Pourquoi enseigner les mathématiques ?

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Réponses

  • Je réponds en retard à plusieurs messages (:P)

    @curiosity
    C'est plus compliqué que cela. J'ai connu (et je suis sûr que c'est le cas de tout le monde ou presque) des personnes qui étaient "bonnes" en maths jusqu'en 6e, ou en 5e, ou 4e, 3e, 2nde etc. puis qui ont décroché à un moment de leur scolarité sans raison "apparente". Alors ces élèves qui avaient apparemment tout pour réussir ont flanché : est-ce une fatalité ? Je n'en sais fichtre rien, mais le fait est que c'est souvent irrécupérable.
    Oui. Mais il faut voir est-ce que ce "souvent" est une fatalité impossible à combattre ou le résultat d'un système défaillant. Actuellement, un élève français qui décroche à un moment de sa scolarité, non seulement traine ces casseroles jusqu'à BAC, mais en accumule d'autres. Pour le moment :
    - il n'existe pas de dispositif général qui permet de détecter le décrochage très rapidement (un mois au plus)
    - comme il n'y a pas de dispositif de détection, rien n'est prévu pour pailler au problème le plus rapidement possible.
    - les manuels sont inutilisables en autodidacte et de toute façon rares sont les professeurs français qui suivent les manuels. Si l'élève veut se rattraper, il n'a que son cahier où les choses sont plus que partielles. Il faut un adulte qui le guide et qui lui construit une progression. Un enfant, surtout le collégien, ne vas pas aller dans une librairie pour acheter les bouquins orange et bleu chez Ellipse. Il ne pensera jamais aller chercher sur le blog des manuels anciens.
    - Sarkozy a presque anéantie les RASED.
    On peut surement ajouter d'autres causes.

    Je n'ai pas étudié en France. Mon expérience montre que les décrocheurs sont le plus souvent récupérables. Je suis un exemple (pendant 4 ans je passais 2-3 mois à l’hôpital sans cours). Il y a eu pas mal d'autres exemples dans la classes ou dans les classes parallèles : un élève qui a fait l'école buissonnière pendant un an, une élève qui était "nulle en maths" jusqu'à 4e etc. Nous avons tous rebondi :
    1) Mon cas : le manuel était largement suffisant. En plus notre professeur rappelait sans cesse les trucs et astuces, elle répondait toujours à toutes les questions (y compris complétement bêtes).
    2) L'élève qui a fait l'école buissonnière : l'école a sorti tous les armes pour le faire revenir à l'école et pour lui faire rattraper les choses. Il a eu d'excellent résultats au BAC et a étudié à Université de Bauman. Pouvez vous imaginez qu'un élève qui a fait l'école buissonnière en France aussi longtemps puisse intégrer Supaero?
    3) La troisième : elle est tombée amoureuse de maths quand on a commencé la géométrie. Elle a demandé à notre professeur comment améliorer ses résultats qui était jusqu'à là "passables".
    D'ailleurs je me souviens, que les notes en maths à l'école ne déterminaient pas les notes de maths au collège. Et être un très bon élève pendant 6 premières années ne garantissait en rien la réussite en cours de géométrie. Je ne pense pas que ce sont des cas exceptionnels. Les maths ne sont pas considérées comme une matière à échec, une matière pour les élites, une matière pour sélectionner.
    On voit alors des élèves s'orienter vers des filières non scientifiques, qui peuvent même y exceller, se détourner complètement des maths jusqu'à les voir comme leur bête noire.
    Ce n'est pas normal :-(
    Souvent on entendra l'intéressée dire que c'est la faute du prof, mais le même prof a permis à d'autres élèves de prendre leur envol dans cette matière.
    Peut-être le professeur s'adressait uniquement aux élèves sans lacunes et/ou aux excellents qui comprennent son langage. Ou peut-être ce prof n'a rien à voir avec la réussite des autres élèves....
    Penser qu'on peut uniformiser la population et lui faire atteindre un même niveau élevé en maths, c'est illusoire, sauf peut-être à imposer de très fortes contraintes psychologiques, avec les résultats que l'on constate, dans les pays asiatiques notamment (suicide, anxiété, etc.). C'est étonnant comment tous les partisans de ces systèmes refusent de voir cette donnée du problème, et croient qu'on peut extirper ce que l'on veut d'un système aussi facilement qu'on sépare l'eau de l'alcool dans un distillateur...
    Uniformiser c'est une chose, mais réduire les écarts c'est une autre chose. Il n'y a pas que les pays asiatiques qui sont bons en maths.
    Je ne suis toujours pas convaincu que le boulanger chinois, coréen, russe ou taïwanais qui sait résoudre des inéquations du 2nd degré est plus heureux que son homologue français ou américain qui ne sait pas/plus ce qu'est une inéquation.
    Hum.. les américains ne sont pas nuls en maths. Je pense qu'ils sont plus heureux, parce que les maths n'étaient pas une contrainte et une souffrance comme en France. Et un boulanger russe, chinois, coréen a librement choisi son métier. Il n'était pas contraint de choisir cela parce qu'il était en échec à l'école. Par ailleurs, ces boulangers étrangers peuvent changer de métiers. S'ils décident d'aller à l'université, ils ont des connaissances pour le faire.
  • > les américains ne sont pas nuls en maths

    Ce n'est pas ce que disent mes amis qui sont profs à la fac aux US, et qui trouvent le niveau de sorti de lycée encore plus catastrophique qu'en France.
  • Pour le niveau US ça dépend de la barre des universités aux tests sélectif (SAT etc.). En général les jeunes qui font des scores parfaits ou presque à ces tests ne sont pas complètement nuls ...

    Ce qu'on observe d'ailleurs ces 30 dernières années, en France, c'est une stratification éducative accrue, plus élevée qu'aux USA (c'est dire ...) qui repose essentiellement sur des ségrégations territoriales voire ethniques. Donc il reste suffisamment de bons établissements pour fournir les cursus sélectifs, mais le reste s'est effondré. Quand l'on regarde le détail en maths en particulier, il reste un effectif suffisant de lycéens d'un niveau correct pour se faire taupin, même s'ils n'ont pas bénéficié de l'ancien cursus avec les anciens horaires.
    Mais le reste s'est clairement effondré.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • J'ai enseigné aux Etats-Unis il y a une vingtaine d'années dans une assez bonne université. Je trouvais globalement les étudiants plus faibles que les étudiants français... mais maintenant je pense que les Français ont "rattrapé" les Américains.

