Mathématiques modernes 1970

Réponses

  • Quand on y voit le programme de 1972 de terminale C et qu'on connait des élèves de terminale spécialité mathématiques d'aujourd'hui, on se dit qu'il s'est passé un truc entre temps !
  • Par exemple les horaires ont nettement diminués.
    Et ce sur toutes les années de la sixième à la terminale.
  • Philou22 a écrit:
    on se dit qu'il s'est passé un truc entre temps !

    Entre-temps .. le temps a passé: davantage de lycées, plus d'élèves, moins d'usines. Si on décide de faire de la plupart des gens des "pédaleurs" qui livrent des repas* (et qui n'ont pas besoin d'aller au lycée, en terminale), on pourra peut-être revenir à ce qui se faisait en 1972.B-)-

    (incidemment je crois que c'est le programme de ma première terminale, le programme que tu mentionnes)

    *: et il faut supprimer toutes les diversions qui détournent les gens de l'étude. En 1972, par exemple, il n'y avait pas d'émissions tv toute la journée, pas d'internet et de réseaux sociaux qui te font perdre ton temps d'éveil en choses futiles qui ne t'édifient pas. La lecture était considérée encore comme un moyen d'évasion (pas de "robinet" à musiques à cette époque). 1972 serait considéré comme la préhistoire par un jeune de 2020 si par un accident extraordinaire il y était projeté.
  • En regardant un petit peu ce programme de 1972, on retrouve régulièrement des "sans démonstration", "on admettra" ou encore "l'étude sera strictement limitée aux cas..."
  • Certes, il est normal qu'un certain nombre de concepts soient admis au niveau de la terminale, et ce quelle que soit l'époque.

    Ce que l'on peut (et que l'on doit) surtout regretter, c'est le manque total de cohérence de l'enseignement des mathématiques actuel dans le secondaire, qui est apparu, et qui s'est démesurément accru, après la réforme des maths modernes, malgré l'effort des collègues de lycée qui, dans leur grande majorité, font ce qu'ils peuvent pour rééquliber les choses.
  • La France a eu son meilleur niveau en mathématiques à l'époque des maths modernes.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Foys:

    Pardon de te poser cette question mais tu le mesures comment?
    Moi je croyais naïvement que c'était quelques normaliens constitués en "loge" qui avaient fait de la France au XXème siècle le pays des mathématiques. B-)-
  • La France a eu son meilleur niveau en mathématiques à l'époque des maths modernes.

    Selon quel critère?
    Parce que l’échec de Super phénix, l'explosion de la dette de la France par exemple laisse penser le contraire.
    Je rappelle que les maths ont servi de critère de sélection des étudiants.
  • Il suffit de regarder l'icône de FDP pour comprendre qu'il n'est pas utile de chercher des arguments pour le convaincre :-)

    Domi
  • Je suis d'accord con FDP. L'excellence de l'école mathématique française est condensée pour la majorité dans la poignée d'écoles normales et à l'école polytechnique. C'est de ces institutions que sortent les grands mathématiciens français. Et ceci a toujours été vrai avec pour seule exception celle de Grothendieck qui n'est pas passé par le cursus royale.

    La voie royale : Louis le grand (ou les quelques lycées haut de gamme qui lui sont équivalents) -> Prépa -> Normale sup ou polytechnique est toujours aussi sélective aujourd'hui qu'il y a 100 ans. Ce qui a véritablement changé c'est l'enseignement des maths à la masse de la population étudiante. Et là il y a bien eu un effondrement.

    Les élites (scientifiques ou politiques) ne souffrent pas de l'effondrement de l'enseignement de masse.
  • Je ne pense pas que l'enseignement de masse au niveau lycée et collège a été bon à l'époque de maths moderne, avant et après. L'enseignement à l'école donnait des supers résultats (étude TIMSS 1995 où la France était number one). Formation des profs? Cohérences entre les programmes, méthodes, manuels? Par contre si on prend le collège et le lycée... Mes amis français qui ont 45 ans et plus sont très bons en calcul et arithmétique, même s'ils n'ont jamais fait le lycée. Prenons une personne qui se débrouillait plutôt bien au collège, mais sans plus, et au lycée s'est dirigée vers les filières non scientifiques. Est-ce que cette personne arrivera à démontrer des théorèmes classiques en géométrie Euclidienne? Résoudre un système d'équation? Dériver une fonction? Résoudre une inéquation? Sont-ils nombreuses ces personnes?
  • Serge a écrit:
    Les élites (scientifiques ou politiques) ne souffrent pas de l'effondrement de l'enseignement de masse.

    On va te répondre qu'indirectement tu prônes l'ignorance pour ceux qui n'appartiennent pas à l'élite.

    Mais, au début des années 70, on ne s'est pas trop préoccupé d'offrir ce super enseignement* des mathématiques que l'univers entier nous enviait au plus grand nombre vraiment. (c'est pour montrer l'hypocrisie de l'accusation ci-dessus).

    *: Je parle du programme de mathématiques de terminale C, 1972.

