Une réflexion télé sur l'« ascenseur social »

2456

Réponses

  • aléa,
    Si j'ai bien compris,
    dans ton rapport TD/CM tu places les CM de prépas comme les équivalents des CM de facs.
    Pour moi comme il s'agit de cours délivrés à des groupes de moins de 50 élèves,cela correspond plutôt à des TD.
    J'ai connu en école des vrais cours magistraux à 400 élèves, cela n'avait absolument pas l'efficacité des "petites classes" à moins de 30 élèves.
    Cordialement
  • @Mathurin tu m'as mal compris : je ne veux pas du tout casser le système des prépas, mais l'étendre. Je crois qu'il y a beaucoup de choses intéressantes dont devraient bénéficier plus d'étudiants. Pourquoi réserver un système performant à un très petit nombre et donner moins à ceux qui auraient besoin de plus ? Réciproquement il y a certains aspects de la vie sociale que devraient connaître toute la jeunesse après un certain âge [small]notamment le fait de ne pas être p..eau à 22 ans et d'avoir une immaturité dans ces choses là dont s'est fait récemment échos la presse après la diffusion de mails d'une GE d'ingés parisienne.[/small]

    Et il ne faut pas confondre tri préalable et sélection.

    Ne pas faire de tri préalable est un risque si quelqu'un de trop faible n'arrive pas à suivre et/ou n'a pas l'habitude de travailler. Ce risque est minoré s'il est mieux suivi.

    Un des ingés des plus compétents que j'ai connu avait suivi une voie sans sélection sur examen seulement : le CNAM.

    Bon tout cela ce sont des "choix de société" c'est à dire des décisions unilatérales et sans débat qui ont modelé le système d'enseignement supérieur, donc tout cela est très spéculatif : pour réformer le système actuel il faudrait une personnalité à l'autorité morale incontestée.

    Edit : voilà, j'ai retrouvé un post de JLT qui en parlait http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?32,2147092,2155874#msg-2155874
    Ce serait très facile à organiser. Quant à la question des gros polars qui s’ennuieraient, ils pourraient profiter de leur temps libre pour combler les lacunes sus-citées.

    p.s. :
    monopole des collations de grades : je ne vois pas le problème n'importe quel établissement peut délivrer un diplôme à consonance nationale sous réserve de sa validation qui s'inscrit dans le format européen du LMD; sinon c'est un diplôme local (DU par exemple).
    recrutement libre des professeurs : c'est le cas il me semble.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • @Mathurin: pour moi un CM c'est très différent d'un TD, sauf si l'effectif est faible, mais 50, puisque c'est le chiffre que tu donnes, ce n'est pas faible.
    Ici, comme dans beaucoup de villes universitaires de taille moyenne, les groupes de TD des licences de science ont des effectifs inférieurs aux effectifs des CPGE. Le seuil de dédoublement des TD est à 36, donc mécaniquement tu vas te retrouver avec 30 inscrits, et avec les étudiants salariés tu te retrouves assez vite à 25.
    Pour le CM (ce qui ne concerne pas la première année, qui est en enseignement intégré, donc effectif TD), je viens de regarder sur un cours de L2 les inscrits, c'est 85, ce qui veut dire qu'en présentiel tu ne dépasseras pas 70.
    Bref, je ne vais pas te dire que tout est parfait ici, mais en tout cas on ne peut pas dire que l'effectif des CM soit un problème.
    Après, je ne vais pas nier que dans les très grandes villes où il y a un gros problème de fric, ça peut être un gros souci. Il faut se renseigner.
  • http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?18,2171152,2171212#msg-2171212
    > Si on combine (1) et (2), il faut donc sélectionner moins sévèrement à l'entrée en
    > prépa un élève A d'un mauvais lycée qu'un élève d'un bon lycée car ce qui compte c'est le
    > niveau en fin de cursus : à niveau égal en terminale, l'élève A sera meilleur que B à la fin de ses études.

