Maths expertes & parcours sup

Bonsoir
Je ne suis pas de l'EN et je m’interroge sur maths expertes ; bien entendu je comprends l'intérêt de la faire si l'élève souhaite faire une prépa après le Bac (pour les connaissances ou un meilleur dossier), mais j'aimerais savoir :
  • comment l'option sera gérée au niveau de parcours sup ?
  • comme c'est une option, est-ce que l'élève peut abandonner en cours de route ? Et quels seront les impacts ?
Je connais en effet des élèves qui se posent des questions dès la première semaine, et qui envisagent d'abandonner après le premier cours de façon à assurer les 2 spécialités (maths et physiques) et ne pas se laisser "plomber" par cette option.

Quels sont vos avis ?
Merci.

Réponses

  • En « mathématiques expertes », en complément de la spécialité, on fait de l’arithmétique, un peu de théorie des graphes et on découvre les nombres complexes. Tout cela sans note au baccalauréat. On aime les mathématiques pour ce qu’elles sont ou pas.
  • Il est tout à fait scandaleux qu'un travail fait pendant toute l'année scolaire ne soit pas valorisé par une note au baccalauréat et qu'un élève qui a fait cet effort soit à égalité avec un qui ne l'a pas fait. C'est important pour l'orientation ultérieure.
    Si l'on « aime les mathématiques pour ce qu'elles sont », on aime aussi voir son travail reconnu socialement, et ce n'est que justice. On pourrait pousser ce raisonnement : on aime toutes les disciplines intellectuelles, alors il n'est pas nécessaire de sanctionner leur apprentissage, mieux vaut donner le baccalauréat à tout le monde : c'est le triomphe de la sainte Égalité. Nous y sommes presque : 95,7 % cette année 2020 !
    Cette usine à gaz : « spécialité » et « mathématiques expertes » vient en remplacement de ce qui serait la solution : la restauration des filières comme autrefois Mathématiques Élémentaires ou Terminale C, qu'on a supprimées pour des raisons idéologiques contraires au bon sens.
    Bonne journée.
    Fr. Ch.
    NB Mort d’Annie Cordy à 92 ans.
  • Les formules utilisées par les divers établissements pour classer les candidatures sur Parcoursup n'étant pas publiques, il est difficile de savoir quelle est la meilleure stratégie. Au moins sur ce lien https://www.ipsa.fr/admission-ecole-ingenieur/choix-specialite-premiere-terminale on voit que "maths expertes" est effectivement pris en compte sur Parcoursup sans être obligatoire. Mais je connais des professeurs de lycée qui déconseillent maths expertes aux élèves trop tangents.
  • Dans les exemples que j'ai en tête, spécialité maths (6h) et mats expertes (3h) sont enseignés par 2 personnes différentes; si on y ajoute la spécialité physique (6h), les élèves voient ça comme 3 matières différentes et ils ne parviennent pas à pondérer leurs charges de travail; les enseignants les sollicitent beaucoup en matière de DM, DS, etc. (ce qui est une bonne chose tout le monde en conviendra), d'où ce sentiment de panique et la volonté de jouer la "sécurité". A cela s'ajoute les autres matières et options, ce qui fait qu'ils n'ont que 2 heures de perm dans la semaine je crois, en finissant à 18h.

    Dans mon souvenir de terminale C, nous avions 8 heures de maths et 5 heures de physiques par semaine (hors DS). :-)
  • En Terminale C, nous avions 9h (je pense qu'il n'y a jamais eu 8h). Et j'aurais penché pour 6h de physique mais j'ai un doute. ;-)
  • J'ai eu 9 h de maths, aussi. Et beaucoup de physique.

  • A 17 ans, il faut avoir énormément de maturité et de recul pour faire une option supplémentaire qui n'est pas valorisée par une note pour le baccalauréat.
    D'autre part, j'ai une excellente élève en mathématiques, qui a préféré ne pas prendre maths expertes pour "assurer" les autres disciplines. Elle a peur d'être débordée. Par rapport à son projet actuel, ce n'est pas pénalisant. Mais elle peut très bien changer en cours d'année, j'espère qu'elle ne regrettera pas. Si cela lui avait apporté des points en plus, je suis sûr qu'elle aurait fait l'option. C'est dommage.