    PS:
    L'enseignement n'est pas vu comme un cadeau altruiste qu'on te fait (que ce soient ceux qui reçoivent cet enseignement et que ce soient ceux qui le prodiguent, ceux qui ont en charge de toute cette organisation) dont tu es libre de disposer ou pas.
    L'enseignement sert à justifier, en partie, la hiérarchie sociale (et à la constituer)L'enseignement qu'on te donne tu dois le mériter. C'est peut-être un peu moins vrai aujourd'hui car on n'a plus besoin d'autant de gens pour diriger, contrôler: la technologie pouvant remplacer des êtres humains pour ces tâches de contrôle.

    PS2:
    Dom: tu confonds B-)- et X:-(
  • soleil_vert a écrit:
    Selon quel critère?
    Parce que l’échec de Super phénix, l'explosion de la dette de la France par exemple laisse penser le contraire.
    Je rappelle que les maths ont servi de critère de sélection des étudiants.
    Tu n'es pas en train de parler de maths mais d'autre chose.
    L'URSS avait aussi un très bon enseignement de mathématiques et une situation économique catastrophique.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Quelqu'un a la répartition des normaliens et polytechniciens en fonction de l'origine sociale en 1972 ? Fdp ? Sinon c'est du vent.
  • Fin de partie :
    ton PS, c’est n’importe quoi 8-)
    Si le déterminisme existe, toi, tu penses qu’il est souhaité. Faut-il encore le prouver.

    ton PS2, peut-être une confusion ?
  • Je dis rarement que ce genre de propos est n'importe quoi car on peut toujours imaginer que si ce déterminisme était souhaité on ne s'y serait pas pris autrement pour le mettre en place. Les témoignages de l'élite sont peu nombreux mais ils existent. Est ce une preuve ?

    Qui est "on"? Toutes les ramifications qui y trouvent un intérêt.
  • En tant qu'ancien de Super Phénix, je rappelle qu'il s'agissait d'un prototype et l'on sait que quel que soit le domaine (voir EPR aujourd'hui), les incidents se multiplient et rallongent les délais. Il a été arrêté sur décision politique sous la pression de l'opinion publique et a laissé le champ libre au parc nucléaire de PWR, sur lequel les médias et las politiques ne se sont pas posés de question.
    Cordialement.
    Jean-Louis.
  • Dom:

    Les choses s'organisent de la sorte sans réelle intention de nuire à quiconque. C'est un système sur lequel plus personne n'a vraiment de contrôle: il tourne tout seul, il a en quelque sorte pris son autonomie.

    Je pense qu'on trouve parmi les "axiomes" qui sous-tendent tout ceci: 1)les gens ont ce qu'ils méritent (dans le sens littéral)
    2) tout le monde peut être méritant cela ne dépend que de vous.

    Cela a pour conséquence: la responsabilité ce qui arrive généralement de mal (être smicard, chômeur, sdf...) aux gens qui ne sont pas méritants leur est imputable à eux seuls et à personne d'autre (s'ils avaient été méritants, ils n'en seraient pas là).
    Dans une société qui suit ces "axiomes", la compassion, la main tendue vont disparaître: il ne restera plus que la compétition pour décider qui est le plus méritant: vae victis !
    Bien sûr, ceux qui sont très riches de naissance sont présumés être méritants par nature, ils n'ont pas à se soumettre à cette compétition (en tout cas, s'ils le font ce n'est pas dans le même but)





    Majax:

    Tu m'as mal compris. Je disais que l'influence à l'internationale d'un petit groupe de gens (des normaliens) valu à la France cette réputation d'excellence.

    D'ailleurs,
    Artur Ávila: récipiendaire de la médaille Fields en 2014 (d'accord il n'a pas probablement pas étudié dans un lycée Français)
    Laurent Lafforgue récipiendaire de la médaille Fields en 2002 (il est normalien et semble avoir fait ses études secondaires en France)
    Wendelin Werner récipiendaire de la médaille Fields en 2006 (il est normalien et a fait ses études en France)
    Cédric Villani récipiendaire de la médaille Fields en 2010 (il est normalien et a fait ses études en France)

    Si on regarde les mathématiques par ce prisme-là, on peut penser que les déclinologues ont tort, la tradition mathématique en France est toujours vivace et aussi excellente.

    (il n'y a pas besoin d'un enseignement de masse des mathématiques pour produire cet effet)


    PS:
    Je dois mal chercher je ne trouve pas de noms de Singapouriens dans la liste des récipiendaires de la médaille Fields.
    C'est sûrement qu'ils doivent trouver futiles ces remises de médailles. B-)-

    PS2:
    Artur Ávila né en 1979 (il n'était pas lycéen dans les années 70)
    Laurent Lafforgue né en 1966 (il n'était pas lycéen dans les années 70)
    Wendelin Werner né en 1968 (il n'était pas lycéen dans les années 70)
    Cédric Villani né en 1973 (il n'était pas lycéen dans les années 70)
  • Dom:

    Pardon, je t'ai confondu avec Domi. :-D
  • Oui, oui,
    Classique et sans conséquences désagréables.

    Salut Domi ;-)
  • @SERGE_S "Ce qui a véritablement changé c'est l'enseignement des maths à la masse de la population étudiante. Et là il y a bien eu un effondrement." là quand je serais bien plus nuancé.

