Introduction de l'inconnue

Un truc sans prétention que j'ai utilisé au niveau CM1 avec junior, testé sur une dizaine d'enfants fin CM2.
C'est une façon directement inspirée de la méthode Singapour d'une part, et d'autre part guidée par la nécessité de parvenir vite à des expressions formelles et de les manipuler.
Je me permets d'exposer brièvement ça sur ce distingué forum car ça a marché très bien y compris sur des enfants pour lesquels j'avais peu d'espoir. D'un autre côté j'ai bien conscience de ne pas avoir suffisamment de retour pour garantir à 100%

Donc l'idée est de permettre une visualisation évidente pour comprendre le problème et sa solution et pour écrire l'équation, puis, ultérieurement, de montrer que dans des cas moins évidents les lettres peuvent être utiles pour résoudre très facilement les problèmes.

Comme le suggère la balance, la question est : quelle est le poids de la pastèque sachant qu'elle pèse 1kg plus la moitié de son poids. Comme on voit immédiatement que la moitié c'est 1 kg, la réponse 2 kg est aussi immédiate; il reste à écrire : $P=\frac{1}{2}P+1 $ Comme la solution est connue, l'enfant va chercher comment arriver à trouver ça pour $P$.
J'ai observé que les choses se mettent rapidement en place, en passant à des exemples légèrement plus difficiles (1/4 etc.) : manipulation de fractions simples en addition et soustraction, gestion des éléments dans l'égalité etc.
À comparer avec le délayage pédagogiste qui, de fait, ne permet plus de faire ça rapidement, tout l'enseignement étant "chicanné" pour que l'enfant n'y parvienne pas.112252
"J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
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Réponses

  • C’est en effet efficace dans un premier temps.
    Pour moi c’est fait assez couramment.

    Un lien vers xCas : c’est un peu technique pour la prise en main et sans gestion des erreurs mais ça peut être utile en 4e.
    https://www.xcasenligne.fr/giac_online/Facilimaths/balance/page.xhtml
  • Oui c'est uniquement pour l'introduction de l'inconnue, j'ai trouvé que ça met les enfants en confiance d'y arriver facilement et de bien voir le truc pour poser le problème.
    Merci pour le lien xcas, c'est sympa. Mais bon, en 4e ? On le fait plus en 5e ?
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Les résolutions c’est plutôt en 4e dans les programmes.
    En 5e, c’est évidemment faisable.

    En fait j’ai toujours vu les balances.
  • Par contre c’est plutôt introduction à la résolution d’équations que introduction de l’inconnue.
  • Je suis d’accord avec Dom. On est déjà dans l’introduction d’équations.
    J’aime bien par exemple:
    2A+3A
    On a combien de A?
    Ben 2...
    OK, maintenant, remplace A par le mot pomme.
    On a combien de pommes?
    Ben on a 5 pommes!
    :-D
  • Ces exemples sont très importants.
    On n’a même pas besoin de la distributivité et on peut rester rigoureux quand même (sans les pommes, même si c’est une bonne idée).

    $2A+3A=(A+A)+(A+A+A)$

    Ensuite associativité de +.

    Il est très important de ne pas planquer sous le tapis les parenthèses.
    Sinon ça donne des surprises, bien plus tard.
  • Je ne savais pas qu'on pouvait introduire le concept inconnue autrement. Sur wikipédia le premier cas est un exemple d'une équation du 1er degré mais dont le résultat n'est pas facilement visualisable https://fr.wikipedia.org/wiki/Inconnue_(mathématiques), dans les dictionnaires de maths en ligne plus ou moins la même chose aussi.

    Après il y a de la "recherche" sur ces questions, par exemple https://irem.univ-grenoble-alpes.fr/medias/fichier/16x1_1570527556035-pdf mais la présence du terme pédagogiste "situation-problème" en début d'article m'a fait gagné un temps précieux (sinon il y a 30 pages).

    La blague de Biely se retrouve malheureusement dans pas mal d'exemple de copies données, ici ou ailleurs, ce qui m'amène à pense que pour un enfant ce n'est pas si facile.
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  • Pour l’inconnue, elle est introduite avec les opérations à trous.
    Le leger problème est que le gamin raisonne par condition suffisante sans se poser d’autres questions.

    J’y pense, il faut distinguer l’introduction de l’inconnue et l’introduction de la lettre.
  • Pourquoi est-ce nécessaire de distinguer l'inconnue de la lettre ?