    Quelques différences à noter tout de même : les maths en première année sont plus calculatoires ("calculus"), les examens sont souvent sous forme de QCM, on demande rarement des démonstrations aux étudiants. Les étudiants de première année sont donc plus à l'aise en calcul que les français, mais n'apprennent pas à rédiger des démonstrations, et n'apprennent pas des notions comme la continuité, les suites de Cauchy, etc.
  • @JLT oui, mais dans la seringue il y a toujours un haut niveau aux USA, comme en France, c'est ce que je soulignais.
    Le "taux de couverture" des bons est extrêmement faible (ce que j'appelle la seringue) de l'ordre de 2,5 %. Il n'y a pas assez de points de comparaison sur le document pour avoir une idée bien nette, mais je dirais qu'après nous sommes dans une petite moyenne de l'OCDE, avec dans les prochaines années de sérieuses inquiétudes - dont les profs de collège ici commencent à se faire l'échos - quant au niveau de ceux qui rentrent dans le secondaire actuellement : on n'apprend absolument plus rien de sérieux à l'école primaire, de Darcos à NVB il y a eu une suite ininterrompue de catastrophes.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Quant au lycée, je pense que l'élève qui maîtrisera les nouveaux programmes de spécialité maths et maths expertes aura un niveau tout à fait acceptable, certainement meilleur que la génération précédente.
  • xax a écrit:
    on n'apprend absolument plus rien de sérieux à l'école primaire, de Darcos à NVB il y a eu une suite ininterrompue de catastrophes.

    Tu peux préciser quels changements de programmes ont été opérés en mathématiques s'il te plaît et expliquer en quoi ces changements ont généré des catastrophes ?
  • @troisqua oui je me limite aux maths (*), il n'y a absolument plus une seule manipulation sérieuse du nombre, précisément un élève entrant en 6e sait faire une addition, et, s'il a eu une instit patiente, une multiplication entière, ce qui lui permettra d'aborder le calcul des aires du carré et du rectangle, c'est tout.
    L’extraordinaire élaboration pédagogique française (cf. le dictionnaire de Buisson et Guillaume) qui concernait bien évidemment l'école primaire a été totalement désossée.
    L'arnaque est que si on lit trop rapidement les programmes "d'avant" (pas si loin, années 80) et maintenant, les têtes de chapitre sont les mêmes, mais le contenu a été supprimé. Ainsi, il y a toujours les fractions, mais de fait absolument aucun calcul n'est exigible pour la bonne raison que nombres premiers, nombres premiers entre eux, produits, facteurs etc. ne sont plus à l’ordre du jour. $\pi$ a disparu, donc ça vous donne une idée de ce qui reste de la géométrie.

    Taux d'échec en 6e :
    27,5 x 23 : 70%
    60/4 : 60%
    etc.
    Pour en savoir plus, ce qui se fait (et encore, en théorie ...), où on en est, et ce qu'il faudrait faire. Ça vaut le coup de consulter crayon à la main le programme de Lafforgue et le programme EN, je pense que les enseignants de collège devraient y passer une heure ou deux pour comprendre : les jeux vidéos ne sont pas les seuls responsables de la baisse du niveau ...


    (*) mais si vous connaissez des enfants en âge scolaire demandez-leur de situer l'océan Pacifique où la mer Noire, la date de la fondation de Rome, le tracé approximatif de la Loire ou encore la définition grossière de ce qu'est une démocratie etc. etc.

    @gai requin oui j'en suis convaincu aussi, il va donc y avoir une pente plutôt raide entre le collège et une scolarité orientée Tle spé maths / maths expertes. D'après la composition des commissions de programme, ce sont Tosel et Polo qui ont du relever la barre, le premier s'étant exprimé très bruyamment sur ce qu'il pensait du niveau du secondaire.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Excuse moi d'être insistant mais je ne t'ai pas demandé ta perception ou tes souvenirs des années 80 en d'en déduire une comparaison à la louche avec aujourd'hui.

    Non en fait je voulais savoir ce que tu pointais précisément dans les changements catastrophiques (je cite) qu'auraient opéré Darcos et NVB. Qu'ont-ils commis précisément ?

    Parce que, vois-tu, je connais un peu (beaucoup) le sujet pour vivre avec une enseignante du primaire qui exerce depuis plus de 25 ans et elle s'interroge vraiment, comme moi.

    Pourtant, crois-moi, on a connu les années 80 en tant qu'élèves (pas de souvenir de ce que tu dis d'ailleurs, je devais être dans une école sinistrée), et aujourd'hui, ni elle ni moi, ne souhaitons aller dans le sens de la médiocrité, bien au contraire. Ses élèves, en zone difficile, sont harcelés de calculs (et ils aiment ça) comme le stipulent fermement les programmes depuis une dizaine d'années.

    Les programmes imposent une pratique quotidienne et intensive. Toutes les réunions, formations rabâchent ce point, et ça fait un bon moment. Es-tu certain d'être bien informé et de ne pas laisser davantage parler ton opinion que la réalité ?

    Pour faire simple, peux-tu comparer deux B.O (un juste avant Darcos et NVB) et un juste après qu'on y voie plus clair.
  • @xax : Qui sont Tosel et Polo exactement ?
  • @troisqua: à l'école primaire, le nombre de demi-journées de classes a diminué; on a ajouté l'anglais et la morale (ce n'est pas le nom officiel, mais c'est ça: parité,diversité,écologie). Il n'est pas impossible que l'absence de la morale dans les années 80 était un phénomène passager dans l'histoire de l'enseignement français, un truc post-68.

  • Pour avoir un neveu de ma waifu en CM1 que je vois régulièrement faire ses devoirs avec sa grand-mère, j'ai l'impression :

    -Que les tables c'est pas vraiment ça. Je les ai apprises en CE1, lui commence cette année

    -Il a encore du mal à faire des additions à deux chiffres par moment. Honnêtement je ne sais pas où j'en étais sur ce point à son âge

    -Que sa géométrie s'arrête à "c'est un carré, c'est un losange...". La notion d'angle droit à été vue cette année seulement par exemple, en CE1 encore pour moi

    -Je l'ai rarement vu avoir de multiplications ou opérations à poser en général. Je le vois vraiment plusieurs jours par semaine faire

    -Il ne connait tout simplement pas la division. C'était en CM1 que j'ai appris à les poser.

    Bon, j'étais en classe à horaires aménagés musique, on était plutôt bons et autonomes.
    Mais lui est vraiment accompagné par sa grand-mère quotidiennement, dans un village en périphérie d'une ville moyenne plutôt tranquille, avec des classes assez calmes et relativement soudées. Il est classé dans les bons, est parfois curieux mais de moins en moins (l'école n'y peut rien, les tablettes l'ont tuer), intelligent, mais me paraît faible comparé à un CM1 de mon époque, il y a une quinzaine d'années.

