place du calcul dans la science

Pour ne pas polluer un autre fil, j'en crée un.

Il me semble que cette question est importante: rappelons la forme que prend un calcul pour une personne extérieure.

C'est un imbroglio de petits signes, en grand nombre, dont seuls les initiés peuvent (et encore même eux galèrent) accéder au "sens" qui se cacherait derrière. En général ils sont nécessaires, mais restent un outil pour la science. Il n'y a pas de théorème profond qui puisse se targuer de n'exister que grace exclusivement à un calcul.

Par ailleurs, la correpondance de Curry Howard pointe assez bien le problème que les calculs posent en ce que le signe "=" mine de rien n'est sincèrement fondé qu'au second ordre:

$a=b$ signifie $\forall X: X(a)\to X(b)$

En particulier, quand il s'est agi de réaliser des preuves avec des calculs, on s'est rendu compte qu'on était obligé de prendre les "résultats" de calcul presque comme axiomes. C'est quand-même dommage.

Je crains un peu que le calcul soit souvent un prétexte pour garder une liberté de notations et ne pas trop se justifier. Quand on regarde les notations du calcul différentiel et intégrale, les traditions pour écrire les extensions de corps, etc, force est de constater que la plupart du temps, rien que l'énoncé demande plus de temps pour être "compris" (dans le sens déchiffré) que pour être traité et presque chaque domaine "invente" un peu trop facilement "sa" manière d'écrire (notations d'Einstein, etc).

Dernière critique: au fond la science c'est "trouver, découvrir des certitudes". N'est-ce pas un peu bizarre qu'elle détruise d'un côté (petits signes les uns sur les autres, liberté notationnelle, etc) ce qu'elle cherche de l'autre?

Psychanalytiquement, (mais c'est bcp plus subjectif), j'aurais tendance à penser que c'est une manière aussi de "se protéger" de la part de la communauté d'une ingérance extérieure et d'une "concurrence" éventuelle. "les calculs montrent que.."; "bon, c'est juste un calcul, je vous l'épargne.."; etc.

Compte-tenu de mon inculture, je ne peux pas faire l'hypothèse que mon échantillon est représentatif, mais presque à chaque fois, dans la mare d'énoncés que je vois, que je tombe sur un énoncé que je comprends, l'auteur s'est gourré, a fait une coquille ou parfois même une erreur due à son "mépris" de l'aspect "hors-calcul". Dernier exemple*** en date, lu dans le train, l'auteur, pourtant quelqu'un de très bien, écrit dans sa liste d'exercice proposés:

*** je tiens à dire que je prends celui-ci qui date d'hier, mais c'est avec un taux élevé que je constate ça

Soit $K$ un corps et $E$ un ensemble infini. On s'intéresse à l'anneau $A$ des applications de $E$ dans $K$. Prouver que les idéaux maximaux de $A$ sont exactement les ensembles de la forme $\{f/ f(a)=0\}$ pour un élément de $E$.

Je ne crois pas que ce soit juste une coquille, mais plus profondément une dérive "culturelle". Je crois qu'il y a une forte tendance à se dire que, mis à part l'aspect calculatoire, le reste n'est "pas important" et que "en gros l'idée c'est que" et que "l'intendance doit suivre". Dans l'exemple précédent, l'intendance, par exemple, c'est rien moins que l'infini: l'énoncé est faux (avec l'axiome du choix) et est équivalent à la négation de l'axiome de l'ultrafiltre, de haute lutte finalement découvert lui-même comme plus fort que rien et strictement moins fort que l'axiome du choix.

Pour connecter ce post avec ce que je disais avant dans un autre fil, je pense que tout ceci mérite reflexion, car les sites de profs, de matheux, d'enseignants ont une forte influence sur la jeunesse. Et si les "vieux" présentent les maths aux jeunes (même brillants, d'ailleurs les autres s'en foutent) sous ce jour calculatoire, il ne faudra pas s'étonner que le reste, à terme sera perdu. Il n'y a pas de magie: à mon avis un jeune aujourd'hui qui "se chauffe" à devenir champion de "rubics cube" ou d'arithmétique ou d'analyse numérique, etc, etc, il n'y a pas de raison qu'il revienne facilement plus tard sur ces "non"choix pour commencer à réfléchir.

