Enseigner en CPGE au Maroc
Salut le forum
Je suis agrégatif Marocain, ayant vécu 5 années en France et diplômé d'une école d'ingénieur parisienne.
Il me semble qu'il est maintenant de plus en plus difficile d'enseigner les mathématiques dans le supérieur en France, et plusieurs agrégés se retrouvent à enseigner au collège ou au lycée.
Il me semble aussi que plusieurs agrégés/docteurs en maths ne se sentent pas appréciés à leur juste valeur, que ce soit en terme de salaire ou de reconnaissance.
Je crée donc ce post dans la bonne volonté d'aider ces gens là, ou plus généralement des enseignants de mathématiques qui ne se sentent pas heureux dans leur situation professionnelle actuelle.
Au Maroc, les profs de maths de CPGE sont très valorisés et demandés, car il y a beaucoup de classes prépas privées et de centres de cours de soutien. De plus, le niveau est de plus en plus faible: au Maroc, les meilleurs étudiants s'orientent généralement vers des métiers de l'ingénierie, les tout meilleurs en prépa intègrent Polytechnique et quasiment personne n'intègre l'ENS. De manière générale ils s'orientent pour la plupart soit vers la finance ou la data science, et travaillent à l'étranger pour des grandes entreprises. Ceux qui décident de s'orienter vers l'enseignement en mathématiques viennent généralement d'un cursus universitaire, et malheureusement au Maroc, sauf exceptions, les seuls qui font l'université après le bac sont ceux qui n'ont rien eu d'autre. Pour avoir l'agrég de maths au Maroc, il suffit d'être admissible à l'écrit (même épreuve que l'agrég française), la barre d'admissibilité étant aux alentours de 5/20, et de réussir un oral local beaucoup moins sélectif que l'oral de France.
Tout ça pour vous dire : beaucoup d'offres d'emploi au privé, peu de profs agrégés, et certainement moins de compétence qu'en France.
Venons en au second point : les rentrées d'argent peuvent monter très haut, je n'ai pas de chiffres très précis, mais au privé c'est en moyenne aux alentours de 20000dhs par mois (soit 1800 euros) pour 12 heures de travail par semaine. Toutefois, le fait d'être français change la donne et je suis persuadé qu'il est possible de négocier des salaires beaucoup plus élevés avec une prépa privée. Le seul fait d'être français est un gros avantage au Maroc, car les français sont réputés pour être sérieux, honnêtes et compétents. Mais là où on se fait vraiment de l'argent, c'est les cours de soutien, très populaires au Maroc. J'en ai moi même fait quand j'étais en prépa et ça coutait l'équivalent de 20 euros pour deux heures, pour des classes de 20 en moyenne. Ca fait 400 euros en deux heures.
Troisième point : la qualité de vie. Au Maroc, la majorité des gens sont pauvres et vivent très mal en faveur des plus riches. À titre d'exemple, un taxi coûte 3 euros pour 20 minutes de trajet environ. Une femme de ménage prend 20 euros pour faire le ménage complet de notre villa de 2 étages+terrasse pour une superfiicie de 200m^2 par étage.
Dans beaucoup de villes c'est le soleil toute l'année, les vacances les plus luxueuses sont largement à la portée de quelqu'un qui gagne plus de 2000 euros par mois, notamment à Marrakech: hôtels, boîtes de nuits et ce qui va avec (si vous n'êtes pas mariés ;-) )
Bref vous pouvez juste enseigner des maths et vivre comme un roi.
Maintenant venons en aux inconvénients.
- Le niveau des élèves dans les classes prépas privées est extrêmement faible car les meilleurs choisissent naturellement d'étudier gratuitement dans le public.
- La prise en charge sanitaire au Maroc est bien moins bonne que celle de France, en général les médecins sont moins compétents, moins honnêtes et vous devez payer beaucoup plus qu'en France. Mais bon, Paris c'est à 3 heures d'avion de Rabat.
Voilà, si j'ai fait ce post c'est vraiment par bonne volonté. Je n'ai strictement rien à gagner à convaincre des français d'enseigner au Maroc, même que ça me ferait de la concurrence puisque je souhaite moi-même passer l'agrég l'an prochain.
Si vous avez des questions spécifiques n'hésitez pas à me demander en privé ou en réponse à ce post ;-)
Je suis agrégatif Marocain, ayant vécu 5 années en France et diplômé d'une école d'ingénieur parisienne.