    Dans l'absolu, oui, après tout est une question de dosage. On a mesuré, dans une classe de MPSI d'environ 48 élèves et sur 7 années consécutives, la différence de rang entre le 1er devoir et l'examen de fin d'année. On a ensuite marqué les élèves venant d'un lycée qu'on peut considérer comme d"'élite" (bien sûr, il y a une marge d'appréciation et tout n'est pas binaire), qui représentent en moyenne un quart de la population de la classe. On observe en moyenne un recul de 1,2 place dans le classement en Maths entre le début d'année et la fin d'année pour ces élèves-là. Peut-être que ce serait doublé en fin de Spéciales (mais probablement moins, on peut tout de même postuler une concavité de la courbe de rattrapage), mais il est difficile de le mesurer, notamment à cause de l'orientation vers des filières de spé différentes si bien qu'ils ne passent pas tous les mêmes épreuves de concours. Par ailleurs, l'effet observé est très largement lié aux élèves marocains et tunisiens, souvent beaucoup plus affutés que les lycéens français en calcul et en vitesse à l'arrivée en sup : si on ne garde que les lycées français d'élite, le recul moyen tombe à 0,5 place par élève d'un lycée d'élite.

    Dans l'hypothèse où elles recrutaient sur la base d'une appréciation fine et objective du niveau en fin de Terminale (et surtout, adaptée aux exigences du supérieur), il est probable qu'il faudrait que les CPGE corrigent à la marge les critères d'admission sur la base du lycée d'origine, mais une correction très légère suffirait à rétablir l'équilibre.
  • Intéressant. Je croyais que le recul était plus important que ça.
  • Merci encore dSP pour ces informations.
    Ce qui est intéressant c'est que dans un lieu "contraint" où tous les étudiants ont grosso modo le même emploi du temps, le "classement" varie peu, en moyenne du moins. Donc le fond scolaire du lycée (et avant) et les habiletés développées antérieurement sont déterminants dans un tel univers.
    J'avais trouvé une étude indiquant que l'antériorité scolaire, dès le CM2, était effectivement un fort prédicteur, ce qui validerait d'une certaine manière le recrutement taupinal (le tri préalable en fait).

    Cela n’empêche pas de songer à une réforme complète du système d'enseignement supérieur "concurrentiel".

    Ce que je trouve rigolo au fond, c'est d'une part la croyance en la méritocratie (=les étudiants entraînés passent un concours qui détermine en grande partie leur avenir) et d'autre part le refus général d'ouvrir l’entraînement à plus de monde, pour des raisons pas toujours avouables, mais qui conditionne de fait une certaine médiocrité de l'enseignement supérieur universitaire français tout simplement par manque de moyen, et cette carence quais-systémique m’apparaît délibérée. Malgré certaines réalisations universitaires réussies dans lesquelles sont impliqués des membres éminents du forum.
    J'ai lu récemment la même critique dans "School Business" qui détaille assez crûment les "raisons pas toujours avouables" de maintenir bien bas l'Université française. C'est du Fourier :-)
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • xax a écrit:
    Ce que je trouve rigolo au fond, c'est d'une part la croyance en la méritocratie (...) et d'autre part le refus général d'ouvrir l’entraînement à plus de monde

    Je ne comprends pas. C'est quoi, cette histoire de refus ? Je peux citer plusieurs prépas qui ne font quasiment aucune sélection à l'entrée. Pour peu que vous soyez un élève de terminale prêt à venir, on vous prend. Dans une des sections de la prépa où j'enseigne, sur environ 1000 candidatures, on en a appelé environ 950 pour remplir la classe.
  • Vraiment tout élève de terminale ? Faut-il avoir fait un bac S (jusqu'à l'année dernière) ou spécialités math+(SPC ou NSI) pour la rentrée prochaine ?

    P.S. Ou je n'ai peut-être pas saisi "une des sections". De quelle section s'agit-il ? Ce n'est peut-être pas de MPSI ?
  • Très surpris par le dernier message de Guego. Un « bachelier » 96 % qui penserait que $\frac {2^n}2=1^n$ a donc accès à sa « prépa » ? Remarquez, j'ai connu ça, mais heureusement j'ai pu m'en échapper grâce à l'IG Warusfel.
  • Guego:

    Elles sont au milieu de départements comme la Creuse? la station de train ou l'arrêt de bus/car le plus proche sont à vingt kilomètres? X:-(
  • JLT : Je précise : tout élève de terminale S qui obtient son bac. Et je parle pour les recrutements passés (donc avant réforme du bac). Et non, ce n'est pas en MPSI, mais je sais que des MPSI sont dans le même cas.