Attention: ceci ne sous-entend pas que "calculer est facile", on sait même prouver très facilement que les réponses aux questions calculatoires forment un ensemble non récursif, mon propos est plutôt de dire "quand est-ce qu'on "freine" un peu et qu'on reflechit?".

Donc questions:

1) En profondeur, en essence qu'est-ce qu'un calcul?

2) Qu'apportent-t-il? EXEMPLES de calculs qui ont vraiment été fructueux, en tant que tels! (Botter en touche sur une question pareille ce serait vraiment un aveu).

3) Quelle compétence calculatoire doit-on raisonnablement attendre de l'enseignant? (Force est de constater, apparemment, que puisque les auteurs de sujets de concours "pensent" qu'ils ne peuvent plus rien attendre de réfléchi des candidats, ils se "rabattent" sur de l'exigence calculatoire. Mais, honnêtement et concrêtement qu'est-ce que ça apporte vraiment à l'enseignant?)

4) Dans la cadre de la question (3); ie de l'enseignement, quelle réconciliation peut-on tenter entre "calcul" et certitude (il y a plein de gens qui ne sont pas au courant que par définition "maths = recherche de certitudes absolues" et qui pensent que les matheux calculent (dans le sens "ils ne pensent pas, ils calculent"). C'est un peu bête et surtout dommageable, non? Et ce n'est pas "moi" qui pense ça, ça va sans dire, mais j'avoue que quand je défends les matheux, je suis de plus en plus perplexe si je m'interroge sur la sincérité de mes dénégations à ces "accusations")

Réponses

  • (re)Bonjour Christophe.

    Je déplace ton sujet dans le thème "les mathématiques" où il me semble plus à sa place que dans le thème concours.

    Bruno
  • Merci, oui je n'avais pas fait attention.
  • Bonsoir Christophe,

    un calcul c'est un caillou dans une chose sûre. (jeu de mot directement inspiré d'un livre de D.Nordon)

    j'aurais bien renvoyé à lire un livre mais vous n'êtes pas porté sur les calculs et la vue d'un livre vous fait dormir.

    S
  • Merci Samok

    Dans ce fil, je précise que je m'intéresse bcp à la forme qu'ont les calculs. Il est clair (voir échange avec Olib) que pour quiconque "croit à son truc", il pensera ne pas faire des calculs, mais explorer un monde.

    Donc, je prends comme sens du mot calcul tout ce qui n'est pas "un raisonnement", c'est à dire tout ce qui utilise en quantité industrielle ce qu'on appelle en logique "des symboles fonctionnels" et le signe "=" (mais pas exclusivement) et n'utilise pas de quantificateurs. Même si elle est imparfaite, cette définition est au moins un peu "objective": calcul = pas de quantificateurs, pas d'usage de variables liées (ou peu, genre intégration edp et bcp de symboles fonctionnels***)

    *** en sachant qu'en pratique, en plus dans les maths, ces derniers prennent des formes tout à fait étonnantes parfois, qui peuvent aller jusqu'à des chapeaux par dessus des exposants eux-mêmes avec un indice et un exposants, etc, etc, voire des formes de personnages de dessins animés qui n'ont rien à envier au denrier Astérix.
  • bonjour ccnc

    j'essaie de répondre à tes 4 questions:

    1) le calcul est une technique de démonstration; il vise à mettre en évidence un résultat ou une propriété mathématique
    qui sera plus facile à faire accepter et à mémoriser qu'une simple conjecture ou axiome

    2) exemple de calcul: une équation différentielle sera résolue par un calcul plus ou moins long et ardu.
    l'équation différentielle de Bernoulli donne comme solution après calcul la fonction logistique ce qui n'était pas évident

    3) un enseignant doit maitriser parfaitement le calcul à tous les niveaux
    sinon les élèves prendront telle formule comme de la magie
    exemple en trigonométrie avec les formules de linéarisation ou les formules d'addition

    4) il est difficile de parler de réconciliation entre calcul et certitudes dans la mesure où il n'y a jamais eu brouille
    le calcul complète le raisonnement, il ne vise pas à le remplacer

    cordialement
  • Pour moi, un calcul, c'est quelque chose dont la réponse peut t'être donnée par un programme informatique disponible le jour où le calcul est posé.

    Vu ce que font les logiciels formel aujourd'hui, c'est déjà pas mal.

