"Mais à quoi ça sert ?"

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Réponses

  • Bonjour,

    pour moi les maths c'est essentiellement trois choses :
    - la démonstration
    - le calcul
    - la résolution de problèmes externes.
    Au sens strict la troisième ne fait pas partie des maths, mais plutôt de l'"application des mathématiques".
    Mais elle est cependant enseignée en cours de maths.

    Sur l'utilité des deux premières, la question peut être posée. On peut prendre par exemple le calcul et comparer son utilité à celle de la natation.
    Est-ce utile de savoir nager alors que nous disposons de bateaux depuis plusieurs millénaires ?

    A cela une triple réponse :
    - c'est utile car on n'a pas toujours un bateau en état de marche sous la main. Cela peut sauver la vie.
    - c'est sain, car cela développe et entretient le corps
    - c'est agréable, du moins à certains

    Pour le calcul c'est grosse modo la même chose:
    - c'est utile car on n'a pas toujours une calculatrice en état de marche sous la main. Cela peut sauver dans des circonstances difficiles.
    - c'est sain car cela développe et entretient l'esprit
    - c'est agréable, du moins à certains

    Sur l'agrément, il vient d'abord de la "libido sciendi", le besoin de savoir cher à St Augustin. Mais aussi de la contrainte de l'énigme posée: "le problème est là; tu dois le résoudre", dit Hilbert.
    (cf Pourquoi enseigner les maths.)

    Comme toute activité de recherche, les maths ne sont pas à juger seulement au prisme de l'utilité immédiate. Jouent aussi le plaisir et la "santé".
    En dernière analyse il s'agit d'une activité qui relève du propre de l'Homme. Nous en faisons car nous en éprouvons le besoin.

    Cordialement
  • Dom a écrit:
    Nicolas : je réfute ce théorème « quel que soit ”je”, je ne vois pas l’intérêt => je n’apprends pas ».

    Je n’ai pas écrit que c’était un théorème.
    Je pense plutôt que c’est une bonne excuse.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Quand ils font des selfies avec leur smartphone ou quand ils photographient leur guacamole au restaurant, ces jeunes ont-ils conscience qu’ils font de l’analyse de Fourier ?
    Savent-ils, même vaguement, quelles mathématiques se cachent derrière un banal fichier JPEG ?
    ...
  • Ou derrière un code QR ?
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Savent-ils, même vaguement, quelles mathématiques se cachent derrière un banal fichier JPEG ?
    Un des élèves dont je suis le TIPE, en classe prépa MP*, avait pour idée d'étudier la compression des images en vue de caractériser les économies d'énergie faisables dans les datacenters.
    En dehors de l'aspect loufoque de l'idée, je lui ai fait remarquer qu'il se lançait dans une tâche ardue.
    Il avait pour objectif d'étudier et de comparer les compressions RLE, JPEG et par ondelettes, le tout mathématiquement parlant.

    Après avoir cherché quelques semaines, il a totalement abandonné l'idée, trouvant cela bien trop difficile à étudier (ce que je ne nie pas).
  • Ce sont aux parents d’arbitrer ça. Mais jamais à l’enfant.
    S’il avait eu le choix, il n’aurait pas appris à lire et à écrire.
    S’il avait eu le choix, il n’aurait jamais mangé un seul haricot vert et aurait choisi le coca et le Nutella.

    Mieux vaut lire ça qu'être aveugle!

    Je te donnes un exemple personnel en CM2 on nous a fait visiter le collège et à la fin il fallait remplir un papier avec la première langue.
    N'ayant aucune idée je demande à mon voisin qui me dit allemand pour être dans la meilleur classe.
    Ma mère a mis anglais en m’engueulant car d'après ce qu'elle avait entendu il fallait faire de l'anglais, l'allemand c'est trop dur...
    J'ai fini dans la plus mauvaise sixième là où toute motivation s’arrête définitivement.
    Bref, les parents et leurs idées bizarres mieux vaut s'en tenir éloigné.
  • Oui, oui, en 2020 ça se passe comme ça. Oui, oui...

