Pourquoi enseigner les mathématiques ?

[Discussion scindée à partir de celle-ci]

La question fondamentale est surtout: pourquoi enseigner les maths ? Et la question corollaire: quoi enseigner pour des élèves qui ne se destinent pas à faire des maths dans le supérieur ?

C'est un peu vain de réfléchir sur les programmes de collège/lycée sans but et ligne directrice...
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Réponses

  • Il y a plusieurs aspects : formation de l'esprit au raisonnement, l'utilitaire, la sélection, l'intérêt scientifique, la préparation à la poursuite d'études scientifiques etc.

    J'ai repéré un ouvrage du prof cité ici (Walusinski) que j'aurais bien aimé lire ( https://excerpts.numilog.com/books/9791037636454.pdf ) mais je n'ai pas trouvé de version entièrement numérisée. Si quelqu'un ...
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Héhéhé : +1.(tu)
  • L'enseignement des mathématiques qui formerait l'esprit des gens au raisonnement?
    Je ne parviens pas à me décider s'il s'agit de naïveté ou de l'escroquerie intellectuelle.
    .
    En quoi les mathématiques aident les gens dans leur vie de tous les jours à prendre des décisions ?
    Arrêtent-ils de jouer au loto?

    Une controverse scientifique récente a montré que ce n'est pas la rationalité qui domine mais la croyance et une forme de fanatisme que je croyais à tort être réservé à des sectes.

    On voit un phénomène hallucinant se produire: ce n'est pas celui qui affirme quelque chose qui doit en fournir la preuve mais ceux qui contestent la réalité de ce quelque chose qui doivent démontrer que ce quelque chose est faux.
  • Pour illustrer ce que dit Héhéhé :

    Vers 1960, la vieille idée que pour faire des études supérieures (*) il fallait avoir fait du latin commence à perdre de son poids au profit de "il faut faire des sciences". Les mathématiciens font une grande campagne de promotion des maths qui aboutit à deux effets :
    * la révision des programmes de maths, pour être à la page ("moderne")
    * la création des classes C et D, qui deviendront les classes de bons élèves (**), avec une forte composante mathématique (celles que pleurent certains ici, oubliant qu'il y avait plein d'autres élèves ailleurs). Les parents veulent que leurs enfants fassent C, comme autrefois ils voulaient qu'ils fassent du latin.

    Un effet corrélatif sera la multiplication des écoles "d'ingénieurs" (création des INSA, par exemple) et des formations techniques post-bac (IUT).

    Depuis, aucun gouvernement n'a défini de politique éducative globale; personne ne sait vraiment pourquoi on doit faire des maths, et même chez les professionnels des maths (chercheurs, enseignants, praticiens, ..) il n'existe plus de consensus.

    Cordialement.

    (*) sauf pour les ingénieurs, souvent formés au départ dans les grandes écoles techniques comme Cluny.
    (**) j'ai eu en terminale C une élève rétive aux maths (3 au bac) qui a eu son bac grâce à son 18 en philo et ses notes de langue et français.
  • Oui, un peu comme la grammaire permet de mieux construire ses phrases. La capacité à mieux articuler sa pensée notamment avec la démonstration. C'est quelque chose qui transparaît dans les textes de l'époque.

    Sur ta remarque FdP, je crois que tout le monde ici connaît ton rapport à la logique qui s'exprime hélas dans ce que tu racontes.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Pas d'accord avec FdP.
    La rationalité n'est pas le mode par défaut du fonctionnement de l'esprit, oui.
    Une formation en maths ne change pas ça, mais permet l'activation du mode rationnel.
    (Le coût d'activation n'est pas nul, le conflit entre la croyance et la rationalité réactivée peut être violent).
  • Fdp il ne t'aura pas échappé que le professeur n'agit pas de concert avec d'autres forces que l'on appelle publicités, télévision, réseaux sociaux, gouvernement, fanatismes et addictions en tous genres...

    Tout ceci est bien trivial et pourtant.

    "Ça sert à quoi les maths ?????? "
  • On en a déjà parlé ici je pense.
    Les mathématiques étaient censées être une matière qui n'était pas marquée sociologiquement.
    Des gens ont estimé que ce serait un instrument plus juste (comprendre qui va dans le sens de la justice sociale) que le Latin, le Grec pour exercer la sélection.

    C'était peut-être vrai au départ, mais rapidement les membres des classes dominantes de la société ont maîtrisé ces savoirs et la reproduction sociale a repris le dessus.

    Par ailleurs, les gens qui ont pris cette décision étaient soit ignorants des mathématiques, soit des experts mais toujours est-il qu'ils n'ont pas été conscients du fait que les mathématiques ne sont pas plus faciles à apprendre que le Grec ou le Latin (voire plus difficiles, il ne suffit pas d'apprendre du vocabulaire)
    XAX a écrit:
    Sur ta remarque FdP, je crois que tout le monde ici connaît ton rapport à la logique qui s'exprime hélas dans ce que tu racontes
    La phrase bien fielleuse digne du parfait politicard manipulateur.
    Quelles sont tes contributions mathématiques sur le forum?

    PS:
    Je ne vois pas ce que la logique a à faire dans le fait que c'est celui qui affirme qui doit fournir une preuve digne de ce nom.

