Qu'est-ce que tu fais comme métier ?

Bonsoir, je ne dois pas être le seul ...

Pour le moment je suis doctorant en 3 ième année, je ne donne ni cours ni td. Et une question revient assez souvent dans notre société :

- Qu'est-ce que tu fais comme métier ?

Bah je fais de la recherche, j'essaie de répondre à des questions.

- ah d'accord, quel genre de question ? (question légitime, mais la plus hors de propos)

C'est là que ça coince, je dis des questions de maths. Il veulent savoir, oui mais quelle genre de questions ?

Je dis c'est trop compliqué à expliquer. Je raconte une blague débile
" cette semaine j'ai trouvé qu'au moins deux parisiens avaient le même nombre de cheveux sur la tête."
Rire, incompréhension, il y a quand même des gens qui comprennent après une explication :)
Il me demande " tu travailles où et c'est quoi tes horaires ? "
Je réponds je travaille chez moi dans mon garage et je n'ai pas vraiment d'horaire, je bosse quand je veux. En gros je fais ce que je veux !!
Et t'es payé combien ?
1400 €
Et alors la , toute sorte de réactions

(1 ) Bah t'es payé à ne rien faire.
(2) Bah t'es comme un chômeur.
(3) Bah c'est cool, on comprend où il vont nos impôts.

Heureusement que je n'ai pas mentionné que j'étais parti au moins 2 mois en vacances à l'étranger gratos.
Ca m'énerve un peu, je ne sais pas quoi leur répondre aux personnes qui me demandent ce que je fais ?

Amicalement
«1

Réponses

  • Agent secret :)o
  • Tu te dévoues pour préparer le matériau pour l'avenir des sciences, des techniques, des philosophies...
  • Je suis payé un peu plus comme dresseur de poneys mal élevés, et ce n’était pourtant pas écrit dans le contrat.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Exelent !!!!!!!!!!!!!
  • bonsoir

    il faut répondre: je fais un beau métier, peut-être le plus beau considéré comme tel dans les sondages
    lorsqu'on interroge les Français quant à leur jugement sur les professions
    (en avant dernière position vient la fonction de député juste avant celle de prostituée)

    il faut dire aux sceptiques et détracteurs: je travaille pour la science et l'avenir de mon pays
    chercher et trouver, me plaît et je suis payé pour cela; alors que demander plus?
    alors que certains se morfondent toute leur vie dans une profession qu'ils détestent

    cordialement
  • J'ai l'impression que tu es sur la défensive dès que l'on te pose la question. Doutes-tu à ce point de ton utilité sociale ?

    Mon expérience est plutôt que la plupart des gens ont vraiment envie de savoir sur quel genre de choses on peut faire de la recherche. L'essentiel est de dissiper le malentendu (les maths ne se limitent pas à ce que l'on voit au lycée ni même en premier cycle ; sur ces choses-là on ne cherche effectivement plus rien). Si ton domaine de recherche est très abstrait et inexplicable, tu peux essayer de te constituer une liste de recherches actuelles plus faciles à rendre sexy (ce n'est pas cela qui manque). Ensuite, même si tu ne peux pas rentrer dans les détails, tu peux expliquer qu'il y a des matheux qui font des choses plus ou moins abstraites, et que l'utilité sociale de la recherche la plus abstraite se fait via ses répercutions potentielles dans d'autres parties des maths.

    Tu peux aussi noter que la plupart des recherches ne serviront jamais, mais que si on laisse les gens chercher un peu au hasard, guidés par leur sens esthétique, de temps en temps quelqu'un finit par tomber sur quelque chose de vraiment utile.

    Bref, je ne t'apprends sans doute rien si tu fais de la recherche en math et si tu as un peu regardé autour de toi. Tout mon message se résume ainsi : réfléchis honnêtement à tout cela et réponds honnêtement quand on te pose la question.