    Tu fais bien de parler d’aveuglement.
  • Mieux vaut être aveugle que de lire ça. C'est ça l'expression, si je ne m'amuse ;-)
  • C'est ça l'expression, si je ne m'amuse

    ha! ha! c'est si je ne m'abuse la bonne formule!

    Non, il n'y avait aucune expression dans ce que j'ai écrit...

    Dom : c'est la société communiste de Staline où quelqu'un d'autre décide pour toi du début à la fin de ta vie. A fuir.
  • Soleil_vert
    Je ne comprends vraiment pas ton exemple. Tu ne savais pas quelle langue choisir donc il ici il n’y avait pas d’opposition entre le choix de ta maman et le tien puisque ce dernier n’existait pas.
  • Oui bon, n’ajoutons pas une polémique à ce bazar. Je n’aurais même pas dû parler de « 2020 ».
    Je parle de la vie d’un enfant décidé en ses débuts par ses parents. Évidemment tu bousilles le truc bêtement avec Staline.
    Franchement ce n’est pas sérieux.
    Oui, des parents se trompent, c’est vrai.
    Mais en déduire qui faut que l’enfant décide, je dis que ce n’est pas du tout ce qu’il faut faire.
    Je ne rajouterai pas sur ce sujet.
  • Soleil vert, oui bon c'était une plaisanterie.

    À la maison de toute façon chacun fait comme il veut. C'est à l'école le problème. Et en général ça retombe sur le prof, qui n'a pas été capable d'intéresser l'élève. En tout cas on entend vite ça dans les repas de famille. Peut-être qu'il y a du vrai mais alors il ne faut pas faire de maths mais des jeux qui s'en rapprochent vaguement.
    Et après tout on n'est pas tenu d'apprendre toutes les choses utiles. Ce problème me semble insoluble.
    Bonne soirée.
  • Tu ne savais pas quelle langue choisir donc il ici il n’y avait pas d’opposition entre le choix de ta maman et le tien puisque ce dernier n’existait pas.

    A l’époque faire allemand première langue c'était être mis avec les meilleurs (un peu comme la sectorisation) qui étaient privilégiés (enseignants, horaires...).

    Je l'ignorais mais mon voisin avait des parents bien renseignés, pas bête j'ai su écouter.
    Le problème c'est que ma mère avait entendu quelque part qu'il fallait faire de l'anglais. Et comme elle préférait la facilité, j'ai eu droit au mauvais choix.

    Au pire, de la meilleur sixième on pouvait passer par les quatrièmes intermédiaires.
    De la plus mauvaise sixième on passait à la plus mauvaise cinquième et ainsi de suite.

