Latin, allemand, quelle idée sur le sujet

Bonjour
N’ayant pas trouvé grand-chose sur le sujet, je me lance. J’hésite beaucoup à rediriger mon fils du latin à l’allemand. La raison pour laquelle je pose cette question sur ce forum est liée au fait que certains forumeurs ont posté des articles de Mr. Lafforgue sur l’intérêt du latin sur les maths. Perso j’ai fait option Latin jusqu’au BAC (C à l’époque) mais je suis vraiment incapable de juger à posteriori de l’intérêt de cette matière par rapport à l’allemand dans mon développement personnel.

Un peu d’info supplémentaire avant de continuer sur ma question. Mon fils a chinois option international et anglais qui est techniquement une LV2. En cinquième, il avait l’option de prendre du genre latin/allemand (ou espagnol - italien - autre) mais j’ai hésité compte tenu de la charge de travail à terme, le chinois étant assez prenant. Comme il était lui-même très hésitant (mais ouvert à peu près à tout), ça a été latin seulement, un peu comme un réflexe de mes années a l’école.

Maintenant pour la quatrième, il est toujours hésitant et du coup c’est pour l’instant en demande latin dans la continuité. Ceci étant je me demandais de l’intérêt du latin par rapport à l'allemand sur 2 dimensions :
a- développement personnel et intellectuel ;
b- signal au sens large plus tard pour ses dossiers (parcoursup ou autres – mon imaginaire est que c’est potentiellement totalement neutre).

Mon fils alterne depuis quelques mois entre les deux, “allemand, bof…a oui mais en fait ça à l’air sympa…et puis oui mais non, je veux garder le latin” Je manque cruellement d’information pour faire un choix sachant que dans les deux cas, un certain niveau d’excellence serait l’objectif.

Voilà, en espérant que vous ayez plus de recul que moi car sur le sujet je ne trouve quasiment pas d’information pour un choix éclairé.

Réponses

  • A mon avis c'est vraiment indifférent s'il vise des études scientifiques par la suite. C'est à lui de voir quelle matière le motive le plus.
  • Il faudrait voir si au niveau du lycée de ’’secteur’’ la continuité pourra se faire au niveau du latin ou de l’allemand.
  • Avoir chinois en LV1 et pouvoir faire une LV3 en 4ème, c'est tout de même assez rare... pas sûr qu'il y ait beaucoup de membres du forum avec une telle expérience...

    Le latin exige de la rigueur, l'allemand aussi (la fameuse). Pour les maths, je pense que les deux se valent. La latin permet une meilleure maîtrise du français, l'allemand une ouverture européenne... Bref, ça se vaut pas mal tout ça...
  • certains forumeurs ont posté des articles de Mr. Lafforgue sur l’intérêt du latin sur les maths. Perso j’ai fait option Latin jusqu’au BAC (C a l’époque) mais je suis vraiment incapable de juger a posteriori de l’intérêt de cette matière par rapport à l’allemand dans mon développement personnel.

    Le latin a structuré le français, et bien réfléchir et comprendre en français aide beaucoup à faire des maths.
    Puis c'est discriminant sur le marché de travail de bien savoir s'exprimer.
    Un peu d’info supplémentaire avant de continuer sur ma question. Mon fils a chinois option international et anglais qui est techniquement une LV2 a horaire LV1.

    Normalement c'est la première langue la plus difficile à apprendre.
    Si il y a des gens de ton entourage parlant l'allemand c'est envisageable.

    C'est rare les gens qui parlent l'allemand, pour trouver un emploi en Europe ce peut être un plus.
    De même pour le japonnais il sait surement déjà écrire des idéogrammes.(la chance d'avoir appris ça jeune...)
  • Bonjour.

    L'Allemand donne en plus l'avantage de pouvoir lire les textes originaux d'auteurs "contemporains" (Hilbert étant l'exemple qui me vient immédiatement en tête), ce qui est vraiment un handicap quand ces auteurs sont peu traduits (je parle pour moi, là).

    À bientôt.

    Cherche livres et objets du domaine mathématique :

    Intégraphes, règles log et calculateurs électromécaniques.

  • Gauss ne publiait-il pas en latin?
  • C'est bien pour cela que j'ai parlé d'auteurs "contemporains".

    Cherche livres et objets du domaine mathématique :

    Intégraphes, règles log et calculateurs électromécaniques.