    Rien d'objectif dans mon discours, par contre mes repères sur les programmes sont solides et je vois vraiment ses devoirs presque chaque jour. Je n'ai pas non plus fouillé ses cours, sans doute qu'ils font d'autres choses, mais ça me paraît light pour ce que je vois hors école. En fait c'est le voir apprendre ses tables seulement maintenant qui me fait tilter. Peut-être à tort après.
  • @troisqua ce n'est absolument pas une perception, je connais très bien l'état de l'école primaire et ce qu'il en ressort, et les mesures de la Depp sont parfaitement en accord avec ce que j'observe. Il se trouve que je suis élu parent d'élève, que j'ai pas mal de contacts avec des parents d'élèves d'autres écoles ainsi qu'avec des administrateurs de la fédé, le constat est pessimiste.
    Les programmes n'imposent absolument rien, il suffit de les lire pour voir qu'on n'apprend pas du tout à calculer mais uniquement des types bien définis d'opérations, certainement pas dans la généralité.
    Si tu veux des points de comparaison détaillés, il y a ça qui fait des comparaisons jusqu'en 2003, si tu veux aller plus loin, il y a les "programmes et instruction" Leterrier cez Hachette qui permettent des comparaisons point par point, et probablement que Michel Delors a du mettre ça sur son site.
    Darcos : une demi-journée en moins,
    NVB : la semaine de 4 jours (la pire configuration), la fin officielle de la grammaire à l'école primaire, la création du CM3 au collège qui délaye encore un peu plus le contenu des enseignements.

    Ta compagne a raison de s'interroger et je vais te donner la solution : qu'elle prenne la méthode Singapour (ancienne édition) pour les maths de son niveau et une grammaire style préfacée par Romilly et ça ira très bien, les manuels pourris qui encombrent les cartables pourront servir à faire de cocottes ou des avions.

    J'ai essayé de sensibiliser les instits au problème, j'ai discuté avec pas mal d'entre eux, j'ai fait des propositions en conseil d'école, en fait il sont dans le "oui mais avant on apprenait, maintenant on fait etc." j'ai laissé tombé. Pour mon fils j'ai fait l'enseignement adapté intégralement, sans me soucier de ce qu'il faisait à l'école, de l'apprentissage de la lecture en CP jusqu'au CM2.
    Il n'y a aucune autre façon raisonnable de faire, à moins d'être dans une école privé et d'avoir barre sur les enseignants, ou alors de privatiser une école publique comme ça se faire dans certains quartier huppés.

    En fait l'enseignement primaire a été dénormalisé il y a trente ans, une génération est passé, et le savoir faire a été perdu.

    Donc on a des élèves plus faibles qui arrivent au collège sur un programme qui est lui-même délabré. C'est difficile de s'étonner du résultat.


    @gai requin Tosel et Polo. Ils étaient dans la commission de réforme des derniers programmes 1ere et Tle.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Ok, j'ai eu le temps de faire une recherche.
    Tosel est prof en MP$^*$ à LLG et Polo est prof à Jussieu. :-D
  • Tu vois, tu recommences !

    Je te demandais précisément ce que Darcos et NVB avaient commis de catastrophique concernant l'enseignement des mathématiques et tu me dis:
    xax a écrit:
    Darcos : une demi-journée en moins, [d'école j'imagine]
    NVB : la semaine de 4 jours (la pire configuration) [si tu le dis],

    Au final, le temps passé à l'école est le même qu'avant peut-être à une ou deux heures près. Et tout le monde sait que ce n'est pas cette variable qui nous fait chuter dans le classement PISA puisque nous avons un nombre d'heures d'école imposées aux enfants parmi les plus élevés de l'OCDE.

    Donc, tu n'as pas répondu à ma question, puisque la seule chose que tu leur reproches et qui est factuelle, c'est une diminution de volume ou un changement d'organisation qui ne saurait expliquer nos résultats PISA.

    Un phénomène qui reste à expliquer, est l'incapacité de concentration, remarquée dès le plus jeune âge par l'ensemble des professionnels du secteur. Plusieurs spécialistes ont évoqué une surexposition aux écrans aux conséquences cognitives désastreuses parmi lesquelles figure les problèmes de concentration.

    Il serait à mon avis bien plus intéressant de fouiller cette piste qui questionne l'éducation familiale, qui nous implique tous, plutôt que de décréter que le petit Darcos ou la petit NVB seraient responsables de tous les maux de l'apprentissage des mathématiques.

    Et surtout, ça paraît largement plus crédible. Certes, c'est moins politicard comme analyse, mais ça me semble beaucoup plus pertinent.
  • @xax tu sembles avoir une bibliographie des plus complètes sur pas mal de sujets à la périphérie de l'enseignement. Serais-tu prêt à nous en faire profiter ?

    Ça risque de représenter une grosse charge de travail, donc je ne t'en voudrais pas de refuser ! ;-)
  • @troisqua non mais tu plaisantes :-) Et les jeunes finlandais ou ceux de Singapour ils n'ont pas d'écrans peut-être ?
    Précisément je t'ai répondu : NVB a délayé le programme en faisant un CM3, et a mis un terme à l'apprentissage de la grammaire, ce qui fait que l'expression et la compréhension fines sont devenues très difficiles, notamment pour articuler la pensée en maths.
    Il ne faut pas chercher midi à 14h, il n'y a que la carence pédagogique qui explique la situation actuelle.

    @dp oui, mais il n'y a pas grand chose d’extraordinaire. J'essaye de me tenir au courant de études qui mesurent les choses cela permet de ne pas se tromper dans les tendances, par exemple la baisse sensible du niveau en maths et en français est bien établie. Et comme elle débute dès le primaire, les bonnes âmes qui troquent cette chute contre les impératifs de la "massification" du secondaire (qui a eu lieu il y a déjà 40 ou 50 ans) notamment au sein de l'école pédagogiste sont en fait des escrocs.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • SInon, xax, ma compagne, comme les 13 collègues de son école, ne fait pas la méthode Singapour, construit ses propres activités, bourrine les élèves en défis mathématiques et en calculs.

    Elle a son cafipemf (en gros elle est formatrice) et s'occupe de rappeler à tous les collègues qu'elle forme d'insister sur le calcul intensif et la répétition de petits défis au seins de l'école. Elle fait la courroie des inspecteurs qui eux-mêmes insistent sur ces points.

    Que tu sois fâché avec quelques politiciens, pour des raisons qui t'appartiennent, ne doit pas te faire dire des généralités qui n'en sont pas ni dénigrer le travail de tel ou tel ministre dont le but le matin en se levant n'est pas d'anéantir les performances mathématiques des élèves. Ils n'ont été ni meilleurs ni pires que d'autres à mon avis dans le sens où leurs décisions étaient de toutes façons sans réelle conséquence (la fameuse inertie du mammouth)

    Si tu m'avais évoqué notre problème de recrutement d'enseignants (salaire peu attractif ?), tous nos ronchons "c'était-mieux-avant" dépressifs qu'on se coltine et qui ne changeraient pour rien au monde leur pédagogie (évidemment la meilleure de toutes), la défiance des parents envers les enseignants, les problèmes de concentration des enfants (écrans ?) bon, là d'accord, mais évoquer Darcos et NVB ....
  • Tu peux détailler ton CM3 et les conséquences précises pour les maths ?
    J'ai beau connaître le sujet je ne vois pas de quelle dilution tu parles.

    xax a écrit:
    il n'y a que la carence pédagogique qui explique la situation actuelle.