    En sixième, tous les jours de semaine on terminait le plus tard, et le samedi les horaires de cours étaient soit 10h-12h soit 11H-12h.
    Les autres avaient 4 heures le samedi mais finissaient 1 ou 2 heures plus tôt en semaine.
    Bref une classe poubelle... Et si facile à éviter.
  • Il n'y a pas qu'en mathématiques que l'on peut poser cette sotte question.
    Voir le joli livre de Jacqueline de Romilly, grande dame (1913-2010).
    https://www.livredepoche.com/livre/le-tresor-des-savoirs-oublies-9782253145875
  • Il n'y a pas de sotte question, pourvu qu'on sache écouter la réponse.
  • Cette question ne serait sûrement pas autant posée si une bonne partie des élèves comprenaient réellement les maths. Au fond, ce n'est pas que ceux qui la posent ne sont pas sincères, mais plutôt qu'ils osent dirent haut et fort ce que la majorité pense. C'est un reproche, et une demande : EXPLIQUEZ-NOUS POUR DE BON !! Seulement ça, quasi personne ne le fait (les élèves sont pris pour des imbéciles à qui on fait remplir des cases de façon automatique, le temps est une contrainte suprême; les programmes, étant appliqués à la lettre, ne sont pas vus du tout). Le mensonge est global et permanent.
  • Mais non voyons. La question est posée dans d’autres matières.
    En histoire géographie par exemple.
    En Technologie. En langues.
    Et avec la désormais sinistre EMC.
  • Il faudrait savoir Ludwig. Les programmes sont appliqués à la lettre ou ils ne sont pas vus du tout?
    Je serais curieux de connaître la réponse généralement donnée par les prof d’anglais à la question "ça sert à quoi d’apprendre l’anglais? ". Je penche plutôt pour le ’’c’est indispensable aujourd'hui dans le monde du travail" et non "cela te permettra de lire Shakespeare dans le texte".
    Les valeurs ont changé et les réponses faciles "c’est pour ta culture personnelle" ou "c’est pour apprendre à mieux raisonner" ont beaucoup moins d’échos. Aujourd'hui on veut de l’ "utile" palpable comme un billet de 500 euros...
  • Quand un élève pose la question, le prof est obligé d'argumenter pour dire que les maths, c'est utile.
    Mais quand un élève pose la question, c'est souvent parce que pour lui précisément, c'est une cause perdue. Il ne sera ni ingénieur, ni prof de maths, ni chercheur au CNRS. Ca fait quelques années qu'il peine à comprendre Pythagore et Thalès, et on le bassine avec des espaces vectoriels et des anneaux commutatifs.
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • @ biely : ce que [je] veux dire à propos des programmes, c'est qu'à trop vouloir les respecter on ne fait plus rien du tout car le temps manque. Cela a été dit plus haut d'ailleurs : on ne fait pas de maths. Je dis qu'il faut inverser la situation : faire des maths (ne faire que ça!), les programmes on voit après.

    @ Dom : la question de l'utilité résonne différemment dans notre espace très cartésien. Car c'est quand même un comble que les savants aient "cartographié" avec force détails le monde qui nous entoure et que cette question continue d'être martelée par les élèves ! Je prétends que ce monde expliqué ne leur est pas expliqué. On fait semblant, de la poudre aux yeux quoi.
  • La question "méàquoiçassert" est un réflexe pavlovien inculqué aux gens pour se détourner de l'apprentissage des mathématiques. A la moindre difficulté ce tic de langage est employé en lieu et place d'une plainte plus honnête (et légitime aussi je dirais): "je ne comprends pas".
    Cette question ne se pose jamais pour la plupart des activités auxquelles se livrent les gens régulièrement, ce qui inclut les autres matières scolaires exposées aux élèves.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Oui, comme j’écrivais plus haut, c’est une question qui en dit long sur celui qui la pose. Et dans 90 % des cas, c’est une provocation destinée à mettre en scène son insolence devant la classe.
    J’ai des souvenirs d’enfant et de collégien. À l’époque, les élèves ne se permettaient pas ce genre de question ou très rarement. Pourtant, j’ai souvent entendu des réponses à titre préventif et elles étaient désolantes.

  • Réflexe pavlovien, insincérité, provocation... mais peu importe ! Si les élèves baignaient dans un espace explicatif, ils ne se permettraient même pas de poser cette question. Car ça leur foutrait la honte par rapport aux autres. Mais aujourd'hui ceux qui sont à la marge ont pris le dessus, et tant que le problème de fond ne sera pas soulevé - la compréhension réelle et effective des notions par les élèves - vous pouvez être sûr que vous soit répété cette question. Une question que vous croyez subversive, alors qu'elle n'est mise dans le débat principalement pour mettre sur la voie.
  • Même avec toutes les réponses que tu donnes « la compréhension réelle et effective des notions par les élèves » est vaine.
    C’est marrant, selon le prof de maths qu’ils ont, la question n’est pas posée (ou alors elle n’est posée qu’une seule fois...).

    J’ai épuisé mon discours.
    Bye bye.
  • Ceux qui sont à la marge ont pris le dessus. Parce que des directives ont dit qu'il fallait 80% d'une classe d'âge au Bac !

    Si 80% de la population était capable de construire un raisonnement mathématique, ça se saurait !

    On pousse au lycée des gamins qui n'ont absolument pas les compétences pour comprendre des vraies mathématiques... Et on s'étonne après que ces gamins se posent des questions.