    Sur l'exemple avec la pastèque la proximité de la lettre et de l'objet support est telle que la compréhension est extrêmement rapide, sans passer par les autres techniques intermédiaires, et la suite de l'apprentissage n'a pas posé de difficulté.
    Bon c'est du très très concret à de l'abstrait avec une gradation; comme je l'ai dit c'est à la Singapour.

    En feuilletant les bouquins je n'ai rien vu de tel.

    Si quelqu'un a en tête un article de référence non pédagogiste sur cette question ça m'intéresse, je crois que c'est un sujet important.
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  • L’introduction des lettres peut se faire sans le contexte des équations.
  • Bonjour.

    Dans ma génération, l'introduction des lettres se faisait en primaire avec des formules comme $P = 2\pi R$; plus tard (en cinquième et quatrième), on traitait de la manipulation des expressions algébriques (en particulier monômes et polynômes en quatrième, explicitement) et des équations. Le x des équations était simplement une "lettre qui n'a pas de nom", qui peut être le rayon du cercle, ou le côté du carré, ou n'importe quoi d'autre.
    Mais dans un public choisi, ceux qui "faisaient le certif" ne voyaient pas l'algèbre.

    Cordialement.
  • Bonjour

    Oui, c'est ce qui m'étonne. Faut-il vraiment apprendre les inconnues ? On sous-entend que lorsqu'on donne l'aire du rectangle par "longueur fois largeur", personne ne comprend rien puisque la longueur et la largeur ne sont pas connues. N'est-ce pas un peu bizarre ? Si je dis de "couper le gâteau en 4", n'aura-t-on pas x/4 quelque soit la méthode ? L'enfant reste-t-il paralysé si le pain est en couronne au lieu d'être en long ?
    Ce site est fatigant. Les gens modifient sans cesse leurs messages passés, et on ne comprend plus rien à la discussion. Je suis nostalgique du temps où, si on postait une bêtise, on devait l'assumer. Et si on cite le passage pour l'ancrer, l'administrateur supprime en disant qu'on n'a pas besoin de recopier le message passé.
  • Sans référence, j'ai toujours pensé qu'il fallait distinguer les différents statuts de la lettre, avec parmi eux le statut d'inconnue. Mais après tout, l'introduction de la lettre par le statut d'inconnue doit pouvoir donner lieu à une progression cohérente.

    Ce dont témoigne Gerard0, il me semble que c'est toujours d'actualité.
  • Dans les formules de l'école primaire - j'ai eu les mêmes Gerard0 ça nous rajeunit pas :-) - je dirais qu'il s'agit plutôt d'un statut de variable, et qu'à rayon connu on a le périmètre.

    L'inconnue c'est quand il y a un problème qui demande une solution ou une expression non triviale.
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  • Comme xax a réclamé un texte non pédagogiste je mets mon grain de sel.

    Il n'y a qu'une seule dichotomie pertinente dans l'usage des lettres en mathématiques: celle de la distinction entre lettre libre et lettre liée (on dit aussi "muette" parfois) dans un texte ou une formule.

    Les distinctions "inconnue/lettre connue", "variable/constante" qui s'y substituent maladroitement sont toutes porteuses de très graves contresens compromettant considérablement la poursuite de l'apprentissage des mathématiques chez une personne (pas seulement un enfant: le nombre d'adultes et de profs de maths qui butent là-dessus est conséquent). Il n'existe pas, en maths d'objets "constants" ni d'objets "variables" (et qui seraient désignés par des letres décorées des mêmes adjectifs)

    La raison de ces contresens est que la propriété d'être libre ou non d'une lettre ne fait pas référence à ce que la lettre désigne; au lieu de ça elle fait référence à un rôle (syntaxique!) que la lettre elle-même va jouer dans la phrase ou la formule où elle apparaît.

    1°) Une lettre qui est libre dans un énoncé désigne quelque chose (c'est un nom).
    2°) Une lettre liée dans un énoncé ne désigne rien. En fait il s'agit d'un élément d'une construction grammaticale qui doit être soigneusement mise en évidence (par notamment des symboles ou des formulations idoines: des énoncés où la lettre $m$ est liée commenceront par exemple par $m \mapsto$, $\forall m$, ou feront apparaître $\int_0^1 (...) dm$ etc).
    Cette construction grammaticale est le plus souvent une façon de définir une fonction (par exemple une équation à une inconnue réelle peut être vue comme un cas particulier de fonction de source $\R$ et à valeurs dans $\{vrai, faux\}$).