    (J'écris tout cela rapidement et ne me relis pas, désolé)
  • Personnellement, au bout de trois ans de thèse, j'ai compris que je n'avais aucune utilité sociale : concrètement, je ne sers à rien. Quand j'aurai soutenu, je partirai à la recherche d'un autre métier, où j'aurai l'impression de moins voler les Français et l'Etat.
  • fais donc trader :)
  • C'est aussi ta façon de présenter les choses (du moins dans ce que tu nous as présenté) qui dois provoquer ce genre de réaction.
  • je crois qu'on est pas aidé par le su jet, ma femme qui faisait une thèse en physique appliquée arrivait toujours à faire croire aux gens qu'elle allait faire progresser la société. En fait, dans l'imaginaire des gens ce sont les applications qui font la bonne recherche. Alors, maintenant je met en avant les applications, même si ce sont de pures chimères.
    Ce qui est vrai c'est pour les horaires, le salaire lui n'est pas excessif par rapport au niveau de qualification, mais en fin de thèse cela s'équilibre et du coup tu finis par avoir des horaires au moins aussi important que dans le privé. Un truc qui marque plus mes amis quand ils passent dans mon labo c'est la solitude du chercheur, qui pour le coup leur fait comprendre l'aspect sacerdoce (et qui m'incite à fuir comme Ben...).
  • Bonjour; c'est vraiment intéressant d'etre payer quand on prépare un doctorat; dans mon pays (maroc) on n'est pas payé pour cela, il faudrait donc avoir un peu d'argent pour dépanner , trouver du logement ; se nourrir... la recherche reste un peu difficile dans ces conditions

    j'aimerais savoir si j'aurais aussi droit à une pension mensuelle si j'opte pour un doctorat en france ou un ph.d en usa?

    cordialement
  • Un grand merci a tous.


    > Est ce que tu doutes de ton utilité social ?

    En fait je ne me suis jamais posé cette question, si on me paye pour faire un thèse y'a une utilité caché plus profonde
    comme tu le dit :

    "Ensuite, même si tu ne peux pas rentrer dans les détails, tu peux expliquer qu'il y a des matheux qui font des choses plus ou moins abstraites, et que l'utilité sociale de la recherche la plus abstraite se fait via ses répercutions potentielles dans d'autres parties des maths. "



    pour Walid b

    Je pense que tu dois la meilleur chose a faire et de te renseigner dans ton université, auprès des profs. ils ont surement l'habitude.
    Je me demande s'il ne faut pas faire son dea en france pour avoir l'allocation recherche ?
  • Bonjour à tous,
    Pour Ben, tu sais je suis ingénieur dans une multinationale qui a des problèmes avec ses déchets en Russie...Eh bien souvent, il m'est arrivé de me demander à quoi je servais. Ou plus exactement ^peut-être j'ai l'impression d'être une fourmi avec songrain de blé sur le dos...Tu écrases cette fourmi, la fourmilière s'en apercevra pas.
    Cordialement.
    Jean-Louis.
  • Jean-Louis nc écrivait:
    > Ou plus
    > exactement ^peut-être j'ai l'impression d'être une
    > fourmi avec songrain de blé sur le dos...Tu
    > écrases cette fourmi, la fourmilière s'en
    > apercevra pas.
    Oui c'est la notion de négligeabilité pour chaque individu.

    Je pense qu'il ne faut pas se poser la question:
    "Suis je utile à société?" Un individu ne compte pas $\mu(\lbrace \mbox{moi} \rbrace) =0$
    mais personnellement la question à laquelle je me réfère est plutot
    "Est ce que l'ensemble d'individus auquel je fais parti apporte quelque chose à la société?"

    Pour ma part, lorsque quelqu'un me pose des questions sur ma thèse, (perso, j'évite de dire que je bosse dans un garage B-)-) mais c'est sur que je parle des applications (alors que je m'en fous un peu) mais bon qu'est ce que tu veux expliquer à un non matheux?
    Alors je parle de fusées Ariane et compagnie...Et là tu peux voir de l'enthousiasme.
    Je vais pas dire "oui euh, je travaille sur la résolution de problème elliptique dégénéré par méthode probabiliste"
    Mon père, par exemple, ne sait toujours pas ce que je fais dans la vie....
  • "oui euh, je travaille sur la résolution de problème elliptique dégénéré par méthode probabiliste"

    C'est sûr, en société, ça la fout mal. Essaie plutôt "oui euh, je travaille sur la résolution de problème elliptique dégénéré par méthode déterministe, hein, attention !" :D
  • La fusée arriane c'est classe :D
  • la recherche c'est passionnant, j'aimerais bien la faire meme sans etre payé un sous
  • @walid.b :
    C'est tout à fait possible de faire de la recherche sans être payé, surtout en math ou on n'a pas besoin d'instrument coûteux. Cependant il vaut mieux avoir un bon niveau en math si on veut arriver à quelque chose...
  • Vu le prix des bouquins avancés et des abonnements aux journaux, je dirais que faire de la recherche sans être payé cela revient à payer pour faire de la recherche...
  • Moi je pense que déjà comprendre les maths c'est super si en plus tu aimes ça.

    pourquoi ça te dérange de faire de la recherche comme métier c'est quelque chose de noble, tu ne devrais pas t'en faire pour ça.

    mais faire de la recherche en mathématiques ça doit etre très dur non ?
  • Bonjour.