    Certes, le vrai message qu'il faut comprendre, c'est : 'je n'y comprends rien à votre cours'.

    Plutôt que d'expliquer des vagues maths, à tous les élèves, il vaut mieux enseigner des vraies maths, aux élèves qui ont la capacité de comprendre de vraies maths, et pourquoi pas renoncer complètement aux maths pour les autres.

    L'aspect 'culture générale' a déjà été plus ou moins couvert au collège.
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • Et quand penses-tu pouvoir opérer une telle sélection ?
    Edit : et comment ?
  • Tout à fait d'accord avec Lourran, c'est le bon sens même.
    La question de Majax est ambiguë.
    Si cette question signifie « à quel niveau doit avoir lieu cette sélection ? », la réponse est simple. Il faut revenir sur le collège unique, qui a largement fait la preuve de son échec, et rétablir un palier de sélection à l'entrée en Sixième, en distinguant une filière longue conduisant au baccalauréat et une filière courte adossée à l'apprentissage de professions ne nécessitant pas d'études intellectuelles spéculatives de ces notions qui prétendûment « ne servent à rien ».
    Si cette question signifie « quand pourrons-nous rétablir cette sélection ? », la réponse est : lorsque nous verrons arriver au pouvoir des forces politiques nationales courageuses désireuses et capables d'appliquer un programme de bon sens. Mais ça, c'est plus difficile.
    Bonne après-midi.
    Fr. Ch.
  • Bonjour.

    "des forces politiques nationales courageuses désireuses et capables d'appliques un programme de bon sens."
    Ça n'existe pas !

    Cordialement.
  • La question était effectivement de savoir à quel âge.
    Ce qui me pose problème c'est que je connais une foule de contre-exemples à qui on a laissé plusieurs chances et qui ont fini par avoir un déclic et réussir.
    Cette sélection pose de nombreux problèmes sans même avoir à parler d'une "égalité des chances", ne serait-ce que parce que les élèves ne sont pas tous mûrs au même moment.
    Parler de bon sens est selon moi exagéré. Cela mériterait un pavé mais je retourne à mes copies.
  • Chaurien a écrit:
    Il faut revenir sur le collège unique, qui a largement fait la preuve de son échec, et rétablir un palier de sélection à l'entrée en Sixième, en distinguant une filière longue conduisant au baccalauréat et une filière courte adossée à l'apprentissage de professions ne nécessitant pas d'études intellectuelles spéculatives de ces notions
    majax a écrit:
    [...] je connais une foule de contre-exemples à qui on a laissé plusieurs chances et qui ont fini par avoir un déclic et réussir.
    Cette sélection pose de nombreux problèmes [...] ne serait-ce que parce que les élèves ne sont pas tous mûrs au même moment.

    Je suis d'accord à la fois avec majax et avec Chaurien sur les passages que j'ai cités : cela me paraît clair que le collège unique est un échec et qu'il faut repenser le système ; néanmoins, pour exactement les mêmes raisons que majax, je crois qu'orienter les élèves entre 11 et 15 ans, c'est beaucoup trop tôt pour beaucoup d'entre eux.