    PS2:
    Alea a écrit:
    Le coût d'activation n'est pas nul, le conflit entre la croyance et la rationalité réactivée peut être violent

    J'en suis conscient mais cela n'explique pas à mon sens cette montée brutale d'une forme de fanatisme quasi-religieux.
    (je m'intéresse à ce phénomène et j'espère qu'il fera l'objet d'étude parce que je n'ai pas le souvenir d'avoir vu un truc pareil, de cette intensité-là)
  • C'est sûr qu'il n'y a aucun consensus sur le sujet. Pour ma part, ça ne me choque absolument pas qu'on arrête de faire des maths au lycée, comme ça ne me choque pas qu'on ne fasse plus d'histoire-géo, et je ne vais pas pleurer si on supprime la philosophie pour certains élèves.

    De mon point de vue, le collège est là pour donner des bases généralistes, le lycée non. En sortant de collège, il est important de maitriser le calcul numérique de base, les pourcentages, les fractions, un peu de géométrie et un peu de statistiques et de probabilités, et je pense que c'est à peu près tout.

    Par contre, le lycée doit être plus spécialisé, il est important d'étudier de manière exigeante afin de "monter en gamme intellectuellement", peu importe si c'est en étudiant le calcul différentiel, la poésie du XIXème siècle ou la microéconomie.

    Penser que qu'un domaine X est l'alpha et l'omega de la pensée intellectuelle est à mon avis une erreur, et nous autres matheux sommes très forts pour penser que notre matière est au-dessus des autres vis-à-vis de la formation intellectuelle, il suffit de voir de nombreux messages sur le forum défendant l'idée que le raisonnement logico-mathématique prévaut par rapport à n'importe quel raisonnement intellectuel d'une autre discipline.

    Malheureusement, le lycée n'a jamais été aussi généraliste (et pour moi la nouvelle réforme accentue encore plus cela, le tronc commun a un volume horaire plus important que les spécialités...), ce qui conduit à un saupoudrage de matières au volume horaire faible et au contenu creux.
  • Cela ne me choquerait pas qu'on ne fasse plus de mathématiques au lycée mais cela me choquerait qu'il n'y ait plus du tout d'enseignement de l'histoire-géographie.
    Je suis sûr qu'il y a plus de monde au Collège de France pour assister à une conférence sur l'archéologie que sur les mathématiques.

    PS:
    Désolé me de répéter.
    Pierre Samuel a écrit:
    On a noté que la pratique des mathématiques induit souvent une rigidité d'esprit, une incapacité à traiter des situations floues et mal axiomatisables; partout, le mathématicien a tendance à chercher, ou à réclamer, "des critères nets et indiscutables".

    http://sites.mathdoc.fr/PMO/PDF/S_SAMUEL-141.pdf (la citation apparait à la page 2 de cette brochure des années 70 où il est aussi question des "mathématiques modernes")
  • Et il y a encore plus de monde au Stade de France pour assister à un match de foot. On devrait avoir 10h. de foot hebdomadaires au lycée.
  • GBZM: Savoir jouer au foot cela aide à comprendre comment s'est constituée la société contemporaine?

    PS:
    Et il y a des cours de mathématiques à la mi-temps qui sont dispensées au stade de France?
  • "En sortant de collège, il est important de maitriser le calcul numérique de base, les pourcentages, les fractions, un peu de géométrie et un peu de statistiques et de probabilités, et je pense que c'est à peu près tout."

    Pourquoi est-ce "important" ? Des tas de gens qui ne maîtrisent rien de tout cela (parce qu'ils ne l'ont jamais fait ou parce que cette maîtrise a été perdue) vivent aussi bien que des tas de gens qui maîtrisent tout cela.
    Et même plus (ou pire) : maîtriser cela n'empêche nullement de se tromper ! Des polytechniciens, Centraliens ou Normaliens (pour ne citer qu'eux) qui ont maîtrisé cela et ont fait des conneries à la tête de grandes entreprises ou d'institutions publiques, on en a moult exemples...


    "Penser que qu'un domaine X est l'alpha et l'omega de la pensée intellectuelle est à mon avis une erreur, et nous autres matheux sommes très forts pour penser que notre matière est au-dessus des autres vis-à-vis de la formation intellectuelle, il suffit de voir de nombreux messages sur le forum défendant l'idée que le raisonnement logico-mathématique prévaut par rapport à n'importe quel raisonnement intellectuel d'une autre discipline."

    Oui :-) !
  • Avec 10h de foot hebdomadaire, on pourrait développer le sens du collectif dans une société qui tend de plus en plus à l'individualisme. Et avoir des individus en bien meilleure santé, donc faire faire d'immenses économies à l'état (et nos impôts :-(). Etc.
    Bref, quand on cherche, on trouve toujours des tas de justifications à tout et n'importe quoi, y compris aux maths :-D.
  • Jean-Claude Milner, De l'école :
    Au lieu de demander « Est-ce utile d'enseigner truc ? » il vaut mieux demander « Est-ce nuisible d'enseigner truc ? »
  • Après le texte indiqué par C. Quitté de R. Bkouche, de https://www.sauv.net/bkouche1.php, j'en ai trouvé un autre sur le site de Michel Delord qui est "plus dense" et qui comporte un bibliographie intéressante, ainsi que des ouvertures rarement évoquées sur la question de la fragmentation sociale de la formation (travaux de Charlot, le sociologue) http://michel.delord.free.fr/rb/rb-ens_math_fr.pdf

    C'est très intéressant car il balaye toute la période jusqu'à la contre réforme des années 80. Il indique que l'enseignement des mathématiques navigue entre l'illusion langagière (le formalisme excessif), l'activisme pédagogique (le pédagogisme) et la construction de l'intelligibilité du monde (la culture et l'histoire des sciences).
    Les formulations entre parenthèse sont de moi, mais elle sont explicites dans le texte de R. Bkouche. En fait l'enseignement des maths doit trouver sa voie entre ces trois écueils.