    Je ferai une (deux) remarque (s) avec un sourire en coin.

    Les Mathématiciens ne parlent pas seulement de formules cabalistiques.
    Les Mathématiciens on beaucoup de temps pour glander.

    Corolaire, ils ont du temps pour lire les posts...

    De temps en temps on a besoin d'un calcul, on en trouve un qui traine dans un couloir.
    Tient Machin, on fait un pont, tu peut pas nous calculer....

    J'évitai les ponts, je sais maintenant pourquoi....

    A plus sur des sujets aussi pointus que celui-là.

    Bon dimanche a tous.
    Cordialement
    Chicanau

    PS Mon prochain file avance, je réfléchis avant de rédiger.
    Concis et clair. Même le Titre.
    "De la grandeur de l'impulsion d'une particule relativiste de faible masse à la lumière du calcul différentiel . Mythes et réalité de la Science Relativiste Moderne."
    Par Chicanau

    Vous voyez d'ici ça classe...
    Je suis friand de sugestions .
  • Chicanau a aussi du temps pour lire des messages, qu’il pourrait passer plus utilement à relire les siens.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • nicolas.patrois écrivait:
    > Chicanau a aussi du temps pour lire des messages,
    > qu’il pourrait passer plus utilement à relire les
    > siens.

    Bonjour.
    Sans entamer une polémique stérile, je me permet de préciser que je relis aussi mes messages. Sans affectation d'ailleurs, sans affectation ... d'ailleurs (M.Maeterlinck, Pélléas et Mélisande)
    Mais j'ai quelques loisirs bien que non payés par l'état car non-mathématicien....
    Je me trouve d'un bon niveau, coté parlote, un peu faible coté équations.
    C'est pour celà que je ferai probablement appel aux déambuleurs de couloir en peine de résolutions.
    Comme je ne souhaite pas troubler ce file qui ne m'appartient pas, je vous donne rendez vous sur mon nouveau sujet:
    "De la grandeur de l'impulsion d'une particule relativiste de faible masse à la lumière du calcul différentiel . Mythes et réalité de la Science Relativiste Moderne." (Si ça rentre dans la case de titre)
    Ce sujet sera ouvert dans ce présent Forum pour ne pas polluer la section Algèbre une fois de plus.
  • Il faut répondre courageusement :

    Le métier le plus difficile au monde: LE NON-AGIR !

    Tu es comme un tigre dans un arbre, qui a compris qu'au lieu de courir après le gibier, il est préférable que ce dernier (gibier) passe sous son arbre (la sagesse) pour le cueillir avec le minimum d'entropie ! C'est écologique !


    czim
  • Bonjour


    Je travaille dans une Halle aux poissons , mon passe temps : Les Mathematiques . Je travaille sur Golbach , je crois que j'ai trouvé une piste ! de niveau BAC C +cinq


    AA


    Amicalement
  • Re bonsoir.

    Emporté par un histrionisme forcené j'ai oublié de traiter de la question initiale.
    Voici donc une présentation succinte:
    Après des études secondaires abrégées (c'est bien un "B")
    Electronicien en Bureau d'études (invention du Ludyne, oscillateur très performant remarqué par mes voisins du BE et autres productions remarquables mais oubliées)
    Période de travail marginal Inventeur de Freins : dépot des brevets etc
    Période de Grandeur : Gérant puis PDG puis gérant de sa société (de renommée internationnale dans son domaine) suite au succes de la période précédente.
    Période de repli : ancien gérant de son ancienne société (dans le maquis, le gérant pas la société) suite a l'échec de la période précédente.
    Période de repos : trop vieux pour travailler trop jeune pour la retraite : dans les limbes sociales en attendant la période future. Encore deux ans et je serai retraité avec 250 euros par mois. (vu la somme, je suis impatient d'y être)

    Voila la légitimité de Chicanau.