    Contrairement à ce que dit Chaurien, tout ceci est loin d'être simple. Cependant, il ne serait pas trop difficile d'appliquer effectivement certaines mesures de bon sens comme exiger que la lecture soit acquise et fluide à l'entrée en sixième, arrêter le surnotage systématique qui empêche les gamins et leur famille de prendre conscience du niveau réel de l'élève, redonner aux conseils de classe un avis décisionnaire et pas seulement consultatif aux niveaux clé comme c'était le cas il y une vingtaine d'années (plus, moins, je ne sais plus...) etc etc...
  • La sélection dont parlent lourrran et Chaurien existe déjà depuis plus de 50 ans non ?
    Ceux qui n’ont pas la capacité de comprendre les « vraies maths » sont aimablement mais fermement invités à pratiquer de « vagues maths » dans une filière de seconde zone.
    D’autre part, quand j’étais au collège, tout était joué pour les moins aptes dès la sixième ! Et bon nombre d’entre eux étaient déjà placés sur les rails de l’échec socio-professionnel.
    Cessez d’avoir la nostalgie d’un système qui est toujours en vigueur.
    ...
  • Il est formidable ce pays où l’on sait si un collégien de sixième va devenir médaillé Fields ou balayeur de feuilles mortes sous le regard bienveillant des retraités de l’Éducation.
    ...
  • df a écrit:
    Et bon nombre d’entre eux étaient déjà placés sur les rails de l’échec socio-professionnel.
    On pourrait comparer les chiffres mettons du chômage d'aujourd'hui et de cette époque horrîîîble (dite "des trente glorieuses"). Les gens étaient-ils plus heureux ou moins heureux que nos contemporains?
    Ce dogme du lycée pour tous sinon la damnation mérite d'être interrogé.

    Quand on te mettait à la porte du système éducatif à 12 ans (mais que tu savais mieux lire et écrire que certains L1 de 2020) ou avant mais que tu pouvais largement faire carrière après ce n'était pas un problème.

    Et puis de toute façon la vie est dure et la proportion de métiers désirables (en raison de leur prestige) n'a pas changé depuis cette époque.
    Autrement dit la promesse (explicite? implicite? Il ne faut pas être hypocrite, c'est ce qui amène les parents à pousser leurs enfants dans l'école et ces derniers à participer aux activités qu'elles dispensent) qu'une scolarité réussie débouche sur une vie professionnelle très épanouie était crédible lorsque le bac était un privilège, est ne l'est mécaniquement plus lorsqu'il est garanti à plus de 80% des gens de la tranche d'âge correspondante (garantie qui ne peut en fait exister sans rabaissement continuel du niveau d'exigence).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Bonjour

    Cette discussion, à quoi elle sert ?
    Ce site est fatigant. Les gens modifient sans cesse leurs messages passés, et on ne comprend plus rien à la discussion. Je suis nostalgique du temps où, si on postait une bêtise, on devait l'assumer. Et si on cite le passage pour l'ancrer, l'administrateur supprime en disant qu'on n'a pas besoin de recopier le message passé.
  • Tu connais une foule de contre-exemple à qui on a laissé plusieurs chances etc etc.

    Oui, mais on peut renverser l'argument : dans un système où l'élève est admis en classe supérieure, systématiquement, rien n'incite l'élève à s'appliquer, et rien n'incite les parents à surveiller le travail de l'enfant. Et comme un enfant, ça passe son temps à tester 'où est la limite', oui, pas surprenant que des tas d'enfants aient joué avec le feu à différentes reprises.

    Laisser plusieurs chances, oui, je ne suis pas contre, quand il y des raisons pour cela. N'importe quel prof est capable de voir si un gamin de 14 ans a des mauvaises notes parce qu'il fait le clown, ou parce qu'il n'a aucun potentiel.

    Par ailleurs, quitter l'enseignement général 'tôt', ça ne veut pas dire échec socio-professionnel. Loin de là.

    Qui est en échec socio-professionnel ? Le type qui a un CAP de plombier et qui a la possibilité de choisir son patron, parce qu'il y a pénurie de plombiers, ou le type qui a un bac+5 en sciences sociales, et qui pointe à l'ANPE , parce que malgré son bac+5 en sciences sociales, il ne sait pas faire une règle de 3 ?
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • C'est bien de la réalité dont on parle ici ? C'est tellement hallucinant cette catastrophe que parfois je pense qu'il s'agit de science fiction. L'effondrement dont tout le monde parle, il est (aussi) là.
    Je relativise : la catastrophe, au fond, est permanente, éternelle, et elle est là depuis toujours. Notre travail, c'est de faire en sorte qu'elle ne se voit pas. On y arrive bien je trouve.
  • Iourran a écrit:
    N'importe quel prof est capable de voir si un gamin de 14 ans a des mauvaises notes parce qu'il fait le clown, ou parce qu'il n'a aucun potentiel.