  • J'ai fait les deux jusqu'en maths spé. L'allemand était ma LV1, j'aimais bien.
    Sauf affinité particulière, je pense que le latin apporte plus de plaisir personnel au quotidien, car il y a plus d'écho avec notre culture (citations).
    La version latine, c'est quand même vraiment sympa.
    J'aime bien chanter devant mon écran, mais des chansons allemandes, je n'en connais pas tant que ça: 99 Luftballons, der Komissar, quelques unes apprises à l'école...
  • J'ai fait anglais LV1, puis Allemand et Latin à partir de la 4ème.
    J'ai continué Allemand pendant toutes mes études, alors que j'ai arrêté latin au bac.
    Mais je pense que mes 5 années de latin m'ont été plus utiles que mes 10 années d'allemand.
    En fait, il y a un côté affectif. Peut-être que les latinistes se serrent les coudes, par solidarité, par obligation ; alors que les profs d'allemand n'ont pas cette mentalité de 'je me bats pour essayer de faire survivre une discipline qui va un jour disparaître'.

    Le prof de latin aime ses élèves, il les remercie matin, midi et soir d'avoir choisi latin. Et il est heureux de leur transmettre son savoir. Et c'est génial d'avoir des profs qui sont heureux de transmettre leur savoir.
    Même si au final, les savoirs en question ne servaient à rien (conditionnel !!!), c'est tout un état d'esprit qui va avec. Un côté "tribu des mohicans".

    Question à PetitGaulois : est-ce que tu te souviens des noms de tes profs de latin ? et de tes profs d'allemand ?

    En dehors de ces considérations purement subjectives, le côté étymologie est quand même vachement utile.
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • J'ai quand même aussi tendance à très largement préférer le latin...
  • J'ai fait du latin jusqu'au bac, et même si j'aime beaucoup ce domaine et il a beaucoup d'intérêt en soi, j'ai du mal à voir en quoi ça peut avoir un impact sur les maths...
  • Question à PetitGaulois : est-ce que tu te souviens des noms de tes profs de latin ? et de tes profs d'allemand ?


    Je ne me souviens quasiment d’aucuns de mes profs sauf de ceux du MBA. Probablement parce que pendant longtemps, je ne voyais les cours – j’ai presqu’envie de dire les « notes » - que comme un moyen pour atteindre un but, ou parfois simplement comme une purge.

    Maintenant, je commence à entrevoir la beauté de la connaissance pour elle-même, et plus encore l’importance d’acquérir suffisamment de bases solides en termes de savoirs* pour construire et garder son indépendance intellectuelle.

    Bref, certains diraient que je deviens un vieux c$# quoi…

    *et c’est là où j’ai un souci supplémentaire entre latin et allemand. Y a-t-il une différence fondamentale dans son développement personnel pour un jeune entre étudier une langue ancienne ou acquérir une langue vivante supplémentaire ? Je ne trouve aucune étude sur le sujet. La société semble cependant lentement considérer que le latin et le grec ne font pas partie des bases de l'éducation pour le collège ou après, à l’inverse d’il y a 50 ans. Je n’ai pas d’opinion, je sais juste que je ne sais pas ce qu’il en est…

    Pour faire un parallèle, j’ai une opinion sur les math (non non, pas de calculatrice pour calculer et si, si, tu vas faire tous ces exo-là pour développer ta boite à outils et prendre de "bonnes" habitudes en termes de réflexion, de logique, d'état d'esprit). J’ai une opinion sur le français (si, si, dictées supplémentaires, l’objectif c’est de ne pas faire de faute et la grammaire doit être acquise/comprise - je ne vois aucune justification pour « viser » au-dessous d'un niveau d'excellence. Je ne parle pas en termes de résultat ici, après tout, je fais également des fautes, mais en termes d’objectif et d’état d’esprit. D’ailleurs, en orthographe, j’essaye moi-même de ne pas en faire et je n’hésite pas « à ne pas être un gros fainéant qui ne va pas aller chercher la règle. »

    Mais rien sur le latin par rapport à l’allemand...
  • Laurent Lafforgue indique le fait que le latin incite à l'abstraction effectivement et que son usage massif en Europe est contemporain de l'explosion scientifique à partir du XVIe. S'il existe manifestement une causalité il faut quand même distinguer l'imprégnation latine culturelle de l'époque qui permet certainement assez rapidement l'émergence d'un langage mathématique commun, et ce qui se passe aujourd'hui. L. Lafforgue tend à unir le phénomène culturel de l'époque et la nécessité de bien maîtriser la grammaire pour exprimer sa pensée.