    Au vu de ce que tu écris d'habitude, j'ai l'impression que tu appelles aussi calcul ce que j'appellerais, moi, "opérations de routine" ou "briques de base".
    Globalement, pour faire des maths, il faut
    A) avoir beaucoup de briques
    B) savoir choisir la bonne
    B') savoir découper le problème en étapes
    C) savoir retailler une brique, si besoin est
    D) créer de nouvelles briques

    En gros, quand tu recrutes un prof du secondaire, tu cherches quelqu'un qui sait faire souvent A,B,B'.
    Pour faire de la recherche, il faut savoir faire et aimer faire C.
    Après suivant que tu es plus ou moins brillant, tu feras plus ou moins de passages en D.
    Mais tout ça est un continuum. Comme je l'ai déjà écrit, je ne vois pas de différence de nature entre l'activité mathématique que j'avais au lycée et celle que j'ai aujourd'hui.
    L'important, je crois, c'est que l'envie que tu as de connaître la réponse demeure plus forte que le fait que tu saches que peut être, tu ne trouveras pas la réponse.

    Ainsi, finalement, quand je lis les reproches que tu fais à divers sujets de concours (*), j'ai l'impression que tu tentes toute une théorisation abstraite pour un truc très bête, qui est que les questions qui sont posées ne sont pas celles qui t'intéressent. Après, on peut bien sûr se demander si l'enseignement est comme il faut pour amener les gens à avoir envie de faire de maths. Mais - cela paraît être un argument ad hominem, et de fait ça l'est et je m'en excuse - tes conclusions me paraissent exagérément péremptoires si l'on prend en compte le caractère statistiquement hors-norme de tes goûts mathématiques.

    (*) En particulier pour un concours dont le nom commence par A et ce termine par grégation.
    Est-ce que le grégation te fait penser à grégaire ? Va demander à M. Sygmund...

    Amicalement,
  • Merci de vos réponses. A alea, je pense que la partie calcul et opérations de routine, pour reprendre ton image a un côté "tetris" dont il n'est pas exclu qu'il y ait plein de trous un peu inutiles du fait de la nature notationnelle qu'a le calcul.

    à JLismonde, oui, oui, ça fait partie des outils pour prouver, mais je parle bel et bien dans ce fil de sa forme et de sa place "formelle". Dans ta rep à (1) tu opposes preuve avec calcul et énoncé non prouvé, je trouve que c'est un peu hors-sujet. Bien évidemment qu'un énoncé prouvé (même avec du calcul ou n'importe quoi d'autre) est plus prouvé qu'un énoncé non prouvé. J'eus aimé (si tu as un point de vue) que tu opposes plutôt énoncé prouvé avec du calcul et énoncé prouvé sans calculer. Ca serait plus parlant.

    Dans (2), je parle de calculs qui ont été fructueux en tant que tels (si tu as des exemples), pas de calcul qui répondent à une question de calcul, sinon c'est un peu tautologique: une équation, par définition, se vérifiera (et se résoudra éventuellement) forcément par du calcul.

    Dans (3), tu utilises un peu facilement le mot "parfaitement" qui est vague (ou inaccessible). En particulier après ton "sinon" il y a une crainte qui se réalise justement par décalage entre des enseignants qui ne parviennent pas bien à faire autre chose que calculer (ils raisonnent généralement, en moyenne, très mal), et qui à mon sens calculent bien, et s'aigrissent que les élèves "ne sachent pas calculer" (comme ils disent répétitivement). Donc, tu n'apportes pas vraiment de réponse compréhensible si tu n'abordes pas la question de la vitesse. A l'évidence, tout matheux "normal" calcule parfaitement, mais absolument parfaitement en temps non limité. Moi-même, très handicapé calculatoirement, je peux te garantir de manière absolue que je réussis parfaitement n'importe quel exercice calculatoire (et je peux le prouver irréfutablement si tu me le demandes) en temps non limité. Ca n'a donc pas de sens de répondre ce que tu as répondu sans quelques précisions sur la nature des calculs et la vitesse attendue. Par ailleurs, avoir trop de réflexes rend souvent aveugle à des chemins plus courts pour résoudre des problèmes, comme ça a été constaté très souvent ici (solutions inutilement longues, calculatoires et compliquées parce que pour l'intervenant "c'est du routinier").