    Comme on peut le voir, les maths ne sont pas souvent présentes hors les problèmes de l'ingénieur.(que je ne suis pas il faut le préciser)
    A l'époque de mes brevets en 1972 il n'y avait pas de PC. Je me souviens avoir fait des calculs par éléments finis a la main, un grand tableau pour calculer la température de la surface de freinage, ça m'avait prit des heures a multiplier , diviser, additionner case apres case les quantité de chaleur, je ne l'ai fait qu'une fois, j'ai obtenu une très belle courbe.
    Après, j'ai surtout calculé la TVA et les charges sociales ainsi que les agios de la banque.
    C'est pas des intégrales dans la forme, c'est juste des intégrales de ce que je gagnais qui passait dans la poche des prédateurs.
    Maintenant j'ai un PC qui fait des belles courbes instantanément avec MapleV mais je ne fais plus de calculs de chaleur, c'est obsolète. Il faut sauver la planète, et là il faut calculer le CO2 , mais ce n'est pas mon domaine de compétances.

    Cordialement . Chicanau.
  • Dieu ne triche pas il est parfait c'est le casino qui triche ils sont peur de perdre des $.

    Il te font des jeux a esperance faiblement negative, et te prenne ton pognon petit a petit . . . (je pense a la roulette plus particulierement )

    le poker c'est autre chose, a 10 dans une table y'a toujours un pigeon pour paye le casino :P
  • Bonjour,

    Tu peux déjà dire que tu ne prépares pas un doctorat en grammaire française, ça, tes interlocuteurs le comprendront aisément.

    Amicalement.
  • Bonjour.

    C'est très amusant, ces gens qui répondent à un titre sans avoir lu le message initial. J'ai remarqué cela sur plusieurs forum, le titre (ou une phrase incidente d'un message) sert de prétexte à s'étaler. Mais l'auteur du nouveau message n'a même pas lu le premier message et ne sait pas de quoi on parle. En société, on appelle cela ....

    Cordialement
  • En société, on appelle cela ....

    sniiiiiiif, tu n'as pas fini ta phrase! Tu voulais dire quoi?
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • > En société, on appelle cela ....

    Du FrédéricLefebvrisme ? Oups, je crois que je suis hors-charte.
  • > Ca m'énerve un peu, je ne sais pas quoi leur répondre
    > aux personnes qui me demandent ce que je fais ?

    Est-ce que tu te souviens de la raison profonde pour laquelle tu t'en lancé en thèse il y a 2 ans ?
  • Salut Lucas,

    En fait je n'ai pas réfléchi du tout pendant mon dea et mon choix du sujet de thèse. J'ai juste fait ce que j'aimais et pris le premier sujet que l'on m'a proposé. De toute façon, en dea je n'avais pas assez de recul pour choisir un sujet, et je ne l'ai toujours pas maintenant pour expliquer ce que je fais :)

    A un moment faudra que je me réveille !

    Amicalement
  • Bonjour.

    Pour revenir au post initial, Dedede pose la question métaphysique "qui suis-je, d'ou viens-je ou vais-je".
    Son expectative est douloureuse. Mais la réponse a déjà été énoncée par notre Maitre Perrre Dac.
    Pour le cas particulier présentement exposé :
    Il a une idée de qui il est : probablement Dedede (cruelle incertitude quantique)
    D'ou il vient, mais il ne le révèle pas (il a droit à sa vie privée)
    Mais il reste la question qui taraude tout un chacun : orientation vectorielle inconnue.

    Comme il ne nous éclaire pas sur son action présente outre mesure, son incertitude ne peut être levée.

    Dedede, sait-tu quel est le sujet de ta thèse ? Et vous, internautes ?
    On peut imaginer un sujet générique:
    "Thèse sur ce que les parents taisent.Une parenthèse dans la vie d'étudiant."

    Mais je n'ai lu le file qu'au premier degré.
    Il y a peut-être un sens caché mais alors il faut avoir la clé.

    Cordialement
    Chicanau.
  • Lucas écrivait:

    > Est-ce que tu te souviens de la raison profonde
    > pour laquelle tu t'en lancé en thèse il y a 2 ans
    > ?

    Personnellement, je m'en souviens, mais à l'époque je me faisais une fausse idée de la recherche académique française, et j'étais à des kilomètres d'imaginer ce que je découvrirai une fois dans un labo universitaire.
  • > mais à l'époque je me faisais une fausse idée de
    > la recherche académique française

    Oui, bien sûr et c'est pareil pour tout le monde. Mais on a tous un idéal, et je pense que c'est pas mal de s'en souvenir.