    Le drame du refus du formalisme amenant trop de gens à s'arracher les cheveux toute leur vie sur les propriétés de l'ensemble vide (propriétés qu'ils finissent par consentir à admettre au lieu de les saisir vraiment) est typiquement dû à ça. On éprouve de la gêne devant les applications $f: \emptyset \to \N$ et $g: x \in \emptyset \mapsto f(x)+1$ qui sont égales. On évite de parler de ce que $\forall y \in \emptyset, \mathcal P(y) \subseteq y$.
    Alors qu'en fait comme les lettres $x$ et $y$ sont liées dans ces énoncés, elles ne désignent rien (je suis lourd mais j'insiste à nouveau), et à aucun moment on ne parle dans ces énoncés de mystérieux éléments nommés "$x$" et "$y$" qui se trouveraient dans l'ensemble vide et qui déclencheraient des anomalies.
    Et même si l'usage de l'ensemble vide est marginal dans une bonne partie des pratiques mathématiques, les mécanismes sous-jacents à cette erreur sont bien là chez certaines personnes et leur pourrissent la vie sans qu'elles arrivent à mettre le doigt sur la véritable cause de leurs errements.

    Pour ne rien arranger, il y a très peu de textes où le formalisme et la description complète de la liberté et de la liaison des lettres est décrit de façon détaillée (et digeste). Citons le controversé Bourbaki-théorie des ensembles (qui offre une description complète du langage formel employé, la problématique de la liaison étant évacuée par un artifice visuel intelligent, inspiré en fait des indices de De Bruijn du lambda calcul). Sinon les gens peuvent se former à la logique combinatoire (typée à la rigueur).

    Quand j'aurai le temps je pense que je ferai une présentation détaillée d'un tel système formel.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Assez d'accord avec Foys, et je me rends compte que collégien, lycéen, étudiant, je n'ai jamais fait de distinction entre inconnue et variable, simplement j'utilisais le nom inconnue pour une équation et variable pour une situation fonctionnelle. Ce n'est qu'une fois prof que quelques élèves m'ont posé la question, que je résumais à du contexte. Par contre, j'ai toujours enseigné le statut des variables liées pour aider à comprendre. allant jusqu'à dire : "il n'y a pas de $x$ dans $\int_0^2 x^2\ dx$ car il n'y a pas de $x$ dans $\frac 8 3$.

    Cordialement.
  • Foys en fait je me situais au niveau de l'introduction de "l'inconnue" en primaire et au collège, et je pensais à des problématiques plus basiques comme celles de pouvoir saisir la modélisation de problèmes simple pour entrer efficacement dans la manipulation des expressions littérales. Je sais que des gens sérieux en psychologie cognitive sont susceptibles de travailler sur ce genre de chose mais faire des biblios pertinentes dans des domaines que tu connais pas ça prend énormément de temps, c'était l’objet de ma demande.

    Mais dans le fond tu as raison. Je pensais au départ que toi-même ou des gens comme Christophe poussiez un peu trop dans le sens du formalisme, mais en fait non, à la condition bien sûr de le rendre abordable, ça permettrait aux enfants qui sont bien pourvus de ne pas s'enliser, et aux autres de pouvoir revenir sur des choses solides qu'un travail récompensera.

    La grammaire entretient avec la logique un rapport particulièrement problématique déjà en théorie (1), et en pratique pour des enfants et des jeunes qui doivent apprendre les deux en parallèle c'est redoutable. C'est encore plus redoutable quand on sait que la grammaire a disparu de l'enseignement. Donc il y a en maths des choses pas forcément exagérément complexes mais qui demandent un peu de subtilité qui vont sans doute être moins bien saisies qu'avant, et il me semble hélas que les expressions élémentaires en font partie.

    En tout cas sujet plus profond que je ne le pensais.


    (1) c'est aussi une problématique historique ancienne puisque l'inventeur de la logique formelle est aussi l'inventeur de la linguistique, du moins dans l'aire culturelle gréco-romaine-arabe.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Source : Philosophy and Model Theory. Tim Button & Sean Walsh. (2018, Oxford University Press). pp. 13-14.112278
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • À mon sens il n'y a pas d'inconnue sans problème, et des problèmes suffisamment compliqués pour qu'ils ne soient pas solutionnables sans... l'introduction d'une inconnue et le calcul littéral. Il y a certes une inconnue dans les opérations à trous mais il n'y a pas de problème, donc le concept est un peu vidé de sa substance. C'est juste un petit jeu où il s'agit de déterminer la bonne opération pour trouver le nombre manquant.