    Sur la maîtrise de l'expression je pense qu'il n'y a pas de doute, sur l'apport du latin là il faudrait examiner les curriculums d'un nombre significatif de mathématiciens contemporain de premier plan pour en dire quelque chose, et dégager éventuellement des traits.

    Sur la question de l'importance culturelle, j'en ai repris conscience récemment, le déclencheur a été la visite de l'exposition au Grand Palais commémorant en 2014 les deux mille ans de l'Apothéose d'Auguste. Je crois qu'elle est bien plus importante qu'on ne le pense couramment, et que l'abord de l'apprentissage du latin doit être effectivement vue comme cela - et non plus évidemment comme une question d'enseignement "élitiste", ce qui a peut-être été le cas à une époque mais plus maintenant.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • En Asie de l'est (par exemple) le latin n'est quasiment pas étudié, et les langues n'ont quasiment pas de grammaire, ça ne les empêche pas de faire des maths.
  • langues sans grammaire ? Pour ce que j'en sais le plus grand grammairien antique était indien - Panini - et de ce que j'ai appris en lisant les fragments du livre de César c'est que la grammaire est contenue dans l'usage et non l'inverse ce en quoi Labov lui a donné raison. Plus concrètement ce n'est pas parce qu'il n'existe pas dans une langue l'arsenal modal du français ou les 17 déclinaisons du finnois qu'on ne peut pas exprimer les mêmes choses. C'est plus contenu dans un usage d'apparence implicite.

    Il me revient des propos de Serre qui pensait impossible une entreprise comme Bourbaki en Asie.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Bien sûr toute langue a une grammaire, ce que je veux dire c'est qu'on vante les mérites du latin à cause de sa complexité grammaticale : les noms se déclinent en fonction de leur genre (masculin, féminin, neutre) et de leur cas (nominatif, vocatif, etc.), et les conjugaisons sont compliquées. Rien à voir avec des langues où il n'y a pas de genre, pas de déclinaison, et où la conjugaison est simplissime. Un peu comme si on disait "moi habiter Paris" ou "nous avoir mangé dans restaurant".
  • Il n'y a pas de latiniste en Asie de l'Est...oui.
    Si on était en Angleterre, je dirais que le latin ne sert à rien. Il sert à un français, pour mieux connaître l'histoire de sa propre langue, et mieux pratiquer sa propre langue. Entre latin ou grec, je pourrais hésiter, pour conseiller l'une ou l'autre langue.
    Pour un anglais, qui souhaite apprendre le français de façon poussée, je pourrais lui conseiller le latin ou le grec.
    Mais pour un anglais qui ne s'intéresse pas à la langue française ni à la culture française, je ne vois vraiment pas pourquoi je lui conseillerais d'apprendre le latin.
    Le latin est intéressant, pour un francophone, en tant que langue fondatrice de la langue française. Pour moi, c'est cet aspect là qui est intéressant. Uniquement.

    Le coté un peu mathématique des déclinaisons, est-ce utile pour les maths ? Non.Ou alors, enseignons les déclinaisons dès 6 ou 7 ans, pour que cet enseignement arrive AVANT l'apprentissage de tel ou tel raisonnement.
    A 14 ans, c'est trop tard.
    En plus, si c'est l'aspect déclinaison qui est mis en avant, on le retrouve dans la langue allemande.

    L'apprentissage du latin est utile pour une meilleure maitrise de la langue française. Et cette meilleure maîtrise de la langue française est elle-même utile pour une meilleure maîtrise des maths.
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • Pour moi, l'aspect mathématique des déclinaisons (et des conjugaisons) est important. Plus qu'en allemand. Eh oui, il y a toute la partie vocabulaire, civilisation...
  • Si tu veux une langue vivante aussi complexe que le latin d'un point de vue déclinaison et bosser de la grammaire, je conseille le polonais. ;-) . L'allemand c'est de la rigolade à côté.
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • Il y a une certaine similarité entre la rigueur des règles de déclinaison, et la rigueur des règles mathématiques. Ok.