    D'une part il y a une très forte corrélation entre la réussite dans les études supérieures (sans retard et correctement) et le niveau en fin de CM2 (quelle que soit l'origine sociale) qui lui s'est effondré, et d'autre part dans les dernières "belles années" (~1995) la proportion de bacheliers était sensiblement la même qu'aujourd'hui, la France ayant achevé sa secondarisation tardive.

    Quant à la "voie royale" il me semble qu'il y a quand même d'excellents mathématiciens - et physiciens - qui ne sont pas passés par les Ens ou l'X !

    Sur Grothendieck j'ai lu avec amusement l'aveu du calvaire que représentait le suivi de ses séminaires, par les dits normaliens. Je pense que c'est un demi-dieu comme le tragique de sa vie l'a montré tout comme ses prémonitions suraiguës vis à vis de la destruction de l'environnement, elles aussi tragiques. C'est une autre dimension. Il n'a pas eu véritablement d'école, il n'en avait pas besoin.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • XAX a écrit:
    Sur Grothendieck j'ai lu avec amusement l'aveu du calvaire que représentait le suivi de ses séminaires, par les dits normaliens

    Quand on est normalien on est omniscient? La prochaine fois que j'en croise un je regarderais s'il ne lévite pas au dessus du sol pour se distinguer des autres mortels qui n'entendent rien au mathématiques. B-)-
  • Bonjour,

    > s'il ne lévite pas au dessus du sol

    Tu as déjà vu léviter ailleurs ?

    Cordialement,

    Rescassol
  • @FdP c'est effectivement ce qu'ils écrivaient penser être, du moins les rois du pétrole, et puis Grothendieck; j'avais trouvé les témoignages très honnêtes et l'humour a posteriori voulu. L'un se plaignait de passer 3 mois à comprendre 3 jours de séminaire, et l'autre de souffrir terriblement au fait que Grothendieck traçait toujours directement en théorie et ne prenait jamais d'exemples. Je sais qu'il y a eu d'autres recueils de témoignages mais je ne les ai pas lus.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Et c’est peut-être bon de prendre conscience qu’il y a toujours plus normalien que soi.

  • Un autre témoignage du jeune Demazure : " l’autre concerne justement ce que j’ai pu comprendre de cette machine et pourquoi elle m’est apparue hors du commun, et pas seulement hors du commun par sa rapidité, sa puissance, son endurance", la suite dans : https://smf.emath.fr/files/grothendieck.pdf
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Rescassol a écrit:
    Tu as déjà vu léviter ailleurs ?

    C'est réservé aux normaliens, tu ne savais pas? X:-(
  • Bonsoir,

    Je voulais dire, ailleurs qu'au dessus du sol !! :-D

    Cordialement,

    Rescassol
  • Oui comme « descendre en bas ».
    Bon, bref.
  • Léviter au dessus de la mer ce n’est pas possible avec un flyboard par exemple? Un avion peut s’écraser au sol ou en mer...Bon d’accord c’est tiré par les cheveux...:-D
  • Quand je parlais de lévitation c'était de l'ironie par rapport aux propos qui nous expliquent que des normaliens ne comprenaient rien à ce que racontait Grothendieck (au moment où il parlait). Je voulais dire que le fait d'être normalien ne te permet pas de comprendre tout instantanément et qu'il faut arrêter de croire, ou de laisser croire, que parce tu appartiens à une petite élite tu as les réponses à tout, que tu es omniscient.
  • Oui bon c'est du détail.

    Par contre une question qui me vient en rapport au sujet : qu'en était-il de l'activité pédagogique de Grothendieck dans ces années là ? On sait comment toutes les portes lui ont été fermées et qu'il n'a pu trouver un emploi que dans son université d'origine en 1973.
    Est-ce qu'il existe des cours, a-il participé à des travaux sur l'enseignement ?

    Je crois qu'il a enseigné de 1973 à 1984, date à laquelle Alain Connes parvient avec l'aide de Jacques Dixmier, à lui trouver un poste provisoire au CNRS.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • biely a écrit:
    Léviter au dessus de la mer ce n’est pas possible avec un flyboard par exemple? Un avion peut s’écraser au sol ou en mer...Bon d’accord c’est tiré par les cheveux...grinning smiley
    Une affaire de technique!
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Ma blague sur la lévitation m'a probablement été inspirée inconsciemment par un fait divers tragique. La mort accidentelle de Vince Reffet que certains appelaient Jetman.

    https://www.leparisien.fr/faits-divers/deces-accidentel-a-dubai-de-l-homme-volant-francais-vince-reffet-17-11-2020-8408853.php

    PS:
    A chaque fois qu'un de ces trompes-la-mort se tue accidentellement dans l'exercice de sa passion je repense à une conférence à laquelle j'avais assisté (à l'invitation d'une amie que j'ai hélas perdue de vue depuis) à la fin des années 80 dans une bibliothèque municipale à Conflans-Sainte-Honorine. Un cascadeur, Alain Prieur, venait parler de sa passion dans une conférence. Il s'est tué quelques années plus tard, en 1991.
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