    Chaurien : bien sûr. En arrivant en prépa, en tout cas chez nous, je pense que bien la moitié des élèves sont capables de faire ce genre d'erreurs.

    FdP : Même pas. Et quand bien même ! Les creusois n'ont-ils pas le droit d'aller en prépa ?
  • Non ces prépas sont dites « de-proximité » (appellation inventée par un militant SNES (*)), proximité des « quartiers » et des « cités », étrange terminologie, mais consacrée par l'usage, chacun comprend de quelles zones il s'agit. Ces « prépas » sont conçues pour complaire aux populations spécifiques de ces endroits, qui bien sûr ne nous en savent aucun gré. Les indigènes de la France périphérique ne sont pas jugés dignes de ces générosités.
    La bonne gestion des deniers publics voudrait qu'on ferme ces « prépas » (pardon Guego), avec bien sûr des dispositions spécifiques pour respecter les intérêts des professeurs qui y enseignent, comme la priorité pour être nommés dans de vraies prépas.
    Bonne après-midi.
    Fr. Ch.
    (*) Lequel militant, après quelques années dans ce genre de « prépa », a obtenu sa mutation pour un lycée bien coté. L'apostolat ça va, ma non troppo.
  • xax a écrit:
    Ce que je trouve rigolo au fond, c'est d'une part la croyance en la méritocratie
    Il n'y a pas de croyance ou de mythe. Savoir si un système est méritocratique ou non est décidable (mécaniquement vérifiable) assez trivialement. Il suffit de regarder ses lois:
    -si la règle dit "le candidat sera évalué en fonction de ce qu'il fait pendant les épreuves": c'est méritocratique.
    -si on ajoute des "ouiii mais en fait il faut "ajuster" en fonction de ce qu'il a vécu avant, de ses parents, le social etc" c'est non méritocratique.

    Il ne faut pas confondre la méritocratie avec des promesses qu'elle n'a jamais faites et que les gens ont fantasmées.

    D'autre part je suis consterné de la disparition d'un long message qu'avait écrit christophe c hier au sujet de la méritocratie notamment. Je ne sais pas à quoi elle est due mais c'est la seule intervention intelligente que j'ai lue depuis des années sur ce sujet.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Chaurien : tu es complètement à côté. Je n'enseigne pas dans une prépa de proximité. Je suis dans une lycée historique « de centre-ville ». Et merci de ta sollicitude, mais ma prépa tourne finalement plutôt bien. Nous arrivons à placer la grande majorité de nos étudiants dans de bonnes, voire très bonnes écoles.
  • Le message de christophe c était sur le forum "fondements et logique" mais ne concernait pas la logique. Christophe n'est pour le moment pas autorisé à écrire dans "Pédagogie" ni dans "Maths et Société".
  • Guego a écrit:
    FdP : Même pas. Et quand bien même ! Les creusois n'ont-ils pas le droit d'aller en prépa ?

    Tu connais mon crédo: il faut supprimer les classes prépa'. Mais jusqu'à ce qu'on les supprime les Creusois ont le droit d'aller en prépa'. Ce que je voulais dire est que lorsqu'on ouvre grand les portes ce n'est généralement pas pour des questions idéologiques humanistes mais plutôt bassement matérielles (on aurait bien voulu n'avoir qu'un certain type d'élèves mais ces élèves attendus ne viennent pas)
  • Foys a écrit:
    Il n'y a pas de croyance ou de mythe. Savoir si un système est méritocratique ou non est décidable (mécaniquement vérifiable) assez trivialement. Il suffit de regarder ses lois:
    -si la règle dit "le candidat sera évalué en fonction de ce qu'il fait pendant les épreuves": c'est méritocratique.
    -si on ajoute des "ouiii mais en fait il faut "ajuster" en fonction de ce qu'il a vécu avant, de ses parents, le social etc" c'est non méritocratique