    Autre chose intéressante, qui elle est plus implicite bien qu'il renvoie aux travaux de sociologues, l'humanisme de la réforme a eu un effet inverse, et dans le texte sur le site sauv.net, il développe une vision particulièrement noire de l'enseignement.
    À savoir qu'il n'y a plus dans les faits une volonté de démocratiser l'enseignement qui date de la réforme des maths modernes, et cela est en germe dans la loi Fouché de 63. La conjonction du ralentissement économique (l'escalator social s'arrête), de la démoralisation qui suit une réforme échouée, d'une renoncement politique à la démocratisation voit arriver naturellement ce que R. Bkouche appelle l'activisme pédagogique, que nous nommons "pédagogisme".
    Personnellement je suis convaincu que Meirieu et sa bande de bons à rien n'auraient pas autant percé si ne s'était pas ajouté à cela la dénormalisation de l'enseignement. Le pédagogisme est plus une maladie opportuniste due au renoncement politique qu'un mouvement propre et conquérant. Il a été favorisé car sous prétexte de "centrage sur l'élève" il a fait le sale boulot de stratification éducative nécessaire lors de l'abandon de la démocratisation de l'enseignement. Ce n'est pas pour rien que l'on accole à ce mouvement "l'enseignement de l'ignorance".

    D'autre part il indique que le rapport à la connaissance a changé notamment dans le désintérêt que les élèves pour les maths (y compris et surtout pour ceux qui font une filière scientifique). C'est un fait dont personnellement je n'avais pas conscience, en TC dans les années 80 et dans les classes d'avant, même les cancres manifestaient un minimum de curiosité.

    Ces textes restent centrés sur la période maths modernes (avant, pendant et juste après) et n'examinent pas l'effondrement contemporain. R. Bkouche est co-rédacteur d'un livre ultérieur "les programmes scolaires au piquet" qui examine le délabrement de l'enseignement à travers l'étude de ceux-ci.

    gerard0 : "En conclusion : On aurait pu avoir une vraie formation scientifique en secondaire, malgré l'échec des "maths modernes", si la société française l'avait voulu. Certains pays asiatiques en témoignent. "
    Oui, et pas qu'asiatiques. Le marasme éducatif de la France lui est spécifique, et si ce fil de part la nature du thème abordé s'arrête avant l'effondrement de ces 20 dernières années, il n'en reste pas moins que le drame s'est joué à la fin de la contre reforme MM (1985-1995) où l'on passe formellement de la TC à la TS, et où l'enseignement est dénormalisé au profit des IUFM.

    Pour l'économie ce ratage a été dramatique. Il s'est accompagné de l'émergence et maintenant de la prépondérance des "écoles de commerce"(le diplôme payant pour une seule vision mercantile) dont les ressortissants concurrencent les ingénieurs dans les emplois de cadres alors que c'était inenvisageable il y a 30 ans.

    Autre point : je n'ai jamais cru que "mai 1968" ou d'autres explications monolithiques selon les marottes des uns ou des autres aient pu avoir une quelconque influence, c'est de la poudre aux yeux qui masque des phénomènes plus profonds et plus complexes.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • XAX a écrit:
    Pour l'économie ce ratage a été dramatique

    Qu'est-ce que cela veut dire dans ce contexte?
    XAX a écrit:
    Il s'est accompagné de l'émergence et maintenant de la prépondérance des "écoles de commerce"(le diplôme payant pour une seule vision mercantile) dont les ressortissants concurrencent les ingénieurs dans les emplois de cadres alors que c'était inenvisageable il y a 30 ans.

    Je ne saisis pas le rapport avec l'enseignement des mathématiques.

    Mais par ailleurs, Il ne t'aura pas échappé que sur les 30 ans dont tu parles l'économie française a été profondément modifiée: la France s'est désindustrialisée (le textile, l'industrie du jouet, la sidérurgie.....délocalisés) et le secteur tertiaire est devenu le principal secteur d'activité économique par le nombre de salariés qui le compose.
  • @FdP pour la désindustrialisation j'en sais quelque chose personnellement ... j'épilogue pas car c'est HS. Pour le reste c'est pourtant simple à comprendre : la baisse des effectifs en sciences. L'énorme blague "il n'y a pas de candidats Capes / Agreg parce qu'il a de meilleures carrières avec les mêmes diplômes" qui est ressortie dans tous les fils ne tient même pas compte du fait qu'il n'y a plus d'effectifs ! Il reste assez pour les ingés et apparentés, mais c'est tout (je rappelle que les taupins ne représentent même pas 50% des ingés, les filières universitaires générales ou techniques, l'alternance, la reprise d'études et les cursus post-bacs étant devenus majoritaires dans les recrutements, même si la pornographie sociologique par nature très exhib' reste très voyante).
    Et cela c'est directement du au crash scientifique qui a joué en 2ème temps, après la contre réforme MM 1985-1995.

    Comme il n'y a plus de recrutements possibles dans certaines disciplines, à commencer par les maths, on diminue les volumes. Par contre on a augmenté la philo de 1 à 2h en terminale pour tout le monde ...