    "- Pourquoi tu veux faire de la recherche ?
    - J'aime les maths, je voudrais en faire mon métier.
    - Mais pourquoi on te paierait à faire des trucs qui servent à rien, d'ailleurs il reste des trucs à démontrer en maths?
    - Il y a certaines découvertes récentes en maths qui ont tout de suite eu des applications pratiques(*). D'autres ne servent probablement à rien tout de suite, mais auront sans doute des applications à long terme, et font de toute façon avancer les connaissances humaines.
    - Ca veut dire quoi "des applications à long terme" ?
    - Ca veut dire que quand Joseph Fourier (au début du XIXè) a inventé les séries de Fourier pour résoudre une équation compliquée, il savait pas que ça serait la base d'une théorie qui sert aujourd'hui à compresser des images en jpeg. Et quand Euler faisait de l'arithmétique, il savait pas que ça servirait à sécuriser nos transactions sur internet. "

    (*) là c'est bien d'avoir un exemple concret dans ton domaine, moi c'est l'algorithme de Propp-Wilson (1996) qu'on enseigne parfois en école d'ingénieur.
  • Ce que t'as découvert, ça doit pas être l'argent qui coule (ANR ?), la drogue (le café ?) et les filles faciles, vu le ton de ton message. Sans rire, qu'est-ce qui te déçoit ? (en MP si tu préfères).
  • Bonjour,

    Votre discussion m'intéresse. Cela fait plusieurs jours que je suis cette discussion avec intérêt et peut-être mon message va-t-il sembler mal à propos ici, mais j'espère que vous pourrez m'aider. Je suis étudiant en M1 de Maths et j'aimerais m'orienter vers la recherche mais plus j'y pense, plus je me pose tout un tas de questions... je vois la recherche comme un domaine très élitiste. Faut-il être absolument excellent pour pouvoir s'orienter vers de la recherche en maths ? La question "reste-t-il des choses à découvrir en maths?" que j'ai pu lire dans un précédent message est une question que l'on me pose souvent lorsque je parle de mes projets d'avenir avec mes amis. J'imagine que chaque personne qui se lance dans la recherche ne va pas faire de découvertes sensationnelles. Que se passe-t-il pour ceux qui se lancent dans la recherche, sur un sujet précis et qui ne trouvent pas ? Faut-il être "bon dans tous les domaines" pour être un "bon chercheur" ?

    Je vous prie de m'excuser si ces questions ont déjà été posées dans une autre discussion. Merci à tous!
  • Mais au final ce n'est pas douloureux de se réveiller dans la peau d'un apprenti-chercheur, bien entendu c'est pas le paradis (il faut écrire des articles sans fautes d'orthographes par exemple ce qui est vraiment casse ****** je m'auto-censure :D )

    Au final, ce post m'aura aidé à sortir de l'eau après deux ans d'apnée et ce que j'ai cru voir m'a donné envie de continuer !

    Je ne peux pas expliquer ce que je fais à mes amis et famille tant pis, le principal pour eux est sans aucun doute que j'aime en grande partie ce que je fais même si là je commence à péter un câble à corriger mes fautes de français et de notation et à mettre des exemples concrets :D

    En espérant que la descente ne soit pas trop mortelle et que je puisse continuer à être payé pour explorer les fin-fond de l'océan qui me sert de cerveau ...


    gogogogogoogogogo [ désolé le googogogogogo c'est un peu du langage sms mais bon ça transmet bien mon état d'esprit :) ]


    [Firefox, par exemple intègre un correcteur d'orthographe. Ca aide ;) AD]
  • dededede a écrit:
    faut écrire des articles sans fautes d'orthographes par exemple ce qui est vraiment casse ******

    Non, j'estime que c'est normal d'écrire sans faire de fautes. La langue française est une fidèle compagne de notre pensée qui mérite le respect.
  • Oui je suis d'accord avec toi, mais ça m'ennuie vraiment de ne pas pouvoir écrire mon article dans mon propre langage, il faut juste que je m'adapte un peu (td) ... Tiens au fait c'est koi ton image ?

    Pour répondre à jibounet
    C'est un choix personnel, si tu aimes les maths et que tu as des réserves lance toi et tu verras bien ! De toutes façons tu es payé pendant 3 ans ou 4 ans (à peu près pareil que quelqu'un qui a le capes et qui enseigne) pour essayer après tu vois

    Amicalement ;)
  • Si le français n'est pas ta langue maternelle, alors tes fautes sont déjà un peu plus excusables (même si le "k" au début de "quoi" a du mal à passer)...Quant à mon avatar, je l'ai récupéré sur le net et ai barré moi-même le symbole de la carte bleue sous Gimp, étant farouchement opposé à ce moyen de paiement (je sais je suis extrémiste :D).
  • Bah non je suis français et j'ai vécu en France pendant 24 ans, maintenant je vis en Belgique (:P) mais on parle français, ok je sors
  • aléa écrivait:
    > Ce que t'as découvert, ça doit pas être l'argent
    > qui coule (ANR ?), la drogue (le café ?) et les
    > filles faciles, vu le ton de ton message. Sans
    > rire, qu'est-ce qui te déçoit ? (en MP si tu
    > préfères).