    Ce n'est pas qu'un système d'évaluation c'est un système normatif qui de fait affirme que tous les individus sont semblables dans une certaine mesure.*
    Et on en revient à mon histoire de course où on aurait mélangé des culs-de-jatte et des personnes ayant leur deux jambes: "le candidat sera évalué en fonction de ce qu'il fait pendant les épreuves" alors le candidat culs-de-jatte sera considéré comme moins performant que le candidat ayant ses deux jambes et on se fiche de savoir qu'il court sur une seule jambe.
    Tu fais une bien mauvaise publicité à la méritocratie. On a seulement à te laisser exposer ton crédo pour convaincre les gens que c'est un système injuste et violent**, et donc à rejeter si on aime la paix (il y a des gens qui aiment la guerre, il ne faut pas en douter, surtout quand ce sont les autres qui se font trouer la paillasse)

    *: qu'ils n'ont pas d'histoire, qu'ils n'ont pas d'origine sociale, qu'ils n'ont pas d'affect. Des petits robots conçus pour être performants.
    **: Msieur, je ne peux pas courir aussi vite que quelqu'un qui a deux jambes. Que veux-tu que cela me fasse? On ne va pas changer les règles pour une minorité d'individus, débrouille toi pour que ta jambe repousse si tu veux être dans les premiers.
  • Qu'on donne des diplômes uniquement en fonction des résultats scolaire me semble normal. Cependant l'entrée en prépa n'est pas un diplôme mais un moyen de se préparer à un diplôme, donc il n'est pas aberrant d'utiliser d'autres critères, en plus du niveau scolaire absolu.
  • @Foys je suis bien d'accord avec toi, il n'y a que le premier point qui compte :
    "-si la règle dit "le candidat sera évalué en fonction de ce qu'il fait pendant les épreuves": c'est méritocratique."
    Maintenant si les candidats qui le souhaitent n'ont pas la possibilité d'être entraînés, d'autant plus dur qu'ils peuvent avoir des lacunes, la méritocratie est une grosse farce sociale.
    J'ai peu d'imagination sur les termes, celui de "farce sociale" a été utilisé par Jacques Rancière pour décrire ce que je viens de rappeler.

    @JLT nous sommes bien d'accord ! C'est pour cela qu'il faut généraliser un système prépa d'entrée la plus large possible, en évitant la concentration et les effets de boule.

    @Chaurien merci de l'argument je suis là aussi tout à fait d'accord avec toi et je le prolonge : un nombre conséquent de personnalités sorties des "grands lycées" s'engagent d'une façon ou d'un autre contre les intérêts français et européens, notamment contre les intérêts stratégiques tels qu'ils sont définis par la loi. Ces racailles d'un autre type valent à mes yeux moins encore que ceux que tu décris qui peuvent avoir succombé à des mauvaises influences locales.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • @JLT si ça n'existe pas par défaut, il faudrait écrire un petit script pour empêcher que FdP intervienne sur les fils où est intervenu Christophe en premier, et sur les fils que Christophe a ouvert. Il me semble que c'est le seul problème.
    C'est quand même dommage de nous priver de réflexions qui bien souvent sont effectivement très intéressantes.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • XAX:
    Christophe n'a pas été censuré parce que le contenu de ses messages étaient très intéressants ou que je jouisse d'un privilège par rapport à Christophe. (Je ne peux pas poster dans la rubrique logique par exemple et dans un autre sous-forum je ne peux pas corriger mes messages). Je n'avais pas spécialement envie de parler de ça. Il ne faut pas croire que je me délecte des conflits, c'est tout le contraire (mais je ne les fuis pas quand c'est nécessaire).
  • @FdP tu passais ton temps au troll morpioïde sur les fils de Christophe, et comme tu dois le jalouser un poil si j'ose dire, question logique, c'était insupportable pour tout le monde. Comme tu ne pourras pas t'en empêcher la seule solution c'est d'éviter le contact.
    Enfin, c'est une simple suggestion assez facile à mettre en œuvre me semble-t-il pour la modération
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • XAX a écrit:
    et comme tu dois le jalouser un poil si j'ose dire, question logique

    J'ai assez de logique pour savoir quand tu veux faire passer une de tes opinions pour une vérité. Ne t'inquiète pas trop pour ça (ou le contraire). B-)-
    Pour le reste.
  • xax a écrit:
    C'est quand même dommage de nous priver de réflexions qui bien souvent sont effectivement très intéressantes.

    Tu parles des énormes pavés qu'il écrit et qu'il faut décoder avant d'essayer de comprendre quoi que ce soit ?