    Clairement pas, non. Déjà le monde des élèves ne se divisent pas en deux catégories : ceux qui font le clowne et ceux qui n'ont aucun potentiel. Il y a des gamins réellement en difficulté à un moment de leur apprentissage qui vont prendre le dessus et se révéler petit à petit.

    Quand majax dit
    majax a écrit:
    je connais une foule de contre-exemples à qui on a laissé plusieurs chances et qui ont fini par avoir un déclic et réussir.
    moi, c'est à une pléthore de gens comme ça que je pense :

    Un type qui a ramé pendant toute sa scolarité jusqu'au bac. Bosseur, sérieux, mais en grosses difficultés, il a eu son bac à grand coups de cours particuliers. Et s'est inscrit en fac de droit où il a enchainé les mentions avant d'obtenir le CAPA et de gagner le concours d'éloquence. Il bosse maintenant dans un grand cabinet parisien. Les profs n'avaient cessé de dire tous les ans qu'il n'était pas fait pour les études..

    Un autre, les profs voulaient l'envoyer en CAP en fin de collège parce qu'ils le trouvaient inapte aux études (et pas parce que c'était un petit branleur indiscipliné, c'était un garçon timoré qui n'ouvrait pas la bouche en classe). Les parents n'ont pas voulu suivre l'avis des profs. Le mec à fait MPSI, MP^* et intégré l'X en 5/2.

    Une gamine qui a eu beaucoup de mal avec l'apprentissage de la lecture a ramé pendant tout son primaire. Là encore, les parents derrière la faisait rabâcher et rabâcher... Et puis au collège, elle ramait de moins en moins. Au lycée elle est devenue une bonne élève. Bac avec mention, elle a intégré par la suite une bonne école de commerce.

    Des exemples comme ça, il y en a d'autres... Pas aussi flagrant que ceux-ci, mais des personnes dont on disait d'elles mômes qu'elles étaient incapables de faire un bac général et qui sont allées bien au delà du bac et avec un vrai succès, il y en a vraiment.

    On peut effectivement voir qu'un gamin a du potentiel mais qu'il ne fout rien, mais il me paraît très hasardeux de croire qu'un gamin en réelle difficulté à un moment de son apprentissage est ad vitam incapable de progresser et qu'il ne pourra jamais aller loin.
  • Oui, il y a aussi des poissons volants...
  • C'est sûr qu'avec des gens qui pensent que tout est figé et déterminé à l'âge de 11 ans et qu'aucune évolution n'est possible, les gamins en difficulté ne risquent pas de progresser.

    Étant moi-même enseignant, j'ai évidemment beaucoup de mal avec les discours qui rejettent la faute sur les profs, mais quand je vois les propos tenus par certains, je me dis que malheureusement, parfois, ça peut aussi venir du prof.

    C'est quand même bien triste.
  • C’est clair ! On lit des choses effrayantes ici.
    ...
  • Gimax a écrit:
    On peut effectivement voir qu'un gamin a du potentiel mais qu'il ne fout rien, mais il me paraît très hasardeux de croire qu'un gamin en réelle difficulté à un moment de son apprentissage est ad vitam incapable de progresser et qu'il ne pourra jamais aller loin.

    Je pourrais réagir aux différents exemples, mais restons sur ce point précis.

    Oui, je suis 100% d'accord. En 'sélectionnant' à 13 ou 14 ans, je prend le risque d'envoyer vers des filières courtes des gamins qui auraient pu faire des études longues. Et j'assume ce choix. J'assume de me tromper sur un certain nombre d'élèves.

    On refuse d'envoyer vers une filière courte une personne sous prétexte qu'éventuellement, cette personne peut se révéler plus tard.

    Si le fait d'envoyer tant de monde dans des filières longues, ça n'empêchait pas le système de fonctionner, alors oui, pourquoi pas.
    Quand on envoie 100000 individus 'un peu litigieux' en filière longue, parce que potentiellement, parmi ces 100000, il y en a 10% qui ont leur place, on peut voir le verre à moitié plein : on a donné leur chance à ces 10000 gamins. Mais on peut aussi voir le verre à moitié vide : les 90000 qu'on a gardés dans le système, à tort, ont (totalement) désorganisé le système.