    Malheureusement les problèmes, bien souvent, n'en sont pas vraiment : beaucoup sont résolubles sans équation. Dans le fichier IREM posté plus haut figure le problème ultra-cité, et qui n'en est tout simplement pas un :
    La somme de trois naturels consécutifs est 51. Quels sont ces nombres ?
    Juste en dessous le non moins célèbre problème avec les âges :
    Un père à 40 ans et son fils 12. Dans combien d'années l'âge du père sera-t-il le triple de celui de son fils ?
    Ici, il est faux de dire que sa résolution à l'aide d'une équation est plus rapide que celle empirique.

    Pour introduire le concept d'inconnue aux collégiens, et la résolution d'équations qui va avec, il faut à mon avis proposer, dès le début, des problèmes de prime abord infaisables, pour créer un seuil, un palier qu'il sera possible de franchir uniquement avec la nouvelle méthode.
  • Avec les équations au programme du collège, un tel seuil n'existe pas.
  • Les lettres ça arrive bien tôt.

    Je note F le montant de la facture en euros.
    F=35,08

    J’ai donnée un billet de 50 €.
    Je note R la monnaie rendue en euros.
    R=50-35,08.

    Même à l’école...

    Le fameux longueur$\times$ largeur, comme dit plus haut.

    Le nombre $\pi$ : rappelons que $\pi$ est une lettre.
    En profiter pour proposer des petites réductions simples avec ce $nombre \ utile \ aux \ sages$.
  • Ce n'est pas l'introduction d'une ou de plusieurs lettres qui pose problème, mais leur rôle ou leur statut.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • @ majax : bien sûr que si ce seuil existe au collège, il suffit de prendre des problèmes qui conduisent à une équation où il est nécessaire de développer. Beaucoup d'entre eux sont difficiles voire très difficiles à résoudre par une autre méthode.

    Au collège on dispose aussi du théorème de Pythagore. Un problème de géométrie peut alors conduire à une équation du second degré qui n'en ai pas une puisqu'elle se ramène après simplification au premier degré (voir pdf joint). Il s'agit bien là d'un problème impossible à résoudre sans l'introduction d'une inconnue et du calcul littéral qui va avec.
  • Oui, Thierry, c’est un « problème dans le problème » dirais-je.
  • @Ludwig oui il est possible d'en trouver. Je veux parler du programme. Comment interpréter cet extrait du Bulletin officiel n° 30 du 26 juillet 2018. Arrêté du 17 juillet 2018 ? (ce n'est pas une question à toi mais à un inspecteur par exemple) : "résoudre algébriquement des équations du premier degré ou s’y ramenant (équations produits), en particulier des équations du type x^2=a."
    Je trouve que les contours du programme sur ce point particulier sont pour le moins flous, pour ne pas dire réducteurs (même si je prends toutes les libertés de bon sens).
    Effectivement ta catégorie de problèmes est intéressante et surtout indispensable (sinon à quoi bon), pour ma part je suis le même début progression que Dom et je fais ça plus tard.

    Edit : en y réfléchissant, il est vrai qu'il n'est pas fait mention dans ce document du type d'équation du premier degré. Je suis pourtant certain d'avoir vu dans un document, il y a deux ans, qu'on se limiterait désormais à la résolution d'équation du type ax=b et x + a = b et je me demande même s'il ne fallait pas abandonner la combinaison des deux. Cela avait fait bondir tout le monde lors d'une réunion de bassin. Il faut vraiment que je retrouve cela.
  • Dans le début des années 2000, les équations du type $ax=b$ et $a+x=b$ étaient vues en 5e.
    Ça montrait quand même un sérieux problème dont tout le monde se fichait :
    Qu’est-ce $b-a$ sinon une définition du deuxième $x$ ? Et qu’est-ce que $b/a$ dans les bonnes conditions ?
    Et oui, il ne s’agit plus d’équation, ce sont juste les définitions de la différence et du quotient.

    Le seul point nouveau était peut-être de proposer l’approche « algébrique » : j’ajoute $-a$ partout, je soustrait $a$ partout, je divise par a partout...

    Et là encore, on finit par réaliser qu’on « enseigne » un truc assez évident :
    Quels que soient les nombres $u$ et $v$, si $f$ est une fonction réelle à valeurs réelles,
    Si $u=v$, alors $f(u)=f(v)$.

    C’est la définition de l’égalité à certains égards (Christophe dit « tout ce qui arrive à $u$ arrive à $v$).
    Ensuite il faut pouvoir remonter en toute rigueur, etc.