    Ce que je peux dire par écrit en MP à un Professeur des Universités sur ce que je pense de l'organisation de la recherche publique d'après ce que j'en ai vu en thèse, je pense que je peux l'écrire pour le reste du lectorat. En tout cas, je n'irai pas écrire les choses les plus dures sur un quelconque support électronique, je pense que vous comprendez aisément pourquoi (d'autant que je ne cherche nullement à me cacher, sur internet comme ailleurs).
    Dont acte. En un peu plus de deux ans de thèses, j'ai vu des comportements humains que je pensais relégués dans des milieux où le dialogue et l'éducation étaient absents (naif que j'étais, 10 années d'études n'apprennent pas à être poli). De la malhonnêteté intellectuelle parfois, de la médiocrité souvent. De la faiblesse aussi, et de la lâcheté. Bref, certains jours, tout sauf de la science. Et une sensation de gâchis, tant au niveau du temps que de l'argent. Je précise que mon encadrement en tant que thésard n'est nullement en cause dans tout cela, et que ma directrice est l'une des rares personnes avec qui j'ai plaisir à travailler.
    J'en parle autour de moi, on me répond "bienvenue dans la vraie vie, dans le monde réel" ou encore "tu crois que dans le privé c'est différent". J'en déduis donc que quitte à vivre dans un environnement professionnel kafkaien, autant que cela soit accompagné d'un salaire conséquent, et j'en arrive même à penser que l'intérêt de l'enseignement secondaire, c'est que l'on n'est pas obligé de croiser ses "collègues" plus d'un quart d'heure en salle des profs (de plus, ayant comparé les salaires nets, primes et heures sup comprises, d'un agrégé et d'un maître de conf', je n'arrive pas à voir en quoi le statut d'EC demeure plus intéressant sur la fiche de paye).
    Voilà, on pourra me reprocher de rester dans le vague, d'accuser sans preuve, de faire allusion à des choses relativement graves sans développer ... Je donne juste mon sentiment sur la question, afin de préciser pourquoi je ne souhaite pas rester après ma thèse dans le milieu universitaire. Si vous avez eu l'impression de passer en thèse trois ans dans un univers idyllique, et que cela vous a donné envie d'en faire votre métier, tant mieux pour vous.
  • Salut Ben,

    Je suis rentré en thèse en 1996. Même si je suis encore considéré comme un "jeune" prof, j'ai vu, moi aussi, un certain nombre de choses. J'ai aussi pas mal discuté avec des gens plus âgés, qui sont en retraite aujourd'hui.
    Mon sentiment est que le monde de la recherche mathématique dans lequel nous vivons est en train de se durcir: compétition exacerbée, exigence de vitesse...Les mathématiciens prennent souvent des airs débonnaires pour se cacher qu'ils sont en train de changer, mais les faits sont là: nous avons dit oui aux ANR, certains disent déjà oui aux chaires d'excellence...
    Bien sûr, comme les autres, les mathématiciens sont divers: tu admets toi-même avoir vu le meilleur et le pire. Je pense que malheureusement les outils sont en train de se mettre en place qui peuvent permettre aux gens d'illustrer leurs mauvais côtés.
    Malgré tout, vois-tu, je reste optimiste et je continue de croire en l'action collective et au fait qu'à la base, les mathématiciens ne sont pas, loin de là, les plus mauvais des hommes.
    Mais pour que l'humanité gagne, il faut parfois se lever et dire que "le principe de réalité" ne doit pas être accepté s'il conduit à des comportements regrettables. Je ne sais pas qui tu as cotoyé, ce que tu as vu, mais il faut dire les choses -- parfois aussi en choisissant le bon moment.
    Bien sûr, c'est à toi de faire le bilan entre le goût que tu as de la recherche, et ce que tu aimes ou n'aimes pas dans les moeurs du milieu. Quand je suis devenu maître de conf, j'avais déjà vu des trucs qui ne m'avaient pas plus, mais je n'ai jamais désespéré de changer les choses. Depuis, je pense que j'ai quelques fois été utile. J'espère l'être encore. Si jamais tu décides de partir, je crois qu'il faut que tu dises ce que tu n'as pas aimé, calmement, mais clairement, pour donner une chance aux gens de se rendre compte qu'ils ont eu des comportements qui peuvent choquer.
  • Salut dededede,

    j'ai lu ton fil avec intérêt, car comme tout le monde, j'ai été confronté à la même situation et en proie aux mêmes interrogations.
    Alors, je vais te livrer les réponses standards que je donne, et qui ont peu varié au fil du temps. Les propos et opinions qui suivent n'engagent que moi, bien sûr.