    Voilà, c'est un peu le fil que je vois aujourd'hui au regard de nouvelles lectures sur les MM, dont la sortie mal négociée a abouti au crash, alors qu'une reprise de régime aurait été possible; c'est dans ce fil aussi l'avis de gerad0 qui a plus d'expérience que moi à la fois comme enseignant et élève de l'ancienne période.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Entre les maths "modernes" post 68 et le n'importe quoi post Jospin-Allègre, il y a eu les années 80 qui avaient conservé quelques éléments raisonnables de théorie des ensembles ainsi qu'une vraie rigueur et une exigence de haut niveau sans toutefois verser dans l'abstraction délirante. La TC 1988 est tout de même nettement supérieure à la TS 2020, même si certaines bonnes zâmes n y voient que des vieilleries....Désolé, mais je préfère les ékwadiphes du second ordre à coefficients constants, les courbes paramétrées, les coniques, le produit vectoriel à DIST NORM NCD, aux zintervalles alakhon au seuil de 95% et aux misérables algorithmes où on demande de compléter des pointillés après un "tant que".
    Au collège, on parlait de classes d'équivalences et on définissait les vecteurs en utilisant cette notion....quant aux calculs du type $\frac{4}{5}-\frac{2}{7}$, nos cerveaux étaient câblés depuis le CM2 pour les effectuer de tête....
    [Modéré]
    Liberté, égalité, choucroute.
  • XAX a écrit:
    Comme il n'y a plus de recrutements possibles dans certaines disciplines, à commencer par les maths, on diminue les volumes.

    Les volumes de quoi?

    Je n'ai toujours pas compris en quoi le fait que l'intérêt pour les mathématiques des gens soit au plus bas impacte économiquement notre pays.

    Alors qu'on voit des étudiants qui ont un bon niveau d'études essayer de rentabiliser au mieux leur diplômes en choisissant des carrières professionnelles qui proposent un salaire attractif à l'embauche.

    Si le marché du travail avait besoin d'un tel volume de jeunes diplômés en sciences on verrait les salaires devenir très attractifs et cela aurait un impact direct sur le choix des études.

    Je pense qu'il y a un lien de cause à effet entre la désindustrialisation en France et le désintérêt croissant pour les mathématiques et les sciences en générale. Ce lien n'explique peut-être pas tout, mais je suis persuadé que ce lien existe.
  • @FdP bien sûr que ce lien existe, il a été analysé par l'historien Pierre Vermeren dans le bouquin dont j'avais conseillé la lecture à ce propos ("La France qui déclasse") et que tu as d'ailleurs lu.

    Le lien est très simple : il y a une proportionnalité assez grossière entre le niveau éducatif d'un pays et sa situation économique, même un économiste sait ça :-)
    Le MINEDUC ne s'en est pas vanté, l'OCDE lui a tapé dans la gueule pas uniquement en raison d'une stratification éducative totalement excessive, mais aussi parce que le taux de scolarisation des 15-24 ans avait diminué ... cas unique des pays membres d'ailleurs ...
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  • XAX a écrit:
    Le lien est très simple : il y a une proportionnalité assez grossière entre le niveau éducatif d'un pays et sa situation économique, même un économiste sait ça

    Et en France on ne délivre que des diplômes de master, de doctorat qu'à des étudiants ayant suivi un cursus scientifique?

    Parmi mes amis, une est docteure en musicologie et l'autre doctorant en lettres modernes. Tu veux leur expliquer qu'ils ont un niveau d'étude très bas parce qu'ils n'ont pas étudié la physique, les mathématiques, la chimie après le bac?

    Le livre dont tu parles, je ne l'ai hélas pas encore lu.
  • @Ramon : J'ai navigué un peu sur le forum (j'ai pas tout lu, évidement donc si jamais tu as déjà répondu à la question qui va suivre je ne l'ai pas vu et je m'en excuse !) et je t'ai assez souvent lu pester contre les dernières réformes sans forcément apporter de solutions... Quelle serait donc la solution selon toi ? Autrement dit : qu'est-ce qui selon toi ne va vraiment pas et mériterait d'être "réformé" et comment le réformerais-tu ? Quels seraient les objectifs de ta "réforme" à la fin du collège et à la fin du lycée ?

    Même question pour @xax avec en plus la question suivante (au vu de ta compréhension nouvelle qui s'est semble-t-il faite au cours de ce fil) : en quoi penses-tu qu'il soit/était aussi important de faire des mathématiques, notamment au collège ? Ne serait-il pas mieux de faire des mathématiques simples (opérations élémentaires, géométrie élémentaire sur les figures usuelles) au collège afin de s'assurer des élèves une maitrise de ces sujets ? Et ne serait-il pas mieux de spécialiser les mathématiques (et les sciences en générales) aux lycées pour ceux qui feront alors des sciences plus tard et qui de fait choisiront de faire, en particulier, des mathématiques ?

    @Fin de partie tu sembles prendre le parti des questions que je pose au-dessus (sauf si j'ai mal compris, auquel cas tu peux me reprendre et m'expliquer mieux !) et j'aimerais que tu détailles ton avis.



    Remarque: j'arrête pas de me prendre cette erreur MySQL (et c'est assez énervant): Illegal mix of collations (latin1_swedish_ci,IMPLICIT) and (utf8_general_ci,COERCIBLE) for operation '=' (1267)
  • dp a écrit:
    Quelle serait donc la solution selon toi ? Autrement dit : qu'est-ce qui selon toi ne va vraiment pas et mériterait d'être "réformé" et comment le réformerais-tu ?

    Revenir aux programmes des années 80 et à un bac de haut niveau.
    Revenir à une sélection drastique: 30% d'une classe d'âge au lycée comme c'est le cas dans de nombreux pays européens.
    Reinstaurer redoublements et paliers d'orientation, promouvoir les fillières d'apprentissage.
    Promouvoir le mérite et valoriser le travail.
    Exiger le calme et la discipline dans les salles de classe. On ne travaille pas correctement dans le bordel.
    Sanctionner sévèrement les perturbateurs.