    Dernièrement, dans les programmes, on a bien « résolution algébrique » en 4e et je ne sais plus quel vocable pour la 5e (résolution approchée ?) pour des équations du premier degré à une inconnue.
  • En 5e "avant" c'était grosso modo ce que je vois présenté en 4e, exemple tiré de mon cahier de l'époque :
    $61-2(x-1) = 5(2x+3)$
    À part ça les solutions devaient être indiquées dans $\mathbb{D}$ et $\mathbb{N}$, la notation $ \emptyset$ y était.

    Les expressions littérales étaient manipulées pour donner un brin d'aisance avec plusieurs variables et puissance 2 et 3, par ailleurs les régles sur les puissances un poil plus :
    Factoriser $8a^2xy+8ax^2y+8axy$
    $(7a^3b^2)^2=...$
    Aussi des inégalités très simples style : $x-3>2x+2$

    Rien de bien difficile, mais je trouve que ça préparait mieux au calcul littéral. J'ai le sentiment que les restrictions qui sont évoqués dans le fil sont du même ordre d'état d'esprit que ce que j'ai pu voir dans un autre (1) : empêcher à tout prix que les enfants progressent rapidement.

    (1) les fractions
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • C’est « empêcher » mais sous-couvert de « ce serait difficile dans certains bahuts ».
    L’idéologue du forum est pour que ce soit comme ça car il y a davantage d’égalité.
    « Courir avec un scaphandrier contre quelqu’un qui n’en porte pas et qui est entraîné, ce n’est pas juste » il faut donc changer la course et surtout n’entraîner personne. Si on pouvait créer un handicap sur l’élève qui a des parents qui l’aident, ce serait mieux... Ses parents sont d’ailleurs des salopards qui l’empêchent de s’épanouir dehors après 22h tous les soirs. Ça crée des injustices tout ça.

    Je faisais la vanne jadis : « ce n’est pas juste, lui il apprend ses leçons ». Et c’est pourtant la politique de l’école.
  • Bien sûr on en faisait plus avant. Mais que faisait-on exactement ? Des pages et des pages de calculs détachés de tout contexte. Or le calcul littéral ça sert n'est-ce pas ? Je prétends qu'il n'est pas plus infaisable de faire ces calculs aujourd'hui qu'hier (en réalité tous ces calculs relèvent de l'enfantillage). Simplement il ne faut pas y aller de main morte : toujours commencer par donner des problèmes impossibles sinon il n'y a pas de marche (lire ici marchepied et cheminement). On explique ainsi clairement pourquoi on va faire ces calculs. Conclusion : il faut inonder les réseaux de tels problèmes.
  • Oui, avant on pratiquait intensément le calcul littéral car justement ce n’est pas si ’’enfantin’’ que cela pour la majorité des élèves et ensuite on appliquait sur la résolution de problèmes ’’concrets’’. Faire du calcul littéral c’est déjà faire des mathématiques il faudrait le rappeler tout de même. Avant les élèves avaient un bien meilleur niveau qu’aujourd'hui (y compris dans la résolution de problèmes!) alors qu’aujourd'hui certains profs pensent qu’ils font des maths en commençant par poser des problèmes ’’originaux’’ et en se disant que pour le calcul littéral cela viendra tout seul...Comme leur méthode ne fonctionne pas ils cachent l’echec avec le surnotage massif. . Expliquer pourquoi on va faire des calculs ne sert à rien si justement les élèves sont incapables de faire ces calculs car ils ne maîtrisent rien et mélangent tout.
    On apprend les règles de calculs, on applique en faisant du calcul littéral intensément et durablement avec une difficulté graduelle puis seulement on applique à des problèmes ’’concrets’’. C’est la seule méthode qui est efficace selon moi pour la majorité des élèves, en particulier pour les élèves justement ’’non matheux’’. La méthode ’’renversée’’ ne peut agir que sur des élèves doués à la base (une petite minorité).
  • Que sur des élèves doués à la base ? Je crois vraiment qu'il faut arrêter de prendre les élèves pour des cons. Bon courage Biely !
  • Celui qui prend des élèves pour des c... c’est celui qui ne met jamais de notes en dessous de 10 (note sur 20) en faisant croire à ces élèves qu’ils progressent ou qu’ils sont bons. Celui qui prend ces élèves pour des c... c’est celui qui demande de résoudre une équation comme par exemple $(x-6)^2=x^2+2$ en posant comme question 1)développer $(x-6)^2$ puis 2) montrer que l’on a -12x+36=2 et enfin 3) résoudre l’équation-12x+36=2.
  • Tu ne réponds pas Biely. Mais ce que tu fais je sais que la très grande majorité des profs de maths en font autant. Et je sais que ça ne sert quasiment à rien. C'est même largement contre-productif. Arrêtez de vous plaindre et passez à l'action !
    Ah au fait, je met des notes en dessous de 10, c'est juste que je m'arrange pour mettre 10 de moyenne. Tu as du mal lire encore une fois.
    Quant à mon problème sur le sangaku posté plus haut je n'en changerais pas une ligne.
  • Je ne sais pas si cela a été déjà évoqué plus haut mais voici une solution simple sans équation du problème qui est posé dans l'image mise sur le forum par XAX.