    Dans (4), si si, si tu admets que ce fil concerne la forme et non pas le fond, ce que j'appelle "conflit" est dû au notationnel: les preuves calculatoires posent quand-même un souci issu de la petitesse, la grande variété, l'instabilité (pour le lecteur) des moults signes cabalistiques utilisés. N'oublie pas qu'une preuve est là pour convaincre n'importe quel sceptique théorique, et non les 3 copains qui partagent les mêmes passions. Le calcul a une place bien à part dans ces considérations. Mon exemple n'est pas le seul loin de là, même si n'ayant pas créé de réseau neuronal, je suis très lent, je pense que la vérification de très nombreuses preuves calculatoires actuelles (pas seulement recherche, mais même "bêtement" scolaires) pose problème au lecteur légitimement sceptique et suffisamment compétent pour qu'on ne lui réponde pas "t'as qu'à le asvoir" (ie connaissant les def, etc). Or un truc qui ne peut être "vérifié" n'est pas une preuve. Or la partie difficilement vérifiable est entièrement incluse dans les calculs. Cette question 4 a donc un sens et est légitime. Tu y réponds en disant qu'elle est sans objet.à alea: Dans tes A,B,C,D, je trouve que tu "humanises" trop le sujet. Je posais la question vraiment du calcul en des termes assez formels. Pas tellement de savoir quel est le bon brieffing pour avancer (je ne dis pas que ce n'est pas intéressant, mais c'était pas trop ma question).
    j'ai l'impression que tu tentes toute une théorisation abstraite pour un truc très bête, qui est que les questions qui sont posées ne sont pas celles qui t'intéressent

    Heureusement que tu dis "j'ai l'impression". Parce que oui je "théorise", mais non je ne cherche pas à ramener le truc vers mes gouts. Bien entendu que quand je cite quelques exemples, par contre, je prends ce que je connais, là je n'ai pas le choix, c'est une évidence. Mais je me sers d'une subjectivité pour poser une question répétée sous plusieurs formes sur le forum dans ces fils qui elle me semble plus objective. Au contraire, je fais bien la part de où je suis pour profiter de cette "aubaine" pour essayer de faire partager un sentiment. Et peu comme un aveugle qui parlerait de sa perception de la musique par exemple. Pourquoi lui répéter sans cesse qu'il est aveugle et qu'il s'exprime comme s'il prétendait voir?

    Je pourrai essayer de mettre des liens (ou si quelqu'un de bien intentionné veut bien le faire à ma place), je n'ai pas que discouru ici. Pour aller dans le sens concret, j'ai bien des fois (certes en fréquence, c'est faible, mais bon on fait ce qu'on peut) intervenu pour donner des preuves non calculatoires dans des fils où pourtant je ne connaissais rien au sujet parce que les "répondants" avaient proposé des solutions ultracompliquées (qui leur paraissaient simples d'ailleurs, tant ils ont de réflexes). Je n'ai pu le faire que parce que justement je suis "aveugle". Sinon, j'aurai été comme tout le monde, et trouvé "simple" telle ou telle démonstration proposée.

    J'essaie de faire partager un sentiment et une question par rapport à la partie "calculs" de la science. Mais il n'y a pas que lamentations que calculer est pénible pour qui n'a pas appris, et comme prolongement, j'essaie de dire ma conviction, très engagée d'ailleurs, j'en suis de plus en plus convaincu, qu'on va un jour finir par passer pour des idiots en donnant bien souvent des preuves imbittables de choses finalement très simples. Ce ne sont pas que des mots: régulièrement (et j'y parviens peut-être 1/6mois), je poste une solution en 3 lignes de trucs incroyablement maladroitement présentés et démontrés par ce que tu appelles "les moutons" et l'académisme, mais attention: c'est très dur, mais ce qui me chagrine un peu c'est que ce n'est jamais essayé. Et, ici, dans ce fil, c'est à la cause que j'invite à réfléchir: à force de fabriquer des réseaux de neurones et des réflexes conditionnés, les gens "ne cherchent plus à simplifier" (au sens propre, je veux dire, passer de 10 pages snobs à 5 lignes limpides) car pour eux les "10 pages" font déjà 5 lignes tellement ça leur parait routinier. C'est en cela que je dis que ton image des briques est pas mal mais que c'est un tetris plein de trous, je dirais même 75% de trous et, en quelque sorte, je pose une question du genre "ne faut-il pas défragmenter de tps en tps?"