    L'abandon d'une spécialité en première et des options non valorisées sont deux problèmes majeurs dans cette réforme du baccalauréat.
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • 9 heures en effet, je ne sais plus compter B-)
  • L'option de terminale LCA (Langues et Culture de l'Antiquité) est la seule option qui peut donner des points supplémentaires au BAC...
    Une autre conséquence de la réforme du lycée qui s'applique totalement depuis cette rentrée : suppression d'environ 500 postes de mathématiques en septembre 2020.
  • L'option LCA rapporte des points en plus, maths expertes non. Je l'apprends.

    La preuve s'il en fallait une, que cette réforme, totalement idéologique, maltraite les sciences.
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • c'est tout à fait ça

    Donc maths expertes est une option en ce sens que l'élève est libre de la prendre ou non, mais elle devient une matière à part entière (parcoursup, dossier, bulletin, moyenne, etc) avec plus aucune possibilité de retour en arrière si elle est choisie: ai-je bien résumé?

    Entre l'abandon d'une des spécialités des E3C et cette option, je me demande comment le "supérieur" va s'organiser pour rattraper le coup; la première année sera forcément une année "tampon"
  • Attention, LCA en terminale n'est pas une option mais une spécialité qu'on évalue donc au bac avec un coefficient 16.
  • Non il y a aussi une option LCA en terminale et c'est la seule option pouvant apporter des points supplémentaires au BAC.108920
  • Au temps pour moi !
  • Mais qui donc a "créé" ce bac totalement incompréhensible ? De quel cerveau trituré sortent toutes ces inepties ?

    Fallait-il lancer cette usine à gaz idéologique, comme le souligne Zeitnot, pour économiser 3 francs 6 sous et quelques postes ?
  • Quand même 25%de postes de maths en moins dans notre lycée. Je pense que rien que les maths c'est rentable.
    Sinon effectivement cette réforme ne vaut rien. Elle complique le choix, complique énormément les emplois du temps et l'organisation des groupes. Casse les groupes classes. Diminue les horaires en maths. Navrant.
  • On peut quand même noter qu'un élève qui aura assimilé les programmes de spécialité et de maths expertes aura (à mon avis hein) un bien meilleur niveau qu'un bachelier S post 2014 qui avait choisi spé maths.
  • Spécialité Maths + option maths experte permettrait d'atteindre un meilleur niveau que le BAC S (si ces programmes sont vraiment faits entièrement) mais avec une discipline de science en moins (car 2 spécialités en terminale et pas d'options physique ou svt). [p.s : a contrario, notez que l'élève littéraire peut lui se constituer un feu d'artifices de disciplines littéraires entre le tronc commun et les spécialités avec uniquement 2h/sem d' "enseignement scientifique"].

    Il me semble que le problème se pose plutôt pour les élèves qui choisiront uniquement l'option mathématiques complémentaires en terminale (3h/sem et programme à la mode "thématique") et qui auront besoin des mathématiques dans le supérieur.
  • gr a écrit:
    On peut quand même noter qu'un élève qui aura assimilé les programmes de spécialité et de maths expertes aura (à mon avis hein) un bien meilleur niveau qu'un bachelier S post 2014 qui avait choisi spé maths.

    En fait, tu veux dire que le programme spé maths + maths expertes est plus ambitieux que l'ancien TS+spéTS. Mais ce qui compte, c'est le niveau réel atteint par les élèves ; tu peux définir tous les programmes stratosphériques que tu veux, ce qui compte c'est ce qu'assimileront vraiment les élèves. Et je ne vois pas en quoi cette réforme va améliorer les choses.
  • Ce n'est pas du tout un programme stratosphérique...
    Dans mon lycée très moyen, environ 5 élèves de terminale sur 35 assimilent le programme.
    Ce n'est pas tout à fait négligeable.
  • @_Julien_

