Pratiques numériques / virus

Je suis tombé par hasard sur un article qui date de la grippe d'il y a 10 ans https://www.capital.fr/entreprises-marches/patrice-magnard-fondateur-de-maxicours-son-ecole-a-lui-ne-craint-pas-la-grippe-a-482521

J'ai essayé de voir ce que c'est devenu, ça a bien progressé à bas bruit, je trouve que c'est assez révélateur du démembrement de l'EN : l'arrivée de prestataires du privé jusque dans le cœur du métier https://www.educlever.com/plateforme avec une vidéo promotionnelle tirée d'une classe de l'école publique ! Il vend à tous les acteurs publics mairies, écoles etc.

Il y a même des partenariats avec les parents d'élèves http://peep.asso.fr/partenaires/orthodidacte1/

Ce type est vraiment très fort, il pourrait vendre du sable à un bédoin du Sahara.

Ce qui est génial aussi c'est qu'il s'attribue la paternité de techniques issues de la recherche française en sciences cognitives https://liris.cnrs.fr/equipe/tweak même les formats de données informatiques semblent lui avoir été données directement clef en main !

C'est extraordinaire que l'on soit tombé si bas maintenant c'est le métier lui-même qui est vendu à la découpe !

Je suppose que l'actuel virus a du donner un coup de fouet à ce business.

Edit : encore plus fort ! https://www.educlever.com/maxicours la vidéos promotionnelle indique explicitement que les tutorats payants sont faits par les profs de l'Éducation Nationale !!!
"J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert

Réponses

  • Il y a 15 ans environ un groupe d'enseignants parisiens de grandes prépas avait ouvert une école pour des cours de soutien++ avec un slogan comme le niveau du bac ne prépare plus aux études supérieures nous si... je ne me souviens plus de leur nom.

    On est passé à l’ère industrielle visiblement.
  • Il y a un groupe lié à l'éditeur "Rue des écoles" qui édite notamment lyceenumerique.fr, cela a une vingtaine d'années (en regardant le whois ruedesecoles.com du moins). Il y a effectivement beaucoup de profs de prépa.

    Mais Educlever a une autre dimension, c'est une colonisation à bas bruit mais dans beaucoup d'aspects de l'éducation : collectivités territoriales, parents, écoles, collèges lycée etc. Je pense que les circonstances actuelles vont donner de l'ampleur à ce groupe.
    Ça me fait penser un peu à un certain groupe de restauration qui a de fait le monopole des cantines scolaires qui ont été privatisées. Le processus est le même : une privatisation d'un secteur interne aux établissements d'enseignement, sauf que là il s'agit du coeur du métier; un peu comme Pronote mais directement l'enseignement.
    Ça va très loin puisqu'ils propose une aide à l'enseignement pour remplir les fichiers élèves de compétence.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Je ne vois pas ce qu'il y a à critiquer ici. L'émulation entre plusieurs systèmes d'enseignement est une bonne chose. Si l'Ed. Nat. veut l'emporter sur ses concurrents, qu'elle améliore le niveau de son enseignement.
  • Rien n'indique que ce sera le meilleur système d'enseignement qui l'emportera. Tous les secteurs de la société prouvent d'ailleurs le contraire. A quand l'uberisation assumée de l'éducation nationale ? Vive l'émulation !
  • Dans le cas d'Educlever il ne s'agit absolument pas d'un concurrence mais d'une colonisation interne à l'EN : les services s'adressent aux établissements pour sous-traiter à bas bruit ce qui s'y fait.

    Il n'existe pas à ma connaissance en France de système concurrent à l'EN. Le secteur privé est basé sur une histoire différente mais ce n’est pas formellement un concurrent au sens économique, puisqu'il s'agit dans 99,9 % des cas d'associations plus ou moins religieuses qui gèrent les établissements.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Pronote d'ailleurs suit le même modèle économique : sous traiter au prix fort des trucs simples (emploi du temps, carnet de note, cahier de texte) qui avant étaient gratuits.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Ce qui est très intéressant dans les techniques qu'Educlever promeut, c'est qu'elles délabrent l'autonomie des enfants puisqu'ils sont "guidés" par la main - le talentueux homme d'affaires en parle d'ailleurs explicitement en ces termes.

    C'est à dire qu'au lieu de développer une forme d'émancipation intellectuelle qui permettrait à l'élève de bien se situer dans la connaissance, on lui propose d'acheter une laisse qui sera tenue par un logiciel - et sans doute bientôt par une IA.

    Comme en plus tout cela a lieu dans un univers numérique par nature totalement inefficace pour les apprentissages, on aura tout au plus un mieux contemporain de ce qui vient d'être vu, mais au prix d'un oubli sans doute plus rapide (moins de choses papier - crayon - livre) et de l’absence d’entraînement à l'autonomie.

    Tout cela participe au mirage du "numérique à l'école", comme dirait un ancien ministre, "apprendre à compter ça ne sert plus à rien puisqu'il y a les calculatrices", apprendre à penser ne servira plus à rien puisqu'il y a les IA.

    À chaque jour sa peine !
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Il existe toujours des équivalents "gratuits" de Pronotes. Mais a priori, pour la gestion des EDT en tous cas, c'est top...
  • Aucun logiciel développé par l'EN, n'est aussi performant que pronote. On se demande pourquoi !

    De plus les logiciels libres n'ont jamais été mis en avant. Toute l'administration fonctionne sous la suite Microsoft.

    Même l'armée française est sous Windows, c'est quand même un comble, et un problème majeur de sécurité.
  • On a quelques établissements qui essaient de promouvoir le libre. Mais c'est très rare...
  • La gendarmerie n’est pas sous Ubuntu depuis une éternité ?

    A noter, de notre côté, qu’il n’y a pas que l’administration à rejeter le libre. C’est le cas de responsables informatiques et surtout de la majorité de mes collègues qui trouvent que Windows sans logiciel c’est formidable et qu’autre chose ce n’est pas « normal ».

  • Pour être plus précis il me semble que c'est dans la Marine, j'ai déjà vu un documentaire dans lequel un ancien amiral (un général ?) dénonçait des failles majeures au niveau susdit.

    La non promotion de logiciels libres est un scandale. De même pour les substituts de pronote programmés avec les coudes, entraînant les établissements à se tourner vers la solution la plus coûteuse. Combien de millions cela coûte-t-il ?
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