    Sinon, c'est dommage que même toi tu ramènes mes critiques de l'agreg à un procès d'une subjectivité maladive. N'as-tu jamais essayé de lire les fils (longs, je me suis donné du mal à l'époque) en imaginant que c'est un pseudo du genre "drgzreyz" qui la a postés? Parce que je n'ai pas l'impression que tu lis vraiment sans préjugé sur mon ressenti personnel ce que j'ai écrit.
  • Quels sont finalement tes exemples de passage de 10 pages snobs (pour toi) à 5 lignes limpides (pour toi) ?
  • Christophe a écrit:
    Merci de vos réponses. A alea, je pense que la partie calcul et opérations de routine, pour reprendre ton image a un côté "tetris" dont il n'est pas exclu qu'il y ait plein de trous un peu inutiles du fait de la nature notationnelle qu'a le calcul.
    C'est vrai qu'il y a parfois des trous inutiles, que l'on peut réduire en accédant à une meilleure compréhension des choses.
    Mais, il ne faut pas oublier que les maths sont une activité humaine: les preuves sont destinées à être lues, et donc la briéveté n'est pas la mesure absolue de la qualité d'une preuve: une bonne preuve doit se comprendre aisément, ce qui veut dire aussi savoir tirer partie de la familiarité du lecteur avec certains schémas, ce qui peut aller à l'encontre du principe de briéveté.
    Christophe a écrit:
    à alea: Dans tes A,B,C,D, je trouve que tu "humanises" trop le sujet.
    Je ne le nie pas.
    Christophe a écrit:
    Et, ici, dans ce fil, c'est à la cause que j'invite à réfléchir: à force de fabriquer des réseaux de neurones et des réflexes conditionnés, les gens "ne cherchent plus à simplifier" (au sens propre, je veux dire, passer de 10 pages snobs à 5 lignes limpides) car pour eux les "10 pages" font déjà 5 lignes tellement ça leur parait routinier.
    Ce que tu dis ne me paraît pas vraiment conforme à la réalité. Déjà, je vois assez mal comment c'est possible de comprendre une preuve sans la malaxer suffisamment pour avoir une chance de la simplifier.
    En plus, il y a de beaux exemples de simplification de vieilles preuves.
    Par exemple:
    http://arxiv.org/abs/math.PR/0410359
    Christophe a écrit:
    Sinon, c'est dommage que même toi tu ramènes mes critiques de l'agreg à un procès d'une subjectivité maladive. N'as-tu jamais essayé de lire les fils (longs, je me suis donné du mal à l'époque) en imaginant que c'est un pseudo du genre "drgzreyz" qui la a postés? Parce que je n'ai pas l'impression que tu lis vraiment sans préjugé sur mon ressenti personnel ce que j'ai écrit.
    Je ne pense pas. En revanche il est possible que je ne comprenne pas tout ce que tu dis. Je répète, j'ai du mal à saisir le sens précis que tu mets au mot calcul, ce qui est bien embêtant car c'est le sujet de la discussion.

    Par contre, c'est vrai que quand tu parles des maths, tu me fais penser à la phrase de Gainsbourg "Il faut penser au peintre japonais qui regarde une fleur pendant trois mois et la croque en trois secondes.". Tu donnes le sentiment de passer sous silence le côté laborieux des essais et des échecs, qui est une part importante de l'activité mathématique.
    Le problème de l'épreuve écrite d'agreg, et qui fixe vraiment ses limites comme détecteur des capacités mathématiques, c'est qu'elle est en temps limité.
    Mais en réalité, ce ne sont pas des chercheurs qu'on recrute avec l'agreg, mais "seulement" des gens suffisamment en phase avec le sentiment mathématique pour préserver l'envie de connaître des maths.
  • ce ne sont pas des chercheurs qu'on recrute avec l'agreg, mais "seulement" des gens suffisamment en phase avec le sentiment mathématique pour préserver l'envie de connaître des maths