    Mais dans la chronologie, ça se passe comment ?
    Quand j'étais collégien, j'ai vraiment le sentiment qu'on avait déjà appris suffisamment la rigueur en maths, en fin de 5ème, et du coup, la rigueur apprise en maths servait à l'apprentissage du latin.

    Aujourd'hui, ce serait l'inverse ?
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • Avant, ça créait des classes de sélection.
    La première sélection était « les familles l’ont demandé ». Ça n’a l’air de rien mais c’est déjà quelque chose : on met en commun les familles qui font la démarche de demander allemand.
    Bref.

    Pour les maths, je préfèrerais le grec, rien que pour l’alphabet.

    Quant à savoir si ça a une influence sur la pratique des maths, comment le prouver ?

    Remarque :
    De plus en plus, l’allemand disparaît et de plus en plus des failles croient que « faire de l’allemand ça rend l’élève sage ».
    Ça m’évoque la phrase d’une maman « j’en ai marre de ce collège, si ça continue je vais le mettre à Henri IV ».
    Ça m’attriste énormément, cette dame n’a rien compris.
  • xax a écrit:
    Il me reviens des propos de Serre qui pensait impossible une entreprise comme Bourbaki en Asie.
    En fait pour faire des maths (à la Bourbaki mais pas que), il suffit de pouvoir exprimer la Turing-complétude et ceci est faisable dans toutes les langues.
    Le chapitre appelé "théorie des ensembles" définit le formalisme mathématique employé dans le reste du traité ainsi que ce qu'est un raisonnement.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • lourrran : la rigueur en maths en fin de 5ème ? Oui, je veux bien que ce soit enseigné, pas de souci. Acquis par contre.... Personnellement, le latin m'a beaucoup aidé. Mais c'est le recul qui me permet de le voir.
  • lourrran parlait de son expérience, c’est à dire de la 5e « d’avant ».
  • Je demandais si la chronologie en question était toujours valable, et j'avais peur de la réponse. :-(
    Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. Benjamin Franklin
  • @Foys je ne me rappelle plus des arguments de Serre; pour le Japon il avait aussi évoqué le risque réel de seppuku. C'était en présence de Connes qui est un grand admirateur des maths du Japon, et qui reconnaît aimablement une dette scientifique http://www.nieuwarchief.nl/serie5/pdf/naw5-2010-11-4-250.pdf

    Il me revient aussi - je ne me rappelle plus par contre qui avait argumenté la dessus - que les habitudes d'écriture à sinogrammes peuvent constituer un frein (j'ai personnellement des doutes) avec l'exemple de la modélisation biologique (ADN etc.).
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Ma 5ème remonte aussi à quelques années et clairement, j'étais loin d'être très rigoureux.
  • Epoque bac C comme toi, Langues anglais, allemand et latin.

    J'avais pris latin car à l'époque je m'intéressais à l'histoire de Rome. Le latin m'a un peu amusé par sa structure, mais au final je regrette d'en avoir fait jusqu'au bac. J'aurais aimé soit faire une deuxième option comme informatique (ce qui était rare à l'époque) ou me mettre au mandarin (ce qui était encore plus rare), Bellassen est arrivé après je crois ...

    Dans ma vie professionnelle, le latin ne m'a absolument jamais servi, l'allemand ça a été plutôt rare mais c'est arrivé. Après mon expérience concerne sans doute moins les jeunes, j'ai été amené à parler en allemand avec des collègues d'Europe Centrale ne parlant rien d'autre que leur langue maternelle, l'allemand (et le russe, mais ça ils n'osent pas le dire), les jeunes parlent l'anglais désormais.

    Dans ma vie de tous les jours, je n'ai jamais eu "besoin" du latin (sauf quand je souhaite traduire une gravure dans une église, mais l'intérêt est bof), en revanche il m'arrive d'être content d'avoir des restes d'allemand.