    Il n y a rien d'extravagant dans ce que je demande ici....
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Intéressant. Mais comment rendre, dans un monde qui est encore plus mondialisé qu'a la fin du siècle dernier, les filières d'apprentissage intéressantes quand on sait et qu'on voit arriver la robotisation à l'aide d'IA d'une grande partie des "travails" qui sont en apprentissages aujourd'hui et sûrement encore plus à l'avenir ?
  • @dp un des intérêts du sujet de ton fil est qu'il permet effectivement de mieux penser l'évolution de l'enseignement des maths depuis "l'époque contemporaine" c'est à dire lorsque la France arrive au régime de croisière de la secondarisation dans les années 70 jusqu'à maintenant.

    Si le constat actuel est que la France n'arrive plus à former sa jeunesse comme elle le devrait (résultat tout juste moyen dans l'OCDE, avec de très fortes inégalités, et une préoccupation majeure pour les élèves qui arrivent au collège après l'effondrement du primaire) est globalement partagé, ma lecture d'analyses variées révèle en fait une conjugaison de facteurs plus nombreux et interagissant de façon plus complexe que les traditionnelles explications monolithiques (en général à bouc émissaire).
    Sur cette situation, un enchaînement assez impressionnant de mauvaises décisions a vu le jour, ou des résultats de réformes qui ont abouti au stricte inverse de leurs ambitions (par exemple en primaire l'instauration de la semaine de 5 jours légers, de très loin la plus efficaces, a fini par 4 jours hebdomadaires chargés avec des longues périodes de vacances sources inefficacité mnésique).

    Il serait possible d'agir très efficacement en s'assurant que le niveau en fin de CM2, pour l'entrée en 6e, est bon. Je tire cette préconisation du fait que la bonne réussite, à l'heure, du niveau licence, ne dépend que de ce niveau (l'incidence sociale, et c'est remarquable, est nulle sous ces conditions). Donc en quelque sorte s'assurer de bonnes conditions initiales.
    En terme de coût également, ce serait à budget constant.

    Cependant une telle préconisation, qui évidemment a déjà été faite car ce serait la plus efficace, a peu de chance d'être réalisée, cela équivaudrait à une obligation de résultats sur les savoir fondamentaux de l'école primaire qu'il faudrait revoir selon le modèle des années 80. Ce serait donc pour les plus gros syndicats d'instituteurs un casus belli d'une part, et d'autre part cela exposerait leurs propres enfants à une concurrence qu'évidemment ils ne voudraient pour rien au monde voir ressurgir (l'escalator social étant à l'arrêt).

    Ma vision est donc devenue assez pessimiste, je ne crois pas qu'il y aura une amélioration, mais une stagnation dans l'à peine moyen, avec de fortes inégalités et une fraction significative de la jeunesse qui restera définitivement aux marges de l'emploi et de la vie sociale, les récipiendaires des minimas sociaux, et encore quand les gens susceptibles d'y avoir droit le demandent, n'étant pas comptabilisés comme chômeurs, cela restera sous le tapis. Tout comme les "autoentrepreneurs" qui vivotent à 800 € par mois, les temps très partiels etc.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • @dp.
    De nombreux pays ont développé une fillière d'apprentissage de qualité conduisant à des emplois intéressants.
    En mai 2018, je buvais un verre au bord de Lac de Neuchâtel en Suisse et j'entendais la conversation de la table voisine où trois jeunes apprentis en horlogerie évoquaient avec confiance et optimisme leurs perspectives d'embauches...

    Mieux vaut un apprentissage qui débouche sur un emploi intéressant et bien payé qu'un traîne-savate obtenant le Bac au forceps grâce à la démagogie d'EDNAT, incapable de se lever à 7 heures du matin et qui finit par échouer dans un amphi sale et bondé où il sera largué dès la première heure de cours... son seul débouché sera l'Oncle Paul (Emploi) et ses belles histoires... aux frais du contribuable...

    [Suppression d'une image sans rapport. AD]
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Ramon a écrit:
    De nombreux pays ont développé une fillière d'apprentissage de qualité conduisant à des emplois intéressants.

    Quels pays?

    Par ailleurs, de quel apprentissage parles-tu? En France, on peut, par exemple, obtenir un diplôme de master en ressources humaines en étant en apprentissage (c'est un exemple que je connais)
  • @xax
    Dans ce cas là, ne faudrait-il pas que les "sachants" proposent (si possible gratuitement) à tous (merci internet pour cela) des contenus pédagogiques de "haut niveau" ou du moins d'un niveau plus élevé mais atteignable par qui s'en donnerait les moyens ?

    C'est ce que je pensais déjà au moment où j'ai lancé ce fil et ça se confirme en lisant d'autres fils ainsi que les différentes ressources éparpillés un peu partout sur ce forum. Je me suis alors mis en tête d'essayer de construire un tel cours au niveau collège d'abord puis au niveau lycée ensuite. Mais n'étant pas prof et n'étant du coup pas spécialement pédagogue, je ne sais pas si ça fleurira un jour ni même si j'aurais suffisamment de temps à y consacrer, mais qui sait ?

    Et au pire, pourquoi ne pas ouvrir un autre fil pour centraliser toutes ces réflexions et ouvrir un dépôt framagit (pour rester dans le français et libre) où l'on permettrait à chacun d'ajouter sa pierre à l'édifice et corriger les erreurs des autres ? Une sorte de Bourbaki pégagogiste et adapté à n'importe qui mais capable d'amener ce n'importe qui très loin, qu'il soit déjà en M1 de maths fondamentales ou qu'il soit un pauvre collégien de 4ème paumé et qui finira surement en CAP.