    Si on ne regarde que les avantages d'une politique, si on ne regarde que les cas qui se sont révélés sur le tard, alors forcément, cette politique paraît bonne. Quand on regarde les avantages et les inconvénients de cette politique, alors c'est moins clair.
    Et pour moi, disons-le clairement, quand on regarde les avantages et les inconvénients, les inconvénients pèsent plus que les avantages.
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • Entièrement d’accord avec lourran.
    J’ajoute qu’il me semble difficile d’avoir la nostalgie d’un système qui serait toujours en vigueur...
  • Je repose donc ma question quand et surtout comment opérer cette sélection ? Je n'ai toujours pas eu de réponse.
  • Soleil_vert nous a montré ici que cette sélection existe déjà, mais masquée, insidieuse.

    Pour être dans la classe avec les bons élèves, il faut choisir 'allemand' comme première langue en 6ème.
    Si vous avez les bonnes informations, si vous êtes fils de prof, vous passerez ce 1er cap avec succès.
    Et seuls les fils de prof ont l'information. Donc les profs ne veulent pas que le système change.

    @Majax : je continue ou pas ?

    Plus calmement, je pense que les profs ont un avis biaisé sur la question. Le prof voit cette sélection comme une mission de plus, une responsabilité de plus. Je conçois que c'est très pesant pour le prof principal ou le CPE ou je ne sais qui de devoir décider qui va en filière courte. Les réticences du corps enseignant envers cette sélection, elles ne sont pas dûes (uniquement) au fait que la sélection serait un système inefficace, elles sont dûes (surtout) au fait que ça donne une responsabilité supplémentaire au corps enseignant.

    Je me souviens d'une anecdote qu'on m'a racontée : Réunion parent profs, fin de 3ème :
    " Bonjour madame. On ne veut plus voir votre fils dans notre collège, on ne le supporte plus ; on a donc décidé de l'admettre en classe de 2nde. "

    C'est certainement caricatural, mais la politique de la patate chaude, elle existe, et elle pose plein de problèmes. Tel élève est nul ... ce n'est pas grave, à la fin de l'année, c'est un autre prof qui va devoir se le coltiner. Et on transfère la patate chaude au collègue.

    Soleil_vert parlait de sa classe de 6ème comme d'une classe poubelle.
    A chaque début de cycle (entrée en 6ème, entrée en 4ème et entrée en 2nde), il faut se poser la question : quel élève peut continuer dans le cycle normal, et quel élève aurait intérêt à aller dans un circuit autre.

    Mais, je vais quand même rappeler mon cheval de bataille n°1.
    On est ici en train de parler de sélection, et je suis apparement en train de dire qu'il faut mettre sur le bas-côté un nombre significatif d'enfants.
    Le vrai problème, celui qu'il faut solutionner avant tous les autres, c'est le problème du primaire. A partir du moment où un nombre important d'élèves arrive en 6ème sans maitriser les fondamentaux, alors effectivement, cette question de la sélection prend une ampleur ingérable.

    Ce qu'il faut, ce n'est pas sortir du système les gamins qui ne maitrisent pas les fondamentaux en fin de CM2, ce n'est pas non plus les admettre en 6ème, ce qu'il faut, c'est faire en sorte qu'ils maitrisent les fondamentaux. A tout prix.
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • Iourran a écrit:
    Donc les profs ne veulent pas que le système change.

    Je suis prof et je veux que le système change. Tous mes amis profs veulent que le système change.

    On peut vouloir que le système change tout en étant opposé à une orientation des élèves prématurée et définitive.

    J'imagine par exemple un système de classes de niveaux au collège où les meilleurs pourraient étudier des options comme une seconde langue vivante, une langue morte, des sciences, de l'art... et d'autres classes où ces heures seraient consacrées à du français et maths renforcées pour les plus faibles.