    Mais on en a jamais été privé que je sache... B-)-
  • Je crois qu'il y a des gens qui aiment bien les "belles" histoires.
    Le génie incompris censuré alors que le médiocre pistonné (jouissant d'un réseau occulte qui le soutient) ne l'est pas. B-)-
  • @raoul.S avant Christophe intervenait sur la partie pédagogique pour développer un point de vue systémique explicatif du crash de l'enseignement des maths en France, qui a clairement débuté selon les mesures et comparatifs internationaux vers 1995. Selon lui un ensemble de techniques "facilitatrices" dans les examens (Corrigé Donné à L'Avance = CDAL, Réponse Constante = RC, etc.) a eu pour effet d'effondrer le niveau, les élèves ne s'obligeant plus assez à un minimum de réflexion.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • XAX:

    Tous les messages de Christophe ou presque sur le <<CDAL>> sont encore présents sur le forum. Si tu as le courage tu peux tous les lire. B-)-
  • Veuillez cesser de parler du cas de christophe c, hors-sujet sur ce fil. [modération off]
  • Sur ta remarque, dSP, par rapport au rang moyen entre début de Sup et fin de Spé, les élèves marocains et tunisiens (apparemment plus rapides et affûtés) progressent-ils ou reculent-ils en moyenne sur les deux années de prépa ?
  • En moyenne, ils reculent (beaucoup), sachant qu'ils partent en général de très haut. A l'arrivée, ils ne s'en sortent pas mal tout de même.
  • Bon pour conclure, parfois un bon schéma se passe de commentaires, juste une remarque : notez la place particulière et logique des VPP (Voie de Placement Payante ou "École de Commerce").116448
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Cette place des écoles de commerce vient très sûrement des écoles postbac (il suffit de comparer avec les taux des CPGE éco) . Il me semble que supprimer les prépas leur ferait bien plaisir.

    Je me demande s'il n'y a pas un biais caché dans ce tableau. Pour quelqu'un de brillant mais dont l'entourage n'a pas fait d'études supérieures, ne sera-t-il pas davantage tenté de devenir médecin (il voit ce que c'est, ses parents aussi) plutôt qu'ingénieur (il n'en a jamais croisé, ses parents non plus).
    J'ai l'impression, peut être à tort, que le métier de médecin est très respecté et assez symbolique d'une élévation sociale (comme pouvait l'être instituteur ou enseignant il y a bien longtemps), ingénieur moins.
    Certes, ce serait un effet mineur, mais les envies d'orientation, au delà des considérations matérielles, pourraient dépendre de la classe sociale et ainsi il n'y a pas forcément de raison d'avoir 38% partout.

    Est ce qu'un même tableau existe avec juste les mentions TB ou B (car je ne sais pas si les taux des mentions coïncident avec les taux de boursier et là on aurait un biais supplémentaire dans le tableau ci dessus)
  • Disons que les comparaisons pertinentes sont :

    * CPGE scientifiques vs. licences scientifiques
    * CPGE littéraires vs. licences littéraires.
  • @Etienne oui j'y ai pensé, la composition sociale de CPGE semble très proche toutes filières confondues avec un taux de boursiers issus de CSP- autour de 7%, et il chute en EC à ~4% ce qui pourrait s'expliquer effectivement par les écoles payantes post-bac. Le bouquin "School Business" décrit bien ce phénomène d'une certaine jeunesse qui n'a pas envie de s’embêter en prépa. Mais aussi il y a une gruge dans la sélectivité, en caricaturant s'il y a un concours commun à 5 écoles sur prépa, elles vont afficher 20% de sélectivité alors qu'elles se partagent les 100% d'impétrants :-)

    Très bonnes questions pour le reste, je n'ai pas encore vu d'études bourses / mentions, ça doit exister vu qu'il y a la bourse au mérite, je pense que les données doivent être collectées.
    Sur l'engagement sur les types d'études selon la CSP je ne sais pas, cela doit exister.