    Je ne suis même pas certain de cela (par rapport au niveau obtenu). La spécialité maths de première semble plutôt abaisser globalement le niveau en maths par rapport à l’ancienne S ce qui abaissera également à mon avis le niveau des élèves en maths expertes. C’est trop tôt pour faire le bilan mais je le ressens comme cela. Il y a des écarts énormes selon les établissements avec cette réforme, certains tendent vers une S ”plus’’ et d’autres carrément vers du niveau ES mais globalement ce ’’mélange’’ ES/S’’ ne donne pas ’’S améliorée’’, loin de là.
    Je redoute l’effet boule de neige: de moins en moins de lycéens font des mathématiques à partir de la première et du coup de plus en plus d’élèves vont totalement abandonner cette matière dès la seconde, peut-être même dès la fin du collège et cela ne va pas aider les enseignants pour motiver les élèves. Je regrette l’ancien système qui permettait de faire des mathématiques à des niveaux adaptés sur plusieurs séries.
  • Effectivement, le regroupement d'élèves aux niveaux très hétérogènes peut avoir pour conséquence une dégradation des conditions d'apprentissage et donc des acquis réels des élèves.
  • Parce que c'était homogène en 1ère S ? :-S
  • gr a écrit:
    Ce n'est pas du tout un programme stratosphérique

    Je n'ai pas dit que ce programme est stratosphérique.

    5 élèves de ta classe de 35 élèves ont assimilé le programme d'après toi. Félicitation, tu es très bon prof. Mais quid des quelques 100 000 autres lycéens ? L'avenir nous le dira.
  • L'année dernière, sur le cas particulier de ma classe de 1ère, la constitution de groupes d'élèves de 1ère aux profils ES et S n'a pas été positive (mais c'est uniquement mon cas particulier). Et en fin de compte, la période de confinement a accentué les difficultés.
  • J'attends de voir ce que ça donne dans mon groupe de spé maths en term. J'ai des spé SI ou SPC + maths expertes. Et des spé LLCE... entre autres, hein, je crois que j'ai un peu de tout...
    Et je suis PP d'une classe de term, j'en ai 11 sur 30 en maths, 9 autres font maths avec une autre collègue. Pas de maths complémentaires dans cette classe (ouf...). Et mon co-PP voit la classe entière une fois tous les 15 jours en enseignement scientifique. On ne connaîtra absolument pas certains élèves...
  • Biely a écrit:
    Il y a des écarts énormes selon les établissements avec cette réforme, certains tendent vers une S ”plus’’ et d’autres carrément vers du niveau ES mais globalement ce ’’mélange’’ ES/S’’ ne donne pas ’’S améliorée’’, loin de là.
    Oui. Et le problème n’est pas dans le niveau des élèves ni dans l’absence de l’option « pseudo maths ». C’est avant tout dans la tête des professeurs. Et il ne s’agit pas que des professeurs du lycée. On observe le même chose au collège. Pas mal de profs nivèlent par le bas, donnent des escapes games, des coloriages... Sous prétexte que les élèves « n’ont pas le niveau ». Alors que dans la réalité ce sont ces professeurs ne sont pas bons pédagogues. Ils ne se posent pas la question sur l’utilité de ces ateliers, coloriages, îlots bonifiés etc.

    @Blueberry, certaines lycées force les élèves a abandonner les maths “faite de place”. J’ai une ami dont la fille est une “romancière” comme on dit en Russie. Elle aime plus les matières littéraires (rien à voir avec d’être matheux ou non). Mais.... elle est très bonne en maths, la deuxième de la classe. Bah on l’a appelé lundi pour dire que sa spécialité maths est remplacée par SES! D’ailleurs une question : le lycée a le droit de faire une chose pareille???

    @gr, 5 élèves sur 35 qui sont les meilleurs en maths? Je trouve que c’est une catastrophe. Mais je comprends d’où cela vient.
  • @vorobitcheck
    Si un lycée a une place limitée en spé, je crois qu'effectivement il peut choisir les élèves. Par contre si le niveau de cette élève était bon voire très bon, je trouve ça bizarre. Les parents ont-ils protesté ?
  • La fille a dit ok pour changer l’option. Je n’ai pas encore des nouvelles des parents. Les parents ne sont français et ne comprennent pas forcément les conséquences de ne plus faire les maths et que ce choix en France est irréversible. Hélas, ce n’est pas la première fois que je vois ce genre de choses illogiques :-( L’année dernière un PP malhonnête “conseillait” a un bon élève en math d’abandonner les maths pour choisir sa matière littéraire où l’élève est aussi bon en disant qu’on n’a pas besoin de math pour être informaticien parce que Parcoursup prendra tout le monde.
  • Parce que c'était homogène en 1ère S ?
    Oui, dans certains classes : par exemple dans la mienne, 90 % ne savaient pas simplifier une fraction. (:P)