    C'est de l'aveuglement ou du dogmatisme ?
  • @troisqua il se trouve que la responsabilité de l'organisation des enseignements incombe aux ministres, et leur nullité a eu des répercussions désastreuses. On se rappelle de Bayrou qui, agrégé de lettres et voulant revaloriser sa filière, démolit complètement cette voie par idéologie anti-maths, notamment en supprimant l'excellent bac A1 (lettres / maths), les élèves choisissant finalement la filière S.

    Ce n'est pas un problème de conscience professionnelle des enseignants, c'est un problème de carence pédagogique imposée par les programmes qui limitent et qui brident totalement l'ampleur de ce qu'il faudrait enseigner, c'est pour ça que je m'en prends aux ministres, je ne crois pas à une responsabilité des enseignants (tout au plus j'ai pu constater une surprenante inertie), et j'ai moi-même plutôt de très bonnes relations avec eux. Je n'ai aucune défiance : je savais à l'avance que je n'avais rien à attendre des enseignements scolaires, et tous les parents responsables et qui ont les moyens de le faire font comme moi, je n'apprendrais rien à personne.
    Les parents qui marquent de la défiance sont ceux qui croyaient à l'école et qui se rendent compte du résultat réel.

    Il y a un problème très souvent évoqué par les enseignants sur ce forum, à raison d'ailleurs vu son importance, c'est l’absence de dextérité dans la manipulation des fractions. Or il se trouve que cela a été entièrement supprimé des programmes du primaire - on se demande d'ailleurs pourquoi le chapitre existe encore, tout ce qu'on fait faire consiste à reconnaître dans des figures si on a 1/4 colorié ou 1/2. Or le primaire est le moment de la vie où il serait très bénéfique d'acquérir une grande facilité dans les manipulations des nombres (un peu comme on devrait apprendre à lire vite et bien).
    Mais ce n'est plus fait, et tout cela est délayé sur 8 ans ou plus quand on aurait pu le faire en 2, voire 3.

    Donc ta compagne pourra faire des tonnes de manipulations indiquées dans des programmes pourris, ça ne servira strictement à rien : au final 90% des enfants sortant de son école seront incapables de répondre aux 7 questions suivantes :
    a. 0/5 =
    b. 5/5 =
    c. 5/1 =
    d. 5/2 + 5/2 =
    e. 1/2 + 1/4 =
    f. forme décimale de 1/5
    g. forme fractionnaire de 0,1
    et tu le sais très bien.
    J'espère avoir été clair.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Ça fait depuis un moment que le programme de sixième est un CM3. Même les élèves le voient (« Mais m’sieur, on a déjà fait ça l’an dernier. »)
    Pour les opérations, ça doit dépendre de pas mal de choses. Ma fille, en CE2, sait poser les multiplications et connaît ses tables (par encore par cœur, mais ça vient).
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • xax a écrit:
    Donc ta compagne pourra faire des tonnes de manipulations indiquées dans des programmes pourris, ça ne servira strictement à rien : au final 90% des enfants sortant de son école seront incapables de répondre aux 7 questions suivantes :
    a. 0/5 =
    b. 5/5 =
    c. 5/1 =
    d. 5/2 + 5/2 =
    e. 1/2 + 1/4 =
    f. forme décimale de 1/5
    g. forme fractionnaire de 0,1
    et tu le sais très bien.
    J'espère avoir été clair.

    Bah raté !

    Ses élèves savent parfaitement répondre à ça. Peut-être pas 90%, ça, ça n'a jamais existé mais c'est exigible et longuement travaillé en classe.

    Je peux même te dire qu'ils savent placer ces fractions sur un axe et passer 0,3 à 3/10 et inversement, chose que je n'avais pas comprise quand j'étais en CM2 dans les années 80.

    Si ce n'est pas fait par certains enseignants, c'est peut être un autre problème: le niveau de recrutement et de formation.

    Les difficultés en classe ne viennent pas de Darcos ou NVB (personne ne les remarque, tout le monde se fiche de ce qu'ils disent). Mais c'est plutôt l'absence de concentration des enfants, les rapports aux parents, souvent absents de l'éducation de leurs enfants, mais par contre très exigeants sur les résultats de leurs enfants. Mais alors l'impact catastrophique de NVB ou Darcos sur les programmes de math au primaire, j'aimerais bien savoir précisément de quoi on parle. Les programmes sont très bien. Si c'était le problème de l'éducation nationale on n'aurait pas de problème.
  • @troisqua
    NVB a fait une énorme bêtise : le programme par cycle. C'est le désastre complet et la cause du grand plongeons. En théorie, si les élèves ont le même professeur de CP à CM1, de CM2 à 6e et de 5e à 3e, le programme par cycle aurait pu être envisager. Quoique, même dans cette configuration idéal, c'est très difficile de mettre en place une progression qui couvre plusieurs années.
    qui ne saurait expliquer nos résultats PISA
    Attention, il ne faut pas regarder le classement PISA, il ne signifie rien. Et les auteurs le répètent sans cesse : il ne faut pas interpréter le classement! Je dirais même il ne faut pas regarder PISA. Ce test mesure juste comment les enfants se débrouillent dans le monde réel et à quel point ils utilisent les choses apprises à l'école. Par ailleurs, les exercices de PISA sont confidentiels. On trouve juste 5 exemples qui datent d'avant 2010.

    Il faut regarder les enquêtes nationales et TIMSS qui teste les connaissances en maths et science dans plusieurs pays. Les résultats de l'enquête TIMSS 2015 sont catastrophique pour les CM1 : lien. En décembre 2020, on aura les résultats des CM1 et 4e enquêté en 2019. Pour 2015, on voit que 75% d'élèves américains (pas le pays le plus performant) ont un score proche de 500 ou supérieur. En France il n'y a que 50% d'élève qui atteignent ou dépasse ce score. Par ailleurs, il n'y a presque pas d'élèves qui dépassent 600 en France, alors qu'il y en a environ 25% aux States.