    Si on enlève une demi-pastèque sur les deux plateaux de la balance on conserve l'équilibre et sur un des plateaux on a une demi-pastèque et sur l'autre plateau un poids de 1kg. Donc une demi-pastèque pèse 1kg et donc une pastèque complète pèse 2kg.

    PS:
    Autant dire que je ne suis pas sûr que ce problème soit super intéressant pédagogiquement pour montrer l'intérêt de mettre en équation un problème.

    PS2:
    J'ai soumis ce problème à une de mes amies qui n'a pas fait d'études scientifiques (mais littéraires) avec la consigne de le résoudre sans écrire d'équation: elle a trouvé la même solution que moi. B-)-
    Cela me conforte dans l'idée que c'est un très mauvais problème pour présenter l'intérêt de la mise en équation pour le résoudre.
  • Ludwig
    ’’c’est juste que je m’arrange pour avoir 10 de moyenne’’ (au minimum j’imagine)
    Oui ben je ne vois pas vraiment la différence...
    Pratiquement aucun prof ne pratique aujourd'hui le calcul littéral à forte dose et régulièrement! Il faut arrêter de raconter n’importe quoi. Cela ne marche pas car on n’essaye plus. C’est exactement comme si on essayait d’apprendre une langue étrangère en travaillant une fois par semaine (ou pire...): c’est inutile, on passe son temps à reprendre à zéro et c’est sans fin.
  • Biely.. ce n'est pas ce que je dis. Je dis que lorsque le calcul littéral est pratiqué il est quasiment toujours parachuté. C'est ça faire des maths ? Franchement.. non non non, et non ! Il faut bien réfléchir sur l'approche et ne pas avoir peur de faire échouer les élèves en leur proposant des problèmes temporairement insolubles. La quasi absence de cette pratique est pour moi la cause principale de l'échec.
    Tu dis que ça ne marche pas le calcul littéral car on essaie plus, je dis que ça ne marche pas car on essaie mal.
    De plus, pour revenir au sujet, il est clair aussi que manipuler des expressions littérales isolées des problèmes nuit à la compréhension de l'idée d'inconnue.

    Allez, apéro.
  • Ludwig,

    Dans énormément de bahuts, TOUS les problèmes sont insolubles par les élèves.
    Ils sont totalement bloqués.
    Non, ce n’est pas parce qu’ils seraient idiots, non, non et non.

    Je t’incite à te demander pourquoi avant de parler « d’agir ».

    Aussi avec ton « on essaie mal », tu m’amuses.
    Bravo pour ta modestie.
  • Ludwig
    Quand on pose une équation comme $(x-6)^2=x^2+2$ on est déjà dans la résolution d’un problème. C’est exactement comme un problème de mat en 2 coups dans le jeu d’échecs. Bon OK, qu’est ce que j’ai à ma disposition? Je sais résoudre une équation du premier degré (enfin normalement...), je sais développer (normalement...), je ne sais pas résoudre une équation du second degré de manière générale(sauf éventuellement selon mon niveau si le ’’raisonnement’’ me permet de conclure comme par exemple $(x-6)^2=-2x^2-3$ ou si je peux mettre sous la forme A×B=0 avec A et B de la forme ax+b). Dans le cas présent je suis bloqué et la seule chose que je peux tenter est de développer, ah d’accord je vois etc. Tout ce cheminement est justement intéressant mais l’entraînement est nécessaire, cela ne vient pas par magie (sauf pour les plus doués).
  • @ Dom : les élèves bloquent car on ne leur donne que des recettes, pas des méthodes. Pourquoi ? Car on a peur que sinon ils ne trouvent pas. Diable !
    Comme tout ça est fait à grande échelle, chaque année, rebelote, chaque année, ils sont enfoncés un peu plus. Bilan final oui, le blocage. Les profs ont une très grande responsabilité là-dedans.
  • Mouais, je veux bien entendre ce discours mais « recette » et « méthode » pour moi c’est pareil.
    Les profs mais pas toi, donc ?
    Toi, tu fabriques des lumières ?
    Quand tu attrapes un élève de 4e, tu le fais passer d’ignorant à très fort ?