    Après, on peut trouver un côté stimulant du latin d'un point de vue "intellectuel", l'origine de certains mots, mais bon à titre personnel je ne suis pas convaincu que ça vaille l'investissement.
  • Réponse à une question de lourran : moi je me souviens des noms de tous mes profs d'allemand (4ème jusqu'à maths spé) sauf un, pour le latin de la 4ème à la terminale il ne m'en reste qu'un seul en mémoire, et encore parce que je l'ai eu deux ans et lorsque j'ai commencé (mes deux années collège), donc les profs avec lesquels tu commences un truc, ça te marque en général.
  • Je crois me souvenir de tous mes profs de collège, quelle que soit la matière... J'ai quelques trous au lycée...
  • @math2 oui c'est tout à fait ça : le latin ne doit en aucun cas actuellement être conçu comme un investissement.
    Aujourd'hui à part certains milieux religieux, les métiers d'historiens, de chercheurs ou d'enseignants et de conservateurs liés à des périodes où le latin était une langue de premier plan, je ne vois pas "d'utilité". Et ça fait longtemps qu'il n'y a plus d'obligation d'écrire les thèses en latin :-D

    Par contre il m'arrive de lire des livres de spécialistes en histoire, la plupart du temps les extraits latins ne sont pas traduits, et parfois utilisent la graphie originale. Et là je suis bien content, et avec le recul je vois que l'enseignement était de bonne qualité.
    Certains textes fondateurs de l'histoire mondiale méritent d'être lus en version originale.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • On sait bien que l’apprentissage à l’école des langues vivantes a un gros point faible: le côté oral qui n’est pas suffisamment travaillé. Ce n’est pas une critique, il faut avouer qu’avec 30 élèves c’est très difficile de faire progresser les élèves dans ce domaine. Le plus important (encore plus dans les langues vivantes!) est la motivation sur le long terme car apprendre l’allemand ou le chinois sur deux ou trois ans pour ensuite abandonner n’a que peu d’intérêt à mon sens. Il y a tellement de possibilités aujourd'hui d’apprendre efficacement des langues vivantes en dehors de l’école. L’apprentissage à l’école du latin à un gros avantage par rapport aux langues vivantes: le côté oral est loin d’être essentiel et je doute qu’une personne en dehors de l’école se mette au latin car justement ce n’est pas vraiment ’’utile’’ (je veux dire exploitable professionnellement parlant) donc je vote pour la continuation de l’apprentissage du latin...B-)
  • Le latin est aussi parlé. Mais pas à l’école.

  • @Sato: Tu as loupé Vatican II ? ;-)
  • Je pense que les cours de latin actuels au collège n'ont plus grand chose à voir avec ceux d'autrefois (années 80 dans mon cas), c'est ce qu'il m'a semblé voir à travers mes enfants. On voit encore un peu les déclinaisons mais il n'y a plus guère de traduction comme on pouvait en faire.
    J'ai démarré le latin et l'allemand simultanément en 4ème, ça m'a bien aidé à comprendre la grammaire française (j'avais horreur de ça autrefois, je ne percevais pas l'intérêt des COD, COI, ...), en plus j'avais l'impression de comprendre en "m'amusant".
    Dans l'hypothèse d'études de chimie, l'allemand est un bon investissement (j'ai cru comprendre qu'on faisait démarrer l'allemand, dans les grandes écoles de chimie, à ceux qui n'en avaient pas encore fait).
  • @guiguiche je le craignais c'est bien dommage; dans les années 80 c'était un pur bonheur les profs étaient vraiment intéressants et sympathiques, ce n'était pas si dur que ça, c'était bien conçu et progressif, et l'enjeu scolaire absolument nul. Junior va le commencer l'an prochain, encore une matière ou il va encore falloir tout faire soi-même.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • La discipline "latin" serait revenue ? Aux dernières nouvelles, ç'avait disparu pour être remplacé par LCA : latin, grec, diététique et maquillage chez les gallo-romaines, pourquoi pas plus tard un peu de sumérien. J'ai compulsé un manuel qui traînait en salle des profs, une fois. C'était plaisant et coloré mais ça partait dans tous les sens, une évolution dans le même sens que toutes les disciplines, semble-t-il.

  • Donc apparemment c'est comme la physique qui n'est plus du tout enseignée. En cherchant bien on trouve d'excellent bouquins de latin à des prix dérisoires. Pour se faire plaisir il y a les grands et dernièrement "Tout César" avec l'intégralité des fragments retrouvés de sa grammaire (ouvrage salué à l'époque même par Cicéron et écrit en campagne militaire... on est un dieu ou on l'est pas :-)).