    Merci pour le lien. Sinon, je suis assez d'accord et pense comprendre ta réponse, sauf sur le dernier point. en dehors des autres critiques (utilité, doublon, place social, bicéphalité) que j'ia pu formuler sur l'agreg, justement, je trouve qu'elle n'a pas une bonne tendance à ça. Pour moi un critère "clinique" serait de dire que ton objectif serait atteint s'li y avait beaucoup de gens qui adhéraient sans pression à ses directives (ie sans gros enjeux salariaux, ou pour certains un besoin peu verbalisé mais très présent, de "reconnaissance sociale")

    Or il me semble que dans ses derniers attendus, elle ne fait que rigidifier justement un "tronc commun" de réflexes et de culture qui n'a pas du tout prouvé sa qualité***. Autrement dit, à défaut d'approfondir l'harmonie et de rendre plus logique les trucs au programme, elle me semble commander aux étudiants un gros travail "d'insertion" et de formation de réflexes (mais je l'ai déjà dit). Et le "calcul" me semble plutôt au centre de ce genre de préoccupations. Et pour éviter le mot calcul, je pourrais peut-être dire "l'infini" et les quantificateurs. Enfin, quand-même faire des maths sans infini, certes, c'est possible, mais je pense qu'il y a un mouvement vraiment constant vers une disparition de ces 2 (catégorie d') oiseaux-là. Pour aimer et transmettre les maths, même scolaire, ça me semble, sans ces 2 notions, nettement un handicap. Après tout, c'est un choix, peut-être n'est-ce pas décidé vraiment et juste une adaptation à la baisse du niveau ou un truc dans ce genre, mais SI c'est décidé, les instances qui décident ou infléchissent ça ont peut-être décidé que l'infini et les quantificateurs sont des intrus dans la science et que tout braconnage pour les exterminer des maths académiques est une bonne chose?? De toute façon, je n'ai pas assez suivi l'évolution "intra" de ce concours (pas plus du capes d'ailleurs) pour être catégorique. Mais instinctivement, (et là ok, mes "gouts" peuvent peut-être m'influencer à mon corps défendant), je "sens" que ce serait une erreur de chasser l'infini et les quantif des maths (ils ont rendu d'inévalaubles services dans la science en tant que notions premières et disons-le franchement d'axiomes, car ils en sont, fondamentalement), et vouloir faire que de l'effectif. C'est peut-être un pari volontaire de quelques pontes qui ont leur raison étayée de le faire? Mais bon, je suis plutot sceptique.

    *** (par exemple, qui n'a pas prouvé que la preuve que j'ai mise, toute bête dans le fil de synthèse sur les anneaux n'a pas son analogue en centaines d'exemplaires, à condition de se donner la peine de chercher un peu). Par contre à "formater les gens" à avoir le devoir de "trouver" faciles de nombreux réflexes conditionnés un peu décidés du fait du prince, c'est comme le loi de Moore en informatique, y a un moment ça s'arrête et c'est idiot de croire que c'est un mouvement perpétuel sain.
  • Tu donnes le sentiment de passer sous silence le côté laborieux des essais et des échecs, qui est une part importante de l'activité mathématique

    oulala je n'avais pas vu cette phrase, bin si tu as ce sentiment c'est vraiment que je ne suis pas clair, car justemen c'est au nom de ne pas négliger cet aspect que je fonde bcp de mes critiques (voir un fil je ne sais plus lequel où je comparais les thèmes et les bonnes activités avec de la cuisine fine qui a muri lgtps et l'agreg qui exige de jeunes et moins jeunes "traumatisés" à tout recracher approximativement à la manière d'un mac do.
  • Je vois plutôt la préparation de l'agreg comme un murissement, un retour sur de vieux acquis, une prise de recul... Mais ça ne concerne peut-être que ceux qui aurait sans doute l'agreg sans la préparer spécifiquement.

    Sinon je confirme que tu es sans doute l'intervenant le moins clair de ce forum, félicitations :-)

    C'est quoi un calcul finalement !?
  • sur ton premier paragraphe: oui, très très très probablement (concernant les dernièrs mots) et même plus, ceux-là finalement n'ont pas un besoin si indispensable de le faire ce "murissement" ... "encadré".

    Merci pour tes compliments :D (mais je suis au courant, car quand parfois je me relis 3 ans plus tard, effectivement j'ai un mal énorme à comprendre ce que je voulais dire, et je suis obligé d'analyser mes phrases lentement, de remettre des parenthèses aux bons endroits etc.