    Les raisons sont multiples :
    1) recours systématique aux "cahiers d'exercices"
    2) étalage dans le temps qui empêche d'apprendre et qui est contre productif. Par exemple (ce n'est pas le cas dans toutes les classes) :
    - on enseigne uniquement l'addition en CP. Arrivés en CE1 les élèves n'arrive plus à assimiler la soustraction, parce qu'ils sont trop habituer à ne faire que les additions.
    - les tables de multiplications sont apprises en 2 temps. La première année (CE2?) on n'apprend les tables 2-3-4-5-10, l'année suivante les tables 6-7-8-9. La deuxième partie est considéré comme "difficile", on n'y s'attarde pas.
    - division est mal enseignée et trop tard
    3) recours de plus en plus fréquent et de plus en plus tôt aux calculatrices
    4) pas de devoirs maisons (la très grosse majorité)
    5) il y a beaucoup d'exercices avec des problèmes et on les utilisent comme le moyen d'apprentissage, mais n'enseigne pas comment les résoudre. Ce sont toujours des bricolages, des choses intuitives, des choses au pif. Alors que pour apprendre à résoudre les problèmes, il faut donner des utiles qui facilitent la résolution : dessins, tableaux, algo etc.
    6) Certaines classes n'ont pas un emploi fixe : il y a des semaines où on fait très peu de maths

    Je suis sure qu'on peut trouver d'autres raisons. On évoque aussi souvent le faible niveau des enseignants en maths. Mais à mon avis ce n'est pas la principale cause. Quoique j'ai vu des PEs qui font des gros erreurs (p.ex. confond la périmètre et l'aire).
  • @troisqua " Les programmes sont très bien." fallait oser, tu n'es pas obligé de faire de la lèche le forum est anonyme mais bon ça fait du bien de rigoler un peu :-D
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • @troisqua, je conseille vivement à ta femme de regarder la "méthode" Singapour (la première édition), le manuel et surtout le livre du prof. Quand les exercices et les problèmes sont en plusieurs étapes, il faut savoir schématiser. Cela s'apprend. Il n'y a pas que la méthode Singapour, mais c'est le seul manuel traduit en français et facile à trouver. C'est l'intérêt principal de ces livres. On est ici tous parmi les matheux. Quand on nous donne un exercice où l'approche à utiliser n'est pas visible dès le premier coup, on fait quoi?
    1) On prend stylo+papier (ou python...) et on résume l'énoncé
    2) On fait quelques tests, exemples, calculs, dessins ou schémas.
    3) Une fois compris dans quelle direction aller, on passe à la résolution.
    Ce réflexe n'est pas naturel, on nous a appris à faire ainsi. Les élèves avec qui je travaille (et les étudiants quand j'enseignais) ont rarement ce réflexe. Ils lisent l'énoncé, essaye de deviner dans sa tête sans rien écrire. Si la réponse ne vient pas tout de suite, ils abandonnent.
    construit ses propres activités
    Activités? Tu veux dire les manipulations ou les machins trucs qui demande à l'élève d'être à la fois Archimède, Euclide, Euler, Galois etc. et deviner l'utilité et la signification du chapitre à étudier? Si c'est le deuxième cas, c'est à bannir. Personne ne peut être assez intelligents pour remplacer tous les mathématiciens de 2000 dernières années.
    Elle a son cafipemf (en gros elle est formatrice) et s'occupe de rappeler à tous les collègues qu'elle forme d'insister sur le calcul intensif et la répétition de petits défis au seins de l'école. Elle fait la courroie des inspecteurs qui eux-mêmes insistent sur ces points.
    Elle enseigne à quel niveau? Combien de calculs posés par semaine elle donne en devoirs maison? Est-ce qu'elle utilise la calculatrice en cours et les exercices qui demande d'utiliser la calculatrice?
    Tu peux détailler ton CM3 et les conséquences précises pour les maths ?
    La classe de 6e est devenu CM3 (dernière année du cycle 3). Mais bon, je ne pense pas que c'est la cause.
  • xax: les programmes, comme toute chose sur cette terre, ne sont jamais parfaits, car même s'ils l'étaient pour toi ou ton fils, ils ne seraient pas nécessairement pour moi ou pour je ne sais qui.

    Quand j'ai dit que les programmes étaient très bien, je signifiais donc qu'ils pourraient fonctionner à merveille si on n'avait pas tous ces autres problèmes, beaucoup plus lourds à gérer que j'évoquais avant. Donc oui les programmes c'est important, mais bien moins que tout ce qui vient en amont.

    Ma fille a traversé tous ces programmes si "catastrophiques" dans des établissements publics de ville moyenne de province, et jamais rien ne m'a choqué. Elle a appris au rythme où j'ai appris 30 ans plus tôt. Elle a appris ses tables par cœur comme moi, a découvert le calcul littéral au même âge, idem pour les démonstrations, Pythagore et Thalès. Ce qui faisait la différence d'une année à l'autre : les profs !

    Focaliser comme tu l'as fait en disant que, je cite : "il n'y a que la carence pédagogique [comprendre "les programme"] qui explique la situation actuelle." n'est pas la bonne méthode pour affronter tout ce grand marasme dans lequel nous sommes. Et jeter en pâture tel ou tel ministre non plus. Excuse moi, mais ça n'a pas de sens.

    D'autant que le portrait que tu fais des connaissances enseignées aux enfants au primaire est faux. L'ensemble des connaissances et compétences que tu as signalées comme absentes des enseignements du primaire est bel et bien là.

    Par contre, je veux bien croire que beaucoup d'enseignants ne suivent pas correctement ce programme, pour une raison que je connais: un énorme problème de niveau mathématique des enseignants du primaire et une formation en panne. S'ajoute à ce problème le fait que les candidats sont de plus en plus en difficulté (tant sur l'orthographe que les maths).

    Les enfants ont d'abord besoin d'adultes compétents (dans le sens "formés") pour distribuer le savoir. Ces adultes ont besoin de recevoir des formations et les jeunes recrues enseignantes devraient avoir envie de faire ce métier pas seulement grâce à la "sainte vocation" mais aussi par un salaire qui les pousse à suivre des études pour se battre à un concours auquel s'inscriraient de meilleurs profils.

    Ensuite tu peux mettre grosso modo le programme que tu veux, ça fonctionnera de toute façon.

    Un prof aguerri, compétent, motivé, disponible bien dans sa peau se fout royalement de ce que tel ou tel programme va tracer comme ligne pédagogique. Il fait ses propres fiches, son propre cours, s'adapte, et fait bosser ses élèves. Peu importe Darcos ou NVB.
  • On trouve toujours des profs qui sont capables de faire un truc correct à partir du rêve de n'importe quel inspecteur, ou pire, de n'importe quel ministre.

    Les bons profs et les bons élèves ne permettent de rien démontrer du tout, la question est celle de la reproductibilité, avec des profs lambda et des élèves lambda.
  • "la question est celle de la reproductibilité, avec des profs lambda et des élèves lambda" oui c'est ça.
    Dit d'une autre manière la question serait d'augmenter l'effet prof même s'il est moyen avec des programmes et des méthodes adaptés.
    Des expats m'ont dit qu'ils avaient été bluffés par les profs de Singapour qui parfois font des séances de travail collectives pour examiner les blocages d'un seul élève !

    Mais avec des programmes pourris, des manuels qui laissent à désirer et des bizuts dans des quartiers difficiles on ne fera jamais de miracles dans les conditions et l'état d'esprit actuel.