    "Qu'est-ce que tu fais comme métier": je fais de la recherche en maths.

    "Ah bon? tu fais de la recherche en maths? mais tu cherches quoi ? des nouveaux nombres? des nouvelles formules? Il y a encore des trucs nouveaux à trouver ?"

    Je cherche à établir des nouvelles propriétés d'objets mathématiques plutôt abstraits, à démontrer des nouveaux théorèmes . Et oui, il y a plein de choses nouvelles à trouver en maths.


    Et voici qu'arrive la fameuse question "Et ça sert à quoi?".

    Alors là, la réponse dépend du sujet ,évidemment.
    Lorsque je travaillais sur ma thèse, je répondais: à rien. Je suis payé à chercher des trucs qui ne servent à rien et j'en suis fier! :D
    Ceci avait l'avantage de déstabiliser l'auditoire...

    Ensuite, je me suis mis à faire des codes, et là j'ai pu répondre: Je fabrique des codes qui servent à faire fonctionner ton fichu téléphone portable.

    Mais il faut bien se rendre à l'évidence. Quelque soit le sujet, dans 95% des cas, la réponse la plus honnête est la première, même s'il y a de rares exceptions (théorie des noeuds appliquée à l'étude des virus, algèbre appliquée à l'informatique, analyse appliquée à l"aérodynamique, à la météo, à la compression de données).... bien sûr lorsque l'on interprète la question comme "quelles sont les applications concrètes dans la vie quotidienne d'un individu lambda?"

    Les questions qui viennent ensuite de l'interlocuteur ou de soi-même sont: pourquoi faire de la recherche si ça ne sert à rien en général? qu'est-ce qu'on en retire? est-il légitime d'être payé pour ça? n'as-tu pas l'impression d'être payé à rien foutre ou d'abuser du système?

    A la question "pourquoi faire de la recherche en maths", la réponse qui vient tout de suite à l'esprit, c'est "parce qu'il faut bien que je mange et que je paye mon loyer."
    Mais la vraie de vraie est:parce que ça m'amuse!!!!

    Eh oui, tout bêtement. J'explique alors en général à l'interlocuteur le côté ludique de la chose, et qui à l'avantage d'expliquer un peu ce qu'est la recherche en maths (en tout cas, de mon point de vue): on fait des maths parce que c'est amusant. La recherche, c'est comme jouer avec un puzzle ou un jeu de construction dont on n'a pas la photo du modèle, et où même parfois il manque des pièces , pièces que l'on doit alors construire soit même pour arriver au résultat final. Les mathématiciens ne sont rien que de grands enfants très curieux.
    Cet argument s'illustre pas mal avec la théorie des noeuds. Le but premier de la théorie des noeuds est de savoir si
    un vrai noeud concret fait avec un bout de ficelle peut se dénouer sans casser la ficelle. La question est amusante au prime abord, et intéressante car la réponse est non immédiate, et les matheux ont inventé tout une théorie pour essayer de répondre à la question.

    Je rajoute aussi que la recherche en maths, cela sert souvent uniquement aux autres mathématiciens (parfois dans différentes branches), car on étudie la plupart du temps les objets mathématiques pour eux-mêmes.
    Et à la question "pourquoi ça?", encore une fois, c'est par pure curiosité intellectuelle, parce qu'il est intéressant de comprendre de nouveaux objets et leurs propriétés, juste pour voir, par attrait de l'inconnu.
    Lorsque un enfant découvre un nouvel objet qu'on lui présente pour la première fois, que fait-il? il le regarde, le retourne dans tous les sens, le soupèse, découvre sa texture, essaye de le combiner avec d'autres objets qu'il connaît déjà, etc...
    Le matheux fait pareil avec un nouvel objet mathématique ou une nouvelle théorie. Non ?
    De plus, les mathématiques sont une science vivante, mouvante, et se comportent un peu comme une oeuvre d'art qui échappe à son créateur. On commence par rencontrer un objet, on l'étudie un peu sous toutes ses coutures, on se pose des questions, on essaye de les résoudre...et bien souvent, lorsque l'on n'a pas les outils pour y répondre on est obligé d'inventer une nouvelle théorie, de nouveaux objets, que l'on doit à nouveau étudier pour espérer répondre à la question précédente, etc etc.Et il se peut très bien que cette nouvelle théorie ait d'autres applications dans d'autres branches des mathématiques, voire d'autres sciences.