    @Ramon
    Il ne faut pas oublier que beaucoup de gens ne veulent pas forcément devenir horloger. De plus, on ne peut pas aussi facilement généraliser à partir de l'exemple de trois jeunes.

    Je pense plutôt et ça a été mon cas très longtemps au cours de mes études qu'une bonne partie des élèves d'aujourd'hui ont un désintérêt grandissant envers les études car celle-ci ne font plus sens.

    En tant que pauvre pégu de la populace et n'ayant pas de parents capables de me faire aimer les études ni même de vraiment savoir quels auraient pu êtres les grandes opportunités que cela m'ouvrirait intellectuellement parlant pour m'encourager à poursuivre… combien de fois je me suis dit, dès la sixième, "p*tain, que c'est barbant cette c*nnerie !", "non mais sérieusement, à quel moment les études vont arrêter de m'ennuyer ?" et pire encore combien de fois je me suis dit "à quel moment vais-je enfin éprouver du plaisir à apprendre des choses ?"

    Si j'ai poussé jusqu'au bac et encore après c'est surtout par désintérêt de tous les métiers possibles et imaginables qui sont au status d'apprentissage.

    EDIT: j'ai bien compris que beaucoup ici n'aiment pas le mot "pédagogisme" mais je ne l'entend pas de la même manière que l'éducation nationale. Soyez rassurés.

    EDIT 2: pour prendre les devants, par "pédagogique" j'entends rendre accessible n'importe quel sujet, non pas en cinq minutes top chrono comme on trouve dans des vidéos ou bien comme semble faire l'éducation nationale, mais bien en proposant un cours clair, net et précis, avec exemples détaillés, exercices allant du plus simple aux problèmes les plus compliqués ; cela en partant d'un niveau de base, disons la sixième et en arrivant au niveau que l'on veut, terminale ? L3 ? Doctorat ?
    Bref, proposer ce qui devrait l'être par l'école mais qui ne l'est malheureusement pas. Quel que soit le niveau de chacun. Et sa volonté bien évidement.

    EDIT 3: en mettant l'accent, non pas sur la richesse du contenu mais bien sur la maîtrise des fondamentaux. Proposer des fondations solides et construire une culture scientifique par dessus.
    Évidement ce que je propose s'applique autant aux mathématiques, qu'à la physique, l'histoire ou même la musique.
  • Dp a écrit:
    Il ne faut pas oublier que beaucoup de gens ne veulent pas forcément devenir horloger.

    Horloger est un mauvais exemple. Des horlogers il y en avait presque à tous les coins de rue il y a une quarantaine d'années. Il n'y en a quasiment plus aucun aujourd'hui.
    Et on pourrait sûrement compiler une longue liste de professions disparues de métiers manuels. Alors quand on me parle de l'apprentissage qui serait un recours pour les gosses qu'on se proposerait d'éjecter du système éducatif je me demande si c'est de l'hypocrisie ou une ignorance complète du tissu économique français.
    Par contre, comme déjà mentionné l'apprentissage pour les diplômés (master) semble être intéressant en terme d'insertion professionnelle.
  • C'est bien ce qu'il m'avait semblé comprendre. Mais comme toujours, je comprends malheureusement pas les exemples et généralisations faites par @Ramon qui sont un peu trop déconnectés du monde tel qu'il commence à être et tel qu'il va être d'ici quelques générations d'élèves. Néanmoins s'il est prêt à faire des réponses plus détaillées, je l'y invite fortement!
  • @FdP "Horloger est un mauvais exemple. Des horlogers il y en avait presque à tous les coins de rue il y a une quarantaine d'années. Il n'y en a quasiment plus aucun aujourd'hui. "
    Non, c'est toujours le cas il y en a partout, en général c'est l'artisan serrurier qui a les outils pour les petites réparations et qui sait faire, pour les montres de prix il reste encore aussi pas mal de boutiques spécialisées.

    Contrairement à des idées très très largement reçues en France, il n'y a pas de "fin du travail" à cause de 1970-la cybernétique/ 1990 - l'informatique / 2010 - l'IA / 2030 - etc. / tout ça c'est des conneries, et c'est ce qui a présidé comme idéologie à la désindustrialisation du pays.
    Résultat des courses :
    - 0 chaîne pour fabriquer des masques en France,
    - 0 usine de médocs,
    ...
    - 0 balle de Famas fabriquée en France.

    Si les Suisses attaquent, on tient 1 semaine, pas plus. Voilà où nous en sommes.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Juste pour rassurer @Ramon et d'autres, voilà ce sur quoi je me suis arrêté en deux jours, et que je pense est possible à faire.

    Ce n'est bien évidement que l'ébauche d'une table des matières et de nombreuses choses seront ou non à rajouter et enlever.
  • @xax

    Il n'y a pas une "fin du travail" comme tu dis ; mais il y aura "une fin des travails", tout comme il y a déjà eu une fin des travails. De nombreux travails ont disparus au fil des décennies et ont jusque-là été remplacés.

    Toute fois que fera-t-on, si on se prépare pas dès aujourd'hui, lorsque les robots deviendront vraiment plus attractifs que les humains ? Ne pas oublier qu'un robot à une précision chirurgicale, qu'un robot ne fatigue pas, qu'un robot coute moins cher qu'un humain, etc...

    Les lois du marché font que les robots finiront inévitablement par nous remplacer, dans de très nombreux domaines. Et rares seront alors les perspectives des gens peu qualifiés dans ce marché du travail dominé par les robots.
  • De plus, et c'est sans doute le plus effrayant pour l'avenir, il existe actuellement un métier bien particulier qui consiste à programmer des robots et des intelligences artificiels pour qu'elles apprennent n'importe quel métier.