    @troisqua à y réfléchir je ne pense pas que la liste d'items que j'ai posé soit bien maîtrisée dans l'école de ta compagne, elle devrait essayer je pense qu'elle va avoir une mauvaise surprise.
    Je l'avais conçue un peu à l'arrache en pensant que ceux qui finiraient par y arriver n'auraient plus trop de problèmes, ce qui a été le cas (je suis bénévole le samedi pour des enfants en difficulté).
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Tu peux mettre le programme pensé par monsieur x ou y, et faire manger du Terracher autant que tu veux aux gamins. Si c'est enseigné par des enseignants peu énergiques, ronchons, peu motivés, voire dépressifs, ou peu compétents (faut dire qu'avec le salaire promis on ne risque pas d'attirer beaucoup de bons profils) dans des classes où personne n'écoute, bah ça ne marche pas.

    L'enseignement n'est pas dispensé par le programme mais par des enseignants qui, s'ils sont bons, sauront en tirer ce qui permet aux enfants de comprendre les mathématiques. Et il est dispensé à des enfants qui, s'ils sont attentifs vont l'intégrer. Voilà les conditions importantes.

    Le programme, tel qu'il est, n'a rien de choquant, fonctionne convenablement s'il est enseigné convenablement et dans des bonnes conditions. On pourrait désirer des aménagements, je l'entends bien, car aucun programme ne satisfera tout le monde mais le fond du problème n'est absolument pas là.

    J'ajoute que quand j'étais en terminale C, j'étais, avec deux copains, le seul à comprendre vraiment ce qu'on nous enseignait et que, quand j'ai relu récemment les exercices que je faisais, comment je rédigeais, comment mon prof rédigeait, bon ça n'était pas si extraordinaire que ce que mes souvenirs avaient bien voulu conserver.
  • xax: les questions que tu proposes, sont rabâchées en CM2 dans l'école de ma femme, dans des défis appelées "les couronnes". Ma fille y avait déjà droit il y a 10 ans, les programmes sont les mêmes aujourd'hui.

    Les enfants en ont des feuilles complètes et en fonction de leurs résultats obtiennent sur leur feuille des tampons avec des couronnes d'or, ou d'argent ou de bronze (oui ça marche encore à cet âge).

    Ils font aussi des équipes qui s'affrontent sur des défis contenant ce genre de petits calculs et agrémentés de petites énigmes. Toute l'école organise ces défis. C'est la communication et la préparation de séance en commun qui a permis de tirer les enseignants un peu perdus dans les exigences du programme.

    Ils sont gavés de "La Main A la Pâte" (tu dois connaître j'imagine), visitent régulièrement l'université voisine où ils voient des expériences de sciences. Mais ça, ce n'est pas Darcos ou NVB qui le permet, c'est uniquement l'énergie des enseignants, peu importe le programme.
  • Décidément le salaire :-) Bon, il faut être sérieux deux minutes : dans n'importe quel profession on cherche un autre emploi si les conditions sont trop défavorables. Combien y-a-t-il de démissionnaires en maths en % par an ? de l'ordre de 0,2% je crois savoir ...

    "Le programme, tel qu'il est, n'a rien de choquant," là j'ai un désaccord formel, il n'y a plus rien dans le programme de primaire en maths, ce qui est une cause évidente de difficulté pour les enseignants du collège. Le profond délabrement du programme sur une trentaine d'années a raviné les maths à l'école primaire.

    Par contre je suis maintenant absolument sûr d'après la description des activités dans l'école de ta compagne que l'échec à ma liste d'item sera de 90% au moins.

    Après tu peux penser ce que tu veux en dépit d'une réalité bien mesurée quant aux résultats du primaire c'est ton problème. Tu peux aussi penser que les réflexions de Lafforgue, Serre, Connes, etc. ne valent rien Après tout connaissent-il aussi bien les maths que l'inspecteur de ta compagne ? Rien n'est moins sûr ! Et la Pédagogerie encore moins.

    Bon après il y a la réalité, c'est tout.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • "Plusieurs spécialistes ont évoqué une surexposition aux écrans aux conséquences cognitives désastreuses parmi lesquelles figure les problèmes de concentration."

    L'alimentation est un facteur qui pèse très lourdement sur l'évolution psycho-physiologique des enfants au cours des dernières décennies. Mais... chut ! Faut pas en parler, trop de gros sous derrière ;-)...


    "dans n'importe quel profession on cherche un autre emploi si les conditions sont trop défavorables."

    C'est un poil plus compliqué que cela à mon sens. Que peut faire un prof de maths s'il décide de se reconvertir ? Pas grand chose (quasiment rien !) en lien avec les maths à vrai dire. Un peu de formation des maths pour adultes, un peu de formation dans un autre domaine, se mettre à son compte pour donner des cours particuliers... Les plus geeks peuvent facilement devenir programmeur s'ils acceptent, comme on dit, d'aller "pisser du code dans une SSII".
    Bref, pas très folichon comme avenir quand on se dit qu'on a sué sang et eau pendant une ou plusieurs décennies et qu'on a la sécurité de l'emploi plus un rêve (très illusoire hélas) de retraite si on a déjà fait une bonne partie du chemin. La peur (économique) de l'avenir est un frein puissant.
    Mis à part les cas où l'on est vraiment au bout du rouleau (dépression, burn-out...), on préfèrera rester dans son petit confort avec des compensations à côté (les vacances, la famille, etc.) que démissionner d'un cadre pareil, même si l'on est déconsidéré par tout le monde et mal payé. Je pense donc que le taux de démissionnaire n'est pas significatif dans ce cas.
  • xax a écrit:
    il n'y a plus rien dans le programme de primaire en maths

    Dis moi précisément et une bonne fois pour toutes, en me comparant deux B.O, ce qui a disparu et à quel moment et, seulement après, la discussion pourra commencer sur les programmes "catastrophiques" que tu décris.

    Ce que tu dis, c'est que ce qui devrait être compris par les enfants (car enseigné à l'école selon les programmes) ne l'est pas suffisamment. Ça n'a rien à voir avec les programmes mais avec l'efficacité pédagogique.

    Ce qui a changé au primaire ce sont pratiques. Et elles ont changé en bien. Dans les programmes, concernant les fractions et les décimaux, il est recommandé de commencer en début de CM1 pour étaler l'apprentissage et répéter les situations sur 2 ans. Dans la pratique, beaucoup d'enseignants le commencent beaucoup plus tard. Mais ça évolue lentement. On a surtout un problème de qualification des enseignants du primaire qui sont nombreux à ne pas être à l'aise avec ces notions. C'est surtout ça le problème sur le terrain.

    Je vais être plus précis: les programmes du primaire de math sur ce point que tu évoques n'ont quasiment pas bougé depuis 20 ans. Ce qui a changé c'est que des points importants du programme, comme, au CM1, voir les fractions avant les décimaux, s'est enfin diffusé dans la pratique des enseignants. Avant on commençait par les décimaux et c'était introduit par la monnaie (si bien que 1,234 n'avait pas de sens pour près d'un 1/4 des élèves aux évaluations de 6ème). Il y a eu du chemin de fin depuis. C'est très positif.

