-1}=G_n.$$
  • Autre propriété de la suite de Fibonacci, définie par $F_0=0$, $ F_1=1$ et pour tout $ n \in \mathbb N$ : $F_{n+2}=F_{n+1}+F_{n}$, et qui nécessite une récurrence à un moment ou à un autre.
    $\bullet$ Démontrer qu'il n'existe pas $ m \in \mathbb N^*$, $ n \in \mathbb N^*$, $ p \in \mathbb N^*$ tels que : $F_m^2+F_n^2=F_p^2$.
    Bonne nuit.
    Fr. Ch.
  • Pour démontrer (par récurrence) l'inégalité entre les moyennes arithmétique et géométrique, on peut se contenter d'étudier la fonction $f\colon\mathbb{R}_{+}\longrightarrow\mathbb{R}$ définie par
    \begin{equation*}
    f(x)=\Bigl(\frac{a_{1}+a_{2}+\dotsb+a_{n}+x}{n+1}\Bigr)^{n+1}-a_{1}a_{2}\times\dotsb\times a_{n}x.
    \end{equation*}

    Il en avait des bonnes idées, J. Liouville ...
  • Oui, Eric, j'ai donné cette méthode plus haut, avec une fonction qui n'est pas tout à fait la même. Comme j'ai dit, j'avais trouvé ça dans une ancienne revue trouvée à la BU de Jussieu, il y a des années, mais je ne sais plus où j'ai mis ça. C'était peut-être le Journal de Liouville. J'avais posé cette question en Math. Sup. C'est un bon exercice.
    Bonne journée.
    Fr. Ch.
  • Ref biblio :
    Joseph Liouville, Sur la moyenne arithmétique et la moyenne géométrique de plusieurs quantités positives, Journal de Mathématiques Pures et Appliquées, 1839, vol. 1, n. 4, p. 493-494 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k16383z/f7.image .

    Je l'avais vu dans un bouquin de Springer spécialisé dans les inégalités, peut-être bien Analytic Inequalities de Mitrinovic https://www.springer.com/gp/book/9783642999727 .

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  • Oui en effet ce journal est aussi connu en France sous le nom de Journal de Liouville.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Journal_de_mathématiques_pures_et_appliquées
    La bibliothèque de mathématiques de Jussieu est très riche en revues, et j'y avais trouvé cette démonstration, sans doute dans ce journal, à une époque où Internet n'existait pas, non plus que Numdam. J'en avais fait un énoncé pour ma classe de Math Sup car cette démonstration utilise une étude de fonction, plus un raisonnement par récurrence, ce qui est vraiment dans le cœur du programme, et fournit un résultat très intéressant.
    Bonne journée.
    Fr. Ch.
  • À noter que pour tout entier $n>1$ et tout réel $x\in\mathopen]-1,0\mathclose[\cup\mathopen]0,+\infty\mathclose[$, $(1+x)^n>1+nx$. Cela permet de traiter le cas d'égalité dans l'inégalité arithmético-géométrique.

    Il était question de l'inégalité [arithmético-géométrique/des moyennes arithmétique et géométrique/de Cauchy] dans la partie A (en A.II) de la première composition du CAPES externe de 2004. Trois méthodes évoquées précédemment étaient proposées, dont la preuve de Cauchy. Très astucieuse, cette dernière a cependant le mérite d'être élémentaire : pas de dérivation ni de continuité/compacité. On aurait pu y voir figurer une démonstration par l'inégalité de Bernoulli établie en A.I, tout aussi élémentaire que la preuve de Cauchy et peut-être moins astucieuse. D'autant plus que l'inégalité arithmético-géométrique me semble fortement rattachée à la suivante : $$\forall n\in\N^*,\kern0.5em\forall(a,b)\in(\R_+^*)^2,\kern 1em \frac{b^n}{a^{n-1}}\geq nb-(n-1)a$$(avec inégalité stricte si $n>1$ et $a\neq b)$.

    On trouvera l'énoncé ici : CAPES externe 2004 - Première composition et un corrigé par J.-E. Rombaldi ici : Corrigé

    Cela rejoint également le fil "Fonction exponentielle". Attention cependant au lemme 17 des compléments dans le corrigé (p. 21) : pour tous $x>0$ et $n,p$ dans $\N^*$,$$\left(1+\frac xn\right)^n\leq \sum_{k=0}^n \frac{x^k}{k!}\leq \left(1+\frac x{n+p}\right)^{n+p}$$ via la formule du binôme. L'inégalité de droite est fausse : par exemple, pour $n=2$ et $p=1$, elle n'est valable que si $x\geq 4{,}5$.
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