Il me semble qu'il est maintenant de plus en plus difficile d'enseigner les mathématiques dans le supérieur en France, et plusieurs agrégés se retrouvent à enseigner au collège ou au lycée.
Il me semble aussi que plusieurs agrégés/docteurs en maths ne se sentent pas appréciés à leur juste valeur, que ce soit en terme de salaire ou de reconnaissance.
Je crée donc ce post dans la bonne volonté d'aider ces gens là, ou plus généralement des enseignants de mathématiques qui ne se sentent pas heureux dans leur situation professionnelle actuelle.
Au Maroc, les profs de maths de CPGE sont très valorisés et demandés, car il y a beaucoup de classes prépas privées et de centres de cours de soutien. De plus, le niveau est de plus en plus faible: au Maroc, les meilleurs étudiants s'orientent généralement vers des métiers de l'ingénierie, les tout meilleurs en prépa intègrent Polytechnique et quasiment personne n'intègre l'ENS. De manière générale ils s'orientent pour la plupart soit vers la finance ou la data science, et travaillent à l'étranger pour des grandes entreprises. Ceux qui décident de s'orienter vers l'enseignement en mathématiques viennent généralement d'un cursus universitaire, et malheureusement au Maroc, sauf exceptions, les seuls qui font l'université après le bac sont ceux qui n'ont rien eu d'autre. Pour avoir l'agrég de maths au Maroc, il suffit d'être admissible à l'écrit (même épreuve que l'agrég française), la barre d'admissibilité étant aux alentours de 5/20, et de réussir un oral local beaucoup moins sélectif que l'oral de France.
Tout ça pour vous dire : beaucoup d'offres d'emploi au privé, peu de profs agrégés, et certainement moins de compétence qu'en France.
Venons en au second point : les rentrées d'argent peuvent monter très haut, je n'ai pas de chiffres très précis, mais au privé c'est en moyenne aux alentours de 20000dhs par mois (soit 1800 euros) pour 12 heures de travail par semaine. Toutefois, le fait d'être français change la donne et je suis persuadé qu'il est possible de négocier des salaires beaucoup plus élevés avec une prépa privée. Le seul fait d'être français est un gros avantage au Maroc, car les français sont réputés pour être sérieux, honnêtes et compétents. Mais là où on se fait vraiment de l'argent, c'est les cours de soutien, très populaires au Maroc. J'en ai moi même fait quand j'étais en prépa et ça coutait l'équivalent de 20 euros pour deux heures, pour des classes de 20 en moyenne. Ca fait 400 euros en deux heures.
Troisième point : la qualité de vie. Au Maroc, la majorité des gens sont pauvres et vivent très mal en faveur des plus riches. À titre d'exemple, un taxi coûte 3 euros pour 20 minutes de trajet environ. Une femme de ménage prend 20 euros pour faire le ménage complet de notre villa de 2 étages+terrasse pour une superfiicie de 200m^2 par étage.
Dans beaucoup de villes c'est le soleil toute l'année, les vacances les plus luxueuses sont largement à la portée de quelqu'un qui gagne plus de 2000 euros par mois, notamment à Marrakech: hôtels, boîtes de nuits et ce qui va avec (si vous n'êtes pas mariés ;-) )
Bref vous pouvez juste enseigner des maths et vivre comme un roi.
Maintenant venons en aux inconvénients.
- Le niveau des élèves dans les classes prépas privées est extrêmement faible car les meilleurs choisissent naturellement d'étudier gratuitement dans le public.
- La prise en charge sanitaire au Maroc est bien moins bonne que celle de France, en général les médecins sont moins compétents, moins honnêtes et vous devez payer beaucoup plus qu'en France. Mais bon, Paris c'est à 3 heures d'avion de Rabat.
Voilà, si j'ai fait ce post c'est vraiment par bonne volonté. Je n'ai strictement rien à gagner à convaincre des français d'enseigner au Maroc, même que ça me ferait de la concurrence puisque je souhaite moi-même passer l'agrég l'an prochain.
Si vous avez des questions spécifiques n'hésitez pas à me demander en privé ou en réponse à ce post ;-)
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Réponses
Je vais rester dans ma petite maison et travailler au jardin, je n'ai aucun goût pour exploiter les gens ni pour les villas de 200m2.
Personnellement après avoir beaucoup travaillé à la bibliothèque en licence, je me vois mal avoir une vie grandiloquente...
J'aimerais bien lire si les autres membres du forum se projettent dans une vie de nabab.