    Depuis 2015, il est demandé aux enseignants de faire pratiquer du calcul (mental et posé) quotidiennement. Des jeux avec l'ardoise pour dynamiser les séances sont de plus en plus organisés depuis cette période, on insiste sur la répétition des savoir faire (cf le blog de Mallory que tu dois connaître puisque c'est LA référence chez les enseignants du primaire)

    Concernant maintenant les salaires: tu me rétorques, en gros, qu'ils sont suffisants puisque ceux qui sont payés avec ce salaire ne démissionnent pas (sic!)

    Moi je parlais d'attirer des profils plus compétents et sélectionnés dans un vivier plus important en intégrant d'autres compétences (dynamisme et écoute). Tu vas les attirer comment ces profils intéressants ? Avec du vinaigre ?

    Enfin, comme le mentionnait un intervenant helvète sur un autre fil, le salaire, c'est certainement stupide, mais cela change l'image de l'enseignant ce qui, dans son témoignage, était vu comme important dans la pratique du métier (je le rejoins entièrement). Si on augmente énormément les salaires, on va faire revivre tout un secteur de l'éducation, y voir arriver des étudiants qui se destineront à des concours sélectifs. Actuellement, l'absence de dynamique salariale fait plonger le niveau du recrutement.

    On ne règle pas les problèmes de l'éducation nationale en enseignant selon Saint Terracher ou en suivant à la lettre le programme de Monsieur x ou y. qui aurait tout compris aux maths contrairement à NVB et autres. Les causes sont multifactorielles et les leviers d'action concernent davantage les humains : formation / recrutement des enseignants, capacité d'écoute des enfants. Voilà selon moi les vrais chantiers. Pointer monsieur bidul ou madame machin comme responsable des catastrophes n'est pas très intéressant et ne s'appuie sur aucune réalité, c'est pour ça que tu n'arrives pas à trouver précisément des points de programme de math qu'ils auraient modifié

    Ce n'est pas parce que l'école a une mauvaise efficacité pédagogique que ce qu'on tente d'y apprendre (qui n'a pas quasiment pas changé au primaire depuis plus de 20 ans) est mauvais. Il y a des raisons plus directes et plus complexes à régler : formation / recrutement / image de l'enseignant, écoute et concentration des élèves.
  • troisqua ne fais pas semblant de ne pas comprendre ce que je dis, et excuse moi par avance de ne plus lire ta prose inutile. Tu n'as rien compris à ce qui se passe parce que tu ne fais aucun effort de lecture de ce qu'il faut faire (programme de Lafforgue par exemple) et tu ne compares pas au programme actuel. J'ai déjà expliqué plusieurs fois très précisément ce qu'il manque et très récemment dans un fil voisin sur l'enseignement des fractions. C'est normal toi et ta campagne êtes mal payés je vous comprends. On va en rester là.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • @xax
    Je suivrais @curiosity sur la question du salaire. Le salaire ne sert pas à garder les gens (voir les raisons données par curiosity qui sont de bon sens) mais par contre ça sert à attirer de nouveaux arrivants d'un certain niveau.
  • Concernant le salaire, je vois mal comment les choses pourraient s'arranger. Quand on voit qu'un autre secteur tout aussi fondamental, la santé, est au bord du gouffre et qu'on consent seulement à donner quelques miettes à ses agents, j'ai du mal à imaginer que tant que l'éducation nationale ne se sera pas mise en grève dans son ensemble pendant 6 mois, ses agents puissent espérer autre chose que les miettes des miettes (ça porte un nom ? des miemiettes peut-être ?). Et vu la crise immense (et immonde) qui se profile et va s'abattre sur nous, comme un bon gros grain qui obscurcit le ciel à l'horizon avant de tout inonder en moins d'une demi-heure, eh bien je suis sceptique quant à une augmentation substantielle prochaine du pouvoir d'achat des enseignants, et des fonctionnaires en général (sauf les catégories A+ qui peuvent se servir directement dans les caisses, bien sûr :-D). Tant pis pour certains de mes projets, je vais les mettre en hibernation pour quelques années.

    C'est bête et méchant en apparence mais c'est ainsi, tout dans le monde fonctionne de cette manière, à commencer par les individus : tant qu'on n'est pas rentré bien perpendiculairement dans le mur en s'étant fracassé un peu partout, on fonce, on fonce en faisant l'autruche et en espérant qu'un deus ex machina viendra nous sauver et tout rétablir. On le voit partout aujourd'hui dans les différents secteurs de la vie : la finance, la santé, l'alimentation, l'environnement, l'armement...

    Et finalement, on n'est pas loin du sujet : pourquoi enseigner les maths dans ce cadre ? C'est ce que j'ai essayé de souligner : les maths n'est pas le problème fondamental. C'est l'ensemble de nos comportements et modes de fonctionnement qu'il faut changer, pas juste le BO. Peut-être commencer par éviter de s'invectiver les uns les autres à longueur de messages sur les forums. Ce n'est pas pour demain 8-)...
  • xax a écrit:
    J'ai déjà expliqué plusieurs fois très précisément ce qu'il manque

    Non car tu mens. Tu tords la réalité. Tu parles de changement de programmes et tu es incapable de sourcer.

    Ce qui est normal puisque dans les faits, le BO n'a pas changé d'un pouce. On a juste demandé aux enseignants d'augmenter la dose de calcul mental (faire du quotidien) et d'introduire le plus tôt possible les fractions (avant l'écriture décimale) et ce, dès le CM1.

    Donc tu pourras me parler de ton programme rêvé qui sauverait la planète math, mais ça ne changera rien au fait que tu ne décris pas le système actuel tel qu'il est mais tel que tu le fantasmes en pointant le programme au lieu d'évoquer un problème majeur de ressources humaines.

    Ses dysfonctionnements nombreux n'ont pas pour cause principale un "mauvais programme". D'ailleurs depuis mon enfance,, je ne vois que très peu de changement au primaire, si ce n'est quelques changements de pratique d'enseignement plutôt positives (en particulier dans l'enseignement des fractions). A mon époque c'était un peu catastrophique quand je relis mes vieux cahiers, mais on était sage et tout le monde, y compris les parents, respectait l'enseignant et en avait une bonne image.