    J'ai pris l'habitude d'illustrer ces propos en envoyant mon interlocuteur voir chez les Grecs. :D Par là, je veux dire que je lui explique qu'au début, les Grecs pensaient que le monde pouvait se décrire uniquement à l'aide de fractions. Manque de bol, ils se sont aperçus un jour que leur figure géométrique parfaite, le carré unité, échappait à la règle: la longueur de sa diagonale n'était pas une fraction. Il a donc fallu comprendre ce phénomène, inventer une nouvelle théorie (celles des nombres irrationnels, puis celle des nombres réels), que l'on a étudié ensuite...par pure curiosité intellectuelle, et pour mieux comprendre le phénomène dont tout cela est parti (bien que la légende prête à certains mauvais coucheurs le fait d'avoir jeté par dessus bord en pleine mer l'infortuné savant qui avait osé prétendre que la diagonale de leur figure parfaite préférée n'était pas rationnelle..)

    Un parfait exemple est celui du grand théorème de Fermat. Pour démontrer ce fameux théorème (qui, il faut bien l'avouer, n' a quasiment aucun intérêt en lui-même), il a fallu développer la géométrie algébrique, qui elle a eu de nombreuses applications dans d'autres branches des mathématiques, ainsi que dans la cryptographie.

    Enfin, on fait de la recherche en mathématiques pour faire avancer la connaissance, "pour l'honneur de l'esprit humain", comme dirait l'autre...N'est-ce pas la plus belle des motivations, en fin de compte ?

    En ce qui concerne la "légitimité" de faire de la recherche sur des trucs qui ne servent à rien et à être payé pour ça, je serai bref. Déjà, pourquoi faudrait-il nécessairement que tout ce qu'on fait doive "servir" à quelque chose pour que sa légitimité soit validée ? Et l'art, alors? L'art est beau et inutile, et personnellement je conçois les mathématiques comme une forme d'art. (Et la philo? quelqu'un peut me dire à quoi sert la recherche en philo dans la vie de tous les jours? à rien, si ce n'est à faire avancer la connaissance, ce qui est déjà beaucoup.)


    Raison plus pragmatique pour mériter son salaire: 8 ans d'études supérieures+ une HDR pour ceux qui passent profs+ avant ça quelques années de galère en postdoc. Franchement, on galère suffisamment pour avoir un poste pour ensuite mériter de profiter des avantages de notre métier.
    (Perso, cela m'a coûté toutes mes économies en déménagements successifs + 3 histoires d'amour...le prix est élevé.)

    De plus, les gens ne se rendent pas bien compte de la quantité de travail que fournit un enseignant chercheur. Ils se plaignent que l'on donne en moyenne 9h de cours par semaine, mais oublient qu'à côté il faut les préparer, qu'on doit faire de l'administration, de la recherche (et ça, ça ne s'arrête pas lorsque l'on quitte le bureau!)

    Pour réagir à ce qu'à dit Ben, je suis d'accord que dans le milieu mathématique, il y a des gens dont le plus grand plaisir est de passer leur temps à colporter des ragots sur les uns et les autres, qu'il y a plein de cons (ce n'est pas parce que l'on est un excellent chercheur que l'on ne peut être un c...fini. J'en connais quelques uns), et que c'est très difficile de se faire une bonne réputation, mais que c'est très facile d'en détruire une, qu'il y a plein de mesquineries, de rivalités, etc etc...mais tu trouveras ça dans n'importe milieu où il y a des enjeux de pouvoir, politiques, financiers.
    Et encore, les maths sont bien mieux lotis que certaines autres disciplines comme la physique ou la chimie, ou là c'est encore pire car il y a des enjeux de patentes et de brevets à la clef.

    Bref, le mieux est d'ignorer tout ça, et d'arrêter d'être naïf, parce que à moins d'être ton propre patron et de bosser tout seul, tu rencontreras ça dans n'importe quel milieu professionnel.

    Voilà, désolé pour cet épisode "3615 Ma vie" d'une longueur digne d'un CC. :D
  • Effectivement, j'avais songé un temps à mettre une section "non-remerciements" dans ma thèse, mais après réflexion, je préférerai rester dans le politiquement correct.
  • long mais tres agréable a lire !
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