    Mais bon, le fond du problème c'est ça, je vais prendre une image un peu plus parlante pour ceux qui font semblant de ne pas comprendre la question "méritocratique" : imaginons que la "sélection" se fasse sur le saut à la perche pour les études les plus intéressantes et que l'on ne permette d’accéder à l’entraînement et que l'on ne prêtre une perche que sur tri préalable à 5% de la classe d'âge. Je suis absolument persuadé que les résultats en fonction des CSP seront inchangés d'une part, et d'autre part que le fils d'éboueur qui parviendra à passer 6 mètres fera la une des journaux pour justifier et vanter ce modèle de sélection.

    Bon évidemment comme dirait Zemmour "ça marche !!!" :-D

    Après on pourrait fermer ces classes et redéployer les moyens à l'Université à la fois pour mieux suivre les étudiants et élever le niveau général. Le premier avantage que je vois c'est déjà d’arrêter la ségrégation éducative qui prend des proportions inquiétantes, d'éviter la coupure dans la jeunesse etc.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Redéployer les moyens utilisés pour 85000 étudiants de classes prépas pour tous les étudiants, ça ne changera pas grand chose...
    L'accès aux prépas n'est pas si restreint comme on te l'a déjà dit sur ce fil, beaucoup de prépa ne font pas le plein.
    Un gros souci est le manque d'information, beaucoup de clichés sur la prépa ont la vie dure (on en lit régulièrement ici d'ailleurs), certains élèves n'ont aussi jamais entendu parler de prépa.

    Au passage élever le niveau général n'a pas trop de sens : en supposant qu'on peut quantifier le niveau de chaque élève, le niveau général c'est quoi, la moyenne, la médiane, autre chose ?
  • Etienne a écrit:
    Redéployer les moyens utilisés pour 85000 étudiants de classes prépas pour tous les étudiants, ça ne changera pas grand chose...

    C'est à dire?

    Sociologiquement est-ce une bonne chose que des élèves fassent "sécession" (j'allais écrire pratiquent une forme de "séparatisme" mais le mot est trop connoté dernièrement) ?
  • @Etienne "ça ne changera pas grand chose" si un peu, je crois que la très grande majorité des profs de prépa sont des gens très méticuleux sur l'enseignement et très polarisés dessus, il me semble qu'en L1 ça manque même si on tente timidement d'améliorer les choses (loi ORE). Non pas que les MdC profs soient mauvais, mais en sortie de lycée il y a une marche qu'il ne faut pas rater.
    Il faudrait donc un personnel dédié, d'une part apte à rattraper les moins bons et à pousser les meilleurs.

    Ce n'est pas l'accès à la prépa qui est un problème, c'est le fait qu'il y ait trop d'échecs dans l'enseignement supérieur qui devrait aller de l'avant avec un système unique, avec des préparations intégrées assez libres d'accès.

    Le niveau on sait le mesurer, cf. le primaire et le secondaire, pourquoi pas le supérieur ? Ce n'est pas ça le problème non plus.

    Bon tout ça reste spéculatif, je pense que même si un ministre voulait réformer il ne pourrait pas, ce genre de chose il faut s'appeler de Gaulle ou Napoléon.

    Quand j'ai fait mes études je ne me suis pas posé ce genre de questions, mais avec le recul je comprends de moins en moins la persistance d'un double système d'enseignement supérieur, ça ne me semble pas sain. Ça n'existe qu'en France, et on va dire à regarder d'autres pays l'avantage ne saute pas aux yeux, voire même ... le pays qui sélectionne assez lestement ses ingénieurs bat des records de désindustrialisation, ça fait réfléchir ... Comme d'habitude la comparaison avec l'Allemagne n'est pas à notre avantage.

    Je n'aborde pas la question du placement professionnel payant ("écoles" de commerce), ces structures ne participant à l'édification scientifique et technique du pays. Leur prospérité et la prise de pouvoir sociologique au détriment des ressortissants de vrais établissement d'enseignement posent de graves problèmes, mais ça deviendrait HS sur le forum de les aborder.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • XAX a écrit:
    je comprends de moins en moins la persistance d'un double système d'enseignement supérieur