    Comme sur l'autre fil, je vais m'arrêter là. Bonne continuation.
  • CQFD :-D !
  • J'ai un peu de mal à saisir ce qui se passe.

    xax dit que le niveau a chuté en primaire (études de la DEPP à l'appui), et c'est vraiment catastrophique. troisqua nous explique que le programme n'a pas changé, uniquement des changements de pratiques d'enseignement, qui sont positives. La seule explication que je tire de ça c'est que les enfants sont moins intelligents à la naissance, explication que je rejette, bien évidemment.
  • Mickaël tu n'as pas mentionné (je parle du primaire):

    - un mauvais recrutement (lié à une baisse importante d'attractivité du métier)
    - un manque cruel de formation pédagogique et mathématique des enseignants
    - une mauvaise image (paupérisation française des enseignants à comparer avec l'image qu'ont les allemands ou les suisses de leurs professeurs. cf témoignage sur un autre fil)
    - un niveau moyen très faible en math des enseignants du primaire (à relier au problème de formation)
    - des difficultés énormes de concentration chez nos élèves montrés dès l'âge de trois ans par des études pédiatriques (écrans non contrôlés à la maison ?)
  • @Curiosity à propos de ce commentaire.

    (tu)

    On peut ajouter qu'attirer de nouveaux profils d'enseignants n'a rien à voir avec la démission ou non de ceux qui ont passé les concours avec l'ancienne promesse dans d'autres circonstances de formation et de recrutement.

    On aurait pu aussi rappeler que dans un pays comptant de plus en plus de travailleurs pauvres (et de plus en plus exposés au burn out), de plus en plus de familles recomposées (éclatant ainsi le lieu d'apprentissage), le cadre familial bienveillant et apaisé pour apprendre se fait plus rare.
  • @troisqua : tu as raison j'ai oublié ces points, merci de les avoir rappelés.
  • Et pourquoi d'autres pays font-ils beaucoup mieux que la France, sans nécessairement avoir des enseignants beaucoup mieux rémunérés ?105038
  • @JLT: il y a de nombreuses réponses à ta question. Ce commentaire et la fin de celui-ci abordent plusieurs éléments qui caractérisent notre société française. Les programmes du primaire ayant très peu changé depuis très longtemps, on voit que ce n'est pas ce point qui crée la dégradation de nos résultats.

    Et puis comparer les salaires sans évoquer le pouvoir d'achat qui en résulte ou l'image sociale véhiculée par la profession n'est pas très significatif.
  • En Extrême-Orient: cours magistral, travail, mérite, discipline de fer....

    En France: problemzouverts et zaktivités, vision idéologique de l'éducation, laxisme, bordel et indiscipline non sanctionnés, programmes désastreux, refus de sélectionner.....

    Il ne faut donc pas s'étonner de la position de la France sur la montagne de @ JLT....nous sommes dans les derniers de cordée....comme d'habitude.....

    La France se tiers- mondise à grande vitesse....Dans 10 ans, nous serons tout en bas, dépassés par l'Indonésie et la Jordanie....
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Les histoires de trop d'écrans et de travailleurs pauvres, je n'y crois pas. En Angleterre ils n'auraient donc pas ce genre de problèmes ?
  • Quand même la rémunération doit être regardée avec le niveau de vie du pays, sinon ce n'est pas comparable.

    Après, résumer le niveau mathématiques d'un pays à un score à un test (je serais pas étonné que bcp de pays entraînent leurs élèves et orientent les programme en fonction de cette compétition).

    Je trouverais plus probant de regarder le niveau des ingénieurs et des chercheurs des différents pays

    @Ramon
    Si le niveau scolaire se paye par un pays avec une société à la rigueur militaire, merci, va y vivre, je préfère le joyeux bordel français.
  • Ce n'est jamais un facteur isolé mais une accumulation. Par exemple en France, on a une population plus importante issue de l'immigration qu'en Angleterre. Tous ces facteurs font qu'on ne peut pas isoler une cause précise. Par contre, les programmes (qui sont constants au primaire depuis plus de 25 ans rappelons-le encore), n'expliquent rien de nos mauvais résultats. Et changer les programmes sans ressource humaine pédagogique en capacité à intégrer et mettre correctement en place ces nouvelles méthodes c'est un coup d'épée dans l'eau. Il faut donc faire les choses dans l'ordre.

    Comme il faut bien commencer par quelque chose d'efficace, on pourrait peut-être hausser l'attractivité du métier en élevant en même temps le niveau d'exigence sur les futurs enseignants recrutés. On a aussi énormément de travail de formation à faire. Ok, ça n'est clairement pas suffisant mais a beaucoup d'impacts (redorer certaines filières d'enseignement des maths, améliorer l'image sociale des enseignants (métier plus sélectif, mieux payé), mettre un peu plus de compétence dans les rangs de l'éducation nationale, potentiellement améliorer l'offre pédagogique aux élèves).

    Certes ça a un coût, et pas certain que l'état (i.e les électeurs) soit prêt à l'assumer. Mais geindre sempiternellement sur l'état de la société et sur les programmes, désigner de vieux responsables (qui ne sont même plus aux manettes), politiser le débat de façon caricaturale en allant chercher des slogans assez proches de "travail famille patrie", c'est juste usant et parfaitement inefficace.
  • Attention au trôlle de troisca, j'ai déjà exposé mon hypothèse http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?18,2039628,2040130#msg-2040130 les programmes ont radicalement évolué depuis une trentaine d'années, on n'apprend absolument plus rien en maths à l'école primaire, la géométrie a quasiment totalement disparu ($\pi$ n'existe plus aussi ...), les opération ne sont plus vues dans leur généralité, il n'y a rien pour manipuler les fractions qui sont balancées de la pire manière.

    L'argument avancé d'un manque de formation de gens recrutés entre bac + 3 pour les plus anciens et bac + 5 est évidemment ridicule, le fait qu'ils ne s'en sortent pas mieux pour apprendre la lecture et l'écriture, domaine pour lesquels la France obtient des résultats très moyens avec de fortes inégalités montrent là aussi que les programmes et méthodes pourries sont en cause.

    Cette carence pédagogique organisée par les ministres successifs depuis au moins trente ans, accompagnée de réformes structurelles qui sont les pires pour les rythmes d'apprentissage (semaine de 4 jours Belkacem-Hamon-Peillon suite à la suppression d'une demi-journée par Darcos, 3h par semaine et non 1 ou 2h comme l'a écrit faussement troisca) ont achevé l'école primaire française qui fut l'une des meilleures au monde.

    Pour la petite histoire, une bonne partie de la méthode Singapour est issue des enseignements français "d'avant". Cette méthodes, les concepteurs l'ont clairement énoncé, est une entreprise pragmatique dont le but était de faire passer rapidement une population d'un niveau d'étude assez bas à la réussite actuelle.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Blueberry a écrit:
    le joyeux bordel français.

    Je ne vois pas ce que ce bordel a de "joyeux".....
    On n'apprend rien de solide dans le bordel et le désordre....
    Les bons élèves issus de milieux modestes, qui n'ont que l'école comme moyen de promotion sociale et qui sont harcelés par des racailles qui les traitent "d'intellos", apprécieront.....

    [Modéré. Hors-sujet]
    Liberté, égalité, choucroute.
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