    Bref : il existe des gens sont payé à saboter vos perspectives d'avenir.

    D'ailleurs il existe une vidéo très détaillé sur le sujet réalisé par CGP Grey :



    EDIT: Je me rend compte que je fais totalement dévier mon propre fil.
  • XAX:
    il y avait deux horlogers dans ma ville au milieu des années 80. Aujourd'hui, ils ont tous fermé et il n'y a plus d'horloger du tout. Au milieu des années 80 les gens portaient des montres mécaniques. Aujourd'hui les gens n'ont plus de montre et quand ils en ont une c'est une montre à quartz qu'ils jettent quand la pile est morte (j'exagère à peine) alors j'aimerais bien savoir l'utilité économique de maintenir des échoppes d'horloger ouvertes.

    J'ai une amie qui a une montre un peu chère mécanique (qui tombe souvent en panne), l'horloger du coin ne répare pas ces montres il les renvoie au fabricants. B-)-

    Dp:
    Des emplois disparaissent et s'ils sont remplacés, en partie, ce ne sont pas par des emplois qui nécessitent le même niveau d'étude, c'est ce qui est préoccupant à mon sens.
  • Tout à fait, d'où la nécessité à mon sens de proposer à tout le monde des contenues de qualité dans des domaines à haut niveau d'étude et potentiellement essayer de remonter la barre, d'abord comme cela et par la suite espérer que les gens se mobilisent pour remonter la barre à l'école, à temps… car évidement ils le feront un jour, mais ce jour risque d'arriver trop tard...
  • Cette discussion a été scindée de la discussion initiale.
    Merci de rester dans le sujet initial de ce fil.
  • Fin de partie écrivait : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?18,2023286,2025162#msg-2025162
    > Des emplois disparaissent et s'ils sont remplacés, en partie, ce ne sont pas par des
    > emplois qui nécessitent le même niveau d'étude, c'est ce qui est préoccupant à mon sens.

    C'est une bonne observation. Quand on met ça à côté de ceux qui veulent revenir à un bac donné à 30% d'une classe d'age on voit que ça ne peut pas fonctionner, peut-être que si le bac est "donné" à 80% des lycéens c'est précisément parce que on a besoin d'élever le niveau moyen d'éducation (avec des conséquences néfastes, certes) ?
  • @Mickaël, le niveau des connaissances des élèves n'est pas figé. Les enquêtes internationales le montrent bien. Par exemple TIMSS : le niveau des écoliers français a chuté comparé à l'époque de 30% au BAC... alors que on est actuellement à 80% au BAC. Concernant le niveau des collégiens... il faut attendre décembre 2020 pour avoir les résultats de la dernière enquête.
    Tout est question de croyance :
    1) si le ministère français crois que nos élèves sont déjà au maximum de leurs capacités, alors on ne fait pas grande chose.
    2) si le ministère français crois que les élèves d'aujourd'hui (ou il y a 20 ans) sont capables d'être meilleurs... alors on pense à améliorer la pédagogie et le système scolaire afin que les élèves soient meilleurs.
    Pour le moment, on est dans la situation 1) et on l'était dès le début. Le ministère, les professeurs (en moyenne) ne croient pas que les élèves soient intelligents. D'où le nivellement par le bas (encore et toujours plus bas).
  • @vorobichek sur ce point je suis parfaitement d'accord. Les rapports de la DEPP le montrent clairement : en fin de primaire le niveau en lecture, écriture et mathématiques à chuté. Or le taux de scolarisation n'a pas bougé. Fin de la démonstration.

  • Pour revenir sur "les maths favorisant la rationalité c'est un mythe", je crois que c'est vrai mais que ça ne le serait pas dans un système éducatif qui inculquerait véritablement toutes les matières à un niveau un minimum exigeant et, surtout, de manière à faire comprendre l'intérêt non exclusivement pratique de ce qu'on enseigne.
    Par exemple, apprendre les maths serait un contrepoids à l'enseignement littéraire par sa rationalité froide et la sûreté du chemin d'une science qu'elles empruntent. Mais ceci aurait un intérêt seulement si l'enseignement littéraire était suffisamment bon pour faire comprendre aux élèves l'utilité et les spécificités de la littérature. Ou, pour reprendre les propos de Fdp disant qu'il comprendrait mieux qu'on enlève aux élèves les maths plutôt que l'Histoire, je dirais que je suis à moitié d'accord mais que ces considérations ne s'appliqueraient qu'à condition que ce qu'on nous enseigne en Histoire soit suffisamment qualitatif pour ne pas ressembler à une vague propagande républicaine perpétuant des clichés à la vie dure remplie de trous (je ne sais pas pour les plus vieux d'entre vous, mais les gens de ma génération n'ont eu aucune étude du XIXe siècle en cours, du collège au lycée), que la pratique historique soit à la fois riche en faits, en logique et en méthode (et je pense que s'il y a un domaine où l'humilité scientifique, l'honnêteté et le travail manquent aux non professionnels, c'est bien l'Histoire, que chacun aime utiliser en sélectionnant un peu sa tambouille, sans forcément de preuves, pour appuyer son propos là où il faudrait aller dans l'autre sens, et faisant ainsi de l'Histoire, très noble discipline de base, le fondement de la moitié des sophismes des débats sociétaux ou même simplement culturels). Mais si l'enseignement historique était suffisamment bon, avoir en plus un enseignement mathématique permettrait d'envisager une autre vision de la recherche de la vérité, dans laquelle cette fois les objets étudiés sont fabriqués de toute pièce.
    C'est un peu l'idée officielle de l'enseignement républicain que de donner un ensemble de matières aux élèves dont la conjonction permet de trouver un moyen idéal de chercher la vérité morale, en faisant une sorte de barycentre des méthodes enseignées. Dans la pratique, il faut voir si le concret doit primer, auquel cas on peut oublier les maths au même titre que tout le reste au cas par cas, ou bien, si on veut vraiment poursuivre l'objectif de former des citoyens capables de réfléchir et se cultiver par eux-mêmes, favoriser les maths autant que le reste (le problème actuel étant que par un certain arbitraire historique elles soient un outil de sélection en tout, mais qu'en même temps même ceux qui y sont bons ne voient pas l'intérêt de les utiliser quand bien même leur application ferait avancer leur pratique de tel ou tel domaine - je pense aux chercheurs en biologie ou médecine). Le problème de l'éducation actuelle n'est pas que l'enseignement des maths est mauvais. C'est que l'enseignement de tout est mauvais.
  • @héhéhé