    C'est, en particulier, pour créer artificiellement un sentiment d'appartenance à un groupe et qu'il y ait un "eux" et un "nous".
    Pour que l'"économie de marché" fonctionne bien, c'est à dire que la prédation par des gens au sommet de la pyramide sociale s'exerce au mieux, il faut multiplier les divisions parmi les gens (diviser pour mieux régner). Quand ceux qui seront passés par ces écoles d'"excellence" se verront remettre, en quelque sorte, leur "fouet" pour diriger des gens dans un contexte professionnel il leur sera plus facile de le manier, c'est à dire sans trop d'état d'âme, ils n'auront qu'à se rappeler qu'il y a "eux" et il y a les "autres" (ceux, "inférieurs", qui n'ont pas été dans ces écoles d'"élite").
  • Au sujet de la comparaison avec l'Allemagne, signalons tout de même que les universités allemandes sélectionnent leurs étudiants à l'entrée (seule la moitié des lycéens obtiennent leur Abitur) et que d'autre part l'Allemagne ne pratique pas le collège unique (il y a une sélection des préados et l'équivalent du collège/lycée général n'est réservée qu'à une partie d'entre eux; quand on encense l'école Jules Ferry, on oublie parfois que les dirigeants de la naissante IIIième république imputaient en partie la défaite de 1870 contre la Prusse à l'arriérisme de le France en matière de système éducatif et qu'on s'est alors inspiré du système prussien pour préparer le futur soldat).
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • @FdP je connais un peu - sans doute bien imparfaitement - deux pays industrialisés dans lesquels je n'ai absolument pas ressenti cela. En Allemagne il y a grosso modo deux voies pour les ingénieurs : l'Université plutôt orientée "R&D" et la "production" dans les Fachhochschulen ("hautes écoles spécialisées").

    Ce que tu décris de façon grossièrement caricaturale existe partiellement en France mais ce n'est pas une généralité, et c'est une conséquence de la prolifération cancéreuse du commercialisme alors qu'en Allemagne les choses restent équilibrées avec le technique. D'ailleurs les Fachhochschulen font à la fois office d'école de commerce et d'ingénieurs selon les cursus.

    Et bien sûr il n'y a pas de prépa en Allemagne

    @Foys il y a peu de sélection en Allemagne, elle se fait après le bac sur la base des notes ou un concours (plus rarement), ou cela concerne les cursus à numerus clausus (surtout les études médicales).
    D'autre part le système d'enseignement évolue avec un développement progressif de l'enseignement supérieur pour les études techniques. En gros il y a suffisamment de techniciens niveau bac bien formés mais pas assez d'ingés, et la formation sur le tas n'est plus suffisante.

    Dans les Fachhochschulen si l'entrée est peu sélective, il y a une proportion d'abandon importante (de l'ordre d'un tiers) alors que c'est anecdotique en France dans les écoles d'ingénieurs.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • La notion d’« ascenseur social » entérine les classes sociales et surtout, le fait que certaines soient en haut et aient réussi (ou pas avec les fils à papa) et que d’autres ne soient en bas et ne soient rien. Elle permet de faire croire que ceux qui ne sont pas en haut ont mérité leur statut social, tout comme ceux qui y sont.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • "Elle permet de faire croire que ceux qui ne sont pas en haut ont mérité leur statut social" : oui c'est vrai, et avec un certain recul je me demande si ce n'est pas la fonction première de l'école "méritocratique" en fait.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • XAX:

    Dans un pays où l'individualisme, le communautarisme (pas que religieux) sont plus développés qu'en France il n'y a pas pas besoin de rajouter une division supplémentaire artificielle.

    C'est aussi la raison pour laquelle les CPGE seront supprimées un jour: la France sera comme tous les autres pays: individualisme élevé, atomisation de la société achevée ,il n'y aura plus besoin de cette division crée artificiellement par les CPGE. Ce ne sera plus seulement "eux" et "nous" mais "je" et les "autres". 8-)
  • @FdP la seule raison qui pourrait aboutir à une réforme de fond du système d'enseignement supérieur reposerait sur une amélioration significative de son efficacité en dédiant un personnel compétent pour cela, les profs de prépa, au suivi attentif des étudiants en L1 pour qu'ils s'enclenchent bien dans leurs études.
    Sur les prépas le plus scandaleux est quand même l'existence de celles de commerce qui sont pratiquement toutes publiques alors que les "écoles de commerce" sont toutes privées et très chères.
    On se trouve donc en présence de 2 principaux facteurs bloquants pour une telle réforme :
    - elle serait d'intérêt général,
    - elle nuirait à des intérêts privés.
    Zemmour peut dormir sur ses deux oreilles :-D