    On pourrait aussi imaginer que la sélection au lycée général et technique se ferait sur les résultats d'un examen final, comme le DNB, mais qui serait un véritable examen exigeant. Comme cela ne porterait pas sur les options, tout le monde pourrait réussir le DNB.

    On pourrait enfin imaginer qu'il existe des passerelles entre les filières d'apprentissage et le lycée général ou technique, sous réserve là encore d'un examen d'entrée.

    Bref, on peut être convaincu que le système actuel est très mauvais pour tout le monde, avoir envie de le transformer en profondeur, sans pour autant envisager d'orienter définitivement les élèves à l'âge de 11, 12, 13, 14 ans...

    Je ne dis pas que tout ceci est facile à faire, je dis juste que les choses ne sont pas binaires : ce n'est pas ou bien on reste comme maintenant, ou bien on sélectionne drastiquement très tôt. Il y a d'autres choses à faire.
  • De toutes façons, cette question d'orientation-sélection n'est qu'une toute petite partie des problèmes de notre système d'enseignement, et en premier celui de la composition de la population scolarisée, problèmes qui sont liés aux problèmes plus généraux de notre pays.Tous les plans sur la comète seront sans effet si l'on ne considère pas tout en même temps.
    Notre système d'enseignement est celui de la République française, il doit être conçu pour des élèves désireux et capables d'assimiler la culture française. Le martyre de Samuel Paty doit nous inciter à réfléchir et pour nous y aider, voir le dernier livre de Jean-Pierre Obin.
    20/10/2020
  • lourran a écrit:
    [...] il faut solutionner [...]

    On m'indique que Chaurien aurait fait un malaise vagal. ;-)
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • Iourran a écrit:
    Ce qu'il faut, ce n'est pas sortir du système les gamins qui ne maitrisent pas les fondamentaux en fin de CM2, ce n'est pas non plus les admettre en 6ème, ce qu'il faut, c'est faire en sorte qu'ils maitrisent les fondamentaux. A tout prix.

    (tu)(tu)(tu)(tu)(tu)

    Je suis on ne peut plus d'accord avec ceci.
  • gimax a écrit:
    J'imagine par exemple un système de classes de niveaux au collège où les meilleurs pourraient étudier des options comme une seconde langue vivante, une langue morte, des sciences, de l'art... et d'autres classes où ces heures seraient consacrées à du français et maths renforcées pour les plus faibles.
    Restons au niveau du collège. Si on a un collège qui fonctionne, alors les problèmes à l'entrée du lycée ne sont pas les mêmes que ceux qui existent aujourd'hui.

    Ce genre de solution me convient complètement. Quand je disais : 'on sort du système' tels gamins, il ne s'agit pas bien entendu de les mettre à la rue. Il s'agit de les mettre dans des classes plus adaptées à leur profil.
    Une autre solution qui me convient aussi, c'est de dire que dans un collège, on aurait certaines classes de 6ème avec 30 élèves, et d'autres classes de 6ème avec 15 élèves. Dans le même collège. Avec des programmes plus denses pour la classe de 30 élèves.

    Mais la question de Majax reste d'actualité : comment opérer ce type de sélection. Qui décide que tel enfant ira dans la classe 'top' et tel autre enfant ira dans la classe 'de soutien' ? Sur la base d'un bulletin scolaire de CM2, sur la base d'un avis du prof de CM2, sur la base d'un examen ?
    Qui explique aux parents que leur petit chéri est en difficulté, et qu'il va devoir aller dans la classe 'de soutien' ?
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • Bonjour.

    Il faut donc s'entendre sur le prix que l'Education est prête à débourser.
    Pour ma part, je n'ai jamais entendu un ministère communiquer qu'il a assez de budget. Le contexte actuel amplifie encore ce phénomène.
    Il y a même des fois où des choix politiques ambitieux sont posés avec enveloppe fermée (sans budget alloué).
    De plus, la connaissance des fondamentaux n'a pas de prix, mais l'obligation de l'avoir la rend sans valeur.

    A bientôt.

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