  • Question naïve d'une personne qui n'est pas dans le milieu de l'éducation et sait bien que vous n'êtes pas politiques ni devins mais quand même : vous pensez qu'elle tiendra cette réforme ?
    Elle séduit ? Elle durera post-Macron selon vous ? J'ai déjà fui l'agrég par peur des conditions des profs, et j'ai l'impression d'avoir doublement bien fait vu le contexte. Et si la revalorisation des matières littéraires, bien que je pense que ce soit plus pour avoir d'habiles joueurs de pipeau que pour le respect de la mémoire de Plutarque, est une bonne chose, je ne vois pas pourquoi le faire au détriment des sciences qui se font manger par l'argument de "parcoursup s'en moque que vous l'ayez pas fait".
  • Il me semble qu'on oublie un peu vite ici ce que le système précédent avait de ...

    (Chacun complètera : moi ça pourrait être par "lamentable et délirante de nullité depuis plus de 20 ans"). Cela ne répond pas à ta question mais un peu à d'autres : est-ce que revenir en arrière serait changer pour mieux, etc.


  • Il y a une partie de "serait-ce bon pour la France ?", mais aussi une partie plus pragmatique qui demande : "les étudiants en maths ne risquent-ils pas de galérer s'il n'y a plus de postes au lycée à la fin de leurs études ?".
    Et partant, serait-ce un bon calcul de faire maths si l'un des gros débouchés par défaut se fait la malle ? Et par conséquent, sera-ce vraiment si indifférent pour le progrès technique du pays d'entraîner une "peur des cerveaux" ?
  • Bof, ça ne fait guère qu'ajuster le système éducatif à l'air du temps : réussir dans la vie, c'est avoir « plein de fric » et éventuellement le montrer. Pour ce faire, les voies royales sont : footballeur professionnel ; star de la téléréalité ou plus généralement du show business ; influenceur (pas très loin de la catégorie précédente) ; à la rigueur, trafiquant de drogue pour les plus tempéraments les plus discrets.
  • Suite de l’histoire : les parents disent que pour le moment c’est le silence radio de la part du lycée. Il y a 16 classes de 1iere. La fille est dans une classe 100% littéraire où personne n’a des maths, mais certains ont SES. A mon avis, le lycée a décidé de recréer les filières pour ne pas s’embêter. Le choix matières littéraires + maths très poussées n’entre pas dans leur vision du monde. Les parents disent que l’emploi du temps est « idéal ». En demandant les maths, ils ont peur de tomber sur un emploi d’enfer.
  • Bonne remarque vorobichek. Il existait jadis un bac A1 lettres /maths, avec grosso modo 3 filières (bacs A, bac B, bac CDE) et des effectifs équlibrés. Bayrou vint et dit "maths pas bien" et du coup la filière A (puis L) essorée des maths s'est effondrée au profit de la filière S.

    Ce qui m'étonne c'est que l'option maths expertes ne soit pas valorisée comme LCA puisqu'elle a le même statut d'option facultative.
    Autre étonnement : la filière lettres classiques, assez exigeante par nature, est celle qui présente le recrutement de professeurs le plus critique. Je ne vois pas comment elle va se maintenir et même prospérer selon les chiffres donnés par Julien.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • J’ai comme à peu près tous les enseignants une opinion plutôt négative sur la réforme. Cependant, je n’ai vu mes élèves de terminale spécialité mathématiques qu’une seule fois, mais j’ai l’impression que le fait d’avoir délibérément choisi de poursuivre cette spécialité les met dans un bon état d’esprit pour suivre le cours.
  • Sept messages hors sujet cachés.
    Depuis deux jours la discussion n'intéresse donc plus personne.
    On ferme.
    AD
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