    Ce qui fait peur dans l'enseignement français, c'est qu'en faisant le tour on dirait que ce sont les maths qui ont le mieux résisté ...
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Je prévoyais de lui donner les cours moi-même et de considérer ses cours comme des moments de révisions actives, mais en regardant le programme, ç’est effectivement très léger par rapport au programme que j’avais en tête pour lui (LCA semble plus interdisciplinaire). Plutôt culture générale avec un peu de latin…

    En fait, ma question n’était pas la bonne, ce n’est pas latin versus allemand, c’est culture générale époque romaine vs allemand. Autant que je fasse avec lui 6 mois de la méthode d’Orberg afin de développer une idée générale de ce qu’est le latin et puis je laisse tomber le reste. Bon, à voir…3 heures par semaine quand même, ce n'est pas rien...

    J’ai un petit moment de solitude là…
  • Bonjour,
    jusqu'à il y a deux ans, il y avait un bulletin d'informations hebdomadaire en latin sur la radio finlandaise.
    latin en Finlande


    Sinon sur le fond je suis d'accord avec Lourrran, l'intérêt principal du latin est pour la maitrise de la langue française que cela apporte (qui n'est guère que du latin dégénéré).
    Sur le plan culturel ou de la complexité grammaticale, le grec ancien ou l'allemand soutiennent très bien la comparaison.

    Cordialement
  • @Mathurin sur la maîtrise de la langue tu as sans doute raison, c'est probablement un des points qui motivait L.Lafforgue dans son exposé, qui condense en fait plusieurs réalités : le latin comme langue d'échange et standard universitaire (à une époque où l'idée d'une grammaire française aurait sans doute fait sourire) qui crée des conditions favorables tant par sa diffusion que par les qualités d'abstraction, puis comme un plus dans la maîtrise de la langue qui permet d'exprimer mieux.
    Ce serait intéressant de voir les cursus Fields / Abel pour avoir une idée.
    Je pense que c'est une condition intéressante en tant qu'exercice intellectuel, mais je ne suis pas certain, du moins de nos jours, que le latin soit une condition nécessaire.

    J'ai moins de doute sur l'apport assez direct du latin dans la littérature.

    C'est JLT je crois qui faisait remarquer que le latin était peu étudié en Asie. Il y a quand même le fait que lorsqu'on sort d'une famille de langues les difficultés de traduction deviennent considérables. Gao Xingjian explique que lorsqu'il écrit d'abord en français, il recrée le texte en chinois plutôt que de le traduire.
    Mais, pour la petite histoire, c'est Ma Jianzhong le plus français des mandarins chinois, connaisseur du latin, qui a fait la première grammaire moderne du chinois, un des objectifs était de la mettre à disposition des occidentaux. Selon Gao Xingjian https://journals.openedition.org/genesis/3018 cette grammaticalisation du chinois n'a pas eu que de bon effets.
    Surprenant paradoxe n'est-ce pas d'un effet majeur d'une langue occidentale ancienne qui n'est pas étudié dans le pays mais qui a façonné certains de ses traits contemporains ? Pour ceux qui connaissent un peu le mouvement, on parle aussi directement de romanisation https://fr.wikipedia.org/wiki/Romanisation_(écriture)
    SPQR :-D
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • @Petit Gaulois on est passé d'un monde où des programmes consistants permettaient d'acquérir une culture convenable à un grand vide, où, comme en maths (le parallèle lettres classiques / maths est intéressant en soi), seuls les professionnels garderont un haut niveau. Donc là à part les chartistes, certains curés, et le top des agrégés, qui sortiront à 80 % des même lycées, ça restera léger.

    Pour les méthodes c'est difficile le choix, Orberg c'est bien, mais il y a des méthodes très intégratives et récentes qui font bien le job aussi, mais d'un accès plus raide (par exemples le latin en 15 leçons).

    Tout cela se ramène à une question : dans quelle mesure le délabrement des programmes va-t-il engendrer de nouvelles pratiques éducatives ?
    "Avant" les choses étaient simples :
    - une norme scolaire qui ne posait pas de problèmes,
    - un suivi attentif, généralement grassement arrosé de cours particuliers en fonction des revenus.

    Actuellement :
    - un enseignement qui reste correct dans une minorité d'établissement (souvent privés cf ce qui se passe en IdF...),
    - le suivi payant en défaut de qualité (industrialisation et ubérisation),
    - nécessité de tout faire soi même. Pour ce dernier point, ça concerne surtout les gens comme toi et moi hors zone privilégiée; de fait, même en songeant ab initio à l'autonomie, la fonction support va rester importante (tri des sources, dépiautage des programmes, recollement et compléments, travail avec d'autres parents etc.).
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
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