    Faut-il déroger aux programmes ?
    Et quand bien même : as-tu essayer d’aller jouer avec tes principes dans des zones compliquées ?
    Pas de carnet de liaison, élève qui a le droit d’arriver en retard, bienveillance faussée, « je compte jusqu’au 1000 et je te mets un mot (dans le carnet provisoire que tu vas perdre) », pas d’exclusion voyons, pas d’heure de colle sans un rapport circonstancié renseigné sur oZe, et j’en passe...
  • Je n'ai fait que ça Dom, travailler dans des zones compliquées : 9 ans en ZEP (aujourd'hui ce collège est en REP+), actuellement dans un collège disons de milieu de tableau, depuis 8 ans, mais profondément miné par d'énormes tensions. Je ne rentrerais pas dans les détails.
    D'un certain point de vue, je travaille à la marge. Et c'est ce regard que je qualifierais d'extérieur qui me fais dire que, véritablement, tout va de travers en maths. Quant à mes pratiques, elles sont en cours de changement. Ce dont j'ai parlé est plus haut est ce vers quoi je veux aller. Et irais.

    J'ajoute que le principal obstacle à mon chemin est l'institution elle-même, mais que cet obstacle est moins contraignant du fait de ma position, à la marge, dans cette institution : le chaos ambiant me donne une marge de manoeuvre.
  • Allez, apéro...
    En parlant d’inconnus:
  • Ils sont quand même sacrément débiles ces Inconnus..
    Apéro double dose
  • Ok.
    Si tu as cette possibilité (de travailler a la marge), c’est un atout, et une chance !
    Parfois on ne l’a pas et on t’ajoute des réunions pour le projet d’établissement (dont tout le monde se fout) ou sur le thème « bienveillance » et « travaux de groupes ».

    J’ajoute tout de même : avec une seule année du professeur Ludwig, crois-tu que cela suffise à ce que les élèves soient au niveau ?
    Crois-tu que le prof d’après ne constate pas encore des carences ? en fait, le plus souvent, il ne voit pas la différence...
    Ainsi, sois certain que celui qui les a après toi aurait peut-être tort de penser « pfff les profs d’avant, bon sang de bon soir, n’importe quoi ».
    Tu n’es pas la pépite de l’É.N. et ton « action » reste à relativiser.
    Ne critique donc pas « les autres ».
  • Je ne comprends pas pourquoi vous parler de l'enseignement du calcul littéral. Hum... Le calcul littéral n'est pas enseigné en France. Il n'y a strictement rien pour apprendre ce que c'est au collège et au lycée. La caricature parfaite de cet "enseignement" est:

    Hé!!! Toi! Tu veux apprendre à nager? Bah tient : le bout de papier sur lequel il est écrit "nage, idiot!".

    Voilà comment on enseigne partout dans le monde et comment c'était enseigné en France il y a un certain temps : chaine youtube, la source d'inspération d'Yvan Monka. La liste est malheureusement en désordre. Mais grosso modo c'est:
    1) intro à la notation littérale
    2) tout sur les monômes
    3) 4 opération sur les monômes
    4) polynôme (comme somme des monômes standardisés)
    5) multiplication du polynôme par monôme
    6) multiplication des polynômes, simplification, développement
    7) et à partir de là on commence la factorisation.
    8) etc.

    @Dom,
    Mouais, je veux bien entendre ce discours mais « recette » et « méthode » pour moi c’est pareil.
    Pour moi les recettes de cuisine c'est:
    1) l’équation $2x+3=-9$ : on met $3$ à droite et on change le signe.
    2) développer: $(a+b)(c+d)=ac + ad + bc +db$
    Bref, on dit comment faire, mais on n'explique pas. Impossible de généraliser la démarche. Surtout le 2nd exemple est complétement pipo puisque les élèves ne savent pas ce que c'est: $a,b,c,d$, $a+b$, $c+d$.

    Les méthodes c'est :
    Pour résoudre l'équation $2(x+3)=3(9-3x)+1$, il faut procéder par plusieurs étapes: et on décrit clairement le pourquoi et le comment. Au lieu de développer (dans l'exemple 2), on enseigne le calcul littéral, y compris la multiplication des polynômes dont $(a+b)(c+d)$ est juste un cas particulier.
  • @Dom
    L’introduction des lettres peut se faire sans le contexte des équations.
    Les minuscules : Je dirais plutôt les formules, puis les équations à trous, puis le calcul littéral, les constantes (en cours de physique par exemple), les mesures des angles et des longueurs en cours de géométrie, les inconnus (équations), les variables et les paramètres.