    Je signale pour ceux que ça intéresse un texte assez précis sur l'état actuel de l'enseignement supérieur en Allemagne : https://www.cge.asso.fr/liste-actualites/lacces-aux-etudes-en-allemagne-entre-ouverture-et-selection/

    Comme je l'ai indiqué, la sélection est bien moindre qu'en France (l'état d'esprit est assez différent), et les problèmes viennent d'un taux d'abandon élevé. Il est record en ... maths (47%)
    Un peu comme en Italie, on peut reporter ou rater ses examens avec moins de conséquences qu'en France (on peut se réinscrire plus facilement).
    Les problèmes allemands sont donc aussi liés à une question d'efficacité, de bonne adaptation des étudiants; comme quoi finalement il y a des choses très semblables :-)
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • C'est un peu HS car ça ne concerne pas la prépa, mais la remarque de Foys est capitale : il y a en Allemagne effectivement une bifurcation assez jeune (mais ça va évoluer en raison justement du développement du supérieur) des élèves.
    Cependant ce n'est pas "l'orientation" à la Française. Les voies professionnelles sont respectées et au bout l'emploi de cadre fréquent, avec des différences générales de salaires insignifiantes en moyenne.
    Il est aussi possible de revenir sur un cursus général.
    Les conditions sont donc très différentes de ce qui s'observe en France.
    Mais sur le fond le système allemand a un avantage important : ne pas dévaloriser les jeunes. Dans ces conditions ce serait intéressant - Lafforgue en parle également, avec le même soucis de respect des jeunes.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Il y a déjà une sélection en amont en Allemagne pour les élèves au niveau du collège (non unique comme dit plus haut -édition: je n'avais pas encore vu ton dernier message).
    xax a écrit:
    n'est pas la fonction première de l'école "méritocratique" en fait.
    La fonction première de la méritocratie est de mettre les gens au bon poste en les jugeant selon leurs aptitudes mesurées au cours de l'épreuve.

    En aucun cas la méritocratie n'a pour but de faire coïncider la distribution statistique des candidats à une distribution statistique décidée à l'avance (cette dernière fût-elle la proportion de telle ou telle catégorie dans l'ensemble de la société; autrement dit à aucun moment la société n'a l'obligation de réaliser par la force 30% de (mettons, cf Tintin) Bordures à Polytechnique sous prétexte qu'il y a 30% de Bordures dans la population entière et [large]s'il y a seulement 1% de Bordures à Polytechnique, cette différence ne peut pas être employée comme élément de réfutation de l'existence de la méritocratie qui n'a jamais jamais jamais JAMAIS été la promesse d'une telle correspondance statistique)[/large].
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • @Foys on ne parle pas de la même chose : je dis juste que les concours devraient être raisonnablement accessibles à plus de gens, je ne mets absolument pas en cause leur sélectivité, puisqu'au contraire elle serait augmentée.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Foys a écrit:
    La fonction première de la méritocratie est de mettre les gens au bon poste en les jugeant selon leurs aptitudes mesurées au cours de l'épreuve.

    Certains concours donnent des "points de bonification" aux 3/2. Est-ce encore la méritocracie ? Après tout, les 5/2 passent la même épreuve.
  • Foys a écrit:
    La fonction première de la méritocratie est de mettre les gens au bon poste en les jugeant selon leurs aptitudes mesurées au cours de l'épreuve.

    Comment sait-on qu'ils sont au "bon poste"? Bah la réponse est simple parce qu'ils sont arrivés premiers à un concours*. B-)-
    Une escroquerie intellectuelle de plus. :-D

    *: truqué de surcroît pour qu'ils arrivent les premiers. Le truc n'est pas un truc grossier.
    Cela ressemble plus à faire courir....des culs-de-jattes et des gens qui ont deux jambes.
    Les gens qui ont deux jambes arrivent en tête ce sont donc les meilleurs et les plus méritants. :-D
    Si tu protestes: c'est pas juste, bah si , la règle était la même pour tout le monde. B-)-
  • Fdp : il est normal qu un cul de jattes je soit pas sélectionné sur un poste de pompier par exemple, même si c'est très injuste !
Cette discussion a été fermée.