    Sur ta dernière question par contre, j'ai quand-même été précis au post juste après samok. Les calculs sont la partie des maths ne contenant pas de raisonnement (ne faisant pas intervenir de quantificateurs, de variables liées***, l'infini, ou de connections logiques, à part en gros la transitivité des signes "="; "inférieur" et quelques autres trucs)

    *** ou en faisant intervenir de "fausses", ie, notations qui gardent "snobment" ou pour des raisons historiques des liaisons de variables pour faire joli mais qui n'ont ni besoin de les introduire et pas vraiment besoin de les garder.

    J'espère que cette définition est assez "objective" et formelle?
  • Ouaip, pour calcul je te charriais un peu. Ce qui est clair c'est que tu ne places pas au même endroit que la plupart des matheux la barre à partir de laquelle un calcul devient pénible et un papier mérite le nom de calculatoire (ça se comprend du premier coup une phrase comme ça ?).
  • Bin, j'essaie quand-même de proposer une définition plus "objective", parce que le "où on met la barre?"... :D Il y a régulièrement des mathador sur le forum même d'ailleurs qui disent en levant les yeux au ciel, "pfff, mais vraiment tout fout le camp, la moindre des choses c'est de savoir calculer ceci cela", alors que le "ceci cela" c'est souvent un truc relativement aussi compliqué que réussir le rubic cube en moins de 5mn. Alors of course, je tombe pas dans ce snobisme et je considère que ce qui est sain, c'est de considérer qu'en maths tout est dur, par principe. Et de toute façon ça l'est car quand tu vois untel ou untel exécuter un gros calcul et qu'ensuite tu lui poses la question: "ok, admettons qu'on te jette un sort et que tu ne saches pas aprcoeur comment faire ça, comment retrouves-tu le résultat?" souvent y a plus personne.
  • La place du calcul dans la science... Un article amusant qui devrait t'amuser.
  • Merci remarque!
  • lool je ne sais pas si le moineau, c'est besso... C'est pas très gentil pour lui si c'est le cas en tout cas. Ca me donne envie de poster un truc dans le fil sur le focing, mais je vais plutôt le mettre ici.

    Ca parle de la complémentarité: on considère des suites de 0 et de 1, infinies, ie des éléments de $2^\N$.

    On dit que $u\leq v$ quand il existe un programme (simple, avec des for i= .. to .. où on ne peut pas modifier le "i" dans la boucle) qui prend l'oracle v et renvoie u.

    Les classes d'équivalence pour $u==v$ défini par $u\leq v$ et $v\leq u$ sont appelés "degrés de Turing faibles" disons.

    Il est facile de construire des applications $f$ tel que $\forall u: f(u)>>>>u$, la répétition des $>$ voulant dire "très très très.. $>$".

    Théorème (si $f$ est construite sans AC): il existe pourtant toujours $u,v$ tel que $u*v\geq f(u)*f(v)$. En notant $u*v$ la suite $u_1,v_1,u_2,v_2...$

    Autrement dit, en mariant $u,v$, on obtient un truc très très très très plus grand que u et que v.

    Un autre théroème (flemme de l'énoncer), dit que dans le cas général, où $u*v\geq f(u)*f(v)$, il n'est pas possible de savoir laquelle de $u$ ou de $v$ apporte le plus de contributions au saut de géant qu'elles font en se mariant. Autrement dit, dans le hulk obtenu, qui est le moineau est indiscernable de qui est l'aigle.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • "Besso se comparait à un moineau"

    Troisième ligne du texte Christophe ;-).
  • Bonjour,

    Je ne connais certainement pas assez de maths pour me risquer sur votre terrain
    mais mon approche iconoclaste pourrait peut-être vous intéresser.

    Il a déjà été dit que les calculs sont une activité humaine.
    Et plus généralement, qui peut nier qu'ils sont une activité biologique
    à re-situer parmi toutes celles qui forment la vie elle-même ?

    D'où ma proposition des : calculs comme opérations de parties formant système.

    Voudriez-vous m'aider à préciser cette théorie si je vous dis que je la fonde sur
    quelques principes dont celui qui précise ce qu'est l'émergence de sens à partir
    d'un principe de communications ?

    Bonne soirée
  • Bonne nuit à tout le monde,
    Cher jean-yves tallet,
    Bienvenue, tu nous manquais.
    Bien cordialement. :)
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