    Les majuscules : c'est plus compliqué. Par exemple je déteste les exercice du genre "calculer $A=5+6*9-7$". C'est quoi ce $A$? Pourquoi c'est une majuscule? Pourquoi il faut la mettre et faut-il la mettre? Sauf erreur de ma part, ce n'est jamais expliqué au collège.
  • « Ce n’est jamais expliqué » m’étonne.
    Les élèves sautent en général sur l’occasion de demander « pourquoi on a une lettre ? ».
    Je pense que c’est expliqué.

    J’imagine que ça te met, toi, en difficulté de proposer des exercices comme ça « calculer A = ... ».
    D’une part je préfère la consigne « écrire en écriture décimale les nombres suivants ».
    Et le « A » prend tout son sens.
    C’est un nombre et l’on observe plusieurs écritures de ce même nombre.

    Sur la distinction majuscule/minuscule je ne comprends pas pourquoi la faire ?!?!
    Sauf en géométrie où il me paraît pertinent de n’utiliser que des majuscules pour les noms des points, pour le reste on n’a pas que des minuscules ou que des majuscules. Rien que $L\times \ell$ permet de le voir.

    Enfin, sur la stratégie de l’apprentissage du calcul littéral, il est inutile de parler de polynôme et de monôme.
    Ce n’est pas le problème.
    Le problème est qu’en effet les profs en font de moins en moins. [ne pas mal comprendre cette phrase !!! Je parle du calcul littéral]
    Il faudra m’expliquer comment on peut « faire ses gammes » en proposant soi-disant des problèmes concrets.
    Voir toutes les mentions « ce n’est pas exigible », « on ne demande pas de techniques » dans les programmes.

    Et encore une fois, les profs sont coincés et il est trop facile de s’exclamer « mais qu’ont fait les profs d’avant ? ».
    J’entends encore ça des profs de lycées « qu’ont fait les profs de collèges ? ».
    Puis des profs de collège « qu’ont fait les profs des écoles ? ».
    Cette recherche de la personne responsable sur le parcours scolaire est vaine, faussée et certainement rassurante pour celui qui pose la question.
  • La distinction majuscule/minuscule est un détail sans importance.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • @Dom,
    « Ce n’est jamais expliqué » m’étonne.
    Les élèves sautent en général sur l’occasion de demander « pourquoi on a une lettre ? ».
    Je pense que c’est expliqué.
    Je n'utilise pas les lettres pour les calculs parce que justement je ne vois pas l'utilité et il en découle que je ne peux pas l'expliquer.
    Sur la distinction majuscule/minuscule je ne comprends pas pourquoi la faire ?!?!
    Les conventions en mathématique, la lettre majuscule ne signifie pas une valeur en général. C'est plutôt un ensemble, une variable aléatoire (stat). Mais bon, ok pour ton exemple avec $L \times l$.
    Enfin, sur la stratégie de l’apprentissage du calcul littéral, il est inutile de parler de polynôme et de monôme.
    Ce n’est pas le problème.
    Pourquoi tu penses que c'est inutile? Comme j'ai pas mal travaillé en remédiation sur le calcul littéral, passer par monôme/polynôme éclaire vraiment les élèves. Je vois le problème que si on ne parle jamais de polynôme et monôme, on ne peut pas généraliser et on est obligé de se limiter aux cas banals comme $(a+b)(c+d)$. Or tu sais bien que le programme de lycée dépasse largement ce cas banal. Si on demande de développer $(1-\pi)(x^2 +abc^3)$, quelle réponse tu attends? Et comment tu l'expliques?
    Il faudra m’expliquer comment on peut « faire ses gammes » en proposant soi-disant des problèmes concrets.
    Voir toutes les mentions « ce n’est pas exigible », « on ne demande pas de techniques » dans les programmes.
    Là, on est d'accord ;-) Mais pour moi cela n'explique pas tout. Si tu passes aux exercices plus compliqués comme j'avais montré ou comme dans la chaine Youtube plus haut, il faudra expliquer ce que tu fais.
    Et encore une fois, les profs sont coincés
    Je sais, je ne tiens pas les profs pour responsables.
  • Avant d'introduire une inconnue pour la première fois, il faut préparer le terrain. On ne peut pas y aller direct, comme un bourrin. Quelques activités préliminaires sont nécessaires avant de démarrer.
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
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