    Bonjour,
    une idée disruptive : on devrait arrêter d'enseigner les maths (c'est bien parti je pense) , arrêter d'en parler , mais se mettre à en faire
    sérieusement , sur des problèmes , des vrais , où le prof n'a pas forcément la solution avant ses élèves.
    Au moins ça aurait le mérite de la clarté.
    Je serais partisan cependant d'apprendre aux tous petits à calculer mentalement rapidement, ce serait utile pour la suite.
    Voilou voilà
    Bonne journée
    eric
  • Bonjour.
    J'espère ne pas être trop hors sujet.
    Pour ma part quand j'étais élève et étudiant, j'ai été "choqué" de voir l'incohérence des programmes de maths par rapport à la physique. C'étaient les professeurs de physique qui étaient obligés de développer (bizarrement et de façon plus ou moins correcte) des notions de maths dont ils avaient besoin.
    Cordialement.
    Jean-Louis.
  • @ Jean-Louis : +1.

    J'étais exactement dans le même état d'esprit. En petit élève studieux, j'aurais souhaité que les maths que nous utilisions en physique ne soient pas parachutées de façon trop bancale. Les profs de physique me faisaient comprendre qu'il s'agissait de scrupules mal venus. J'étais même prêt à y consacrer du temps, c'est-à-dire à bosser les chapitres de maths correspondant même si ceux-ci n'étaient pas au programme la même année.

    Un exemple : le calcul différentiel ou les fonctions de plusieurs variables. Les livres de maths à disposition dans les rayonnages dans ces années-là étaient par exemple les Lelong-Ferrand. Mais qu'est-ce qu'un étudiant de 18 ou 19 ans peut bien espérer retirer de ces livres en les étudiant seul, qui plus est dans une optique d'application à la physique ? La pauvreté crasse des bibliothèques françaises n'aidait pas.

  • Pour la physique ça pose de gros problèmes en prépa (les calculs à la physicienne où on simplifie les dt comme si la notation différentielle était une vraie fraction m'ont bloqué toute l'année de sup, et en spé manipuler des formules de Green-Ostrogradski sans même avoir conscience de ce qu'était la généralisation de la dérivée qu'on connaissait pour les fonctions de R dans R, étant donné que c'était le tout dernier chapitre de MP, forçait à apprendre par cœur les raisonnements en physique sans vraiment comprendre les démarches mathématiques, faute paradoxalement de donner un sens physique à ce qu'on manipule).

    Au lycée, le problème n'est pas vraiment là (même si par exemple la trigo pose problème à tout le monde, elle a bien été vue au collège).
  • Le pire pour moi, c'était la transformation de (delta y/delta t) en dy/dt!
  • Pourtant, ce n'était qu'un passage à la limite ... quasiment la définition de la dérivée.

    Mais rassurez-vous, au collège, plus de physique; au lycée, plus de physique mathématisée (on l'enseigne comme la géologie).

    Cordialement.
  • @ Riemann_lapins_cretins :

    Faudrait peut-être donner la faute aux enseignants de mathématiques qui ne réussissent pas à faire comprendre à leurs chers petits étudiants que c'est la différentielle d'une fonction l'objet fondamental de l'analyse infinitésimale et non la notion de dérivée.
    Approximation linéaire/affine c'est le nom du jeu. Et tous les raisonnements de la physique de sup/spé tournent autour de la linéarité. C'est pour cela qu'on peut traiter les dx, dy etc.... comme des nombres avec leurs règles de simplification etc... La seule critique qu'on puisse faire aux physiciens c'est qu'ils utilisent des fois $\Delta x$ au lieu de dx mais le concept sous-jacent est le même : un accroissement tout petit (ou infinitésimale). Oui je sais, Bourbaki se retourne dans sa tombe mais bon on parle de physique.

  • Il y a faute des deux côtés. Tous les profs de physique que j'ai eus aimaient bien faire les malins à de moquer des matheux qui manquaient de sens physique et étaient incapables de manipuler ces objets "avec les mains", mais jamais je n'ai eu d'explication concrète du permis ou du non permis, de ce que représentaient chacun des opérateurs différentiels, etc etc. Ca aimait bien se moquer ou faire les outrés mais ça nous laissait dans la mouise sans comprendre que ça puisse vraiment en déstabiliser certains, au point de bloquer jusqu'à ne plus suivre la suite du raisonnement au tableau.
    Mais je suis aussi d'accord pour dire que ne pas expliquer que l'approximation linéaire est l'idée importante à un degré mille fois plus important que celle de nombre dérivé, même en première année, c'est une faute aussi, commise par les profs de maths.
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