Ce n'est pas la faute des gens qui les embauchent, le Maroc est un pays pauvre et c'est dur de vivre décemment sans diplômes. Plus de 5 millions de marocains vivent avec moins d'un euro par jour, donc crois-moi qu'elle est contente de gagner ses 20 euros.
J'ai tout autant de la peine pour ces gens mais c'est la triste réalité.
[Inutile de reproduire le message précédent. AD]
Oui pour connaître le Maroc, très beau pays, quand on voit ce que devient l'enseignement en France, on peut être tenté.
Si on se réfère au niveau des sujets de bac du Maroc, je pense qu'au Maroc, même dans des prépas privées accueillant des élèves faibles ça doit être un niveau largement supérieur à celui d'une L1 ou d'une petite prépa où factoriser a²+a pose encore problème à quelques étudiants !
Une question naïve : les cours de mathématiques se font en langue française ou en arabe ?
Auprès des élèves, est-on bien perçu (on "pique" le travail d'un diplômé marocain) ?
Désolé pour mes questions triviales,
Bonne journée et bonne chance dans votre quête.
gauss
Merci pour votre retour.
Pour répondre à vos questions (qui n'ont rien de triviales), tout est en français après le bac.
Les français sont en général bien perçus au Maroc, non seulement dans l'enseignement mais aussi dans la vie quotidienne.
Par exemple, les profs du LYDEX (lycée d'excellence) sont majoritairement français il me semble. J'ai entendu qu'il y a eu une vingtaine d'élèves admissibles à Polytechnique cette année, ce qui est une première dans le pays.
Je connais aussi un prof français (qui a enseigné en prépa agrég mes profs de MPSI et MP). Il est quasiment retraité maintenant et enseigne dans une prépa privée.
L'avantage d'enseigner dans le public c'est que le niveau est meilleur (voire bon ou très bon dans certains lycées) mais le salaire est de 1000 euros et je suppose qu'il n'est pas évident de trouver un poste dans les meilleurs lycées.
Comme si ce genre d'exploitation n'existait pas en France, que ce soit à Besançon ou dans le XVIe ::o ! Comme si la précarité ne touchait pas notre "beau" pays...
"Personnellement après avoir beaucoup travaillé à la bibliothèque en licence, je me vois mal avoir une vie grandiloquente... "
C'est quoi une "vie grandiloquente" ? S'il faut comprendre une vie "dispendieuse", "fastueuse" ou quelque chose dans le même genre, alors je peux t'assurer que tu peux trouver des tas de gens qui ont passé du temps dans des bibliothèques et qui ne se privent pas pour péter dans la soie :-D. Va demander à certains mathématiciens ou philosophes médiatiques très en vue sur la place publique... ;-)
Merci pour l'information ! Je me suis souvent posé la question d'aller faire un tour "là-bas", dans un autre pays francophone pour enseigner les mathématiques à un niveau un peu plus élevé que celui du secondaire et dans de bonnes conditions, et j'avais effectivement pensé au Maroc.
Je suis donc intéressé par ce sujet et j'ai deux questions qui me viennent à l'esprit dans l'immédiat.
D'abord, est-ce que l'on fera une différence entre l'agrégation interne et externe à la française ? Je passerai peut-être l'agrégation interne dans quelques années, mais je ne sais pas si je travaillerai l'externe (que je passerai peut-être aussi du reste...). D'un autre côté, je suis aussi diplômé d'une grande école d'ingénieurs française reconnue (y compris au Maroc ;-)), et je connais bien le domaine de l'informatique. Ça pourrait aider j'imagine...
Ensuite, quelle est l'ambiance dans ce genre de classe ? J'ai entendu/lu à plusieurs reprises que les prépas françaises connaissaient de plus en plus de difficultés en matière de discipline et de comportement des étudiants. Est-ce le cas aussi au Maroc dans ces établissements privés ? J'ai quitté mon poste de titulaire (CAPES) il y a longtemps pour cette raison, alors si c'est pour tomber de Charybde en Scylla...
J'avais envie d'opter pour le deuxième avec ce que vient d'écrire Chaurien, mais j'ai comme un doute car là c'est plutôt un adjectif. (Je suis petit, je suis gentil....)
Edit : d'un autre côté, on dit "je suis professeur" et professeur est un nom commun.
"français" est à la fois nom et adjectif. Donc on écrit "je suis français", la position épithète le fait qu'il soit attribut disant que c'est un adjectif, .
Pour "je suis professeur", le nom commun est utilisé comme un adjectif.
Cordialement.
je n'avais pas fait attention au verbe seulement à la place !!
Désolé !